Il est temps de cesser les euphémismes. Ce
qui se joue aujourd’hui en Israël-Palestine n’est pas un “conflit” entre deux
peuples égaux en droit et en puissance. C’est l’achèvement d’un projet
colonial, appuyé par un arsenal militaire inégalé, toléré par les grandes
puissances, et qui ne recule plus devant rien : ni la destruction totale de
Gaza, ni l’annexion de facto de la Cisjordanie, ni la négation pure et simple
du peuple palestinien.
Dénoncer les turpitudes et l'abjection de
divers courants de l'idéologie sioniste, dénoncer les exactions d’Israël, est
juste et nécessaire. Cela ne fera pas faire l'économie d'interrogations quant à
la fuite en avant à laquelle s’adonnent les membres du gouvernement israélien.
- Ils ont pratiquement détruit Gaza et
revendiquent y avoir rendu la vie impossible. Que comptent-ils faire des plus
de deux millions d'habitants ?
- Ils ont annexé la Cisjordanie,
construisant à toute vitesse des colonies de peuplement longtemps interdites
pour permettre l'établissement d'un état palestinien-croupion. Que comptent-ils
faire des millions de Palestiniens qui la peuplent ?
Nous connaissons les réponses de Ben Gvir
ou Smotrich à ces questions. Elles vont du génocide à la purification ethnique.
Quelle est la réponse majoritaire du
peuple israélien ?
A ce stade, existent peu de possibilités.
Pour avoir rendu impossible la solution des deux états proclamée par de
multiples résolutions de l'ONU, ne restent que des options iréniques ou
abjectes:
- On peut, (en réalité, on ne peut pas),
revenir au rêve de l'état unique, dont tous seraient citoyens, donnant des
passeports israéliens à tous les Palestiniens. C'était une solution longtemps
préconisée par les Trotskystes. C'est devenu la seule option honorable. Et elle
est impossible.
- Sinon, en évitant les extrémités
auxquelles sont prêts les ultras du gouvernement actuel, ne reste que
l'apartheid.
L’occupation israélienne
déclarée illégale : et après ?
En juillet 2024, la Cour internationale de
Justice (CIJ) a tranché : l’occupation israélienne de la Cisjordanie, de
Jérusalem-Est et de Gaza est illégale. Elle exige son démantèlement immédiat,
le retrait des colonies et la fin de la ségrégation entre Israéliens et
Palestiniens. La CIJ n’a pas seulement émis un avis juridique : elle a mis noir
sur blanc ce que les Palestiniens crient depuis des décennies — ce régime est
contraire au droit, au principe même d’égalité humaine.
Mais Israël n’en a cure. Le gouvernement
poursuit sa fuite en avant, transformant chaque décision internationale en
chiffon de papier. Et les capitales occidentales, si promptes à brandir le
droit international ailleurs, se taisent ou détournent le regard. Cette
hypocrisie est devenue une forme de complicité active.
Gaza : le laboratoire du
châtiment collectif
Les sionistes messianiques, sont
tranquilles… Il n’y a pas une once d’humanité en eux, car quiconque ne pense
pas comme eux à leurs yeux est sous-humain. Ceux qui ont été cités jusqu’ici
vénèrent deux dieux : la Richesse et le Pouvoir ; c’est ainsi qu’ils
estiment leur valeur.
À Gaza, la guerre actuelle ne vise pas
seulement le Hamas, mais toute une population enfermée depuis 17 ans dans un
blocus. Les bombardements massifs, les destructions d’hôpitaux, d’écoles et
d’infrastructures vitales, l’entrave systématique à l’aide humanitaire : tout
cela n’est pas un “dommage collatéral”, mais une stratégie. Une punition
collective destinée à rendre la vie invivable pour plus de deux millions
d’êtres humains.
La CIJ, saisie par l’Afrique du Sud, a
reconnu en janvier 2024 que le risque de génocide à Gaza était “plausible”.
