Je refuse le
silence.
Je refuse l’oubli.
Je refuse l’hypocrisie d’un discours officiel qui reconnaît du bout des lèvres,
mais qui se garde bien d’assumer.
Oui, je le
dis sans détour : la colonisation fut un crime.
Un crime contre des peuples qui n’avaient rien demandé. Un crime contre des
cultures que l’on a méprisées, brisées, parfois effacées. Un crime contre des
générations entières condamnées à l’humiliation et à la misère au nom de la
“mission civilisatrice”.
L’histoire qu’on cache, l’histoire qu’on maquille
On m’a
longtemps appris que la colonisation avait “apporté des routes, des écoles, des
hôpitaux”. Comme si une poignée de routes pouvait effacer les massacres, comme
si quelques dispensaires pouvaient laver le sang versé.
On a maquillé la violence derrière des mots technocratiques : “pacification”,
“progrès”, “évangélisation”. Mais derrière les mots, il y a des réalités :
pillages, déportations, répressions, exécutions, travail forcé.
L’histoire
coloniale de la France n’est pas une parenthèse. C’est un chapitre central de
modernité. Et tant qu’on le travestira, tant qu’on le minimisera, ils vivent dans
le mensonge.
Des excuses claires, pas des formules creuses
On a entendu
tout et son contraire :
– “Ni excuses ni repentance.”
– “Regard apaisé.”
– “Devoir de mémoire.”
Mais la
vérité, c’est qu’aucune excuse claire n’a été prononcée. Or, comment parler de
réconciliation sans reconnaissance pleine et entière ?
Les descendants des victimes n’attendent pas des pirouettes diplomatiques. Ils
attendent une parole forte : oui, la France coloniale a commis des crimes.
Oui, nous demandons pardon.
Réparer, c’est possible
On me dira :
“Réparer est impossible, on ne peut pas payer pour l’éternité.”
C’est un argument de mauvaise foi.
Réparer, ce
n’est pas se ruiner. C’est poser des gestes justes et ciblés. Le Royaume-Uni
l’a fait pour les survivants Mau Mau au Kenya. L’Allemagne l’a fait en Namibie
pour les Herero et les Nama. La France a commencé à le faire en restituant des
trésors spoliés au Bénin et au Sénégal.
Alors
pourquoi s’arrêter là ?
Réparer, c’est :
– Restituer les biens pillés ;
– Ouvrir complètement les archives ;
– Indemniser, quand cela est juridiquement possible, les survivants et leurs
descendants ;
– Ériger des mémoriaux dignes ;
– Enseigner, enfin, cette histoire sans fard, dans toutes nos écoles.
Une dette morale, une dette politique
La
colonisation n’est pas un simple héritage abstrait. Ses effets se prolongent :
inégalités économiques, discriminations, blessures identitaires. Fermer les
yeux sur cette dette, c’est accepter que les fractures d’hier se reproduisent
aujourd’hui.
Je ne
réclame pas la culpabilisation des générations présentes. Je réclame la
justice. Je réclame la vérité. Je réclame la dignité rendue à ceux qui l’ont
perdue par la faute d’un empire aveuglé par sa domination.
Je dénonce
la colonisation.
Je dénonce le déni.
Je dénonce les discours qui relativisent ou qui renvoient dos à dos toutes les
violences de l’histoire pour mieux éviter leurs propres responsabilités.
La France
doit des excuses. La France doit des réparations.
C’est la seule voie possible si nous voulons un jour refermer cette plaie
ouverte.
Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme
ça. »
https://kadertahri.blogspot.com/
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