Parfois il m'est utile de le dire !

                                                                                                          Oh! Colombe, transmets mon salut d...

L’occupation à grande échelle de Gaza par Netanyahou se prépare

 

Une stratégie militaire controversée

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou présente son plan pour Gaza comme prudent et pragmatique. Pourtant, derrière ce discours se cache, selon de nombreux observateurs, une stratégie visant à prolonger l’occupation militaire et à consolider le contrôle sur le territoire.

Depuis des décennies, les politiques menées en Cisjordanie ont suivi le même schéma : expansion discrète, négociations gelées, justifications sécuritaires répétées. Gaza semble aujourd’hui sur la même trajectoire.


Un dirigeant clivant et contesté

Benjamin Netanyahou est accusé par ses détracteurs d’entretenir un état de guerre permanent.
Les critiques soulignent :

  • Son double langage : un discours rassurant à l’international, un autre plus radical en interne.
  • Une absence de responsabilité politique face aux échecs militaires et diplomatiques.
  • Une stratégie électorale basée sur la peur et le nationalisme.

L’objectif, selon ces voix critiques, n’est pas la paix, mais la prolongation du conflit pour renforcer sa position politique.


Des accusations graves : nettoyage ethnique et crimes de guerre

Plusieurs organisations de défense des droits humains dénoncent ce qu’elles qualifient de politique d’expulsion et de destruction systématique à Gaza et en Cisjordanie.
Les méthodes accusées incluent :

  • Le déplacement forcé de populations.
  • Les bombardements massifs en zones civiles.
  • Le blocage de l’aide humanitaire.

Ces pratiques, largement documentées, suscitent une condamnation internationale croissante.


Conséquences pour la société israélienne

Si Netanyahou est le visage de cette politique, ses opposants estiment qu’une partie significative de la société israélienne soutient — ou tolère — ces actions.
Les divisions internes se creusent :

  • Une minorité militante anti-occupation.
  • Une majorité silencieuse ou favorable aux actions du gouvernement.
  • Des tensions croissantes entre impératifs sécuritaires et respect du droit international.

Quel avenir pour Gaza et la paix au Proche-Orient ?

La question centrale reste : les Israéliens peuvent-ils se libérer de l’occupation et reconnaître les droits humains des Palestiniens ?
Sans changement politique majeur, l’occupation pourrait s’intensifier, rendant tout règlement pacifique encore plus lointain.
La communauté internationale, quant à elle, devra choisir entre la passivité et une action diplomatique ferme pour éviter un nouvel épisode tragique dans l’histoire de la région.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/


L’usage abusif de l’antisémitisme: enjeux et dérives

 

Introduction

Dans le débat public contemporain, l’accusation d’antisémitisme joue un rôle central dans la protection contre les propos haineux visant les personnes de confession ou d’origine juive. Toutefois, certains observateurs soulignent que cette accusation, lorsqu’elle est utilisée de manière abusive, peut servir à disqualifier des critiques légitimes, notamment lorsqu’elles portent sur des politiques gouvernementales, des acteurs économiques ou des institutions identifiées comme juives ou pro-israéliennes. Cette situation soulève la question délicate de l’équilibre entre la lutte contre le racisme et la préservation de la liberté d’expression.

Antisémitisme : définition et cadre légal

L’antisémitisme se définit comme toute hostilité ou discrimination envers les Juifs en tant que groupe ethnique ou religieux. En France, il est fermement condamné par la loi (loi du 29 juillet 1881 et loi Gayssot de 1990), et les pouvoirs publics s’engagent à le combattre activement.
Toutefois, cette lutte doit s’inscrire dans un cadre clair, afin d’éviter les amalgames entre critique légitime et discours de haine.

Les formes possibles d’un usage excessif

L’usage abusif de l’accusation d’antisémitisme peut se manifester dans plusieurs contextes :

  • Assimilation de la critique d’une politique de l’État d’Israël à de l’antisémitisme.
  • Disqualification d’analyses portant sur l’influence de lobbies ou de réseaux d’intérêts.
  • Utilisation stratégique de l’accusation pour interrompre ou empêcher un débat contradictoire.

Dans ces cas, la confusion entre identité religieuse ou ethnique et position politique peut entraîner une restriction de la liberté d’expression. L’antisémitisme est cependant une notion très bizarre. Elle est aujourd’hui assénée tous azimuts sur les critiques du capitalisme, de la haute banque, sur les critiques de certains lobbies, sur les critiques du judaïsme, sur les critiques du sionisme comme sur quasiment tous ceux qualifiés au préalable de complotistes (ces derniers sont expulsés brutalement du genre humain). Quiconque regarde ce qui se cache dans les coulisses, dirait-on, est nécessairement antisémite, parfois fou et complotiste en prime.

La moindre compassion à l’égard du peuple palestinien martyrisé, nié dans son existence, exclu de tout droit humain, est interdite. Du reste, tant les anonymes que les personnalités qui ont protesté contre les crimes de Netanyahu ont souvent été poursuivis pour incitation à la haine raciale et apologie de terrorisme.

Enjeux démocratiques et sociétaux

La lutte contre l’antisémitisme est indispensable et doit rester prioritaire pour préserver le vivre-ensemble. Cependant, lorsque l’accusation devient un outil de protection d’intérêts particuliers plutôt qu’un moyen de combattre la haine, elle risque d’affaiblir sa légitimité. À long terme, cette dérive peut générer un climat de méfiance et nourrir des ressentiments, ce qui va à l’encontre de l’objectif initial.

