Parfois il m'est utile de le dire !

                                                                                                          Oh! Colombe, transmets mon salut d...

Le dernier des rois : Netanyahou, prisonnier de l’illusion d’immortalité et creuseur de sa propre tombe

 

Depuis les légendes des rois engloutis par l’arrogance – Gilgamesh, qui chercha l’immortalité, et Néron, qui joua avec le feu -, chaque époque voit naître un roi qui se croit au-dessus des hommes. En Israël, son nom est Benjamin Netanyahou alias «Bibi, roi d’Israël», qui croit vraiment être un roi biblique arrivé par erreur au XXIe siècle. Un roi qui possède toutes les formes de guerre.



Et lorsque les soldats s’effondrent aux frontières de Gaza, ou que les civils tombent à Beyrouth, le roi sourit et dit à ses sujets que ce sang est le prix de la sécurité. Il leur rappelle qu’il est indispensable et que lui seul détient la clé du salut.

C’est le dernier roi d’Israël, un roi de papier, qui gouverne un royaume qui se désagrège de l’intérieur et a bâti sa gloire sur les ruines de la paix.

Sa politique ressemble à une malédiction ancienne : chaque fois qu’il s’approche d’une trêve, il déclenche une nouvelle guerre. Pour lui, la paix, c’est la perpétuation de la guerre perpétuelle.

Un roi sans sagesse : voilà comment Ibn Khaldoun l’aurait décrit sur lui ; car lorsqu’un roi est dépourvu de raison et de discernement, il devient un malheur pour lui-même et pour son peuple.

C’est une copie de Trump, dans son obsession de tout ce qui est «tendance». Tous deux sont prisonniers de l’illusion d’immortalité à travers les gros titres et les trophées creux. Ils vivent dans une ère numérique où ils croient que l’histoire est une application que l’on peut programmer, ou un algorithme que l’on peut tromper

Mais l’histoire enregistre tout. Elle ne répond pas aux désirs des rois ni aux rêves des narcissiques. C’est un juge silencieux. Elle écrira certainement sur eux et consignera leur chute retentissante.

Dans la nuit de Gaza, Netanyahou tisse les fils de sa nouvelle invasion. Les précédentes ne lui ont pas suffi. Il veut anéantir les édifices, arracher les êtres humains, pour qu’ils deviennent des spectres errants dans l’exil. Il appelle ça «un départ volontaire», mais le droit international l’appelle par son vrai nom : déplacement forcé, crime de guerre, crime contre l’humanité (selon les Conventions de Genève de 1949 et le Statut de Rome de 1998).

Mais n’a-t-il rien appris des généraux du vide et de la bêtise ? Qu’il invoque donc l’esprit de Golda Meir : elle lui dira que le vide n’engloutit pas Gaza. Elle lui rira au visage et dira : «Bravo, Bibi ! Tu nous as ramené la même vieille stupidité. Ne sais-tu pas que ce vide engendrera des générations plus fortes ? Ne sais-tu pas que chaque mur que tu détruis à Gaza deviendra une pierre tombale pour toi et ton royaume de papier ?»

Rêves-tu encore au «Grand Israël», Bibi ? C’est un royaume de cendres, qui grandit par le sang et s’effrite par le sang.

Regarde la rue israélienne bouillir… Les manifestations remplissent les places, les pancartes crient : «Assez, fini de jouer, Bibi !» La guerre dont tu avais promis la victoire à ton peuple est devenue un cauchemar qui engloutit tes soldats et laisse les familles dans un deuil perpétuel.

Pas d’occupation de Gaza, pas d’illusions de royaume biblique. Comprends donc que « le jeu est fini». N’as-tu pas réalisé que Gaza n’est pas un petit camp que tes chars peuvent occuper ? N’as-tu pas compris que Gaza est une bête qui respire sous les décombres ? Ta seule issue maintenant est de reconnaître la réalité et de te hâter d’ouvrir la porte. Accepte l’accord maintenant, un accord qui te permette de libérer les prisonniers et un retrait qui sauve ce qui reste de l’image de ton armée ensablée.

Cette guerre doit se terminer immédiatement. Aucun trône ne peut se maintenir sur le sang, aucune armée n’échappe à la malédiction des enfants affamés ou enterrés sous les ruines. Ta seule issue est un échange de prisonniers et un retrait.

Netanyahou, roi biblique obsédé par l’immortalité et non par ses soldats, préfère laisser les prisonniers de son pays fondre dans l’obscurité des tunnels de Gaza plutôt que d’affronter l’instant de vérité. Il les jette dans le brasier de la politique pour gagner un jour de plus sur son trône.

Ici, au Liban, personne ne parle non plus des prisonniers. Regardez le Liban : ici, il n’y a pas un seul roi, mais une horde de petits rois. Des amateurs de pouvoir qui ne maîtrisent même pas les rituels du règne, mais excellent dans le silence comme pratique quotidienne… 19 prisonniers libanais croupissent dans les prisons israéliennes et personne ne mentionne leurs noms. Silence radio. Le président est occupé à couper les rubans des festivals, le Premier ministre à se faire photographier avec Amr Diab, et les ministres rivalisent à la télévision. Silence encore.

Voulez-vous savoir à quel point Netanyahou est chanceux ?

La «yérida», l’’émigration hors d’Israël des intellectuels de gauche et des libéraux est le «gros lot» qu’il a décroché… Ces gens ne sont pas partis par amour pour Gaza ni pour la défendre ; ils sont partis parce qu’ils ne pouvaient plus supporter la politique du roi… Les «gêneurs», comme il les appelait, sont enfin partis…

Maintenant, le pays ne reste plus que pour lui et sa clique rabbinique : le blond Smotrich et le bouffon Ben Gvir. Un duo de comédie noire qui accompagnera son roi dans son ultime voyage vers La Haye.

Ceci n’est pas un article sur Netanyahou tel qu’il se présente, roi de l’histoire, mais un article sur le cauchemar du roi : le jour où l’accord sera conclu. Quand les visages reviendront des cellules de l’ombre :

Marwan Barghouti, le bras levé en signe de victoire ;

Ahmad Saadat, avec son keffieh rouge,  

Abdallah Barghouti, au regard ferme.

