Parfois il m'est utile de le dire !

                                                                                                          Oh! Colombe, transmets mon salut d...

Respect aux résistants de Gaza : le ghetto du XXIe siècle :

« Quand la force devient l’unique langage, la vérité se tait et l’humanité s’efface. »

Dans l’étroite bande de Gaza, la guerre a cessé d’être un conflit pour devenir un miroir. Miroir de notre impuissance collective, de la déshumanisation ordinaire, et du courage silencieux de ceux qui résistent à l’effacement. Cette tribune rend hommage aux victimes civiles, à la dignité d’un peuple enfermé, et à la faillite morale d’une époque qui laisse mourir sous ses yeux.

Gaza, une tragédie universelle

Il existe des lieux qui deviennent des symboles au-delà de leur géographie. Gaza, aujourd’hui, en est un. Dans cette bande de terre minuscule où s’entassent des millions de vies, le monde assiste, impuissant ou complice, à une lente destruction, celle d’un peuple pris au piège de l’histoire et de la géopolitique. Sous les bombes, dans la faim et la peur, Gaza nous renvoie à nos contradictions : celle d’un monde qui se dit civilisé mais qui tolère l’inacceptable.

Depuis trop longtemps, Gaza n’est perçue qu’à travers des chiffres : tant de morts, tant de blessés, tant de bâtiments détruits. Mais derrière ces nombres, il y a des visages. Des enfants qui rêvaient d’école, des mères qui enfouissent leurs fils sans tombe, des médecins opérant à mains nues, des familles qui survivent dans le vacarme de la guerre.
Chaque ruine porte un nom, chaque silence une prière.

La dignité comme ultime résistance

Quand tout s’effondre, il ne reste qu’un seul territoire à défendre : celui de la dignité.
Résister, dans Gaza assiégée, n’est pas un slogan : c’est un réflexe vital.
Ce n’est pas une exaltation de la guerre, mais le refus obstiné de disparaître sans laisser de trace. Face à la puissance d’une armée surarmée, un peuple désarmé tente simplement de rester humain.

Les murs qui entourent Gaza ne contiennent pas seulement ses habitants : ils enferment aussi la conscience de ceux qui les ont construits. Car l’occupation ne tue pas seulement des corps, elle étouffe des âmes, elle pervertit la morale.
L’asymétrie est totale, mais la dignité ne se mesure pas à la force des armes — elle se mesure à la capacité de continuer à espérer, même au bord du gouffre.

La guerre des récits

La bataille de Gaza n’est pas seulement militaire ; elle est aussi narrative.
Les mots, ici, tuent ou sauvent. Le pouvoir des armes se double de celui des images et des récits. Celui qui bombarde parle de “riposte légitime”, celui qui souffre est qualifié de “terroriste”.
Ainsi, la réalité se déforme, la souffrance se banalise, et la vérité devient la première victime du conflit.

Aujourd’hui, le colonisateur au lieu de se reprocher d’être à la mauvaise place dans l’histoire, il reproche à la résistance et à son peuple d’avoir osé faire l’inévitable pour recouvrer leurs droits.

Aujourd’hui, nous constatons que la glorification des héros de Gaza n’est pas notre droit. Elle nous rappelle plutôt, à nous-mêmes comme à l’ennemi, que la vie, riche en expériences, ne comporte qu’un nombre limité de choix majeurs.

Croire que la bataille de Gaza se terminera par une reddition épargnant à Israël le châtiment qu’il mérite, c’est une fois de plus une lecture erronée de l’histoire. Mais le temps seul est riche d’enseignements pour ceux qui souhaitent apprendre !

La tragédie d’un peuple encerclé

A Gaza, le colonisateur est supérieur en nombre, en armement, en tactique. Les civils sont encerclés, incapables d’échapper au feu sauf par des galeries qu’ils ont creusées ou qui existaient déjà.
Devant cette écrasante supériorité, il ne reste que la guérilla qualifiée de “terrorisme” par ceux qui détiennent le pouvoir. Pour les civils encerclés, les morts s’accumulent sous les bombes ; la maladie et la faim faucheront encore des vies. Certains choisissent de mourir en emportant un adversaire — acte tragique qui, pour eux, est la dernière réponse à un génocide programmé. Et pourtant, paradoxalement, plus on cherche à réduire une population par la violence, plus la détermination de ceux qui résistent grandit : leur moral s’affermit à mesure que celui des agresseurs s’érode, car la longue durée transforme la puissance en vulnérabilité.

Au-delà de la suprématie militaire, le colon contrôle les moyens de communication : il peut allonger ses victoires, minimiser ses défaites, et affirmer qu’il ne perd pas d’hommes. Pourtant ces hôpitaux se remplissent en cachette et l’ordre militaire est de taire les pertes. L’armée qui occupe doit paraître invincible, féroce et inhumaine, tel est la doctrine du colonisateur.

Ce constat n’est pas une métaphore : c’est une photographie de l’histoire qui s’écrit sous nos yeux. Il dévoile la logique du désespoir, la mécanique de la domination et l’absurdité d’un système où la puissance croit pouvoir détruire la volonté d’exister.
Mais l’histoire enseigne le contraire : la force brute finit toujours par se heurter à la mémoire des vivants.

Le miroir de notre humanité

Ce qui se joue à Gaza dépasse le conflit israélo-palestinien : c’est un test moral pour l’humanité entière.
C’est la mesure de notre tolérance à l’inacceptable, de notre indifférence à la souffrance, de notre capacité à fermer les yeux quand la vie d’autrui nous dérange.
Gaza n’est pas seulement une tragédie politique, c’est une tragédie humaine. Et c’est précisément pour cela qu’elle nous concerne tous.

Rendre hommage aux victimes, ce n’est pas choisir un camp, c’est refuser l’oubli.
C’est affirmer que la compassion est un devoir, que la justice est la seule voie vers la paix, et que la mémoire des morts ne doit pas servir d’argument mais d’avertissement.
Un jour, les bombes se tairont, les ruines seront balayées, mais la question demeurera : qu’avons-nous fait, nous, quand l’humanité brûlait à Gaza ?

Ce que révèle Gaza, c’est la faillite de la puissance et le triomphe paradoxal de la dignité.
Plus les murs s’élèvent, plus les consciences s’éveillent.
Plus on tente d’effacer un peuple, plus sa mémoire s’impose.

Rendre hommage à ces vies fauchées, ce n’est pas une posture politique :
c’est une déclaration de foi dans l’humain.
C’est exiger la fin des bombardements, l’ouverture des couloirs humanitaires, des enquêtes indépendantes, et la reconnaissance du droit à la vie.

Car si la guerre a fait de Gaza un cimetière, la mémoire peut encore en faire un lieu de conscience.
Et peut-être qu’un jour, le monde regardera cette terre non plus comme une menace, mais comme un avertissement :
celui de ce qui arrive quand l’humanité abdique.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/

 

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