Vers une clarification des critères

Afin de préserver à la fois la lutte contre l’antisémitisme et la liberté d’expression, il est nécessaire de clarifier les critères qui permettent de distinguer :

  1. La critique légitime : portant sur des faits, des décisions politiques, ou des acteurs identifiables, avec arguments vérifiables.
  2. Le discours antisémite : visant un groupe dans son ensemble en raison de son appartenance ethnique ou religieuse.

Cette distinction est essentielle pour éviter les amalgames et garantir un débat public sain.

Conclusion

Plus Israël agit militairement, plus il détruit, tue et affame, plus ses autorités s’empressent de taxer d’antisémitisme toute personne émettant quelque critique à leur endroit. Souvent l’utilisation de ce redoutable anathème s’effectue avant l’intensification des frappes de Tsahal. 
Néanmoins cette accusation éhontée d’antisémitisme, destinée à foudroyer l’insolent en l’extrayant de la société conforme, en le marginalisant, en l’essentialisant, en le dégradant devant l’opinion, en le délégitimant, en le discréditant, en définitive en lui interdisant de parler, en lui coupant l’accès à tout media, est une arme qui est également maniée très régulièrement par les agents du sionisme international en Occident en particulier. Et cette arme est d’autant plus redoutable qu’elle laisse une trace indélébile sur l’identité de l’individu qui fut ciblé, à tort ou à raison, par cette accusation d’antisémitisme

Protéger la société contre l’antisémitisme est un impératif moral et juridique. Mais cet impératif ne doit pas servir à museler toute contestation. La vigilance consiste à condamner fermement les propos haineux tout en préservant la possibilité d’une critique libre et argumentée des politiques ou institutions, quelle que soit leur affiliation. Ce n’étaient que des vociférations de protestation envers une vérité historique qui tombe sous le sens. L’histoire des juifs est à l’image de ceux-ci, mêlant le pire et le meilleur, dans cette société ethniquement cloisonnée, seules les minorités ont le droit de revendiquer leur identité. Le juif a encore des efforts à faire. Quant à hurler en permanence à l'antisémitisme, Venir ensuite sangloter contre une certaine exclusion, après avoir tout fait pour s'affirmer différent, relève alors de la plus profonde hypocrisie, c'est à la fois dégueulasse et indigne.

Adieu ô peuple élu ! Un jour la Palestine va probablement devenir judenrein!

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

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Crânes algériens : quand la mémoire profanée exige justice

 

Il est des blessures que le temps n’apaise pas. Des blessures qui ne se referment pas parce qu’elles n’ont jamais été reconnues, ni même regardées en face. Celle des crânes algériens conservés au Musée de l’Homme à Paris appartient à cette catégorie : elle est à la fois une cicatrice béante de l’histoire coloniale et une preuve matérielle d’une barbarie maquillée sous les habits de la science.

Les résistants algériens tombés sous les balles du corps expéditionnaire français furent décapités, et leurs têtes exhibées pour terroriser les populations locales. « du terrorisme, au sens propre du terme », rappelle l’historien Gilles Manceron. «d’habitude on a des égards à l’égard des morts dans un conflit, et ceux-là n’ont pas été traités de la même façon ». Comme si on refusait à ces peuples le qualificatif même d’humanité.
Les têtes tranchées furent ensuite emmenées en France pour y être exposées comme des trophées de guerre. C’est ainsi que le crâne de Boubaghia, en compagnie de plusieurs milliers d’autres, s’est retrouvé dans les réserves du Musée de l’Homme à Paris. Des crânes, rappelle Gilles Manceron qui « ne devraient pas être là »,
170 ans plus tard, « le silence n’est plus possible » s’indigne l’historien Pascal Blanchard. Ces résistants ont droit à une sépulture digne, dans le pays pour lequel ils ont combattu. Mais voilà, ces crânes sont considérés par l’Etat français comme un bien inaliénable, faisant partie du patrimoine de la France
!

Une lettre glaçante comme preuve

Le document daté du 10 décembre 1845 est glaçant. Dans un ton administratif, presque courtois, un « savant » français annonce l’envoi d’un baril : il ne s’agit pas d’échantillons géologiques, mais d’un fœtus de six mois, de la tête d’une fillette de huit ans, de lambeaux de peau de femmes, et de crânes conservés dans l’alcool. Ces dépouilles, prélevées sur des Algériens morts dans la guerre coloniale, étaient destinées aux laboratoires de la métropole.

Cette lettre n’est pas un accident isolé : elle incarne un système. Un système où le corps colonisé devenait matériau d’étude, instrument de justification, preuve pseudo-scientifique d’une hiérarchie des races. En Algérie, l’anthropologie coloniale s’est nourrie des cadavres de ceux qu’elle avait préalablement exterminés.

Une science sans conscience, une barbarie rationalisée

 Dans les caves du musée de l’Homme, il y a des crânes, des murs de crânes  18 000 crânes entreposés les uns à côté des autres, conservés, classés, répertoriés. Sur les étiquettes, on lit :

« Bou Amar Ben Kedida, crâne n°5 943. Boubaghla, crâne n°5 940. Mokhtar Al Titraoui, crâne n°5 944. Cheikh Bouziane, crâne n°5 941. Si Moussa Al Darkaoui, crâne n°5 942. Aïssa Al Hamadi, lieutenant de Boubaghla, tête momifiée n°5 99
»

Les crânes de ces Algériens décapités pendant la conquête coloniale furent longtemps exhibés comme des trophées de guerre. Ils témoignent de la résistance tenace opposée, dès 1830, à la colonisation. Comme à Zaatcha, une oasis du sud-est algérien, théâtre, en 1849, d’un massacre colonial d’une rare barbarie…

Les colonisés n’étaient plus des hommes : ils devenaient des « sujets », des « pièces », des « téguments ». Leur nom disparaissait, leur histoire s’effaçait, leur mort se banalisait. Le langage savant anesthésiait l’horreur. Ainsi, l’Algérie n’a pas seulement connu l’occupation, les spoliations, les villages brûlés, les exécutions de masse : elle a connu ce qui est peut-être la forme ultime de profanation – le vol des corps, la négation du deuil, la conservation des restes humains comme simples spécimens de laboratoire.

