Primo — Méfiance
face au piège du « grand plan »
La question n’est pas tant de
savoir à quoi s’attendre d’un sommet arabe, mais d’espérer que nos représentants Algériens
ne se laissent pas entraîner dans le guet-apens dont certains parlent : la
formation précipitée d’une « coalition militaire arabe » calquée sur un
modèle de type OTAN. Une telle machine, lancée sans vision commune ni intérêts
partagés, risquerait d’enfermer les pays arabes dans des logiques d’alignement
qui servent d’abord des puissances extérieures.
Secundo — La
division, arme maîtresse
Tout observateur averti sait que
la diversion est la première étape de la division, et que la division mène au
KO. Depuis l’élection de Donald Trump, des recompositions idéologiques et
politiques ont surgi en Europe et au Proche-Orient ; certaines mouvances
d’extrême droite se sont rassemblées autour d’un discours populiste et
identitaire qui favorise l’éclatement des cadres traditionnels. Les médias
jouent un rôle central dans ce façonnage de l’opinion : ils trient, dissimulent
et valorisent ce qui sert des agendas. Face à cela, des acteurs comme l’Iran ou
des mouvements régionaux ont répondu par des actes qui, pour leurs part,
évitent la grand-parole et misent sur l’action directe.
N’oublions pas que c’est au cours
du premier mandat de Trump qu’a été signé l’accord des Abraham, une rupture qui
a reconfiguré les alliances régionales et accentué la polarisation. Ces
décisions n’ont pas été prises dans le vide : elles ont des conséquences
stratégiques lourdes pour la cohésion arabe.
Tertio — Sur la
question des responsabilités et de l’information
Imaginer que les dirigeants
qataris n’étaient pas au courant d’un événement majeur sur leur territoire, ou
que le Hamas ait pu totalement surprendre ses adversaires sans complicités ni
failles dans le système de renseignement adverse, c’est choisir la facilité.
Chacun est libre de tirer ses conclusions ; mais pour garder la crédibilité
d’un discours politique, il faut distinguer faits établis, hypothèses
plausibles et théories invérifiables.
Quarto — La montée
des extrêmes et le climat international
Le début du véritable chaos
global s’inscrit aussi dans la montée d’un climat d’extrémisme et de
polarisation : manifestations violentes, couleurs politiques exacerbées,
discours publics qui appellent à la rapidité et à la riposte plutôt qu’à la
mesure. Les prises de position provocatrices de certaines personnalités
publiques ont alimenté des tensions et révélé combien le débat politique
international peut basculer en terrain miné. Là encore, ce ne sont pas des
incidents isolés : ils s’inscrivent dans une recomposition plus vaste des
rapports de force.
Un Qatar rattrapé
par son propre jeu
Que peut-on attendre d’un sommet
arabe organisé dans la foulée d’une attaque contre le Qatar ? Pas grand-chose,
si ce sommet n’est pas précédé d’un vrai travail de clarification politique.
Doha, qui a investi massivement dans des médias, des réseaux et des acteurs
régionaux pendant le « Printemps arabe », se retrouve aujourd’hui rattrapé par
ses choix. Jadis maître d’œuvre ou mécène de diverses opérations politiques et
médiatiques, le Qatar est aujourd’hui obligé de solliciter des soutiens de ceux
qu’il avait affaiblis — image humiliante d’un petit État pris au piège de ses
propres stratégies.
Le monde arabe en
ruines
Le bilan régional est accablant :
- Syrie : dévastée après une décennie d’affrontements, morcelée entre
influences étrangères et groupes armés.
- Égypte : frappée par une dette importante et une économie en souffrance,
avec une armée dont la projection stratégique est aujourd’hui limitée plus
verser dans la répression de la population, qui ne peut même plus déplacer
ses chars sur quelques dizaines de kilomètres faute de logistique. Une
armée sans moyens, un pays à bout de souffle.
