Parfois il m'est utile de le dire !

                                                                                                          Oh! Colombe, transmets mon salut d...

Respect aux résistants de Gaza : le ghetto du XXIe siècle :

« Quand la force devient l’unique langage, la vérité se tait et l’humanité s’efface. »

Dans l’étroite bande de Gaza, la guerre a cessé d’être un conflit pour devenir un miroir. Miroir de notre impuissance collective, de la déshumanisation ordinaire, et du courage silencieux de ceux qui résistent à l’effacement. Cette tribune rend hommage aux victimes civiles, à la dignité d’un peuple enfermé, et à la faillite morale d’une époque qui laisse mourir sous ses yeux.

Gaza, une tragédie universelle

Il existe des lieux qui deviennent des symboles au-delà de leur géographie. Gaza, aujourd’hui, en est un. Dans cette bande de terre minuscule où s’entassent des millions de vies, le monde assiste, impuissant ou complice, à une lente destruction, celle d’un peuple pris au piège de l’histoire et de la géopolitique. Sous les bombes, dans la faim et la peur, Gaza nous renvoie à nos contradictions : celle d’un monde qui se dit civilisé mais qui tolère l’inacceptable.

Depuis trop longtemps, Gaza n’est perçue qu’à travers des chiffres : tant de morts, tant de blessés, tant de bâtiments détruits. Mais derrière ces nombres, il y a des visages. Des enfants qui rêvaient d’école, des mères qui enfouissent leurs fils sans tombe, des médecins opérant à mains nues, des familles qui survivent dans le vacarme de la guerre.
Chaque ruine porte un nom, chaque silence une prière.

La dignité comme ultime résistance

Quand tout s’effondre, il ne reste qu’un seul territoire à défendre : celui de la dignité.
Résister, dans Gaza assiégée, n’est pas un slogan : c’est un réflexe vital.
Ce n’est pas une exaltation de la guerre, mais le refus obstiné de disparaître sans laisser de trace. Face à la puissance d’une armée surarmée, un peuple désarmé tente simplement de rester humain.

Les murs qui entourent Gaza ne contiennent pas seulement ses habitants : ils enferment aussi la conscience de ceux qui les ont construits. Car l’occupation ne tue pas seulement des corps, elle étouffe des âmes, elle pervertit la morale.
L’asymétrie est totale, mais la dignité ne se mesure pas à la force des armes — elle se mesure à la capacité de continuer à espérer, même au bord du gouffre.

La guerre des récits

La bataille de Gaza n’est pas seulement militaire ; elle est aussi narrative.
Les mots, ici, tuent ou sauvent. Le pouvoir des armes se double de celui des images et des récits. Celui qui bombarde parle de “riposte légitime”, celui qui souffre est qualifié de “terroriste”.
Ainsi, la réalité se déforme, la souffrance se banalise, et la vérité devient la première victime du conflit.

Aujourd’hui, le colonisateur au lieu de se reprocher d’être à la mauvaise place dans l’histoire, il reproche à la résistance et à son peuple d’avoir osé faire l’inévitable pour recouvrer leurs droits.

Aujourd’hui, nous constatons que la glorification des héros de Gaza n’est pas notre droit. Elle nous rappelle plutôt, à nous-mêmes comme à l’ennemi, que la vie, riche en expériences, ne comporte qu’un nombre limité de choix majeurs.

Croire que la bataille de Gaza se terminera par une reddition épargnant à Israël le châtiment qu’il mérite, c’est une fois de plus une lecture erronée de l’histoire. Mais le temps seul est riche d’enseignements pour ceux qui souhaitent apprendre !

La tragédie d’un peuple encerclé

A Gaza, le colonisateur est supérieur en nombre, en armement, en tactique. Les civils sont encerclés, incapables d’échapper au feu sauf par des galeries qu’ils ont creusées ou qui existaient déjà.
Devant cette écrasante supériorité, il ne reste que la guérilla qualifiée de “terrorisme” par ceux qui détiennent le pouvoir. Pour les civils encerclés, les morts s’accumulent sous les bombes ; la maladie et la faim faucheront encore des vies. Certains choisissent de mourir en emportant un adversaire — acte tragique qui, pour eux, est la dernière réponse à un génocide programmé. Et pourtant, paradoxalement, plus on cherche à réduire une population par la violence, plus la détermination de ceux qui résistent grandit : leur moral s’affermit à mesure que celui des agresseurs s’érode, car la longue durée transforme la puissance en vulnérabilité.

Au-delà de la suprématie militaire, le colon contrôle les moyens de communication : il peut allonger ses victoires, minimiser ses défaites, et affirmer qu’il ne perd pas d’hommes. Pourtant ces hôpitaux se remplissent en cachette et l’ordre militaire est de taire les pertes. L’armée qui occupe doit paraître invincible, féroce et inhumaine, tel est la doctrine du colonisateur.

Ce constat n’est pas une métaphore : c’est une photographie de l’histoire qui s’écrit sous nos yeux. Il dévoile la logique du désespoir, la mécanique de la domination et l’absurdité d’un système où la puissance croit pouvoir détruire la volonté d’exister.
Mais l’histoire enseigne le contraire : la force brute finit toujours par se heurter à la mémoire des vivants.

Le miroir de notre humanité

Ce qui se joue à Gaza dépasse le conflit israélo-palestinien : c’est un test moral pour l’humanité entière.
C’est la mesure de notre tolérance à l’inacceptable, de notre indifférence à la souffrance, de notre capacité à fermer les yeux quand la vie d’autrui nous dérange.
Gaza n’est pas seulement une tragédie politique, c’est une tragédie humaine. Et c’est précisément pour cela qu’elle nous concerne tous.

Rendre hommage aux victimes, ce n’est pas choisir un camp, c’est refuser l’oubli.
C’est affirmer que la compassion est un devoir, que la justice est la seule voie vers la paix, et que la mémoire des morts ne doit pas servir d’argument mais d’avertissement.
Un jour, les bombes se tairont, les ruines seront balayées, mais la question demeurera : qu’avons-nous fait, nous, quand l’humanité brûlait à Gaza ?

Ce que révèle Gaza, c’est la faillite de la puissance et le triomphe paradoxal de la dignité.
Plus les murs s’élèvent, plus les consciences s’éveillent.
Plus on tente d’effacer un peuple, plus sa mémoire s’impose.

Rendre hommage à ces vies fauchées, ce n’est pas une posture politique :
c’est une déclaration de foi dans l’humain.
C’est exiger la fin des bombardements, l’ouverture des couloirs humanitaires, des enquêtes indépendantes, et la reconnaissance du droit à la vie.

Car si la guerre a fait de Gaza un cimetière, la mémoire peut encore en faire un lieu de conscience.
Et peut-être qu’un jour, le monde regardera cette terre non plus comme une menace, mais comme un avertissement :
celui de ce qui arrive quand l’humanité abdique.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/

 

Le Makhzen : la désinformation devient un instrument de survie politique

 

Les relations algéro-marocaines connaissent une nouvelle zone de turbulence. Derrière les campagnes numériques accusant l’Algérie d’étouffer la joie populaire, se dessine une stratégie de diversion du pouvoir marocain, confronté à une contestation sociale grandissante. Analyse d’une provocation ratée.

Les relations entre Alger et Rabat n’ont jamais été simples. Mais depuis quelques années, la rivalité s’est transformée en véritable guerre d’influence, particulièrement visible dans l’espace numérique.
Le dernier épisode en date, une campagne en ligne visant à faire croire que les Algériens auraient été empêchés de célébrer la victoire de leur équipe nationale contre la Somalie – illustre une dérive préoccupante : celle de l’instrumentalisation politique de la désinformation.

Une opération de manipulation mal calibrée

Peu après le match, une série de comptes nouvellement créés, se faisant passer pour des Algériens, a diffusé un même message : “le peuple n’est pas sorti dans la rue, de peur de la répression.”
Ce récit, construit de toutes pièces, cherchait à imposer une image d’un pays paralysé par la peur. Sauf que la manœuvre a échoué. Les internautes algériens ont rapidement détecté la supercherie, pointant la synchronisation suspecte de ces publications et leur origine étrangère.

Ce type d’opération illustre l’usage croissant de la désinformation comme arme géopolitique. Dans ce cas précis, le calcul du Makhzen reposait sur une idée erronée : celle que la société algérienne réagirait mécaniquement à chaque victoire sportive. Or, face à une qualification déjà assurée, les Algériens ont fait preuve de maturité et de retenue, une attitude que Rabat n’avait pas anticipée.

Un Maroc sous tension

Pour comprendre ces provocations numériques, il faut regarder du côté du Maroc lui-même. Le pays traverse une période d’instabilité sociale : hausse des prix, chômage persistant, mécontentement populaire.
Dans plusieurs villes, des manifestations ont éclaté ces dernières semaines, traduisant un malaise profond. Le récent discours de Mohammed VI, jugé déconnecté des réalités, n’a fait qu’accentuer la frustration.

Dans ce contexte, la tentation de détourner l’attention vers l’extérieur est grande. L’Algérie, éternel rival et exutoire commode, sert de variable d’ajustement à une communication politique en crise. Les provocations deviennent alors un outil pour canaliser le mécontentement intérieur.

La désinformation, symptôme d’une faiblesse politique

Ces manœuvres ne sont pas anodines. Elles traduisent une perte de contrôle du récit national marocain. Plutôt que de répondre aux attentes sociales, le Makhzen préfère entretenir l’illusion d’un ennemi extérieur.
Mais cette stratégie a ses limites : elle mine la crédibilité du Maroc sur la scène internationale et accentue la défiance au sein même de la société marocaine, de plus en plus consciente des écarts entre le discours officiel et la réalité vécue.

De son côté, l’Algérie a choisi de ne pas réagir de manière impulsive. L’absence de débordements, la vigilance citoyenne et le calme des institutions démontrent une maturité politique qui contraste avec les calculs improvisés de son voisin de l’Ouest.

Un révélateur des fragilités régionales

Cet épisode n’est pas un cas isolé, mais le reflet d’une crise régionale plus large. Les pays du Maghreb font face à des défis économiques et sociaux majeurs, tandis que leurs jeunesses réclament plus de justice, de transparence et de perspectives.
Dans ce contexte, les logiques de rivalité interétatique deviennent des écrans de fumée, retardant l’intégration régionale et la coopération économique, pourtant vitales pour les deux peuples.