Par cet acte, la France coloniale a arraché aux Algériens non seulement leur terre et leur liberté, mais jusqu’à leur droit d’être enterrés et pleurés par leurs proches. C’est une violence qui traverse la mort, une négation de l’humanité jusque dans l’ultime intégrité du corps.

Une restitution partielle, une vérité occultée

En 2020, la restitution de 24 crânes a été présentée comme un geste symbolique, presque magnanime. Mais elle reste un geste incomplet, terriblement insuffisant. Car dans les sous-sols français demeurent des centaines d’autres restes algériens et coloniaux, soigneusement conservés, parfois cachés.

Cette restitution parcellaire est une double trahison : elle apaise la conscience officielle à peu de frais, tout en masquant l’ampleur réelle du crime. Or, la mémoire ne se satisfait pas de demi-mesures. On ne répare pas une profanation par un geste diplomatique : on l’affronte par la vérité totale, par l’ouverture des archives, par la reconnaissance claire de la barbarie commise au nom de la science et de la République.

Ma douleur face à l’humiliation des martyrs

Je ne peux lire ces correspondances, je ne peux regarder ces crânes sans ressentir une douleur viscérale. Ce ne sont pas des ossements : ce sont les visages de martyrs algériens, résistants ou anonymes, qui ont combattu, qui ont souffert, qui ont été mutilés, et qu’on a privés même du repos éternel. Leur mémoire me hante. Leur humiliation me révolte.

Ces crânes sont des témoins muets. Ils disent l’histoire que l’on a voulu taire. Ils disent l’arrogance coloniale qui transformait des cadavres en « collections ». Ils disent la souffrance des familles qui n’ont pas pu enterrer leurs morts. Chaque crâne est une clameur qui exige justice pour ces martyrs algériens morts au champ d’honneur, sont entreposés dans de vulgaires cartons, rangés dans des armoires métalliques, au Musée de l’Homme de Paris.

Une exigence de vérité et de dignité

La France pleure toujours ses morts à Oradour-sur-Glane, où tout un petit village de Normandie, a été massacré par des éléments d’une Division SS. 70 ans qu’ils répètent la même rengaine (ils ont jugé et condamnés les SS responsables).

Et en Algerie ?  Combien d’Oradour sur glanes ont été commis?

Des milliers, sans être jugés ni avoir de comptes à rendre La barbarie dans toute sa splendeur.
La colonisation française et la guerre d’Algérie est la plus BARBARE qui ait jamais existé au risque de me répéter à côté Hitler fait office de saint. . Et ils osent parler de des aspects positifs de la colonisation !

La France se proclame patrie des droits de l’homme, mais elle a conservé dans ses musées des crânes d’Algériens, comme on conserve des fossiles ou des antiquités. Ce paradoxe est insoutenable. La République ne peut pas se contenter de gestes symboliques : elle doit affronter cette part sombre de son histoire.

La dignité des morts est une frontière universelle. La franchir, c’est se déshonorer soi-même. Restituer quelques ossements sans reconnaître le système de déshumanisation qui les a produits, c’est mutiler une seconde fois la mémoire. L’Algérie n’exige pas seulement des crânes : elle exige la reconnaissance d’un crime structurel, d’une anthropologie coloniale qui fut un instrument d’humiliation et de domination.

Ne pas laisser l’histoire se dissoudre dans l’oubli

Aujourd’hui, il ne s’agit pas seulement d’un devoir de mémoire. Il s’agit d’une urgence morale. La mémoire ne doit pas être diluée dans des commissions technocratiques ou des cérémonies figées. Elle doit rester vivante, brûlante, consciente. Car tant que la vérité n’est pas dite, tant que la justice n’est pas faite, les martyrs algériens demeurent séquestrés une seconde fois.

La lettre de 1845 nous oblige. Elle nous dit que le colonialisme n’était pas seulement une conquête militaire et économique, mais un saccage moral et anthropologique. Elle nous rappelle que la science, lorsqu’elle est arrimée à l’idéologie raciste, devient complice d’une barbarie rationalisée. Elle nous appelle à restituer non seulement des crânes, mais une dignité.


L’histoire ne se tait pas.

Ces crânes parlent. Ils témoignent. Ils accusent.
Et ils exigent de nous, aujourd’hui, que justice leur soit enfin rendue et surtout afin que leur pays les honore, avec cette fois un écho nettement plus large pour recevoir une digne sépulture 

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

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Une décision américaine d’interdire l’accès aux dirigeants palestiniens à l’ONU

Introduction

La décision de l’administration Trump d’interdire aux représentants palestiniens l’accès au territoire américain, et par conséquent au siège des Nations Unies à New York, soulève de sérieuses questions politiques, diplomatiques et juridiques. Cette mesure, présentée comme un prolongement de la doctrine « America First », est perçue par de nombreux observateurs comme une atteinte directe au droit international, au rôle de l’ONU et à la crédibilité des États-Unis en tant que médiateur dans le conflit israélo-palestinien.


