Parfois il m'est utile de le dire !

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Le Maroc des vitrines industrielles et le peuple oublié : derrière le moteur Safran, la mécanique du silence


 

On inaugure des moteurs d’avion flambant neufs pendant que des jeunes diplômés arpentent les rues sans avenir. Le Maroc avance à deux vitesses : celle du prestige royal et celle de la survie populaire

Le Maroc vient, une fois encore, d’ériger un symbole industriel censé prouver au monde sa “modernité” et son “rayonnement”. À Nouaceur, le Roi Mohammed VI a présidé la cérémonie de lancement du complexe industriel de moteurs d’avions du groupe français Safran — un projet présenté comme un tournant historique pour l’économie nationale. La presse officielle s’en est emparée avec une ferveur prévisible : on y parle de “complexe de classe mondiale”, de “hub stratégique mondial”, de “vision éclairée du souverain”. Le vocabulaire de la grandeur et du progrès technologique s’y déploie sans nuance, comme dans un rituel de célébration monarchique.

Mais derrière ce récit officiel se cache une réalité sociale étouffée : celle d’un peuple qui souffre de chômage, de précarité, d’inégalités régionales et d’un sentiment d’exclusion croissant. Ce discours triomphaliste, qui vante des investissements étrangers comme des victoires nationales, sert moins à informer qu’à légitimer un modèle politique où la communication remplace la justice sociale.
Il faut alors interroger ce que ce texte ne dit pas : à qui profite ce “progrès” industriel, et que révèle-t-il de la manière dont le pouvoir détourne le regard de la souffrance quotidienne des Marocains

Un discours de légitimation sous couvert de modernité

Selon la presse du Palais qui relatant la cérémonie de Nouaceur s’apparente à un véritable rituel de légitimation monarchique. Le Roi est décrit comme l’unique moteur du développement industriel : “grâce à la vision éclairée du Souverain, le Maroc s’est érigé en destination mondiale incontournable dans les secteurs de pointe”.
Cette rhétorique répétée à l’envi transforme chaque investissement étranger en trophée royal. Le progrès n’est plus le fruit d’un effort collectif, mais le prolongement d’une volonté divine.

Pourtant, derrière la mise en scène d’un Maroc “hub mondial”, le projet Safran illustre une dépendance structurelle aux puissances étrangères.
Le PDG du groupe, Ross McInnes, le dit avec diplomatie : “Nous ne produisons pas au Maroc, mais avec le Maroc.”
La formule est élégante, mais le fond est clair : la technologie, la propriété intellectuelle et les décisions stratégiques restent entre les mains du partenaire français, tandis que le Maroc offre la main-d’œuvre, le foncier et les incitations fiscales.
Ce “partenariat d’exception” ressemble donc davantage à une sous-traitance modernisée qu’à une souveraineté industrielle.

En glorifiant ces investissements comme des victoires nationales, le pouvoir monarchique se drape dans le prestige du capital étranger pour masquer ses propres impasses économiques. Le progrès devient un outil politique, un décor servant à renforcer l’image d’un royaume “performant”, quitte à en oublier le prix social.

 

Un progrès qui oublie le peuple

Dans un pays où plus d’un tiers des jeunes diplômés urbains sont au chômage, où les enseignants contractuels protestent pour de meilleurs salaires, et où les inégalités territoriales persistent entre les métropoles côtières et l’intérieur rural, la célébration d’une usine d’élite résonne comme une provocation silencieuse.
L’article officiel ne prononce pas un mot sur ces fractures. Il préfère annoncer fièrement la création de “600 emplois directs à l’horizon 2030”, comme si ce chiffre suffisait à compenser l’absence d’une politique nationale de plein emploi.

Cette stratégie de communication construire quelques pôles industriels et les ériger en symboles nationaux relève d’une politique de vitrine.
Les zones comme Midparc ou Tanger Med incarnent un Maroc modernisé en surface, connecté aux chaînes de valeur mondiales, mais déconnecté de sa population.
Autour, les villages s’appauvrissent, les jeunes s’exilent, et les services publics s’effondrent.
On célèbre les moteurs d’avion de dernière génération pendant que des milliers de familles n’ont toujours pas accès à une éducation ou à une santé dignes.

Le pouvoir préfère le prestige à la redistribution. Il bâtit des récits au lieu de bâtir une politique sociale. Et tant que la pauvreté, l’exclusion et la précarité resteront des sujets tabous dans les médias d’État, les inaugurations se succéderont comme des mascarades de modernité.

Conclusion : un moteur qui tourne à vide

Le complexe Safran de Nouaceur n’est pas un symbole de progrès ; il est le miroir d’un système qui confond communication et développement, croissance et justice, investissement étranger et souveraineté nationale.
Il incarne le Maroc des vitrines : celui qui veut séduire l’Occident et rassurer les marchés, tout en ignorant le Maroc réel celui des précaires, des chômeurs, des jeunes diplômés sans avenir.