Pour sortir de la logique du soupçon

La désinformation, qu’elle soit numérique ou médiatique, ne construit rien. Elle entretient le ressentiment et empêche le dialogue. Le Maroc, s’il veut retrouver sa crédibilité, devra rompre avec la tentation de la diversion et assumer la nécessité d’un débat interne sincère. L’Algérie, de son côté, gagnerait à maintenir sa posture de retenue et de lucidité, sans céder aux provocations.

Car au-delà des querelles politiques, c’est tout le Maghreb qui pâtit de cette tension permanente. Tant que les élites privilégieront la confrontation à la coopération, les peuples des deux rives du désert resteront prisonniers d’un passé conflictuel au détriment d’un avenir commun.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/

 


Justice à sens unique ? Non, les Français détenus à l’étranger ne sont pas tous des innocents

L’article récemment publié sur les Français détenus à l’étranger se présente comme un cri d’indignation patriotique : nos ressortissants seraient systématiquement victimes d’injustices, et la France serait impuissante à les protéger. Cette vision manichéenne et sensationnaliste mérite d’être dénoncée. Il est temps de rappeler une vérité simple mais inconfortable : tous les Français détenus à l’étranger ne sont pas des innocents, et peindre chacun d’entre eux comme une victime irréprochable est non seulement faux, mais dangereux pour la crédibilité de la diplomatie et de lajustice.

L’émotion ne fait pas la justice

L’article multiplie les formules chocs : « otages », « tragique étau », « conditions inhumaines ». Ces mots dramatiques ne remplacent ni les preuves ni l’analyse juridique. Il est trompeur d’assimiler systématiquement détention à injustice. La France agit régulièrement pour protéger ses citoyens – mais discrètement et avec méthode, non sous les feux des projecteurs. La dramatisation émotionnelle sert à masquer la complexité réelle des situations.

Sélection d’exemples biaisée

Boualem Sansal, Christophe Gleizes, Frédéric Pierucci : l’article utilise des exemples spectaculaires pour prétendre que la détention arbitraire est la norme. Cette méthode est trompeuse. Ce sont des exceptions, pas la règle. La majorité des Français détenus à l’étranger le sont pour des motifs sérieux et documentés. Utiliser des anecdotes médiatiques pour généraliser à tous les citoyens relève d’un biais flagrant et dangereux

La fiction de l’innocence généralisée

L’article donne l’impression que tout Français détenu à l’étranger est un martyr innocent. La réalité est autre : Certains ont effectivement été victimes de régimes autoritaires ou de détentions arbitraires. D’autres ont commis des infractions graves, économiques ou politiques, qui justifient leur arrestation selon le droit local.

Il est irresponsable de faire croire que chaque citoyen emprisonné est un héros persécuté. Cette vision flatteuse de la France et de ses ressortissants ignore la responsabilité individuelle et l’existence de Français coupables de faits sérieux à l’étranger.

La saisine automatique de l’ONU : illusion et danger

Les auteurs proposent de saisir automatiquement le GTDA de l’ONU pour chaque Français détenu. Une idée séduisante, mais naïve : Les États souverains peuvent refuser toute coopération et interpréter la démarche comme une pression politique, augmentant le risque pour le détenu. Le GTDA n’a pas de force coercitive : ses décisions sont consultatives.

Présenter cette solution comme un remède universel relève de la naïveté diplomatique. Elle ne protège pas les innocents et peut mettre en danger ceux qui ont effectivement commis des actes condamnables.

Chiffres et alarmisme : une rhétorique sans fondement

L’article affirme que 5 à 10 % des 2 300 Français détenus seraient arbitrairement emprisonnés. Ce chiffre est totalement spéculatif et sert uniquement à renforcer le sentiment d’urgence et d’injustice. Aucune preuve solide n’est avancée. Il est irresponsable de transformer des hypothèses en certitudes pour justifier une action diplomatique radicale.

Vision manichéenne et dangereuse de la diplomatie

L’article oppose « États oppresseurs » et « France inactive ». Cette simplification est fausse et dangereuse. La diplomatie repose sur le discernement, la négociation, la coopération internationale et parfois la discrétion. Imposer une vision binaire fait passer la France pour faible et naïve, tout en ignorant que certains de nos compatriotes sont responsables de leurs propres mésaventures à l’étranger.

La vérité dérangeante : tous ne sont pas victimes

L’article insiste sur la victimisation totale de nos concitoyens détenus à l’étranger, mais la réalité est différente : Certains Français sont impliqués dans des affaires économiques ou politiques sérieuses, justifiant leur détention selon le droit local. Peindre tous les détenus comme des victimes innocentes est un mensonge partiel, qui dessert à la fois la France et la cause des droits de l’homme.

Il faut défendre les Français injustement détenus, certes, mais sans ignorer la responsabilité de ceux qui ne sont pas innocents. Les exagérations de l’article alimentent le mythe d’une justice à sens unique, où le citoyen français serait toujours le bon et l’étranger toujours le méchant. C’est faux et contre-productif.

Conclusion : nuance, rigueur et responsabilité

Protéger les Français à l’étranger est une priorité légitime. Mais cela exige :

Prudence et discernement, pour distinguer victimes d’arrestations arbitraires et citoyens responsables de leurs actes.

Rigueur juridique, pour que chaque intervention diplomatique repose sur des preuves et non sur l’émotion.

Réalisme international, car la souveraineté des États et la complexité diplomatique imposent des stratégies adaptées.

L’article, sous couvert de défense des droits de l’homme, ignore volontairement la responsabilité individuelle et la complexité des affaires internationales, pour mieux construire le récit sensationnaliste d’une France passive face à des injustices universelles. Il est temps de rappeler que tous les Français détenus à l’étranger ne sont pas des innocents, et que la protection des citoyens passe avant tout par la rigueur, la nuance et le discernement, et non par des slogans simplistes et émotionnels.

Alors, aux auteurs de cet article : cessez de prétendre que tout Français détenu à l’étranger est innocent. Cessez de transformer des exceptions en règles. Cessez de dramatiser pour masquer la complexité du monde. La vérité dérangeante est simple : tous les Français détenus à l’étranger ne sont pas des innocents, et la France ne peut protéger ses citoyens que si elle agit avec intelligence, rigueur et discernement.

La justice n’attend pas les slogans. La vérité non plus.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/

 

Israël–Gaza : la guerre que les médias ne racontent pas

 « Les médias israéliens sont comme un médecin qui cache l’état de santé de son patient. »
Cette phrase, tirée d’un article publié dans la presse israélienne, résume à elle seule l’ampleur du malaise moral et politique qui traverse la société israélienne depuis le déclenchement de la guerre de Gaza. En refusant de montrer la réalité des destructions, en réduisant le drame palestinien à des statistiques, ou en se réfugiant derrière le langage sécuritaire, une grande partie des médias israéliens ont participé à une entreprise de déni collectif.
Mais ce silence n’est pas seulement celui des journalistes : il est aussi celui du public, de l’État et, plus largement, de l’Occident tout entier.

Un silence médiatique structurel : la parole verrouillée au nom de la sécurité

Depuis le 7 octobre, la presse israélienne opère dans un contexte de guerre où la censure militaire encadre strictement toute information liée aux opérations à Gaza. Les autorités invoquent des impératifs de sécurité nationale, mais ce cadre est devenu, de facto, un instrument de contrôle narratif. Les rédactions se conforment à une vision unique du conflit : Israël comme victime, le Hamas comme incarnation du mal absolu, et Gaza comme un théâtre d’opérations dépourvu d’êtres humains.

Cette ligne éditoriale dominante ne relève pas uniquement d’une peur institutionnelle, mais d’une adhésion idéologique. De nombreux médias, notamment audiovisuels, se sont transformés en caisses de résonance du discours gouvernemental, réduisant les débats à des considérations militaires et occultant les dimensions politiques, humanitaires et juridiques du conflit. Les rares voix dissidentes Haaretz, +972 Magazine, ou encore les ONG comme B’Tselem et Gisha  sont marginalisées, taxées d’anti-patriotisme ou accusées de trahir la nation en temps de guerre.

Ainsi, le silence médiatique n’est pas simplement le fruit d’une censure imposée, mais d’un consensus implicite : ne pas troubler la conscience nationale, ne pas fissurer le récit collectif.

Le déni du public : un silence partagé et volontaire

Pourtant, comme le souligne l’article, « le public n’a pas voulu savoir, ou alors il sait et s’en fiche ». Cette phrase révèle une vérité plus dérangeante encore : le silence des médias répond à la demande d’un public qui ne veut pas voir. Dans un contexte d’insécurité et de peur, l’information devient une consommation émotionnelle ; elle ne doit pas déranger, mais rassurer.

Cette dynamique n’est pas propre à Israël. Dans toute société en guerre, la dissonance cognitive pousse les citoyens à refuser les vérités qui ébranlent leur identité nationale. Mais ici, la situation est plus profonde : le silence devient une forme de participation symbolique au conflit. En acceptant de ne pas savoir, en choisissant de croire que « tout est sous contrôle », le public israélien protège son propre confort moral.

Il ne s’agit donc pas d’un peuple manipulé, mais d’un peuple qui collabore à son propre aveuglement. C’est pourquoi, comme le rappelle Haaretz, aucun citoyen israélien ne peut honnêtement affirmer : « Nous ne savions pas. »
Les informations existaient, accessibles à tous sur Internet, publiées par des journalistes courageux. Mais la majorité a préféré détourner le regard. Ce silence collectif traduit une crise morale autant qu’une faillite médiatique.

La rhétorique du « bouclier humain » : une justification du massacre

L’un des éléments les plus révélateurs de cette cécité volontaire est la manière dont les médias et le discours public justifient les bombardements massifs à Gaza. L’argument récurrent« le Hamas se cache derrière les civils » sert de caution morale à une politique de destruction totale.
Or, comme le rappellent certains commentateurs, l’écrasante supériorité militaire d’Israël (huit soldats pour un combattant palestinien) rend caduque cette excuse. Le droit international humanitaire impose des limites à la force, même contre un ennemi jugé terroriste.

