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Sahara occidental : Le piège de Rabat reconnaître ce qu’il nie !

 

Présentée comme une victoire pour le Maroc, la dernière résolution de l’ONU sur le Sahara occidental s’est en réalité transformée en un retour au droit international et au principe d’autodétermination. Derrière la rhétorique triomphaliste, Rabat se retrouve piégé par le cadre juridique qu’il croyait pouvoir manipuler, tandis que l’Algérie et ses alliés replacent le dossier dans sa nature première : celle d’une décolonisation inachevée.

Une victoire de façade, une défaite de fond

Les médias proches du pouvoir marocain ont salué la résolution du Conseil de sécurité comme une confirmation implicite de la “marocanité” du Sahara. Mais une lecture attentive du texte montre tout le contraire.
Sous la pression discrète mais efficace de l’Algérie et de ses alliés — Russie, Chine et pays du Mouvement des non-alignés —, le langage juridique du document a été profondément modifié :

  • Le plan d’autonomie marocain n’est plus présenté comme “la seule solution réaliste”, mais comme “une base réaliste de négociation”.
  • Le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui a été réaffirmé.
  • Le mandat de la MINURSO a été prolongé, confirmant le statut de territoire non autonome du Sahara occidental.

Derrière ces ajustements se cache un véritable renversement diplomatique : le Maroc croyait verrouiller le dossier, il l’a rouvert.

Le droit international, l’arme du peuple sahraoui

Depuis l’avis de la Cour internationale de Justice (1975), la position du droit international est sans équivoque : les liens historiques évoqués par Rabat n’équivalent pas à une souveraineté.
La résolution 1514 (XV) de 1960, sur la décolonisation, érige le droit à l’autodétermination en norme impérative du droit international public.
Ainsi, aucune formule politique — fût-elle habillée d’autonomie — ne peut annuler le droit d’un peuple à décider librement de son avenir.

Cette base juridique solide, souvent éclipsée par la propagande, est redevenue le terrain principal du combat sahraoui et de la diplomatie algérienne.
Le Sahara occidental n’est pas une “région” marocaine : c’est un territoire en attente de décolonisation, reconnu comme tel par les Nations Unies.

L’intelligence diplomatique d’Alger : du rapport de force à la légitimité

Alors que Rabat misait sur le soutien américain et la reconnaissance de Trump en 2020, l’Algérie a choisi la patience et la cohérence.
En s’appuyant sur ses relations solides à l’Est et au Sud, elle a réussi à transformer un projet pro-marocain en un texte onusien équilibré, fondé sur la légitimité internationale.

Cette diplomatie du droit a replacé le débat sur le terrain des principes, non des pressions.
Le résultat est sans appel : la communauté internationale ne reconnaît pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, et toute solution devra passer par une consultation libre du peuple sahraoui.

Le discours royal : une manœuvre de repli

Le roi Mohammed VI, dans son discours suivant la publication de la résolution, a appelé à “tendre la main” à l’Algérie. Derrière ce ton d’apaisement se cache une tentative d’anticiper les conséquences politiques du texte onusien.
Mais Alger a répondu par la constance : “Nous ne négocions pas sur un territoire qui ne nous appartient pas.”
Cette position ferme renvoie le Maroc à son seul choix possible : reconnaître et négocier avec les représentants légitimes du peuple sahraoui

Le piège de Rabat : reconnaître ce qu’il nie

En se réjouissant trop vite, le Maroc est tombé dans sa propre embuscade.
Accepter de revenir à la table des négociations, c’est reconnaître le Front Polisario comme interlocuteur légitime. Admettre le cadre onusien, c’est accepter que l’indépendance soit une option possible. Et prolonger le mandat de la MINURSO, c’est reconnaître implicitement que le territoire n’est pas marocain.

Ainsi, la “victoire diplomatique” s’est muée en défaite stratégique : Rabat doit désormais dialoguer avec ceux qu’il prétend ne pas exister.

A/Kader Tahri / Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »  
https://kadertahri.blogspot.com/

 

 

 


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