Ce modèle, centré sur l’image du Roi et la dépendance au capital étranger, risque d’étouffer ce qu’il prétend promouvoir : l’émergence d’un pays libre, juste et égalitaire.
Le Maroc n’a pas besoin d’un moteur Safran pour prouver sa valeur ; il a besoin d’un moteur social, celui de la dignité, de la redistribution et de la liberté.
Sans cela, la mécanique du progrès tournera indéfiniment à vide, dans un ciel que beaucoup de Marocains ne verront jamais.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet                                                                                                    « Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. » 
https://kadertahri.blogspot.com/

 

 


La hiérarchie médiatique et politique de la compassion dans la guerre contre Gaza

Toutes les victimes se valent : Dans les rédactions françaises, la compassion s’est calibrée comme un JT : un visage, une larme, un nom. Mais les guerres ne sont pas des scénarios, et les morts n’ont pas de camp. L’humanité n’est pas divisible, même quand la politique la segmente.

On finit par s’y habituer. À chaque flambée de violence au Proche-Orient, les médias français rejouent la même partition : émotion à géométrie variable, compassion sélective, indignation asymétrique. Le texte récemment paru dans la presse, avec sa verve acide et son ironie grinçante, met le doigt sur cette blessure morale : la vie d’un Israélien semble parfois peser plus lourd que celle d’un Palestinien. Derrière l’exagération, il y a un malaise réel, un déséquilibre du regard.

Il ne s’agit pas de nier la souffrance des uns ou des autres, mais de rétablir l’égalité du deuil. Quand on célèbre la libération de quelques otages israéliens en oubliant les milliers de prisonniers palestiniens détenus sans jugement, on fabrique une hiérarchie de l’émotion. On déshumanise à nouveau ceux qu’on prétend défendre, simplement parce qu’ils ne sont pas nés du « bon côté » du mur.

Les mots ont un poids : les « otages » d’un camp deviennent les « prisonniers » de l’autre. Et dans ce glissement sémantique, tout un système d’aveuglements prend racine.

Chaque guerre finit par ressembler à la précédente : des images de ruines, des visages d’enfants, des chiffres sans fin. Mais dans les rédactions françaises, l’émotion s’est standardisée. On choisit qui mérite les pleurs du soir, qui aura droit à l’indignation, et qui restera dans la colonne des dégâts collatéraux.
Une phrase, récemment écrite dans un journal, résume brutalement cette inégalité morale :

« Un Israélien vaut cent Palestiniens. »
Derrière la provocation, c’est une vérité dérangeante : leurs larmes ont un sens politique.

L’émotion calibrée, la douleur hiérarchisée

Quand un otage israélien retrouve la liberté, la France retient son souffle. On connaît son prénom, son âge, son histoire. Les plateaux s’ouvrent, les ministres s’émurent, les caméras filment la joie.
Quand des dizaines de Palestiniens sortent de prison après des années de détention sans procès, le silence règne. Aucun nom, aucune image, aucune émotion.
La compassion, comme la diplomatie, semble avoir ses frontières.

Et c’est là le plus grand naufrage de nos médias : l’inhumanité sélective. Les journalistes ne manquent pas de courage, mais leurs récits se plient à la dramaturgie dominante : celle qui met en scène l’émotion occidentale, jamais la douleur étrangère.
La guerre devient un feuilleton : il faut un héros, un monstre, une intrigue simple, un camp du bien. Le reste, on le coupe au montage.

On l’a vu récemment avec la mise en scène des « retrouvailles miraculeuses » des deux frères israéliens, libérés à quelques heures d’intervalle alors qu’ils n’avaient jamais été captifs ensemble. Une histoire dans l’histoire, calibrée pour la presse occidentale, avide de symboles et de larmes télévisées.
Ce n’est pas tant la véracité de l’épisode qui importe que son usage émotionnel : le drame devient scénario, la guerre se transforme en feuilleton. On ne montre plus la complexité du conflit, mais des séquences d’émotion instantanée. La souffrance devient un produit médiatique.
Et ce que la mise en récit efface, ce sont les autres visages : ceux qu’on ne filme pas, ceux dont on ne connaît ni le nom ni le sort, parce qu’ils n’appartiennent pas au bon récit. La compassion devient un choix éditorial.

La communication a remplacé la conviction

Dans ce grand théâtre, les dirigeants jouent leur rôle avec un talent consommé. L’auteur ironisait : « Macron, l’homme qui connaît les prénoms des otages par cœur ».
La formule frappe juste : elle dit tout d’une époque où la compassion présidentielle se mesure à la mémoire des noms, non à la constance des principes.

La France, autrefois médiatrice du Proche-Orient, s’est réduite à un figurant applaudissant les décisions américaines.
Elle ne parle plus : elle communique.
Elle ne pèse plus : elle compatit à heure fixe.

On n’attend pas d’un président qu’il pleure, mais qu’il agisse. Qu’il ose dire qu’aucune armée ne se grandit en affamant des civils, et qu’aucun peuple ne se libère en tuant des innocents.
Mais la politique du « en même temps » ne protège plus personne quand les bombes tombent.