Mais dans la sphère médiatique israélienne, ces nuances disparaissent. Les victimes palestiniennes deviennent des « dommages collatéraux », des statistiques abstraites. Le langage militaire anesthésie la compassion. Ainsi, le silence n’est pas seulement absence de parole : il est substitution de mots, travestissement du réel, effacement du visage humain de l’autre.

Cette déshumanisation n’est pas sans conséquences. Elle légitime l’impunité et, à long terme, nourrit la radicalisation de part et d’autre. Le silence devient alors une arme morale, plus destructrice encore que les bombes.

Un silence occidental en miroir : la complicité globale de l’information

Le texte met justement en lumière un paradoxe inquiétant : le silence des médias israéliens trouve un écho dans les rédactions occidentales. Aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni ou en Australie, de nombreux journalistes reprennent sans vérification les communiqués de Tsahal, occultant les témoignages palestiniens ou minimisant la gravité du drame humanitaire.

Cette censure officieuse s’exerce non par interdiction directe, mais par conformisme idéologique, par peur d’être accusé d’antisémitisme, ou simplement par inertie professionnelle. Résultat : la couverture médiatique internationale de Gaza s’aligne sur le discours israélien, renforçant la perception d’une guerre « juste » contre le terrorisme.

Pourtant, sur les réseaux sociaux, des millions d’images, de vidéos et de témoignages contredisent ce récit officiel. Le fossé entre la vérité visible et la vérité publiée devient abyssal. Ce décalage alimente une méfiance généralisée envers les médias traditionnels et révèle une crise profonde du journalisme occidental : celle de la dépendance au pouvoir et de la peur du réel.

Le prix du silence : une responsabilité historique

Le silence médiatique israélien et, par extension, occidental  n’est pas neutre. Il a un coût : celui de l’impunité, du prolongement du conflit et de la banalisation du mal.
Lorsqu’un peuple choisit de ne pas voir, lorsqu’une presse se tait ou détourne les yeux, ce n’est pas seulement la vérité qu’elle enterre, mais sa propre humanité.
L’histoire a déjà connu ce type de déni collectif. Après la Seconde Guerre mondiale, certains disaient : « Nous ne savions pas. » Aujourd’hui, cette excuse ne tient plus. Les images de Gaza sont partout. Ce qui manque, ce n’est pas l’information, c’est la volonté morale de la regarder.

La presse a pour mission d’informer, mais aussi de réveiller les consciences. Lorsqu’elle renonce à cette fonction, elle devient complice du pouvoir qu’elle devrait questionner. En refusant de nommer les choses un siège, un apartheid, un massacre, les médias israéliens et occidentaux contribuent à normaliser l’inhumain.

Haaretz et quelques rares journalistes courageux demeurent les exceptions d’une époque où le courage moral est devenu suspect. Mais ils rappellent une vérité essentielle : le silence n’est jamais neutre. Il est un choix politique, un acte de pouvoir. Et parfois, il tue.

Conclusion

Le silence des médias israéliens n’est ni accidentel, ni purement institutionnel. Il est le reflet d’un déni collectif, d’une peur de la vérité et d’un refus de responsabilité morale.
Ce silence, reproduit et amplifié par les médias occidentaux, participe à la perpétuation d’un système d’oppression et à la banalisation de la violence.

Un jour, comme le prédit l’article, « le grand public exigera des réponses sur le silence des médias ». Mais encore faut-il qu’il ait le courage de poser les bonnes questions. Car tant que les sociétés préféreront le confort du mensonge à la douleur de la vérité, les guerres continueront et les journalistes continueront d’écrire pour ne rien dire.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/

 

 

Le discours royal du Makhzen : la grandeur des mots face au silence du réel

 

Le 10 octobre 2025, le roi Mohammed VI a prononcé son discours d’ouverture du Parlement, un rendez-vous institutionnel majeur au Maroc. Si la presse officielle y a vu un moment de “grande vision” et de “stabilité monarchique”, de nombreux observateurs y lisent au contraire les signes d’un pouvoir de plus en plus coupé du terrain. Derrière la rhétorique du “temps long” et de la “cohérence d’État”, le malaise social s’accentue et les mots ne suffisent plus à masquer le décalage entre la monarchie et son peuple.

Un éloge médiatique convenu

Les journaux les plus proches du pouvoir n’ont pas tardé à saluer la “profondeur” du discours royal. Selon eux, Mohammed VI aurait rappelé la sagesse d’une gouvernance fondée sur la continuité, la patience et la cohérence entre développement économique et justice sociale.
Le ton des articles parus au lendemain de l’allocution, souvent empreint de vénération, conforte une lecture institutionnelle du rôle du monarque : celui d’un arbitre visionnaire, au-dessus des contingences politiques et des “emballements conjoncturels”.

Mais cette lecture lisse et laudative élude une question essentielle : à qui s’adressait vraiment ce discours ? Car dans les rues de Casablanca, Fès ou Ouarzazate, rares sont ceux qui en ont compris le sens, encore moins la portée. Pour beaucoup, ce fut un moment de rhétorique formelle, sans lien avec les urgences économiques et sociales du moment.

Une rhétorique du “temps long” qui lasse

Le Roi a insisté sur la “gouvernance dans le temps long”, sur “la cohérence” et “le cap stratégique” du Royaume. Ces formules récurrentes, déjà présentes dans ses précédents discours, traduisent une vision d’État centrée sur la stabilité et la planification à long terme.
Or, dans un Maroc où la jeunesse peine à trouver un emploi, où les prix explosent et où les écarts territoriaux se creusent, cette invocation du long terme résonne comme une fuite devant les réalités immédiates.

Les Marocains n’attendent plus des discours de méthode, mais des réponses concrètes : comment freiner la hausse du coût de la vie ? Comment relancer un marché du travail saturé ? Comment faire reculer la pauvreté rurale ? Autant de questions qui restent sans réponse, tandis que la communication officielle préfère insister sur la “vision royale”.

Entre cohérence proclamée et contradictions du modèle

L’un des passages les plus commentés du discours affirme qu’“il ne devrait y avoir ni antinomie ni rivalité entre les grands projets nationaux et les programmes sociaux”.
En théorie, cette phrase traduit une philosophie équilibrée ; en pratique, elle masque une contradiction persistante : le Maroc investit massivement dans les grands chantiers — infrastructures, tourisme, zones franches mais peine à redistribuer les fruits de cette croissance.

Les inégalités territoriales demeurent criantes. Les régions rurales, notamment dans le Haut Atlas et le Sud-Est, continuent d’accuser un retard flagrant en matière d’accès à la santé, à l’éducation et à l’emploi.
Le discours royal parle d’un “Maroc solidaire”, mais la réalité montre un Maroc à deux vitesses : celui des pôles économiques mondialisés, et celui d’une périphérie laissée à elle-même.

La justice sociale, un slogan vidé de sens

Depuis plusieurs années, la “justice sociale” revient comme un leitmotiv dans les allocutions royales. Pourtant, cette notion semble avoir perdu sa substance.
Loin d’être traduite en politiques publiques visibles, elle se réduit à une formule rituelle, évoquée sans jamais être mesurée.
Le système de protection sociale peine à se concrétiser, les filets de sécurité économique restent fragiles et les réformes annoncées, notamment dans l’éducation et la santé, se heurtent à des retards structurels.

Pour une grande partie des Marocains, ces mots finissent par sonner creux. La répétition de promesses non suivies d’effets entretient un sentiment de distance et d’impuissance : celle d’un peuple qui écoute, sans jamais être entendu.

Le fossé entre la parole royale et la réception populaire

Selon plusieurs observateurs locaux et étrangers, la réception du discours fut marquée par une indifférence quasi générale. Sur les réseaux sociaux marocains, peu de débats, encore moins d’enthousiasme : un silence numérique révélateur.
Cette absence de réaction n’est pas anodine ; elle traduit un phénomène plus profond : le déclin de la portée symbolique de la parole royale.

Autrefois perçus comme des moments d’attente et d’unité, les discours du souverain semblent désormais suivre une routine institutionnelle, où la forme prend le pas sur le fond.
L’écart entre les mots du pouvoir et les préoccupations réelles logement, emploi, santé, dignité se creuse à chaque allocution.

Une communication verrouillée et sans relais politiques

Le discours royal met en avant les devoirs du Parlement et la responsabilité des élus. Mais dans un système où les décisions stratégiques sont fortement centralisées, cette injonction reste symbolique. Le Parlement marocain, souvent critiqué pour son manque de pouvoir réel, ne peut que valider les grandes orientations venues du Palais. Les partis politiques, eux, souffrent d’une crise de crédibilité historique : déconnectés du terrain, sans ancrage idéologique fort, ils n’incarnent plus de contrepoids démocratique.

Résultat : la parole royale, omniprésente, s’impose comme unique boussole, mais sans relais institutionnels efficaces pour en traduire les ambitions.
Ce déséquilibre crée une gouvernance verticale, où la légitimité symbolique du Roi remplace les mécanismes de responsabilité politique.

Le mythe de la stabilité

La monarchie marocaine a toujours su se présenter comme le garant de la stabilité dans une région instable. Mais cette stabilité, à force d’être érigée en dogme, devient un frein à la réforme.
Dans un pays où la contestation sociale gronde et où les jeunes peinent à s’identifier à un projet collectif, la stabilité ne peut suffire à masquer les fissures sociales.

Un État stable mais inégalitaire n’est pas un État apaisé ; c’est un État qui retarde l’inévitable confrontation avec les attentes populaires.

Conclusion : quand la parole s’épuise

Le discours du 10 octobre se voulait un acte de continuité et de cohérence. Mais il a surtout confirmé le décalage entre le sommet et la base, entre la grandeur des mots et la dureté du quotidien. Le Maroc ne manque pas de visions ; il manque de traduction concrète, de politiques inclusives, de réponses tangibles aux souffrances sociales.

À force de célébrer la stabilité et la patience, le pouvoir marocain risque de perdre le lien le plus précieux : celui de la confiance.
Et sans cette confiance, la parole royale, si brillante soit-elle, risque de résonner dans le vide.