Une atteinte au rôle des États-Unis comme pays hôte de l’ONU

Le siège de l’ONU à New York bénéficie d’un statut juridique particulier. En vertu de l’Accord de siège conclu en 1947 entre l’ONU et les États-Unis, le pays hôte s’engage à faciliter l’accès des représentants de tous les États membres et observateurs accrédités, indépendamment des relations bilatérales. En refusant des visas aux responsables palestiniens, Washington viole potentiellement ses obligations internationales et met en cause la neutralité de l’ONU en tant que forum universel.


Conséquences politiques et diplomatiques

Cette décision fragilise la position des États-Unis comme médiateur crédible dans le processus de paix au Moyen-Orient. Elle envoie trois signaux majeurs à la communauté internationale :

  1. Que Washington n’est plus un intermédiaire impartial dans le dossier israélo-palestinien.
  2. Que le recours à une solution à deux États, déjà affaibli, perd encore davantage de crédibilité.
  3. Que la politique étrangère américaine est alignée de manière quasi inconditionnelle sur le gouvernement israélien actuel, au détriment du multilatéralisme.

De plus, un précédent dangereux est créé : si le pays hôte de l’ONU peut décider unilatéralement qui peut ou non accéder à l’organisation, l’indépendance et l’efficacité de celle-ci sont gravement compromises.


Options juridiques et diplomatiques pour la Palestine

Face à cette situation, plusieurs mécanismes peuvent être envisagés par l’Autorité palestinienne et ses alliés :

  • Transfert temporaire de l’Assemblée générale à Genève ou Vienne, comme cela avait été le cas en 1988.
  • Mobilisation d’une coalition d’États pour soutenir une motion contre la décision américaine (Afrique du Sud, Brésil, Indonésie, Espagne, Irlande, etc.).
  • Activation du Comité des relations avec le pays hôte, chargé d’examiner toute violation de l’Accord de siège.
  • Saisine du Secrétaire général et arbitrage international, voire demande d’un avis consultatif à la Cour internationale de Justice sur les obligations des États-Unis.

L’impact sur l’image des États-Unis et d’Israël

Au lieu de renforcer leur position, les États-Unis et Israël risquent un isolement accru.

  • Pour Washington, cette mesure accentue l’image d’un acteur partial, instrumentalisant l’ONU pour ses intérêts politiques internes.
  • Pour Israël, elle ne fait que renforcer la perception d’un État qui, malgré ses violations répétées du droit international (colonisation, blocus, recours disproportionné à la force), cherche à étouffer toute contestation légale ou diplomatique.

Ainsi, loin de marginaliser la cause palestinienne, cette décision pourrait conduire à une reconnaissance accrue de la Palestine sur la scène internationale.


Dimension morale et humanitaire

Au-delà des enjeux institutionnels, cette mesure témoigne d’un cynisme préoccupant. Elle nie le droit d’un peuple à faire entendre sa voix dans les enceintes multilatérales et participe indirectement à la légitimation de politiques d’occupation et de colonisation largement condamnées par la communauté internationale. Refuser aux Palestiniens l’accès à l’ONU équivaut à leur dénier un espace de représentation, renforçant leur marginalisation politique et diplomatique.


Conclusion

En refusant des visas aux dirigeants palestiniens, l’administration Trump a franchi une ligne rouge, transformant le siège de l’ONU en instrument de chantage politique. Cette décision affaiblit la crédibilité des États-Unis, mine le rôle de l’ONU et ouvre la voie à une contestation accrue du monopole diplomatique américain sur le processus de paix au Proche-Orient.

La solution durable au conflit israélo-palestinien ne passera pas par l’exclusion ou la délégitimation, mais par le respect du droit international, la reconnaissance mutuelle et la recherche d’une paix juste et équilibrée.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
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Le 7 octobre, Gaza et la guerre des récits : vérité, mémoire et dignité humaine

 

Le 7 octobre 2023, le monde a basculé. L’attaque du Hamas contre Israël a causé la mort de centaines de civils, provoqué des prises d’otages et révélé l’impréparation d’une armée réputée invincible. Un traumatisme immense pour la société israélienne, et une horreur indéniable pour tous ceux qui défendent la dignité humaine. Mais ce drame, au lieu d’ouvrir la voie à une réflexion universelle sur la sécurité, la justice et la paix, a été figé en récit sacré. Un récit présenté comme indiscutable, brandi comme un talisman politique et médiatique, et utilisé comme justification à une guerre qui a plongé Gaza dans l’abîme.

Gaza sous les bombes : du droit de riposte au châtiment collectif

Depuis ce jour, Gaza meurt. Plus de 30 000 morts, dont une majorité de femmes et d’enfants. Des hôpitaux détruits, 80 % des immeubles rasés, une famine organisée par le blocus. Cette réalité, documentée par Amnesty International, Human Rights Watch, l’ONU et de nombreux journalistes, ne peut être balayée d’un revers de main. Nous ne sommes plus dans la logique de la « riposte » mais dans celle du châtiment collectif, prohibé par le droit international humanitaire. On peut discuter des mots — crime de guerre, nettoyage ethnique, génocide — mais on ne peut pas nier les faits : la population palestinienne est prise pour cible en tant que telle.

