Parfois il m'est utile de le dire !

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L’extrême droite avec son obsession identitaire veut sauver la France

Sous couvert de lutte contre l’islamisme, un discours se répand : celui d’une Europe assiégée, d’une France “à reconquérir”, d’un Occident “judéo-chrétien” en péril. Ce récit, porté par des essayistes identitaires, transforme la peur en doctrine politique. Et derrière la posture patriotique, se profile une idéologie de rejet.

La peur comme projet politique

Le texte lu pourrait sembler anodin : une énième tribune dénonçant les “dérives islamistes”, l’immigration incontrôlée, la faiblesse des élites. Mais à bien le lire, c’est une tout autre musique qui s’impose.
Sous les références sécuritaires et les appels à la fermeté, ce discours déroule une rhétorique de la peur, saturée de termes anxiogènes : invasion, islamisation, disparition, guerre civile.
Chaque phrase alimente un climat d’urgence. Chaque mot fabrique un ennemi.

Cette mécanique est bien rodée. Elle ne vise pas à informer, mais à mobiliser les affects. En désignant une menace totale — “l’islam politique”, “l’entrisme musulman”, “l’infiltration culturelle” — l’auteur construit un récit où la France serait au bord du gouffre. Le réel se dissout dans la fiction d’un siège civilisationnel.
Et la peur, dès lors, devient un programme.

L’islam comme bouc émissaire universel

Sous couvert de lucidité, ce discours amalgame tout : l’islamisme, l’islam, l’immigration, la foi, la culture, jusqu’à la gastronomie (“le kebab halal” comme symptôme du déclin).
Ce procédé n’est pas nouveau : c’est celui de l’essentialisation. L’islam n’est plus une religion plurielle, vécue par des millions de citoyens français, mais un bloc homogène, porteur d’un projet d’emprise.
Le musulman n’est plus un individu, il devient une catégorie suspecte, une menace culturelle.

C’est ainsi que la peur bascule dans l’idéologie identitaire. Derrière les appels à la “fermeté”, c’est la stigmatisation systémique qui s’installe.
Et sous le masque de la défense de la République, c’est son principe même — l’égalité des citoyens — qui vacille.

Le faux vernis du “socle judéo-chrétien

Le texte vante un retour au “socle judéo-chrétien” pour contrer “l’offensive islamique”. L’expression, séduisante pour certains, est en réalité un slogan politique vide.
L’Europe ne s’est pas construite sur une identité religieuse figée, mais sur des combats intellectuels : la laïcité, les droits de l’homme, la démocratie, la science.
Réduire cette histoire à une essence “judéo-chrétienne”, c’est nier la pluralité des héritages et imposer une hiérarchie entre croyances.

Derrière cette formule se cache un projet réactionnaire : restaurer une identité ethno-spirituelle, opposer les “bons croyants” aux autres, et préparer le terrain à une politique d’exclusion.
C’est la nostalgie d’un monde mythifié, celui d’une Europe blanche, chrétienne et homogène — un mythe, pas une mémoire.

La laïcité détournée en arme de guerre

Ironie amère : ceux qui invoquent sans cesse la laïcité en font une machine d’interdiction.
Interdire le halal dans les cantines, fermer les mosquées “salafistes”, bannir le voile “politique” : autant de propositions qui travestissent la laïcité en outil de tri social.
La loi de 1905 n’a jamais visé à contrôler les croyances, mais à protéger la liberté de culte.
La République, ici, devient une forteresse, non un espace commun.

Ce glissement du laïque vers le coercitif n’est pas anodin. Il annonce une vision autoritaire du politique, où la sécurité justifie la réduction des libertés.
C’est le vieux rêve de l’extrême droite : faire passer la force pour du courage et l’exclusion pour du bon sens.

De la paranoïa à la tentation autoritaire

Les “solutions” proposées dans ce texte — lois d’exception, expulsions massives, “démantèlement” idéologique — relèvent d’une obsession du contrôle.
Elles supposent un État qui surveille, qui classe, qui expulse.
Mais derrière le mot “ordre”, c’est la peur de l’altérité qui commande.

Ce type de rhétorique prépare les esprits à accepter l’illibéralisme : moins de droits pour plus de sécurité, moins de diversité pour plus “d’unité”.
Et lorsque le fantasme d’une “France assiégée” devient la boussole du politique, la démocratie se vide de sa substance.

Raison contre délire identitaire

Reconnaître les dérives islamistes, oui. Mais refuser l’amalgame, encore plus.
Car à trop confondre menace terroriste et présence musulmane, on alimente le ressentiment et on affaiblit la cohésion nationale.
La véritable bataille n’est pas religieuse, mais civique et sociale : éducation, justice, culture, lutte contre les discriminations.
Tout le reste — le “choc des civilisations”, le “socle spirituel”, la “résistance chrétienne” — relève du roman politique.

Face à la crispation identitaire, la lucidité démocratique doit redevenir notre boussole.
La République n’a pas besoin d’ennemis imaginaires pour se défendre.
Elle a besoin de citoyens libres, informés, et capables de penser au-delà de la peur.