Ce discours intervient dans un climat marqué par des tensions sociales récentes : la hausse du coût de la vie, le chômage des jeunes et les inégalités territoriales ont suscité des mouvements de protestation. En insistant sur la solidarité nationale et la responsabilité partagée, le Roi a totalement ignorait les revendications du peuple, le discours reste déconnecté des réalités, n’a fait qu’accentuer la frustration.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/

 


Gaza debout : la victoire d’un peuple qui refuse de disparaître

On ne détruit pas un peuple en bombardant ses maisons. On ne gagne pas contre ceux qui se battent pour respirer.”

Deux ans de guerre, deux ans de feu, deux ans d’horreur. Et pourtant, Gaza tient.
Ce texte n’est pas une analyse diplomatique : c’est un cri. Une colère froide contre le colonialisme, l’hypocrisie internationale et le silence des puissants. Un manifeste pour la dignité d’un peuple qu’aucun bombardement n’a pu soumettre.

Cessez-le-feu : le cri du monde contre le mensonge

En deux ans de combats, Israël n'a même pas réussi à vaincre le Hamas et ses alliés. Tout ce qu'ils pouvaient faire, c'était commettre un génocide, reportant leur frustration sur les femmes, les enfants, les hôpitaux et les personnes affamées faisant la queue pour se nourrir. Les principes fondamentaux de cet accord – un échange de prisonniers, la fin du blocus de Gaza, le retrait du Hamas au profit d'un front palestinien uni soutenu par les pays de la région – auraient pu être conclus le 8 octobre 2023. Cela aurait épargné à Israël la délégitimation totale dont il souffre après deux ans de génocide.

Autrement dit, au moins un ralentissement du génocide sioniste en Palestine, qui dure depuis au moins 1948 et qui bat son plein depuis deux ans. C’est une victoire pour la résistance palestinienne

Ce qu’ils appellent un cessez-le-feu n’est pas un accord.
C’est un sursis, un aveu, une fissure dans la façade du mensonge.
Après deux ans d’horreur, deux ans de sang, deux ans de cendres, le pouvoir colonial s’essouffle. Il a épuisé ses bombes, son récit, sa morale. Il ne reste que le silence des ruines et les cris des survivants.

“Le peuple qu’ils ont voulu effacer s’est fait miroir : miroir du courage, miroir de la honte du monde.”

Pendant deux ans, Gaza a été crucifiée devant le monde. Les hôpitaux ont brûlé. Les écoles ont explosé. Les visages des enfants sont devenus les archives du crime.
Et malgré tout cela, malgré la faim, malgré l’isolement, la Palestine n’a pas plié.

Deux ans d’enfer, deux ans d’échec

Deux ans de bombardements pour rien.
Deux ans pour prouver ce que le monde savait déjà : on ne tue pas un peuple en détruisant ses maisons.
Et le monde sait désormais ce qu'est réellement ce soi-disant Israël. En substance, cette fausse nation a signé son arrêt de mort en choisissant d'attaquer les civils palestiniens et de les massacrer, de massacrer les gens dans les hôpitaux, de massacrer les personnes faisant la queue pour obtenir de l'aide, et de se livrer à des actes odieux répétés, dont nous avons tous pu être témoins pendant deux ans. Alors maintenant, ils sont enfin contraints d'arrêter. Ils comprennent que si cela continue, ils imploseront. Leur légitimité disparaîtra complètement, et le monde entier les coupera des vivres, et ce sera la fin.

On ne gagne pas contre un peuple qui se bat pour respirer.
Israël a voulu anéantir la résistance, et c’est lui qui s’est effondré moralement.

Ses chars ont traversé Gaza, mais pas la vérité.
Ses avions ont rasé des quartiers entiers, mais pas l’idée de justice.
Ses discours ont tenté de transformer le crime en défense, mais la planète entière a vu, en direct, l’indéfendable.

“Plus il parle de sécurité, plus il révèle ce qu’il est : un régime de terreur bâti sur la dépossession et l’impunité.”

Le monde complice, le monde témoin

Et que dire du reste du monde ?
Des puissances occidentales qui ont armé, financé, justifié le massacre ?
Elles ont tout vu. Elles savaient. Et elles ont choisi. Choisi la complicité, le commerce, le cynisme. Leurs mains sont aussi tachées que celles des pilotes qui ont frappé Gaza.

Et les États arabes ? Silence, calculs, trahisons.
Ils ont troqué la Palestine contre des alliances, des contrats, des trônes. Pendant que Gaza brûlait, ils parlaient “d’opportunités économiques”.

Le monde a été contraint d’observer la malveillance de ce soi-disant État d’Israël et sa nature intrinsèquement génocidaire. Après deux ans d’observation, je pense que le monde a atteint le point où il ne tolérera rien de moins que la libération totale de la Palestine, du fleuve à la mer. Ce qui me semble toujours souhaitable et peut-être le plus probable si le processus de cessez-le-feu et la solution à deux États qui y est associée échouent

Mais les peuples, eux, n’ont pas renoncé.
Du Caire à Paris, de Tunis à New York, des millions de voix se sont levées.
Chaque marche, chaque drapeau levé, chaque cri pour la Palestine est devenu un verdict contre le mensonge.

