Une paix assassinée, une guerre programmée, et un
allié devenu vassal, quand un ancien porte-parole du département d’État admet
que Netanyahou a systématiquement saboté les négociations, le scandale dépasse
Israël : il éclabousse une Amérique complice, qui a couvert, financé et protégé
la guerre au lieu d’imposer la paix.
On prétend
souvent que la paix au Proche-Orient s’éloigne par malchance, par complexité,
par impossibilité. La vérité est plus brutale : elle a été sabotée.
Délibérément. Et les États-Unis, loin de l’empêcher, l’ont financée, couverte
et sanctifiée.
Ce constat
n’émane pas d’un militant, mais d’un ancien porte-parole du département d’État
américain, Matthew Miller, qui avoue aujourd’hui ce que chacun pressentait :
Israël n’a pas simplement échoué à conclure des accords de cessez-le-feu et
d’échanges d’otages, il a sciemment choisi de les faire capoter.
Le
sabotage comme stratégie
Les faits,
d’abord. En 2024, lorsqu’un cessez-le-feu de six semaines fut mis sur la table,
Israël donna son accord… puis prévint le Hamas qu’il envahirait Rafah malgré
tout. Comment négocier si l’issue est déjà annoncée : la destruction ? Le
Hamas, sans surprise, refusa.
Ce scénario n’était pas un accident. Chaque tentative d’accord a été marquée
par des « fuites », des « corrections » ou de nouvelles exigences impossibles à
satisfaire. Tout, pour faire échouer l’effort diplomatique.
Cette
mécanique n’est pas une maladresse. C’est une méthode. Et c’est là le cœur du
problème : Israël ne veut pas de la paix. Elle contredirait le projet assumé
par Netanyahou lui-même : une guerre longue, interminable, conçue comme horizon
politique.
L’obéissance
américaine
Face à ce
sabotage répété, que firent les États-Unis ? Rien. Non, pire : ils validèrent.
Quand Israël ridiculisa publiquement le président Biden en déformant ses
propositions, Washington répondit par davantage d’armes, davantage de
financements, davantage de silence.
Ce n’est pas de l’alliance. C’est de l’obéissance. Une superpuissance mondiale
réduite à avaler les humiliations, à couvrir des crimes, à feindre de croire
qu’elle « fait tout pour la paix », alors qu’elle arme et protège celui qui
détruit toute issue politique.
La formule
choque, mais elle est juste : la relation américano-israélienne n’est plus une
coopération, mais une dépendance toxique. Israël agit, l’Amérique suit. Israël
sabote, l’Amérique paie. Israël annonce une guerre éternelle, l’Amérique signe
le chèque.
L’aveu et
la complicité
L’aveu de Miller est glaçant : pendant qu’il répétait les éléments de
langage sur la « retenue » d’Israël, il savait que son gouvernement regardait
ailleurs, alors que Netanyahou piétinait chaque initiative. Ce n’était pas de
la diplomatie. C’était du marketing de guerre.
Et cela pose une question plus large : jusqu’à quand une démocratie comme les
États-Unis peut-elle financer une guerre qu’elle sait elle-même sans issue ?
Jusqu’à quand le contribuable américain acceptera-t-il de payer, en milliards
de dollars, une guerre que même ses diplomates admettent inutile et
destructrice ?
Le prix
de la guerre sans fin
Car cette guerre n’est pas seulement un cauchemar pour les Palestiniens et
un gouffre moral pour Israël : elle devient un fardeau pour l’Amérique
elle-même. Chaque bombe envoyée à Gaza est un futur retour de flamme. Chaque
humiliation acceptée par Biden est une perte de crédibilité internationale.
Chaque « soutien inconditionnel » est une dette politique que l’histoire fera
payer.
En choisissant l’obéissance à Israël, Washington renonce à son rôle de
puissance diplomatique mondiale. En acceptant la logique de guerre permanente,
il accepte aussi la logique de l’échec permanent.
Une paix
assassinée
La paix au Proche-Orient n’est pas morte d’impossibilité. Elle n’est pas
morte d’un désaccord insoluble. Elle a été assassinée, à coups de sabotages
répétés, sous les yeux de ceux qui prétendaient la défendre. Et les États-Unis,
loin de s’interposer, ont tenu la lampe.
Voilà le scandale : non pas qu’Israël choisisse la guerre – c’est sa
stratégie. Mais que l’Amérique, première puissance mondiale, se contente de la
financer, de la protéger et d’en épouser les conséquences.
Ce que révèle l’aveu de Miller, ce n’est pas seulement le cynisme d’un
gouvernement israélien enfermé dans son projet guerrier. C’est aussi la
faillite morale et politique d’un allié qui s’est transformé en vassal.
Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient
comme ça. »

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