Ces images à elles seules démantèleront tout un récit, feront revenir l’histoire pour croiser passé et présent, et témoigneront de l’effondrement du pouvoir royal. Cela, Netanyahou le sait… parfaitement. Il sait qu’une seule photo d’un prisonnier libéré est plus puissante que tous ses chars et son arsenal, et que le sourire de Marwan Barghouti pourrait renverser son trône qui a coûté des décennies de sang.

En fin de compte, Netanyahou ne négocie pas pour ses prisonniers ni pour l’avenir de Gaza. Il négocie seulement pour la durée de son règne et pour sa puissance. Cette puissance qu’il vénère le broiera à la fin.

La fin de Netanyahou ne viendra pas de ses ennemis. Il tombera par la main d’un appareil de pouvoir stupide qu’il a lui-même dessiné. Du chaos qu’il a bâti comme instrument de domination et qui est devenu une machine de chute.

Le destin de Netanyahou a déjà commencé depuis longtemps, il marche vers lui comme un roi aveugle. C’est un roi sans sagesse, ignorant que l’immortalité qu’il poursuit est son nom gravé sur le mur de l’effondrement final.

 

Dr Lina Al-Tabbal

Source : Rai Al Youm via Tlaxcala


Auschwitz, sponsor officiel des bombes sur Gaza


 

Quand la Shoah devient une marque déposée pour blanchir les massacres de civils.                         On nous explique que le conflit de Gaza défie les lois de la guerre parce que le Hamas instrumentaliserait sa population, pendant qu’Israël, seul au monde, avertirait avant de bombarder. Mais réduire cette tragédie à une inversion de responsabilités est une dangereuse illusion. La vérité est plus simple et plus brutale : aucun peuple ne peut survivre éternellement sous occupation, blocus et colonisation.

Gaza est devenue le miroir : Depuis le 7 octobre, l’opinion publique est saturée de récits simplificateurs. L’un érige le Hamas en incarnation de la barbarie, l’autre présente Israël comme un État génocidaire. Ces deux visions opposées, reprises en boucle dans nos débats, fonctionnent comme des miroirs déformants : chacun choisit son camp, chacun diabolise l’autre. Or cette guerre ne se comprend pas par les caricatures. Elle se comprend par la condition dans laquelle elle prend racine : celle d’un peuple palestinien privé de droits fondamentaux.

On a parfois l’impression que Gaza est devenue le miroir dans lequel se reflètent les obsessions de notre époque. Les images d’enfants blessés, de familles dévastées, circulent en boucle. Elles suscitent compassion et colère, mais elles servent aussi de levier politique. Ce qui devrait être d’abord un appel universel à protéger les plus vulnérables devient, paradoxalement, un instrument de légitimation de la guerre.

Il y a là un paradoxe moral : au lieu de protéger les civils, certains acteurs du conflit les exhibent sciemment, conscients que la souffrance des innocents est devenue la monnaie d’échange la plus puissante dans le marché médiatique mondial. La guerre se joue désormais aussi dans l’arène des images, où l’horreur sert d’arme rhétorique.

Le piège des récits inversés : L’article auquel je réponds dénonce une « inversion des responsabilités » : Israël, frappé le 7 octobre, serait accusé à tort de génocide malgré sa prétendue retenue militaire. Mais ce récit occulte un fait incontournable : Israël administre depuis des décennies un système d’occupation et de colonisation condamné par le droit international. La Cisjordanie est quadrillée par des colonies illégales, Gaza est soumise à un blocus qui étouffe sa population. Prévenir avant de bombarder ne change rien à cette réalité : la sécurité d’Israël se bâtit depuis trop longtemps sur la négation des droits palestiniens.

Hamas : résistance ou piège ? : Face à cette oppression, le Hamas se présente comme le fer de lance de la résistance. Mais réduire Gaza à ce seul acteur, comme le fait l’article initial, c’est refuser de voir que la violence du Hamas naît d’un terreau : celui de l’occupation, du blocus et de l’humiliation quotidienne. Alors que les récits s’affrontent pour désigner tour à tour le Hamas comme barbare et Israël comme génocidaire, on oublie l’essentiel : un peuple entier vit privé de droits fondamentaux, enfermé dans un blocus et une colonisation sans fin. Ni l’instrumentalisation cynique du Hamas, ni la brutalité sécuritaire d’Israël ne peuvent masquer cette réalité : survivre ne remplacera jamais le droit de vivre. »

L’Occident et sa religion des victimes : Une autre idée force de l’article consiste à reprocher à l’Occident son obsession pour les victimes. Cette critique touche juste, mais elle est mal orientée. L’Occident ne se trompe pas en compatissant aux souffrances palestiniennes : il se trompe en croyant qu’il suffit de compatir. Pleurer les enfants de Gaza ou les morts israéliens n’est pas une politique. Or, faute de courage politique, l’Europe et les États-Unis oscillent entre indignation humanitaire et silence diplomatique, incapables de proposer une solution qui dépasse le cycle infernal des représailles.

Le vrai scandale : survivre au lieu de vivre : Le véritable scandale n’est pas seulement dans les images de corps sans vie, ni même dans la brutalité d’une riposte militaire. Il est dans la condition permanente d’un peuple réduit à survivre au lieu de vivre. Quand un peuple n’a ni État, ni liberté de mouvement, ni égalité de droits, il n’a pas d’avenir. Le Hamas prospère sur ce désespoir ; Israël croit y trouver une justification sécuritaire. Mais au fond, les deux sont piégés par la même logique de mort.

Chute : La guerre de Gaza n’est pas une aberration ponctuelle. Elle est le symptôme d’un système qui a normalisé l’exception, transformé l’occupation en gestion, et la souffrance en spectacle. Tant qu’on refusera de reconnaître que la dignité et l’autodétermination des Palestiniens sont la condition même de la paix, aucune rhétorique sur la barbarie de l’autre ne suffira. La question n’est pas de savoir qui est le plus barbare ou le plus civilisé. La question est de savoir combien de temps nous accepterons qu’un peuple soit condamné à survivre sans jamais vivre.

Une compassion internationale offerte pour chaque missile largué !

PLUS TU PLEURES, PLUS ÇA VEND.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/

 

 

 


Massacrer en pleurant : l’art israélien de se proclamer victime


 

Tuer sous couvert de mémoire, colonisé au nom de l’histoire : le double crime, réel et symbolique, la victimologie à géométrie variable.