Les mots sont déjà des armes

Les mots ont un sens, et parfois un poids de mort. On ne désigne pas les mêmes réalités quand on parle d’« otages », de « prisonniers » ou de « détenus ». Dans le tumulte des récits, chaque mot oriente le regard : l’un évoque l’innocence, l’autre la culpabilité, le troisième la légitimité.
En Israël comme en Palestine, des hommes et des femmes sont enfermés, arrachés à leurs familles, souvent sans procès, parfois sans espoir de retour. Les appeler par leur juste nom — des captifs, des êtres humains privés de liberté — devrait être la première exigence du journalisme et de la diplomatie. Car quand le langage se déforme, la réalité suit. Nommer certains « terroristes » et d’autres « soldats », c’est déjà décider qui a droit à la pitié et qui ne l’a pas. C’est cette asymétrie des mots qui rend possible l’asymétrie des morts.

Combien d’otages parmi les prisonniers palestiniens auront été détenus arbitrairement, torturés, durant des mois voire des années, avant d’être libérés sans procès ?
Combien de prisonniers de guerre israéliens présentés malhonnêtement comme des otages ?
Combien de palestiniens seront repris dans les prochains jours pour augmenter le nombre d’otages à disposition et faire pression sur les familles ?
Autant je pense que le conflit israélo palestinien n’aurait jamais  autant l’ignominie, je ne vois pas de mot assez fort en réalité, de la haine ouverte contre un peuple et de la servilité envers une entité, aucun respect de la légalité, aucunes frontières déclarées ni constitution font d’Israël un objet territorial non identifié, et des envahisseurs qui s’inventent une histoire et ont tous les droits.
J’espère que la résistance palestinienne va se trouver un nouveau représentant, ce peuple a payé le prix fort pour mériter de vivre

Toutes les victimes se valent

Dire cela ne relativise rien. Pleurer les victimes israéliennes ne diminue pas la douleur palestinienne, et inversement.
Au contraire : reconnaître la souffrance de l’autre, c’est poser la première pierre de la paix.

Les mères pleurent de la même manière à Gaza et à Tel-Aviv. Les enfants se cachent sous les mêmes cris, la même peur. Ce sont les adultes qui divisent, pas les larmes.
Et si notre empathie s’arrête à la frontière des alliances, alors notre morale ne vaut plus rien.

Le courage de regarder en face

Le rôle des journalistes n’est pas de choisir les bons morts, mais de rendre leurs visages à tous.
Le rôle des citoyens n’est pas de répéter les slogans des gouvernants, mais de poser des questions simples : pourquoi ce silence ? Pourquoi cette asymétrie ? Pourquoi ce tri dans la douleur ?

Le vrai courage, aujourd’hui, ce n’est pas de s’indigner à heure fixe. C’est de dire que le bombardement de Gaza en est une horreur absolue, la famine organisée, l’humiliation d’un peuple en cage, en sont une autre. C’est cela, le cœur de l’humanisme : dénoncer que la vengeance tienne lieu de justice.

Ne pas choisir un camp, mais un principe

Dans ce conflit comme dans d’autres, la question n’est pas « qui a commencé ? », mais « combien de temps encore allons-nous détourner le regard ? ».
Chaque enfant tué est une défaite collective.
Chaque silence médiatique est une abdication morale.
Chaque justification politique est un pas de plus vers la déshumanisation.

Ce texte n’appelle pas à choisir entre Israël et la Palestine.
Il appelle à choisir entre la peur et la justice, entre la propagande et la vérité, entre l’oubli et la conscience.

Une société qui ne pleure plus pour tous a déjà perdu son âme.
Et quand une vie palestinienne finit par valoir moins qu’un tweet, c’est toute notre humanité qu’on enterre sous les décombres.

Conclusion :

Dans cette logique, les dirigeants jouent leur rôle. Quand Emmanuel Macron est dépeint comme « l’homme qui connaît les prénoms des otages par cœur », la pique est cruelle, mais révélatrice. Le président français incarne cette diplomatie de l’émotion : compassion à la main, mais silence sur le fond. Le symbole remplace l’action. Connaître les prénoms ne rend pas la liberté, et encore moins la paix. Ce n’est pas de mémoire qu’il s’agit, mais de courage politique.

Or, le courage consisterait aujourd’hui à rappeler une évidence devenue presque subversive : toutes les vies ont la même valeur. Qu’elles soient israéliennes, palestiniennes, ukrainiennes ou soudanaises, les vies fauchées par la guerre méritent la même larme, le même respect, la même exigence de justice. Refuser de hiérarchiser la douleur n’est pas relativiser le crime, c’est redonner à la morale sa cohérence.

Les médias, les gouvernants, les citoyens doivent retrouver cette lucidité : celle qui ne se laisse pas guider par la peur, le spectacle ou le réflexe tribal. La compassion n’a de sens que si elle est universelle. Autrement, elle devient une arme de plus dans la guerre des récits.
Le rôle d’une presse libre n’est pas de pleurer sur commande, mais de rétablir l’humanité des invisibles. Et le rôle d’une démocratie digne de ce nom n’est pas de compter les morts, mais d’en empêcher d’autre

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/

Le miroir obscène du conflit israélo-palestinien : Toutes les vies ne se valent pas

Alors que les médias occidentaux s’émeuvent de la libération d’otages israéliens, le sort des prisonniers palestiniens reste dans l’ombre.
Cette tribune dénonce la hiérarchie des compassions, l’impunité d’un régime colonial et l’hypocrisie d’un ordre international qui a cessé de croire à l’universalité des droits humains.

Oui, je me réjouis que des israéliens aient été libérés après des semaines de captivité. Et je me réjouis tout autant pour les prisonniers palestiniens enfin sortis des geôles israéliennes. Ces deux joies devraient être universelles, la libération d’êtres humains rendus à leurs familles.
Mais à chaque fois que l’émotion médiatique s’empare de ce conflit, elle révèle une constante : toutes les souffrances n’ont pas le même poids, toutes les vies n’ont pas la même valeur.

Le poids des mots, l’injustice du langage

On parle d’« otages » pour les Israéliens et de « prisonniers » pour les Palestiniens. Comme si les uns incarnaient la tragédie et les autres la faute. Pourtant, il s’agit dans les deux cas d’êtres humains privés de liberté, souvent innocents.
Cette asymétrie linguistique n’est pas anodine : elle reflète la hiérarchie implicite des compassions. On pleure les uns, on justifie les autres. On exige la libération immédiate des uns, on tolère la détention indéfinie des autres.

Selon B’Tselem et Amnesty International, plus de 9 000 Palestiniens sont actuellement détenus en Israël, dont environ 3 000 sans inculpation ni procès, sous le régime de la « détention administrative ». Parmi eux, des mineurs. Ce sont des réalités que le droit international condamne, mais que les chancelleries préfèrent ignorer.

Des prisons et des ruines

Les images des échanges récents sont éloquentes : d’un côté, des civils israéliens affaiblis mais entourés, pris en charge ; de l’autre, des Palestiniens libérés après des années derrière les barreaux, marqués par la privation et la peur.
Cette comparaison ne vise pas à hiérarchiser la douleur, mais à rappeler l’ampleur de la déshumanisation. On s’inquiète pour les captifs israéliens, mais qui s’indigne encore du sort de ceux qu’Israël enferme chaque jour en silence ?

Et pendant que les caméras se tournent vers les célébrations de trêve, la vie continue de s’éteindre à Gaza. Des dizaines de milliers de civils ont péri sous les bombes. Les rapports de l’ONU, de Médecins sans Frontières et de Human Rights Watch parlent de destructions massives d’habitations, d’écoles, d’hôpitaux, d’infrastructures vitales. Une population entière broyée sous le prétexte de la « sécurité ».

Le citoyen algérien que je suis

Le citoyen algérien que je suis, dénonce sans détour le projet colonial sioniste, ce système d’expansion et de domination qui, depuis 1948, a effacé les particularismes locaux et détruit la continuité historique du peuple palestinien.
Je condamne fermement l’impérialisme qui a déraciné des générations entières au nom d’une idéologie nationale excluante.

Il faut le dire avec clarté : la colonisation n’est pas une politique, c’est un crime. Elle nie le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, elle piétine le droit international et elle pervertit toute idée de justice.
Lorsque l’entité sioniste d’Israël actuel affirme refuser toute perspective d’État palestinien et toute souveraineté partagée sur Jérusalem, elle ne fait qu’entretenir un système de domination sans horizon de paix. La « politique du fait accompli » aggrave chaque jour un climat déjà saturé de souffrance et d’injustice.

Dans ce contexte, le mouvement Hamas, quelles que soient les divergences qu’on puisse avoir avec sa ligne, reste perçu, pour une grande partie de la population palestinienne, comme un mouvement de résistance né de l’occupation et de l’enfermement. On ne peut comprendre sa raison d’être sans reconnaître la violence structurelle de l’occupation qui l’a engendré.

Je le redis : la colonisation de la Palestine est illégale, immorale et indéfendable. Chaque balle tirée en Cisjordanie, chaque maison détruite à Jérusalem-Est, chaque oliveraie arrachée ou citerne rasée est un acte contraire au droit international, assimilable à un crime contre l’humanité. Les institutions internationales l’ont jugé, les ONG l’ont documenté, et pourtant, le silence persiste.

La société israélienne, en grande partie unie dans la défense d’un projet colonial, porte aujourd’hui une responsabilité morale : celle de refuser la servitude du nationalisme et d’affronter la vérité de l’oppression commise en son nom.
Car résister à l’occupation, ce n’est pas nier la souffrance des civils israélien c’est refuser que leur sécurité serve d’alibi à un régime d’apartheid.

Cisjordanie : la colonisation au grand jour

Alors qu’on célèbre la suspension des bombardements, les colons israéliens poursuivent leur avancée en Cisjordanie, soutenus par un gouvernement qui a fait de l’annexion une doctrine. Les violences contre les Palestiniens s’intensifient, souvent en toute impunité.
Yesh Din et Breaking the Silence documentent depuis des années cette colonisation méthodique : confiscations, destructions, expulsions. Et malgré cela, les alliés occidentaux d’Israël maintiennent leurs livraisons d’armes et bloquent toute résolution contraignante au Conseil de sécurité.

L’hypocrisie des puissances

Les dirigeants occidentaux se veulent gardiens du droit international, défenseurs des droits humains, chantres du « plus jamais ça ». Mais leur indignation s’arrête aux frontières de Gaza.
Quand Israël bombarde des camps de réfugiés, c’est une « riposte ». Quand des Palestiniens réclament leur liberté, c’est une « provocation ».
Cette hypocrisie n’est plus seulement morale : elle est politique. Elle mine l’universalité des valeurs humanistes et révèle un ordre international à deux vitesses — un ordre où la force dicte le droit.

Le silence, complice du pouvoir

L’opinion publique, lassée ou désorientée, finit par se taire. Le silence devient la norme, l’indifférence une forme d’obéissance. Pourtant, chaque jour à Gaza, en Cisjordanie, dans les camps du Liban, des Palestiniens continuent de croire que leur vie vaut autant que celle d’un autre.
Ce n’est pas une revendication radicale : c’est une exigence de justice.

Pour une égalité des vies

Refuser la propagande, ce n’est pas refuser la compassion. C’est l’étendre à tous.
Il ne s’agit pas d’opposer des souffrances, mais de rétablir une vérité simple : aucun peuple n’a le monopole de la douleur, et aucun État ne doit avoir le droit d’écraser un autre au nom de sa sécurité.

La paix, si elle doit venir un jour, ne naîtra pas des calculs militaires ni des trêves imposées. Elle viendra du courage de dire que toutes les vies se valent — et que c’est ce principe, trahi depuis des décennies, qu’il faut défendre avant tout.

Conclusion

Le drame palestinien n’est pas une fatalité historique : c’est un choix politique, rendu possible par le silence des consciences.
Tant que les voix libres refuseront de se taire, il restera une chance — infime mais réelle — de rendre à ce mot galvaudé, humanité, un peu de son sens.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

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Gaza, le souffle invincible de l’humanité

 

Un hommage vibrant à la population de Gaza à sa dignité, sa résistance et sa lumière intérieure. Ce texte célèbre la force tranquille d’un peuple qui, malgré la guerre et le siège, continue d’incarner la vie, l’amour et l’espérance.

L’héroïsme du Palestinien ne se mesure pas seulement dans les combats.
Il se lit dans chaque souffle, dans chaque geste de survie, dans chaque regard qui refuse de se baisser.
Il se trouve dans le pain qu’il cuit malgré le blocus, dans la lumière qu’il rallume malgré l’obscurité,
dans l’enfant qu’il protège, dans la dignité qu’il porte comme un étendard au milieu des ruines.

À Gaza, l’héroïsme n’est pas un mot, c’est un souffle.
C’est la force invisible qui relève les pierres,
c’est la tendresse d’une mère qui transforme la peur en berceuse,
c’est le rire d’un enfant qui défie le vacarme du monde.

Là où tout semble vouloir anéantir l’existence, le Palestinien recrée la vie.
Là où les murs enferment, il construit des ponts d’espérance.
Là où la nuit s’abat, il fait de chaque aube une déclaration de résistance.

Car il ne s’agit pas seulement de survivre, il s’agit de témoigner, de dire au monde :
Nous sommes encore là. Nous respirons. Nous espérons.

Malgré le siège, malgré la faim, malgré les ruines,
le peuple de Gaza reste debout indomptable, inaltérable,
portant dans ses yeux la certitude que la justice, tôt ou tard,
franchira les murs du silence.

Pour les Israéliens  Il y aura toujours des candidats pour jouer la revanche de la revanche, la belle de la belle, et transformer les déroutes en "victoires" et dès qu’ils auront l'occasion de faire couler du sang Palestinien, ils se gobergeront  de massacrer et de purifier ethniquement le plus grand nombre possible de Palestiniens sous prétexte de « légitime défense », estimant que le 7 octobre leur avait valu la tolérance du monde pour commettre un génocide Quel que soit le prix, tant leur mépris pour le Palestinien est immense.

Quant au peuple Palestinien, à lui va mon admiration.  Sans bornes.
Qu'est-ce qui distingue ce peuple qui s'obstine à vouloir exister ?
Depuis 80 ans. On leur reproche d'employer la force ?
Un peuple aussi isolé par un blocus, habitant un confetti  de territoire, aussi faible, a-t-il d'autre choix que la force ?

Le Palestinien n’est pas une victime parmi d’autres : il est le symbole vivant d’une humanité qui refuse de se rendre. Il est la preuve que la dignité peut fleurir même au milieu des cendres,
que l’amour d’une terre peut être plus fort que la violence du monde.

Et tant qu’il restera un Palestinien pour sourire,
tant qu’une mère de Gaza bercera son enfant sous les bombes en lui murmurant des mots d’espoir, tant qu’une main reconstruira, tant qu’un cœur croira encore, alors le monde saura que la liberté ne se détruit pas.
Elle se transmet. Elle se chante. Elle se vit.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

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Israël nourri le sophisme démographique du déni

 

Alors que les destructions à Gaza atteignent un niveau sans précédent, un discours se répand pour nier le caractère génocidaire de cette guerre : la population croîtrait, donc il n’y aurait pas volonté d’extermination.
Ce raisonnement, sous couvert d’objectivité, relève du déni politique et moral. Il faut en dévoiler la logique

Parler de Gaza aujourd’hui, c’est affronter une guerre des mots plus impitoyable encore que celle des bombes. À mesure que les ruines s’accumulent, un autre champ de bataille se déploie : celui du langage.
D’un côté, les faits des milliers de morts, des hôpitaux rasés, des enfants amputés, une population affamée. De l’autre, un discours qui tente d’enrayer la compassion, de refroidir les consciences, en habillant la violence d’arguments démographiques et moraux.