Le mirage du “socle judéo-chrétien” : quand la foi devient instrument politique

Appeler l’Occident à “se ressouder autour d’un socle judéo-chrétien”, comme le font Netanyahu, J.D. Vance ou Donald Trump, n’a rien d’un projet spirituel : c’est un manifeste identitaire déguisé en croisade morale. Derrière le vocabulaire de la “solidarité” et du “retour aux valeurs”, se dessine une vision du monde fondée sur la peur et la hiérarchie des civilisations. Cette idée d’un front “judéo-chrétien” face à “l’islamisme” ne cherche pas à défendre la liberté de conscience — elle réintroduit la religion comme marqueur d’appartenance nationale, comme ligne de partage entre les “nôtres” et les “autres”.

L’argument est habile : l’auteur feint de défendre l’Occident contre la radicalisation, mais son projet repose sur une essentialisation des identités. Israël, les États-Unis et l’Europe deviennent les bastions d’un même bloc religieux censé protéger la “civilisation” face à un islam présenté comme homogène et conquérant. Or, cette lecture du monde, héritée des années 2000 et du fantasme du “choc des civilisations”, alimente le conflit qu’elle prétend conjurer.

En France, l’invocation d’un “socle judéo-chrétien” est doublement fallacieuse. D’abord, elle contredit la laïcité, qui garantit la neutralité de l’État et l’égalité entre croyants et non-croyants. Ensuite, elle instrumentalise la foi : la religion n’est plus affaire de spiritualité, mais de stratégie politique. Elle devient un outil de cohésion artificielle, imposée par le haut, censée remplacer ce que l’auteur appelle le “vide moral” de l’Occident.

Ce vide, pourtant, n’est pas religieux — il est social, culturel, politique. Ce ne sont pas les mosquées qui prolifèrent, c’est le désengagement de l’État, l’effondrement du lien collectif, le recul de l’éducation, la crise du sens. Croire qu’un “retour à la spiritualité” réglerait le problème, c’est refuser d’affronter les causes réelles du malaise : la précarité, les inégalités, l’abandon des quartiers, la perte de confiance dans la parole publique.

Le discours du “socle judéo-chrétien” ne ressoude pas, il divise. Il dresse des frontières symboliques là où la République tente encore de bâtir du commun. Il oppose les croyants entre eux, transforme la diversité en menace, et réduit la foi à un drapeau.
Ce n’est pas une réponse à l’islamisme — c’est son miroir inversé : une vision du monde crispée, fermée, incapable de penser la liberté autrement que sous la forme d’une identité.

Conclusion : Le vrai combat n’est pas entre les religions, mais entre la raison et la peur

Sous les habits du patriote, ce discours ressuscite les vieux démons : le fantasme du déclin, la haine de l’autre, la quête d’un “chef fort”.
Ce n’est pas une alerte lucide, c’est une contamination lente de l’espace public par les mots de la peur. ;Et si la République doit aujourd’hui se défendre, ce n’est pas contre une religion, mais contre cette dérive intellectuelle qui fait de la peur un programme et de l’exclusion une vertu.

A/Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet                                                                                                     « Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. » 
https://kadertahri.blogspot.com/

 

 

Justice internationale et responsabilité politique : l’affaire Netanyahou, un test pour le droit universel

La société civile mondiale interpelle les États sur leur devoir de coopération avec la Cour pénale internationale et sur la nécessité d’une justice égale pour tous.

À la veille des élections israéliennes, une pétition mondiale rappelle que Benyamin Netanyahou, Premier ministre israélien, reste sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité présumés commis à Gaza. Cette initiative citoyenne invite à repenser la place du droit international dans un monde où la politique tend trop souvent à supplanter la justice.

À l’approche des prochaines élections israéliennes, une question traverse les chancelleries et les consciences : que vaut encore la justice internationale lorsque les responsables politiques soupçonnés de crimes de guerre continuent à exercer le pouvoir sans entrave ?

Une pétition, lancée par des citoyens de divers pays, rappelle que Benyamin Netanyahou, Premier ministre israélien, fait toujours l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité présumés commis à Gaza.
Au-delà du symbole, cette initiative interroge la cohérence du système international et la capacité des États à faire respecter les principes qu’ils proclament.

Un mandat d’arrêt, une obligation juridique

Le mandat d’arrêt émis par la CPI ne relève pas de la rhétorique politique : il repose sur des faits graves, documentés par des enquêtes et témoignages. Il appartient bien sûr à la Cour de juger, mais aux États parties au Statut de Rome de coopérer pleinement. En vertu du droit international, tout pays signataire qui accueillerait Benyamin Netanyahou sur son sol devrait légalement procéder à son arrestation et le remettre à la juridiction de La Haye.

Ce rappel juridique, dérangeant pour certains gouvernements, souligne une évidence : la primauté du droit sur la politique ne saurait être à géométrie variable.
La CPI ne peut être crédible que si ses décisions s’appliquent à tous, sans distinction de puissance, d’alliance ou d’intérêt géostratégique.