On croyait avoir tout vu : les bombes sur Gaza, les cadavres entassés sous les décombres, les enfants démembrés qu’on sort à la pelle. Mais non : l’inversion accusatoire a encore trouvé un champion. Le sionisme et sa clique d’intellectuels sous perfusion médiatique nous rejouent la vieille rengaine : quand tu dénonces un massacre, ce n’est pas que tu as des yeux et un cerveau, c’est que tu transpires une haine atavique du Juif, alors c’est Bombe ou biberon : la guerre maternelle l’évangile selon Tsahal. Magie de la rhétorique : la réalité est soluble dans la paranoïa.

Israël et ses fidèles : l’art de l’écran de fumée : En Israël, c’est toujours la même cuisine : deux mille ans d’histoire mis au service d’un rideau de fumée. Le Juif médiéval était accusé de tuer les enfants chrétiens ? Eh bien, aujourd’hui, Israël bombarde les hôpitaux, mais ce n’est qu’une reprise symbolique de l’accusation. Circulez, il n’y a rien à voir. Les Palestiniens morts sont annexés à la mémoire de l’Inquisition. On massacre, mais avec mémoire. On colonise, mais avec Auschwitz dans la poche arrière. Voilà l’escroquerie : tout crime devient intouchable, sacralisé, puisque contesté = antisémite.

Les intellectuels ventriloques : Finkielkraut, BHL, Enthoven : on dirait une troupe de ventriloques récitant le même texte appris par cœur. Ils ne mentent pas, non, ce serait encore trop humain. Ils sont le mensonge, comme d’autres sont faits de chair et d’os. Des automates de la bonne conscience, programmés pour transformer chaque bombe israélienne en acte de survie, chaque colonisation en mur de défense. Le plus tragique, c’est qu’ils y croient. Le mensonge n’est pas dans leur bouche, il est dans leur ADN rhétorique.

Le sophisme métaphysique : Le coup de maître du sionisme ? Transformer un État bardé de tanks, d’avions F-16 et d’ogives nucléaires en victime éternelle. Israël serait le Juif collectif, l’incarnation vivante de deux mille ans de pogroms. Le bulldozer rase une maison palestinienne ? Auschwitz, mon amour. Une bombe au phosphore blanc explose dans une école ? Réminiscence médiévale. On dirait du mauvais théâtre, mais joué avec le sérieux des tragédies grecques. Résultat : on ne peut plus rien dire. La colonisation devient une tragédie antique, les crimes de guerre une fatalité anthropologique.

La paranoïa comme logiciel : Ce qu’il y a de pathétique, c’est le côté tribal, viscéral, de ces intellectuels. Ils se drapent dans la philosophie, mais à la première allusion à la Palestine, la raison s’éteint comme une bougie dans le vent. Place à l’instinct, au réflexe de meute. Finkielkraut, philosophe éteint, passe du concept au grognement tribal. C’est métabolique, dit le texte : exact. Quand le tribal reprend le dessus, le philosophe se transforme en caricature de lui-même, et l’argumentation vire à l’incantation paranoïaque.

La vraie inversion : les morts parlent : La force du pamphlet initial, c’est de renvoyer cette rhétorique à ce qu’elle est : un rideau de fumée pour cacher les cadavres. On meurt à Gaza, on disserte à Paris. Les Palestiniens crèvent, mais le problème serait l’éternelle haine du Juif. On rase des quartiers entiers, mais attention : ne pas critiquer, sous peine de rejouer l’Histoire éternelle. Voilà le comble de l’indécence : se faire l’héritier sacré d’Auschwitz tout en justifiant, par la même bouche, un nouveau massacre.

Conclusion au vitriol : Qu’on ne s’y trompe pas : ce n’est pas un débat. C’est une escroquerie intellectuelle, un détournement d’héritage, un braquage mémoriel. D’un côté, des gens qui meurent, de l’autre, des intellectuels qui font commerce de la victimologie.
On peut critiquer l’auteur polémique de tomber dans l’excès, mais au moins lui garde les yeux ouverts : il voit les bombes, les cadavres, les pleurs. Israél lui, ne voit qu’un miroir déformant où chaque Palestinien mort devient un nouveau pogrom juif. L’escroquerie est totale : tuer tout en criant au meurtre.

La différence est là, abyssale : les uns s’enferment dans leur paranoïa victimaire, les autres comptent leurs morts.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

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Presse Française : Il y a une fissure dans votre bol ?

 

 La presse française aime se présenter comme le rempart de la démocratie et le garant de la liberté d’expression. Pourtant, elle se replie trop souvent sur une pensée uniforme, se tait sur certains drames et se soumet à des pressions invisibles. Cette dérive, nourrie par la concentration des médias et l’autocensure, menace directement notre pluralisme et notre vie démocratique. Elle se drape dans les habits de la liberté, mais vend sa plume aux puissants. Elle se proclame vigie de la démocratie, mais choisit ses indignations selon l’agenda des lobbies. La presse française n’est plus un contre-pouvoir : elle est devenue un rouage du système


Tribune : La presse française aime se présenter comme le quatrième pouvoir, garante de la démocratie et de la liberté d’expression. Pourtant, force est de constater qu’elle peine à remplir ce rôle essentiel. L’article d’A.M., qui compare la presse à une « maison close de l’opinion », choque par son image, mais il met le doigt sur une réalité trop souvent passée sous silence :

La presse française s’uniformise, s’autocensure et finit par trahir sa mission de contre-pouvoir. La presse française aime à donner des leçons. Elle s’érige en gardienne des valeurs démocratiques, en phare de la liberté d’expression. Mais derrière ce masque, que reste-t-il ? Une profession alignée, soumise, servile. Une presse qui prétend informer alors qu’elle formate. Qui se prétend indépendante alors qu’elle obéit.

Un pluralisme de façade ; En démocratie, nous devrions pouvoir compter sur une presse diverse, capable de confronter les idées et de nourrir le débat. La diversité médiatique est un mythe. Du Monde au Figaro, du Parisien à Libération, le même discours s’impose, la même lecture s’impose, les mêmes indignations sont servies à la chaîne. Les débats contradictoires sont une illusion : la pensée unique a colonisé les colonnes. La démocratie exige la confrontation des idées, mais la presse française a choisi la conformité. Les éditoriaux se ressemblent, les angles se répètent, les indignations sont sélectives. Cette uniformité, que nous dénonçons dans les régimes autoritaires, est devenue la norme confortable de nos propres médias.

