Parfois il m'est utile de le dire !

                                                                                                          Oh! Colombe, transmets mon salut d...

Une décision américaine d’interdire l’accès aux dirigeants palestiniens à l’ONU

Introduction

La décision de l’administration Trump d’interdire aux représentants palestiniens l’accès au territoire américain, et par conséquent au siège des Nations Unies à New York, soulève de sérieuses questions politiques, diplomatiques et juridiques. Cette mesure, présentée comme un prolongement de la doctrine « America First », est perçue par de nombreux observateurs comme une atteinte directe au droit international, au rôle de l’ONU et à la crédibilité des États-Unis en tant que médiateur dans le conflit israélo-palestinien.


Une atteinte au rôle des États-Unis comme pays hôte de l’ONU

Le siège de l’ONU à New York bénéficie d’un statut juridique particulier. En vertu de l’Accord de siège conclu en 1947 entre l’ONU et les États-Unis, le pays hôte s’engage à faciliter l’accès des représentants de tous les États membres et observateurs accrédités, indépendamment des relations bilatérales. En refusant des visas aux responsables palestiniens, Washington viole potentiellement ses obligations internationales et met en cause la neutralité de l’ONU en tant que forum universel.


Conséquences politiques et diplomatiques

Cette décision fragilise la position des États-Unis comme médiateur crédible dans le processus de paix au Moyen-Orient. Elle envoie trois signaux majeurs à la communauté internationale :

  1. Que Washington n’est plus un intermédiaire impartial dans le dossier israélo-palestinien.
  2. Que le recours à une solution à deux États, déjà affaibli, perd encore davantage de crédibilité.
  3. Que la politique étrangère américaine est alignée de manière quasi inconditionnelle sur le gouvernement israélien actuel, au détriment du multilatéralisme.

De plus, un précédent dangereux est créé : si le pays hôte de l’ONU peut décider unilatéralement qui peut ou non accéder à l’organisation, l’indépendance et l’efficacité de celle-ci sont gravement compromises.


Options juridiques et diplomatiques pour la Palestine

Face à cette situation, plusieurs mécanismes peuvent être envisagés par l’Autorité palestinienne et ses alliés :

  • Transfert temporaire de l’Assemblée générale à Genève ou Vienne, comme cela avait été le cas en 1988.
  • Mobilisation d’une coalition d’États pour soutenir une motion contre la décision américaine (Afrique du Sud, Brésil, Indonésie, Espagne, Irlande, etc.).
  • Activation du Comité des relations avec le pays hôte, chargé d’examiner toute violation de l’Accord de siège.
  • Saisine du Secrétaire général et arbitrage international, voire demande d’un avis consultatif à la Cour internationale de Justice sur les obligations des États-Unis.

L’impact sur l’image des États-Unis et d’Israël

Au lieu de renforcer leur position, les États-Unis et Israël risquent un isolement accru.

  • Pour Washington, cette mesure accentue l’image d’un acteur partial, instrumentalisant l’ONU pour ses intérêts politiques internes.
  • Pour Israël, elle ne fait que renforcer la perception d’un État qui, malgré ses violations répétées du droit international (colonisation, blocus, recours disproportionné à la force), cherche à étouffer toute contestation légale ou diplomatique.

Ainsi, loin de marginaliser la cause palestinienne, cette décision pourrait conduire à une reconnaissance accrue de la Palestine sur la scène internationale.


Dimension morale et humanitaire

Au-delà des enjeux institutionnels, cette mesure témoigne d’un cynisme préoccupant. Elle nie le droit d’un peuple à faire entendre sa voix dans les enceintes multilatérales et participe indirectement à la légitimation de politiques d’occupation et de colonisation largement condamnées par la communauté internationale. Refuser aux Palestiniens l’accès à l’ONU équivaut à leur dénier un espace de représentation, renforçant leur marginalisation politique et diplomatique.


Conclusion

En refusant des visas aux dirigeants palestiniens, l’administration Trump a franchi une ligne rouge, transformant le siège de l’ONU en instrument de chantage politique. Cette décision affaiblit la crédibilité des États-Unis, mine le rôle de l’ONU et ouvre la voie à une contestation accrue du monopole diplomatique américain sur le processus de paix au Proche-Orient.

La solution durable au conflit israélo-palestinien ne passera pas par l’exclusion ou la délégitimation, mais par le respect du droit international, la reconnaissance mutuelle et la recherche d’une paix juste et équilibrée.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/


 


Aucun commentaire: