Parfois il m'est utile de le dire !

                                                                                                          Oh! Colombe, transmets mon salut d...

Pourquoi le Hamas ne peut toujours pas restituer tous les corps israéliens

 

Dans une Gaza dévastée par des mois de bombardements, la récupération des corps israéliens comme palestiniens  se heurte à une réalité matérielle et humaine insurmontable. Accuser le Hamas d’inaction revient à nier l’ampleur de la destruction causée par Israël.

Alors que le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas entre dans sa deuxième semaine, Tel Aviv multiplie les pressions pour récupérer les corps de prisonniers israéliens disparus à Gaza. Mais sur le terrain, où la majorité des infrastructures sont à terre, où les secours creusent à mains nues, cette exigence sonne comme une injonction impossible. Derrière ce débat se cache une question plus profonde : celle du deuil sélectif et de la hiérarchie des souffrances.

Une indignation à géométrie variable

Le monde s’émeut, à juste titre, du sort des familles israéliennes toujours sans nouvelles de leurs proches.
Mais dans le même temps, plus de 9 000 Palestiniens demeurent portés disparus sous les ruines, souvent sans nom, sans tombe, sans image.
Ce contraste interroge : pourquoi la compassion internationale semble-t-elle s’arrêter aux frontières du blocus ?

« Les médias comptent les otages israéliens, mais plus personne ne compte les morts palestiniens. »
Témoignage d’un secouriste de Khan Younès

Gaza, une tombe à ciel ouvert

Depuis le 7 octobre 2023, les bombardements israéliens ont fait de Gaza un paysage lunaire.
Selon le ministère de la Santé local :

  • 70 000 morts,
  • 170 000 blessés,
  • des milliers de disparus sous les décombres.

Les secouristes manquent d’engins lourds, de carburant, d’équipements de sécurité. Beaucoup creusent littéralement à mains nues. Les morgues sont pleines, les hôpitaux détruits, les routes impraticables.
Dans ces conditions, même la récupération des corps palestiniens devient un défi héroïque — alors comment reprocher au Hamas de ne pas retrouver tous les corps israéliens

Ce que la guerre a enseveli

Cinq obstacles majeurs rendent la restitution des corps israéliens quasi impossible :

  1. Destruction massive : des captifs ont été ensevelis sous des tonnes de gravats, conséquence directe des frappes israéliennes.
  2. Accès restreint : la moitié du territoire reste sous contrôle militaire israélien.
  3. Perte d’informations : de nombreux combattants détenant les données sur les lieux de détention ont été tués.
  4. Contrôle fragmenté : plusieurs factions palestiniennes étaient impliquées, rendant la traçabilité complexe.
  5. Blocus persistant : Israël interdit toujours l’entrée d’engins lourds et d’équipements de levage.

« Ce sont leurs bombes qui ont détruit les lieux où étaient détenus leurs propres captifs. Et maintenant, ils nous accusent de ne pas les retrouver. » Communiqué du Hamas

L’absurde paradoxe moral

Tel Aviv menace de reprendre les frappes si les corps ne sont pas restitués rapidement.
Mais comment exiger des équipes civiles, épuisées et privées de moyens, de fouiller un champ de ruines créé par les bombardements israéliens eux-mêmes ?
C’est là tout le paradoxe moral de cette guerre : Israël demande à Gaza de réparer ce que son armée a détruit.

L’oubli des morts palestiniens

Le Hamas a déjà restitué plus de dix des vingt-huit corps israéliens prévus dans l’accord de cessez-le-feu. Les autres restent ensevelis.
Pendant ce temps, des centaines de corps palestiniens sont retrouvés chaque jour sous les décombres.
Pourtant, cette tragédie ne suscite ni réunion d’urgence, ni négociation internationale.

« La douleur d’une mère israélienne ne vaut ni plus ni moins que celle d’une mère palestinienne  mais seule la première semble intéresser les caméras du monde. »  Extrait d’un témoignage recueilli à Rafah

Conclusion : l’hypocrisie du deuil sélectif

Accuser le Hamas de lenteur, c’est ignorer la géographie de la destruction. Gaza n’est plus une ville : c’est un cimetière suspendu entre les ruines et le silence.
Tant que perdurera le blocus, tant que les pelleteuses resteront bloquées aux frontières, aucune restitution complète ne sera possible. Et le monde, lui, continuera de choisir ses morts.

A/Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet                                                                                                    « Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. » 
https://kadertahri.blogspot.com/


Gaza détruite… par qui ?

