Parfois il m'est utile de le dire !

                                                                                                          Oh! Colombe, transmets mon salut d...

Gaza : la presse occidentale pour une banalisation des crimes d’Israël


 

Dans un article récemment publié dan un canard de causette israélite, l’auteur prétend analyser la guerre en cours à Gaza et les choix du gouvernement israélien. En réalité, ce texte construit une justification de l’offensive militaire en recourant à deux procédés principaux : relativiser les souffrances des civils et discréditer par avance toute critique qui utiliserait les termes de « crimes de guerre » ou de « génocide ». L’article met en avant la responsabilité du Hamas, les dilemmes liés aux otages, les difficultés du combat urbain, et en conclut que dénoncer Israël serait une « perversion du langage » ou une obsession idéologique.

Une telle rhétorique n’est pas nouvelle : elle consiste à présenter des faits gravissimes comme une nécessité militaire inévitable, tout en délégitimant ceux qui invoquent le droit international. Pourtant, face aux centaines de milliers de civils déplacés, aux infrastructures vitales détruites, aux blocus alimentaires et médicaux imposés, il est urgent de rappeler que ce sont précisément ces situations que le droit humanitaire a été conçu pour réguler.

La définition juridique du génocide et ses éléments constitutifs

L’auteur ridiculise l’usage du mot « génocide » appliqué à Gaza, le présentant comme un abus rhétorique. Mais le terme n’est pas un slogan : c’est une qualification juridique inscrite dans la Convention de 1948, qui définit le génocide comme « l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux », par des actes comme le meurtre de membres du groupe, l’atteinte grave à leur intégrité physique ou mentale, la soumission délibérée à des conditions de vie devant entraîner sa destruction, ou la restriction des naissances.

C’est précisément cette définition qu’examinent aujourd’hui des instances judiciaires : la Cour internationale de Justice (CIJ) est saisie d’une plainte portée par l’Afrique du Sud contre Israël. Le 26 janvier 2024, la CIJ a ordonné à Israël de « prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir tout acte pouvant relever du génocide » et de faciliter l’entrée de l’aide humanitaire. Ces mesures provisoires, juridiquement contraignantes, montrent qu’il ne s’agit pas d’une polémique idéologique, mais d’une question légale sérieuse au cœur du système international.

Responsabilité initiale du Hamas ≠ impunité pour Israël

L’article insiste sur la culpabilité du Hamas : attaques du 7 octobre, otages, stratégie de bouclier humain. Ces réalités sont incontestables et doivent être condamnées. Mais le droit international distingue clairement deux niveaux :

  • la cause d’un conflit (une agression, un attentat, une occupation) ;
  • les moyens utilisés par les belligérants une fois la guerre déclenchée.

Même agressé, un État reste tenu par les Conventions de Genève, qui prohibent notamment les frappes indiscriminées contre les civils, les punitions collectives, et le recours à la famine comme arme de guerre. L’idée que « tout est permis » parce que l’ennemi est criminel est exactement ce que le droit humanitaire a voulu empêcher après la Seconde Guerre mondiale.

En rejetant la responsabilité sur le Hamas, l’article ferme les yeux sur l’obligation légale d’Israël de protéger les civils de Gaza, qui restent sous son contrôle effectif, même si le territoire est administré par un autre acteur.

Des comparaisons historiques biaisées

Pour banaliser la situation, l’auteur compare Gaza à Sarajevo, Grozny, Mossoul ou Fallouja, en soulignant qu’on n’y a pas parlé de génocide. L’argument est doublement fallacieux.

D’abord, le fait que certains crimes passés n’aient pas reçu la qualification adéquate ne peut justifier l’inaction présente. Au contraire, l’échec à protéger Srebrenica en 1995 a précisément conduit à renforcer les mécanismes internationaux de prévention.

Ensuite, Gaza se distingue par plusieurs éléments spécifiques : une densité démographique extrême (plus de 20 000 habitants/km² dans certaines zones), un blocus terrestre, maritime et aérien qui empêche les civils de fuir librement, et la destruction systématique d’infrastructures vitales (hôpitaux, réseaux d’eau, écoles, centrales électriques). Ces conditions créent un risque accru d’anéantissement partiel d’un peuple, même sans massacres immédiats comparables à Srebrenica.

Les mots des dirigeants comme indices d’intention

L’auteur tourne en dérision les propos de responsables israéliens qui ont parlé de « combattre des animaux humains ». Selon lui, il s’agirait d’une simple insulte idiomatique. Mais en droit pénal international, les déclarations publiques comptent. Elles ne suffisent pas à elles seules, mais elles contribuent à établir un contexte d’intention, surtout lorsqu’elles accompagnent des politiques concrètes (blocus total, privation de nourriture et d’eau, bombardements massifs de zones densément peuplées).

Les tribunaux internationaux ont toujours pris en compte les discours de déshumanisation — qu’il s’agisse de la propagande au Rwanda en 1994 ou de la rhétorique serbe en Bosnie. Ignorer ces paroles comme de simples « colères » revient à nier leur fonction dans la préparation et la justification de violences extrêmes.

L’omission volontaire de la justice internationale

Le silence de l’article sur les procédures en cours est frappant. La Cour internationale de Justice, organe judiciaire principal de l’ONU, a imposé des obligations précises à Israël. Le procureur de la Cour pénale internationale enquête également sur les crimes commis en Palestine depuis 2014, y compris durant l’offensive actuelle. Ces démarches judiciaires ne sont pas accessoires : elles incarnent la réponse juridique universelle aux crimes les plus graves.

En ne les mentionnant pas, l’article prive le lecteur d’informations essentielles et présente la controverse comme une simple bataille médiatique entre « partisans » et « adversaires » d’Israël.

 

 

Les souffrances civiles reléguées au second plan

Enfin, l’article réduit la tragédie de Gaza à un dommage collatéral regrettable mais inévitable. Or les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon les agences humanitaires de l’ONU, des dizaines de milliers de Palestiniens ont été tués, dont une majorité de femmes et d’enfants. Des centaines de milliers ont été déplacés, souvent à plusieurs reprises, dans une enclave fermée. La destruction des hôpitaux, l’entrave à l’acheminement de nourriture et d’eau, et l’effondrement du système sanitaire créent un risque massif de famine et d’épidémies. Ces réalités ne peuvent être balayées d’un revers de plume par des références abstraites aux « règles de la guerre de siège ».

Conclusion : pour une presse responsable

Qualifier juridiquement les crimes en cours à Gaza ne relève ni de l’obsession ni de la diabolisation : c’est une exigence de justice et de vérité cela n’exonère en rien Israël de ses propres responsabilités. Réduire la critique à une haine anti-israélienne ou à un abus de langage revient à fermer les yeux sur les souffrances massives d’une population civile assiégée. La presse, au lieu de participer à cette banalisation, devrait au contraire rappeler que nul État n’est au-dessus du droit, et que la protection des innocents doit rester le principe premier.

