Depuis des mois, la bande de Gaza est synonyme de
ruines, de fosses communes et d’exode. Sous les bombes, plus d’un million et
demi de personnes survivent dans des conditions que la Cour internationale de
justice (CIJ) a décrites comme des « risques plausibles de génocide ». Dans ce
contexte, Donald Trump a présenté un plan de paix en trois points : financement
de la reconstruction par les pays arabes, démilitarisation du Hamas et retrait
des forces israéliennes. Derrière cette façade de compromis se cache en réalité
une mécanique cynique, façonnée pour préserver l’impunité israélienne et satisfaire les
ambitions électorales de ses instigateurs.
Le faux dilemme : accepter ou périr
La
proposition de Trump repose sur un piège. Si le Hamas refuse, il porte la responsabilité
de la poursuite des massacres ; s’il accepte, Israël récupère ses otages et la
scène internationale applaudit… avant que le carnage ne reprenne sous un
nouveau prétexte. L’ultimatum, limité à 72 heures, relève davantage du chantage
que de la diplomatie. À aucun moment il n’est question des droits des
Palestiniens à l’autodétermination, ni des frontières de 1967, ni de Jérusalem
annexée, ni des 5 000 prisonniers palestiniens détenus sans jugement. La
Cisjordanie disparaît purement et simplement du cadre.
Netanyahou, le saboteur en chef
Contraint
d’accepter publiquement ce plan, Netanyahou s’emploie déjà à le neutraliser.
Son gouvernement, dominé par l’extrême droite coloniale, n’a aucune intention
de permettre la création d’un État palestinien ni de mettre fin à l’occupation.
La résolution A/RES/ES-10/24 de l’ONU exigeait la fin de la présence
israélienne dans un délai de douze mois ; la CIJ, dans trois ordonnances depuis
janvier, a sommé Israël de cesser les meurtres, les atteintes à la santé et les
conditions d’existence destructrices. Tout a été ignoré.
En vérité,
ce plan n’est qu’un outil politique : pour Trump, un tremplin vers un prix
Nobel de la paix et vers sa campagne présidentielle ; pour Netanyahou, un
rideau de fumée avant les élections de 2026, qui lui permet de se présenter en
garant de la sécurité d’Israël tout en poursuivant son entreprise coloniale.
Une paix-alibi qui masque un projet colonial
Parler de «
paix » dans ces conditions relève de l’imposture. Comment prétendre à la réconciliation
alors que les colonies s’étendent en Cisjordanie, que Jérusalem est grignotée
morceau par morceau, et que la population de Gaza est réduite à la misère par
un blocus illégal ? La « reconstruction » promise n’est rien d’autre qu’un
protectorat colonial, une rente pour les alliés occidentaux et arabes
complaisants.
Ce n’est pas
la première fois : l’histoire du Proche-Orient est jalonnée de « plans de paix
» qui ne furent que des trêves maquillées, toujours suivies d’un retour aux
bombes et aux bulldozers.
Sans justice, pas de paix
Le problème
n’est pas l’absence de propositions mais leur nature : elles évitent
systématiquement de nommer les responsabilités et de sanctionner les crimes.
Or, le droit international est clair. Israël a l’obligation de mettre fin à
l’occupation et au nettoyage ethnique en cours. Les Palestiniens ont un droit
inaliénable à l’autodétermination. Toute « solution » qui nie ces principes
n’est pas un chemin vers la paix mais une prolongation de l’injustice.
Tant que
l’occupation perdurera, tant que les auteurs de crimes de guerre ne seront pas
jugés, tant que les Palestiniens seront réduits au silence ou au rôle de
figurants dans leur propre destin, aucun plan ne tiendra. Les peuples ne vivent
pas de promesses creuses ni d’ultimatums : ils vivent de dignité et de liberté.
Conclusion :
Ce que
propose Trump et ce que sabote Netanyahou, ce n’est pas la paix : c’est une
trêve trompe-l’œil, une vitrine diplomatique derrière laquelle se poursuit la
dépossession.
La vraie
paix exige le courage de dire les mots interdits – occupation, colonisation,
apartheid, génocide – et d’y mettre un terme. Tout le reste n’est qu’un théâtre
cynique où les victimes palestiniennes servent de décor à l’ambition des
puissants.
Kader
Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient
comme ça. »

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