- Golfe : des pétromonarchies qui, malgré leurs moyens, restent dépendantes
d’alliances externes et n’ont pas acquis l’autonomie stratégique qu’elles
pensaient acheter avec des contrats et des largesses. Le Qatar, qui a
financé et encouragé les ingérences et les guerres civiles à travers le
monde arabe, se retrouve humilié, forcé de mendier un secours qu’il a
contribué à rendre impossible. Ce théâtre de dupes révèle l’échec cuisant
d’un système arabe corrompu, divisé, incapable de s’unir même face à une
agression extérieure.
Des palais fragiles
et des alliances trompeuses
Les monarchies du Golfe ont
dépensé des milliards pour garantir leur sécurité ; elles ont cru acheter une
protection durable. Pourtant, lorsqu’un État du Golfe est menacé, les réactions
internationales restent mesurées et souvent calculées : les bases étrangères ne
sont pas forcément l’assurance d’une intervention automatique. Le mirage de la
« puissance achetée » s’effondre.
La normalisation comme
trahison perçue
Au Maghreb, des accords récents
ont été vécus par une partie de la population comme une abdication morale. La
signature des accords d’Abraham par certains États a introduit de nouvelles
coopérations militaires et économiques avec Israël ; ces actes sont perçus par
des segments importants de l’opinion comme une trahison, surtout lorsque la
normalisation donne lieu à des présences technologiques ou militaires visibles
sur le sol national.
Les sommets arabes
: théâtre de dupes ?
Dans ces conditions, que peut un
sommet arabe ? S’il ne sert qu’à égrener des slogans et signer des communiqués,
il ne sert à rien. L’unité ne se décrète pas derrière des portes closes ou à
grand renfort de photos officielles : elle se construit sur un projet partagé,
une indépendance stratégique et un choix de priorités crédibles. Or
aujourd’hui, la plupart des capitales agissent selon leurs intérêts immédiats
et sous contraintes extérieures.
Conclusion —
L’Algérie d’abord
Rien n’est définitivement conclu,
mais une chose doit être claire : pour nous, Algériens, l’essentiel, c’est
nous. Nous avons traversé la décennie noire seuls et nous en sommes sortis
grâce à notre résilience, pas grâce à des alliances achetées. Restons donc
lucides et vigilants. Face aux sirènes étrangères et aux prétendus plans de
grandeur — coalitions militaires, normalisations opportunistes, spectacles
diplomatiques — l’Algérie doit privilégier l’unité nationale, réparer ses
faiblesses internes et se préparer, unie, à faire face à toutes les
éventualités.
Ce sommet ? Il ressemble à la
Ligue arabe d’hier : beaucoup de bruit, peu d’effet. Ne tombons pas dans leur
piège ; refusons d’être salis par des agendas qui ne servent ni nos intérêts ni
notre souveraineté.
Que peut-on attendre d’un sommet
arabe organisé dans la foulée d’une attaque israélienne contre le Qatar ?
Ainsi, nous devrons bien
comprendre que le rôle régulateur de la Ligue arabe est bien clair, il s’agit
de faire croire que les pays arabes font quelque chose pour les palestiniens, tout
en continuant à fermer les yeux sur les exactions d’Israël et le genocide de
Gaza. En fait, chaque fois qu’il s’agit de dégager une position commune, les «Arabes
se mettent d’accord pour ne pas se mettre d’accord !».
C’est une vieille rengaine.
Enfin Je suis accable de
voir ce genre de décisions, j’observe, nonchalant mon etat voué à
l’inquiétude, mon arabité vouée à subir des humiliations, ma faiblesse vouée à
se taire, ma honte vouée à supporter la traîtrise des frères Arabes, je reste
perplexe et profondément ému,
Ainsi chaque soir avec les miens
au vue des images du génocide de Gaza, on raconte nos misères, nos tourmentes,
nos endurances et la vie tumultueuse de mon arabité condamnée à l’inquiétude et
au silence.
J’observe, notre position promis
à l’humiliation.
Ce soir encore je peux pleurer
sur cette ligue qui une fois de plus à frapper très fort dans l’humiliation !!!!!!
Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient
comme ça. »
https://kadertahri.blogspot.com/
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