Le silence des élites face à Gaza

On peut aussi s’étonner du silence assourdissant de ceux qui, hier encore, se mobilisaient avec fracas pour d’autres causes. Un migrant disparu en Méditerranée, une étoile de David tracée sur un mur, une polémique sur les réseaux sociaux : autant d’événements qui déclenchaient tribunes, campagnes et hashtags. Mais face à la catastrophe humanitaire de Gaza, ces mêmes voix se taisent ou hésitent. Cette indignation sélective interroge : pourquoi certaines vies semblent-elles compter davantage que d’autres dans l’espace public occidental ? La hiérarchie des souffrances fragilise non seulement la cohérence morale de nos sociétés, mais aussi la crédibilité du discours universel des droits humains.

Guerre des récits : Israël, Hamas et le piège des mémoires concurrentes

La guerre des récits est au cœur du problème. D’un côté, un Israël qui érige le 7 octobre en « deuxième Shoah », interdisant toute nuance et assimilant toute critique de sa politique à de l’antisémitisme. De l’autre, certains discours qui minimisent la douleur des victimes israéliennes en invoquant exclusivement Gaza. Ces deux postures sont des impasses. Aucune mémoire ne devrait être utilisée comme arme politique : la Shoah n’autorise pas l’écrasement de Gaza, et l’indignation face aux crimes israéliens ne justifie pas le terrorisme.

La responsabilité des médias et du droit international

Dans ce climat, la responsabilité des médias et des intellectuels est immense. Nommer les faits, relayer les enquêtes des ONG, rappeler les règles du droit international : voilà ce qui devrait primer. Or, trop souvent, la couverture médiatique cède à la peur de « mal nommer » ou de « heurter ». Cette prudence, qui se traduit par une invisibilisation des victimes palestiniennes, participe à l’impunité. Car ne pas dire, c’est déjà cautionner.

Conclusion : une dignité indivisible

L’histoire n’absout pas, elle oblige. Elle oblige à ne pas répéter sous d’autres formes les logiques d’oppression, à ne pas punir des enfants pour les crimes de leurs dirigeants, à ne pas hiérarchiser les morts. Ceux qui croient défendre Israël en justifiant la mort de milliers de Palestiniens n’assurent ni sa sécurité ni son avenir. Ils enferment toute une région dans une spirale de haine qui prépare d’autres drames, d’autres 7 octobre.

La vie humaine est indivisible. Chaque enfant israélien tué le 7 octobre et chaque enfant palestinien enterré sous les gravats de Gaza méritent la même compassion, la même mémoire, la même justice.

Quand un attentat islamiste est commis, on demande aux musulmans du monde de le condamner, mais personne ne demande aux juifs de se désolidariser ou de condamner ce qu’il se passe en ce moment à Gaza...
Qui ne dit mot consent

Le 7 octobre doit être commémoré, mais pas instrumentalisé. Gaza doit être secourue, mais pas effacée des récits. Aucune tragédie, aussi réelle soit-elle, ne peut en justifier une autre.


Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

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Résilience ou anesthésie morale ? Quand Israël danse sur les ruines de Gaza.


 On nous parle de fractures internes, de mémoire traumatique et de vitalité collective. Mais derrière le mythe de la résilience israélienne, il y a une société qui a intégré l’horreur dans sa normalité et qui, en occultant les Palestiniens, transforme l’indifférence en vertu. Cet article dénonce le récit victimaire israélien, l’endoctrinement et l’effacement systématique des Palestiniens de l’horizon moral. Quand la « joie d’être soi » devient un alibi pour justifier l’inhumain.


On voudrait nous faire croire que la société israélienne vit dans la complexité, dans la contradiction, dans une tension noble entre mémoire et désir de vie. On nous raconte l’histoire de ces pères et fils qui débattent stratégie militaire, de ces amis qui s’imposent de regarder les massacres pour se rappeler « contre qui » ils se battent, de ces foules qui remplissent Salons de café, pelouses et plages malgré la guerre. On cite Deleuze pour donner une dimension philosophique à ce « vivre ensemble » : la joie d’être soi, l’élan collectif qui résiste à l’abomination.

Mais arrêtons l’hypocrisie. Cette soi-disant vitalité, cette « joie d’être ensemble », cette insistance sur les cafés et les plages, n’est pas la preuve d’une grandeur morale. C’est la marque d’une anesthésie. Car derrière cette façade de normalité, derrière cette capacité à continuer de vivre, il y a un prix : l’effacement total des Palestiniens de l’horizon moral israélien.


Une société qui s’habitue à l’horreur

On nous parle des traumatismes du 7 octobre, des doutes stratégiques des soldats, des fractures internes. Mais jamais des milliers de civils écrasés sous les bombes à Gaza. Jamais des familles réduites à chercher de l’eau potable, à enterrer leurs enfants dans le sable, à survivre dans des ruines. Dans ce récit, la vie israélienne est multiple, riche, traversée de contradictions. La vie palestinienne, elle, n’existe pas. Elle est gommée, occultée, comme si elle n’avait jamais compté.

Aucun État internationalement reconnu – et encore moins une démocratie – n'a infligé d'atrocités aussi vastes et systématiques à des civils totalement sans défense : bébés, enfants, mères, médecins, journalistes, etc., tous anéantis avec des armes de nouvelle génération dans l'une des cages les plus surpeuplées du monde, appelée « le Labo ». Ce cocktail est tout simplement sans précédent. --- Soit dit en passant, sous le régime nazi, c'étaient principalement les unités SS Totenkopf et la division Totenkopf qui faisaient le sale boulot.

