La société civile mondiale interpelle les États sur
leur devoir de coopération avec la Cour pénale internationale et sur la
nécessité d’une justice égale pour tous.
À la veille des élections israéliennes, une pétition
mondiale rappelle que Benyamin Netanyahou, Premier ministre israélien, reste
sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par la Cour pénale
internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité présumés
commis à Gaza. Cette initiative citoyenne invite à repenser la place du droit
international dans un monde où la politique tend trop souvent à supplanter la
justice.
À l’approche
des prochaines élections israéliennes, une question traverse les chancelleries
et les consciences : que vaut encore la justice internationale lorsque les
responsables politiques soupçonnés de crimes de guerre continuent à exercer le
pouvoir sans entrave ?
Une
pétition, lancée par des citoyens de divers pays, rappelle que Benyamin
Netanyahou, Premier ministre israélien, fait toujours l’objet d’un mandat
d’arrêt international émis par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes
de guerre et crimes contre l’humanité présumés commis à Gaza.
Au-delà du symbole, cette initiative interroge la cohérence du système
international et la capacité des États à faire respecter les principes qu’ils
proclament.
Un mandat d’arrêt, une obligation juridique
Le mandat
d’arrêt émis par la CPI ne relève pas de la rhétorique politique : il repose
sur des faits graves, documentés par des enquêtes et témoignages. Il appartient
bien sûr à la Cour de juger, mais aux États parties au Statut de Rome de
coopérer pleinement. En vertu du droit international, tout pays signataire qui
accueillerait Benyamin Netanyahou sur son sol devrait légalement procéder à son
arrestation et le remettre à la juridiction de La Haye.
Ce rappel
juridique, dérangeant pour certains gouvernements, souligne une évidence : la
primauté du droit sur la politique ne saurait être à géométrie variable.
La CPI ne peut être crédible que si ses décisions s’appliquent à tous, sans
distinction de puissance, d’alliance ou d’intérêt géostratégique.
Or, trop
souvent, le droit international humanitaire est invoqué à la carte. On le
brandit lorsqu’il sert les intérêts d’un camp, on l’oublie lorsqu’il dérange un
partenaire stratégique. Cette sélectivité mine la confiance des peuples dans
les institutions et nourrit un sentiment d’injustice qui alimente, in fine, la
violence qu’il prétend combattre.
Une exigence de cohérence morale et politique
La pétition
citoyenne ne se contente pas de dénoncer : elle pose une question de fond.
Peut-on continuer à parler de « communauté internationale » si le droit cesse
d’être universel ?
Depuis Nuremberg, le principe est clair : aucune fonction politique, aussi
haute soit-elle, ne saurait protéger un individu des conséquences de ses actes
lorsque ceux-ci violent le droit humanitaire.
Les crimes
commis à Gaza, les bombardements sur des zones densément peuplées, le blocus
prolongé, les entraves à l’aide humanitaire constituent autant d’éléments qui
justifient une enquête impartiale. Refuser de la mener à terme ou d’en
appliquer les conclusions reviendrait à délégitimer soixante-dix ans d’efforts
pour bâtir un ordre international fondé sur le droit et non sur la force.
Les
signataires de cette pétition — juristes, intellectuels, citoyens — rappellent
que la justice ne peut dépendre des rapports de puissance.
Ils plaident pour que les dirigeants du monde, notamment ceux des États membres
de la CPI, respectent leurs engagements et coopèrent pleinement avec la Cour,
quelle que soit l’identité de l’accusé.
Cette cohérence n’est pas un luxe moral : c’est une condition de survie du
système international fondé sur des règles
Une
mobilisation mondiale, symbole d’un sursaut civique
L’initiative,
qui ambitionne de recueillir un million de signatures, n’a rien d’anecdotique.
Elle s’inscrit dans un mouvement plus large de réappropriation du droit par la
société civile. Dans un monde où les États hésitent, les citoyens rappellent
que la justice ne peut être négociée.
Ils affirment que la paix véritable ne se construit ni dans le silence ni dans
l’oubli, mais dans la reconnaissance des souffrances et la responsabilité des
auteurs.
Cette
mobilisation traduit aussi une évolution du rapport entre gouvernés et
gouvernants : les citoyens n’attendent plus que les institutions
internationales agissent seules.
Ils exigent des comptes, rappellent les obligations légales, et refusent que la
realpolitik serve d’alibi à l’inaction.
C’est dans cette vigilance citoyenne que réside désormais une part essentielle
de la légitimité du droit international.
Le test de notre crédibilité collective
L’affaire
Netanyahou n’est pas une question isolée. Elle met à l’épreuve la cohérence du
système international dans son ensemble.
Si les États parties au Statut de Rome choisissent l’inaction, ils enverront un
signal dévastateur : celui que la justice internationale n’est opérante que
contre les faibles.
À l’inverse, s’ils affirment la primauté du droit sur les alliances politiques,
ils redonneront sens à la promesse faite après les guerres du XXe siècle —
celle d’un monde où la dignité humaine prime sur la raison d’État.
La justice
internationale n’est pas un luxe moral réservé aux périodes de paix.
Elle est la condition même de la paix durable.
Ne pas l’appliquer, c’est accepter que la violence devienne une norme et que le
droit redevienne l’instrument du plus fort.
A/Kader
Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet « Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient
comme ça. » https://kadertahri.blogspot.com/

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