Parfois il m'est utile de le dire !

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Quand la mémoire et l’histoire sont instrumentalisées pour imaginer Israël en autarcie

                                    

La reconnaissance de l’État de Palestine par Emmanuel Macron a suscité des réactions diverses, révélant les fractures profondes qui traversent le débat sur le conflit israélo-palestinien. Parmi elles, un article paru dans une presse d’extrême droite illustre un phénomène plus large : la mobilisation d’un récit identitaire pour encadrer le regard du lecteur. Dans plusieurs pays européens, l’extrême droite utilise la presse, les réseaux sociaux et les analyses historiques sélectives pour transformer des débats diplomatiques en batailles symboliques. Ces discours ne cherchent pas à informer, mais à renforcer un sentiment d’urgence identitaire, à mobiliser un électorat et à réduire la complexité du monde à des binarismes simplistes. L’article en question offre un exemple frappant de ce mécanisme, et mérite d’être décortiqué pour en montrer les ressorts et les contradictions internes.

La mémoire juive comme instrument politique : Israël  associe la reconnaissance de la Palestine à une offense au peuple juif, notamment en raison de la coïncidence avec Roch Hachana. Ce lien symbolique transforme un geste diplomatique en provocation religieuse, sans preuve d’intentionnalité.
La contradiction majeure est historique et idéologique : la presse d’extrême droite, longtemps marquée par l’antisémitisme, se présente aujourd’hui comme protectrice des Juifs. Mais cette protection est sélective, valable uniquement lorsqu’elle permet de désigner un nouvel ennemi – « l’islam » – et d’amalgamer toute cause palestinienne avec l’antisémitisme. La mémoire juive est ainsi instrumentalisée au service d’un récit identitaire.

L’histoire utilisée comme arme : Le texte multiplie les références historiques – Hadrien, la conférence de San Remo, la résolution 181, Glubb Pacha – pour conférer une légitimité apparente à son argumentaire.
Cependant, l’histoire y est sélective et orientée : elle ne retient que les éléments qui légitiment la thèse d’une illégitimité palestinienne. Les épisodes qui contredisent ce récit, tels que la Nakba, l’occupation, les colonies ou les résolutions internationales sur le droit des Palestiniens à l’autodétermination, sont absents. L’histoire n’est pas analysée pour comprendre, mais mobilisée comme arme politique.

L’essentialisation des Palestiniens : Le texte insiste sur la corruption, la violence et la supposée culture de haine des Palestiniens, réduisant un peuple entier à une essence immuable.
Ce mécanisme reproduit un modèle historiquement appliqué aux Juifs : l’essentialisation. Le contraste est frappant : l’essentialisation est dénoncée lorsqu’elle vise les Juifs, mais appliquée sans nuance aux Palestiniens. Il s’agit d’un double standard idéologique, qui nie la capacité des Palestiniens à se constituer comme sujets politiques autonomes.

Israël valorisé, mais à contre-emploi : Israël est présenté comme un bastion civilisationnel et démocratique. Pourtant, cette vision occulte la complexité d’une société plurielle, composée de multiples identités et traversée par des tensions internes.
La contradiction est manifeste : l’extrême droite française rejette le multiculturalisme et la pluralité des identités dans son propre pays, mais encense ces mêmes caractéristiques lorsqu’elles servent à défendre Israël comme rempart civilisationnel. Israël n’est pas célébré pour ce qu’il est, mais pour sa fonction symbolique dans un récit identitaire.

La souveraineté à sens unique : L’extrême droite revendique la souveraineté et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Or, ce principe est systématiquement refusé aux Palestiniens, dont l’autodétermination est décrite comme illégitime ou dangereuse.
La souveraineté devient ainsi un privilège idéologique, accordé selon la légitimité attribuée par le narratif nationaliste et non selon un principe universel de droit des peuples.

Le seul et unique responsable de cette situation s'appelle sionisme. Car c'est du sionisme que découlent depuis 1948 meurtres de masse, assassinats, épuration ethnique, colonisation, expulsion des autochtones, accaparement de terres, racisme et suprémacisme. Parce qu'il ne produit que mort, désolation, crimes de guerre et crimes contre l'humanité - parmi lesquels le crime suprême qu'est le génocide-, le sionisme, idéologie occidentale doit être dénoncé devant l'Histoire et la justice des hommes.

La force des mots dénoncée et mobilisée : la presse pro-Israëlienne critique Macron pour sa diplomatie « verbale ». Mais sa démonstration repose elle-même sur la force des mots et des symboles : la date de Roch Hachana, l’origine du mot « Palestine », les couleurs du drapeau.
Il y a une contradiction évidente : on dénonce la performativité des mots tout en construisant un raisonnement basé sur leur pouvoir symbolique. La rhétorique elle-même devient l’instrument principal de persuasion.

Une solidarité juive conditionnelle : la presse pro-israélienne prétend défendre les Juifs, mais ne reconnaît que les voix qui confortent son récit : intellectuels critiques de la colonisation, ONG israéliennes ou militants progressistes sont ignorés ou disqualifiés. La solidarité n’est pas universelle, mais conditionnée par l’adhésion à un récit identitaire.

Conclusion : les risques d’un récit fermé : la presse pro-israélienne illustre une logique connue : transformer un débat politique complexe en opposition binaire et simpliste, où Israël symbolise la légitimité et la modernité, et la Palestine incarne la menace et l’archaïsme. Il ne s’agit pas d’une analyse, mais d’une rhétorique de combat identitaire, fondée sur l’instrumentalisation de la mémoire, l’usage sélectif de l’histoire et l’essentialisation des adversaires.

La lecture attentive de ces textes révèle aussi les contradictions internes : mémoire juive invoquée tout en niant l’antisémitisme historique de certains milieux, célébration d’Israël tout en rejetant ses complexités internes, dénonciation des mots tout en les utilisant comme preuve. Ces contradictions montrent que l’objectif n’est pas la cohérence intellectuelle, mais la mobilisation idéologique et émotionnelle.

Plus largement, ce type de discours pose un risque démocratique et intellectuel : en enfermant le débat dans un récit clos et manichéen, il empêche la nuance, le dialogue et la réflexion critique. Comprendre ces mécanismes est essentiel pour distinguer analyse politique et rhétorique de combat identitaire, et pour préserver un espace de débat public fondé sur l’information et la complexité plutôt que sur la peur et l’essentialisation.

L’analyse sur la presse pro-Israëlienne révèle que son objectif n’est pas d’éclairer les enjeux géopolitiques ou diplomatiques, mais de construire un récit idéologique structuré autour de trois mécanismes principaux :

Victimisation de la mémoire juive : elle est mobilisée pour délégitimer toute reconnaissance de l’État palestinien. La souffrance et l’histoire du peuple juif sont transformées en arguments politiques, instrumentalisées pour justifier un positionnement unilatéral et disqualifier symboliquement toute initiative de dialogue.