Ainsi entend-on dire qu’il ne saurait y avoir génocide puisque la population de Gaza continue de croître. Ce raisonnement, à la fois glacial et cynique, relève d’un sophisme politique : confondre le résultat statistique avec l’intention criminelle.

Un sophisme d’État

Le droit international est limpide : selon la Convention de 1948, le génocide se définit par l’intention de détruire, totalement ou partiellement, un peuple, non par le nombre final de survivants.
Ce n’est pas la démographie qui fonde le crime, mais la volonté de l’effacement.
On peut massacrer, affamer, déporter, priver d’eau, de soins et d’avenir tout un peuple, sans pour autant en “réussir” la destruction totale.
La croissance démographique n’est donc pas la preuve d’une absence de génocide, mais souvent la résistance d’un peuple à son anéantissement.

Réduire l’histoire de Gaza à une courbe de natalité, c’est nier la mort dans sa dimension humaine et politique.
C’est transformer la survie en argument contre la souffrance.
Une telle froideur statistique ne relève pas de la raison, mais du déni.

L’inversion morale : du bourreau à la victime

À ce sophisme s’ajoute une inversion perverse des rôles :
les civils palestiniens deviennent complices de leur propre destruction, tandis que l’armée qui bombarde les hôpitaux se pare des vertus de la défense légitime.
C’est un vieux mécanisme colonial : présenter la violence de l’occupant comme une réponse à la barbarie du colonisé.

On accuse les Palestiniens “d’utiliser leurs enfants comme boucliers humains” — manière commode d’expliquer pourquoi ces enfants meurent sous les bombes.
Cette phrase, répétée à satiété, ne dit pas la vérité : elle la neutralise.
Elle déplace la culpabilité, lave les mains de l’agresseur, et transforme chaque victime en preuve de sa propre faute.

Le féminisme instrumentalisé

Autre ruse du discours du déni : feindre de s’émouvoir du sort des femmes palestiniennes.
On accuse le Hamas d’imposer la natalité, d’enfermer les femmes dans la maternité, comme si la critique de l’islamisme suffisait à effacer les bombes.
Mais cette compassion sélective n’a rien de féministe : c’est un féminisme d’occupation, qui utilise le corps des femmes pour justifier la guerre.

Depuis la colonisation de l’Algérie, ce procédé est bien connu : “libérer” les femmes pour mieux dominer leur peuple.
Sous couvert de modernité, on perpétue la hiérarchie coloniale entre “eux” et “nous”.
Ce n’est pas la liberté qu’on défend, mais le droit de parler à la place de celles qu’on réduit au silence par la destruction.

Réécrire l’histoire pour effacer le crime

Ces récits d’apparence érudite se nourrissent aussi d’un révisionnisme tranquille.
En expliquant que les réfugiés palestiniens seraient une invention des régimes arabes, on nie la Nakba de 1948  l’expulsion de plus de 700 000 Palestiniens lors de la création d’Israël.
On efface la dépossession, la spoliation des terres, l’exil forcé.
On réduit un peuple à une anomalie statistique, une variable régionale.

Ce n’est pas une erreur d’histoire : c’est une stratégie d’effacement.
On ne nie pas seulement les morts, on nie la mémoire.

Les chiffres comme anesthésie morale

La froideur des données démographiques agit comme un anesthésiant.
On ne parle plus de visages ni de familles, mais de “croissance” et de “taux de fécondité”.
C’est la langue technocratique du meurtre : celle qui transforme le charnier en tableau Excel.

Pourtant, les chiffres qu’on brandit ne peuvent masquer le réel :
plus de 35 000 morts, selon les estimations onusiennes, des centaines de milliers de blessés, des quartiers rayés de la carte.
Et au-delà des corps, la destruction d’un peuple dans ce qui fonde sa continuité son territoire, ses infrastructures, sa mémoire.
C’est cela, un génocide moderne : la destruction méthodique des conditions de vie.

La paix comme prolongement de la domination

Enfin, ces textes appellent à une “paix” fondée sur la démilitarisation et la tutelle.
Autrement dit, une paix sans souveraineté.
Une paix où Gaza serait gérée, surveillée, encadrée un espace sans peuple, une cage humanitaire.
C’est la paix coloniale, celle des dominants : la paix de la reddition.

Mais sans justice, il n’y a pas de paix et sans reconnaissance du droit des Palestiniens à vivre libres sur leur terre, il n’y aura que la répétition du désastre.