Qualifier les crimes commis à Gaza n’est pas une question d’idéologie, mais de droit et de dignité humaine et à ceci Israël n’est pas au-dessus des lois. En assimilant la critique à de la « diabolisation », l’article contribue à banaliser des souffrances immenses et à préparer l’impunité. Quand on dirige un canard, on n’a pas le droit de se tromper de la sorte, et de tromper son lectorat. Ou alors on est malhonnête. On en revient toujours au même choix : médiocrité ou malhonnêteté.

Le rôle de la presse devrait être inverse : rappeler que le droit humanitaire protège universellement, exiger des comptes à tous les acteurs, et donner une voix aux victimes civiles plutôt que de justifier par avance leur sacrifice. Refuser de nommer les crimes, c’est participer à leur perpétuation.

Ma grand-mère a survécu à la Nakba, vais-je survivre à celle-ci ?

 

Dans la pénombre de sa chambre détruite, la voix de ma grand-mère résonne encore à mes oreilles. Elle me rappelle que je dois survivre, pour raconter notre histoire comme elle l'a fait.

Je survis pour ma grand-mère.

Ma grand-mère, Mansoura — ce qui signifie « victorieuse » en arabe — a été forcée de quitter sa maison pendant la Nakba en 1948. Elle croyait qu'elle rentrerait bientôt. Ma grand-mère n'a jamais pu revenir. Moi, sa plus jeune petite-fille, j'ai été contrainte de quitter la maison il y a vingt et un mois, en pensant que je rentrerais bientôt. Ce « bientôt » a pris quinze mois. D'une certaine façon, je suis peut-être plus chanceuse que ma grand-mère : je suis de retour dans ce qu'il reste de chez moi.

« Un matin, je me suis réveillée au son ininterrompu des bombardements », m'a-t-elle dit d'une voix faible. Elle n'était qu'une fillette de 11 ans en 1948. Soignée et brillante, elle excellait à l'école. « J'étais la meilleure à l'école, et c'est mon père qui m'aimait le plus. Il était dans le bâtiment, et je l'aidais toujours quand il travaillait. J'étais son unique enfant et sa préférée. »

Par un matin d'été sombre et morose, ma grand-mère s'est réveillée dans une ambiance chaotique. La nouvelle que des soldats israéliens atteignaient les villages alentours, les détruisaient et tuaient des gens s'était répandue. Voyant cela, son père décida à la hâte de quitter le village, comme tous les autres habitants. Ainsi avait commencé notre course pour la survie.

Al-Muharraqa est la ville d'origine de ma grand-mère et la mienne. Elle n'est qu'à 14 km de Gaza, mais nous n'avons pas le droit d'y aller.

Ce jour terrible de 1948, les rues d'Al-Muharraqa étaient pleines de gens courant dans tous les sens, sans destination claire, à la recherche de la survie. Ma grand-mère s'en souvenait : « Mon père avait un âne, et il m'a fait monter dessus pour quitter le village. » Ils pensaient partir pour quelques jours, le temps que cessent les attaques israéliennes — mais les attaques ne se sont jamais arrêtées. Ils ont fui d'abord sans direction précise, puis vers Al-Nuseirat, au centre de Gaza, où une famille qu'ils connaissaient les a accueillis dans leur cour. La première nuit, dit-elle, « nous dormions sous une bâche en nylon, à même la terre, mais l'intensité des bombardements nous a forcés à entrer dans la maison de nos hôtes, laissant derrière nous l'âne de mon père et le cheval de mon oncle ».

Les chevaux comptent énormément pour les Palestiniens. Ce cheval appartenait au cousin de ma grand-mère, tué par les forces israéliennes parce qu'il avait refusé de quitter le village. « Quelques heures à peine après avoir laissé les animaux dans la cour, une frappe israélienne a touché l'endroit. L'âne a été tué et le cheval grièvement blessé », m'a-t-elle raconté, les yeux pleins de larmes. Aucun vétérinaire ne put sauver le cheval. Il est mort quelques jours plus tard.

Quand ils ont compris qu'ils ne retourneraient jamais à Al-Muharraqa, une nouvelle vie à Gaza a semblé commencer pour ma toute jeune grand-mère et sa famille. Elle s'est mariée et a élevé ses cinq enfants, dont mon père.

Le 7 mars 2023, je me suis réveillée, je me suis préparée pour aller au travail, je suis passée dans la chambre de ma grand-mère pour lui dire au revoir, sans me douter que ce serait notre dernier adieu.

Je n'aurais jamais pensé que je remercierais un jour le ciel de la savoir morte. Je lui suis reconnaissante qu'elle soit partie avant d'être forcée de revivre la Nakba et d'abandonner sa maison.

Survivre

À peine sept mois après sa disparition, le 7 octobre 2023, nos vies se sont arrêtées. Ce jour-là, la Nakba a recommencé à Gaza. Les rues étaient pleines de gens qui marchaient sans savoir où aller. Tous les bâtiments s'effondraient sous leurs yeux, et il n'y avait aucun refuge passablement sûr.

« Évacuez vers des zones sûres au sud. » : les forces israéliennes étaient arrivées jusqu'à notre maison. Où pouvions-nous aller ? Nous n'avions d'autre choix, si nous voulions survivre, que de partir à Rafah

Ma première perte après ma grand-mère a été mon chat. Avec le vacarme des bombardements autour de nous, je n'ai pas eu la possibilité d'emmener mon chat, Basbous. J'ai ainsi perdu un autre morceau de ma vie.

Le manque de nourriture et d'eau, le manque de tout ce qui nous faisait vivre : voilà ce qu'est devenue notre nouvelle vie à Rafah. Presque 500 personnes vivaient à l'étage où ma famille et moi nous nous sommes installés. Faute d'intimité et d'articles d'hygiène, j'ai attrapé la varicelle, transmise par d'autres enfants. Je pensais que la souffrance s'arrêterait là. Ce ne fut pas le cas. Nous avons été obligés d'évacuer à nouveau, vers Khan Younès.

Pour la première fois de ma vie, j'ai voyagé sur un âne en allant vers Al-Mawasi, à Khan Younès. Le pire, c'est qu'en arrivant, notre tente n'était pas encore montée et qu'il n'y avait pas de quoi répondre aux besoins humains de base, comme des toilettes.

Nous y avons passé neuf mois, sous une bâche en nylon qui ne nous protégeait ni de la chaleur de l'été ni du froid de l'hiver. Mais la maigre intimité de cette petite tente, partagée seulement entre membres de la famille, était pour moi une aubaine.

Puis, après des dizaines de cessez-le-feu avortés, un cessez-le-feu fragile a été conclu, et nous avons pu rentrer chez nous.

Encore une fois, nous avons dû parcourir un trajet infernal en essayant de regagner notre maison à pied, la nuit. Une nuit douce-amère à vrai dire : nous étions heureux d'être de retour et tristes parce que ce n'était plus vraiment chez nous. Notre maison était devenue une ruine, aux murs, fenêtres et portes brisés. Mais nous faisons tout pour qu'elle ressemble de nouveau à un foyer. Avec des rideaux et des bâches en nylon, nous essayons de rapiécer notre maison et nos vies.

Je me tiens juste devant la chambre de ma grand-mère, me souvenant de son parfum merveilleux et familier, de sa tendresse et ses prières chaleureuses. Je l'imagine allongée paisiblement sur son lit, et je remercie Dieu qu'elle n'ait pas eu à vivre tout cela.

L'agression n'est pas terminée. Les ordres d'évacuation tombent à nouveau. Dire adieu, chaque jour, à chaque fragment de ma ville bien-aimée, Gaza, et de ma vie : voilà ce que je ne cesse de faire. Il m'est presque impossible de retrouver ma vie d'avant. Tout ce qui nous offrait autrefois une existence à peu près stable n'existe plus. Nous avons accroché nos espoirs à chaque promesse de cessez-le-feu, pour n'en récolter que des déceptions.

Je pleure dans une langue que personne ne comprend, pour tout ce que j'ai perdu. Mais je garde l'espoir, et je le maintiendrai vivant. Pour ma grand-mère et pour la Palestine. Je survis.

Source :Areej Almashharawi  journaliste de Gaza

Publiés par Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »


Mon sac est prêt, mais je refuse de quitter ma maison : (Témoignage d’un journaliste de Gaza)

Face aux bombardements, un journaliste de Gaza raconte son choix de rester chez lui. Derrière les ruines, c’est l’histoire d’un peuple qu’on tente d’effacer.

Mon sac est prêt. Dedans, une cuillère, une assiette, une petite couverture et une feuille avec les numéros de téléphone de ma famille. Je pourrais partir — courir vers le sud comme des milliers d’autres — mais je refuse. Car partir, c’est perdre plus qu’un toit. C’est abandonner l’idée même d’avoir un chez-soi.

Depuis la mi-août, Gaza subit une nouvelle offensive. Dans mon quartier, Al-Sabra, et à Zeitoun, les frappes aériennes et les tirs d’artillerie ont rasé des pâtés de maisons entiers. Les ordres d’évacuation s’enchaînent, au nom de la « sécurité », mais chacun sait qu’il n’existe plus d’endroit sûr. Chaque déplacement forcé ressemble à une dépossession programmée.

L’ombre d’une nouvelle Nakba

Ma grand-mère conservait la clé de sa maison perdue en 1948. Elle n’y est jamais retournée, mais cette clé représentait une attente et une promesse. Aujourd’hui, je n’ai pas de clé. Seulement un sac. Et je me demande : mes enfants porteront-ils ce sac comme elle a porté sa clé ?

Beaucoup d’entre nous refusent de fuir parce que nous savons ce que signifie un « déplacement temporaire ». En 1948, il s’est transformé en exil définitif. Ce qui se joue aujourd’hui, c’est une nouvelle Nakba : non pas seulement la destruction de bâtiments, mais l’effacement d’une mémoire et d’une identité.

Survivre au quotidien

La survie est devenue un apprentissage. Marcher en zigzag pour éviter les snipers, garder les mains vides pour montrer qu’on n’est pas armé, ne jamais revenir par le même chemin. Chaque sortie est un risque, chaque retour un miracle.

La nuit, le bruit des drones empêche de dormir. Le jour, les bulldozers effacent des pans entiers de la ville. Les cadavres laissés dans la rue témoignent de l’impossibilité même d’enterrer nos morts.

Je regarde mes voisins partir. Peut-être que je ne les reverrai jamais. Peut-être seront-ils tués en route. Peut-être moi.

Une crise humanitaire totale

Partir vers le sud n’apporte pas davantage de sécurité. Les familles y trouvent des loyers hors de prix, une aide humanitaire insuffisante, et toujours les bombardements. Le système de santé s’est effondré ; les blessés n’ont plus accès aux soins. Même l’essentiel — eau, nourriture, médicaments — est rare.

Les passages frontaliers restent verrouillés. Mon père a pu quitter Gaza avec ma mère malade, mais il vit désormais dans l’angoisse, son téléphone rivé aux nouvelles, sa voix tremblante à chaque appel.

L’appel au monde

Ce que nous vivons ne concerne pas seulement Gaza. C’est une question de droit international, de protection des civils, de dignité humaine. Détruire systématiquement les maisons et contraindre les habitants à l’exil, ce n’est pas une stratégie militaire : c’est un effacement.

Il est urgent d’obtenir un cessez-le-feu immédiat, l’ouverture des points de passage pour l’aide humanitaire et les soins, et une enquête indépendante sur les frappes visant des zones résidentielles. Sans cela, le silence de la communauté internationale pèsera comme une complicité.

Refuser de disparaître

Je n’écris pas seulement pour raconter ma peur. J’écris parce que, chaque fois qu’une maison est détruite, c’est une mémoire qui est effacée. Quand les murs tombent, les voix qui riaient dans les ruelles, les petits métiers de quartier, les plats partagés et les prières du soir — tout cela disparaît avec les pierres. Si la communauté internationale veut encore prétendre agir, elle doit cesser de traiter ces pertes comme des dommages collatéraux et commencer à protéger les vies, les maisons et la dignité qui subsistent derrière elles.

Je garderai mon sac près de moi. Peut-être me trompe-je. Peut-être je serai forcé de partir demain. Mais si je dois partir, je veux partir en sachant que mon refus d’aujourd’hui a signifié quelque chose : que quelqu’un, quelque part, a entendu que ce qui se joue ici n’est pas seulement une stratégie militaire, mais l’anéantissement progressif d’un peuple et de sa mémoire. Quand une maison tombe, ce ne sont pas seulement des pierres qui s’écroulent. Ce sont les voix qui riaient dans ses ruelles, les repas partagés, les métiers transmis, les bénédictions offertes par les anciens.

Tant que ces maisons seront traitées comme des cibles, leur disparition ne sera pas seulement matérielle. Elle marquera le futur de générations entières..

Je sais que je peux mourir demain. Mais mon refus de partir a un sens : résister à l’idée que notre existence puisse être effacée comme on rase un immeuble.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

En hommage au combat quotidien de : Ahmed Ahmed (pseudonyme), journaliste de Gaza.  

  

 

Demandons pardon à la population de Gaza.

