Tuer
sous couvert de mémoire, colonisé au nom de l’histoire : le double crime, réel
et symbolique, la victimologie à géométrie variable.
On croyait
avoir tout vu : les bombes sur Gaza, les cadavres entassés sous les décombres,
les enfants démembrés qu’on sort à la pelle. Mais non : l’inversion accusatoire
a encore trouvé un champion. Le sionisme et sa clique d’intellectuels sous perfusion
médiatique nous rejouent la vieille rengaine : quand tu dénonces un massacre,
ce n’est pas que tu as des yeux et un cerveau, c’est que tu transpires une
haine atavique du Juif, alors c’est Bombe ou biberon : la guerre maternelle
l’évangile selon Tsahal. Magie de la rhétorique : la réalité est soluble dans
la paranoïa.
Israël et ses fidèles : l’art de l’écran de fumée :
En Israël,
c’est toujours la même cuisine : deux mille ans d’histoire mis au service d’un
rideau de fumée. Le Juif médiéval était accusé de tuer les enfants chrétiens ?
Eh bien, aujourd’hui, Israël bombarde les hôpitaux, mais ce n’est qu’une reprise
symbolique de l’accusation. Circulez, il n’y a rien à voir. Les
Palestiniens morts sont annexés à la mémoire de l’Inquisition. On massacre,
mais avec mémoire. On colonise, mais avec Auschwitz dans la poche arrière.
Voilà l’escroquerie : tout crime devient intouchable, sacralisé, puisque
contesté = antisémite.
Les intellectuels ventriloques : Finkielkraut, BHL, Enthoven : on
dirait une troupe de ventriloques récitant le même texte appris par cœur. Ils
ne mentent pas, non, ce serait encore trop humain. Ils sont le mensonge,
comme d’autres sont faits de chair et d’os. Des automates de la bonne
conscience, programmés pour transformer chaque bombe israélienne en acte de
survie, chaque colonisation en mur de défense. Le plus tragique, c’est qu’ils y
croient. Le mensonge n’est pas dans leur bouche, il est dans leur ADN
rhétorique.
Le sophisme métaphysique : Le coup de maître du sionisme ?
Transformer un État bardé de tanks, d’avions F-16 et d’ogives nucléaires en
victime éternelle. Israël serait le Juif collectif, l’incarnation vivante de
deux mille ans de pogroms. Le bulldozer rase une maison palestinienne ?
Auschwitz, mon amour. Une bombe au phosphore blanc explose dans une école ?
Réminiscence médiévale. On dirait du mauvais théâtre, mais joué avec le sérieux
des tragédies grecques. Résultat : on ne peut plus rien dire. La colonisation
devient une tragédie antique, les crimes de guerre une fatalité
anthropologique.
La paranoïa comme logiciel : Ce qu’il y a de pathétique, c’est le côté tribal, viscéral, de ces intellectuels. Ils se drapent dans la philosophie, mais à la première allusion à la Palestine, la raison s’éteint comme une bougie dans le vent. Place à l’instinct, au réflexe de meute. Finkielkraut, philosophe éteint, passe du concept au grognement tribal. C’est métabolique, dit le texte : exact. Quand le tribal reprend le dessus, le philosophe se transforme en caricature de lui-même, et l’argumentation vire à l’incantation paranoïaque.
La vraie inversion : les morts parlent : La force du pamphlet initial, c’est
de renvoyer cette rhétorique à ce qu’elle est : un rideau de fumée pour cacher
les cadavres. On meurt à Gaza, on disserte à Paris. Les Palestiniens crèvent,
mais le problème serait l’éternelle haine du Juif. On rase des quartiers
entiers, mais attention : ne pas critiquer, sous peine de rejouer l’Histoire
éternelle. Voilà le comble de l’indécence : se faire l’héritier sacré
d’Auschwitz tout en justifiant, par la même bouche, un nouveau massacre.
Conclusion au vitriol : Qu’on ne s’y trompe pas : ce n’est
pas un débat. C’est une escroquerie intellectuelle, un détournement d’héritage,
un braquage mémoriel. D’un côté, des gens qui meurent, de l’autre, des
intellectuels qui font commerce de la victimologie.
On peut critiquer l’auteur polémique de tomber dans l’excès, mais au moins lui
garde les yeux ouverts : il voit les bombes, les cadavres, les pleurs. Israél
lui, ne voit qu’un miroir déformant où chaque Palestinien mort devient un
nouveau pogrom juif. L’escroquerie est totale : tuer tout en criant au meurtre.
La différence
est là, abyssale : les uns s’enferment dans leur paranoïa victimaire, les
autres comptent leurs morts.
Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient
comme ça. »

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