Parfois, il m'est utile de le dire ?

Non, la colonisation de l’Algérie n’a pas « civilisé » : elle a détruit !

Certains intellectuels français persistent à entretenir la fable d’une colonisation bienveillante, civilisatrice, presque nécessaire. Qu’il s’agisse des dithyrambes autour de la « conquête » de l’Algérie, ou des diatribes sur la supposée « névrose algérienne », un même mécanisme est à l’œuvre : blanchir l’histoire coloniale, inverser les responsabilités, et transformer les victimes en coupables.

Je relève à mon tour que certains récits, comme ceux consacrés à l’ouvrage sur la conquête de l’Algérie, on croirait presque que la colonisation française aurait été une étape «nécessaire», une aventure civilisatrice, voire un laboratoire social généreux. Une telle présentation est non seulement trompeuse, mais dangereuse : elle recycle les mythes coloniaux qui, depuis deux siècles, servent à maquiller une guerre de conquête en geste humanitaire.

Des mots « appropriation », « cohabitation », « expérimentation sociale » sont des euphémismes indécents. La vérité est là : enfumades dans les grottes ((Les estimations oscillent entre 700 et plus de 1 000 victimes humaines.), villages entiers rasés, terres volées, famines organisées, populations réduites à l’indigénat. Entre 1830 et 1872, un tiers de la population algérienne a disparu. Est-ce cela, votre civilisation ?

Ah, la rengaine est de retour. Chaque fois qu’on parle de colonisation, voilà qu’arrivent les défenseurs de « l’Algérie française », la larme à l’œil et le verbe docte, pour nous expliquer que, sans la France, les Algériens n’auraient jamais découvert ni la roue, ni la lumière, ni qui sait l’hygiène. On se demande encore comment ce peuple, supposément plongé dans l’obscurité totale, avait réussi à exister plusieurs millénaires avant 1830. Miracle ou magie noire, sans doute.

Non, les infrastructures ne furent pas un cadeau

Ils nous brandissent les routes, les ports, l’école comme preuves de modernisation. Mais ces routes servaient d’abord aux colonnes militaires ; ces ports exportaient le blé et le vin spoliés ; ces écoles formaient une élite docile, tout en maintenant la masse dans l’analphabétisme. La colonisation ne construisait pas pour les Algériens : elle construisait contre eux, pour enrichir la métropole et asseoir la domination.

Oui, l’Algérie s’est forgée, mais dans la résistance

Ah, celle-là, je l’adore. Donc avant les canons de Bugeaud, l’Algérie n’existait pas ? C’était un décor vide, avec des figurants qui attendaient sagement qu’un général français vienne leur donner un nom, un drapeau et un mode d’emploi ? Comme si les royaumes berbères, les dynasties musulmanes, la régence d’Alger étaient des hologrammes en attente d’une colonie. Sérieusement ? C’est comme dire qu’un incendiaire a « inventé » la maison qu’il vient de brûler.

C’est Abd el-Kader, pas Bugeaud, qui a donné à ce pays son souffle politique. C’est la guerre de libération, pas le Code de l’indigénat, qui a forgé l’État moderne. L’Algérie est née du refus d’être soumise, pas du joug colonial. Voilà la vérité que vous cherchez à travestir.

Cesser de se cacher derrière les échecs du FLN

Enfin, à vous qui détournez le regard en pointant du doigt la corruption, la dictature ou la guerre civile post-indépendance : votre argument est fallacieux. Oui, l’Algérie indépendante a connu ses drames et ses trahisons. Mais ces échecs n’effacent pas les crimes coloniaux, pas plus que la misère actuelle d’un peuple ne justifie qu’il ait été autrefois asservi. Et n’oubliez pas : beaucoup des travers du pouvoir algérien sont l’héritage direct d’un État colonial militarisé et autoritaire.

L’Algérie n’est pas une invention française

On lit encore que « l’Algérie est une création française ». C’est une absurdité historique. L’Algérie existait bien avant 1830, dans sa profondeur humaine, culturelle et politique : royaumes berbères, dynasties musulmanes, régence ottomane. Ce que la France a inventé, ce n’est pas l’Algérie : c’est une colonie taillée pour servir ses intérêts militaires et économiques, construite sur la négation des peuples qui y vivaient.

La mission civilisatrice : un alibi pour la spoliation

L’idée que la colonisation aurait apporté l’école, les infrastructures, le progrès est un mensonge répété à l’envi. Les routes et les ports ? Ils servaient à déplacer les troupes et exporter les richesses vers la métropole.

L’école ?

Réservée aux colons et à une élite minoritaire, destinée à fabriquer des auxiliaires de l’administration coloniale. Pendant ce temps, la grande majorité des Algériens était maintenue dans l’analphabétisme et la misère.

La « mission civilisatrice » fut un habillage idéologique. En réalité, la colonisation signifiait spoliation massive des terres, apartheid juridique du Code de l’indigénat, et dépossession culturelle systématique.

L’Algérie s’est forgée contre, et non grâce à la colonisation

Ce que la France a voulu étouffer, les résistances l’ont fait naître. Abd el-Kader incarne la première affirmation nationale, prolongée plus d’un siècle plus tard par la guerre de libération. C’est dans la lutte, pas dans l’assimilation forcée, que s’est forgée la conscience algérienne. L’Algérie moderne est fille de la résistance, pas de l’occupation.

 Mais enfin, regardez l’Algérie d’aujourd’hui !

Certains, pour dédouaner la France, n’hésitent pas à pointer les dérives du régime algérien après 1962 : autoritarisme, corruption, guerre civile. Mais ce procédé est une diversion. Les erreurs des dirigeants algériens ne sauraient en rien justifier ou minimiser 132 ans d’apartheid colonial. D’autant que bien des travers de l’État algérien indépendant centralisation autoritaire, militarisation du pouvoir sont directement hérités de l’organisation coloniale.