 

L’article d’un média d’extrémiste prétend dénoncer la tragédie de Gaza. En réalité, il ne la décrit pas : il la falsifie. Ce texte, relayé par un média d’extrême droite, n’est pas une analyse, mais une arme rhétorique déguisée en compassion. Derrière une apparente indignation morale se cache une justification politique : celle de la punition collective et de la guerre sans fin.

L’auteur ne cherche pas à comprendre la catastrophe, mais à la purifier de tout contexte, de toute complexité, de toute responsabilité partagée. Il érige une morale du glaive — Israël serait la victime éternelle, les Palestiniens les complices de leur propre malheur — et tout le reste serait mensonge. Il faut pourtant remettre les faits à leur place, les mots à leur juste poids, et la vérité au-dessus de la propagande.

L’histoire tronquée d’un siège

L’auteur parle d’un « siège depuis plus de 10 ans ». La formule sonne dramatique, mais elle trahit à la fois l’ignorance et le mépris des faits. Le blocus imposé à la Bande de Gaza n’a pas dixt ans, mais dix-huit : il a été renforcé après la prise du pouvoir par le Hamas en 2007. Depuis, Israël — avec l’appui de l’Égypte — contrôle la quasi-totalité des entrées et sorties de personnes et de biens.
Les Nations Unies le rappellent : ce blocus a détruit l’économie locale, fait exploser le chômage, et transformé Gaza en prison à ciel ouvert (OCHA, The Humanitarian Impact of 15 Years of Blockade on Gaza, 2022).

Ignorer ce contexte, c’est mentir par omission. C’est effacer la responsabilité d’une politique de confinement et de privation qui a préparé, depuis des années, la tragédie actuelle.

Le chiffre des morts : quand le cynisme devient méthode

L’article rejette d’un revers de plume le chiffre de « 67 000 morts », le qualifiant « d’évidemment faux ». Évidemment ? Non.
Selon les rapports de l’Office des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), au 4 mars 2025, le nombre de morts palestiniens recensés à Gaza dépassait 111 000 personnes, un bilan catastrophique, dont une majorité de femmes et d’enfants.

Qualifier de « faux » un bilan humain simplement parce qu’il dérange la narration, c’est l’essence même du négationnisme contemporain : l’incrédulité sélective.
Il n’existe aucune source israélienne ou internationale crédible proposant un chiffre radicalement différent ; la seule différence réside dans les méthodes de comptage. Refuser le nombre, c’est refuser de voir les morts.

Quand la haine remplace la pensée

L’auteur accuse le Hamas d’avoir « détruit la Palestine ». Ce raccourci sert à tout effacer : le blocus, les frappes récurrentes, les destructions d’infrastructures civiles, la misère d’une population enfermée depuis presque deux décennies.
Oui, le Hamas a commis des crimes le 7 octobre 2023. Oui, il a pris des otages, massacré des civils, et provoqué l’horreur. Mais confondre le Hamas et la population de Gaza est une violence supplémentaire : c’est condamner un peuple entier pour les actes d’une milice.

Ce n’est pas le Hamas qui a rasé des quartiers entiers de Rafah, de Khan Younès ou de Gaza City ; ce sont des bombardements aériens d’une intensité sans précédent. Ce n’est pas le Hamas qui a interdit aux ambulances de circuler ; c’est un blocus militaire. Ce n’est pas le Hamas qui a coupé l’eau, l’électricité, les médicaments ; ce sont des décisions gouvernementales assumées. Faire de la victime un coupable, c’est le plus vieux tour rhétorique de la guerre.

Le grand amalgame : critique d’Israël = haine des juifs

Autre pilier de cette tribune extrémiste : assimiler toute critique de la politique israélienne à de l’antisémitisme. L’auteur prétend que « le 7 octobre a réveillé la bête antisémite » et accuse les défenseurs de la Palestine d’être des « idiots utiles ».
Ce procédé est doublement pervers. D’abord, il instrumentalise la mémoire de la Shoah pour bâillonner toute discussion politique. Ensuite, il banalise l’antisémitisme réel en le diluant dans le désaccord politique.

Il est tout à fait possible — et nécessaire — de condamner les crimes du Hamas tout en dénonçant les crimes de guerre d’Israël. Refuser cette dualité, c’est trahir la vérité.
L’antisémitisme est une haine millénaire ; il ne doit pas devenir un bouclier moral derrière lequel on justifie des massacres contemporains.

L’islamisme comme épouvantail universel

Enfin, l’article se termine sur une vision apocalyptique : « les islamistes auront la bombe atomique », « ils aiment la mort », « ils veulent conquérir le monde ». Cette rhétorique, copiée mot pour mot des pamphlets colonialistes du XXᵉ siècle, sert à une seule chose : justifier l’exception permanente, la peur, la surveillance, la répression.

Comparer l’islamisme au nazisme n’est pas une analyse ; c’est un cri de guerre. Ce parallèle, répété depuis vingt ans, a produit quoi ? Des murs, des lois d’exception, des bombes, et surtout : l’effacement de la distinction entre islamisme, islam, et musulmans. L’amalgame devient système.

Quand le mensonge se pare de vertu

L’auteur feint la compassion — il pleure « les larmes à sécher » — mais son texte suinte le mépris.
Pas une ligne pour les hôpitaux détruits.
Pas un mot pour les 2 millions d’habitants privés d’eau potable.
Pas un souffle pour les familles qui dorment sous les décombres.
Juste une obsession : sauver l’honneur d’Israël, effacer la souffrance des Palestiniens, transformer le deuil en plaidoirie géopolitique.

C’est cela, la vraie ruine : celle du langage et de la pensée. Quand la compassion devient propagande, la vérité devient une victime de plus.

Pour une parole lucide et humaine

Être lucide, c’est refuser les simplismes. C’est pouvoir dire deux choses à la fois : que le Hamas est une organisation criminelle, et qu’Israël a commis des actes contraires au droit humanitaire. C’est refuser la logique de vengeance comme substitut à la justice.

Ceux qui s’obstinent à décrire Gaza comme une « plaie qu’elle s’est infligée à elle-même » contribuent à déshumaniser un peuple. Ils prolongent la guerre par le verbe.
Or, les mots comptent : ce sont eux qui, avant les bombes, construisent les murs.

La dignité, aujourd’hui, consiste à refuser la déshumanisation — quelle que soit la bannière qui la pratique.

Conclusion : le devoir d’humanité

Le rôle du journaliste, de l’écrivain, du citoyen, n’est pas d’attiser la peur, mais d’éclairer la conscience. L’article « Ruines et mensonges » échoue à cette mission : il recycle les clichés, travestit les faits, flatte les instincts les plus bas.

Rétablir la vérité n’est pas un exercice académique ; c’est un acte moral.
Parce que chaque mot faux, chaque caricature, chaque chiffre nié, prépare le terrain aux prochains morts.

La ruine véritable n’est pas à Gaza. Elle est dans les colonnes de ceux qui ont choisi l’idéologie contre l’humanité.

A/Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet                                                                                                    « Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. » 
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Les nouveaux croisés de l’identité française : la haine comme miroir d’eux-mêmes

Ils s’appellent Zemmour, Knafo, Messiha, Bardella, Ciotti, Jacobelli.
Ils brandissent le drapeau tricolore comme un talisman et promettent de sauver la France de « l’invasion migratoire ». Mais derrière leurs discours sur « l’identité », se cache un paradoxe plus troublant : ce ne sont pas les étrangers qu’ils combattent, mais l’écho d’une étrangeté qu’ils portent eux-mêmes.
Leur croisade contre l’immigration n’est pas un acte d’amour pour la France  c’est un rejet d’eux-mêmes, une guerre intérieure qu’ils projettent sur les autres.

Ils portent des noms que la vieille France aurait jugés « venus d’ailleurs » : Zemmour, Knafo, Messiha, Bardella… Et pourtant, ce sont eux qui se font les plus fervents accusateurs de l’immigration, les plus bruyants défenseurs d’une identité française figée, uniforme, imaginaire.

Cette contradiction n’est pas anodine. Elle dit tout d’une blessure intime : celle de ceux qui ont cru devoir renier leur part d’origine pour être « acceptés ».
Leur haine de l’étranger n’est pas un projet politique — c’est un cri personnel, un refus viscéral de regarder en face la complexité de leur propre héritage.

Ils veulent effacer dans le miroir collectif ce qui, en eux, ne cadre pas avec la légende du « vrai Français ». Et puisque cette trace de l’autre ne peut être supprimée, ils la désignent ailleurs, la condamnent, l’excluent.
L’étranger devient le bouc émissaire d’une identité fissurée.

La haine comme autoportrait

Il faut le dire clairement : ces figures de la droite identitaire ne défendent pas la France, elles se défendent d’elles-mêmes.
Leur obsession de la pureté nationale est une tentative d’expulsion symbolique : expulser de soi ce qui rappelle l’origine, la diversité, le métissage, la fragilité.
Quand Zemmour parle de « grand remplacement », c’est de son propre malaise qu’il parle.
Quand Messiha se drape dans le drapeau pour dénoncer « l’africanisation » de la France, il tente de fuir le souvenir de son propre exil.
Quand Bardella parle de « frontières », il parle d’un mur intérieur.

Le discours xénophobe n’est pas seulement politique : il est psychologique.
C’est une fuite, un effort pour se convaincre qu’on appartient enfin à un monde qui ne vous reconnaîtra jamais totalement.

L’illusion du patriotisme pur

Ces croisés de la pureté française s’imaginent en héros d’une reconquête civilisationnelle.
Mais leur patriotisme n’a rien à voir avec l’amour de la France réelle  celle qui parle plusieurs langues, qui mange couscous et pot-au-feu, qui prie ou ne prie pas.
Ce patriotisme-là est un fantasme défensif : celui d’une France mythifiée, blanche, catholique et éternelle, qui n’a jamais existé que dans les manuels d’une droite nostalgique.

Ils veulent sauver une France inventée, quitte à piétiner la France vivante.
Et dans cette guerre qu’ils mènent contre l’immigration, c’est la République elle-même qu’ils affaiblissent, car la République ne se définit pas par le sang, mais par les droits et l’égalité.

L’ennemi intérieur

Ce qu’ils appellent « identité nationale » n’est plus un projet de rassemblement, mais un outil de division. Ils veulent transformer le débat public en champ de bataille ethnique, faire croire que l’étranger est responsable de tout : du chômage, de l’insécurité, du malaise social.
Mais derrière cette construction, il y a un aveu : leur besoin d’un ennemi pour exister.

Ils ne croient pas vraiment en la France ; ils croient à leur propre ressentiment.
Et ce ressentiment, ils le nourrissent pour masquer le vide de leur projet politique.
Car que restera-t-il une fois l’immigré chassé, une fois la frontière fermée ? Rien  sinon le même angoisse, la même fracture intérieure, le même besoin d’exclure pour se sentir pur.

La vraie France

La vérité, c’est que la France n’a jamais été pure.
Elle est née du brassage, du métissage, des migrations et des échanges.
Elle est faite d’accents et de visages multiples, d’histoires mêlées. Refuser cela, c’est refuser la France telle qu’elle est.

Les Zemmour et les Bardella ne la défendent pas : ils la défigurent.
Ils font de la peur un drapeau, de la haine un programme, du rejet un credo.
Mais leur colère ne dit pas la force d’un peuple : elle révèle la faiblesse d’une identité qui doute d’elle-même.
Car on ne deteste jamais autant que ce qu’on craint de porter encore en soi.

A/Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet                                                                                                    « Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. » 
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Rafah : Encore du hasbara sous faux drapeau pour la reprise d’une guerre

Les images et les communiqués se succèdent à un rythme implacable : des militants attaquent des forces israéliennes près de Rafah, l’armée riposte par des frappes, et le gouvernement évoque la nécessité « d’agir avec force ». Les affrontements récents à Rafah ont ranimé le danger d’une escalade et aggravent une crise humanitaire déjà dramatique. Cette tribune demande la transparence sur les incidents, des enquêtes internationales impartiales et l’ouverture inconditionnelle des points de passage en priorité Rafah  pour permettre l’acheminement d’aide et la protection des civils. Appel concret à des actions immédiates et vérifiables des garants du cessez-le-feu.

Les militants attaquants appartenaient-ils au Hamas ou à un autre groupe militant ?

Certains bénéficiaient du soutien israélien.

Opération sous faux drapeau ?

Le Hamas n'est pas autorisé à gouverner Gaza et est tenu de désarmer. Alors, qui sera responsable du maintien d'un minimum d'ordre public et de la non-violation du cessez-le-feu ? Israël croit-il vraiment que l'anarchie totale apportera la sécurité ?

Où sont les forces internationales censées protéger les Palestiniens des agressions israéliennes constantes et coordonner l'aide et les abris pour l'hiver qui approche ?

Netanyahou ne devrait pas être autorisé à fermer le point de passage de Rafah comme bon lui semble. Il ne devrait y avoir aucune restriction de passage.

Tous les points de passage de Gaza doivent être ouverts et une aide humanitaire illimitée doit y entrer.

Ces faits, violences, décisions politiques et conséquences humanitaires  sont documentés et doivent être dénoncés lorsqu’ils frappent des populations civiles. Mais la gravité de la situation exige aussi rigueur et responsabilité dans nos accusations : réclamer la transparence ne doit pas se transformer en propagande inverse qui affaiblit la lutte pour la vérité et la protection des innocents.

Le contexte s’est encore compliqué par des déclarations publiques très lourdes de sens. Les États-Unis ont fait part de rapports selon lesquels le Hamas envisagerait des actions susceptibles de rompre le cessez-le-feu, notamment des attaques contre des civils à Gaza des allégations que le Hamas a formellement démenties. Parallèlement, ces derniers jours ont vu de violents affrontements entre les forces du Hamas et des combattants armés locaux ; certains opposants au Hamas interprètent ces incidents comme une tentative d’intimidation ou de prise de contrôle du terrain avant l’arrivée d’une force arabe ou internationale. Ces dynamiques internes à Gaza rendent la situation encore plus dangereuse pour les civils et rendent la vérification des faits plus complexe.

La rhétorique internationale ne rassure guère. Des élus et des responsables cités publiquement ont prononcé des phrases qui attisent la peur et justifient l’escalade : certains mettent en garde contre des actions supposées du Hamas et plaident pour une réponse militaire si le cessez-le-feu était violé.

D’autres tiennent des propos qui semblent accuser d’avance les Palestiniens de nouvelles violences. Ces discours alimentent l’anxiété et réduisent l’espace pour des mesures de désescalade et d’aide humanitaire.

On entend aussi, dans les commentaires politiques et populaires, des accusations plus larges : que les États-Unis et Israël chercheraient un prétexte pour reprendre les opérations  que l’objectif réel serait le contrôle de Gaza et l’élimination d’une autorité palestinienne autonome. Ce type d’interprétation exprime une suspicion légitime après des mois de violences et d’interventions extérieures, mais elle doit être distinguée des faits avérés. Les affirmations graves complots, manipulations planifiées  exigent des preuves documentées. Sans preuves publiques, elles restent des hypothèses politiques puissantes mais non vérifiées.

Le bilan humain, en revanche, est tangible et insoutenable : centres de soins saturés, populations privées d’accès régulier à l’aide, points de passage fermés. Les chiffres diffusés par les autorités sanitaires de Gaza circulent largement et attestent d’un coût humain massif ; ces chiffres sont contestés par d’autres acteurs, mais ils sont le reflet d’une catastrophe humanitaire dont les victimes sont réelles.

Pendant ce temps, l’appel de certains responsables internationaux à « protéger la population de Gaza » sonne parfois comme une hypocrisie si l’on ne voit pas d’action concrète pour ouvrir Rafah, lever les blocages et permettre l’acheminement inconditionnel d’aide.

La responsabilité première, aujourd’hui, doit être humanitaire : comment protéger les civils maintenant ? L’ouverture inconditionnelle des points de passage, notamment Rafah, et le déploiement immédiat de couloirs humanitaires sont indispensables. Les autorités qui garantissent le cessez-le-feu  États médiateurs et organisations internationales  doivent exiger l’accès sans entrave des ONG, la livraison d’aide et la réparation urgente des infrastructures civiles. La protection des civils ne peut être subordonnée à des revirements politiques ou à des logiques de vengeance.

Parallèlement, il faut des réponses politiques et judiciaires :

  • Si des groupes armés à l’intérieur de Gaza commettent des exactions contre des civils, ces actes doivent être documentés et poursuivis par des mécanismes impartiaux.
  • Si des gouvernements ou des forces ont utilisé un incident comme prétexte pour reprendre des opérations disproportionnées, cela doit faire l’objet d’enquêtes indépendantes, avec publication des preuves et responsabilité des responsables.

Les accusations de manipulation  qu’elles ciblent des gouvernements, des groupes armés ou des relais médiatiques  doivent être traitées sérieusement, mais sur la base de preuves. Répéter des allégations sans vérification affaiblit la campagne pour la responsabilité et fournit des munitions à ceux qui veulent faire taire la critique légitime. À l’inverse, exiger des enquêtes forensiques, des vidéos horodatées, des témoignages indépendants et des analyses d’experts est la voie la plus solide pour établir la vérité et obtenir justice.

Sur le plan politique, la rhétorique incendiaire comparaison historiques extrêmes, déshumanisation collective, appels à la vengeance  ne fera qu’alimenter une haine qui nourrira les générations futures. La critique d’une politique ou d’un gouvernement est légitime et nécessaire ; elle perd sa force quand elle glisse vers l’outrance qui empêche le dialogue, la mise en place de mécanismes de réparation et la construction d’alternatives politiques. Si notre objectif est d’empêcher une « guerre sans fin », il faut privilégier des arguments documentés, des appels juridiques et des revendications humanitaires claires.

C'est toujours de la tricherie. Les États-Unis et Israël cherchent une excuse pour reprendre la guerre. L'objectif, c'est Gaza. Ils veulent Gaza. Ils ne veulent pas d'autorité palestinienne là-bas. Ce que je trouve aussi répugnant et cynique, c'est leur façon de prétendre se soucier des Gazaouis alors qu'Israël (avec l'aide massive des États-Unis) a assassiné des dizaines de milliers de civils. C'est écœurant.

Les États-Unis devraient rappeler à Israël de respecter sa part de l'accord, d'ouvrir le point de passage de Rafah et d'autoriser l'acheminement de l'aide. Ils restent complices et silencieux lorsque les Israéliens tirent sur des familles palestiniennes désarmées et qu'Israël retient l'aide sous prétexte de ne pas restituer les corps des otages israéliens. De toute évidence, pour les États-Unis, même un cadavre israélien a plus de valeur que la vie de Palestiniens innocents.

Que demander, donc, aujourd’hui ? Trois priorités concrètes :

Accès humanitaire immédiat et illimité : ouvrir Rafah et tous les points de passage, lever les obstacles à l’acheminement des secours et autoriser les équipes médicales à travailler.

Enquête indépendante et transparente : que les incidents armés récents y compris les affrontements internes à Gaza et les attaques signalées contre des forces — fassent l’objet d’expertises impartiales, publiques et vérifiables.

Garantie de protection des civils : mise en place de couloirs humanitaires, surveillance indépendante du cessez-le-feu et sanctions ciblées en cas de violations prouvées.

Enfin, demandons aux garants internationaux y compris les États-Unis et les autres puissances impliquées de traduire leurs paroles en actes : rappeler les parties à leurs obligations, exiger l’ouverture des passages, soutenir les enquêtes indépendantes et veiller à ce que l’aide parvienne à ceux qui en ont besoin. La méfiance et la colère sont compréhensibles ; elle ne doit cependant pas empêcher de construire une stratégie réaliste pour protéger des vies et mettre un terme à l’alternance infernale d’escalade et de souffrance.

Exiger la vérité, protéger les civils et rendre des comptes : voilà le cœur de la responsabilité citoyenne et médiatique aujourd’hui. Ne laissons pas la suspicion  ni la propagande nous voler ces exigences essentielles.

A/Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet                                                                                     « Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. » 
https://kadertahri.blogspot.com/

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L’exil intérieur des Harkis (traîtres) : quand la nostalgie devient châtiment

«.Notre credo c’est la patrie, et rien que la patrie. Le reste n’est que rêveries, illusions ou mensonges. » Jacques Doriot

Il existe des fautes que ni le temps, ni la distance, ni la richesse ne parviennent à effacer.
Parmi elles, la trahison du pays natal occupe une place particulière : elle sépare l’homme non seulement de sa terre, mais aussi de lui-même.
Car l’exil qui s’ensuit n’est pas seulement géographique il devient une condition de l’âme, une fracture intime qui ronge lentement ce qui restait de cohérence entre la mémoire, la conscience et la vie présente.

L’illusion de l’exil doré

Beaucoup s’imaginent que ceux qui ont tourné le dos à leur patrie vivent paisiblement sous d’autres cieux, à l’abri du remords, entourés d’un confort matériel qu’ils ont choisi à la place de leur honneur.
Mais c’est une illusion, comme le sont toutes les apparences.
La prospérité ne guérit pas la perte d’un ancrage, et aucune fortune n’efface la brûlure du déracinement.
Ces exilés vivent dans un paradoxe cruel : ils ont fui le jugement des leurs, mais ils n’échappent pas à celui qu’ils portent en eux.
Leur réussite apparente n’est qu’un décor fragile derrière lequel s’étend le désert de la nostalgie.

La patrie comme mémoire intérieure

Car la patrie n’est pas seulement un territoire.
Elle est un ensemble de souvenirs, de voix, d’odeurs, de paysages, de gestes tout ce qui constitue le tissu invisible de l’identité.
Quand on la trahit, ce n’est pas un pays qu’on perd, mais la part la plus ancienne et la plus stable de soi.
La trahison ouvre un vide que rien ne comble, car elle détruit le lien entre le passé et le présent, entre l’origine et le devenir.
Et celui qui a rompu ce lien se découvre étranger partout, y compris à lui-même.

Le poids du souvenir

Chaque soir, l’exilé retrouve ce qu’il a voulu fuir : le souvenir.
Il revoit les visages, les lieux, les saisons de sa jeunesse, mais désormais sans y appartenir.
Le pays perdu devient un fantôme, et la nostalgie une forme de châtiment silencieux.
Il ne s’agit pas d’une punition infligée de l’extérieur, mais d’une sanction intime, d’une douleur morale que rien ne peut racheter.
La nostalgie, en ce sens, n’est pas un simple regret : c’est une mémoire vivante qui condamne à revivre éternellement la faute commise.

L’exil comme condamnation morale

Le véritable exil commence lorsque l’homme ne trouve plus sa place nulle part.
Celui qui a trahi découvre que l’exil matériel est moins cruel que l’exil intérieur.
Il peut habiter des palais, posséder des biens, s’entourer de prestige rien n’y fait : la paix lui échappe.
Il n’appartient plus à son pays, mais il n’appartient pas non plus au monde qui l’accueille.
Il erre entre deux rives, comme suspendu dans une existence qui ne lui reconnaît ni passé ni avenir.

La nostalgie, dernière vérité

Il est possible de s’habituer à la pauvreté, à la solitude, à la douleur même mais non à la nostalgie. Elle revient toujours, imprévisible, mordante, dans le silence d’un soir ou le parfum d’une fleur. Elle rappelle à celui qui a trahi ce qu’il a perdu : la certitude d’appartenir à un lieu, à une communauté, à une histoire. Et c’est là, dans cette blessure toujours vive, que réside la véritable punition. Car l’exil, sous toutes ses formes, ne punit pas le corps il punit la mémoire.

Épilogue : la paix impossible

Les traîtres ne sont pas toujours punis par les hommes, mais ils le sont presque toujours par la conscience.
Ceux qui ont vendu leur pays peuvent fuir la justice, mais non la nostalgie.
Elle les poursuit, inflexible, et fait de chaque aube un rappel de leur perte.
L’exil qu’ils croyaient choisir devient alors leur prison, et leur liberté apparente, une illusion tragique.

Il n’existe pas d’exil heureux seulement des âmes séparées d’elles-mêmes, condamnées à porter en silence le poids de ce qu’elles ont renié.
Et dans ce silence, la patrie absente devient leur juge le plus implacable.

A/Kader Tahri                              
Chroniqueur engagé, observateur inquiet                                                                                                      « Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. » 
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Après la libération des otages, la guerre continue : le mensonge d’une paix conditionnelle

 

On avait promis que la guerre s’arrêterait une fois les otages israéliens libérés. Mais les bombardements se poursuivent, les civils meurent, et le langage de la paix a été remplacé par celui de la punition.
Cette tribune dénonce la logique d’une guerre devenue autonome, sans justification ni frein moral, où la mort des innocents sert désormais d’argument politique

On nous avait juré que la guerre s’arrêterait lorsque les otages reviendraient.
C’était le refrain, répété sur toutes les chaînes, dans toutes les chancelleries, sur toutes les lèvres des partisans d’Israël : « Libérez les otages, et la paix reviendra. »
Ce slogan, brandi comme une vérité morale, servait à justifier l’injustifiable : les bombardements de quartiers entiers, les enfants sortis sans vie des ruines, les hôpitaux frappés, les familles décimées.
Mais aujourd’hui, les otages sont libres. Et les massacres, eux, ne se sont pas arrêtés.

Le mensonge de la condition

Ce qu’on appelle « conditions à la paix » n’était qu’une façade. Une justification rhétorique pour masquer un projet bien plus profond : celui d’écraser un peuple jusqu’à l’effacement.
Le discours humanitaire n’a été qu’un déguisement. Derrière les appels à la libération des captifs, il n’y avait pas la compassion  il y avait la stratégie.
On n’attendait pas que le Hamas cède pour cesser de frapper Gaza ; on frappait Gaza pour anéantir tout ce qui, de près ou de loin, pouvait ressembler à une résistance, à une existence autonome, à une dignité palestinienne.

Lorsque l’armée israélienne a fait exploser, vendredi, un véhicule transportant une famille palestinienne de onze personnes  dont sept enfants, elle a invoqué la même justification qu’à chaque fois : une « violation de zone ».
Un mot technique, sec, bureaucratique, pour décrire une exécution.
On a tué des enfants parce qu’ils avaient franchi une ligne invisible sur une carte militaire.
Et dans les communiqués officiels, cette absurdité devient doctrine.
Tout comme il y a un an, les massacres étaient justifiés au nom des « otages ».

L’argument s’est effondré la violence demeure

Aujourd’hui ils ont lancé des frappes à Rafah pour venir en aide à leurs groupés armées qui ont reçu l’ordre de violer le cessez le feu pour accuser la Résistance.  Des images satellites récentes révèlent la présence d’une base de l’armée d’occupation israélienne (Tsahal) ainsi que d’une milice composée de gangsters armés (en jaune sur la carte) à la solde d’Israël, dans le quartier de Shuja’iyya, à l’est de la ville de Gaza.

Placée sous le commandement de Rami Khalas, cette milice, formée d’éléments de type mafieux, dispose d’une base attenante à celle de Tsahal. Elle est armée, encadrée et supervisée par Israël, dans le cadre de ses opérations contre le mouvement Hamas.