Or, trop souvent, le droit international humanitaire est invoqué à la carte. On le brandit lorsqu’il sert les intérêts d’un camp, on l’oublie lorsqu’il dérange un partenaire stratégique. Cette sélectivité mine la confiance des peuples dans les institutions et nourrit un sentiment d’injustice qui alimente, in fine, la violence qu’il prétend combattre.

Une exigence de cohérence morale et politique

La pétition citoyenne ne se contente pas de dénoncer : elle pose une question de fond.
Peut-on continuer à parler de « communauté internationale » si le droit cesse d’être universel ?
Depuis Nuremberg, le principe est clair : aucune fonction politique, aussi haute soit-elle, ne saurait protéger un individu des conséquences de ses actes lorsque ceux-ci violent le droit humanitaire.

Les crimes commis à Gaza, les bombardements sur des zones densément peuplées, le blocus prolongé, les entraves à l’aide humanitaire constituent autant d’éléments qui justifient une enquête impartiale. Refuser de la mener à terme ou d’en appliquer les conclusions reviendrait à délégitimer soixante-dix ans d’efforts pour bâtir un ordre international fondé sur le droit et non sur la force.

Les signataires de cette pétition — juristes, intellectuels, citoyens — rappellent que la justice ne peut dépendre des rapports de puissance.
Ils plaident pour que les dirigeants du monde, notamment ceux des États membres de la CPI, respectent leurs engagements et coopèrent pleinement avec la Cour, quelle que soit l’identité de l’accusé.
Cette cohérence n’est pas un luxe moral : c’est une condition de survie du système international fondé sur des règles

Une mobilisation mondiale, symbole d’un sursaut civique

L’initiative, qui ambitionne de recueillir un million de signatures, n’a rien d’anecdotique.
Elle s’inscrit dans un mouvement plus large de réappropriation du droit par la société civile. Dans un monde où les États hésitent, les citoyens rappellent que la justice ne peut être négociée.
Ils affirment que la paix véritable ne se construit ni dans le silence ni dans l’oubli, mais dans la reconnaissance des souffrances et la responsabilité des auteurs.

Cette mobilisation traduit aussi une évolution du rapport entre gouvernés et gouvernants : les citoyens n’attendent plus que les institutions internationales agissent seules.
Ils exigent des comptes, rappellent les obligations légales, et refusent que la realpolitik serve d’alibi à l’inaction.
C’est dans cette vigilance citoyenne que réside désormais une part essentielle de la légitimité du droit international.

Le test de notre crédibilité collective

L’affaire Netanyahou n’est pas une question isolée. Elle met à l’épreuve la cohérence du système international dans son ensemble.
Si les États parties au Statut de Rome choisissent l’inaction, ils enverront un signal dévastateur : celui que la justice internationale n’est opérante que contre les faibles.
À l’inverse, s’ils affirment la primauté du droit sur les alliances politiques, ils redonneront sens à la promesse faite après les guerres du XXe siècle — celle d’un monde où la dignité humaine prime sur la raison d’État.

La justice internationale n’est pas un luxe moral réservé aux périodes de paix.
Elle est la condition même de la paix durable.
Ne pas l’appliquer, c’est accepter que la violence devienne une norme et que le droit redevienne l’instrument du plus fort.

A/Kader Tahri 
Chroniqueur engagé, observateur inquiet                                                                                                « Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. » 
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Algérie / Maroc : Entre prudence et fierté, l’Algérie choisit la dignité plutôt que la dépendance

 

Cette chronique défend la fermeture continue de la frontière algéro-marocaine comme un choix stratégique de souveraineté et de dignité nationale, non comme un signe d’hostilité.
Il démonte les discours de façade du Maroc et met en lumière les enjeux géopolitiques, sécuritaires et moraux d’une région sous pression d’alliances étrangères.
Le texte adopte un ton souverainiste, lucide et mobilisateur, plaçant l’Algérie en gardienne de l’équilibre maghrébin et en rempart contre les ingérences.
Il appelle à ouvrir les consciences avant les frontières, rappelant que la vigilance n’est pas un repli, mais une forme de résistance politique et historique.

Il est des frontières qui protègent plus qu’elles ne séparent. Celle qui, depuis des années, ferme le passage entre l’Algérie et le Maroc n’est pas un mur de rancune : c’est une ligne de vigilance, une barrière dressée par la lucidité d’un peuple qui a trop payé pour sa liberté pour la laisser à la merci des manœuvres d’autrui.

Un choix de dignité, pas d’hostilité

L’Algérie n’a jamais nourri de haine envers le peuple marocain. Mais elle refuse de tendre la main à un pouvoir qui instrumentalise la fraternité pour mieux masquer ses calculs. Fermer la frontière, c’est refuser de se laisser piéger par les apparences ; c’est affirmer que la souveraineté ne se négocie pas dans les salons diplomatiques ni sous l’œil complaisant des puissances qui rêvent encore de peser sur le destin des nations libres.

Cette frontière n’est pas le symbole d’une guerre : elle est la conséquence d’une politique de non-ingérence et de défense légitime. L’Algérie a le droit, et le devoir, de protéger son territoire des trafics, des réseaux mafieux, des campagnes de déstabilisation et des ingérences déguisées en gestes de réconciliation. Ceux qui lui reprochent sa fermeté oublient que la sécurité nationale n’est pas une concession, mais un pilier de l’État.