 

Alors que Gaza subit bombardements, famine et siège, les institutions internationales échouent à protéger les civils. Le silence et l’inaction des gouvernements occidentaux deviennent une complicité. Nous devons demander pardon à la population de Gaza et transformer ce pardon en engagement pour la justice et la vie.

Pardon pour notre silence trop long, pour notre indifférence parfois complice, pour nos institutions incapables de protéger les plus vulnérables. Pardon d’avoir laissé se répéter, sous nos yeux, l’histoire tragique d’un peuple soumis à l’occupation, au siège, à la destruction méthodique de ses maisons, de ses écoles, de ses hôpitaux, de ses vies.

Chaque jour, les images nous parviennent : immeubles effondrés, enfants blessés, familles décimées, hôpitaux bombardés. Et chaque jour, nous restons collectivement impuissants, prisonniers d’un système international qui se révèle incapable d’arrêter ce carnage. Il ne s’agit plus de politique étrangère ou de « conflits lointains » : il s’agit d’humanité, de droit, de justice

C’est à nous, peuples et citoyens, de prendre le relais. Notre responsabilité n’est pas seulement morale, elle est politique. Les dirigeants continuent d’armer et de soutenir l’offensive parce qu’ils estiment que l’opinion publique ne leur coûtera pas cher. C’est là que nous intervenons : par nos voix, nos votes, nos mobilisations. Nous devons exiger de nos gouvernements des positions claires, des sanctions ciblées, la suspension des ventes d’armes, la reconnaissance de l’État de Palestine, et l’appui aux enquêtes judiciaires internationales.

Certains disent : « c’est trop compliqué ». Non. Le droit humanitaire est simple : on n’attaque pas les civils, on n’affame pas une population, on ne détruit pas les infrastructures vitales. Ce sont des règles universelles, les mêmes partout. Et quand elles sont violées, il faut le dire sans trembler, quel que soit l’auteur.

D’autres disent : « mais critiquer Israël, n’est-ce pas prendre parti ? » Oui, c’est prendre parti : celui du droit, celui des victimes, celui de la justice. Être du côté des opprimés n’a jamais été une faute. L’erreur, c’est de se réfugier dans un silence prudent ou dans un « équilibre » qui n’est que la justification de l’injustice.

Car ce qui se passe à Gaza n’est pas une « opération militaire », ce n’est pas une guerre entre deux armées. C’est la mise à mort d’une population enfermée, privée de tout, bombardée sans relâche. Les chiffres ne sont pas abstraits : ce sont des enfants aux yeux immenses, des mères endeuillées, des médecins qui opèrent à la lueur des téléphones, des journalistes assassinés pour avoir témoigné. Chaque jour, Gaza crie, et le monde détourne le regard.

Demandons pardon à la population de Gaza, car nos institutions internationales ont échoué. L’ONU, prisonnière des vetos des grandes puissances, s’avère incapable d’imposer un cessez-le-feu. La Cour internationale de Justice a pourtant reconnu le risque plausible de génocide. Mais les décisions de justice restent lettre morte quand elles ne sont pas accompagnées de courage politique. Cet échec n’est pas neutre : il dit au peuple palestinien que sa vie vaut moins que d’autres.

Demandons pardon à la population de Gaza, parce que des gouvernements continuent d’armer ceux qui bombardent. Parce qu’ils osent parler de « droit à se défendre » alors que ce droit ne peut jamais justifier l’extermination de civils innocents. Parce qu’ils répètent les mêmes phrases creuses — « retenue », « désescalade », « solution à deux États » — pendant que les bulldozers détruisent, que les bombes tombent, que les enfants meurent.

Demandons pardon à la population de Gaza, car nous savons tous que la résistance à la colonisation, reste d’actualité et ceci depuis deux années écoulées, et par la voix d’Abou Ubaidah,  la résistance  demeure vivant, porté par l’écho de sa détermination. Sa marche a traversé le pays, éveillant les consciences, appelant au sursaut et rappelant à chacun la noblesse du combat. Aujourd’hui, la nation entière le cherche et le suit. Pour certains, il est un motif de fierté : il a relevé son peuple, ravivé en lui la flamme de la résistance et réaffirmé son honneur. Pour d’autres, il est une ombre dérangeante : ils espèrent son silence, car sa voix dévoile leur échec et leur faiblesse.

Israël a voulu frapper l’âme d’une communauté Palestinienne d’hommes et de femmes, et pensait la réduire à la résignation. Mais lorsque l’âme demeure vivante, le corps retrouve sens et la bataille retrouve sa valeur. Si l’assassinat suffisait à éteindre la résistance, elle se serait éteinte depuis près d’un siècle, avec le martyre d’Izz ad-Din al-Qassam.

Demandons pardon à la population de Gaza pour les deux années de massacres. Deux années de bombes déversées sur une bande de terre de 40 kilomètres, pour les deux années qui ne sont pas un accident de l’histoire, mais l’accomplissement méthodique d’un projet criminel et sanguinaire d’une armée super-militarisés, qui n’a jamais caché son ambition, faire un nettoyage ethnique.Gaza est devenu le laboratoire de cette obsession.

Demandons pardon à la population de Gaza, avoir permis à cette armée fasciste d'occupation est entrée à Gaza, armée du matériel de guerre le plus moderne :

- Les drones de reconnaissance qui transmettent des images thermiques haute résolution en temps réel.

- Des chiens électroniques (robots) qui pénètrent dans les bâtiments et les tunnels détruits et filment chaque angle avec des caméras avancées, et sont même équipés de mitrailleuses et de petites bombes. –

-Des robots terrestres blindés télécommandés capables de détecter les explosifs et les embuscades avant l'arrivée des soldats.

- Des systèmes de communication et de brouillage reliés à des salles de commandement connectées à des satellites, surveillant chaque murmure et chaque mouvement, aussi simple soit-il.

Et aujourd’hui, cette armée la plus criminel au monde, continue, à se bercer d’illusions, à croire que bombarder des civils affamés est synonyme de victoire. Quelle victoire, au juste ? Celle d’une armée qui, armée jusqu’aux dents, s’acharne contre des enfants, contre des hôpitaux, contre un peuple piégé ?

Bande de ratés, oui.

Demandons Pardon à la population de Gaza pour une résilience incomparable de ce petit peuple de Gaza. Depuis vingt-trois mois d’une guerre implacable, sans répit ni rémission, ils continuent de tenir debout là où toute force humaine semblait devoir s’effondrer. Ni la puissance des armes, ni l’étouffement économique, ni les ruines accumulées n’ont pu briser leur volonté. Cependant, au milieu de cette forêt de fer, quelque chose d’incroyable se produit : Les embuscades leur explosent au visage et les soldats tombent morts et blessés. Pire encore : certains d’entre eux sont extraits vivants du cœur de la bataille, devant leurs drones, leurs robots et leurs satellites !

Comment cela se produit-il ?

