On voudrait
nous faire croire que les malheurs du Maroc sont inscrits dans nos veines, que
nous serions, par nature, corrompus, violents, incapables de solidarité. Qu’il
n’y aurait « rien à faire », sinon attendre un « pouvoir fort », une main de
fer qui dompte les masses. Voilà le discours, déguisé de fausse compassion, que
nous servent les plumitifs royalistes et leurs relais intellectuels : le peuple
est fautif, la monarchie serait notre ultime recours.
Quelle
imposture ! Quelle insulte !
La
corruption, le népotisme, l’injustice sociale ne tombent pas du ciel ni de
quelque prétendue « incapacité morale » des Marocains. Elles sont organisées,
entretenues, imposées par un système monarchique prédateur. Un système qui
confisque les richesses, qui distribue privilèges et marchés à ses proches, qui
se drape dans une légitimité divine pour ne jamais rendre de comptes.
Un pays saigné par sa propre dynastie
Qui peut croire que si des femmes meurent en couches à
Agadir, c’est parce que « les Marocains n’ont pas d’empathie » ?
Non : elles meurent parce qu’on préfère construire des stades pour la Coupe du
monde 2030 au lieu de financer des hôpitaux. Elles meurent parce que l’argent
de la santé et de l’éducation alimente les caisses d’Al Mada et les palais
royaux. Elles meurent parce que le Makhzen a décidé que la gloire
internationale valait plus que la vie de ses citoyennes.
Le peuple ne
manque pas de morale. Ce qui manque au Maroc, c’est un État qui serve le peuple
plutôt qu’un monarque qui se serve de lui.
La jeunesse n’a pas peur : elle accuse
La Génération Z marocaine n’est pas une bande de
rêveurs naïfs. Elle a compris que sa colère doit être publique, visible,
collective. Elle a osé briser ce que les générations précédentes craignaient :
le mur de la peur. Elle ne réclame pas des miettes mais le droit à la
dignité.
La Génération Z marocaine n’est pas une « foule de fauteurs » : c’est la
première génération à briser le mur de la peur, à s’organiser hors du Makhzen. Elle
exprime une conscience politique claire : les milliards pour le Mondial, c’est
du vol social quand les femmes meurent en couches faute de soins.
Quand les jeunes descendent dans la rue pour demander la santé, l’éducation, la justice sociale, ils ne réclament pas une « révolution morale » prêchée du haut d’un trône. Ils réclament des droits, concrets, immédiats, légitimes. Et c’est précisément cela que la monarchie ne peut leur offrir : parce qu’une monarchie qui partagerait le pouvoir, la richesse et la liberté signerait sa propre fin.
La démocratie n’est pas notre ennemie
Les
laudateurs du pouvoir voudraient nous faire croire que « seule une autorité
forte » peut sauver le Maroc. Traduction : seul le roi doit régner, seul lui
incarnerait l’unité, seul lui serait assez « implacable » pour mettre de
l’ordre. Mais l’ordre qu’il impose, nous le connaissons : répression,
clientélisme, pillage.
Ce que la
jeunesse marocaine réclame, ce n’est pas un despote éclairé. C’est la
démocratie, l’égalité, la justice. C’est un pays où les richesses servent la
population et non une poignée d’oligarques. C’est un Maroc qui n’agenouille pas
ses enfants devant un roi, mais qui se relève par la souveraineté de son
peuple.
Le vrai
venin, c’est la monarchie
On nous dit
que « nous aimons l’inégalité », que « nous nous complaisons dans la corruption
». Non : le seul venin qui coule dans nos institutions, c’est celui d’un régime
qui fait de la corruption sa respiration, de l’injustice son fondement, de la
soumission son arme.
Le Maroc
n’est pas condamné à l’humiliation éternelle. Le Maroc n’est pas un peuple de
serviteurs nés. Ce qui nous écrase, ce n’est pas une fatalité culturelle mais
une monarchie vorace.
L’affaire n’est pas pliée : elle commence
À ceux qui disent : « Il n’y a rien à faire », nous répondons
: tout est à faire.
À ceux qui nous vendent l’attente d’un sauveur, nous répondons : le peuple
se sauvera lui-même.
À ceux qui nous accusent de rêver, nous répondons : vos cauchemars commencent,
car nous n’avons plus peur.
La
Génération Z marocaine n’est pas une parenthèse. Elle est le début d’un
soulèvement qui porte en lui une évidence : le Maroc ne sera libre et juste que
débarrassé de son joug monarchique. Ce n’est pas « plus d’autorité »
qu’il faut, mais la
fin d’un pouvoir héréditaire irresponsable. La démocratie n’est pas un caprice occidental, mais
une exigence de dignité universelle : rendre des comptes, partager les
richesses, garantir les droits fondamentaux
Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient
comme ça. »

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire