Ils s’appellent Zemmour, Knafo, Messiha, Bardella,
Ciotti, Jacobelli.
Ils brandissent le drapeau tricolore comme un talisman et promettent de sauver
la France de « l’invasion migratoire ». Mais derrière leurs discours sur «
l’identité », se cache un paradoxe plus troublant : ce ne sont pas les
étrangers qu’ils combattent, mais l’écho d’une étrangeté qu’ils portent
eux-mêmes.
Leur croisade contre l’immigration n’est pas un acte d’amour pour la France c’est un rejet d’eux-mêmes, une guerre
intérieure qu’ils projettent sur les autres.
Ils portent
des noms que la vieille France aurait jugés « venus d’ailleurs » :
Zemmour, Knafo, Messiha, Bardella… Et pourtant, ce sont eux qui se font les
plus fervents accusateurs de l’immigration, les plus bruyants défenseurs d’une
identité française figée, uniforme, imaginaire.
Cette
contradiction n’est pas anodine. Elle dit tout d’une blessure intime : celle de
ceux qui ont cru devoir renier leur part d’origine pour être « acceptés ».
Leur haine de l’étranger n’est pas un projet politique — c’est un cri
personnel, un refus viscéral de regarder en face la complexité de leur propre
héritage.
Ils veulent effacer
dans le miroir collectif ce qui, en eux, ne cadre pas avec la légende du « vrai
Français ». Et puisque cette trace de l’autre ne peut être supprimée, ils
la désignent ailleurs, la condamnent, l’excluent.
L’étranger devient le bouc émissaire d’une identité fissurée.
La haine comme autoportrait
Il faut le
dire clairement : ces figures de la droite identitaire ne défendent pas la
France, elles se défendent d’elles-mêmes.
Leur obsession de la pureté nationale est une tentative d’expulsion symbolique
: expulser de soi ce qui rappelle l’origine, la diversité, le métissage, la
fragilité.
Quand Zemmour parle de « grand remplacement », c’est de son propre
malaise qu’il parle.
Quand Messiha se drape dans le drapeau pour dénoncer « l’africanisation »
de la France, il tente de fuir le souvenir de son propre exil.
Quand Bardella parle de « frontières », il parle d’un mur intérieur.
Le discours
xénophobe n’est pas seulement politique : il est psychologique.
C’est une fuite, un effort pour se convaincre qu’on appartient enfin à un monde
qui ne vous reconnaîtra jamais totalement.
L’illusion du patriotisme pur
Ces croisés
de la pureté française s’imaginent en héros d’une reconquête civilisationnelle.
Mais leur patriotisme n’a rien à voir avec l’amour de la France réelle celle qui parle plusieurs langues, qui mange
couscous et pot-au-feu, qui prie ou ne prie pas.
Ce patriotisme-là est un fantasme défensif : celui d’une France mythifiée,
blanche, catholique et éternelle, qui n’a jamais existé que dans les manuels
d’une droite nostalgique.
Ils veulent
sauver une France inventée, quitte à piétiner la France vivante.
Et dans cette guerre qu’ils mènent contre l’immigration, c’est la République
elle-même qu’ils affaiblissent, car la République ne se définit pas par le
sang, mais par les droits et l’égalité.
L’ennemi intérieur
Ce qu’ils
appellent « identité nationale » n’est plus un projet de
rassemblement, mais un outil de division. Ils veulent transformer le débat
public en champ de bataille ethnique, faire croire que l’étranger est
responsable de tout : du chômage, de l’insécurité, du malaise social.
Mais derrière cette construction, il y a un aveu : leur besoin d’un ennemi pour
exister.
Ils ne
croient pas vraiment en la France ; ils croient à leur propre ressentiment.
Et ce ressentiment, ils le nourrissent pour masquer le vide de leur projet
politique.
Car que restera-t-il une fois l’immigré chassé, une fois la frontière fermée ?
Rien sinon le même angoisse, la même
fracture intérieure, le même besoin d’exclure pour se sentir pur.
La vraie France
La vérité,
c’est que la France n’a jamais été pure.
Elle est née du brassage, du métissage, des migrations et des échanges.
Elle est faite d’accents et de visages multiples, d’histoires mêlées. Refuser
cela, c’est refuser la France telle qu’elle est.
Les Zemmour
et les Bardella ne la défendent pas : ils la défigurent.
Ils font de la peur un drapeau, de la haine un programme, du rejet un credo.
Mais leur colère ne dit pas la force d’un peuple : elle révèle la faiblesse
d’une identité qui doute d’elle-même.
Car on ne deteste jamais autant que ce qu’on craint de porter encore en soi.
A/Kader
Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet « Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient
comme ça. » https://kadertahri.blogspot.com/

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