D’après tous les témoignages militaires et techniques, ce que la résistance a accompli est proche d’un miracle. Perturber les systèmes électroniques, Cachant des combattants dans les décombres, En utilisant des tactiques de tromperie et de camouflage, Traînez les soldats jusqu'à un point mort hors de vue, Alors bondissez. Ce n’est pas seulement une tactique.

Demandons pardon à la population de Gaza pour ce miracle observé jour et nuit. Une armée équipée des outils les plus modernes du monde échoue face à des esprits fidèles et à des pieds nus, et s'en sort avec des pertes catastrophiques, laissant derrière elle un mystère militaire que ses dirigeants sont incapables d'expliquer. Je ne trouve d'autre explication que la parole du Tout-Puissant : « Nous avons placé devant eux une barrière et derrière eux une barrière, et nous les avons couverts afin qu'ils ne voient pas. 

Demandons pardon à la population de Gaza, car nos voix ne se sont pas élevées assez fort. Certes, il y a eu des manifestations, des tribunes, des pétitions. Mais combien d’entre nous ont préféré se taire par peur de choquer, par crainte d’être mal compris ? Combien ont choisi le confort du silence plutôt que le risque de l’indignation ?

Et pourtant, l’histoire nous enseigne que les peuples ne sont jamais condamnés à l’impuissance. L’Afrique du Sud a montré la voie en portant plainte devant la CIJ. L’Irlande, l’Espagne, la Slovénie et d’autres ont reconnu l’État de Palestine malgré les pressions. Des diplomates, Algériens, défendent inlassablement la justice au sein d’institutions hostiles. Ces gestes ne suffisent pas, mais ils montrent que l’honneur n’est pas mort.

Alors, que faire ? Ne pas détourner les yeux. Ne pas céder à la résignation. Exiger de nos gouvernements qu’ils cessent de livrer des armes, qu’ils appuient les enquêtes judiciaires internationales, qu’ils reconnaissent la souveraineté du peuple palestinien. Soutenir les ONG qui risquent leur vie pour acheminer l’aide humanitaire. Relayer la voix des médecins, des journalistes, des habitants de Gaza.

Mais au-delà du politique, il nous faut un sursaut moral. Car ce qui se joue à Gaza n’est pas seulement une question géopolitique : c’est un test pour notre humanité. Si nous acceptons que des milliers d’innocents soient sacrifiés au nom d’alliances stratégiques, alors le mot « droit » n’a plus de sens. Si nous tolérons qu’un peuple entier soit affamé, déplacé, détruit, alors nous ne valons guère mieux que ceux que nous accusons.

Demandons pardon à la population de Gaza, mais faisons en sorte que ce pardon ne soit pas un mot vide. Qu’il se traduise en actes, en solidarité, en mobilisation. Qu’il soit un engagement à ne plus jamais fermer les yeux.

Car un jour, les enfants de Gaza liront dans nos livres d’histoire ce que nous avons fait — ou pas fait. Ils sauront qui a gardé le silence et qui a eu le courage de dire « assez ». À eux, nous devons au moins cette promesse : ne pas laisser leur souffrance disparaître dans l’oubli.

Alors, aujourd’hui, répétons-le ensemble : Ce qui se joue à Gaza dépasse Gaza. C’est la crédibilité même de notre idée de justice universelle qui est en cause. Si nous acceptons que des milliers d’innocents soient sacrifiés au nom des équilibres géopolitiques, alors le mot « droit » n’a plus de sens. Mais si nous transformons notre indignation en action, alors, peut-être, les enfants de Gaza sauront que nous n’avons pas tous gardé le silence.

Ne détournons plus le regard. Exigeons la justice, exigeons la vie.
Demandons pardon à la population de Gaza. Mais faisons de ce pardon une force pour la justice et pour la vie.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »


L’Algérie face à la France : souveraineté assumée contre visions biaisées

 

Depuis plusieurs décennies, les relations entre l’Algérie et la France oscillent entre rapprochements prudents et ruptures soudaines. Certains articles récents, notamment à propos de la reconnaissance française du Sahara occidental comme marocain, laissent croire que l’Algérie réagit de manière émotive et subordonnée aux aléas de la politique intérieure française. Cette lecture simpliste est réductrice, car elle occulte les dynamiques profondes de la diplomatie algérienne et les choix stratégiques opérés par l’État algérien depuis 1962.

La diplomatie algérienne : une doctrine de souveraineté, pas une réaction épidermique

Contrairement à l’image d’un pays « surpris » ou « vexé » par la décision française, l’Algérie suit une ligne diplomatique constante défense des principes de souveraineté et d’autodétermination, hérités de la lutte de libération nationale, engagement ferme en faveur des causes justes, comme celle du peuple sahraoui, appuyée par les résolutions de l’ONU et la jurisprudence de la Cour de justice européenne et surtout refus des ingérences étrangères et rejet de toute forme de tutelle néocoloniale.

Loin d’être réactive, l’Algérie applique une doctrine claire qui ne varie pas au gré des caprices de Paris.

Le Sahara occidental : une question de droit, non de rivalité

Réduire la position algérienne à une opposition mécanique au Maroc ou à une réaction « de surprise » face à la France est une contre-vérité. Depuis son indépendance, l’Algérie a toujours soutenu le principe de l’autodétermination des peuples. Le Sahara occidental n’est pas une querelle bilatérale mais une question de droit international : les Nations Unies considèrent ce territoire comme non autonome. Le soutien algérien n’est donc ni une invention récente, ni une « réaction à Macron », mais une position cohérente et constante.

La mémoire coloniale : une ligne rouge

Les propos du président Macron, reprenant des mythes tels que « les bienfaits de la colonisation » ou « l’Algérie, une création française », ne peuvent être réduits à de simples maladresses électoralistes. Ils constituent une atteinte frontale à la mémoire algérienne et une négation des crimes coloniaux. Ils trahissent la persistance, au sein de certaines élites françaises, d’une vision condescendante et coloniale. En Algérie, cette ligne rouge ne peut être franchie sans conséquences : elle touche à l’ADN même de la nation, forgée dans la lutte contre la colonisation.

Le Hirak et la refondation de l’Algérie : un choix de rupture

L’article évoque le Hirak de 2019 comme un simple facteur aggravant des tensions avec la France. Mais il s’agit d’un mouvement profond qui a réaffirmé la volonté du peuple algérien de disposer pleinement de son destin, favorisé l’émergence d’une nouvelle gouvernance, incarnée par le président Abdelmadjid Tebboune  qui a conduit à une reconfiguration des alliances internationales, avec une diversification assumée vers la Chine, la Russie, la Turquie, les BRICS, mais aussi l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne, les États-Unis et l’Inde.