Argument préféré des nostalgiques. Traduction : puisque vous avez des problèmes politiques et économiques en 2025, cela prouve qu’on aurait dû vous coloniser encore un siècle de plus. Génial. Avec ce raisonnement, on pourrait dire que puisque la France actuelle a ses crises sociales et ses scandales de corruption, elle aurait bien besoin de se faire recoloniser par qui ? L’Allemagne, pour parler enfin l’Allemand ou lieu du Français que l’Afrique presque entière vient de le refuser.

La vérité ? Elle pique

La colonisation n’a pas apporté la lumière, elle a imposé les ténèbres de l’apartheid. Elle n’a pas bâti une nation, elle a tenté d’en étouffer une. Elle n’a pas donné, elle a pris. Et ceux qui continuent de parler de « bienfaits » ressemblent à ces pickpockets qui, après vous avoir volé votre portefeuille, vous expliquent qu’ils vous ont « soulagé du poids ».

Nostalgie coloniale : une maladie française

À force, on se demande si ce n’est pas ça, la fameuse « névrose » : cette incapacité de certains Français à tourner la page de leur empire perdu, préférant se bercer de contes pour enfants plutôt que d’affronter la vérité. Eh bien non, désolé : l’Algérie n’était pas une page blanche. Et la France coloniale n’était pas une institutrice bienveillante, mais une armée d’occupation.

Alors, amis nostalgiques, rangez vos violons. La civilisation ne sort pas du canon d’un fusil. L’histoire n’est pas un roman de cape et d’épée. Et votre empire, quoi que vous en disiez, n’a pas laissé des bienfaits mais des cicatrices.

Assez de nostalgie coloniale

Messieurs les nostalgiques, cessez de travestir l’histoire. La colonisation ne fut pas une mission civilisatrice : ce fut une spoliation, un apartheid et une guerre de destruction. Persister à la présenter comme un bienfait, c’est insulter la mémoire de millions de victimes et prolonger l’arrogance d’un empire disparu.

La seule attitude digne aujourd’hui n’est pas la nostalgie, mais la lucidité. La France ne s’abaisse pas en reconnaissant ses crimes : elle s’honore. À continuer de se réfugier dans le mythe, elle ne fait que retarder le jour où les mémoires pourront, enfin, se réconcilier dans la vérité.

La vérité est claire : la colonisation de l’Algérie fut une entreprise de domination violente, qui a détruit des vies, des structures sociales et des cultures entières pour enrichir la France et asseoir sa puissance. La présenter encore aujourd’hui comme une œuvre « civilisatrice » est une insulte à la mémoire des victimes et un obstacle à toute réconciliation sincère.

Reconnaître cela ne signifie pas s’enfermer dans une « guerre mémorielle ». Cela signifie simplement dire la vérité. Car sans vérité, il ne peut y avoir ni paix des mémoires, ni avenir partagé.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/

 

 

 

 

 

La colonisation de l’Algérie : la France doit reconnaître sa dette et réparer

 

Je refuse le silence.
Je refuse l’oubli.
Je refuse l’hypocrisie d’un discours officiel qui reconnaît du bout des lèvres, mais qui se garde bien d’assumer.

Oui, je le dis sans détour : la colonisation fut un crime.
Un crime contre des peuples qui n’avaient rien demandé. Un crime contre des cultures que l’on a méprisées, brisées, parfois effacées. Un crime contre des générations entières condamnées à l’humiliation et à la misère au nom de la “mission civilisatrice”.


L’histoire qu’on cache, l’histoire qu’on maquille

On m’a longtemps appris que la colonisation avait “apporté des routes, des écoles, des hôpitaux”. Comme si une poignée de routes pouvait effacer les massacres, comme si quelques dispensaires pouvaient laver le sang versé.
On a maquillé la violence derrière des mots technocratiques : “pacification”, “progrès”, “évangélisation”. Mais derrière les mots, il y a des réalités : pillages, déportations, répressions, exécutions, travail forcé.

L’histoire coloniale de la France n’est pas une parenthèse. C’est un chapitre central de modernité. Et tant qu’on le travestira, tant qu’on le minimisera, ils vivent dans le mensonge.


Des excuses claires, pas des formules creuses

On a entendu tout et son contraire :
– “Ni excuses ni repentance.”
– “Regard apaisé.”
– “Devoir de mémoire.”

Mais la vérité, c’est qu’aucune excuse claire n’a été prononcée. Or, comment parler de réconciliation sans reconnaissance pleine et entière ?
Les descendants des victimes n’attendent pas des pirouettes diplomatiques. Ils attendent une parole forte : oui, la France coloniale a commis des crimes. Oui, nous demandons pardon.


Réparer, c’est possible

On me dira : “Réparer est impossible, on ne peut pas payer pour l’éternité.”
C’est un argument de mauvaise foi.

Réparer, ce n’est pas se ruiner. C’est poser des gestes justes et ciblés. Le Royaume-Uni l’a fait pour les survivants Mau Mau au Kenya. L’Allemagne l’a fait en Namibie pour les Herero et les Nama. La France a commencé à le faire en restituant des trésors spoliés au Bénin et au Sénégal.

Alors pourquoi s’arrêter là ?
Réparer, c’est :
– Restituer les biens pillés ;
– Ouvrir complètement les archives ;
– Indemniser, quand cela est juridiquement possible, les survivants et leurs descendants ;
– Ériger des mémoriaux dignes ;
– Enseigner, enfin, cette histoire sans fard, dans toutes nos écoles.