Sélection historique partiale : en choisissant certains événements et en omettant d’autres, l’article construit une continuité d’illégitimité palestinienne. Les épisodes qui pourraient nuancer le récit – la Nakba, l’occupation, les colonies ou les résolutions internationales – sont ignorés, donnant l’impression d’une Palestine historiquement contestable et politiquement incapable.

Effacement de la complexité et des responsabilités israéliennes : le conflit est réduit à une opposition binaire entre un Israël toujours légitime et des Palestiniens intrinsèquement incapables ou corrompus. Cette simplification masque la multiplicité des acteurs, des trajectoires et des enjeux qui façonnent le conflit depuis un siècle.

Ces mécanismes montrent que l’article relève moins d’une analyse que d’une rhétorique de combat identitaire, conçue pour mobiliser, exclure et polariser. La lecture attentive de tels textes est indispensable pour préserver un espace de débat public nuancé, fondé sur la complexité, le dialogue et l’information, et non sur la peur, l’essentialisation ou la manipulation symbolique.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

 


La France/Israël : la diplomatie devient spectacle et la justice un impératif

 

Introduction : Le paradoxe de la reconnaissance

Gaza brûle. Les enfants meurent de faim. Les maisons tombent en ruines. Les hôpitaux manquent de tout. La France parle de reconnaissance. Mais que vaut un mot quand le sang coule sur le béton et que les cris étouffés résonnent sous les décombres ?

Reconnaître la Palestine n’est pas un geste diplomatique neutre. C’est l’aveu qu’un droit fondamental a été bafoué depuis des décennies. Mais si la reconnaissance n’est pas accompagnée d’actions concrètes — sanctions, embargos, pressions économiques — elle devient une illusion morale, un alibi pour détourner le regard du génocide en cours.

Gaza brûle. Les enfants meurent de faim. Les maisons tombent en ruines. Les hôpitaux manquent de tout. La France parle de reconnaissance. Mais que vaut un mot quand le sang coule sur le béton ? Quand les cris étouffés résonnent sous les décombres ? Quand chaque jour d’inaction permet à la violence de continuer ?

Reconnaître la Palestine comme État n’est pas un geste diplomatique anodin. C’est l’aveu qu’un droit fondamental a été bafoué pendant des décennies, que la communauté internationale a fermé les yeux trop longtemps. Mais reconnaître sans agir, c’est transformer la justice en spectacle, c’est offrir une illusion à ceux qui souffrent réellement. Une illusion qui sert à détourner le regard du génocide en cours, et à offrir aux puissances occidentales un alibi moral : « Nous avons reconnu. Nous avons parlé. »

Depuis octobre 2023, Gaza est un champ de ruines. Les bombardements massifs ont pulvérisé des quartiers entiers. Les familles déplacées à répétition se retrouvent sans abri, rejetées dans la rue, privées même d’un refuge temporaire. La famine organisée, les maladies non soignées, les épidémies qui ravagent les populations affaiblies complètent le tableau d’une destruction planifiée. Ce n’est pas un accident de guerre. C’est une stratégie systématique, conçue pour effacer Gaza de la carte, pour anéantir sa population. Des enfants meurent de faim, des malades succombent faute de soins, des familles entières sont réduites à l’exil. Et pourtant, les chancelleries européennes préfèrent célébrer des gestes symboliques plutôt que d’agir.

La diplomatie européenne se drape dans le langage des principes. Elle parle de droits, de reconnaissance, de solutions diplomatiques. Mais dès qu’il s’agit de passer aux actes — suspendre les ventes d’armes, geler les coopérations militaires, sanctionner les entreprises complices — le discours s’évanouit. « C’est compliqué », disent les gouvernements:  Compliqué pour qui -- Compliqué pourquoi ?  

Quand ailleurs la volonté politique a existé, les États n’ont pas hésité à frapper d’autres pays au portefeuille. Ici, la complexité devient un alibi pour rester immobile. Pendant ce temps, les enfants meurent, les familles sont expulsées, et la colonisation poursuit son œuvre silencieuse.

La complexité se retrouve aussi dans les médias et analyses européens. On parle du Hamas plutôt que des Palestiniens. On parle de gouvernance plutôt que de survie. On réduit la lutte d’un peuple à un débat abstrait sur la politique d’un mouvement, ignorant l’occupation et la colonisation, qui sont à l’origine de cette résistance. Affaiblir ou éliminer le Hamas sans mettre fin à l’occupation, c’est préparer l’émergence de nouvelles forces, plus radicales encore. Le Hamas est à la fois une organisation politique et une armée de libération il est donc indispensable à la Palestine !!! C’est un cercle vicieux que la diplomatie européenne alimente sans le dire.

Le problème n’est pas Netanyahu. Ni quelques dirigeants isolés. Le problème, c’est l’État israélien. Son appareil de violence est institutionnalisé. Sa colonisation est légalisée. Son nettoyage ethnique est normalisé. La distinction droite-gauche est un leurre : elle existe pour les Israéliens juifs, mais pour les Palestiniens, elle est indifférente. Tous prolongent la même logique : nier aux Palestiniens le droit d’exister pleinement, légitimer leur spoliation, leur déplacement, et leur extermination progressive, à feu vif ou à feu doux.

L’Europe applaudit des gestes symboliques. Elle reconnaît sur le papier un État palestinien, mais refuse de s’attaquer à l’essentiel : l’occupation, l’apartheid, le génocide. Reconnaître sans agir, c’est transformer la justice en spectacle. C’est tendre un parchemin à un peuple que l’on laisse mourir de faim, sous les bombes et dans l’exil.

La Palestine ne réclame ni compassion, ni symboles, ni tutelle. Elle exige la justice nue et entière. Restitution des terres. Égalité des droits. Fin de l’occupation. Poursuites légales contre les responsables. La reconnaissance diplomatique n’a de valeur que si elle est accompagnée de mesures concrètes et soutenues : embargo sur les armes, gel des coopérations militaires, sanctions économiques ciblant les entreprises complices, et traduction des criminels devant la justice. Ce n’est pas une question d’individus, mais d’État et de son appareil de violence.

Il n’y a pas de neutralité face à un génocide. Les mots sont faciles, les discours diplomatiques rassurants. Mais rester immobile, ne pas sanctionner, ne pas agir, c’est être complice. Chaque jour d’inaction est un jour de complicité. Chaque mot vide prononcé à l’ONU est une bénédiction pour les chars israéliens, pour les fosses communes, pour les réfugiés en exil.