Par ailleurs, une activité intense et inhabituelle a été observée hier aux coordonnées 31.4977, 34.4742, laissant apparaître une expansion des infrastructures et un trafic accru de véhicules lourds à proximité de la principale base de l’armée d’occupation dans ce secteur.  

Ceux qui suivaient cette guerre depuis longtemps n’en sont pas surpris. Ils savaient déjà que le sort des otages n’était pas la cause, mais le prétexte.
L’armée israélienne n’a jamais bombardé Gaza pour sauver des vies israéliennes : elle a bombardé Gaza pour punir des vies palestiniennes.
Les faits le prouvent, inlassablement.
Quand des hôpitaux ont été visés, on a invoqué la présence supposée du Hamas dans leurs sous-sols.
Mais des médecins occidentaux, présents sur place, ont raconté une autre histoire : celle de soldats entrant dans les hôpitaux détruits pour saccager les appareils restants, méthodiquement, pièce par pièce, pour que plus aucun hôpital ne puisse fonctionner.
Ce n’était pas une guerre contre le Hamas.
C’était une guerre contre la survie elle-même.

Aujourd’hui, le récit officiel se fissure encore.
Les otages ont été libérés — et pourtant, les bombes ne se sont pas tues.
Les arguments s’effondrent les uns après les autres, mais la machine, elle, continue de tourner.
Parce que la guerre, à ce stade, n’a plus besoin de justification : elle s’autoalimente.
Elle est devenue sa propre raison d’être.

Le vacarme des tambours

Écoutez les discours des dirigeants israéliens : ils battent les tambours de la guerre au nom de la sécurité, de la défense, de la survie.
Mais quelle sécurité naît du sang de milliers d’enfants ?
Quelle survie se fonde sur l’anéantissement méthodique d’un peuple enfermé dans un territoire déjà asphyxié ?
Le langage militaire a dévoré le langage moral.
On ne parle plus d’humains, mais de « zones », de « cibles », de « frappes préventives ».
La guerre est devenue un processus administratif, réglé, presque automatique, où la mort de civils n’est plus une tragédie mais une statistique.

Et pourtant, derrière chaque chiffre, il y a un visage, un nom, une voix qui ne parlera plus.
Des enfants qui ne verront jamais la lumière du matin.
Des parents qui ne peuvent plus enterrer leurs morts parce que les bulldozers sont interdits d’entrée.
C’est cela, la réalité de Gaza un lieu où même les funérailles sont un luxe.

Le piège moral de l’Occident

Ce silence complice, ce confort moral, pèsent aussi sur nous.
Nous avons laissé s’installer un discours où l’indignation dépend de l’identité des morts.
Où certains corps méritent les pleurs des chancelleries, et d’autres seulement des notes diplomatiques.
L’Occident, si prompt à brandir les droits humains ailleurs, se tait lorsque son allié commet l’irréparable.
Ce silence est devenu une politique en soi une manière de se protéger de la honte.

Mais l’histoire jugera ce silence avec la même sévérité qu’elle a jugé d’autres silences, dans d’autres temps.
Car ceux qui prétendaient que « tout cesserait une fois les otages libérés » savaient, au fond, que rien ne cesserait. Ils savaient que la guerre n’était pas un moyen, mais un but. Et que la paix, dans leur bouche, n’était qu’un mot vidé de sens.

Le cri sous les ruines

À Gaza, il ne reste presque rien : ni hôpitaux, ni routes, ni abris, ni illusions.
Mais il reste la voix des vivants  ceux qui fouillent les décombres à mains nues, ceux qui refusent que la mort devienne normale, ceux qui persistent à nommer les disparus un à un.
Cette voix, étouffée par le vacarme des bombardements, continue de dire ce que le monde refuse d’entendre : que tuer des civils n’est pas une erreur de guerre, mais une stratégie.
Et que la pire barbarie n’est pas celle des armes, mais celle du mensonge.

Épilogue : le jour d’après

Ils avaient promis que tout s’arrêterait. Que la paix viendrait, que les enfants cesseraient de mourir, que les otages étaient la clé du drame.
Mais aujourd’hui, alors que les bombes poursuivent leur œuvre, la vérité s’impose : ce n’était pas une guerre pour sauver des vies, mais pour en détruire.
Et tant que ce mensonge continuera d’être répété, tant que la mort sera présentée comme un acte de défense, tant que le monde fermera les yeux sur la douleur des plus faibles, alors les tambours de guerre ne cesseront jamais de battre.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet                                                                                                    « Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. » 
https://kadertahri.blogspot.com/