Nommer pour ne pas trahir

Il ne s’agit pas ici de faire de la rhétorique, mais de vérité. Nommer le génocide, ce n’est pas un acte militant, c’est un acte de lucidité.
Le nier, c’est participer à sa perpétuation.
Parce qu’à Gaza, ce n’est pas la démographie qui parle : c’est la volonté d’effacement.
Et tant que cette volonté persistera, chaque mot de déni ajoutera une pierre au tombeau de la justice.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

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Flottille pour Gaza: Les pèlerins de la bonne conscience

 

Il y a, dans une partie de la presse française, une étrange jubilation à tourner en dérision toute expression de solidarité envers les Palestiniens. Les participants à la dernière flottille pour Gaza ont ainsi été décrits comme des “Croisés sans Dieu”, des “repus de bonne conscience”, des militants “subventionnés par leur indignation”. Sous couvert de lucidité, ce discours ne révèle rien d’autre qu’une lassitude morale : celle d’un monde qui préfère moquer la compassion plutôt que d’affronter sa responsabilité.

L’indignation comme résistance

Dans un moment où la guerre de Gaza s’achève à peine, où les décombres couvrent encore la bande côtière et où les familles comptent leurs morts, ces attaques contre des militants humanitaires ont quelque chose d’indécent.
On peut débattre des méthodes, on peut contester l’efficacité symbolique d’une flottille, mais réduire cet engagement à une mise en scène narcissique, c’est refuser de voir ce qu’il représente : une résistance morale à l’indifférence.

L’indignation n’est pas un luxe.
C’est la condition de toute société démocratique qui refuse de se soumettre à la fatalité du plus fort.
Elle ne relève pas d’une religion laïque, mais d’une conscience civique : celle qui rappelle qu’aucun État, quel qu’il soit, ne peut s’exonérer du droit international et de la morale humaine.

Défendre Gaza n’est pas haïr Israël

L’un des procédés rhétoriques les plus utilisés par les soutiens inconditionnels de la politique israélienne consiste à assimiler toute critique à de l’antisémitisme.
Ce glissement sémantique permanent permet d’éviter le fond du débat : les crimes de guerre, le blocus, les destructions massives et la négation des droits fondamentaux des Palestiniens.

Critiquer un État, ce n’est pas haïr un peuple.
C’est refuser qu’un gouvernement quel qu’il soit transformé la peur en doctrine politique.
C’est affirmer que la liberté, si chère à Israël, ne peut pas être confisquée par la violence.
La vraie amitié entre peuples, c’est celle qui ose dire la vérité, pas celle qui justifie l’injustifiable.

La fabrication de l’ennemi

L’article auquel nous répondons accuse “les indignés” de “fabriquer un ennemi” : Israël.
Mais c’est précisément l’inverse qui s’y joue.
L’auteur construit, pièce par pièce, la figure repoussoir de “la gauche européenne inféodée”, des “humanitaires hypocrites”, des “militants doudous”.
Cette fabrication d’un ennemi intérieur permet de détourner le regard des véritables responsabilités : celles de l’occupation, de l’impunité militaire et de la cécité diplomatique de l’Occident.

Ce procédé n’est pas nouveau.
Il s’inscrit dans une longue tradition de disqualification morale des mouvements de solidarité internationale, accusés de “faiblesse” dès lors qu’ils rappellent l’universalité des droits humains.
Mais cette faiblesse supposée est, en réalité, une force : celle de continuer à croire que la dignité ne se négocie pas.

La vraie imposture

La véritable imposture morale n’est pas du côté de ceux qui s’indignent, mais de ceux qui ont cessé de le faire.
Derrière la posture du “réalisme”, il y a souvent la résignation.
Derrière la dénonciation des “indignés professionnels”, il y a le confort de ceux qui n’ont rien à perdre ni proches sous les bombes, ni illusions à défendre.

Moquer la compassion, c’est se protéger de la honte.
Mais la honte, parfois, est le début du courage.
Ceux qui prennent la mer pour Gaza ne prétendent pas changer le monde ; ils refusent seulement qu’on continue à le laisser couler.

Redonner sens à la parole publique

Dans un temps saturé de discours sécuritaires et d’inversions accusatoires, maintenir vivante la parole humaniste est déjà un acte politique.
Il ne s’agit pas de choisir un camp contre un autre, mais de refuser le cynisme comme horizon.
De rappeler que la démocratie ne se défend pas par la censure de l’empathie, mais par la reconnaissance de l’autre.

Ceux qu’on raille aujourd’hui comme “pèlerins de la bonne conscience” sont, en réalité, les derniers à croire que les mots peuvent encore empêcher les murs.
Et si cela dérange tant, c’est peut-être parce que leur indignation nous renvoie à notre propre silence.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

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L’Algérie n’a pas besoin d’être citée pour exister

 


La polémique née de l’absence du nom de l’Algérie dans les remerciements du Hamas révèle moins un « oubli » qu’une volonté malveillante de salir une diplomatie de principe. Face à la duplicité régionale, l’Algérie reste fidèle à sa ligne : celle de la constance, de la dignité et de la solidarité sans calcul.

Une tempête médiatique aussi absurde qu’indécente

Il n’aura suffi que d’un nom manquant dans une déclaration du Hamas pour que certains s’agitent, bruyamment et sans retenue. Parce que l’Algérie n’a pas été citée dans la liste des pays remerciés pour leur rôle dans la conclusion du cessez-le-feu à Gaza, des voix hostiles se sont empressées de crier à l’« oubli », à la « mise à l’écart », voire à la « perte d’influence ».
Mais cette polémique, montée en épingle, n’a qu’un seul but : discréditer un pays dont la position dérange, précisément parce qu’elle est droite, constante et incorruptible.