À la France et à l’Europe : cessez de parler de complexité. Les enfants de Gaza n’ont pas le temps. Les familles réfugiées n’ont pas de patience. Les collines de Cisjordanie n’ont pas de répit. La seule complexité est celle que vous brandissez pour fuir la justice.

Choisir la justice, c’est agir maintenant. Suspendre les ventes d’armes. Geler les coopérations militaires. Sanctionner les entreprises qui profitent de la colonisation. Traduire les responsables en justice. La justice doit précéder la diplomatie. La reconnaissance seule ne suffit plus.

Reconnaître et agir, c’est choisir la vérité. Reconnaître sans agir, c’est cautionner le mensonge. Il est temps pour la France et pour l’Europe de faire ce choix, sans détour, sans excuses, sans rhétorique : justice pour la Palestine. Maintenant.

Chaque jour d’inaction est un jour de complicité. Chaque mot vide prononcé au sommet de l’ONU est une bénédiction pour la violence et la misère. La France et l’Europe doivent faire un choix clair, sans détour ni excuses : justice pour la Palestine, maintenant. La diplomatie sans action est un mensonge. La vérité exige courage et sanctions concrètes. Le monde doit agir avant que les mots ne remplacent les vies perdues.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

 


La guerre sans fin de Netanyahou : l’Amérique un complice docile »

 

Une paix assassinée, une guerre programmée, et un allié devenu vassal, quand un ancien porte-parole du département d’État admet que Netanyahou a systématiquement saboté les négociations, le scandale dépasse Israël : il éclabousse une Amérique complice, qui a couvert, financé et protégé la guerre au lieu d’imposer la paix.

On prétend souvent que la paix au Proche-Orient s’éloigne par malchance, par complexité, par impossibilité. La vérité est plus brutale : elle a été sabotée. Délibérément. Et les États-Unis, loin de l’empêcher, l’ont financée, couverte et sanctifiée.

Ce constat n’émane pas d’un militant, mais d’un ancien porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller, qui avoue aujourd’hui ce que chacun pressentait : Israël n’a pas simplement échoué à conclure des accords de cessez-le-feu et d’échanges d’otages, il a sciemment choisi de les faire capoter.

Le sabotage comme stratégie

Les faits, d’abord. En 2024, lorsqu’un cessez-le-feu de six semaines fut mis sur la table, Israël donna son accord… puis prévint le Hamas qu’il envahirait Rafah malgré tout. Comment négocier si l’issue est déjà annoncée : la destruction ? Le Hamas, sans surprise, refusa.
Ce scénario n’était pas un accident. Chaque tentative d’accord a été marquée par des « fuites », des « corrections » ou de nouvelles exigences impossibles à satisfaire. Tout, pour faire échouer l’effort diplomatique.

Cette mécanique n’est pas une maladresse. C’est une méthode. Et c’est là le cœur du problème : Israël ne veut pas de la paix. Elle contredirait le projet assumé par Netanyahou lui-même : une guerre longue, interminable, conçue comme horizon politique.

L’obéissance américaine

Face à ce sabotage répété, que firent les États-Unis ? Rien. Non, pire : ils validèrent. Quand Israël ridiculisa publiquement le président Biden en déformant ses propositions, Washington répondit par davantage d’armes, davantage de financements, davantage de silence.
Ce n’est pas de l’alliance. C’est de l’obéissance. Une superpuissance mondiale réduite à avaler les humiliations, à couvrir des crimes, à feindre de croire qu’elle « fait tout pour la paix », alors qu’elle arme et protège celui qui détruit toute issue politique.

La formule choque, mais elle est juste : la relation américano-israélienne n’est plus une coopération, mais une dépendance toxique. Israël agit, l’Amérique suit. Israël sabote, l’Amérique paie. Israël annonce une guerre éternelle, l’Amérique signe le chèque.

L’aveu et la complicité

L’aveu de Miller est glaçant : pendant qu’il répétait les éléments de langage sur la « retenue » d’Israël, il savait que son gouvernement regardait ailleurs, alors que Netanyahou piétinait chaque initiative. Ce n’était pas de la diplomatie. C’était du marketing de guerre.
Et cela pose une question plus large : jusqu’à quand une démocratie comme les États-Unis peut-elle financer une guerre qu’elle sait elle-même sans issue ? Jusqu’à quand le contribuable américain acceptera-t-il de payer, en milliards de dollars, une guerre que même ses diplomates admettent inutile et destructrice
?

Le prix de la guerre sans fin

Car cette guerre n’est pas seulement un cauchemar pour les Palestiniens et un gouffre moral pour Israël : elle devient un fardeau pour l’Amérique elle-même. Chaque bombe envoyée à Gaza est un futur retour de flamme. Chaque humiliation acceptée par Biden est une perte de crédibilité internationale. Chaque « soutien inconditionnel » est une dette politique que l’histoire fera payer.

En choisissant l’obéissance à Israël, Washington renonce à son rôle de puissance diplomatique mondiale. En acceptant la logique de guerre permanente, il accepte aussi la logique de l’échec permanent.

Une paix assassinée

La paix au Proche-Orient n’est pas morte d’impossibilité. Elle n’est pas morte d’un désaccord insoluble. Elle a été assassinée, à coups de sabotages répétés, sous les yeux de ceux qui prétendaient la défendre. Et les États-Unis, loin de s’interposer, ont tenu la lampe.

Voilà le scandale : non pas qu’Israël choisisse la guerre – c’est sa stratégie. Mais que l’Amérique, première puissance mondiale, se contente de la financer, de la protéger et d’en épouser les conséquences.

Ce que révèle l’aveu de Miller, ce n’est pas seulement le cynisme d’un gouvernement israélien enfermé dans son projet guerrier. C’est aussi la faillite morale et politique d’un allié qui s’est transformé en vassal.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

 

 


Reconnaître l’État palestinien : l’impératif d’une justice, l’urgence d’une action

 

Depuis la publication d’une tribune signée par plusieurs intellectuels et artistes exigeant des conditions à la reconnaissance d’un État palestinien, le débat est relancé. Mais ces exigences, souvent sélectives, occultent les réalités concrètes : la colonisation massive en Cisjordanie, le blocus à Gaza, les violations répétées des droits humains. Or, reconnaitre l’État de Palestine, aujourd’hui, n’est pas une concession, mais une exigence de justice et de droit international.

Le contexte international : déjà largement acquise, mais encore conditionnée

Selon les lâchers de sources diplomatiques et les médias internationaux, 146 à 150 pays sur les 193 États membres de l’ONU reconnaissent aujourd’hui l’État de Palestine.  