L’Algérie ne s’éloigne pas de la France par ressentiment, mais parce qu’elle construit une politique étrangère indépendante, adaptée aux réalités du XXIᵉ siècle.

Une puissance régionale en ascension

Aujourd’hui, l’Algérie est loin d’être une puissance périphérique dépendante, elle est un acteur clé en Méditerranée, au Maghreb et au Sahel, elle dispose de ressources stratégiques (hydrocarbures, minéraux) et d’un marché de 47 millions de consommateurs, elle est classée parmi les 25 premières puissances militaires mondiales, avec une expertise reconnue en matière de lutte contre le terrorisme, elle attire désormais l’attention de puissances qui rivalisent avec la France pour renforcer leurs relations (États-Unis, Chine, Russie, Turquie, Inde, Allemagne, Italie, Espagne).

Ce n’est pas l’Algérie qui reste prisonnière d’un lien colonial, mais bien la France qui peine à se défaire d’une vision réductrice et passéiste.

Conclusion : dépasser le prisme colonial

Les tensions actuelles entre l’Algérie et la France ne résultent pas d’une « susceptibilité » algérienne ou d’une réaction circonstancielle. Elles traduisent une réalité plus profonde l’Algérie refuse d’être perçue comme une ancienne colonie sous tutelle, elle affirme son indépendance diplomatique et stratégique, elle construit des partenariats diversifiés qui repositionnent la France au rang d’acteur parmi d’autres.

L’avenir des relations franco-algériennes dépendra de la capacité de Paris à abandonner ses réflexes coloniaux et à reconnaître l’Algérie comme un partenaire souverain, et non comme une extension de ses débats intérieurs.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/

 

 

 


Nous sommes « Super Sparte » : Netanyahou affirme qu'Israël est confronté à l'isolement et doit devenir autonome

 

En se rêvant en chef de « Super Sparte », Netanyahou propulse Israël sur la voie d’un isolement volontaire, d’une militarisation stérile et d’un autoritarisme dangereux. L’histoire, de Sparte à l’apartheid sud-africain, nous rappelle pourtant que cette stratégie ne mène qu’à l’effondrement.

La forteresse assiégée ou le fantasme paranoïaque

J'ai toujours tendance à confondre les discours de Netanyahou avec ceux de Goebbels. Je ne comprends vraiment pas pourquoi et encore Netanyahou martèle que l’immigration musulmane en Europe et les réseaux sociaux isoleraient Israël. Une vision commode : transformer les critiques légitimes contre les crimes de guerre en complot mondial.

Oui, malheureusement, cet homme ne sait que semer la haine et la division. Il est le plus grand responsable de la mort de plus d'un million d'Irakiens, avec tous les faux renseignements qu'il a fournis aux États-Unis. Il tente activement d'inciter à des guerres ethniques et religieuses en Europe, croyant qu'elles profiteront à son pays politiquement et financièrement. N'oublions pas que toute la technologie qu'ils ont perfectionnée dans des endroits comme Gaza est ce qu'ils espèrent vendre dans le monde entier, et pour cela, ils ont besoin de conflits.

Ce n’est pas l’Europe qui isole Israël, c’est Israël qui s’exclut en choisissant la brutalité comme politique d’État. Ce n'est pas de l'« isolement », c'est de l'exclusion. Le monde rejette Israël pour une raison très différente.

« Super Sparte » : une prophétie d’échec

Se réclamer de Sparte, c’est glorifier un modèle qui a fini dans la ruine. Hyper-militarisée, démographiquement exsangue, dépendante de ses esclaves, Sparte a disparu. Incroyablement délirant. Israël serait-il en train de devenir trop grand pour ses petits pieds ?

« Super Sparte » signifie que ceux qui vivent par l'épée peuvent aussi mourir par l’épée.

Netanyahou reproduit la même recette : guerres incessantes, fracture interne, dépendance chronique aux États-Unis. Appeler cela « autosuffisance » est une farce.

L’autonomie sous perfusion américaine

Le discours de Netanyahou sur l’indépendance sonne creux. Israël vit sous perfusion, se proclamer autonome tout en survivant grâce aux impôts américains relève moins de la stratégie que de l’imposture de l’autonomie et des milliards et des milliards de dollars d’aide provenant des impôts américains.

Israël n'est pas indépendant sur le plan alimentaire. L'agriculture serait peut-être un bon point de départ, plutôt que la production d'armes.

Les Israéliens ont détruit une grande partie de l'agriculture, fait exploser des puits, détourné l'eau des rivières, les laissant arides...

Donc Israël sera Sparte, avec des Hilotes, je suppose

Le masque du « sauveur » : la loi sacrifiée

« La vie est plus importante que la loi », dit Netanyahou. En réalité : sa vie politique est plus importante que toute règle. Derrière cette formule se cache une dérive inquiétante : l’idée qu’Israël pourrait s’exonérer du droit international, qu’un dirigeant autoproclamé « sauveur » n’aurait de comptes à ne rendre à personne. C’est le langage des régimes autoritaires, pas celui d’une démocratie. Le monde entier est présumé avoir toujours été hostile aux Juifs et le sera toujours. Les Juifs doivent donc réagir de la même manière, créer leur propre État et le rendre aussi odieux que possible afin qu'aucun autre État ne veuille s'y associer, à l'exception d'États tout aussi odieux et hyper militarisés.

Les Juifs pourront alors se prélasser dans un splendide isolement en tant que peuple élu de Dieu. Netanyahou ne crois probablement pas plus en Dieu qu'en la Grande Citrouille, mais sa paranoïa, sa mégalomanie et son environnement culturel l'ont conduit directement aux mains des sionistes religieux purs et durs et des Hardalim.

Le poison interne : fracture religieuse et exode des laïcs

Le mythe de l’unité israélienne s’effrite. Les ultra-orthodoxes refusent de servir dans l’armée qu’on érige en totem. Les laïcs, moteurs économiques, se lassent d’un État qui s’enfonce dans la théocratie. La diaspora juive, surtout progressiste, se détache déjà d’un Israël devenu méconnaissable.

Quand l’histoire se répète : apartheid, kahanisme, autocratie

Le discours de Netanyahou rappelle dangereusement l’apartheid sud-africain de Botha, enfermé dans son isolement, le kahanisme, paranoïa ultranationaliste qui voit le monde entier comme ennemi les régimes autocratiques qui se nourrissent de peur et finissent étouffés par leur propre propagande.

La fuite en avant vers le néant

En érigeant Israël en « Super Sparte », Netanyahou ne promet pas la survie, mais l’asphyxie. L’histoire a tranché : Sparte, l’Afrique du Sud de l’apartheid, tous ces systèmes ont fini par s’écrouler sous le poids de leur militarisme et de leur isolement.

C'est vraiment impressionnant d'observer ce menteur invétéré et intrigant. Chaque phrase est un mensonge sournois et rusé.

Vraiment. Chacune.

Il faut aussi s'émerveiller de l'hypocrisie et de la mauvaise foi d'un dirigeant israélien qui se plaint d'être « une minorité importante, très bruyante et combative, qui fait plier les gouvernements ». Waouh ! Il met les bouchées doubles, évidemment. Il se met en mode dictateur déclaré. Comme toujours, les menaces que perçoivent le Sauveur autoproclamé du peuple juif, le petit-fils de Moïse, sont éternelles, et la violence israélienne est la solution éternelle. (« Même lorsqu'on fait tomber une grande puissance, d'autres forces surgissent… Les risques ne disparaissent pas ; ils changent seulement. »)

Il garde une longueur d'avance sur la combinaison orange de prisonnier qui l'attend s'il se comporte honorablement et démissionne. Et l'opinion publique israélienne adhère à ses idées, refusant de s'y opposer sérieusement. Une société de crapule, qui cherche à rabaisser l’humanité, n'annonce rien de bon, pour personne.

Cette entité criminelle terroriste voyou appelée Israël, qui en dépit d’une guerre de plus de 24 mois de bombardement continu jours et nuits, des agressions de l’Armée sur terrain et surtout l’exploit des tireurs d’élites, toute cette force mise en place, Israël n’arrive toujours pas à libérer un seul otage.

Israël ne sera pas sauvé par plus de tanks, mais par plus de coexistence. Plus tôt ce constat sera fait, moins le prix à payer sera lourd.

Quand les Juifs se poseront ils la bonne question ?

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

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Israël dicte, Washington obéit : la dépendance mortelle des USA

 

Jamais dans l’histoire on n’a vu un petit État, peu peuplé et dépourvu de grandes ressources naturelles, imposer sa volonté à une superpuissance mondiale comme le fait Israël avec les États-Unis. Washington obéit, Tel-Aviv décide. C’est la réalité derrière l’expression devenue célèbre: «la queue remue le chien».
Le rôle du lobby pro-israélien
Cette influence ne repose pas sur la force militaire seule, mais sur un réseau d’organisations et de donateurs qui s’assurent que la classe politique américaine reste docile. L’AIPAC, les milliardaires donateurs et les groupes de pression « pro-Israël » pèsent de tout leur poids dans les campagnes électorales et verrouillent le débat public. Résultat : aucun président, aucun Congrès n’ose contrarier Israël, de peur d’être écrasé politiquement.
Des guerres pour Israël, pas pour l’Amérique
La guerre d’Irak en 2003 illustre parfaitement ce déséquilibre. Justifiée par des mensonges sur les « armes de destruction massive », elle fut promue par les cercles néoconservateurs proches d’Israël. Le résultat ? Plus de 600 000 morts irakiens, des milliers de soldats américains tués ou mutilés, des milliers de milliards dépensés. Qu’y ont gagné les États-Unis ? Rien. Mais Israël, lui, a vu un ennemi régional affaibli pour des décennies.
Et ce schéma se répète : confrontation avec l’Iran, soutien aveugle aux frappes israéliennes en Syrie ou à Gaza, blocage diplomatique à l’ONU… Dans chaque dossier, Washington agit comme le prolongement militaire et diplomatique de Tel-Aviv.
Une diplomatie américaine confisquée
Les États-Unis utilisent leur droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU pour protéger Israël de toute condamnation, y compris pour des violations flagrantes du droit international. Cette complicité isole Washington du reste du monde et réduit à néant son autorité morale. Comment l’Amérique peut-elle parler de « droits de l’homme » en Chine, en Russie ou ailleurs, alors qu’elle arme et finance la destruction de Gaza ?
La liberté d’expression sous surveillance
Aux États-Unis, critiquer Israël reste quasiment tabou. Toute voix dissidente est vite accusée d’« antisémitisme ». Résultat : le premier amendement, pourtant censé protéger la liberté d’expression, est amputé dès qu’il s’agit du sujet israélien. Les universitaires, journalistes et responsables politiques qui osent poser des questions dérangeantes en paient souvent le prix.
Gaza : le point de rupture moral
Le massacre en cours à Gaza illustre jusqu’où peut aller cette complicité. Washington finance, arme et couvre diplomatiquement les opérations militaires israéliennes qui tuent des milliers de civils. Les images font le tour du monde, mais au lieu de faire pression pour un cessez-le-feu, les États-Unis bloquent toute initiative internationale et continuent d’envoyer des cargaisons d’armes. Pour les Palestiniens, c’est un cauchemar ; pour l’Amérique, c’est un suicide moral et diplomatique.
Le coût pour les Américains
Pendant que les impôts des Américains financent l’armée israélienne, leurs propres citoyens peinent à se soigner ou à envoyer leurs enfants à l’université. Israël offre l’éducation et les soins gratuits à ses citoyens juifs grâce à une partie de cette aide. Où est l’intérêt du peuple américain ? Nulle part. Tout cela est le prix de l’allégeance forcée à Tel-Aviv.
Une opinion publique en éveil
La bonne nouvelle, c’est que les Américains commencent à ouvrir les yeux. Les sondages montrent que la majorité désapprouve l’occupation et les violences contre les Palestiniens. La fracture entre l’opinion et les élites politiques est désormais béante. Le temps viendra où il ne sera plus possibled’ignorer cette colère.
Conclusion
La plus grande menace pour la sécurité nationale des États-Unis n’est ni la Chine ni la Russie, ni l’Iran ni le Venezuela. C’est la dépendance aveugle à Israël. Tant que Washington agira comme le vassal de Tel-Aviv, l’Amérique s’appauvrira, perdra sa crédibilité et s’exposera à des guerres qui ne sont pas les siennes.
Rompre avec cette relation toxique n’est pas seulement une question de stratégie : c’est une question de survie.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

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Impuissance arabe : Qatar fragilisé, normalisation et l’urgence d’une vigilance algérienne

 

Primo — Méfiance face au piège du « grand plan »

La question n’est pas tant de savoir à quoi s’attendre d’un sommet arabe,  mais d’espérer que nos représentants Algériens ne se laissent pas entraîner dans le guet-apens dont certains parlent : la formation précipitée d’une « coalition militaire arabe » calquée sur un modèle de type OTAN. Une telle machine, lancée sans vision commune ni intérêts partagés, risquerait d’enfermer les pays arabes dans des logiques d’alignement qui servent d’abord des puissances extérieures.

Secundo — La division, arme maîtresse

Tout observateur averti sait que la diversion est la première étape de la division, et que la division mène au KO. Depuis l’élection de Donald Trump, des recompositions idéologiques et politiques ont surgi en Europe et au Proche-Orient ; certaines mouvances d’extrême droite se sont rassemblées autour d’un discours populiste et identitaire qui favorise l’éclatement des cadres traditionnels. Les médias jouent un rôle central dans ce façonnage de l’opinion : ils trient, dissimulent et valorisent ce qui sert des agendas. Face à cela, des acteurs comme l’Iran ou des mouvements régionaux ont répondu par des actes qui, pour leurs part, évitent la grand-parole et misent sur l’action directe.