Deux poids, deux mesures ; Cette indignation sélective est particulièrement visible dans le traitement des drames internationaux. Lorsque la journaliste russe Anna Politkovskaïa a été assassinée, la presse française a unanimement exprimé son émotion. Mais face aux centaines de journalistes palestiniens tués ces derniers mois, le silence est assourdissant. Pas de grandes Unes, pas d’éditoriaux enflammés, pas de mobilisation syndicale. Comme si la valeur d’une vie journalistique dépendait de son origine ou du contexte politique. Cette attitude nourrit un profond malaise. Pas d’Unes indignées. Pas de mobilisation. Pas de larmes publiques. Deux poids, deux mesures. Deux humanités. La vie d’un journaliste ne devrait pas valoir plus ou moins selon sa nationalité ou son camp. Une presse qui hiérarchise les victimes perd une part de son humanité et de sa crédibilité.  Pourtant, c’est exactement ce que fait notre presse. :

Autocensure et pressions invisibles. Contrairement aux dictatures, il n’existe pas en France de censure officielle par décret. Mais une censure plus subtile agit : pressions éditoriales, peur de perdre sa place, dépendance aux actionnaires, influence des lobbies. Les exemples ne manquent pas : journalistes écartés pour avoir défendu une vision moins conforme, intellectuels contraints de nuancer leurs propos pour rester publiés, débats étouffés. Cette autocensure insidieuse réduit l’espace du débat démocratique et appauvrit la pensée collective. L’autocensure fait le travail. Les pressions économiques, la peur de déplaire aux actionnaires, les lobbies omniprésents suffisent à museler. Des journalistes sont écartés pour avoir osé briser le consensus. Des intellectuels tempèrent leurs propos par peur d’être bannis des colonnes ou des plateaux télé. Ici, pas de prison. Mais la sanction est tout aussi efficace : le silence, l’exclusion, l’oubli

Quand le pouvoir économique dicte la ligne éditoriale : Le cœur du problème est là : la presse française appartient à une poignée de milliardaires – Bolloré, Arnault, Niel, Dassault. Comment croire à l’indépendance quand les propriétaires des médias sont aussi les grands bénéficiaires de décisions politiques et économiques ? Un journaliste dépendant de son patron ne peut pas être un contre-pouvoir. Cette dépendance structurelle a transformé la presse en outil de domination.

Le problème est structurel : fragilise l’indépendance éditoriale. Comment croire à une information libre quand la survie financière d’un journal dépend de la bienveillance de son propriétaire ou de ses annonceurs ? Cette dépendance crée un climat de servilité où l’indépendance journalistique devient un luxe, non une règle.

Pour une presse réellement indépendante : Il ne suffit pas de dénoncer. Il faut agir. Plusieurs pistes existent :

  • Soutenir les médias indépendants financés directement par leurs lecteurs (Mediapart, Blast, Reporterre, etc.).
  • Exiger une transparence totale sur les liens entre rédactions et actionnaires.
  • Défendre les journalistes victimes de pressions ou menacés pour leurs enquêtes.
  • Promouvoir l’éducation critique aux médias, afin que les citoyens ne se contentent pas d’une seule source d’information.

Il est temps de rompre avec cette servitude volontaire. De soutenir les médias indépendants qui vivent de leurs lecteurs, pas des annonceurs. D’exiger une transparence totale sur les financements et les influences. De protéger les voix dissidentes au lieu de les faire taire. Et surtout, d’éduquer les citoyens à ne jamais consommer l’information comme un produit fini, mais à la questionner, la comparer, la contester.

Conclusion : le courage de l’information : Une démocratie sans presse libre est une démocratie malade. Lorsque la presse devient un relais de propagande ou un instrument de domination, elle cesse d’être un pilier républicain pour devenir un outil de contrôle. La presse peut être deux choses : un contre-pouvoir ou un outil de propagande. Aujourd’hui, en France, elle a choisi son camp. Elle s’est couchée. Elle a vendu son âme. Mais une démocratie sans presse libre n’est plus une démocratie : c’est une façade. Alors, face à ce naufrage, le choix est simple : ou bien nous reprenons la presse, ou bien nous perdons la démocratie. C’est dans cette circonstance déplorable, que je n’accorde aucune confiance à cette presse française. L’habit ne fait pas le moine.

Il est urgent de rappeler que la liberté d’informer n’est pas une option, mais une nécessité vitale. Défendre une presse réellement indépendante, pluraliste et courageuse, ce n’est pas seulement protéger les journalistes : c’est protéger la démocratie elle-même.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

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700 jours de Guerre et Netanyahou ne sera jamais un Héros

 

Une tribune moins important nous dit des prouesses de Tsahal et du Mossad, au demeurant impressionnantes  que par le énième rappel nous fait de la puissance de la propagande. Pourtant comme toujours les alliés d’Israël s’épuisent par des contre-récits qui ne convainquent guère au-delà du cercle sioniste. Mais en assimilant systématiquement le Hamas au nazisme et en généralisant ses accusations, le texte de cette tribune illustre lui-même ce qu’il prétend combattre : une bataille de récits où la nuance disparaît et où la complexité est sacrifiée au profit d’une rhétorique binaire.

Dans une récente tribune à tendance sioniste célèbre les « prouesses » du Mossad et de Tsahal dans l’élimination de figures stratégiques du Hamas, du Hezbollah ou des Houthis. Mais au-delà de cette énumération de succès militaires, le texte cherche surtout à dénoncer la puissance de la propagande adverse, accusée d’avoir transformé le Hamas en symbole de résistance et d’avoir relégué les victoires israéliennes au second plan.

Pourtant, ce texte dit finalement peu de chose de nouveau sur les prouesses israéliennes. Son véritable apport est ailleurs : il illustre, à son insu, la manière dont le débat sur la propagande du Hamas se mue lui-même en un exercice de propagande inversée.

Le constat est juste : Israël gagne ses batailles tactiques, mais perd la guerre des récits. La résistance du Mouvement Hamas, sans disposer d’armées régulières comparables, s’impose dans l’opinion mondiale grâce à une narration fondée sur l’injustice et la souffrance. Mais c’est justement sur ce terrain que la tribune se révèle contre-productive.