Ce n'est pas le cas à Gaza. Ici, ce sont les soldats de Tsahal – hommes et femmes, citoyens ordinaires, un échantillon représentatif de la société israélienne. Des jeunes femmes tireuses d'élite, tirant des balles dans la tête d'enfants ou de femmes enceintes…

Voilà le cœur du problème : une société capable de rire sur la plage pendant que des bombes tombent à quelques kilomètres, et qui érige cette capacité à « vivre malgré tout » en vertu, alors qu’elle n’est que la banalisation de l’inacceptable.

 La résilience érigée en vertu, mais fondée sur le déni

Qu’on ne s’y trompe pas : la « résilience » dont on nous parle n’est pas neutre. Elle s’appuie sur une hiérarchie des vies. On se souvient jusqu’à la nausée du 7 octobre, on brandit le traumatisme comme une identité, mais on refuse obstinément de voir les traumatismes infligés en retour. On glorifie la mémoire sélective, mais on invisibilise la souffrance voisine.

Et c’est là que la rhétorique devient obscène : on cite Deleuze, on convoque la philosophie pour justifier une société qui, par son silence, par sa normalisation du massacre, s’est habituée à l’inhumain. On transforme un peuple occupé et bombardé en décor lointain, en bruit de fond.


La vraie « joie d’être soi » ?

La vraie « joie d’être soi » ne peut pas se construire sur l’écrasement d’un autre. La joie de Tel-Aviv, les cafés bondés, les concerts, les plages, tout cela n’est pas un pied de nez à la barbarie. C’est une manière de rendre invisible la barbarie qu’on inflige. C’est un aveuglement collectif, une anesthésie morale qui se fait passer pour résistance.

On s’indigne du retour de l’antisémitisme en Europe, on se lamente de l’isolement diplomatique, mais on ne s’interroge jamais sur la cause : l’incapacité à reconnaître l’autre comme humain. Tant que les Palestiniens ne seront pas vus comme des êtres humains, tant que leur souffrance sera effacée des récits israéliens et occidentaux, il n’y aura pas de paix, pas de vérité, pas de justice.


Une société endoctrinée par sa propre normalité

On dit : « Les Israéliens sont endoctrinés par le sionisme. » Ce n’est pas faux. Mais l’endoctrinement le plus insidieux n’est pas seulement idéologique. Il est quotidien. Il est dans le fait de croire que la normalité israélienne est une normalité universelle. Qu’il est normal de siroter un café à Tel-Aviv pendant que Gaza brûle. Qu’il est normal de rire sur la plage pendant que des enfants palestiniens sont ensevelis sous les gravats. Qu’il est normal de faire passer cette anesthésie pour une vertu.

Je reconnais que les Israéliens sont endoctrinés. Je n'irai pas jusqu'à les qualifier de victimes. Victimes de quoi ? De jouer sur la plage et de savourer du « houmous » en regardant Gaza bombardée pour le plaisir ? Mais ils sont endoctrinés au détriment du programme sioniste, on leur apprend que leur traumatisme historique leur donne droit à tout ce qui est nécessaire pour accéder aux terres où vivent d'autres, coûte que coûte.

Jusqu'où les fascistes israéliens peuvent-ils aller ? Extermination massive, famine massive. Le statut de victime sans fin a expiré.

On se sert des souffrances, tout à fait réelles, des Palestiniens de Gaza et des injustices et violences commises en Cisjordanie comme une excellente occasion de crier sa haine, et ceux qui braillent ne s'intéressent pas aux Palestiniens, qu'on ne voit pas comme des êtres humains et qu'on méprise.

Il faut tenir compte de ce qui n'est pas ni vrai ni rationnel, la haine, le désir de torturer et d'assassiner, l' immoralité et l'absurde fièrement revendiquées, le mépris de tout ce qui n'est pas Européen, regardé comme un enfant ou une bête, toujours irresponsable. Ce n'est ni vrai ni rationnel, mais ces idées et ces émotions sont réelles. Des idées absurdes peuvent être des forces historiques.

Voilà la vraie perversion : faire de l’aveuglement une force, de l’indifférence une sagesse, de l’oubli une identité nationale.


Conclusion : la normalité comme complicité

On peut multiplier les récits, montrer les divisions, les débats, les fractures au sein de la société israélienne. Mais si tout cela se fait sur fond d’effacement de l’autre, si tout cela se fait en invisibilisant la souffrance palestinienne, alors il ne s’agit pas de complexité, mais de mensonge.

La vérité est brutale : Israël a réussi à se construire une identité collective où la joie et la fête coexistent avec la guerre et l’occupation — non pas par grandeur morale, mais par anesthésie volontaire. Et tant que cette anesthésie sera célébrée comme une vertu, l’abomination pourra continuer, sans fin.


Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/

Pourquoi le Hamas n’est pas un groupe terroriste :

 

Une lecture anticoloniale et juridique

Mes grands-parents ont connu l’épreuve de la colonisation française. Dépossédés de leurs terres, chassés de leurs fermes, dépouillés de leurs troupeaux, ils ont résisté avec les moyens du bord, avant d’être brutalement réduits au silence. Leur combat disait une chose simple et universelle : aucun peuple colonisé n’accepte de bon gré la soumission.

Aujourd’hui, l’histoire se répète sous nos yeux, en Palestine. À longueur de plateaux télé et de dépêches officielles, on qualifie le Hamas de « groupe terroriste ». Mais cette étiquette ne repose sur aucun fondement du droit international. Elle relève d’une stratégie politique et médiatique, destinée à masquer l’essentiel : la Palestine est un pays occupé, et son peuple a le droit de résister.


