Sous des apparences d’article d’analyse, le texte intitulé « La
diplomatie d’orfèvre du Maroc » se révèle être une véritable opération de
communication politique en faveur du régime marocain. , écrit dans un registre
laudatif, presque hagiographique, à l’égard du Maroc, bien sûr on trouve
comme d’habitude du mauvais et du plus mauvais, encore une coulée
compassionnelle et fausse, totalement hypocrite du haut vers le bas. Pour parvenir à faire passer ce mensonge, il faut taper sur
un bouc émissaire, peu importe lequel. Ici, c'est l’Algérie qui a le rôle. Mais le ridicule se trouve dans «La "diplomatie
d'orfèvre" du Maroc» ?
Le choix des
mots, la structure du récit et la sélection des sources trahissent une
intention claire : transformer un simple vote du Conseil de sécurité en une victoire
historique du Maroc, tout en jetant le discrédit sur l’Algérie et le Front
Polisario.
Ce texte n’analyse pas la diplomatie : il la célèbre. Il ne rend pas compte
d’un événement : il en fabrique le récit glorieux. Et, ce faisant, il participe
à la vaste entreprise de normalisation médiatique d’une occupation territoriale
toujours illégale au regard du droit international.
Dès le
titre, le ton est donné : « diplomatie d’orfèvre », « conquête »,
« moment historique ». Ces expressions n’appartiennent pas au
vocabulaire de la géopolitique, mais à celui de la propagande. On y sent
l’admiration aveugle, la fascination pour le pouvoir, le goût du spectaculaire.
Le Maroc devient un artisan de génie, l’ONU un théâtre de sa réussite.
Mais de quelle réussite parle-t-on ?
Le Conseil
de sécurité n’a nullement « validé » le plan d’autonomie marocain
— il s’est borné à prendre note d’un projet, sans lui donner force de loi. La
résolution en question, si elle existe dans ces termes, n’a aucune portée
juridique contraignante : elle ne change rien au statut du Sahara occidental,
territoire toujours considéré par l’ONU comme non autonome, c’est-à-dire
à décoloniser.
L’écrit
transforme donc un simple glissement diplomatique en triomphe politique. C’est
là toute l’astuce du discours : substituer la rhétorique du succès à la réalité
du statu quo, maquiller une situation bloquée en conquête éclatante. En
d’autres termes, vendre de la diplomatie comme on vend un produit de luxe —
avec du vernis, du prestige et du vide.
En face,
l’Algérie n’a droit qu’à la caricature : celle du voisin boudeur, vexé, campé
dans ses positions. Le texte multiplie les insinuations : « coup dur pour
l’Algérie », « refus de voter », « pression
algérienne ». On dépeint un pays crispé, isolé, obstiné. Nulle part
l’auteur ne reconnaît que l’Algérie défend une position de principe,
fondée sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes — une position partagée
par de nombreuses nations du Sud et par la jurisprudence internationale.
Quant au Front Polisario, il n’apparaît qu’à la marge, réduit à un rôle d’agité
incapable de comprendre la “réalité”. On efface les décennies de lutte, les
exils, la répression, les résolutions onusiennes jamais appliquées. En une
phrase, l’auteur évacue tout un peuple. Ce n’est pas de l’analyse, c’est du
mépris.
Cette
asymétrie de traitement n’est pas innocente : elle traduit un biais idéologique
pro-marocain profondément ancré dans une partie des médias français. Elle
s’inscrit dans la continuité d’une narration qui, depuis des années, cherche à criminaliser
la position algérienne tout en présentant Rabat comme un partenaire “modéré”,
“occidental”, “visionnaire”. Le fond n’a rien de diplomatique — il est
politique, et même géopolitique : il s’agit de légitimer un allié et d’isoler
un rival.
Le plus
grave reste la falsification du cadre juridique. L’article suggère que la
résolution “entérine” le plan d’autonomie marocain. Or, aucune instance
onusienne n’a jamais validé la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.
Le droit international reste clair :
le Sahara
est un territoire non autonome dont le peuple doit décider librement du futur
par référendum — référendum que le Maroc refuse obstinément depuis 1991.
En glorifiant
Rabat pour avoir “conquis l’ONU”, l’auteur nie la réalité du conflit, les
résolutions existantes et les souffrances humaines qui en découlent. Il
substitue à la rigueur du droit la narration du vainqueur. Il transforme un
processus de colonisation en réussite diplomatique. Ce glissement lexical est
plus qu’un mensonge : c’est une violence symbolique, une insulte à la mémoire
du peuple sahraoui et à la dignité des Algériens solidaires de sa cause.
Ce texte ne
s’inscrit pas dans la tradition du journalisme critique. Il s’apparente plutôt
à une chronique de cour, écrite par un auteur que ses “diverses
fonctions” ont habitué à la complaisance vis-à-vis du pouvoir marocain. Il ne
cherche pas à informer, mais à influencer ; non à analyser, mais à orienter
l’opinion publique.
Le lecteur averti y reconnaîtra une rhétorique bien rodée : admiration de
façade, vocabulaire diplomatique, citations d’experts européens pour légitimer
un point de vue, et disqualification subtile de la partie adverse. Ce procédé
n’a rien de neuf : c’est la vieille recette du soft power marocain, reprise ici
avec zèle par un journaliste qui se prend pour un chroniqueur d’histoire alors
qu’il n’est que le scribe d’une narration d’État.
Face à de
telles entreprises d’enfumage, la vigilance s’impose. L’Algérie, ses
intellectuels, sa diaspora et tous ceux qui croient encore à la vérité du droit
international doivent répondre par la clarté du discours, la rigueur de
l’analyse et le courage de la parole libre.
Non, l’ONU n’a pas légitimé le plan marocain.
Non, le Sahara occidental n’est pas marocaine.
Non, le combat du peuple sahraoui n’est pas une lubie d’un autre temps.
C’est une lutte pour la justice, la liberté et la souveraineté — des valeurs
que l’Algérie, fidèle à son histoire anticoloniale, continuera de défendre
malgré les campagnes médiatiques et les manipulations diplomatiques.
En
définitive, cet article n’est pas un fait journalistique, mais un symptôme :
celui d’une guerre médiatique et symbolique qui se joue autour du Sahara
occidental. Le Maroc mène une bataille d’image ; certains médias européens,
complaisants ou intéressés, lui prêtent leur plume.
Mais la vérité, elle, résiste. Elle réside dans les textes de l’ONU, dans la
voix du peuple sahraoui, dans la constance d’une Algérie qui refuse de se taire
face à l’injustice.
Tant que des journalistes continueront à travestir la colonisation en
diplomatie, il faudra des voix pour leur rappeler qu’un mensonge répété mille
fois ne devient pas une vérité — et qu’aucune “diplomatie d’orfèvre” ne saurait
polir le visage d’une occupation.
L'art de la diplomatie, c'est celui de l'équilibre.
Que les extrémistes s’indignent et s’indignent, mais surtout qu’ils foutent
la paix à l’Algérie, car elle s’en fiche royalement de leurs états d’âme. Nous
savons tous que lorsqu’il s’agit de l’Algérie, la plupart des Français sont
tout sauf rationnels. .
A/Kader
Tahri / Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient
comme ça. » https://kadertahri.blogspot.com/
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