Le double discours du voisin de l’Ouest

Rabat parle de paix, mais agit dans l’ombre. Il prêche la fraternité tout en signant des accords qui installent à nos frontières des forces étrangères. Il invoque l’unité maghrébine tout en s’alliant avec ceux qui n’ont jamais voulu voir le Maghreb debout, libre et uni.

Depuis des années, le Maroc tente de transformer la fermeture de la frontière en un argument diplomatique. Il cherche à présenter l’Algérie comme intransigeante, belliqueuse, isolée — quand, en vérité, c’est lui qui s’est engagé sur la voie d’une dépendance politique et sécuritaire qui le dépossède de son autonomie.
Sous couvert de modernité, Rabat a ouvert sa souveraineté à ceux qui dictent leurs conditions depuis Washington, Paris ou Tel-Aviv. Et ce sont ces alliances qui menacent la région, pas la prudence algérienne.

L’Algérie, sentinelle du Maghreb et gardienne de l’équilibre

Face à ce désordre organisé, l’Algérie demeure le dernier bastion d’une conception indépendante de la politique. Elle ne se soumet ni aux blocs, ni aux modes, ni aux injonctions. Elle agit en puissance de paix, mais une paix fondée sur la dignité, pas sur la compromission.

Sa frontière fermée n’est pas un repli : c’est une veille. L’Algérie veille sur ses terres, sur sa jeunesse, sur ses valeurs. Elle veille aussi sur ses voisins, parfois malgré eux, car une frontière ouverte sans confiance ni respect mutuel serait un couloir pour les trafics, le terrorisme et les influences qui rongent les peuples de l’intérieur. Notre pays ne ferme pas pour exclure : il ferme pour préserver.

Ouvrir les consciences avant d’ouvrir les portes

La vraie frontière n’est pas de pierre ni de sable — elle est dans les mentalités. Elle sépare ceux qui défendent leur indépendance de ceux qui l’hypothèquent.
L’Algérie tend la main aux peuples, jamais aux calculs. Elle refuse la normalisation de l’injustice, la banalisation de la dépendance et la compromission des principes.

Un jour, la frontière pourra s’ouvrir. Mais ce jour ne viendra que lorsque la vérité, la loyauté et le respect auront remplacé les illusions diplomatiques. En attendant, l’Algérie doit rester debout, fidèle à sa ligne : celle des nations libres qui préfèrent la solitude à la soumission, la vigilance à la naïveté, la souveraineté à l’illusion du voisinage docile.

 A/Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet                                                                                                    « Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. » 
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Le triomphalisme prématuré de la presse du Makhzen Marocain

Avant même que le Conseil de sécurité des Nations unies ne se prononce sur le projet de résolution 2025 concernant le Sahara occidental, les médias du Makhzen marocain  proclament déjà une victoire historique. Présenté comme un “tournant diplomatique”, le texte américain devient, dans leur récit, la consécration de la souveraineté marocaine. Cette lecture prématurée, au ton propagandiste et triomphaliste, témoigne d’une dérive où la communication politique supplante l’information, et où la désinformation devient un outil d’influence régionale

La publication d’un article marocain annonçant un « tournant historique » dans le dossier du Sahara occidental, avant même toute décision du Conseil de sécurité, illustre une dérive de plus en plus visible dans les médias régionaux : la confusion entre information et propagande.
Sous des airs de reportage diplomatique, ce texte — comme d’autres avant lui — se présente en réalité comme une pièce de communication politique visant à imposer un récit national plutôt qu’à informer le lecteur.

L’article se fonde sur un projet de résolution américain (le « draft » 2025) présenté à titre de document de travail, en amont du vote prévu au Conseil de sécurité. Rien n’a encore été adopté, ni discuté formellement par les membres permanents. Pourtant, le texte est présenté comme un fait accompli : le plan d’autonomie marocain deviendrait « la seule voie reconnue vers la paix », le reste n’étant qu’« agitation » et « déni de l’histoire ».

Cette anticipation outrancière constitue un procédé classique de désinformation : annoncer une victoire avant qu’elle n’existe pour influencer la perception du public et créer un effet d’inévitabilité politique. Dans ce cas précis, l’objectif est clair : préempter le débat onusien et installer dans les esprits l’idée que la question du Sahara est déjà tranchée par la “communauté internationale”.

Or, en diplomatie, les mots ont un poids. Le terme “draft” désigne un document préliminaire susceptible d’être modifié, amendé, voire rejeté. En le présentant comme une “résolution historique”, le média marocain outrepasse la vérité pour servir un récit : celui d’un Maroc victorieux et d’une Algérie isolée.

Les procédés d’un discours propagandiste

L’analyse du texte révèle plusieurs techniques caractéristiques de la propagande contemporaine :

1.        Le glissement lexical :
Le vocabulaire utilisé — « coup de massue diplomatique », « régime algérien », « milice séparatiste », « parasite créé de toutes pièces » — vise moins à décrire qu’à discréditer. Ce langage émotionnel, saturé de jugements de valeur, ne relève pas du journalisme d’analyse, mais du discours de combat. Il construit un univers moral où le Maroc incarne la paix, la raison et la légitimité, tandis que l’Algérie et le Front Polisario symbolisent la trahison et la déstabilisation.