Un cadre juridique clair : l’ONU n’a jamais classé le Hamas comme terroriste

Contrairement à ce que répètent certains gouvernements (États-Unis, Union européenne, Canada, Australie), l’Organisation des Nations Unies n’a jamais inscrit le Hamas sur une liste de groupes terroristes.

La raison est simple : depuis 1967, Israël est reconnu comme une puissance occupante. La bande de Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est sont soumis à une occupation militaire.

Or, selon le droit international humanitaire – les Conventions de Genève, les résolutions de l’ONU et la jurisprudence de la Cour pénale internationale – les peuples sous occupation disposent d’un droit légitime à la résistance, y compris armée, tant que les lois de la guerre sont respectées.

À ce titre, la résistance palestinienne – sous toutes ses formes – relève davantage d’un mouvement de libération nationale que du terrorisme.   . 


L’usage politique de l’étiquette « terroriste »

Pourquoi alors persister à qualifier le Hamas de terroriste ? Parce que cette qualification sert des objectifs précis :

  1. Étouffer le débat sur l’occupation coloniale et la politique d’apartheid imposée aux Palestiniens.
  2. Justifier les bombardements massifs et le siège inhumain de Gaza.
  3. Criminaliser toutes les formes de résistance, même pacifiques : ONG, journalistes, étudiants, militants.

Comme le rappelle la philosophe américaine Judith Butler, « la résistance armée sous occupation ne peut être réduite au terrorisme ». Le cœur du problème, ce n’est pas le Hamas, mais bien l’occupation elle-même. Aucune légitimité. Le gros mensonge, la manipulation du public, commence là. Comme le rappelle Francesca Albanese, juriste de l’ONU, le 6 septembre 2023, Gaza restait un territoire occupé au regard du droit international. Le blocus est un acte de guerre. Les Gazaouis avaient le droit de se défendre. Israël avait depuis 1967 et la résolution 242, le devoir de se retirer de Gaza. 


Une lutte dénaturée par l’islamisation de la résistance

Historiquement, la cause palestinienne a d’abord été portée par l’OLP, mouvement laïque et anticolonial. Mais Israël a laissé croître le Hamas, islamisant la résistance afin de la transformer en guerre de religion.

Ce changement de narration a deux effets majeurs :

  • Marginaliser les chrétiens palestiniens, pourtant acteurs historiques de la résistance.
  • Détourner l’attention du problème central – la dépossession coloniale – pour le transformer en conflit civilisationnel opposant « l’Occident » à « l’islam ».

Cette manipulation narrative permet de présenter la lutte palestinienne comme un danger religieux, plutôt que comme ce qu’elle est réellement : une lutte anticoloniale et universelle.


Un combat qui résonne avec toutes les luttes anticoloniales

Ce qui se joue en Palestine n’est pas isolé. C’est le prolongement des luttes qui ont marqué l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine au XXe siècle : des peuples dominés se levant pour recouvrer leur souveraineté.

Tout comme les Algériens face à la France, les Vietnamiens face aux États-Unis, ou encore les peuples d’Amérique latine face aux dictatures, les Palestiniens portent une cause légitime et universelle.

L’ONU, faut-il le rappeler, n’a jamais reconnu Israël comme puissance souveraine sur Gaza ou la Cisjordanie. Sans frontières définies, l’« entité sioniste » reste dans une illégitimité juridique que les bombes ne peuvent effacer.


Conclusion : remettre le problème au bon endroit

Qualifier le Hamas de « groupe terroriste » est un abus de langage. C’est une arme de propagande qui permet de délégitimer la résistance palestinienne, de masquer l’occupation et de prolonger l’apartheid.

La vérité est plus simple, et plus dérangeante pour certains :

  • La Palestine est occupée illégalement.
  • Les Palestiniens ont le droit naturel, juridique et universel de résister.
  • Leur combat n’est pas religieux : il est anticolonial.

Ce fut un choc profond pour les personnes âgées, qui n'avaient pas appris à l'école qu'Israël était un État colonial, et que le 7 octobre n'était que la réponse logique à l'oppression coloniale. Ils n'avaient pas le mythe brisé devant les yeux, ni la honte d'avoir accepté la tromperie.

Comme mes grands-parents hier face à la colonisation, les Palestiniens aujourd’hui ne se couchent pas devant l’injustice. Leur lutte est celle de tous les peuples qui refusent l’asservissement.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/

 

 


Gaza saigne. Gaza brûle. Gaza hurle. Netanyahou détruit la paix et le monde regarde.

 

On nous répète qu’Israël se défend. Mensonge. Israël massacre. Israël écrase. Israël détruit.

Assez d’hypocrisie. Assez de faux-semblants. Ce qui se déroule à Gaza n’est pas une guerre, c’est une punition collective, un massacre organisé, une destruction méthodique d’un peuple déjà brisé par dix-sept années de siège. On peut bien parler de « légitime défense », on peut bien invoquer « la lutte contre le terrorisme », les meurtres quasi-quotidiens de palestinien(ne)s désarmé(e)s etc…) ne sont que des injonctions Talmudiques et les faits sont clairs : le Hamas n’est pas anéanti. Tsahal ne combat pas le Hamas, il est même incapable de le localiser. Tsahal massacre des civils. Des enfants, des mères, des vieillards. Des hôpitaux rasés. Des quartiers entiers transformés en cendres. C’est cela, la réalité.

On nous dit que c’est une « guerre ».

Non. C’est un blocus transformé en boucherie. C’est une prison à ciel ouvert depuis 17 ans, transformée en charnier. C’est un génocide lent, qui avance sous nos yeux.

Des milliers de morts, dont une écrasante majorité de femmes et d’enfants. Des quartiers rasés, des hôpitaux détruits, des familles entières pulvérisées sous les bombes. Voilà la réalité nue, voilà ce qu’on appelle aujourd’hui « sécurité ».

Mais ce bain de sang n’est pas né du hasard. Il s’inscrit dans une logique de longue durée. Ben Gourion, en 1937, le disait sans détour : « L’acceptation du partage ne nous engage pas à renoncer à la Transjordanie ; on n’exige pas qu’à l’avenir nous ne nous étendions pas au-delà des frontières du partage. »  L’expansion était déjà planifiée, bien avant 1948, bien avant la Shoah. Et cette expansion est toujours à l’œuvre, inscrite noir sur blanc dans la charte du Likoud, qui revendique la souveraineté israélienne « du fleuve à la mer.

Hypocrisie suprême : on accuse les Palestiniens de vouloir détruire Israël quand ils reprennent ce même slogan pour revendiquer la liberté et l’égalité, c’est Israël qui, depuis toujours, l’applique par la colonisation, le blocus, l’expulsion.

Cette logique de domination prend aujourd’hui un visage effroyable. Le ministre israélien Israël Katz propose de construire une « ville humanitaire » sur les ruines de Rafah, pour y enfermer 600 000 déplacés palestiniens. Une ville sous contrôle militaire, sans droit de sortie, sans avenir. Une  ville ?

 Gaza est déjà Theresienstadt sous les bombes.

Non : une cage. Et comment ne pas entendre dans ce projet l’écho sinistre de Theresienstadt, ce ghetto « vitrine » que les nazis avaient présenté comme un camp modèle pour tromper le monde ?

Le parallèle est glaçant : on repeint les murs de la prison pour mieux cacher l’horreur.

Et même à l’intérieur d’Israël, les fissures sont visibles. Des soldats de réserve, revenus de Gaza, ont écrit à la justice militaire pour dénoncer des ordres illégaux, couverts, selon leurs mots, « d’un drapeau noir ». Quand les militaires eux-mêmes redoutent d’être complices de crimes de guerre, c’est que la ligne rouge n’a pas seulement été franchie : elle a été piétinée.

Quant au gouvernement Netanyahou, il ne défend pas Israël : il sacrifie ses otages, ignore ses généraux, méprise ses services de renseignement, et enferme son propre peuple dans une logique suicidaire. Ce n’est pas la sécurité qu’il recherche, mais la survie politique, le maintien d’un pouvoir corrompu, au prix du sang palestinien et de l’isolement international d’Israël.

Et que fait Netanyahou en très sioniste menteur atavisme (ce n'est pas une insulte mais une définition) ? Il sacrifie les otages. Il sacrifie son peuple. Il ne défend pas Israël : il l’entraîne dans l’abîme. Sa politique n’apporte ni paix, ni sécurité, ni avenir. Elle ne produit qu’une chose : la haine, génération après génération.

Et l’Occident ? Il regarde. Les États-Unis, surtout, cautionnent, financent, arment. Ils parlent de paix tout en livrant des bombes. Ils parlent de droit tout en fermant les yeux sur la violation systématique des conventions internationales. Cette complicité n’est plus du silence : c’est une co-responsabilité.

Alors arrêtons. Arrêtons de parler de « guerre ». Arrêtons de répéter que « les Palestiniens refusent la paix » alors qu’on les enferme depuis soixante-quinze ans dans le déni et la dépossession. Arrêtons de prétendre qu’Israël « n’a pas le choix » quand tout démontre le contraire. Ce propos, répété jusqu'à plus soif par tous les colonialistes sionistes.

La vérité est brutale mais incontournable : Ce fut un choc profond pour les personnes âgées, qui n'avaient pas appris à l'école qu'Israël était un État colonial, et que le 7 octobre n'était que la réponse logique à l'oppression coloniale. Ils n'avaient pas le mythe brisé devant les yeux, ni la honte d'avoir accepté la tromperie. on ne construit pas la paix sur des ruines et des charniers. On ne peut pas enfermer deux millions d’êtres humains dans une enclave bombardée et affamée, puis s’étonner qu’ils résistent. On ne peut pas parler de démocratie en Israël quand une partie de la population vit sous occupation et blocus permanents. On ne peut pas invoquer la mémoire de l’Holocauste pour justifier une oppression, quand cette mémoire devrait être le rappel le plus fort que jamais plus un peuple ne doit subir l’humiliation, l’exil et l’effacement.

Il faut avoir le courage de nommer l’injustice. Gaza n’est pas une menace : c’est une blessure. Et tant qu’elle sera laissée béante, tant qu’on préférera bombarder plutôt que négocier, coloniser plutôt que reconnaître, affamer plutôt que libérer, il n’y aura ni paix, ni sécurité, ni avenir.

Il est temps de dire haut et fort : assez de mensonges, assez de massacres, assez d’hypocrisie. La dignité humaine n’est pas une option. Elle est un droit universel. Et aujourd’hui, elle exige de crier : plus jamais ça, pour quiconque, et surtout pas pour Gaza.

Gaza est le miroir du monde. Si nous acceptons qu’un peuple soit traité ainsi, alors nous acceptons que notre humanité s’effondre. Si nous tolérons ces crimes, alors nous renonçons à tout ce qui fonde la dignité humaine.

Aujourd’hui, il ne reste qu’un mot à dire, un mot à crier, un mot à écrire partout :
Assez.


Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/