On nous parle d’un « plan pour Gaza », d’une vision en 20 points présentée comme un horizon de paix. En réalité, ce plan n’est qu’une mise en scène. La suppression du seul passage évoquant un « horizon politique vers un État palestinien » suffit à dévoiler le subterfuge : il ne s’agit pas d’ouvrir la voie à l’autodétermination, mais de l’enterrer définitivement. Netanyahu y a apposé sa signature invisible : chaque mot est calibré pour effacer la souveraineté palestinienne et maintenir Israël en maître absolu.
Le plan
Trump est un ultimatum qui appelle le Hamas à abandonner la résistance armée
pour laquelle il a été créé, à se dissoudre, à permettre à ses membres d'être
escortés en toute sécurité vers l'exil, où ils ne seront pas poursuivis, et à
faire confiance à Israël. De plus, Israël a par le passé trouvé de nombreux
prétextes pour violer les accords de cessez-le-feu ou les déclarer nuls et non
avenus. Le plan demande aux Palestiniens de se soumettre à une domination
étrangère supervisée par Donald Trump et Tony Blair, amis d'Israël. Même si les
dirigeants politiques du Hamas acceptent le plan, les commandants militaires
pourraient refuser de rendre les armes.
Qui ne
comprend pas que les combattants du Hamas sont prêts à mourir et à sacrifier la
vie de leurs compatriotes palestiniens pour établir un État palestinien
gouverné par des Palestiniens
Le vieux manuel colonial, réédité en 2025
Les mots
choisis ne sont pas nouveaux. Rééducation, déradicalisation, reconstruction
développement économique … Ce vocabulaire paternaliste est directement
tiré du manuel colonial du XIXᵉ siècle. C’est la rhétorique de l’Occident
civilisateur qui sait mieux que les « indigènes » ce qui est bon pour
eux. C’est le discours de ceux qui justifiaient jadis l’occupation de
l’Afrique, de l’Asie et du Moyen-Orient. Gaza devient la nouvelle « mission
civilisatrice », une vitrine de domination repeinte aux couleurs du capitalisme
high-tech.
La dépossession, moteur du complot
Le plan exige la dissolution du Hamas, l’exil de ses cadres,
et la soumission de Gaza à une gouvernance étrangère supervisée par Washington,
Londres et Tel-Aviv. En d’autres termes : un ultimatum. Mais l’histoire récente
prouve qu’Israël a régulièrement violé les cessez-le-feu, annulé les accords,
et continué la colonisation. Pourquoi les Palestiniens devraient-ils cette fois
faire confiance à ceux qui les assiègent et les bombardent ?
Ce plan n’a
rien d’humanitaire. Il ne vise pas à sauver Gaza, mais à exploiter Gaza.
Derrière le langage des « opportunités économiques », se profile une vaste
opération de pillage. Les ruines de Gaza deviennent un marché : contrats pour
Tesla, Oracle, Kushner, Smotrich ou Blair. Les Palestiniens ne sont pas perçus
comme des citoyens mais comme une main-d’œuvre corvéable, taillable, jetable.
Les terres ne sont pas des foyers à préserver, mais des terrains à bétonner, à
transformer en zones franches, en marchés captifs. C’est le colonialisme sous
sa forme la plus brutale : s’emparer des richesses après avoir détruit les
vies.
Il est temps
de le dire haut et fort : Gaza n’a pas besoin de nouveaux maîtres, mais de
liberté. Pas d’investisseurs et de colons, mais de justice. Pas de plans
coloniaux, mais de la fin du siège et de l’occupation. La paix véritable ne se
construit pas sur les ruines d’un peuple, mais avec lui.
Le silence imposé aux Palestiniens
À aucun
moment les Palestiniens n’ont été invités à la table des négociations. Pas le
Hamas, pas l’Autorité palestinienne, pas la société civile. Personne. On décide
pour eux. On trace leur avenir à Washington et Tel-Aviv comme on traçait des
frontières arbitraires sur des cartes coloniales. On efface leur voix, leur
droit de choisir, leur capacité à décider de leur futur. C’est le cœur du
scandale : cette logique coloniale n’a jamais disparu. Elle continue de nier
l’humanité d’un peuple entier, réduit au silence dans un projet qui prétend lui
offrir la paix. Certes, ce n'est pas une solution à long terme.
Absolument pas. Cela ne résout rien, et cela ne fait qu'ajouter une nouvelle
pièce au jukebox. Les Palestiniens continueront de résister, comme c'est leur
droit. Israël continuera d'expliquer que leur « sécurité » justifie
tout raser, tuer, violer, kidnapper, voler, etc. (Cette liste vous
choque ? Tous les éléments sont pourtant faciles à prouver. Et cela
remonte bien avant le 7 octobre).