2.        La fausse universalité :
L’article parle au nom de « la communauté internationale » en affirmant que celle-ci soutient unanimement la souveraineté marocaine. En réalité, la position mondiale sur le Sahara demeure divisée : plusieurs États d’Amérique latine, d’Afrique ou d’Europe du Nord continuent de défendre le principe de l’autodétermination du peuple sahraoui, en conformité avec la Charte des Nations unies.

3.        La criminalisation de l’adversaire :
Le Polisario est présenté comme une “milice terroriste”, un qualificatif jamais reconnu par les Nations unies. Ce procédé vise à neutraliser le débat politique en transformant un mouvement indépendantiste en menace sécuritaire.
Ce type de raccourci rhétorique éloigne le débat du terrain juridique et diplomatique pour l’enfermer dans le registre émotionnel de la peur.

La désinformation comme stratégie d’influence

La désinformation n’est pas seulement une manipulation des faits : c’est une stratégie d’influence.
Dans le contexte du Sahara, elle sert à façonner le narratif dominant : celui d’un Maroc présenté comme seul acteur de stabilité et d’ouverture, face à une Algérie accusée d’obstruction et d’agitation. Ce récit, martelé dans les médias nationaux, cherche à renforcer la légitimité interne du pouvoir tout en consolidant l’image du Royaume auprès de ses alliés occidentaux.

Mais cette stratégie comporte un risque majeur : la rupture du lien de confiance entre information et citoyen.
À force de manipuler la narration, le discours officiel perd en crédibilité, tant sur la scène internationale que dans l’opinion publique régionale. La diplomatie de l’image ne peut durablement remplacer la diplomatie du dialogue.

La responsabilité journalistique en question

Le traitement de cette question met aussi en lumière une fragilité structurelle des médias maghrébins : leur proximité excessive avec le Palais.
Dans les dossiers sensibles — Sahara, sécurité, relations bilatérales — la presse se transforme souvent en chambre d’écho du discours du Makhzen. Or, cette dépendance éditoriale tue le journalisme critique et alimente la polarisation.

Informer, ce n’est pas “défendre la nation”, c’est rendre les faits intelligibles, même lorsqu’ils dérangent. La rigueur journalistique repose sur trois piliers : la vérification, la contextualisation et la pluralité des sources.
Aucun de ces trois éléments n’apparaît dans le texte marocain : pas de citation contradictoire, pas de référence juridique, pas d’analyse indépendante.
Le résultat est un récit à sens unique, conçu pour mobiliser l’émotion plutôt que la raison.

Le conflit du Sahara occidental, qui dure depuis près d’un demi-siècle, ne se réglera ni dans les colonnes des journaux, ni dans les effets de manche diplomatiques.
Il exige une approche fondée sur le respect du droit international, la coopération régionale et la bonne foi des acteurs.
En travestissant les faits, la propagande médiatique ne fait que rendre ce chemin plus difficile.

Les médias, du Makhzen, portent une responsabilité éthique : celle de préserver la possibilité du dialogue. Chaque mot excessif, chaque titre triomphaliste, chaque caricature de l’adversaire creuse un peu plus le fossé entre les peuples voisins.

Il est temps de redonner à la presse son rôle premier : non pas chanter les victoires supposées, mais dire la vérité des faits, même quand elle dérange les certitudes.

En guise de conclusion

Ce que révèle cet épisode, ce n’est pas tant la vigueur du débat diplomatique que la fragilité de l’espace médiatique maghrébin, pris entre patriotisme et professionnalisme.

Si le Conseil de Sécurité retient l’autonomie comme seule solution à ce problème, c’est qu’il reconnaît la souveraineté du Maroc sur ses provinces du sud. Les négociations doivent donc avoir lieu entre le Maroc et les séparatistes. Que viennent faire alors l’Algérie et la Mauritanie dans une affaire Maroco-marocaine.

Le monde médiatique sait trop bien que le Maroc n'a aucun besoin du Sahara Occidental, il n'y a pas d'erreur, toutes les armées d'invasion violent. Les Marocains aussi, c'est pourquoi on sait qu'ils ne sont pas des libérateurs, mais des envahisseurs au Sahara Occidental. Le Maroc aurait plus besoin de maitriser sa démographie, de construire des écoles, de former des enseignants et d'alphabétiser son peuple, notamment la population rural, qui est encore très largement illettrée et abandonnée à elle-même et aux traditions médiévales.

L’avenir du Sahara ne dépendra ni des slogans ni des manchettes triomphales, mais de la capacité des acteurs à revenir à la raison diplomatique et au respect des principes universels de l’ONU. La propagande, elle, ne fabrique que des illusions — et les illusions, dans la durée, se payent toujours cher.