N’oublions pas que c’est au cours du premier mandat de Trump qu’a été signé l’accord des Abraham, une rupture qui a reconfiguré les alliances régionales et accentué la polarisation. Ces décisions n’ont pas été prises dans le vide : elles ont des conséquences stratégiques lourdes pour la cohésion arabe.

Tertio — Sur la question des responsabilités et de l’information

Imaginer que les dirigeants qataris n’étaient pas au courant d’un événement majeur sur leur territoire, ou que le Hamas ait pu totalement surprendre ses adversaires sans complicités ni failles dans le système de renseignement adverse, c’est choisir la facilité. Chacun est libre de tirer ses conclusions ; mais pour garder la crédibilité d’un discours politique, il faut distinguer faits établis, hypothèses plausibles et théories invérifiables.

Quarto — La montée des extrêmes et le climat international

Le début du véritable chaos global s’inscrit aussi dans la montée d’un climat d’extrémisme et de polarisation : manifestations violentes, couleurs politiques exacerbées, discours publics qui appellent à la rapidité et à la riposte plutôt qu’à la mesure. Les prises de position provocatrices de certaines personnalités publiques ont alimenté des tensions et révélé combien le débat politique international peut basculer en terrain miné. Là encore, ce ne sont pas des incidents isolés : ils s’inscrivent dans une recomposition plus vaste des rapports de force.

Un Qatar rattrapé par son propre jeu

Que peut-on attendre d’un sommet arabe organisé dans la foulée d’une attaque contre le Qatar ? Pas grand-chose, si ce sommet n’est pas précédé d’un vrai travail de clarification politique. Doha, qui a investi massivement dans des médias, des réseaux et des acteurs régionaux pendant le « Printemps arabe », se retrouve aujourd’hui rattrapé par ses choix. Jadis maître d’œuvre ou mécène de diverses opérations politiques et médiatiques, le Qatar est aujourd’hui obligé de solliciter des soutiens de ceux qu’il avait affaiblis — image humiliante d’un petit État pris au piège de ses propres stratégies.

Le monde arabe en ruines

Le bilan régional est accablant :

  • Syrie : dévastée après une décennie d’affrontements, morcelée entre influences étrangères et groupes armés.
  • Égypte : frappée par une dette importante et une économie en souffrance, avec une armée dont la projection stratégique est aujourd’hui limitée plus verser dans la répression de la population, qui ne peut même plus déplacer ses chars sur quelques dizaines de kilomètres faute de logistique. Une armée sans moyens, un pays à bout de souffle.
  • Golfe : des pétromonarchies qui, malgré leurs moyens, restent dépendantes d’alliances externes et n’ont pas acquis l’autonomie stratégique qu’elles pensaient acheter avec des contrats et des largesses. Le Qatar, qui a financé et encouragé les ingérences et les guerres civiles à travers le monde arabe, se retrouve humilié, forcé de mendier un secours qu’il a contribué à rendre impossible. Ce théâtre de dupes révèle l’échec cuisant d’un système arabe corrompu, divisé, incapable de s’unir même face à une agression extérieure.

Des palais fragiles et des alliances trompeuses

Les monarchies du Golfe ont dépensé des milliards pour garantir leur sécurité ; elles ont cru acheter une protection durable. Pourtant, lorsqu’un État du Golfe est menacé, les réactions internationales restent mesurées et souvent calculées : les bases étrangères ne sont pas forcément l’assurance d’une intervention automatique. Le mirage de la « puissance achetée » s’effondre.

La normalisation comme trahison perçue

Au Maghreb, des accords récents ont été vécus par une partie de la population comme une abdication morale. La signature des accords d’Abraham par certains États a introduit de nouvelles coopérations militaires et économiques avec Israël ; ces actes sont perçus par des segments importants de l’opinion comme une trahison, surtout lorsque la normalisation donne lieu à des présences technologiques ou militaires visibles sur le sol national.

Les sommets arabes : théâtre de dupes ?

Dans ces conditions, que peut un sommet arabe ? S’il ne sert qu’à égrener des slogans et signer des communiqués, il ne sert à rien. L’unité ne se décrète pas derrière des portes closes ou à grand renfort de photos officielles : elle se construit sur un projet partagé, une indépendance stratégique et un choix de priorités crédibles. Or aujourd’hui, la plupart des capitales agissent selon leurs intérêts immédiats et sous contraintes extérieures.

Conclusion — L’Algérie d’abord

Rien n’est définitivement conclu, mais une chose doit être claire : pour nous, Algériens, l’essentiel, c’est nous. Nous avons traversé la décennie noire seuls et nous en sommes sortis grâce à notre résilience, pas grâce à des alliances achetées. Restons donc lucides et vigilants. Face aux sirènes étrangères et aux prétendus plans de grandeur — coalitions militaires, normalisations opportunistes, spectacles diplomatiques — l’Algérie doit privilégier l’unité nationale, réparer ses faiblesses internes et se préparer, unie, à faire face à toutes les éventualités.

Ce sommet ? Il ressemble à la Ligue arabe d’hier : beaucoup de bruit, peu d’effet. Ne tombons pas dans leur piège ; refusons d’être salis par des agendas qui ne servent ni nos intérêts ni notre souveraineté.

Que peut-on attendre d’un sommet arabe organisé dans la foulée d’une attaque israélienne contre le Qatar ?

Ainsi, nous devrons bien comprendre que le rôle régulateur de la Ligue arabe est bien clair, il s’agit de faire croire que les pays arabes font quelque chose pour les palestiniens, tout en continuant à fermer les yeux sur les exactions d’Israël et le genocide de Gaza. En fait, chaque fois qu’il s’agit de dégager une position commune, les «Arabes se mettent d’accord pour ne pas se mettre d’accord !».

C’est une vieille rengaine.

Enfin  Je suis accable de voir ce genre  de décisions, j’observe, nonchalant mon etat voué à l’inquiétude, mon arabité vouée à subir des humiliations, ma faiblesse vouée à se taire, ma honte vouée à supporter la traîtrise des frères Arabes, je reste perplexe et profondément ému,  

Ainsi chaque soir avec les miens au vue des images du génocide de Gaza, on raconte nos misères, nos tourmentes, nos endurances et la vie tumultueuse de mon arabité condamnée à l’inquiétude et au silence.

J’observe, notre position promis à l’humiliation.

Ce soir encore je peux pleurer sur cette ligue qui une fois de plus à frapper très fort dans l’humiliation !!!!!!   

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

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