L’article
récemment publié sur les Français détenus à l’étranger se présente comme un cri
d’indignation patriotique : nos ressortissants seraient systématiquement
victimes d’injustices, et la France serait impuissante à les protéger. Cette
vision manichéenne et sensationnaliste mérite d’être dénoncée. Il est temps de
rappeler une vérité simple mais inconfortable : tous les Français détenus à
l’étranger ne sont pas des innocents, et peindre chacun d’entre eux comme
une victime irréprochable est non seulement faux, mais dangereux pour la
crédibilité de la diplomatie et de lajustice.
L’émotion ne fait pas la justice
L’article
multiplie les formules chocs : « otages », « tragique étau », « conditions
inhumaines ». Ces mots dramatiques ne remplacent ni les preuves ni l’analyse
juridique. Il est trompeur d’assimiler systématiquement détention à injustice.
La France agit régulièrement pour protéger ses citoyens – mais discrètement et
avec méthode, non sous les feux des projecteurs. La dramatisation émotionnelle
sert à masquer la complexité réelle des situations.
Sélection d’exemples biaisée
Boualem
Sansal, Christophe Gleizes, Frédéric Pierucci : l’article utilise des exemples
spectaculaires pour prétendre que la détention arbitraire est la norme. Cette
méthode est trompeuse. Ce sont des exceptions, pas la règle. La majorité
des Français détenus à l’étranger le sont pour des motifs sérieux et
documentés. Utiliser des anecdotes médiatiques pour généraliser à tous les
citoyens relève d’un biais flagrant et dangereux
La fiction de l’innocence généralisée
L’article
donne l’impression que tout Français détenu à l’étranger est un martyr
innocent. La réalité est autre : Certains ont effectivement été victimes de
régimes autoritaires ou de détentions arbitraires. D’autres ont commis des
infractions graves, économiques ou politiques, qui justifient leur arrestation
selon le droit local.
Il est
irresponsable de faire croire que chaque citoyen emprisonné est un héros
persécuté. Cette vision flatteuse de la France et de ses ressortissants ignore
la responsabilité individuelle et l’existence de Français coupables de faits
sérieux à l’étranger.
La saisine
automatique de l’ONU : illusion et danger
Les auteurs
proposent de saisir automatiquement le GTDA de l’ONU pour chaque Français
détenu. Une idée séduisante, mais naïve : Les États souverains peuvent refuser
toute coopération et interpréter la démarche comme une pression politique, augmentant
le risque pour le détenu. Le GTDA n’a pas de force coercitive : ses
décisions sont consultatives.
Présenter cette solution comme un remède universel relève de la naïveté diplomatique. Elle ne protège pas les innocents et peut mettre en danger ceux qui ont effectivement commis des actes condamnables.
Chiffres et alarmisme : une rhétorique sans fondement
L’article
affirme que 5 à 10 % des 2 300 Français détenus seraient arbitrairement
emprisonnés. Ce chiffre est totalement spéculatif et sert uniquement à
renforcer le sentiment d’urgence et d’injustice. Aucune preuve solide n’est
avancée. Il est irresponsable de transformer des hypothèses en certitudes pour
justifier une action diplomatique radicale.
Vision
manichéenne et dangereuse de la diplomatie
L’article
oppose « États oppresseurs » et « France inactive ». Cette simplification est
fausse et dangereuse. La diplomatie repose sur le discernement, la négociation,
la coopération internationale et parfois la discrétion. Imposer une vision
binaire fait passer la France pour faible et naïve, tout en ignorant que
certains de nos compatriotes sont responsables de leurs propres mésaventures à
l’étranger.
La vérité
dérangeante : tous ne sont pas victimes
L’article
insiste sur la victimisation totale de nos concitoyens détenus à l’étranger,
mais la réalité est différente : Certains Français sont impliqués dans des
affaires économiques ou politiques sérieuses, justifiant leur détention selon
le droit local. Peindre tous les détenus comme des victimes innocentes est un
mensonge partiel, qui dessert à la fois la France et la cause des droits de
l’homme.
Il faut
défendre les Français injustement détenus, certes, mais sans ignorer la
responsabilité de ceux qui ne sont pas innocents. Les exagérations de
l’article alimentent le mythe d’une justice à sens unique, où le citoyen français
serait toujours le bon et l’étranger toujours le méchant. C’est faux et
contre-productif.
Conclusion :
nuance, rigueur et responsabilité
Protéger les
Français à l’étranger est une priorité légitime. Mais cela exige :
Prudence et
discernement, pour
distinguer victimes d’arrestations arbitraires et citoyens responsables de
leurs actes.
Rigueur
juridique, pour que
chaque intervention diplomatique repose sur des preuves et non sur l’émotion.
Réalisme
international, car la
souveraineté des États et la complexité diplomatique imposent des stratégies
adaptées.
L’article,
sous couvert de défense des droits de l’homme, ignore volontairement la
responsabilité individuelle et la complexité des affaires internationales, pour
mieux construire le récit sensationnaliste d’une France passive face à des
injustices universelles. Il est temps de rappeler que tous les Français détenus
à l’étranger ne sont pas des innocents, et que la protection des citoyens passe
avant tout par la rigueur, la nuance et le discernement, et non par des slogans
simplistes et émotionnels.
Alors, aux auteurs de cet article : cessez de prétendre que tout Français
détenu à l’étranger est innocent. Cessez de transformer des exceptions en
règles. Cessez de dramatiser pour masquer la complexité du monde. La vérité
dérangeante est simple : tous les
Français détenus à l’étranger ne sont pas des innocents, et la France ne peut
protéger ses citoyens que si elle agit avec intelligence, rigueur et
discernement.
La justice n’attend pas les slogans. La vérité non plus.
Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient
comme ça. »
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