Car pour démontrer la nocivité de la propagande palestinienne, l’auteur en adopte lui-même les armes : analogies extrêmes avec le nazisme, figure de Goebbels convoquée pour qualifier Abou Obeida, dénonciation globale de l’ONU, de l’UNRWA ou encore des journalistes gazaouis assimilés à des « complices ». Cette rhétorique, binaire et saturée d’accusations, ne convainc pas au-delà du cercle acquis. Elle enferme le débat dans une opposition manichéenne : Israël serait synonyme de vérité et d’efficacité, La résistance du Mouvement Hamas, et ses soutiens n’incarneraient que haine et mensonge.

Or c’est précisément cette absence de nuance qui alimente la défiance. Réfuter les accusations de « génocide » ou « d’apartheid » en les qualifiant simplement de « mots mensonge » ne suffit pas. Il faudrait s’interroger sur les raisons profondes pour lesquelles ces termes trouvent une telle résonance dans l’opinion internationale : images d’enfants blessés, quartiers détruits, blocage de l’aide humanitaire. Les ignorer ou les balayer d’un revers de main renforce le soupçon de déni.

La guerre des récits ne se gagne pas par une contre-propagande encore plus martiale. Elle suppose de reconnaître la complexité, d’admettre les zones grises, et de parler un langage crédible, au lieu de se réfugier dans un discours défensif et moralisateur. La supériorité militaire d’Israël ne fait aucun doute. Mais sa parole reste enfermée dans un registre technocratique et accusatoire, incapable de rivaliser avec la charge émotionnelle de la narration adverse.

En dénonçant la propagande de la résistance du Mouvement Hamas, tout en y répondant par une autre propagande, cette tribune illustre un piège récurrent : transformer un constat lucide en discours aveugle. Si Israël et ses alliés veulent un jour inverser la tendance, ils devront comprendre que convaincre ne consiste pas seulement à vaincre. La guerre de l’opinion exige autre chose qu’une liste de frappes réussies ou de mensonges dénoncés : elle exige un récit humain, complexe, capable d’émouvoir sans manipuler, et de convaincre sans écraser.

Lorsque l’article affirme que « les enfants palestiniens ont été élevés dans la haine », il ne décrit pas une réalité, il construit une image totale et immuable de l’ennemi. Tout est amalgamé : La résistance du Mouvement Hamas, Autorité Palestinienne, UNRWA, familles, enseignants. L’école palestinienne ne serait plus qu’un laboratoire de haine, l’UNRWA complice criminelle, les parents simples relais d’un endoctrinement religieux impitoyable. Mais cette présentation caricaturale sert moins à informer qu’à délégitimer.

Oui, l’instrumentalisation des enfants dans les conflits est une tragédie, et personne ne peut nier que certains manuels scolaires palestiniens ou certains discours officiels entretiennent un imaginaire de confrontation. Mais réduire toute une génération à une « haine incrustée » revient à nier leur humanité, à ignorer les témoignages d’enseignants, d’associations, de familles qui aspirent à autre chose qu’à la guerre.

Là encore, la dénonciation de la propagande adverse se transforme en propagande miroir : on essentialise, on généralise, on enferme. Ce procédé empêche toute réflexion sérieuse sur la manière dont la violence, l’occupation, la misère ou le désespoir façonnent les représentations. La haine n’est pas une essence héréditaire, elle est le fruit d’un contexte politique et social qui, lui, peut changer. Mais pour le reconnaître, encore faut-il sortir du confort du récit binaire.

« L’éducation dans la haine » : un récit trop commode

L’article affirme que les enfants palestiniens sont « élevés dans la haine » par leurs familles, leurs écoles, l’Autorité Palestinienne, La résistance du Mouvement Hamas et même l’UNRWA. Cette généralisation radicale n’analyse pas une réalité : elle fabrique une image essentialisée de l’adversaire.

Certes, il est incontestable que des manuels, des prêches et certains discours officiels entretiennent une vision antagoniste et véhiculent des stéréotypes dangereux. Mais réduire toute une société à une « haine incrustée » revient à nier la diversité des trajectoires, à effacer les initiatives éducatives alternatives et les voix palestiniennes qui aspirent à autre chose qu’à l’affrontement permanent.

Qualifier l’UNRWA de « complice criminelle » relève davantage du procès idéologique que de l’enquête rigoureuse : aucune organisation internationale ne résiste à la tentation de la critique, mais balayer son rôle en bloc occulte aussi son action quotidienne auprès de millions de réfugiés.

Ce type de discours ne combat pas la propagande, il la mime : il essentialise, généralise, délégitime. En enfermant les enfants palestiniens dans une identité de « haine », il rend impossible toute perspective de réconciliation future. Or la haine n’est pas un gène transmis à la naissance, c’est un produit de contextes politiques et sociaux — et c’est précisément parce qu’elle est produite qu’elle peut, à terme, être déconstruite.

Abou Obeida n’était pas seulement un porte-parole : il incarnait la stratégie médiatique du Hamas, celle qui transforme chaque événement en arme narrative. Sa mort, pour symbolique qu’elle soit, ne met pas fin à ce système. Car la véritable force du Hamas ne réside pas seulement dans ses combattants ou ses infrastructures souterraines, mais dans sa capacité à imposer un récit qui dépasse les frontières de Gaza.

Cette propagande fonctionne d’autant mieux qu’elle trouve un terrain fertile à l’international. Dans nos sociétés, où l’émotion collective précède souvent l’analyse, les images de destructions et de souffrances se substituent aux explications, et le Hamas sait les instrumentaliser. L’essentiel de la bataille, dès lors, ne se joue plus seulement au Proche-Orient : il se déroule aussi dans l’espace médiatique et politique occidental, où les récits circulent, se simplifient et façonnent l’opinion.

La résistance du Mouvement Hamas a su développer une stratégie de communication singulière : présenter ses actions armées comme des actes de résistance, tout en exploitant médiatiquement les conséquences des ripostes israéliennes. Là où d’autres mouvements révolutionnaires du XXe siècle misaient sur l’héroïsme ou la pureté idéologique, La résistance du Mouvement Hamas combine deux registres : la fierté interne d’avoir frappé l’ennemi et l’image externe d’un peuple écrasé qui réclame justice. Ce « double discours » lui permet de fédérer ses partisans tout en séduisant une opinion internationale sensible aux récits de victimisation.