A/Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet                                                                                                    « Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. » 
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La Liturgie de la peur : l’art de sionistiser la France


 

Il y a dans certaines plumes de la presse d’extrême droite un talent trouble : celui de travestir la peur en lucidité, le ressentiment en courage, et la nostalgie en vérité.
Sous couvert de défendre la liberté de penser, ces textes fabriquent un autre enfermement : celui d’une France repliée sur ses blessures imaginaires, persuadée d’être trahie par ses élites et menacée par ses enfants.

Leur rhétorique se veut dissidente, mais elle obéit à un catéchisme ancien : celui du déclin.
Le ton se veut prophétique, les mots claquent comme des sentences — caste, clergé, pays réel, banlieues islamisées.
Tout y est, comme dans un missel de la peur : le peuple sanctifié, les élites maudites, l’islam fantasmé, Israël transformé en miroir de la civilisation assiégée.
Ce n’est pas un raisonnement : c’est un récit, une liturgie du désespoir.

La vieille fable du “pays réel”

Le texte s’ouvre sur un décor familier : d’un côté, le « pays réel », ce peuple laborieux et silencieux, dépositaire de la vertu nationale ; de l’autre, le « pays légal », caste arrogante et cosmopolite, qui aurait confisqué la parole.
Rien de neuf : c’est la vieille musique de Maurras, remise au goût du jour.
On y parle de la France comme d’une forteresse trahie, dont les clefs auraient été livrées à des “sociologues subventionnés” et à des “imams de banlieue”.
La République, dit-on, se serait inclinée. Non : on cherche seulement à la faire plier.

Car derrière le mythe du peuple spolié, c’est une idée précise de la France qui se cache,une France ethnique, hiérarchique, immobile.
Une France mythifiée, épurée de sa diversité, purgée de son histoire coloniale, aseptisée de tout mélange.
Ce « peuple réel » dont on nous parle n’existe pas : il n’est qu’un fantôme brandi pour effacer la complexité du présent.

Le lexique du sacré et le goût de l’excommunication

L’auteur se moque des “prêtres de la morale médiatique”, mais écrit comme un prédicateur.
Tout son texte est une homélie : on y parle de catéchisme, de repentance, de serment, d’apostasie.
Ironie du siècle : pour dénoncer un prétendu “clergé progressiste”, il en recrée un autre, celui de la nation sanctifiée, du peuple martyrisé et de la foi perdue.
Ce ne sont pas les dogmes qu’il combat, mais ceux qu’il envie.

Cette inflation religieuse n’est pas innocente : elle transforme la politique en croisade morale.
Elle remplace le débat par le péché, la contradiction par la faute.
Le monde n’est plus à comprendre, mais à purifier.
Et tout se passe comme si, à défaut d’avoir Dieu, l’extrême droite s’était inventée une transcendance : celle d’une France éternelle, victime expiatoire de la modernité.

L’islam comme miroir de toutes les peurs

Vient ensuite la figure de l’ennemi : les banlieues islamisées, les Frères musulmans, les drapeaux palestiniens dans les cités.
L’islam y est présenté comme une armée silencieuse, une contre-société fanatisée, un “corps étranger” à la nation.
On ne parle plus de religion, ni de foi, ni même de géopolitique : on parle d’une menace métaphysique.
Le musulman n’est plus un citoyen, mais un symbole.
Et dans ce glissement s’opère la grande falsification : la peur devient analyse, le soupçon devient patriotisme.

Car ce texte ne parle pas d’Israël, il parle de nous.
Il se sert de la tragédie israélo-palestinienne pour en faire une scène intérieure : celle d’une France en lutte contre son propre pluralisme.
Sous le masque de la solidarité avec Israël, c’est une croisade contre la diversité française qui s’écrit.
Le Palestinien y sert de paravent au musulman de France, l’islamisme de prétexte au rejet de l’altérité.

La mémoire confisquée

Pour donner du poids moral à sa diatribe, l’auteur convoque les ombres héroïques de la Résistance : les paysans qui cachaient les Juifs, la France “vraie” des humbles et du courage.
Mais c’est là un détournement, presque une profanation.
On se réclame des justes pour justifier la peur, on invoque les héros pour condamner les vivants.
La mémoire, ici, n’éclaire plus : elle sert à condamner le présent, à opposer les morts aux vivants, la pureté d’hier à la souillure d’aujourd’hui.

Ceux qui, hier, risquaient leur vie pour des persécutés auraient sans doute honte de voir leur souvenir mobilisé pour désigner de nouveaux suspects.
La morale de la Résistance n’était pas celle du repli, mais celle de l’accueil.
Elle ne disait pas : “défends-toi contre l’autre”, mais “ne te renie pas devant lui”.

La France qu’on aime ou qu’on enferme

Il y a, au fond, deux manières d’aimer la France.
L’une consiste à la regarder en face — multiple, inquiète, métissée, traversée de contradictions.
L’autre consiste à la figer dans le formol, à la momifier sous le drapeau, à la déclarer morte dès qu’elle change.
Le texte que nous avons lu appartient à cette seconde école : celle qui confond la fidélité avec la peur, et la lucidité avec le ressentiment.

