Sous le vernis humanisant du témoignage individuel,
une vérité glaçante se dévoile : les soldats israéliens, même lorsqu’ils se
disent “simples”, participent à une mécanique de mort. L’histoire d’un soldat
d’origine philippine à Gaza, illustre à quel point l’innocence revendiquée sert
de paravent à l’injustice structurelle.
Le portrait du
soldat israélien issu d’une famille migrante philippine, pourrait émouvoir. Ses
dessins réalisés à Gaza, ses références bibliques à l’amour du prochain, sa
fierté identitaire face aux discriminations, tout cela donne l’image d’un jeune
homme sincère, attachant, presque exemplaire. Mais cette humanisation cache
l’essentiel : ce soldat a servi dans une armée qui bombarde, détruit, déplace.
Et ses propos, loin d’être neutres, reprennent mot pour mot le récit officiel
israélien.
L’illusion du “simple soldat” : « Je ne suis pas un homme
politique… quand on m’appelle, je viens. » Cette phrase résonne comme une
confession d’innocence. Mais c’est précisément le problème. Obéir sans
réfléchir, réduire sa responsabilité à l’exécution d’ordres, c’est ce qui rend
possibles les pires crimes collectifs. Hannah Arendt parlait de « banalité
du mal » : le mal ne réside pas seulement dans les idéologues, mais
aussi dans les foules de fonctionnaires et de soldats qui acceptent de faire « simplement
leur travail ».
Un discours verrouillé par la peur : Ce soldat n’est pas naïf. Il sait
qu’en Israël, critiquer l’armée, c’est ruiner sa vie sociale, son avenir
professionnel, sa sécurité. Alors il répète le catéchisme : nous protégeons
les civils, c’est le Hamas qui est coupable, nous aidons à l’humanitaire.
Mais chacun sait que Gaza est sous blocus, que des milliers de familles sont
brisées, que des enfants meurent sous les bombes. Dire autre chose, pour lui,
serait suicidaire. Mais se taire, c’est déjà collaborer.
L’héroïsme confisqué : Le véritable enjeu n’est pas de
savoir si ce soldat est “gentil” ou “méchant”. L’argument selon lequel « tous
les soldats ne sont pas mauvais » est une diversion. Car le problème n’est pas
l’innocence individuelle mais la machine collective : une armée qui
obéit à une idéologie de domination, une société qui glorifie la violence, un
État qui punit la dissidence. Le parallèle avec l’Allemagne nazie, cité dans le
texte, n’est pas qu’une provocation : il rappelle que ce sont les systèmes qui
écrasent, et que les individus qui “se contentent d’obéir” y sont complices.
Conclusion : Le soldat Israélien veut « une vie normale » :
travailler, se marier, avoir des enfants. On peut comprendre ce désir. Mais
derrière son récit apaisant, il y a les familles palestiniennes qui n’auront
jamais cette chance. Ses dessins ne changeront rien à la brutalité qu’il a
servie. « Tu n’as jamais été un héros », lui rappelle le texte. Et c’est
vrai.
Les bombes
ne font pas de héros. Elles fabriquent des complices.
Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme
ça. »
https://kadertahri.blogspot.com/

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