Pourtant, ce texte dit finalement peu de chose de nouveau sur les prouesses israéliennes. Son véritable apport est ailleurs : il illustre, à son insu, la manière dont le débat sur la propagande La résistance du Mouvement Hamas se mue lui-même en un exercice de certitude inversée.

L’article  de la tribune en question reste juste une suite de périphrases intellectuelles visant encore une fois à transformer les assassins sionistes en victimes juives. Ils ne mentent pas, ils sont en quelque sorte le mensonge.                                                                                                                                           Qu’est-ce que ça va être quand les gens vont comprendre que leurs mensonges ne se limitent pas aux 40 bébés de décapités ?

Il faudrait tout de même qu’un jour, ils changent de disque car celui-ci est usé jusqu’à la trame, car il est aisément palpable que mise à part les Palestiniens, pour beaucoup de société monde autour du globe, la disparition d’Israël est devenue promesse de rachat. 

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
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Le Soldat d’Israël : Tu n’as jamais été un héros

 

Sous le vernis humanisant du témoignage individuel, une vérité glaçante se dévoile : les soldats israéliens, même lorsqu’ils se disent “simples”, participent à une mécanique de mort. L’histoire d’un soldat d’origine philippine à Gaza, illustre à quel point l’innocence revendiquée sert de paravent à l’injustice structurelle.

Le portrait du soldat israélien issu d’une famille migrante philippine, pourrait émouvoir. Ses dessins réalisés à Gaza, ses références bibliques à l’amour du prochain, sa fierté identitaire face aux discriminations, tout cela donne l’image d’un jeune homme sincère, attachant, presque exemplaire. Mais cette humanisation cache l’essentiel : ce soldat a servi dans une armée qui bombarde, détruit, déplace. Et ses propos, loin d’être neutres, reprennent mot pour mot le récit officiel israélien.

L’illusion du “simple soldat” : « Je ne suis pas un homme politique… quand on m’appelle, je viens. » Cette phrase résonne comme une confession d’innocence. Mais c’est précisément le problème. Obéir sans réfléchir, réduire sa responsabilité à l’exécution d’ordres, c’est ce qui rend possibles les pires crimes collectifs. Hannah Arendt parlait de « banalité du mal » : le mal ne réside pas seulement dans les idéologues, mais aussi dans les foules de fonctionnaires et de soldats qui acceptent de faire « simplement leur travail ».

Un discours verrouillé par la peur : Ce soldat n’est pas naïf. Il sait qu’en Israël, critiquer l’armée, c’est ruiner sa vie sociale, son avenir professionnel, sa sécurité. Alors il répète le catéchisme : nous protégeons les civils, c’est le Hamas qui est coupable, nous aidons à l’humanitaire. Mais chacun sait que Gaza est sous blocus, que des milliers de familles sont brisées, que des enfants meurent sous les bombes. Dire autre chose, pour lui, serait suicidaire. Mais se taire, c’est déjà collaborer.

L’héroïsme confisqué : Le véritable enjeu n’est pas de savoir si ce soldat est “gentil” ou “méchant”. L’argument selon lequel « tous les soldats ne sont pas mauvais » est une diversion. Car le problème n’est pas l’innocence individuelle mais la machine collective : une armée qui obéit à une idéologie de domination, une société qui glorifie la violence, un État qui punit la dissidence. Le parallèle avec l’Allemagne nazie, cité dans le texte, n’est pas qu’une provocation : il rappelle que ce sont les systèmes qui écrasent, et que les individus qui “se contentent d’obéir” y sont complices.

Conclusion : Le soldat Israélien veut « une vie normale » : travailler, se marier, avoir des enfants. On peut comprendre ce désir. Mais derrière son récit apaisant, il y a les familles palestiniennes qui n’auront jamais cette chance. Ses dessins ne changeront rien à la brutalité qu’il a servie. « Tu n’as jamais été un héros », lui rappelle le texte. Et c’est vrai.

Les bombes ne font pas de héros. Elles fabriquent des complices.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

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Le grand mufti de Jérusalem n’a pas inventé la Shoah: quand l’histoire devient arme politique

 

En accusant Hadj Amin al-Husseini d’avoir inspiré Hitler dans la mise en œuvre de la “solution finale”, Benyamin Netanyahou ne se contente pas de déformer l’histoire. Il invente un dialogue imaginaire, détourne la mémoire de la Shoah et jette une accusation infondée sur les Palestiniens. Or la vérité historique est claire : la Shoah est une responsabilité exclusivement nazie, déjà en cours avant la rencontre d’Hitler et du mufti.

Quand l’histoire est réécrite pour servir la politique : À Jérusalem, devant le 37ᵉ Congrès sioniste mondial, Benyamin Nétanyahou a affirmé que le grand mufti de Jérusalem, Haj Amin al-Husseini, aurait convaincu Adolf Hitler de passer de l’expulsion à l’extermination des Juifs. Il a même prêté aux deux hommes un dialogue hallucinant : « Que dois-je faire d’eux ? », aurait demandé Hitler. « Brûlez-les », aurait répondu le mufti.

Or ce dialogue est une pure invention. Le compte-rendu officiel de la rencontre du 28 novembre 1941 existe : il a été publié, étudié, analysé. On y lit la volonté du mufti de bloquer toute émigration juive vers la Palestine et la promesse d’Hitler de ne tolérer aucun « foyer juif » après sa victoire. Mais à aucun moment, pas une ligne ne mentionne une telle scène. Ce passage est imaginaire, forgé pour servir une narration politique contemporaine.

En réactivant ce mythe, Benyamin Nétanyahou ne cherche pas tant à rétablir une vérité historique qu’à servir un objectif politique immédiat : délégitimer les Palestiniens d’aujourd’hui en les associant au crime absolu du XXᵉ siècle. C’est une manœuvre rhétorique, qui vise à figer l’adversaire dans la figure du bourreau nazi, à brouiller les lignes de responsabilité et à justifier la politique actuelle d’Israël en présentant le peuple palestinien comme héritier d’une haine génocidaire. Mais cette stratégie a un prix : celui d’affaiblir la mémoire de la Shoah elle-même

La Shoah avait déjà commencé : Les faits sont établis : en novembre 1941, le génocide est déjà en marche. Depuis l’été, les Einsatzgruppen fusillent méthodiquement les communautés juives en Ukraine, en Biélorussie et dans les pays baltes. À Kiev, le massacre de Babi Yar, en septembre 1941, coûte la vie à 33 771 personnes en deux jours. Ces crimes, commis avant la rencontre de Berlin, témoignent d’une dynamique exterminatrice déjà enclenchée.