Une fidélité historique, pas un calcul diplomatique

Depuis son indépendance, l’Algérie a fait de la défense des peuples opprimés un principe fondateur de sa politique étrangère. Son engagement en faveur de la Palestine n’est pas conjoncturel ni intéressé : il s’enracine dans sa propre expérience du colonialisme et de la lutte pour la libération. Soutenir la Palestine, pour l’Algérie, n’a jamais été un moyen d’obtenir des faveurs ou des applaudissements. C’est un devoir moral, une fidélité historique, une cause qui transcende les gouvernements et les conjonctures.

Alors, faut-il vraiment rappeler que la solidarité algérienne n’a jamais dépendu d’un mot ou d’une citation ? L’Algérie n’a pas besoin de figurer dans une liste de remerciements pour exister. Elle agit sans attendre la reconnaissance, parce que son engagement n’a jamais été motivé par la recherche d’un prestige.

Les donneurs de leçons, champions de l’hypocrisie

Le plus indécent, dans cette affaire, ce ne sont pas les silences du Hamas, mais les cris hypocrites de ceux qui s’en offusquent. Beaucoup de ces « défenseurs » de la Palestine sont les mêmes qui normalisent avec Israël, multiplient les accords militaires et économiques avec l’occupant, tout en prétendant jouer les médiateurs. Cette double posture celle de l’allégeance travestie en diplomatie est la marque de ceux qui ont depuis longtemps renoncé à la cause palestinienne, et qui ne supportent plus qu’un pays, l’Algérie, leur rappelle par sa constance la signification du mot principe.

La clarté algérienne : soutenir un peuple, pas des factions

Contrairement à ce que certains insinuent, le soutien algérien n’est pas aveugle. L’Algérie distingue la cause d’un peuple des manœuvres politiques de certains groupes. Elle soutient la résistance du peuple palestinien, pas les dérives idéologiques de mouvements instrumentalisés
Cette nuance, essentielle, découle d’une mémoire douloureuse : celle des années 1990, quand l’Algérie a payé de dizaines de milliers de vies les conséquences d’un extrémisme importé. Elle sait ce que valent les discours religieux détournés à des fins politiques, et refuse d’en cautionner les porteurs.

Cette position n’est pas une distance, c’est une lucidité. Elle témoigne d’un engagement mûr, réfléchi, enraciné dans l’expérience d’un peuple qui a appris que la foi n’excuse pas le fanatisme, et que la cause juste ne se confond pas avec ses manipulateurs.

Ce que l’on attaque, c’est la constance algérienne

Ceux qui tentent aujourd’hui d’opposer Alger à Gaza ne cherchent pas la vérité, mais la discorde. Leur cible n’est pas la diplomatie algérienne, mais ce qu’elle incarne : une indépendance de ton, une souveraineté de décision, une fidélité aux causes justes sans soumission à aucune puissance.
Cette constance dérange. Dans un monde arabe où la cause palestinienne est souvent utilisée comme monnaie d’échange, l’Algérie continue de la porter comme un devoir moral et politique. Elle ne parle pas pour se montrer, mais pour défendre. Elle ne se tait pas par faiblesse, mais par dignité.

Une diplomatie de dignité, pas de reconnaissance

L’Algérie n’a pas besoin d’être citée pour exister. Sa voix résonne dans les forums internationaux, à l’ONU, à l’Union africaine, et partout où les peuples se battent pour leur liberté. Elle n’agit pas pour être remerciée, mais pour rester fidèle à elle-même. Sa solidarité avec la Palestine ne se mesure pas à la longueur d’un communiqué, mais à la cohérence d’un engagement. Et si certains s’acharnent à l’attaquer, c’est parce qu’ils savent que l’Algérie, elle, ne trahit pas. Elle ne renonce pas. Elle ne se vend pas.

Une leçon de constance

La polémique s’éteindra, comme toutes les tempêtes de l’instant. Mais la position de l’Algérie, elle, demeurera. Parce qu’ici, la solidarité n’est pas une posture : c’est une conviction. Et parce qu’au fond, la Palestine n’a pas besoin d’avocats hypocrites — elle a besoin d’alliés sincères. Au niveau international, Le 15 novembre 1988 à Alger, le Conseil national palestinien déclare unilatéralement l’indépendance de la Palestine. L’Algérie est le premier pays à reconnaître l’État de Palestine. Dans les jours qui suivent, 75 États reconnaissent son indépendance.

L’Algérie n’a jamais recherché, en toute humilité, une quelconque gloriole ni un retour sur investissement dans les nombreux conflits où elle a mis tout son poids pour leur règlement juste et pacifique tels que la prise des otages en Iran, la question du Mali, etc…
Ce qui importe en effet pour le peuple palestinien, c’est la cessation des massacres génocidaires et le retour à une vie normale.
Je sais que ce n’est pas à la mode l’Algérie en ce moment... Mais c’est important de le dire , de le savoir, et c’est bien aussi de le souligner.
Et sur ce terrain-là, l’Algérie n’a pas d’équivalent.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

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