Ce n’est pas la France qui baisse les yeux, c’est ce discours qui les ferme.
Il prétend défendre la liberté de nommer les choses, mais il ne sait les nommer qu’en opposant, en excluant, en accusant.
Il parle de courage, mais ce n’est pas du courage qu’il prêche — c’est le confort du soupçon.
Il se veut défenseur du réel, mais ne produit que des fictions : un peuple sans pluralité, un islam sans visage, une République sans citoyens.

Retrouver le vrai courage

Le courage, aujourd’hui, n’est pas de ressasser les peurs anciennes ; il est de résister à leur instrumentalisation.
Le vrai courage est de parler du conflit israélo-palestinien sans en faire le miroir de nos névroses nationales.
Le vrai courage est de refuser la facilité du bouc émissaire, et de penser l’altérité sans l’ériger en menace.
Le vrai courage, enfin, est de défendre une France qui ne se réduit ni à ses blessures ni à ses frontières.

Car la France n’a pas perdu son âme : elle la cherche encore, au milieu de ses débats, de ses fractures, de ses voix contradictoires.
Et c’est cela, au fond, la démocratie : ce tumulte du réel que les marchands de peur confondent avec le chaos.

Conclusion

Sous les airs d’un sermon sur le courage et la vérité, le texte que nous dénonçons n’est qu’un miroir déformant.
Il n’éclaire pas la France : il la rétrécit.
Il ne dévoile pas une trahison : il invente un ennemi.
Et s’il parle de morale, c’est pour mieux justifier le renoncement à la complexité, à la nuance, à l’humain.

Alors oui, il faut nommer les choses : ce n’est pas la France qui s’efface, c’est le discours qui la nie.
Et face à ceux qui font commerce du désespoir, la seule résistance possible reste celle de la raison, de la nuance, et du refus obstiné de la haine.

Les élites progressistes possèdent les mots, les extrémistes sionistes la force.

 

A/Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet                                                                                                    « Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. » 
https://kadertahri.blogspot.com/

 

 


Gaza : Une trêve en ruines : l’illusion du cessez-le-feu


 Sous couvert de sécurité et de lutte contre le terrorisme, Israël poursuit une campagne militaire d’une brutalité sans précédent contre Gaza, au mépris du droit international. Pendant que les chancelleries occidentales détournent le regard, la presse rebaptise les violations de trêve en simples “tests”. Derrière cette novlangue se cache une impunité devenue systémique — et une tragédie humaine que le silence du monde rend possible

Quelques jours à peine après l’annonce d’un cessez-le-feu présenté comme un “pas vers la paix”, Gaza a de nouveau été frappée. Selon plusieurs témoins locaux et ONG humanitaires, l’armée israélienne aurait ouvert le feu après qu’un véhicule militaire a roulé sur un obus non explosé — issu de ses propres bombardements massifs. L’explosion, immédiatement imputée au Hamas, a servi de justification à une nouvelle vague de frappes sur l’enclave, faisant des dizaines de morts parmi les civils.

L’aide humanitaire, déjà limitée, a été à nouveau suspendue. L’électricité et l’eau sont rationnées. Les hôpitaux, débordés, fonctionnent à flux tendu dans des conditions sanitaires désastreuses. À Gaza, chaque cessez-le-feu ressemble à une parenthèse précaire avant la reprise des bombardements — une pause, jamais une paix.

Et pourtant, dans la plupart des médias occidentaux, cet épisode n’a pas été décrit comme une violation du cessez-le-feu, mais comme un “test” de sa solidité. Une sémantique révélatrice : dans le lexique diplomatique occidental, la vie palestinienne n’est plus un enjeu moral, mais un paramètre d’évaluation stratégique.

La normalisation de la violence

Depuis plusieurs années, la couverture médiatique du conflit israélo-palestinien s’est figée dans un récit déséquilibré. Les bombardements israéliens sur Gaza sont décrits comme des “opérations ciblées” ou des “ripostes”, même lorsqu’ils frappent des écoles, des hôpitaux ou des camps de réfugiés.
En revanche, chaque roquette artisanale tirée depuis Gaza est présentée comme une menace existentielle pour l’État hébreu.

Ce déséquilibre narratif contribue à la normalisation de la violence israélienne : tuer des Palestiniens devient une routine militaire, un bruit de fond de l’actualité. Les violations répétées du droit international ne sont plus scandaleuses ; elles deviennent attendues, presque acceptées.
Ainsi, lorsqu’Israël rase un quartier de Gaza, la question n’est plus “Pourquoi ?”, mais “Combien de temps avant la prochaine fois ?”.

Cette banalisation a un coût humain et moral considérable. Elle renforce le sentiment, chez les Palestiniens, que leur souffrance n’a pas la même valeur que celle d’autres peuples. Elle encourage l’impunité israélienne en confortant l’idée qu’aucune sanction ne viendra. Et elle affaiblit le droit international lui-même, transformé en simple rhétorique.