Faire croire qu’Hitler aurait hésité jusqu’à ce qu’un dirigeant palestinien l’oriente vers la solution radicale est une falsification flagrante. La Shoah fut conçue et organisée au cœur du régime nazi : Hitler, Himmler, Heydrich, et l’ensemble de l’appareil d’État allemand en furent les acteurs. Ni le mufti ni aucun autre responsable extérieur ne peuvent en être les inspirateurs.

Le rôle réel du mufti : Il est nécessaire de replacer le mufti de Jérusalem Hadj Amin al-Husseini dans son contexte. Comme dirigeant politique palestinien, il a cherché à empêcher l’immigration massive de Juifs vers la Palestine, perçue alors comme une menace existentielle pour son peuple. Cela ne fait pas de lui un idéologue de l’extermination nazie. S’il a pu trouver un intérêt tactique à se rapprocher de l’Allemagne hitlérienne, ce rapprochement relève avant tout d’une logique anticoloniale et d’un refus du projet sioniste en Palestine, et non d’une contribution à la mise en place de la « solution finale ».

Confondre opposition à une immigration coloniale et responsabilité dans un génocide planifié en Europe est une accusation infondée, qui déforme la mémoire et brouille les responsabilités.

Le déplacement du Mufti à Berlin n’autorise en rien à le transformer en architecte ou en déclencheur de la « solution finale ». La complicité ne fait pas la paternité. Al-Husseini fut un allié opportuniste du Reich, pas l’idéologue ni le stratège de son projet exterminateur.

En réactivant ce mythe, Benyamin Nétanyahou ne cherche pas tant à rétablir une vérité historique qu’à servir un objectif politique immédiat : délégitimer les Palestiniens d’aujourd’hui en les associant au crime absolu du XXᵉ siècle. C’est une manœuvre rhétorique, qui vise à figer l’adversaire dans la figure du bourreau nazi, à brouiller les lignes de responsabilité et à justifier la politique actuelle d’Israël en présentant le peuple palestinien comme héritier d’une haine génocidaire. Mais cette stratégie a un prix : celui d’affaiblir la mémoire de la Shoah elle-même.

Une instrumentalisation dangereuse

Les accusations de Netanyahu : A par sa psychopathie avérée comme sa perversion et son narcissisme évident, tout est faux chez lui. Son incommensurable bêtise fait qu’il est devenu la risée de tous les peuples de la Terre que cette dernière soie sphérique ou plate. L’évidence est là !!!

Lui et ses légions damnées formées par les immondes et mafieux Sataniques et sionistes nazis par leur maîtres : les Etats Unis et l’Occident sont l’alpha et l’oméga du mal incarné, sont historiques fausses. Ce que fait Netanyahou, ce n’est pas de l’histoire et l’histoire bégaie : c’est de la rhétorique politique. En associant la cause palestinienne au crime absolu du XXᵉ siècle, il cherche à délégitimer un peuple entier et à faire passer la lutte nationale palestinienne pour une haine génocidaire. Mais ce faisant, il minimise la responsabilité des nazis et fragilise la mémoire de la Shoah.

L’antisémitisme séculaire des Palestiniens : En affirmant l'existence d'une tradition antisémite séculaire parmi les Palestiniens, culminant avec une participation active à l'anéantissement du peuple juif, Netanyahou entend établir une continuité historique directe et sans équivoque. Il insinue que l'Intifada actuelle n'a rien à voir avec l'occupation israélienne de la Cisjordanie, le mur de séparation, la question des colonies juives sur les terres palestiniennes ou la situation socio-économique générale des Palestiniens, mais qu'elle repose essentiellement sur un antisémitisme profondément ancré.

Les historiens de Yad Vashem, des chercheurs israéliens et même le gouvernement allemand ont rappelé en 2015 l’évidence : la responsabilité de la Shoah est entièrement nazie. L’affirmer, ce n’est pas protéger les Palestiniens ; c’est protéger la vérité historique et l’humanité tout entière contre les falsifications qui nourrissent la haine.

Protéger la mémoire de la Shoah : La Shoah n’a pas besoin de faux dialogues ni de boucs émissaires inventés. Elle a ses responsables : ils étaient allemands, nazis, et ils ont planifié la destruction de six millions de Juifs européens. La mémoire de ce crime exige rigueur, respect et vérité. La transformer en arme politique conjoncturelle, c’est trahir sa portée universelle et son rôle de garde-fou contre les idéologies de haine.

Il faut le dire sans ambiguïté : les Palestiniens, en tant que peuple, ne portent aucune responsabilité dans la Shoah. Au contraire, nombre d’entre eux se sont battus dans les rangs des Alliés contre le fascisme. Associer artificiellement leur histoire nationale à l’extermination des Juifs d’Europe, c’est une injustice profonde, une calomnie qui alimente la haine au lieu de construire des ponts de compréhension et de paix.

Aujourd’hui, plus que jamais, il importe de protéger la vérité historique. Le mufti de Jérusalem fut un personnage politique, il n’a pas soufflé à Hitler l’idée du génocide. Oui, la Shoah fut planifiée, mise en œuvre et assumée par le régime nazi, en Allemagne et en Europe occupée. Non, on ne saurait en faire une responsabilité palestinienne.

L’histoire est assez lourde de tragédies pour qu’on la respecte telle qu’elle fut. La Shoah doit rester un lieu de vérité, non de manipulation. Elle n’appelle pas à accuser de nouveaux coupables imaginaires, mais à renforcer une vigilance universelle : celle qui dit « plus jamais ça », sans mensonge et sans calcul.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

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Gaza, le Cœur Invincible de la Résistance

 


Je n’ai jamais vu, dans l’histoire contemporaine, une résilience comparable à celle du peuple de Gaza. Depuis vingt-deux mois d’une guerre implacable, sans répit ni rémission, ils continuent de tenir debout là où toute force humaine semblait devoir s’effondrer. Ni la puissance des armes, ni l’étouffement économique, ni les ruines accumulées n’ont pu briser leur volonté.