Donc, la
situation va s’améliorer dans le sens où les enfants vont probablement arrêter
de mourir à cause des bombardements et de la faim. Et la situation ne
s’améliorera pas suffisamment pour que le conflit israélo-palestinien cesse. Le
problème, c'est qu'à long terme, Israël est en train de perdre la partie. Ils
ont accepté qu'après tout cela, les Gazaouis ne disparaîtraient pas. Il n'y a
pas assez de morts pour briser le piège démographique : les Juifs sont
encore loin d'être assez nombreux pour gouverner démocratiquement les
Palestiniens
La continuité d’un apartheid militaire
Le plan
s’inscrit dans une logique implacable : celle de la « sécurité » israélienne.
Au nom de cette sécurité, Israël justifie tout : le siège, les bombardements,
les famines, les assassinats, les confiscations de terres. Ce plan ne fait
qu’officialiser cette doctrine. On demande aux Palestiniens de rendre leurs
armes, de se dissoudre, de faire confiance à un État qui a violé tous les
accords passés. La « paix » selon Trump et Netanyahu, c’est la reddition
inconditionnelle. C’est l’apartheid sous contrat, avec l’Amérique comme garant
et le capitalisme global comme investisseur.
Les
personnes consternées sont celles qui comprennent que les êtres humains ont des
droits humains. Si ce plan est adopté, tous les Palestiniens restants à Gaza
vivront sans aucune des « subtilités » que sont les droits
politiques, juridiques, économiques, intellectuels, la liberté d'enquête, la
liberté d'expression, la liberté d'association ou le droit à l'autodéfense. En
bref, ils seront esclaves d'un État de surveillance de haute technologie,
dirigé par des individus qui les méprisent. La question n'est pas de savoir si
le régime du Hamas était un modèle de démocratie. La question est l'inhumanité
des colonialistes, attirés de quelque manière que ce soit par une telle
« vision » concoctée par des criminels de guerre. Glaçant.
Gaza n’est pas une « terra nullius »
Ce que ce plan veut effacer, c’est la réalité de Gaza : une terre vivante, habitée par un peuple résilient. Gaza n’est pas une page blanche pour investisseurs. Ce n’est pas un terrain vague à transformer en Silicon Valley sous occupation. C’est un territoire qui résiste, une société qui continue d’exister malgré les sièges, malgré les ruines, malgré les morts. Derrière chaque maison détruite, il y a une famille ; derrière chaque ruine, il y a une histoire ; derrière chaque enfant tué, il y a une mémoire. Ce que le plan colonial nie, c’est cette humanité irréductible.
Conclusion
forte
Ce plan
Trump-Netanyahu-Blair n’est pas un projet de paix. C’est un complot colonial,
une continuation de l’occupation par d’autres moyens. C’est la transformation
d’un génocide en business, d’un siège en opportunité, d’un peuple en marché.
Ce plan a
d’abord été annoncé comme un « plan en 21 points » et est devenu un « plan en
20 points » après des discussions entre Trump et Netanyahu.
Le point
supprimé, « Les États-Unis établiront un dialogue entre Israël et les
Palestiniens pour convenir d'un horizon politique pour une coexistence
pacifique », a été remplacé par une aspiration, « les
conditions pourraient enfin être réunies pour une voie crédible vers
l'autodétermination palestinienne et l'établissement d'un État, ce que nous
reconnaissons comme l'aspiration du peuple palestinien », enterrée dans l'un
des 20 autres points du texte.Ce changement porte l’empreinte de Netanyahu
partout.
La seule
paix possible passe par la reconnaissance des droits inaliénables du peuple
palestinien : son autodétermination, sa souveraineté, sa liberté. Pas par des
ultimatums dictés depuis les palais de Washington. Pas par des milliards de
dollars investis sur des ruines. Pas par des promesses vides qui masquent
l’apartheid.
Plan
colonial : « Y a-t-il quelque chose que les Palestiniens peuvent
accepter dans ce plan ? Bien sûr que oui. La fin de la guerre, du
génocide, de la faim qui tue nos enfants. Le retrait des troupes israéliennes
de la bande de Gaza. Ce que je dis, c’est que le fait que cela n’ait même pas
été discuté avec les Palestiniens ne nous permet pas de donner une réponse
claire. »
Personne ne
peut décider à qui incombe la compétence sur les questions palestiniennes,
hormis les Palestiniens. Tout organe de gouvernement temporaire, quel que soit
son dirigeant, doit être approuvé par les Palestiniens avec le consentement de
toutes les factions politiques : y compris le Hamas et l’ANP, mais pas
seulement. Nous ne pouvons accepter qu’une entité nous soit imposée contre
notre volonté. Il est insultant qu’un pays qui se dit démocratique, comme les
États-Unis, propose cela sans associer les Palestiniens à la table des
négociations.
Gaza,
laboratoire du colonialisme moderne : le complot Trump-Netanyahu-Blair, pour la
dépossession constante, le pillage et surtout
le refus du droit inaliénable des Palestiniens à l’autodétermination sur leur
propre terre.
Gaza n’est pas à vendre. Gaza n’est pas une colonie
expérimentale. Gaza est un peuple. Et ce peuple a le droit à la vie, à la
liberté, à la justice. Toute autre voie n’est qu’un mensonge, un crime et une
trahison. Et c’est déshumanisant
Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient
comme ça. »

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