Il s’agit d’un glissement diplomatique marqué : des États-occidentaux traditionnellement réticents, tels que le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie, ont annoncé en septembre 2025 leur reconnaissance formelle.  Ces reconnaissances s’inscrivent dans la vague de solidarité née des violences à Gaza depuis le 7 octobre 2023.

Cependant, nombreux sont ceux qui conditionnent encore cette reconnaissance. On exige d’abord le cessez-le-feu, des garanties de sécurité pour Israël, une paix négociée… Mais pourquoi ces conditions n’ont-elles pas été imposées à la création de l’État d’Israël ? Le droit à l’autodétermination ne devrait pas être suspendu.

Rapports récents : les accusations de génocide et les violations des droits humains       

Un rapport de la Commission indépendante d’enquête de l’ONU sur les territoires palestiniens occupés, dévoilé en date du 16 septembre 2025, conclut que l’offensive israélienne à Gaza constitue un génocide, en raison des actes commis, des déclarations des responsables israéliens et de l’intention circonstancielle de « détruire, en tout ou en partie, le groupe palestinien ».  

Amnesty International, dans un rapport de décembre 2024, examine les violences en Gaza depuis début octobre 2023, et affirme que les actes israéliens — meurtres, destructions massives, difficultés d’acheminement de l’aide humanitaire — répondent aux critères du crime de génocide au regard de la Convention de 1948.  

Ces constats renforcent l’argument selon lequel la reconnaissance de l’État palestinien ne peut plus être perçue comme un luxe moral ou un outil de négociation, mais comme un droit légitime à préserver et à affirmer.

Pourquoi les conditions imposées sont problématiques

  1. Double standard historique : l’ONU a reconnu Israël sans condition explicite de reddition des comptes, de retour des réfugiés ou de fin de colonisation. Aujourd’hui, on exige des contreparties pour la Palestine, alors qu’elle subit depuis des décennies occupation, colonisation et expropriation de territoires.
  2. Fragilisation du droit international : conditionner la reconnaissance d’un État revient à vider de sens les principes de l’ONU, droit à l’autodétermination, respect des frontières de 1967, protection des civils quand ils ne servent pas des intérêts stratégiques ou politiques.
  3. Risques politiques élevés : maintenir l’indétermination contribue au ressentiment, à la radicalisation, à la perte de confiance dans la diplomatie. Il donne aussi pouvoir aux extrêmes, des deux côtés, de s’arroger l’autorité morale, alors que ce sont les civils qui souffrent.

Ce que la reconnaissance de l’État palestinien pourrait apporter

  • Freiner la colonisation : une reconnaissance officielle affaiblit la légitimité internationale de l’annexion de facto des territoires occupés, et peut imposer des coûts diplomatiques, économiques ou politiques à ceux qui la poursuivent.
  • Protection juridique et diplomatique : elle permet à la Palestine d’avoir davantage d’outils dans les instances internationales cours internationales, tribunaux, traités de droits de l’homme pour faire valoir ses droits.
  • Pression pour un cessez-le-feu immédiat et une aide humanitaire renforcée : les rapports de l’ONU et d’Amnesty exigent un arrêt des hostilités, l’accès sans entrave de l’aide, la fin du blocus, le respect de la vie civile. Reconnaissance + mobilisation internationale = plus de chances de faire pression pour ces mesures.
  • Avancer vers deux États : loin d’être un obstacle, la reconnaissance de Palestine selon les frontières de 1967 est un fondement clé de la solution à deux États, reconnue aussi bien dans les résolutions de l’ONU que dans nombre de propositions diplomatiques.

Réponse aux signataires de la tribune : le ton, les omissions, l’illusion de l’objectivité

La tribune des intellectuels et artistes, dont le titre même demande des « conditions » à la reconnaissance de l’État palestinien, comporte des silences troublants : aucun mot sur les colonies en expansion, sur le blocus imposé depuis des années, sur les centaines de milliers de déplacés internes, sur la destruction des infrastructures civiles.

Ce ton, parfois apaisant en apparence, mais condescendant dans ses propos, finit par cautionner un statu quo inique. En exigeant que tout soit parfait pour reconnaître, les signataires deviennent complices, même passifs, de la souffrance continue. Leur message, au lieu de porter une humanité universelle, risque de diviser : d’un côté celles et ceux qui dénoncent la barbarie ; de l’autre, celles et ceux enfermés dans la peur ou la loyauté à un narratif national.

On peut être ferme contre l’antisémitisme et lucide sur les complicités politiques. On peut condamner le terrorisme y compris celui d’Israél tout en exigeant que la réponse militaire respecte le droit international, protège les civils, et ne justifie jamais l’effacement d’un peuple.

Un cinéaste israélien a évoqué il y a quelques jours une société malade : « Il faut que les Israéliens se voient sous une lumière crue et cruelle » (car il précise que le problème ne se résume pas à Netanyahou, Smotrich et Ben-Gvir). Ce miroir, il faudra aussi le tendre aux vingt signataires de cette tribune. Mais pas pour leur trouver la moindre excuse : tout est sous nos yeux, et l’histoire nous enseigne combien il convient de réagir sans délai face à l’horreur en cours.

Aucun attachement affectif, aucune difficulté intime ne peuvent justifier l’injustifiable. Des Israéliens, certes minoritaires, se montrent parfaitement capables de prendre les positions nécessaires, comme des juifs partout dans le monde qui, bien qu’ayant été profondément secoués par le 7 octobre, n’en demeurent pas moins lucides et critiques. Que penser alors des prises de position de ces « personnalités », qui se tiennent si loin d’un territoire où se déploie une barbarie telle que des enfants eux-mêmes affirment ne plus vouloir vivre, ou évoquent leurs propres funérailles

Appel : reconnaître maintenant, agir sans attendre

À l’heure où le monde compte 151 États sur 193 ayant reconnu la Palestine ou étant sur le point de le faire, il est criminel de continuer à demander des préconditions pour l’indépendance palestinienne.

La France, le Royaume-Uni et plusieurs pays européens doivent assumer leur responsabilité : reconnaître l’État palestinien sans attendre — cela ne règle pas tous les maux, mais c’est un pas concret vers la justice. En même temps, la communauté internationale, y compris l’Union européenne, l’ONU, la Cour internationale de justice, les ONG des droits humains, doit exiger l’arrêt immédiat des opérations militaires illégales, garantir l’accès humanitaire, lever le blocus, démanteler les colonies illégales, et assurer la protection des civils.