Une dette morale, une dette politique

La colonisation n’est pas un simple héritage abstrait. Ses effets se prolongent : inégalités économiques, discriminations, blessures identitaires. Fermer les yeux sur cette dette, c’est accepter que les fractures d’hier se reproduisent aujourd’hui.

Je ne réclame pas la culpabilisation des générations présentes. Je réclame la justice. Je réclame la vérité. Je réclame la dignité rendue à ceux qui l’ont perdue par la faute d’un empire aveuglé par sa domination.


Je dénonce la colonisation.
Je dénonce le déni.
Je dénonce les discours qui relativisent ou qui renvoient dos à dos toutes les violences de l’histoire pour mieux éviter leurs propres responsabilités.

La France doit des excuses. La France doit des réparations.
C’est la seule voie possible si nous voulons un jour refermer cette plaie ouverte.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/

 

 

Palestine : quand l’accusation d’islamisme masque la réalité de l’occupation

 


Une certaine presse de courant sioniste, nous met en présentoir un texte qui propose de relire la question palestinienne à travers le prisme de Sayyid Qutb et de l’héritage des Frères musulmans. Il décrit la solidarité internationale avec la Palestine comme une manipulation idéologique, destinée à "frapper l’Occident dans sa culpabilité" et à ériger la cause palestinienne en "mythe fondateur d’une régénération islamique". Un tel cadrage appelle une lecture critique, tant il repose sur des amalgames et des glissements qui occultent la réalité première du conflit : la colonisation et l’occupation.

Un tel discours d’une obsession tenace pour expliquer la cause palestinienne non pas comme une lutte contre la colonisation et l’occupation, mais comme une manipulation idéologique héritée des Frères musulmans et de Sayyid Qutb. Ce type de récit détourne le regard de l’essentiel : les Palestiniens ne se battent pas pour "dissoudre l’Occident", ils se battent pour vivre libres sur leur terre.

L’amalgame permanent : Palestiniens = Hamas = Qutb

Le texte en question établit une chaîne trompeuse : Qutb → Frères musulmans → Hamas → tous les Palestiniens → les soutiens occidentaux. Résultat : la diversité du mouvement national palestinien disparaît. Or, faut-il rappeler que l’OLP, le Fatah ou encore une partie importante de la gauche palestinienne sont des organisations laïques, dont le combat est d’abord national et politique ? Assimiler toute la Palestine à l’héritage de Qutb, c’est nier cette pluralité et réduire un peuple entier à une idéologie qui n’est pas la sienne.

La "culpabilité occidentale" comme explication unique

Selon ce récit, si des universités, des ONG ou des responsables politiques soutiennent la Palestine, ce n’est pas par souci de justice, mais par obsession de se laver des fautes coloniales et de la Shoah. Mais qui peut sérieusement prétendre que les critiques contre l’occupation, les colonies illégales ou le blocus de Gaza ne reposent que sur une "culpabilité morale" ? La solidarité avec la Palestine s’appuie sur des faits : confiscation des terres, expulsions forcées, apartheid reconnu par plusieurs organisations de défense des droits humains.

Nul besoin d’invoquer Qutb pour comprendre pourquoi cette situation indigne.

 

 

 

Edward Saïd instrumentalisé

Pour donner du poids à son récit, l’auteur convoque Edward Saïd. Mais c’est une récupération grossière. Saïd n’était ni islamiste, ni proche des Frères musulmans : il était un intellectuel laïc, critique autant de l’orientalisme que de l’islamisme. L’associer à Qutb, c’est déformer son œuvre et trahir son héritage.

Le vrai glissement : de la colonisation à la guerre des civilisations

Ce type de discours transforme un conflit territorial en affrontement civilisationnel. Les Palestiniens n’apparaissent plus comme un peuple colonisé qui réclame ses droits, mais comme des pions d’une guerre idéologique contre l’Occident. Et ainsi, au lieu de parler du mur, des checkpoints, des démolitions de maisons, on parle de "stratégie de dissolution morale". C’est une manière commode d’effacer la réalité concrète de l’occupation.

En réalité…

Dépeindre la cause palestinienne comme "application de la méthode Qutb" revient à effacer la réalité du terrain : celle d’un peuple sous occupation, réclamant non pas la régénération de l’islam mais la reconnaissance de ses droits fondamentaux.

Ce qui se joue en Palestine n’est pas un "complot islamiste mondial" mais bien une lutte contre un système colonial. Oui, le Hamas existe, et il se réclame d’une idéologie islamiste. Mais réduire la cause palestinienne à ce seul prisme, c’est commettre une double injustice : d’abord à l’égard des Palestiniens eux-mêmes, dont la lutte dépasse de loin le Hamas, et ensuite à l’égard de ceux qui, dans le monde, les soutiennent par conviction de justice, non par culpabilité.


En conclusion

Il est temps de dire clairement les choses : brandir Qutb et les Frères musulmans comme clé d’explication de la cause palestinienne, c’est une diversion. Cela permet d’éviter le sujet central : la colonisation, l’occupation et les droits fondamentaux d’un peuple. Derrière les grandes théories civilisationnelles, ce sont toujours les Palestiniens qui paient le prix, parce qu’on refuse de voir leur combat pour ce qu’il est : un combat pour la liberté.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

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La « civilisation judéo-chrétienne » : déconstruction d’un mythe idéologique

 

Introduction : un concept piégé

Depuis quelques décennies, l’expression « civilisation judéo-chrétienne » est régulièrement mobilisée dans les discours politiques, médiatiques et académiques. Elle est souvent présentée comme le socle identitaire de l’Occident, en opposition à d’autres univers culturels et religieux, en particulier l’islam. Pourtant, cette formule, popularisée après la Seconde Guerre mondiale, relève moins de l’histoire réelle que de la stratégie idéologique. Comme le souligne Sophie Bessis dans La civilisation judéo-chrétienne : Anatomie d’une imposture, il s’agit d’un concept artificiel, forgé pour redessiner les alliances politiques et reconstruire une mémoire collective européenne amputée de ses contradictions.


Une invention récente sans fondement historique

  • Une fiction après 1945 : pendant des siècles, l’Europe chrétienne s’est définie contre le judaïsme, marqué par l’exclusion, les ghettos, les persécutions et finalement la Shoah. Parler de continuité « judéo-chrétienne » est donc historiquement faux.
  • La récupération politique : après la Shoah, l’Occident, coupable de persécutions antisémites, a intégré le judaïsme à son récit identitaire pour effacer la culpabilité et légitimer son soutien à la création d’Israël.
  • Une construction idéologique : le terme ne reflète pas une réalité culturelle partagée mais une recomposition stratégique. Il s’agit de dire : « Nous, Occidentaux, avons un patrimoine commun face aux autres civilisations ».

Une notion saturée d’idéologie

  • Un instrument de séparation : en érigeant une « civilisation judéo-chrétienne », on dresse une frontière symbolique entre un « nous » (Occident) et un « eux » (islam, Orient, Afrique).
  • Un outil de mobilisation politique : Israël, par la voix de ses dirigeants, a revendiqué ce rôle de « bastion avancé de l’Europe » contre le monde musulman, renforçant l’illusion d’un bloc homogène.
  • Une légitimation des conflits : en opposant cette prétendue civilisation à « la barbarie », on justifie les interventions militaires, les discriminations et les politiques de fermeture face à l’altérité.

L’oubli des apports de l’islam et des circulations culturelles

  • Un héritage partagé : l’islam n’est pas extérieur à la matrice culturelle européenne. Le Coran reconnaît Abraham, Marie, et s’inscrit dans la continuité des traditions bibliques.
  • La transmission intellectuelle : la philosophie et les sciences arabes et andalouses (Averroès, médecine, mathématiques) ont profondément marqué les universités européennes.
  • Un récit tronqué : en réduisant l’Europe à une matrice « judéo-chrétienne », on occulte volontairement ces apports, ainsi que les alliances historiques (François Ier avec Soliman, par exemple).

Les ambiguïtés contemporaines

  • Confusion entre juifs et Israéliens : en identifiant judaïsme et politique israélienne, on fait porter à tous les juifs la responsabilité des choix d’un État.
  • Le danger de la pensée binaire : cette grille de lecture oppose des blocs figés (« Occident » vs « Islam ») alors que l’histoire est faite d’échanges, de métissages et d’hybridations.
  • Une instrumentalisation identitaire : la formule sert souvent à nourrir des discours populistes et islamophobes en Europe, en niant la pluralité des appartenances.

Conclusion : vers une vision plurielle de la civilisation

L’expression « civilisation judéo-chrétienne » n’est pas seulement une approximation : c’est une imposture historique et politique. Elle masque les persécutions séculaires, occulte les apports de l’islam et fige les identités dans un affrontement artificiel.
Une approche objective doit reconnaître que l’Europe est le produit d’une pluralité d’héritages : gréco-latin, chrétien, juif, musulman, africain, oriental. Parler de civilisation, ce n’est pas ériger des frontières mais reconnaître les circulations, les conflits et les métissages qui composent l’histoire humaine.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

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Israël-Palestine : la colonisation sans fin, l’apartheid assumé et l’impunité internationale

 

Il est temps de cesser les euphémismes. Ce qui se joue aujourd’hui en Israël-Palestine n’est pas un “conflit” entre deux peuples égaux en droit et en puissance. C’est l’achèvement d’un projet colonial, appuyé par un arsenal militaire inégalé, toléré par les grandes puissances, et qui ne recule plus devant rien : ni la destruction totale de Gaza, ni l’annexion de facto de la Cisjordanie, ni la négation pure et simple du peuple palestinien.

Dénoncer les turpitudes et l'abjection de divers courants de l'idéologie sioniste, dénoncer les exactions d’Israël, est juste et nécessaire. Cela ne fera pas faire l'économie d'interrogations quant à la fuite en avant à laquelle s’adonnent les membres du  gouvernement israélien.

- Ils ont pratiquement détruit Gaza et revendiquent y avoir rendu la vie impossible. Que comptent-ils faire des plus de deux millions d'habitants ?

- Ils ont annexé la Cisjordanie, construisant à toute vitesse des colonies de peuplement longtemps interdites pour permettre l'établissement d'un état palestinien-croupion. Que comptent-ils faire des millions de Palestiniens qui la peuplent ?

Nous connaissons les réponses de Ben Gvir ou Smotrich à ces questions. Elles vont du génocide à la purification ethnique.

Quelle est la réponse majoritaire du peuple israélien ?

A ce stade, existent peu de possibilités. Pour avoir rendu impossible la solution des deux états proclamée par de multiples résolutions de l'ONU, ne restent que des options iréniques ou abjectes:

- On peut, (en réalité, on ne peut pas), revenir au rêve de l'état unique, dont tous seraient citoyens, donnant des passeports israéliens à tous les Palestiniens. C'était une solution longtemps préconisée par les Trotskystes. C'est devenu la seule option honorable. Et elle est impossible.

- Sinon, en évitant les extrémités auxquelles sont prêts les ultras du gouvernement actuel, ne reste que l'apartheid.


L’occupation israélienne déclarée illégale : et après ?

En juillet 2024, la Cour internationale de Justice (CIJ) a tranché : l’occupation israélienne de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est et de Gaza est illégale. Elle exige son démantèlement immédiat, le retrait des colonies et la fin de la ségrégation entre Israéliens et Palestiniens. La CIJ n’a pas seulement émis un avis juridique : elle a mis noir sur blanc ce que les Palestiniens crient depuis des décennies — ce régime est contraire au droit, au principe même d’égalité humaine.

