Quand la Shoah devient une marque déposée pour
blanchir les massacres de civils. On nous explique que le conflit de
Gaza défie les lois de la guerre parce que le Hamas instrumentaliserait sa
population, pendant qu’Israël, seul au monde, avertirait avant de bombarder.
Mais réduire cette tragédie à une inversion de responsabilités est une
dangereuse illusion. La vérité est plus simple et plus brutale : aucun peuple
ne peut survivre éternellement sous occupation, blocus et colonisation.
Gaza est devenue le miroir : Depuis le 7 octobre, l’opinion
publique est saturée de récits simplificateurs. L’un érige le Hamas en
incarnation de la barbarie, l’autre présente Israël comme un État génocidaire.
Ces deux visions opposées, reprises en boucle dans nos débats, fonctionnent
comme des miroirs déformants : chacun choisit son camp, chacun diabolise
l’autre. Or cette guerre ne se comprend pas par les caricatures. Elle se
comprend par la condition dans laquelle elle prend racine : celle d’un peuple
palestinien privé de droits fondamentaux.
On a parfois l’impression que Gaza est devenue le miroir dans lequel se
reflètent les obsessions de notre époque. Les images d’enfants blessés, de familles
dévastées, circulent en boucle. Elles suscitent compassion et colère, mais
elles servent aussi de levier politique. Ce qui devrait être d’abord un appel
universel à protéger les plus vulnérables devient, paradoxalement, un
instrument de légitimation de la guerre.
Il y a là un paradoxe moral : au lieu de protéger les civils, certains
acteurs du conflit les exhibent sciemment, conscients que la souffrance des
innocents est devenue la monnaie d’échange la plus puissante dans le marché
médiatique mondial. La guerre se joue désormais aussi dans l’arène des images,
où l’horreur sert d’arme rhétorique.
Le piège des
récits inversés : L’article auquel je réponds dénonce une « inversion des responsabilités » :
Israël, frappé le 7 octobre, serait accusé à tort de génocide malgré sa
prétendue retenue militaire. Mais ce récit occulte un fait incontournable :
Israël administre depuis des décennies un système d’occupation et de
colonisation condamné par le droit international. La Cisjordanie est quadrillée
par des colonies illégales, Gaza est soumise à un blocus qui étouffe sa
population. Prévenir avant de bombarder ne change rien à cette réalité : la
sécurité d’Israël se bâtit depuis trop longtemps sur la négation des droits
palestiniens.
Hamas :
résistance ou piège ? : Face à cette oppression, le Hamas se présente comme le
fer de lance de la résistance. Mais réduire Gaza à ce seul acteur, comme le
fait l’article initial, c’est refuser de voir que la violence du Hamas naît
d’un terreau : celui de l’occupation, du blocus et de l’humiliation
quotidienne. Alors que les récits s’affrontent pour désigner tour à tour le
Hamas comme barbare et Israël comme génocidaire, on oublie l’essentiel : un
peuple entier vit privé de droits fondamentaux, enfermé dans un blocus et une
colonisation sans fin. Ni l’instrumentalisation cynique du Hamas, ni la
brutalité sécuritaire d’Israël ne peuvent masquer cette réalité : survivre ne
remplacera jamais le droit de vivre. »
L’Occident et sa religion des victimes : Une autre idée force de l’article
consiste à reprocher à l’Occident son obsession pour les victimes. Cette
critique touche juste, mais elle est mal orientée. L’Occident ne se trompe pas
en compatissant aux souffrances palestiniennes : il se trompe en croyant qu’il
suffit de compatir. Pleurer les enfants de Gaza ou les morts israéliens n’est
pas une politique. Or, faute de courage politique, l’Europe et les États-Unis
oscillent entre indignation humanitaire et silence diplomatique, incapables de
proposer une solution qui dépasse le cycle infernal des représailles.
Le vrai scandale : survivre au lieu de vivre : Le véritable scandale n’est pas seulement dans les images de corps sans vie, ni même dans la brutalité d’une riposte militaire. Il est dans la condition permanente d’un peuple réduit à survivre au lieu de vivre. Quand un peuple n’a ni État, ni liberté de mouvement, ni égalité de droits, il n’a pas d’avenir. Le Hamas prospère sur ce désespoir ; Israël croit y trouver une justification sécuritaire. Mais au fond, les deux sont piégés par la même logique de mort.
Chute :
La guerre de
Gaza n’est pas une aberration ponctuelle. Elle est le symptôme d’un système qui
a normalisé l’exception, transformé l’occupation en gestion, et la souffrance
en spectacle. Tant qu’on refusera de reconnaître que la dignité et
l’autodétermination des Palestiniens sont la condition même de la paix, aucune
rhétorique sur la barbarie de l’autre ne suffira. La question n’est pas de
savoir qui est le plus barbare ou le plus civilisé. La question est de savoir
combien de temps nous accepterons qu’un peuple soit condamné à survivre sans
jamais vivre.
Une
compassion internationale offerte pour chaque missile largué !
PLUS TU
PLEURES, PLUS ÇA VEND.
Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient
comme ça. »
https://kadertahri.blogspot.com/

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