Car au fond, la reconnaissance sans rupture réelle avec les dynamiques de violence ne suffit pas : mais sans reconnaissance, il ne peut y avoir de base solide pour la paix. L’État palestinien doit exister en droit, et son existence affirmée, pour sauver non seulement un peuple, mais l’honneur de la conscience collective.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

 

 


Les scribouillards de la honte : complices en plume et en silence

 

Un pamphlet acide contre une poignée de célébrités françaises qui se parent de vertu en exigeant la libération de 49 otages israéliens tout en fermant les yeux sur le martyre d’1,5 million de Palestiniens. Ces « scribouillards » ne sont pas des consciences, mais des complices : sophiste de plateau, cabotin de la mémoire, animateur-moraliste, caricaturiste amnésique et acteur intermittent de l’indignation. Leur lettre n’est pas un appel à la paix : c’est un permis de massacrer, une hiérarchisation obscène des vies, une signature au bas de l’infamie.

Honte. Hypocrisie. Complicité. Voilà les seuls mots qui conviennent pour qualifier ceux qui, du haut de leur confort parisien, osent exiger du Président de la République qu’il refuse la reconnaissance de l’État palestinien au nom… des 49 otages israéliens encore détenus. 49 vies, brandies comme un étendard sacré, alors que plus d’1,5 million de Palestiniens sont promis à la famine, aux bombes, à la mort lente dans un camp de concentration nommé cyniquement “ville humanitaire”.

Ils crient « otages ! » comme on sonne le tocsin dans un village qui n’est pas le leur. Ils brandissent 49 noms comme on agite un drapeau de vertu, puis retournent dans leurs salons chauffés pour commenter l’horreur à la lueur d’un cocktail. BHL, Enthoven, Attal, Gainsbourg, Torreton, Arthur et la bande des autographes — ces petits comptables de la conscience signent, tapotent, se rassurent : leur indignation a l’éclat poli d’un bibelot.

Ce ne sont pas des intellectuels : ce sont des marionnettistes du sentiment. Leurs plumes ne sont que plumeaux pour parer la poussière morale qu’ils sèment. Ils nous vendent l’indignation comme on vend une montre en toc : empaquetée, garantie dix-huit mois, remboursable à l’éternité. Leur lettre n’est pas un appel, c’est une opération marketing de l’émotion.

Ils parlent “d’otages israéliens”. Mais se taisent sur les milliers d’otages palestiniens, y compris des enfants de 12 ans jugés par des tribunaux militaires, torturés dans les geôles israéliennes. Le mot est juste : otages. Car Israël échange ces vies arrachées à leurs familles comme on échange des jetons, dans une obscénité qui ne choque jamais ces grandes consciences de salon.

Et pendant que ces intellectuels en carton-mâché brandissent la “carte Hamas” pour faire taire toute critique, que disent les dirigeants israéliens eux-mêmes ?

Smotrich l’a avoué : “ramener les otages n’est pas le but le plus important.”

Herzog l’a reconnu : la libération des otages n’est plus une priorité.

Des colons jubilent : mieux vaut écraser Gaza que sauver des vies israéliennes.

Voilà la vérité nue : les otages ne sont qu’un prétexte, un outil de propagande pour justifier l’injustifiable, le génocide en cours.

Car oui, parlons de génocide. Les chiffres ne mentent pas : 200 000 morts à Gaza, 640 000 déplacés, 85 000 tonnes de bombes larguées sur 360 km², 90 % des infrastructures détruites, 70 % des terres agricoles rasées. Famine planifiée, humanitaires abattus, journalistes assassinés. Netanyahou sous mandat d’arrêt de la CPI. L’ONU parle de génocide. Mais pour nos belles âmes, il faudrait détourner le regard, et s’indigner seulement quand Israël pleure ses morts.

Regardons-les à la loupe : grands prêtres de la nuance sélective, spécialistes du tri des victimes. Ils classent les vies comme on classe des œuvres d’art : à l’abri, sous verre, selon l’étiquette du bon goût. 49 vies sont précieuses — elles pèsent lourd dans leurs discours, parce qu’elles leur donnent une excuse en or pour fermer les yeux sur un million et demi d’êtres humains qui crèvent à côté. C’est la comptabilité sacrée : une larme de célébrité vaut plus qu’un océan de sang anonyme.

Ils ont cru signer une lettre. En réalité, ils ont signé leur portrait. Un autoportrait collectif de lâcheté, de tartufferie et de compromission. La plume trempée dans l’eau bénite de l’hypocrisie, ils jouent les prophètes de la morale alors qu’ils ne sont que les secrétaires d’un massacre.

Enthoven, le sophiste en smoking

Raphaël Enthoven n’enseigne pas la philosophie : il la maquille. Ses phrases roulent comme des perles de plastique : brillantes de loin, mais creuses à l’intérieur. Lorsqu’il proclame qu’à Gaza « il n’y a pas de journalistes », il ne fait pas une analyse : il décerne une autorisation de tir. Enthoven est Socrate sous somnifère, un bateleur qui vend des aphorismes comme d’autres vendent des rasoirs jetables. Son indignation est calibrée pour le plateau télé, son intelligence s’évapore dès qu’elle croise un cadavre palestinien. Philosophe ? Non. Porte-voix officiel du mensonge en col blanc.

Yvan Attal, le cabotin de la mémoire

Yvan Attal confond la tragédie avec son journal de bord. Lorsqu’il déclare que les Palestiniens « jalousent la Shoah », il ne fait pas une analyse historique : il signe un délire d’acteur en mal de rôle. Attal croit que la souffrance est un script, que les morts sont des figurants et que le martyre se distribue comme des premiers rôles. Sa vision du monde est un casting permanent : Israël en héros, Palestine en usurpateur. Mais la réalité n’est pas un plateau de cinéma : c’est un champ de ruines où ses métaphores odieuses deviennent des insultes à la mémoire qu’il prétend protéger.

Arthur, le télévangéliste du divertissement

Arthur, marchand de divertissement recyclé en moraliste discount. Lui qui a passé sa vie à distribuer des valises pleines de billets sur des plateaux croit désormais distribuer les brevets d’humanité. Il trie les victimes comme il trie ses candidats : un bouton, un buzzer, éliminé. Ses indignations ressemblent à ses émissions : artificielles, bruyantes, spectaculaires, mais sans profondeur. Arthur ne signe pas pour défendre des vies : il signe pour acheter une image, se draper dans une cause comme on s’offre une Rolex. Son humanisme n’a pas de cœur : seulement un chrono et des lumières de studio.