 

Mais Israël n’en a cure. Le gouvernement poursuit sa fuite en avant, transformant chaque décision internationale en chiffon de papier. Et les capitales occidentales, si promptes à brandir le droit international ailleurs, se taisent ou détournent le regard. Cette hypocrisie est devenue une forme de complicité active.


Gaza : le laboratoire du châtiment collectif

Les sionistes messianiques, sont tranquilles… Il n’y a pas une once d’humanité en eux, car quiconque ne pense pas comme eux à leurs yeux est sous-humain. Ceux qui ont été cités jusqu’ici vénèrent deux dieux : la Richesse et le Pouvoir ; c’est ainsi qu’ils estiment leur valeur.

À Gaza, la guerre actuelle ne vise pas seulement le Hamas, mais toute une population enfermée depuis 17 ans dans un blocus. Les bombardements massifs, les destructions d’hôpitaux, d’écoles et d’infrastructures vitales, l’entrave systématique à l’aide humanitaire : tout cela n’est pas un “dommage collatéral”, mais une stratégie. Une punition collective destinée à rendre la vie invivable pour plus de deux millions d’êtres humains.

La CIJ, saisie par l’Afrique du Sud, a reconnu en janvier 2024 que le risque de génocide à Gaza était “plausible”. Elle a ordonné à Israël d’assurer la livraison de nourriture, d’eau et de médicaments. Depuis, qu’a-t-on vu ? Des convois bloqués par des milices de colons comme Tzav 9, encouragées par l’extrême droite israélienne. Des largages aériens hasardeux, parfois mortels. Et des dirigeants, tels Itamar Ben-Gvir ou Bezalel Smotrich, qui appellent ouvertement à “encourager la migration” des Gazaouis — un euphémisme pour désigner le transfert forcé d’une population entière.

Quand un État transforme la faim en arme de guerre, quand il instrumentalise l’aide pour affamer et briser une population, il franchit la ligne rouge du crime contre l’humanité. C’est ce que Gaza subit, sous nos yeux.


Cisjordanie : l’annexion masquée est devenue réalité

Et pourtant, nous avons des Palestiniens en Cisjordanie, qui n'ont pas construit de tunnels ni constitué une force redoutable, et les colons les piétinent, les expulsant de leurs maisons et de leurs terres et leur volant tout ce qu'ils possèdent. Combien d'argent les Juifs sionistes du monde entier ont-ils dépensé pour acheter suffisamment de politiciens dans le monde entier afin de coloniser la Palestine et de protéger leur entité coloniale contre toute responsabilité pour crimes contre l'humanité 

En Cisjordanie, le masque est tombé. L’annexion de facto avance chaque jour : nouvelles colonies, routes réservées, postes militaires. Les colons agissent en milices, souvent sous la protection ou l’indifférence de l’armée. Villages incendiés, terres volées, familles expulsées. La violence n’est plus un accident : elle est un outil de conquête territoriale.

Lorsque Smotrich appelle à “effacer Huwara”, il ne dérape pas : il dit tout haut la logique à l’œuvre. Et lorsque des colons saccagent des villages palestiniens sans être inquiétés, c’est l’État lui-même qui cautionne la terreur.

Là encore, la CIJ a été claire : le régime imposé aux Palestiniens de Cisjordanie correspond à une ségrégation systématique, une violation directe de la Convention contre l’apartheid. Et pourtant, l’occupation continue, implacable.


L’apartheid n’est plus une accusation : c’est un constat

Depuis 2021, Human Rights Watch et Amnesty International ont franchi le pas : ce régime est bien un apartheid. Ce terme n’est pas une insulte, c’est une qualification juridique précise : un système organisé de domination d’un groupe sur un autre, institutionnalisé, perpétué par la violence.

Ce que vivent les Palestiniens — restrictions de déplacement, confiscation de terres, absence de droits civiques, traitements discriminatoires systématiques — correspond à cette définition. La CIJ, Amnesty, HRW : le consensus s’élargit. Il ne manque plus qu’une chose : la volonté politique des États pour briser ce système.

Cette démonstration est imparable et je la complète en soulignant que le paroxysme de la monstruosité israélienne consiste, depuis plusieurs mois, à organiser l’aide alimentaire comme traquenard et piège mortel pour les Palestiniens que le blocus Netanyahou / Ben Gvir / Smotrich affame : Tsahal effectue délibérément les largages aériens des denrées vitales dans des zones militarisées interdites aux civils de Palestine afin que, tenaillés par la désespérance et la faim et n’ayant plus rien à perdre, ces derniers aillent récupérer les colis alimentaires à l’endroit même où ils sont certains d’être abattus.


Quelles options restent possibles ?

La solution à deux États, répétée comme un mantra par les chancelleries occidentales, est morte, enterrée sous les bulldozers des colonies. Un État palestinien viable est devenu une fiction.

La seule option réellement juste serait un État unique, où Palestiniens et Israéliens jouiraient des mêmes droits. Mais cette perspective est rejetée par la majorité des Israéliens et par un gouvernement obsédé par la domination ethno-religieuse. Dès lors, l’avenir se réduit à deux alternatives :

  • soit un apartheid assumé, institutionnalisé, pérennisé ;
  • soit l’effondrement total de toute perspective de coexistence, avec la tentation toujours plus explicite du nettoyage ethnique.

La complicité internationale : silence et hypocrisie

Le plus insupportable n’est pas seulement l’acharnement israélien, mais la passivité complice de la communauté internationale. Les États-Unis continuent de livrer des armes. L’Europe se contente de déclarations creuses, tout en maintenant des accords économiques avantageux. Quand il s’agit d’Ukraine, le droit international est brandi comme un étendard. Quand il s’agit de la Palestine, il est relégué au second plan.

Ce double standard détruit la crédibilité du droit international et transforme les belles paroles en cynisme. Chaque bombe tombée sur Gaza, chaque maison palestinienne rasée en Cisjordanie, résonne aussi comme un acte de complicité pour les États qui financent, arment ou protègent Israël de toute sanction.


Briser l’impunité, maintenant

En ce moment, une association de sionistes radicaux dénommée TSAV 9 et fondée par une certaine REUT BIN HAIM, s’est donné pour mission de bloquer les points d’entrée vers Gaza pour entraver l’aide alimentaire terrestre : cette Israélienne, elle-même mère de 8 enfants, a accordé une entrevue au journaliste anglais Inigo Gilmore, pour expliquer qu’il est indispensable d’affamer les enfants palestiniens.

Il est temps de rompre avec cette logique mortifère. Cela signifie :

conditionner toute aide militaire et économique à Israël au respect strict du droit international ;

imposer des sanctions ciblées contre les responsables politiques et les colons violents ;

soutenir des enquêtes internationales sur les crimes commis à Gaza et en Cisjordanie ;

et surtout, nommer les choses : parler d’apartheid, parler de crimes de guerre, parler de génocide quand les faits l’exigent.


Conclusion : l’égalité ou la barbarie

Si on applique la grille de l’idéologie selon Anna Arendt aux « Sionistes » on tombe très justement sur le principe actif et structurant des régimes totalitaires.
Cette idéologie devenant ainsi un cadre qui organise la société de façon totale, visant à remplacer le monde actuel par les masses atomisées physiquement, moralement et spirituellement, leur permettant d’imposer une cohérence artificielle à l’ensemble de la vie sociale. Une source surhumaine comme origine de la pensée (Dieu de la Bible),
Une prétention à la domination globale, L’appel à la violence ou à l’action, La désignation d’un ennemi objectif,

Le rejet de la réalité factuelle. Ce groupe prospère sur l’effondrement des structures politiques. L’isolement des individus influençables, fragilisés par cet effondrement, fait que les structures sociales démocratiques et tolérantes deviennent alors perméables à des idéologies simplificatrices et à des promesses de réenchantement du monde.

L’entrisme des «sionistes» exploite les failles du système démocratique et républicain. Notamment la perte de sens partagé et la désaffection civique. Ceci leur permet d’avancer un projet de domination idéologique sous couvert démocratique, utilisent des organisations de façade et des discours adaptés pour masquer la radicalité de leurs objectifs, trompant ainsi le monde extérieur sur leur véritable nature, s’appuyant fortement sur les médias sous leur influence. Ce groupe cherche à imposer une vision unique et à éliminer la dissidence.

La Palestine n’est pas seulement une question “étrangère”. Elle est le test ultime de notre capacité à défendre des principes universels. Allons-nous continuer à fermer les yeux, à accepter qu’un État démocratique se revendiquant du droit se permette ce que nous ne tolérons nulle part ailleurs ?

L’avenir est clair : soit nous imposons l’égalité des droits pour tous, Palestiniens et Israéliens, soit nous devenons complices d’un système qui ne peut plus être nommé autrement que par son vrai nom : apartheid et épuration ethnique.

Il n’y a plus de neutralité possible. Se taire, c’est choisir le camp de l’oppresseur.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/


Le crime de la jeune Bédouine de Nirim : violence accordée et mémoire effacée

 

L’été 1949 marque une période charnière. L’État d’Israël vient à peine de naître, au terme d’une guerre sanglante qui a opposé les forces sionistes aux armées arabes et aux populations palestiniennes. Pour les Palestiniens, c’est le début de la Nakba  la catastrophe qui a vu l’expulsion de plus de 700 000 personnes et la destruction de centaines de villages. 
Dans ce climat de militarisation et d’hostilité, les Forces de défense israéliennes (FDI) sont créées à partir de milices préexistantes : la Haganah, l’Irgoun et le Lehi. Ces groupes, rompus à la lutte clandestine et aux représailles, ont importé dans l’armée régulière une culture de brutalité, où la frontière entre combat militaire et violences contre les civils restait monnaie courante. C’est dans ce contexte que se situe l’affaire dite du crime de Nirim.


Le crime : une violence exemplaire

En août 1949, une jeune Bédouine du désert du Néguev, âgée d’à peine quinze à vingt ans, est capturée par une patrouille israélienne. Deux hommes qui l’accompagnaient sont tués ou s’échappent. Elle, en revanche, est conduite dans un avant-poste militaire près du kibboutz Nirim.

Là, sous l’autorité d’un officier d’une vingtaine d’années, une fête est organisée pour les soldats. Pâtisseries, vin et discours d’unité précèdent une scène macabre : le commandant donne à ses hommes le « choix » entre faire de la jeune fille une aide domestique ou la violer collectivement. Les soldats, dans un climat de camaraderie et de dérision, choisissent la seconde option.

S’ensuit une série de violences sexuelles. La victime est déshabillée, lavée au tuyau d’arrosage, exposée nue devant l’unité. Son corps est transformé en spectacle et en trophée. Pendant des heures, elle est violée tour à tour par les soldats, avant d’être « réservée » au commandant.

Le lendemain, estimant qu’elle représentait une gêne, l’officier décide son exécution. Alors qu’elle tente de fuir, elle est abattue d’une balle à l’arrière de la tête et enterrée à la hâte, à moitié nue, dans une fosse anonyme.


La justice militaire : impunité et silence

L’armée israélienne, informée par un soldat choqué, ouvre une enquête. Mais le crime est aussitôt requalifié : il n’est pas question de viol ni de meurtre, mais de « négligence dans la prévention d’un crime ». Les sanctions infligées sont minimes, le commandant est discrètement réintégré, et aucun nom n’est publié.

Cette gestion de l’affaire révèle une volonté politique claire : protéger l’image de l’armée naissante, éviter tout scandale international, et effacer la mémoire de la victime. Ce n’est pas seulement un crime commis contre une jeune fille ; c’est un crime recouvert par le silence institutionnel, qui transforme la victime en inexistence.


Un symbole des violences de la Nakba

Le crime de Nirim n’est pas un acte isolé. Il s’inscrit dans une série de violences ayant marqué la Nakba : expulsions, massacres, pillages et viols. Les récits de survivants palestiniens, mais aussi certains documents militaires israéliens déclassifiés, attestent que ces pratiques, loin d’être marginales, étaient courantes dans plusieurs zones de conflit.

Le kibboutz, symbole du projet sioniste et de la « renaissance sur la terre », devient ici le décor d’un crime barbare. Là où l’on cultivait l’image d’une société égalitaire et fraternelle, des soldats ont célébré l’humiliation et la mort d’une adolescente sans nom.


Mémoire et oubli : la double mort de la victime

L’un des aspects les plus glaçants de cette affaire est l’anonymat de la jeune Bédouine. Son nom n’a pas été enregistré. Sa famille n’a pas pu lui offrir de sépulture. Sa tombe a disparu, et son histoire n’a survécu que par des fragments de témoignages.

En hommage à cette petite personne du Désert, je tenterai dans une reconstitution mémorielle de donner un visage à la victime de Nirim :

Elle n’a pas de nom dans les archives. Pourtant, on peut imaginer son enfance quelque part dans le désert du Néguev.

Peut-être a-t-elle grandi sous une tente bédouine, le sable comme horizon, les troupeaux comme richesse, la voix de sa mère l’appelant au matin. Ses journées se remplissaient de gestes simples : puiser l’eau, ramasser du bois, courir derrière ses frères  et sœurs. Le ciel immense était son toit, la chaleur écrasante son quotidien, et les nuits, éclairées d’étoiles, portaient des histoires anciennes transmises par les anciens de la tribu. Puis un jour, le destin a basculé. Des cris d’hommes armés, des ordres dans une langue qu’elle ne comprenait pas.

L’arrachement brutal de ce monde familier. Elle ne savait pas où on l’emmenait, ni pourquoi. Dans ses yeux, la peur, l’incompréhension, la solitude absolue d’une jeune fille de quinze ou vingt ans, soudain jetée au milieu d’une garnison étrangère. On ne saura jamais ce qu’elle a ressenti quand on l’a déshabillée de force, lavée au jet d’eau sous les rires. 

Peut-être le froid du métal, le sable collé à sa peau, la honte insoutenable de voir son corps transformé en spectacle. Dans la tente du commandant, elle a dû deviner ce qui allait arriver. Sa dignité brisée, son corps pris comme un butin.

Dans le silence, il n’y avait ni mots, ni secours, seulement la certitude que sa vie ne valait rien pour ceux qui l’entouraient. Le lendemain, elle a couru. Ses pieds nus frappaient la terre sèche. Six mètres seulement. Une balle derrière la tête. Et puis plus rien.

Le sable a recouvert son corps, mais aussi son nom. L’oubli a achevé le crime.                               Pourtant, se souvenir d’elle, même sans identité complète, est un acte de justice.                     Redonner, ne serait-ce qu’un instant, un visage, une vie, une histoire, c’est refuser que son existence se réduise au silence d’une tombe anonyme

Cet oubli organisé constitue une seconde mort. Effacer l’identité de la victime, c’est effacer la preuve du crime. Or, dans les conflits, l’oubli est une arme aussi puissante que la balle. Là où il n’y a ni trace, ni nom, ni mémoire, il devient possible de nier ou de minimiser.


Héritages et résonances contemporaines

Le crime de Nirim éclaire la logique de violence qui a présidé à la fondation d’Israël et qui continue de hanter la région. Pour les Palestiniens, ces histoires de villages détruits, de viols et de massacres constituent un traumatisme fondateur. Elles alimentent la mémoire collective et nourrissent la colère des générations suivantes.

Ainsi, lorsque le kibboutz de Nirim a été attaqué le 7 octobre 2023, certains groupes armés palestiniens ont évoqué la mémoire de ces crimes passés pour justifier leurs cibles. L’histoire devient alors une arme, un champ de bataille mémoriel qui prolonge le cycle de violence.


Conclusion : dignité et mémoire

Le crime de Nirim n’est pas seulement l’histoire d’un viol collectif et d’un meurtre. C’est l’histoire d’une mémoire effacée, d’un nom jamais prononcé, d’une dignité volée deux fois – par l’acte et par l’oubli.

Rendre compte de ce crime aujourd’hui, c’est déjà un acte de justice. C’est redonner une voix à celle qu’on a voulu réduire au silence. C’est aussi rappeler que les États, même dans leur naissance, portent en eux des ombres que seule la mémoire peut éclairer.

Elle méritait un nom. Elle méritait une sépulture. Elle méritait la vie.

Ce détail de l’Histoire permettrait de saisir, dans son intimité la plus profonde, la souffrance originelle des Palestiniens et désignant l’exode forcé des populations arabes parfois au gré de massacres perpétrés dans des villages.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
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Charité israélienne : Grande distribution des Balles aux affamés !

 

La situation humanitaire dans la bande de Gaza atteint un niveau d’extrême gravité. Les témoignages qui se multiplient évoquent des civils affamés, contraints de s’exposer à des tirs lors des distributions de nourriture. Plusieurs rapports d’ONG et de médias indépendants font état d’attaques contre des foules cherchant simplement à se nourrir, ce qui alimente l’accusation d’une politique de famine organisée.

La faim comme arme de guerre

Depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas, les restrictions sur l’entrée d’aide humanitaire, combinées aux destructions massives d’infrastructures, plongent la population civile dans une détresse croissante. L’utilisation de la faim comme outil de pression est dénoncée par de nombreux observateurs comme une violation flagrante du droit international humanitaire. Les habitants se retrouvent face à un dilemme tragique : risquer leur vie pour quelques sacs de farine ou succomber à la privation.

Un projet d’ingénierie démographique ?

Les accusations récurrentes d’« épuration ethnique » s’appuient sur l’idée qu’au-delà de l’affaiblissement militaire du Hamas, c’est l’ensemble de la population civile qui est visée par ces méthodes. Certains analystes relient ces politiques à une volonté de redéfinir la démographie de Gaza en vue d’une réinstallation future de colons israéliens, un scénario qui alimente la colère et le désespoir palestiniens.

Le rôle des médias et le contrôle du récit

Un autre enjeu central est la manière dont l’information est relayée. Alors que les réseaux sociaux diffusent quotidiennement des images choquantes, les grands médias audiovisuels sont accusés par une partie de l’opinion publique d’adopter une couverture biaisée, minimisant les souffrances civiles et légitimant l’action militaire israélienne. Cette perception d’un « deux poids, deux mesures » alimente une méfiance croissante envers les institutions médiatiques, accusées de complaisance ou de censure.

La spécificité du cas français

En France, la question prend une dimension particulière : environ 4 000 Franco-Israéliens servent dans l’armée israélienne. Certains d’entre eux ont été accusés d’exactions. La comparaison est souvent faite avec les ressortissants français partis combattre en Syrie au sein de Daech, qui, à leur retour, ont été poursuivis pour terrorisme. La question se pose : les mêmes critères judiciaires seront-ils appliqués à ceux qui ont participé à la guerre à Gaza ?

Inégalités judiciaires et liberté d’expression

En parallèle, les défenseurs de la cause palestinienne dénoncent une justice à deux vitesses. Certains militants pro-palestiniens en France ont été condamnés pour des propos jugés « anti-israéliens » ou pour leur soutien à la « résistance », tandis que des figures médiatiques pro-israéliennes ont pu défendre publiquement des positions justifiant, voire glorifiant, l’action militaire, sans être inquiétées. Ce déséquilibre alimente le sentiment d’une partialité institutionnelle.

Les comparaisons historiques

Beaucoup de critiques rapprochent la situation actuelle de Gaza des heures les plus sombres de l’histoire européenne : déportations, regroupements forcés, privation de nourriture, humiliations et violences de masse. Si certains estiment que la comparaison avec la Shoah banalise l’histoire, d’autres y voient une grille de lecture nécessaire pour comprendre la gravité des événements et la systématicité des violences.

Innovation dans la cruauté ?

Toutes les cruautés sont expérimentées à Gaza par l’occupant génocidaire israélien. Quand ce ne sont pas les enfants qui sont visés à la tête par les snipers de l’armée la plus morale du monde, ce sont les affamés attirés par les points de distribution alimentaire qui sont abattus en masse

Des rumeurs persistantes font état de distributions de farine contenant des substances toxiques ou addictives, telles que l’oxycodone, responsable d’une crise sanitaire majeure aux États-Unis. Si ces affirmations nécessitent des vérifications solides, elles témoignent de la perception d’une guerre où l’avilissement de l’ennemi passe par des méthodes inédites, allant au-delà de la simple destruction militaire.

La question de la responsabilité internationale

À mesure que les preuves s’accumulent – vidéos, témoignages, rapports d’ONG – la question de la justice internationale devient pressante. Des appels se multiplient pour que les responsables, qu’ils soient soldats, dirigeants politiques ou soutiens médiatiques, répondent de leurs actes devant des juridictions internationales.

Dimension morale et religieuse

Au-delà du droit et de la politique, la situation soulève une interrogation morale universelle. Comment l’humanité peut-elle rester spectatrice d’un peuple affamé, bombardé et dépossédé ? L’impuissance ressentie par beaucoup se traduit par des cris d’indignation, des appels à la conscience collective et, pour certains, par une prière désespérée à Dieu afin qu’il vienne en aide à ceux qui n’ont plus de recours.


Conclusion

La crise de Gaza révèle les fractures profondes de notre époque : un conflit où la famine devient une arme, où les récits médiatiques façonnent la perception publique, où la justice internationale peine à s’imposer, et où l’histoire tragique du XXe siècle est convoquée pour dénoncer les violences actuelles. Si l’émotion domine souvent les discours, la rigueur des faits et la recherche de responsabilité demeurent indispensables pour que la souffrance d’aujourd’hui ouvre la voie à une justice et, peut-être, à une paix future.

Tout est fait pour réduire la population, par le meurtre, par la faim, ou par la terreur. L’objectif est l’épuration ethnique totale de la bande de Gaza, pour le projet d’expansion du Grand Israël. D’ailleurs, les colons piaffent d’impatience d’être réinstallés à la place des Palestiniens. La torture par la faim, utilisée dès le début de la guerre Tsahal-Gaza, place les affamés devant un dilemme : aller ou pas sur les points de distribution.

Il faudra beaucoup de souffrances aux Palestiniens pour que les sociétés occidentales, habituées à victimiser les juifs, renversent leur appréciation. Avec retard comme toujours, du fait des obstacles mentaux érigés à dessein, le réel se fraye un chemin dans l’esprit du grand public.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
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