Parfois il m'est utile de le dire !

                                                                                                          Oh! Colombe, transmets mon salut d...

L’exil intérieur des Harkis (traîtres) : quand la nostalgie devient châtiment

«.Notre credo c’est la patrie, et rien que la patrie. Le reste n’est que rêveries, illusions ou mensonges. » Jacques Doriot

Il existe des fautes que ni le temps, ni la distance, ni la richesse ne parviennent à effacer.
Parmi elles, la trahison du pays natal occupe une place particulière : elle sépare l’homme non seulement de sa terre, mais aussi de lui-même.
Car l’exil qui s’ensuit n’est pas seulement géographique il devient une condition de l’âme, une fracture intime qui ronge lentement ce qui restait de cohérence entre la mémoire, la conscience et la vie présente.

L’illusion de l’exil doré

Beaucoup s’imaginent que ceux qui ont tourné le dos à leur patrie vivent paisiblement sous d’autres cieux, à l’abri du remords, entourés d’un confort matériel qu’ils ont choisi à la place de leur honneur.
Mais c’est une illusion, comme le sont toutes les apparences.
La prospérité ne guérit pas la perte d’un ancrage, et aucune fortune n’efface la brûlure du déracinement.
Ces exilés vivent dans un paradoxe cruel : ils ont fui le jugement des leurs, mais ils n’échappent pas à celui qu’ils portent en eux.
Leur réussite apparente n’est qu’un décor fragile derrière lequel s’étend le désert de la nostalgie.

La patrie comme mémoire intérieure

Car la patrie n’est pas seulement un territoire.
Elle est un ensemble de souvenirs, de voix, d’odeurs, de paysages, de gestes tout ce qui constitue le tissu invisible de l’identité.
Quand on la trahit, ce n’est pas un pays qu’on perd, mais la part la plus ancienne et la plus stable de soi.
La trahison ouvre un vide que rien ne comble, car elle détruit le lien entre le passé et le présent, entre l’origine et le devenir.
Et celui qui a rompu ce lien se découvre étranger partout, y compris à lui-même.

Le poids du souvenir

Chaque soir, l’exilé retrouve ce qu’il a voulu fuir : le souvenir.
Il revoit les visages, les lieux, les saisons de sa jeunesse, mais désormais sans y appartenir.
Le pays perdu devient un fantôme, et la nostalgie une forme de châtiment silencieux.
Il ne s’agit pas d’une punition infligée de l’extérieur, mais d’une sanction intime, d’une douleur morale que rien ne peut racheter.
La nostalgie, en ce sens, n’est pas un simple regret : c’est une mémoire vivante qui condamne à revivre éternellement la faute commise.

L’exil comme condamnation morale

Le véritable exil commence lorsque l’homme ne trouve plus sa place nulle part.
Celui qui a trahi découvre que l’exil matériel est moins cruel que l’exil intérieur.
Il peut habiter des palais, posséder des biens, s’entourer de prestige rien n’y fait : la paix lui échappe.
Il n’appartient plus à son pays, mais il n’appartient pas non plus au monde qui l’accueille.
Il erre entre deux rives, comme suspendu dans une existence qui ne lui reconnaît ni passé ni avenir.

La nostalgie, dernière vérité

Il est possible de s’habituer à la pauvreté, à la solitude, à la douleur même mais non à la nostalgie. Elle revient toujours, imprévisible, mordante, dans le silence d’un soir ou le parfum d’une fleur. Elle rappelle à celui qui a trahi ce qu’il a perdu : la certitude d’appartenir à un lieu, à une communauté, à une histoire. Et c’est là, dans cette blessure toujours vive, que réside la véritable punition. Car l’exil, sous toutes ses formes, ne punit pas le corps il punit la mémoire.

Épilogue : la paix impossible

Les traîtres ne sont pas toujours punis par les hommes, mais ils le sont presque toujours par la conscience.
Ceux qui ont vendu leur pays peuvent fuir la justice, mais non la nostalgie.
Elle les poursuit, inflexible, et fait de chaque aube un rappel de leur perte.
L’exil qu’ils croyaient choisir devient alors leur prison, et leur liberté apparente, une illusion tragique.

Il n’existe pas d’exil heureux seulement des âmes séparées d’elles-mêmes, condamnées à porter en silence le poids de ce qu’elles ont renié.
Et dans ce silence, la patrie absente devient leur juge le plus implacable.

A/Kader Tahri                              
Chroniqueur engagé, observateur inquiet                                                                                                      « Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. » 
https://kadertahri.blogspot.com/

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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