 

Depuis deux ans, Israël enseigne au monde ce que signifie le mot « capacité », au point de qualifier d'ores et déjà ce qui s'est passé dans la bande de Gaza de « génocide ». La condition sine qua non de la dépendance continue d'Israël à la force militaire : les milliards de dollars d'aide militaire annuelle des États-Unis. Si les États-Unis ont été un ami d'Israël, ils ont été un mauvais ami. Ils ont encouragé le pire chez les Israéliens, au détriment de son développement en tant que nation prospère et respectée. Le recours d'Israël à la force est bien connu.  L'une des conséquences de ce recours quasi exclusif à la puissance militaire est un déclin marqué de la qualité de sa diplomatie. Israël insulte, ment, diabolise ou terrorise souvent ceux qui expriment des inquiétudes légitimes

La rhétorique de la “sécurité” comme arme politique

Le gouvernement israélien justifie ses actions par la nécessité de “neutraliser le Hamas” et de “sécuriser les citoyens israéliens”. Dans un communiqué récent, le Premier ministre a réaffirmé que “la guerre ne prendra pas fin tant que le Hamas ne sera pas totalement désarmé et que Gaza ne sera pas démilitarisée”.

Mais cette condition, impossible à atteindre sans destruction totale de l’enclave, condamne d’avance toute perspective de paix. Elle transforme un objectif politique — la survie d’Israël en guerre sans fin.
Le désarmement total d’un territoire assiégé et meurtri depuis plus de dix-sept ans est un mirage. Gaza n’est pas un État doté d’une armée classique, mais une société civile enfermée dans une prison à ciel ouvert, où la résistance — quelle qu’en soit la forme — devient une question de survie.

Sous cette rhétorique sécuritaire, l’opération militaire se mue en instrument de domination politique. Elle permet au pouvoir israélien de renforcer son contrôle sur les territoires palestiniens, de détourner l’attention de ses crises internes, et de maintenir une cohésion nationale autour de la peur.
Mais cette stratégie, répétée depuis des décennies, n’a apporté ni sécurité durable aux Israéliens, ni paix aux Palestiniens. Elle n’a produit qu’un enchaînement de guerres, de sièges, et de deuils.

L’aveuglement de la communauté internationale

Face à cette spirale, la communauté internationale persiste dans une prudence coupable. Les grandes puissances appellent à la “désescalade” tout en livrant des armes à Israël. Les institutions internationales condamnent du bout des lèvres les violations du droit humanitaire, sans jamais imposer de sanctions.
Quant à l’Union européenne, elle se réfugie dans une posture ambiguë, oscillant entre “préoccupation” et “solidarité avec Israël”, sans jamais reconnaître l’ampleur du désastre humanitaire.

Cette impuissance — ou ce refus d’agir — renforce le sentiment d’un deux poids, deux mesures dans la gestion des conflits mondiaux. Lorsque la Russie bombarde des civils en Ukraine, l’indignation est immédiate et unanime. Lorsque Israël fait de même à Gaza, les mots se font prudents, les condamnations se dissolvent dans le relativisme.

Cette incohérence n’est pas seulement politique : elle est morale. Elle décrédibilise le droit international, nourrit le ressentiment des peuples, et creuse un fossé entre les valeurs proclamées et les pratiques réelles des démocraties occidentales.

Briser le cycle de l’impunité

Reconnaître cette impunité n’est pas une posture partisane. C’est un devoir d’humanité.
Dénoncer les crimes de guerre commis à Gaza n’implique pas de nier la souffrance des Israéliens ni les atrocités du Hamas. Mais il faut cesser de placer les crimes des uns au service de la justification des autres.
Le droit humanitaire international est clair : aucune cause, si légitime soit-elle, ne justifie la punition collective d’une population civile.

Briser le cycle exige un changement radical :

  • Mettre fin au blocus de Gaza, qui constitue une forme de siège permanent contraire à toutes les conventions internationales.
  • Conditionner toute aide militaire à Israël au respect du droit international.
  • Soutenir les mécanismes de justice internationale, y compris les enquêtes de la Cour pénale internationale sur les crimes de guerre commis des deux côtés.
  • Et surtout, redonner une voix aux civils palestiniens, réduits au silence par la guerre et par le récit dominant qui les efface.

Redonner sens à la paix

La paix ne se construira pas sur les ruines. Elle ne se décrète pas par des communiqués diplomatiques ni par des trêves temporaires.
Elle exige une reconnaissance réciproque, une égalité de droits et la fin du système d’apartheid qui maintient les Palestiniens sous domination militaire.
Tant que la communauté internationale se refusera à nommer les choses — occupation, colonisation, blocus, punition collective — elle restera complice de l’injustice.

Le silence n’est pas neutre. L’inaction n’est pas prudence. Ce sont des choix politiques.
Et chaque jour de silence face à Gaza, chaque mot mesuré pour “ne pas froisser” Israël, contribue à prolonger une tragédie humaine qui pourrait être arrêtée.

Refuser cette impunité, c’est défendre un principe universel : la dignité humaine n’a pas de nationalité.
C’est rappeler que la sécurité d’un peuple ne peut pas reposer sur l’effacement d’un autre.
Et c’est affirmer, contre la fatalité, qu’une paix juste reste possible — à condition d’oser la vérité.

A/Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet                                                                                     « Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. » 
https://kadertahri.blogspot.com/