L’occupation chancelle

Israël a voulu démontrer sa force ; il n’a montré que sa peur. Peur d’un peuple qui résiste. Peur d’un récit qui s’écroule. Peur d’un monde qui commence à ouvrir les yeux. Car l’État israélien, fondé sur l’idée d’une supériorité et sur un droit absolu à la violence, a dévoilé sa vraie nature : celle d’un projet colonial qui ne peut survivre qu’en détruisant la vie des autres.

La défaite n’est pas seulement militaire : elle est morale, symbolique, existentielle. En croyant écraser Gaza, le pouvoir israélien a détruit sa propre image. L’humanité entière a vu les crimes, les enfants sous les décombres, les hôpitaux bombardés. Elle a vu le mensonge s’effondrer.

Ce cessez-le-feu n’est pas la paix. C’est une pause arrachée par la peur du désastre total.
Ce n’est pas la victoire du pouvoir, c’est celle de la vérité.

Car la victoire de la Palestine ne se mesure pas en kilomètres, mais en dignité.
Chaque maison reconstruite, chaque drapeau relevé, chaque enfant qui prononce le mot “liberté” est une défaite pour l’occupant.

“Israël a cru qu’en tuant les enfants, il tuerait l’avenir.
Mais c’est son propre avenir qu’il a condamné.”

Le temps des comptes

Le temps viendra.
Celui où les tribunaux nommeront les coupables.
Celui où les complices devront répondre.
Et ce jour-là, les mêmes qui se taisaient aujourd’hui joueront les innocents.
Mais l’histoire, elle, les a déjà jugés.

La Palestine ne réclame pas la pitié, mais la justice.
Elle ne veut pas des discours de paix, mais la fin de l’occupation.
Ce cessez-le-feu n’est qu’une étape : le combat continu.

La Palestine debout

Je pense que la situation a changé pour ceux qui prônent une solution à deux États. Nous avons eu les accords dits d'Abraham, qui ont préparé le terrain pour ce génocide. Le problème, c'est qu'ils n'ont pas pris en compte la réalité : tous ces efforts de paix reposaient sur les accords de Camp David et le processus de paix qui exigeait essentiellement le retrait des sionistes de tout le territoire qu'ils occupaient en 1967. Et cela en échange d'un État palestinien pleinement souverain. Et cela devait se produire rapidement, et cela fait maintenant plus de trois décennies.

Le monde entier a vu ce que deux ans de barbarie ont produit : la révélation.
La vérité nue. Le colonialisme mis à nu, sans prétexte, sans parure.
Et au milieu des ruines, un peuple debout, entier, irréductible.

“Chaque ruine dit la même phrase : Nous sommes encore là.”

Israël a voulu effacer un mouvement, il a effacé sa propre légitimité. Le monde entier a vu ce qu’est devenu le projet sioniste : une machine coloniale, raciste, aveugle.

Les capitales arabes ont détourné le regard. Les puissances occidentales ont envoyé des armes, pas de médicaments. Leur silence a couvert le bruit des bombes. Mais ce silence se fissure, car les peuples, eux, ont parlé.

Cette trêve est une respiration dans la lutte. Elle annonce la suite : la fin du mensonge des “deux États”, la fin du mythe d’un Israël démocratique, la fin du chantage à la peur.

La résistance n’a pas seulement survécu : elle a vaincu moralement.

Ce cessez-le-feu n’efface rien. Mais il prouve que la force brute ne suffit pas à éteindre la justice. Et tant qu’un seul Palestinien respirera sous ce ciel, tant qu’une seule main relèvera le drapeau, le combat ne sera pas fini.

Conclusion : le cirque des puissants

Et pendant que les bombes tombaient, certains rêvaient encore d’un sauveur.
Ils pensaient qu’un homme venu d’ailleurs allait “remettre Israël à sa place”.
Ils pensaient qu’un cessez-le-feu signé dans le sang pouvait être un début de paix.
Ils pensaient qu’un prix Nobel suffirait à transformer les bourreaux en diplomates.
C’est du délire.

Les puissants ne sauvent personne.
Ils signent des accords sur les ruines, se félicitent de leur “rôle historique”, puis s’en vont en laissant les morts derrière eux.
Les empires ne changent pas : ils déplacent leurs frontières, infiltrent les économies, dictent leurs lois, occupent sans uniforme.

Pendant que la Palestine se bat pour respirer, les alliances se font et se défont dans les palais dorés.
Les dirigeants les plus riches de la région regardent ailleurs, comptent leurs profits, négocient leur survie politique.
Ils ont renoncé à la justice pour préserver leurs trônes.

Mais les peuples, eux, n’ont pas renoncé.
Ils savent que les cartes changent, mais que le système reste le même : la violence au service du pouvoir.
Et tant que ce monde acceptera que l’impunité fasse la loi, la colère ne se taira pas.

“La Palestine n’attend plus les sauveurs.
Elle s’est faite elle-même son salut, dans la douleur et la poussière.
Et c’est ce qui la rend invincible.”

Les oppresseurs tombent. Les peuples restent. La Palestine vivra. Du fleuve à la mer, la liberté passera.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/