Le modèle ici est celui d’une guerre urbaine: Les combattants d'élite des Brigades Al-Qassam honorent leur unité de tunnel, embrassant leurs têtes en reconnaissance des hommes qui passent des années sous le sol de Gaza à creuser les artères de la résistance. Alors que l'armée sioniste se cache derrière des murs et des frappes aériennes, ces hommes travaillent dans l'obscurité, sous le siège et sous le feu, garantissant que lorsque la bataille éclate, les défenseurs de Gaza peuvent surgir de n'importe où. C’est le visage de l’engagement que l’occupation n’égalera jamais.

 Les combattants utilisent des embuscades à plusieurs niveaux : une première frappe pour immobiliser le véhicule de tête, scellant la colonne, puis des volées de précision de Yasin-105 ou de RPG sous plusieurs angles pour forcer les démontages. Les équipes anti-blindés se coordonnent avec les unités d'assaut rapproché, des hommes portant des charges de sacoche ou de ventre, pour achever les véhicules hors d'usage à une proximité mortelle, souvent quelques secondes après le coup initial. En cas de besoin, ils utilisent des engins de martyre aux moments décisifs, acceptant une détonation à bout portant pour garantir une mort certaine. Les voies d'évacuation sont pré-cartographiées à travers des bâtiments interconnectés et des tunnels, permettant un retrait rapide avant les tirs de riposte.

 Ils survivent, et plus encore : ils affirment leur présence face à ceux qui croyaient pouvoir les effacer. Leur résistance est une flamme que nulle tempête ne peut éteindre, une certitude que la terre qui les porte leur appartient et que nul mur, nul siège, nul bombardement ne saurait leur arracher.

Sous les décombres, dans l’obscurité des tunnels, des hommes creusent comme on trace des veines au cœur de la terre. Chaque passage est une artère de vie, chaque battement dans l’ombre une promesse de liberté. Là où d’autres se cachent derrière des murailles et des machines, eux avancent avec la seule force de leur foi et de leur engagement.

Leur lutte n’est pas seulement celle des armes, elle est celle de la dignité. Dans chaque maison éventrée, une famille persiste. Dans chaque enfant qui apprend malgré la faim et la peur, la mémoire se transmet. Dans chaque prière, dans chaque regard levé vers le ciel, Gaza proclame qu’elle ne sera jamais soumise.

À chaque assaut repoussé, à chaque incursion ralentie, le monde entier assiste à une vérité éclatante : la technologie la plus sophistiquée, les budgets les plus démesurés, les alliances les plus puissantes échouent devant la ténacité d’un peuple qui refuse de mourir. Gaza n’est pas seulement un champ de bataille : elle est devenue le miroir où l’arrogance des envahisseurs se brise.

Aujourd’hui, Gaza est le cimetière de la fierté de ceux qui pensaient la vaincre. Chaque pas qu’ils arrachent est payé d’un prix trop lourd, chaque avancée se transforme en défaite morale. Car ici, la résistance ne se mesure pas en kilomètres conquis, mais en siècles de dignité conservée.

Et dans l’obscurité, ils continuent de creuser. Avec foi, ils continuent de s’élever. Chaque tunnel est une prière gravée dans la terre, chaque combattant est un battement de cœur de la Palestine. Ils portent le courage, le sacrifice et l’engagement que l’occupation ne connaîtra jamais.

Gaza n’est pas seulement une ville assiégée : elle est une leçon pour le monde, un symbole éternel que la force véritable naît de l’injustice subie et du refus de plier.

22 mois sans répit, 22 mois debout : Depuis vingt-deux mois d’une guerre implacable, Gaza se tient droite.
Ce que l’on croyait être une reddition est devenue une affirmation de vie.
Celui d’une guerre urbaine interarmes délibérée et disciplinée, compressée à une micro-échelle. Les moudjahidines intègrent la reconnaissance, l’ingénierie, la lutte anti-blindée et l’assaut d’infanterie dans l’espace d’un seul pâté de maisons. Ils frappent lorsque l'occupant est le plus vulnérable, lors de la récupération d'un véhicule, de l'évacuation de l'équipage ou de l'intervention d'un ingénieur, transformant ainsi des opérations de routine en événements à fort taux de pertes. Chaque Merkava brûlé est une émission diffusée au monde : la technologie occidentale et les budgets de plusieurs milliards de dollars ne peuvent pas vaincre les combattants qui les surpassent, les surpassent et les combattent dans leurs propres zones de destruction. Gaza ne se contente pas de résister, elle démantèle chirurgicalement la puissance terrestre de l’occupation, une colonne paralysée à la fois.

Gaza est devenue le cimetière de leur fierté, et les moudjahidines s’assurent que chaque mètre que l’ennemi ose franchir sera payé en machines détruites, en moral brisé et en un héritage de défaite qui les hantera longtemps après la fin de la guerre
Ni les bombes, ni le blocus, ni les deuils accumulés n’ont brisé la dignité de ce peuple.

Les veines de la terre, les battements du cœur : Sous les ruines et dans l’obscurité, des mains creusent encore.
Chaque tunnel est plus qu’un passage : c’est une artère de résistance, une prière gravée dans la poussière.
Chaque combattant, chaque habitant est un battement de cœur de la Palestine.
Là où d’autres se retranchent derrière des murailles et des machines, Gaza avance avec foi et patience.

La dignité plus forte que les armes : La véritable lutte de Gaza n’est pas seulement militaire : elle est humaine et morale.
Dans chaque maison éventrée persiste une famille.
Dans chaque enfant qui apprend malgré la peur, la mémoire se transmet.
Dans chaque prière murmurée sous les bombes, Gaza proclame son refus de plier.

Le miroir de l’arrogance : Les technologies les plus avancées, les budgets les plus colossaux et les armées les plus lourdes échouent devant une vérité simple :
on ne peut vaincre un peuple enraciné dans sa terre et porté par la justice de sa cause.
Chaque incursion devient une défaite morale.
Chaque tentative de conquête révèle la fragilité de ceux qui croyaient tout dominer.

Gaza, flamme éternelle : Aujourd’hui, Gaza est plus qu’une ville assiégée : elle est devenue un symbole universel.
Un exemple pour les peuples opprimés.
Un rappel que la véritable force ne réside pas dans les chars ni les bombes, mais dans le courage, le sacrifice et la dignité.

Dans l’obscurité, ils creusent.
Avec foi, ils s’élèvent.
Et tant que Gaza respire, la Palestine battra au rythme de son cœur invincible.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

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