Elle a ordonné à Israël d’assurer la livraison de nourriture, d’eau et de
médicaments. Depuis, qu’a-t-on vu ? Des convois bloqués par des milices de
colons comme Tzav 9, encouragées par l’extrême droite israélienne. Des largages
aériens hasardeux, parfois mortels. Et des dirigeants, tels Itamar Ben-Gvir ou
Bezalel Smotrich, qui appellent ouvertement à “encourager la migration” des
Gazaouis — un euphémisme pour désigner le transfert forcé d’une population
entière.
Quand un État transforme la faim en arme
de guerre, quand il instrumentalise l’aide pour affamer et briser une
population, il franchit la ligne rouge du crime contre l’humanité. C’est ce que
Gaza subit, sous nos yeux.
Cisjordanie : l’annexion
masquée est devenue réalité
Et pourtant, nous avons des Palestiniens
en Cisjordanie, qui n'ont pas construit de tunnels ni constitué une force
redoutable, et les colons les piétinent, les expulsant de leurs maisons et de
leurs terres et leur volant tout ce qu'ils possèdent. Combien d'argent les
Juifs sionistes du monde entier ont-ils dépensé pour acheter suffisamment de
politiciens dans le monde entier afin de coloniser la Palestine et de protéger
leur entité coloniale contre toute responsabilité pour crimes contre
l'humanité
En Cisjordanie, le masque est tombé.
L’annexion de facto avance chaque jour : nouvelles colonies, routes réservées,
postes militaires. Les colons agissent en milices, souvent sous la protection
ou l’indifférence de l’armée. Villages incendiés, terres volées, familles
expulsées. La violence n’est plus un accident : elle est un outil de conquête
territoriale.
Lorsque Smotrich appelle à “effacer
Huwara”, il ne dérape pas : il dit tout haut la logique à l’œuvre. Et lorsque
des colons saccagent des villages palestiniens sans être inquiétés, c’est
l’État lui-même qui cautionne la terreur.
Là encore, la CIJ a été claire : le régime
imposé aux Palestiniens de Cisjordanie correspond à une ségrégation
systématique, une violation directe de la Convention contre l’apartheid. Et
pourtant, l’occupation continue, implacable.
L’apartheid n’est plus une
accusation : c’est un constat
Depuis 2021, Human Rights Watch et Amnesty
International ont franchi le pas : ce régime est bien un apartheid. Ce terme
n’est pas une insulte, c’est une qualification juridique précise : un système
organisé de domination d’un groupe sur un autre, institutionnalisé, perpétué
par la violence.
Ce que vivent les Palestiniens —
restrictions de déplacement, confiscation de terres, absence de droits
civiques, traitements discriminatoires systématiques — correspond à cette
définition. La CIJ, Amnesty, HRW : le consensus s’élargit. Il ne manque plus qu’une
chose : la volonté politique des États pour briser ce système.
Cette démonstration est imparable et je la
complète en soulignant que le paroxysme de la monstruosité israélienne
consiste, depuis plusieurs mois, à organiser l’aide alimentaire comme traquenard
et piège mortel pour les Palestiniens que le blocus Netanyahou / Ben Gvir /
Smotrich affame : Tsahal effectue délibérément les largages aériens des
denrées vitales dans des zones militarisées interdites aux civils de Palestine
afin que, tenaillés par la désespérance et la faim et n’ayant plus rien à
perdre, ces derniers aillent récupérer les colis alimentaires à l’endroit même
où ils sont certains d’être abattus.
Quelles options restent
possibles ?
La solution à deux États, répétée comme un mantra par les chancelleries
occidentales, est morte, enterrée sous les bulldozers des colonies. Un État
palestinien viable est devenu une fiction.
La seule option réellement juste serait un État unique, où Palestiniens et
Israéliens jouiraient des mêmes droits. Mais cette perspective est rejetée par
la majorité des Israéliens et par un gouvernement obsédé par la domination
ethno-religieuse. Dès lors, l’avenir se réduit à deux alternatives :
- soit un apartheid assumé,
institutionnalisé, pérennisé ;
- soit l’effondrement total de
toute perspective de coexistence, avec la tentation toujours plus
explicite du nettoyage ethnique.
La complicité internationale :
silence et hypocrisie
Le plus insupportable n’est pas seulement l’acharnement israélien, mais la passivité
complice de la communauté internationale. Les États-Unis continuent de livrer
des armes. L’Europe se contente de déclarations creuses, tout en maintenant des
accords économiques avantageux. Quand il s’agit d’Ukraine, le droit
international est brandi comme un étendard. Quand il s’agit de la Palestine, il
est relégué au second plan.
Ce double standard détruit la crédibilité du droit international et
transforme les belles paroles en cynisme. Chaque bombe tombée sur Gaza, chaque
maison palestinienne rasée en Cisjordanie, résonne aussi comme un acte de
complicité pour les États qui financent, arment ou protègent Israël de toute
sanction.
Briser l’impunité, maintenant
En ce moment, une association de sionistes
radicaux dénommée TSAV 9 et fondée par une certaine REUT BIN HAIM, s’est donné
pour mission de bloquer les points d’entrée vers Gaza pour entraver l’aide
alimentaire terrestre : cette Israélienne, elle-même mère de 8 enfants, a
accordé une entrevue au journaliste anglais Inigo Gilmore, pour expliquer qu’il
est indispensable d’affamer les enfants palestiniens.
Il est temps de rompre avec cette logique
mortifère. Cela signifie :
conditionner toute aide militaire et
économique à Israël au respect strict du droit international ;
imposer des sanctions ciblées contre les
responsables politiques et les colons violents ;
soutenir des enquêtes internationales sur
les crimes commis à Gaza et en Cisjordanie ;
et surtout, nommer les choses : parler
d’apartheid, parler de crimes de guerre, parler de génocide quand les faits
l’exigent.
Conclusion : l’égalité ou la
barbarie
Si on applique la grille de l’idéologie
selon Anna Arendt aux « Sionistes » on tombe très justement sur le
principe actif et structurant des régimes totalitaires.
Cette idéologie devenant ainsi un cadre qui organise la société de façon
totale, visant à remplacer le monde actuel par les masses atomisées
physiquement, moralement et spirituellement, leur permettant d’imposer une
cohérence artificielle à l’ensemble de la vie sociale. Une source surhumaine
comme origine de la pensée (Dieu de la Bible),
Une prétention à la domination globale, L’appel à la violence ou à l’action, La
désignation d’un ennemi objectif,
Le rejet de la réalité factuelle. Ce
groupe prospère sur l’effondrement des structures politiques. L’isolement des
individus influençables, fragilisés par cet effondrement, fait que les
structures sociales démocratiques et tolérantes deviennent alors perméables à des
idéologies simplificatrices et à des promesses de réenchantement du monde.
L’entrisme des «sionistes» exploite les failles du système démocratique et républicain. Notamment la perte de sens partagé et la désaffection civique. Ceci leur permet d’avancer un projet de domination idéologique sous couvert démocratique, utilisent des organisations de façade et des discours adaptés pour masquer la radicalité de leurs objectifs, trompant ainsi le monde extérieur sur leur véritable nature, s’appuyant fortement sur les médias sous leur influence. Ce groupe cherche à imposer une vision unique et à éliminer la dissidence.
La Palestine n’est pas seulement une
question “étrangère”. Elle est le test ultime de notre capacité à défendre des
principes universels. Allons-nous continuer à fermer les yeux, à accepter qu’un
État démocratique se revendiquant du droit se permette ce que nous ne tolérons
nulle part ailleurs ?
L’avenir est clair : soit nous imposons l’égalité
des droits pour tous, Palestiniens et Israéliens, soit nous devenons complices
d’un système qui ne peut plus être nommé autrement que par son vrai nom : apartheid
et épuration ethnique.
Il n’y a plus de neutralité possible. Se
taire, c’est choisir le camp de l’oppresseur.
Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme
ça. »
https://kadertahri.blogspot.com/

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