Joann Sfar, le caricaturiste de l’amnésie

Joann Sfar manie le trait mais gomme les cadavres. Il dessine des caricatures mais efface systématiquement les ruines de Gaza de son album de conscience. Il sait griffer quand il s’agit de flatter l’opinion dominante, mais son crayon tremble quand il s’agit de croquer la réalité d’un peuple écrasé sous les bombes. Sa liberté d’expression est une cage dorée : il s’y enferme en tournant en rond, répétant toujours la même image. Sfar a du talent, oui ; mais il l’a bradé pour devenir l’illustrateur officiel du silence complice.


Philippe Torreton, l’indigné intermittent

Philippe Torreton aime l’indignation comme d’autres aiment la scène : à la lumière, devant un public, quand l’applaudimètre promet des ovations. Mais hors projecteurs, il se tait. Sa colère est un rôle, son engagement une mise en scène. Quand il fallait dénoncer les procès militaires d’enfants palestiniens, silence. Quand il fallait pointer les bombes sur les hôpitaux, mutisme. Torreton pratique l’indignation sélective : intermittente comme ses cachets. Il est moins un acteur qu’un figurant de la bonne conscience collective.

Voilà donc la troupe : un sophiste de plateau, un acteur en transe mémorielle, un animateur reconverti en télévangéliste, un dessinateur qui gomme les morts et un comédien qui répète son indignation comme une tirade éculée.

Leur hypocrisie a l’éclat d’un néon publicitaire. Ils dénoncent « l’inhumanité » quand elle frappe un voisin qui leur plaît, mais ferment la bouche quand elle frappe ceux qui n’ont pas le bon accent. Ils hurlent à l’antisémitisme comme on agite un drapeau pour masquer la vacuité de leur argument. Mais quand il s’agit des prisons où sont jetés des enfants palestiniens, ou des convois humanitaires arrêtés en mer, leurs plumes prennent la pose muette du photographe mondain. Ils oublient commodément que le silence a un prix — et que ce prix, aujourd’hui, s’appelle mort.

Qu’on appelle un chat un chat : leur lettre est la traduction moderne du renard qui surveille le poulailler en se présentant comme protecteur. Elle légitime non pas la paix, mais la perpétuation d’une stratégie meurtrière. Ils répètent les slogans de la rhétorique d’État sans un roman ni un soupçon de scepticisme. Ils prennent pour parole d’Évangile les déclarations officielles, et traitent toute contradiction comme une hérésie. Leur grille de lecture est simple : si ça vient d’un ministre pro-colonial, alors c’est vérité ; si ça vient d’un Palestinien qui meurt de faim, alors c’est propagande.

Leur vocabulaire est une arnaque lexicale : « prisonniers » pour désigner les enfants arrachés à leur famille, « opérations ciblées » pour dire « tueries de civils », « trêve rompue » pour masquer la mainmise sur l’aide humanitaire. Ils politisent les mots pour blanchir les actes. Le langage devient leur complice. Et quand on met des mots sur le crime, ces scribouilleurs trouvent toujours un alibi rhétorique : « complexité », « nuance », « situation tragique des deux côtés ». Mais il arrive un moment où les deux côtés n’existent plus : il n’y a que l’un qui tue à grande échelle, et l’autre qui s’effondre.

Leur posture est indécente ; leur morale, une monnaie de singe. Ils pratiquent la théologie de l’exception : une victime acceptable, une victime désirable, et puis toutes les autres, celles qui gênent, celles qui dérangent, invisibilités. Ils élèvent la hiérarchie des souffrances en art de gouverner l’émotion publique.

Le terrorisme, ils l’imputent aux Palestiniens. Mais relisons la définition européenne : destructions massives, coupures d’eau, de nourriture, bombardements de civils, usage de la famine comme arme. Qui coche toutes les cases ? Israël. Un État terroriste, colonial, suprémaciste, rêvant d’un “Grand Israël” bâti sur les ruines de Gaza

À ces signataires, la population de Gaza n’a pas d’argument poli à offrir : mais des vérités tranchantes dans sa réponse :

Vous avez choisi le camp de la commode moralité. Vous avez troqué la pitié contre la posture. Vous avez fait de l’indignation un label de marque. Vous êtes devenus, sans l’avouer, les notaires d’un silence complice. Alors non, messieurs-dames les signataires. Votre lettre n’est pas un appel à la paix, mais un crachat sur les tombes palestiniennes. Vous hiérarchisez les vies, vous légitimez le massacre, vous transformez la lutte contre l’antisémitisme en arme de censure. Vous êtes les scribes de l’injustice, les relais d’un pouvoir criminel

Et pour finir, une prophétie qui n’en est pas une : l’Histoire ne retiendra pas votre élégance mondaine. Elle retiendra vos signatures, vos choix et vos silences. Les registres se remplissent, et la mémoire, elle, n’oublie pas les renoncements déguisés en sagesse. Quand les peuples reliront ces pages, vos noms ne brilleront pas ; ils tachent. Vous aurez voulu être du côté du monde accepté — vous serez du côté de la honte.

Ils ne signent pas une lettre : ils apposent leur sceau sur un permis de massacrer. Ils n’écrivent pas un texte : ils sculptent leur complicité dans le marbre de l’Histoire. Leur indignation ne vaut rien, parce qu’elle s’arrête là où commence le sang des autres. Qu’ils se rassurent : l’avenir retiendra leurs noms. Mais non pas comme des consciences éclairées. Comme des figurants de la honte, des porte-voix du silence, des notaires de l’inhumanité.

Et l’Histoire, bientôt, vous classera là où vous méritez : du côté de la honte.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

 

 


France en déclin, Algérie en ascension : enjeux de souveraineté et géopolitique

 

Alors que la France sombre dans ses rancunes et ses fractures internes, l’Algérie avance souveraine, forte de ses alliances stratégiques et de sa mémoire assumée. Deux trajectoires se croisent : celle d’une puissance en déclin et celle d’un pays en pleine ascension

La France à la dérive

Les récentes législatives françaises ont confirmé ce que beaucoup pressentaient : la France bascule vers l’extrême droite. Ce n’est pas un simple accident électoral mais la conséquence d’années de dérives, de promesses trahies et d’élites déconnectées. Le pays, miné par ses fractures sociales et ses nostalgies coloniales, cherche des boucs émissaires plutôt que des solutions.

« La France ressemble à un navire à la dérive, mené par des élites corrompues et incapables de réformer. »

Héritages coloniaux et chaos institutionnel

Ce courant, qu’on nomme « extrême droite » ou « droite nationale », s’ancre dans un passé jamais assumé : celui des conquêtes coloniales, des crimes et des violences passés sous silence. Aujourd’hui, il absorbe la droite dite « modérée » et redessine l’échiquier politique autour de la peur. Le chaos institutionnel en est le reflet : un président affaibli, des gouvernants inaudibles, une cacophonie érigée en mode de gestion.

L’obsession persistante : l’Algérie

Et comme souvent dans son histoire récente, l’obsession se tourne vers l’Algérie. Dans les discours politiques et médiatiques, la haine de l’Algérie indépendante ressurgit, preuve que le lien colonial n’a jamais été digéré. Or ce ressentiment n’est pas dirigé contre Alger mais bien contre l’image que l’Algérie renvoie : celle d’un pays qui a su briser ses chaînes et refuser toute tutelle.

L’Algérie assume son destin

Car pendant que la France s’enlise, l’Algérie avance. Elle assume son rôle de pays-continent, riche de ressources immenses et portée par une volonté de souveraineté irréversible. Ses enfants, héritiers des luttes de libération, poursuivent la trajectoire tracée par leurs aînés : celle de l’indépendance et de la dignité.

« L’Algérie ne regarde plus son passé en victime : elle le transforme en tremplin pour l’avenir. »

Sur la scène internationale, l’Algérie renforce ses partenariats avec les grandes puissances — Chine, Russie, États-Unis, Iran, Corée — et consolide des alliances stratégiques, notamment avec l’Italie, dans la continuité de la solidarité née à l’époque d’Enrico Mattei.

Les combats d’arrière-garde

Dans ce contexte bouillonnant de refondation de l’ordre mondial et de redistribution des rapports de force, certains mènent des combats d’arrière-garde. Ce sont les perdants, les absents du nouvel équilibre international, qui tentent dans l’ombre de freiner ce qui leur échappe désormais.

Leur arme n’est plus la vision, mais la rancune ; non plus la stratégie, mais l’ingérence. C’est ainsi que ressurgissent les haines les plus féroces, traduites par des tentatives grotesques de remettre en cause le partenariat stratégique entre l’Algérie et l’Italie.

« Là où l’Algérie construit des ponts, certains préfèrent ressusciter les fantômes d’Aussaresses ou de Papon. »

Un partenariat solide, fondé sur une histoire commune de solidarité et de lutte, dont les racines remontent à la guerre de libération nationale. À cette époque, Enrico Mattei incarnait le choix courageux de l’amitié avec les indépendantistes algériens, à rebours des logiques impérialistes.

Une vision tournée vers l’avenir

Cette diplomatie active n’est pas une posture : elle reflète une vision. L’Algérie mise sur la prospérité économique par une gestion intelligente de ses ressources, sur la montée en puissance de son armée, sur des relations de bon voisinage et sur une solidarité régionale affirmée. Elle n’entend pas céder aux pressions ni servir de champ de défoulement à une France en crise.

Le rappel nécessaire

Chaque pays est libre de ses choix et de ses alliances. Le droit international impose le respect mutuel. L’Algérie ne saurait devenir l’exutoire des échecs d’un Hexagone fragilisé. Si la France sombre, ce n’est pas à cause de l’Algérie mais à cause de ses propres élites, qui ont conduit le navire vers l’iceberg tout en pérorant sur le pont.

Deux destins qui se croisent

Nous vivons un moment charnière : le monde se recompose, les rapports de force s’inversent, de nouveaux équilibres émergent. Dans ce contexte, l’Algérie se dresse comme un acteur souverain, fidèle à ses valeurs et confiant dans son avenir. La France, elle, s’accroche à ses rancunes et se débat avec ses naufrages annoncés.

Il existe des dangers plus redoutables que les icebergs : ce sont ces récifs solides et indestructibles, ceux de ce pays qui est le mien. Car l’iceberg, malgré son gigantisme apparent, finit toujours par fondre et disparaître, emporté par le temps et les courants. Les récifs, eux, demeurent. Ils résistent aux tempêtes, aux marées, aux assauts répétés des flots. Ils incarnent la permanence, la continuité, la force tranquille d’un territoire enraciné dans l’histoire.

L’Algérie est ce récif. Elle a résisté aux invasions, aux colonisations, aux guerres d’anéantissement. Elle a encaissé les coups les plus violents, mais elle a toujours relevé la tête. Contrairement aux menaces passagères, elle ne se dissout pas : elle se consolide. Chaque épreuve, chaque tentative d’ingérence n’a fait que renforcer son socle, comme les récifs que les vagues polissent mais ne détruisent jamais.

Voilà la différence fondamentale : là où d’autres pays vacillent sous le poids de leurs contradictions internes, l’Algérie puise dans son histoire et sa souveraineté une stabilité indéracinable. Les élites corrompues, les manœuvres extérieures, les campagnes de déstabilisation peuvent surgir comme autant d’icebergs spectaculaires. Mais face à eux se dresse un peuple, une mémoire, une terre qui sont de l’ordre du récif. Et c’est cela qui constitue la véritable garantie d’avenir.

L’Algérie est un récif : ce plat pays qui est le mien, reste indestructible, qui ne pliera pas devant les rancunes d’une France à la dérive ni devant les illusions d’un ordre déjà dépassé.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

 

 

 

 

 

Le génocide de Gaza : un crime qu’on refuse de nommer

 

Il y a des vérités qui ne devraient souffrir aucune hésitation. Le génocide est l’une d’elles. À Gaza, ce mot n’est pas un abus de langage, ni une « opinion extrême » à débattre dans les studios feutrés des chaînes d’info. C’est un fait documenté, confirmé, répété par les institutions internationales, les juristes spécialisés, les ONG de terrain, et même des organisations israéliennes.

Et pourtant, dans un monde saturé d’images, de rapports, de témoignages, on continue à faire semblant qu’il existerait un doute. On continue à présenter ce crime absolu comme une hypothèse contestée, une simple vision parmi d’autres. Ce mensonge méthodique, entretenu par les gouvernements complices et amplifié par une partie des médias, constitue déjà une forme de participation au génocide : la participation par le silence, par le relativisme, par la dilution de l’évidence.

Ce qui se passe à Gaza n’est pas un « sujet à débat », encore moins une « divergence de points de vue ». C’est un génocide. Le terme n’est pas une exagération militante, mais la conclusion d’enquêtes et d’analyses menées par des instances internationales, des juristes, des ONG, et même des organisations israéliennes de défense des droits humains.

La Commission d’enquête indépendante des Nations unies, l’Association internationale des spécialistes du génocide, Médecins sans frontières, Amnesty International, Human Rights Watch, et bien d’autres ont employé ce mot avec toute la gravité qu’il implique. Aucune institution équivalente n’est venue démontrer le contraire. Le constat est clair, et il est partagé.

Un consensus écrasant, mais ignoré

Les preuves s’accumulent. La Commission d’enquête des Nations unies parle de génocide. L’Association internationale des spécialistes du génocide aussi. Human Rights Watch, Amnesty International, Médecins sans frontières, la Fédération internationale des droits de l’homme, l’Institut Lemkin – tous emploient le même mot. Même Médecins pour les droits de l’homme-Israël, organisation née au cœur de la société israélienne, l’affirme.

Face à ces accusations, Israël ne répond pas par des faits, mais par des slogans : «Hamas»,    « antisémite ». Toute critique, toute enquête, toute voix discordante se voit systématiquement réduite à une conspiration hostile. Cette rhétorique est devenue un écran de fumée, un réflexe destiné à délégitimer plutôt qu’à discuter.

Mais qualifier l’ONU, Amnesty ou Médecins sans frontières de simples « relais du Hamas » n’est pas seulement absurde : c’est dangereux. Cela empêche de nommer la réalité, et cela réduit au silence ceux qui cherchent à l’arrêter.

Face à ce consensus, qu’oppose-t-on ? Le vide. Le déni. Le soupçon systématique d’« antisémitisme ». Comme si l’ONU, Amnesty ou MSF n’étaient soudain plus que des marionnettes du Hamas. Comme si les ONG qui dénoncent les massacres étaient guidées par une haine millénaire, et non par une éthique universelle. C’est cela, l’arme favorite de l’État israélien : disqualifier au lieu de répondre, salir au lieu de débattre.

Le vieux truc rhétorique : tout critique est « antisémite »

Ce procédé est usé, mais efficace. Chaque fois que les bombes réduisent des quartiers entiers en poussière, chaque fois que les hôpitaux sont bombardés, chaque fois que les enfants sont ensevelis sous les décombres, la machine de communication israélienne s’enclenche. Elle ne conteste pas les faits – trop visibles, trop sanglants – elle accuse les témoins.

Tout devient Hamas. Tout devient antisémitisme. L’ONU ? Hamas. Amnesty ? Hamas. Les médecins de Gaza ? Hamas. Les militants juifs antisionistes ? Antisémites contre eux-mêmes. Cette absurdité systématique vise un seul objectif : saturer le débat jusqu’à l’asphyxie, décourager toute dénonciation, transformer l’accusation de génocide en simple propagande ennemie.

Mais ce stratagème ne peut plus masquer la réalité. Un génocide n’est pas moins un génocide parce qu’il est dénoncé par ceux qu’on insulte. Les faits ne disparaissent pas parce qu’on les qualifie de « complot ».

Quand la neutralité tue

Le problème ne réside pas seulement dans la propagande israélienne. Il réside aussi dans la manière dont une partie des médias occidentaux choisit de traiter la question. En plaçant sur le même plan les faits documentés et leur négation politique, ils transforment la vérité en simple hypothèse.

Un journaliste n’a pas pour mission de répéter « un camp dit qu’il pleut, l’autre dit qu’il fait beau ». Son rôle est de regarder par la fenêtre. Or, la fenêtre est grande ouverte : Gaza est le théâtre d’un génocide, et le nier aujourd’hui revient à cautionner sa poursuite.

Les médias occidentaux portent une part immense de responsabilité. Obsédés par l’équilibre des points de vue, ils transforment la vérité en hypothèse. Ils mettent sur le même plan les preuves du crime et son déni intéressé. Ils traitent le génocide comme une controverse intellectuelle, pas comme une tragédie en cours.

Mais qu’est-ce que cette neutralité, sinon une complicité masquée ? Un journaliste n’est pas un perroquet qui répète « un camp dit qu’il pleut, l’autre dit qu’il fait beau ». Sa responsabilité est de regarder par la fenêtre. Et que voit-on par la fenêtre de Gaza ? Des immeubles rasés. Des cadavres d’enfants. Des hôpitaux réduits en cendres. Des familles affamées sous blocus. Un peuple entier écrasé dans l’indifférence.

Le génocide comme déni universel

Ne nous y trompons pas : le cas de Gaza n’est pas isolé. Tous les génocides de l’histoire ont été niés au moment où ils se déroulaient. Les Arméniens ont été massacrés pendant que l’Empire ottoman parlait de « trahison ». Les Juifs d’Europe exterminés tandis que les nazis dénonçaient une « propagande alliée ». Les Tutsis du Rwanda massacrés pendant que la communauté internationale cherchait à éviter le mot « génocide », pour ne pas avoir à intervenir.

Aujourd’hui, Gaza. Même scénario, mêmes euphémismes. On parle de « guerre », de « riposte », de « dommages collatéraux », alors que la réalité crie un autre mot : génocide. Ceux qui refusent de l’employer rejouent, consciemment ou non, la vieille partition du déni.


Nommer pour résister

Nommer le génocide n’est pas une question de sémantique. C’est un acte de résistance. Car tant qu’on tait le mot, on autorise le crime à se poursuivre. Tant qu’on relativise, on permet à la machine de mort de tourner. Tant qu’on cherche des « deux versions », on donne au bourreau le luxe de l’ambiguïté.

Le génocide de Gaza n’est pas un débat théorique. C’est une tragédie en cours, documentée par les institutions les plus compétentes. Refuser de l’appeler par son nom, c’est choisir la posture confortable de l’équilibre apparent, mais c’est en réalité s’installer du côté du crime.

Notre responsabilité collective est claire : ne pas relativiser l’évidence, refuser la neutralité perverse, et nommer ce qui est en train de se dérouler. Car ne pas le dire, c’est déjà y participer.

Gaza n’est pas une controverse, c’est une plaie ouverte. Refuser de la nommer, c’est déjà l’infecter davantage. Et c’est pourquoi il faut le dire, encore et encore, face au cynisme des puissants et à la lâcheté des médias : ce qui se passe est un génocide.

Un appel universel

Ce combat dépasse Gaza. Refuser un génocide, c’est refuser tous les génocides. C’est affirmer qu’aucune cause, aucune idéologie, aucune religion, aucun État ne peut se justifier par l’anéantissement d’un peuple. C’est affirmer que le droit à l’existence est sacré, universel, indivisible.

Aujourd’hui, c’est Gaza. Demain, ce pourrait être ailleurs. La seule arme que nous avons, avant l’action politique, c’est la parole claire. Et cette parole dit ceci : le génocide de Gaza n’est pas une opinion, mais une réalité. Ceux qui le nient ne sont pas des contradicteurs, ce sont des complices.

Le génocide de Gaza ne devrait pas être différent. Comme le dit le vieil adage, si un camp affirme qu’il pleut et l’autre qu’il ne pleut pas, votre rôle n’est pas de citer les deux camps, mais de regarder par la fenêtre. La fenêtre est là, médias occidentaux. Et c’est un génocide qui déferle. On ne débat pas d’un génocide, on l’arrête.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »