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Gaza : Une trêve en ruines : l’illusion du cessez-le-feu


 Sous couvert de sécurité et de lutte contre le terrorisme, Israël poursuit une campagne militaire d’une brutalité sans précédent contre Gaza, au mépris du droit international. Pendant que les chancelleries occidentales détournent le regard, la presse rebaptise les violations de trêve en simples “tests”. Derrière cette novlangue se cache une impunité devenue systémique — et une tragédie humaine que le silence du monde rend possible

Quelques jours à peine après l’annonce d’un cessez-le-feu présenté comme un “pas vers la paix”, Gaza a de nouveau été frappée. Selon plusieurs témoins locaux et ONG humanitaires, l’armée israélienne aurait ouvert le feu après qu’un véhicule militaire a roulé sur un obus non explosé — issu de ses propres bombardements massifs. L’explosion, immédiatement imputée au Hamas, a servi de justification à une nouvelle vague de frappes sur l’enclave, faisant des dizaines de morts parmi les civils.

L’aide humanitaire, déjà limitée, a été à nouveau suspendue. L’électricité et l’eau sont rationnées. Les hôpitaux, débordés, fonctionnent à flux tendu dans des conditions sanitaires désastreuses. À Gaza, chaque cessez-le-feu ressemble à une parenthèse précaire avant la reprise des bombardements — une pause, jamais une paix.

Et pourtant, dans la plupart des médias occidentaux, cet épisode n’a pas été décrit comme une violation du cessez-le-feu, mais comme un “test” de sa solidité. Une sémantique révélatrice : dans le lexique diplomatique occidental, la vie palestinienne n’est plus un enjeu moral, mais un paramètre d’évaluation stratégique.

La normalisation de la violence

Depuis plusieurs années, la couverture médiatique du conflit israélo-palestinien s’est figée dans un récit déséquilibré. Les bombardements israéliens sur Gaza sont décrits comme des “opérations ciblées” ou des “ripostes”, même lorsqu’ils frappent des écoles, des hôpitaux ou des camps de réfugiés.
En revanche, chaque roquette artisanale tirée depuis Gaza est présentée comme une menace existentielle pour l’État hébreu.

Ce déséquilibre narratif contribue à la normalisation de la violence israélienne : tuer des Palestiniens devient une routine militaire, un bruit de fond de l’actualité. Les violations répétées du droit international ne sont plus scandaleuses ; elles deviennent attendues, presque acceptées.
Ainsi, lorsqu’Israël rase un quartier de Gaza, la question n’est plus “Pourquoi ?”, mais “Combien de temps avant la prochaine fois ?”.

Cette banalisation a un coût humain et moral considérable. Elle renforce le sentiment, chez les Palestiniens, que leur souffrance n’a pas la même valeur que celle d’autres peuples. Elle encourage l’impunité israélienne en confortant l’idée qu’aucune sanction ne viendra. Et elle affaiblit le droit international lui-même, transformé en simple rhétorique.

 

Depuis deux ans, Israël enseigne au monde ce que signifie le mot « capacité », au point de qualifier d'ores et déjà ce qui s'est passé dans la bande de Gaza de « génocide ». La condition sine qua non de la dépendance continue d'Israël à la force militaire : les milliards de dollars d'aide militaire annuelle des États-Unis. Si les États-Unis ont été un ami d'Israël, ils ont été un mauvais ami. Ils ont encouragé le pire chez les Israéliens, au détriment de son développement en tant que nation prospère et respectée. Le recours d'Israël à la force est bien connu.  L'une des conséquences de ce recours quasi exclusif à la puissance militaire est un déclin marqué de la qualité de sa diplomatie. Israël insulte, ment, diabolise ou terrorise souvent ceux qui expriment des inquiétudes légitimes

La rhétorique de la “sécurité” comme arme politique

Le gouvernement israélien justifie ses actions par la nécessité de “neutraliser le Hamas” et de “sécuriser les citoyens israéliens”. Dans un communiqué récent, le Premier ministre a réaffirmé que “la guerre ne prendra pas fin tant que le Hamas ne sera pas totalement désarmé et que Gaza ne sera pas démilitarisée”.

Mais cette condition, impossible à atteindre sans destruction totale de l’enclave, condamne d’avance toute perspective de paix. Elle transforme un objectif politique — la survie d’Israël en guerre sans fin.
Le désarmement total d’un territoire assiégé et meurtri depuis plus de dix-sept ans est un mirage. Gaza n’est pas un État doté d’une armée classique, mais une société civile enfermée dans une prison à ciel ouvert, où la résistance — quelle qu’en soit la forme — devient une question de survie.

Sous cette rhétorique sécuritaire, l’opération militaire se mue en instrument de domination politique. Elle permet au pouvoir israélien de renforcer son contrôle sur les territoires palestiniens, de détourner l’attention de ses crises internes, et de maintenir une cohésion nationale autour de la peur.
Mais cette stratégie, répétée depuis des décennies, n’a apporté ni sécurité durable aux Israéliens, ni paix aux Palestiniens. Elle n’a produit qu’un enchaînement de guerres, de sièges, et de deuils.

L’aveuglement de la communauté internationale

Face à cette spirale, la communauté internationale persiste dans une prudence coupable. Les grandes puissances appellent à la “désescalade” tout en livrant des armes à Israël. Les institutions internationales condamnent du bout des lèvres les violations du droit humanitaire, sans jamais imposer de sanctions.
Quant à l’Union européenne, elle se réfugie dans une posture ambiguë, oscillant entre “préoccupation” et “solidarité avec Israël”, sans jamais reconnaître l’ampleur du désastre humanitaire.

Cette impuissance — ou ce refus d’agir — renforce le sentiment d’un deux poids, deux mesures dans la gestion des conflits mondiaux. Lorsque la Russie bombarde des civils en Ukraine, l’indignation est immédiate et unanime. Lorsque Israël fait de même à Gaza, les mots se font prudents, les condamnations se dissolvent dans le relativisme.

Cette incohérence n’est pas seulement politique : elle est morale. Elle décrédibilise le droit international, nourrit le ressentiment des peuples, et creuse un fossé entre les valeurs proclamées et les pratiques réelles des démocraties occidentales.

Briser le cycle de l’impunité

Reconnaître cette impunité n’est pas une posture partisane. C’est un devoir d’humanité.
Dénoncer les crimes de guerre commis à Gaza n’implique pas de nier la souffrance des Israéliens ni les atrocités du Hamas. Mais il faut cesser de placer les crimes des uns au service de la justification des autres.
Le droit humanitaire international est clair : aucune cause, si légitime soit-elle, ne justifie la punition collective d’une population civile.

Briser le cycle exige un changement radical :

  • Mettre fin au blocus de Gaza, qui constitue une forme de siège permanent contraire à toutes les conventions internationales.
  • Conditionner toute aide militaire à Israël au respect du droit international.
  • Soutenir les mécanismes de justice internationale, y compris les enquêtes de la Cour pénale internationale sur les crimes de guerre commis des deux côtés.
  • Et surtout, redonner une voix aux civils palestiniens, réduits au silence par la guerre et par le récit dominant qui les efface.

Redonner sens à la paix

La paix ne se construira pas sur les ruines. Elle ne se décrète pas par des communiqués diplomatiques ni par des trêves temporaires.
Elle exige une reconnaissance réciproque, une égalité de droits et la fin du système d’apartheid qui maintient les Palestiniens sous domination militaire.
Tant que la communauté internationale se refusera à nommer les choses — occupation, colonisation, blocus, punition collective — elle restera complice de l’injustice.

Le silence n’est pas neutre. L’inaction n’est pas prudence. Ce sont des choix politiques.
Et chaque jour de silence face à Gaza, chaque mot mesuré pour “ne pas froisser” Israël, contribue à prolonger une tragédie humaine qui pourrait être arrêtée.

Refuser cette impunité, c’est défendre un principe universel : la dignité humaine n’a pas de nationalité.
C’est rappeler que la sécurité d’un peuple ne peut pas reposer sur l’effacement d’un autre.
Et c’est affirmer, contre la fatalité, qu’une paix juste reste possible — à condition d’oser la vérité.

A/Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet                                                                                     « Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. » 
https://kadertahri.blogspot.com/

 

Pourquoi le Hamas ne peut toujours pas restituer tous les corps israéliens

 

Dans une Gaza dévastée par des mois de bombardements, la récupération des corps israéliens comme palestiniens  se heurte à une réalité matérielle et humaine insurmontable. Accuser le Hamas d’inaction revient à nier l’ampleur de la destruction causée par Israël.

Alors que le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas entre dans sa deuxième semaine, Tel Aviv multiplie les pressions pour récupérer les corps de prisonniers israéliens disparus à Gaza. Mais sur le terrain, où la majorité des infrastructures sont à terre, où les secours creusent à mains nues, cette exigence sonne comme une injonction impossible. Derrière ce débat se cache une question plus profonde : celle du deuil sélectif et de la hiérarchie des souffrances.

Une indignation à géométrie variable

Le monde s’émeut, à juste titre, du sort des familles israéliennes toujours sans nouvelles de leurs proches.
Mais dans le même temps, plus de 9 000 Palestiniens demeurent portés disparus sous les ruines, souvent sans nom, sans tombe, sans image.
Ce contraste interroge : pourquoi la compassion internationale semble-t-elle s’arrêter aux frontières du blocus ?

« Les médias comptent les otages israéliens, mais plus personne ne compte les morts palestiniens. »
Témoignage d’un secouriste de Khan Younès

Gaza, une tombe à ciel ouvert

Depuis le 7 octobre 2023, les bombardements israéliens ont fait de Gaza un paysage lunaire.
Selon le ministère de la Santé local :

  • 70 000 morts,
  • 170 000 blessés,
  • des milliers de disparus sous les décombres.

Les secouristes manquent d’engins lourds, de carburant, d’équipements de sécurité. Beaucoup creusent littéralement à mains nues. Les morgues sont pleines, les hôpitaux détruits, les routes impraticables.
Dans ces conditions, même la récupération des corps palestiniens devient un défi héroïque — alors comment reprocher au Hamas de ne pas retrouver tous les corps israéliens

Ce que la guerre a enseveli

Cinq obstacles majeurs rendent la restitution des corps israéliens quasi impossible :

  1. Destruction massive : des captifs ont été ensevelis sous des tonnes de gravats, conséquence directe des frappes israéliennes.
  2. Accès restreint : la moitié du territoire reste sous contrôle militaire israélien.
  3. Perte d’informations : de nombreux combattants détenant les données sur les lieux de détention ont été tués.
  4. Contrôle fragmenté : plusieurs factions palestiniennes étaient impliquées, rendant la traçabilité complexe.
  5. Blocus persistant : Israël interdit toujours l’entrée d’engins lourds et d’équipements de levage.

« Ce sont leurs bombes qui ont détruit les lieux où étaient détenus leurs propres captifs. Et maintenant, ils nous accusent de ne pas les retrouver. » Communiqué du Hamas

L’absurde paradoxe moral

Tel Aviv menace de reprendre les frappes si les corps ne sont pas restitués rapidement.
Mais comment exiger des équipes civiles, épuisées et privées de moyens, de fouiller un champ de ruines créé par les bombardements israéliens eux-mêmes ?
C’est là tout le paradoxe moral de cette guerre : Israël demande à Gaza de réparer ce que son armée a détruit.

L’oubli des morts palestiniens

Le Hamas a déjà restitué plus de dix des vingt-huit corps israéliens prévus dans l’accord de cessez-le-feu. Les autres restent ensevelis.
Pendant ce temps, des centaines de corps palestiniens sont retrouvés chaque jour sous les décombres.
Pourtant, cette tragédie ne suscite ni réunion d’urgence, ni négociation internationale.

« La douleur d’une mère israélienne ne vaut ni plus ni moins que celle d’une mère palestinienne  mais seule la première semble intéresser les caméras du monde. »  Extrait d’un témoignage recueilli à Rafah

Conclusion : l’hypocrisie du deuil sélectif

Accuser le Hamas de lenteur, c’est ignorer la géographie de la destruction. Gaza n’est plus une ville : c’est un cimetière suspendu entre les ruines et le silence.
Tant que perdurera le blocus, tant que les pelleteuses resteront bloquées aux frontières, aucune restitution complète ne sera possible. Et le monde, lui, continuera de choisir ses morts.

A/Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet                                                                                                    « Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. » 
https://kadertahri.blogspot.com/


Gaza détruite… par qui ?

 

L’article d’un média d’extrémiste prétend dénoncer la tragédie de Gaza. En réalité, il ne la décrit pas : il la falsifie. Ce texte, relayé par un média d’extrême droite, n’est pas une analyse, mais une arme rhétorique déguisée en compassion. Derrière une apparente indignation morale se cache une justification politique : celle de la punition collective et de la guerre sans fin.

L’auteur ne cherche pas à comprendre la catastrophe, mais à la purifier de tout contexte, de toute complexité, de toute responsabilité partagée. Il érige une morale du glaive — Israël serait la victime éternelle, les Palestiniens les complices de leur propre malheur — et tout le reste serait mensonge. Il faut pourtant remettre les faits à leur place, les mots à leur juste poids, et la vérité au-dessus de la propagande.

L’histoire tronquée d’un siège

L’auteur parle d’un « siège depuis plus de 10 ans ». La formule sonne dramatique, mais elle trahit à la fois l’ignorance et le mépris des faits. Le blocus imposé à la Bande de Gaza n’a pas dixt ans, mais dix-huit : il a été renforcé après la prise du pouvoir par le Hamas en 2007. Depuis, Israël — avec l’appui de l’Égypte — contrôle la quasi-totalité des entrées et sorties de personnes et de biens.
Les Nations Unies le rappellent : ce blocus a détruit l’économie locale, fait exploser le chômage, et transformé Gaza en prison à ciel ouvert (OCHA, The Humanitarian Impact of 15 Years of Blockade on Gaza, 2022).

Ignorer ce contexte, c’est mentir par omission. C’est effacer la responsabilité d’une politique de confinement et de privation qui a préparé, depuis des années, la tragédie actuelle.

Le chiffre des morts : quand le cynisme devient méthode

L’article rejette d’un revers de plume le chiffre de « 67 000 morts », le qualifiant « d’évidemment faux ». Évidemment ? Non.
Selon les rapports de l’Office des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), au 4 mars 2025, le nombre de morts palestiniens recensés à Gaza dépassait 111 000 personnes, un bilan catastrophique, dont une majorité de femmes et d’enfants.

Qualifier de « faux » un bilan humain simplement parce qu’il dérange la narration, c’est l’essence même du négationnisme contemporain : l’incrédulité sélective.
Il n’existe aucune source israélienne ou internationale crédible proposant un chiffre radicalement différent ; la seule différence réside dans les méthodes de comptage. Refuser le nombre, c’est refuser de voir les morts.

Quand la haine remplace la pensée

L’auteur accuse le Hamas d’avoir « détruit la Palestine ». Ce raccourci sert à tout effacer : le blocus, les frappes récurrentes, les destructions d’infrastructures civiles, la misère d’une population enfermée depuis presque deux décennies.
Oui, le Hamas a commis des crimes le 7 octobre 2023. Oui, il a pris des otages, massacré des civils, et provoqué l’horreur. Mais confondre le Hamas et la population de Gaza est une violence supplémentaire : c’est condamner un peuple entier pour les actes d’une milice.

Ce n’est pas le Hamas qui a rasé des quartiers entiers de Rafah, de Khan Younès ou de Gaza City ; ce sont des bombardements aériens d’une intensité sans précédent. Ce n’est pas le Hamas qui a interdit aux ambulances de circuler ; c’est un blocus militaire. Ce n’est pas le Hamas qui a coupé l’eau, l’électricité, les médicaments ; ce sont des décisions gouvernementales assumées. Faire de la victime un coupable, c’est le plus vieux tour rhétorique de la guerre.

Le grand amalgame : critique d’Israël = haine des juifs

Autre pilier de cette tribune extrémiste : assimiler toute critique de la politique israélienne à de l’antisémitisme. L’auteur prétend que « le 7 octobre a réveillé la bête antisémite » et accuse les défenseurs de la Palestine d’être des « idiots utiles ».
Ce procédé est doublement pervers. D’abord, il instrumentalise la mémoire de la Shoah pour bâillonner toute discussion politique. Ensuite, il banalise l’antisémitisme réel en le diluant dans le désaccord politique.

Il est tout à fait possible — et nécessaire — de condamner les crimes du Hamas tout en dénonçant les crimes de guerre d’Israël. Refuser cette dualité, c’est trahir la vérité.
L’antisémitisme est une haine millénaire ; il ne doit pas devenir un bouclier moral derrière lequel on justifie des massacres contemporains.

L’islamisme comme épouvantail universel

Enfin, l’article se termine sur une vision apocalyptique : « les islamistes auront la bombe atomique », « ils aiment la mort », « ils veulent conquérir le monde ». Cette rhétorique, copiée mot pour mot des pamphlets colonialistes du XXᵉ siècle, sert à une seule chose : justifier l’exception permanente, la peur, la surveillance, la répression.

Comparer l’islamisme au nazisme n’est pas une analyse ; c’est un cri de guerre. Ce parallèle, répété depuis vingt ans, a produit quoi ? Des murs, des lois d’exception, des bombes, et surtout : l’effacement de la distinction entre islamisme, islam, et musulmans. L’amalgame devient système.

Quand le mensonge se pare de vertu

L’auteur feint la compassion — il pleure « les larmes à sécher » — mais son texte suinte le mépris.
Pas une ligne pour les hôpitaux détruits.
Pas un mot pour les 2 millions d’habitants privés d’eau potable.
Pas un souffle pour les familles qui dorment sous les décombres.
Juste une obsession : sauver l’honneur d’Israël, effacer la souffrance des Palestiniens, transformer le deuil en plaidoirie géopolitique.

C’est cela, la vraie ruine : celle du langage et de la pensée. Quand la compassion devient propagande, la vérité devient une victime de plus.

Pour une parole lucide et humaine

Être lucide, c’est refuser les simplismes. C’est pouvoir dire deux choses à la fois : que le Hamas est une organisation criminelle, et qu’Israël a commis des actes contraires au droit humanitaire. C’est refuser la logique de vengeance comme substitut à la justice.

Ceux qui s’obstinent à décrire Gaza comme une « plaie qu’elle s’est infligée à elle-même » contribuent à déshumaniser un peuple. Ils prolongent la guerre par le verbe.
Or, les mots comptent : ce sont eux qui, avant les bombes, construisent les murs.

La dignité, aujourd’hui, consiste à refuser la déshumanisation — quelle que soit la bannière qui la pratique.

Conclusion : le devoir d’humanité

Le rôle du journaliste, de l’écrivain, du citoyen, n’est pas d’attiser la peur, mais d’éclairer la conscience. L’article « Ruines et mensonges » échoue à cette mission : il recycle les clichés, travestit les faits, flatte les instincts les plus bas.

Rétablir la vérité n’est pas un exercice académique ; c’est un acte moral.
Parce que chaque mot faux, chaque caricature, chaque chiffre nié, prépare le terrain aux prochains morts.

La ruine véritable n’est pas à Gaza. Elle est dans les colonnes de ceux qui ont choisi l’idéologie contre l’humanité.

A/Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet                                                                                                    « Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. » 
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Les nouveaux croisés de l’identité française : la haine comme miroir d’eux-mêmes

Ils s’appellent Zemmour, Knafo, Messiha, Bardella, Ciotti, Jacobelli.
Ils brandissent le drapeau tricolore comme un talisman et promettent de sauver la France de « l’invasion migratoire ». Mais derrière leurs discours sur « l’identité », se cache un paradoxe plus troublant : ce ne sont pas les étrangers qu’ils combattent, mais l’écho d’une étrangeté qu’ils portent eux-mêmes.
Leur croisade contre l’immigration n’est pas un acte d’amour pour la France  c’est un rejet d’eux-mêmes, une guerre intérieure qu’ils projettent sur les autres.

Ils portent des noms que la vieille France aurait jugés « venus d’ailleurs » : Zemmour, Knafo, Messiha, Bardella… Et pourtant, ce sont eux qui se font les plus fervents accusateurs de l’immigration, les plus bruyants défenseurs d’une identité française figée, uniforme, imaginaire.

Cette contradiction n’est pas anodine. Elle dit tout d’une blessure intime : celle de ceux qui ont cru devoir renier leur part d’origine pour être « acceptés ».
Leur haine de l’étranger n’est pas un projet politique — c’est un cri personnel, un refus viscéral de regarder en face la complexité de leur propre héritage.

Ils veulent effacer dans le miroir collectif ce qui, en eux, ne cadre pas avec la légende du « vrai Français ». Et puisque cette trace de l’autre ne peut être supprimée, ils la désignent ailleurs, la condamnent, l’excluent.
L’étranger devient le bouc émissaire d’une identité fissurée.

La haine comme autoportrait

Il faut le dire clairement : ces figures de la droite identitaire ne défendent pas la France, elles se défendent d’elles-mêmes.
Leur obsession de la pureté nationale est une tentative d’expulsion symbolique : expulser de soi ce qui rappelle l’origine, la diversité, le métissage, la fragilité.
Quand Zemmour parle de « grand remplacement », c’est de son propre malaise qu’il parle.
Quand Messiha se drape dans le drapeau pour dénoncer « l’africanisation » de la France, il tente de fuir le souvenir de son propre exil.
Quand Bardella parle de « frontières », il parle d’un mur intérieur.

Le discours xénophobe n’est pas seulement politique : il est psychologique.
C’est une fuite, un effort pour se convaincre qu’on appartient enfin à un monde qui ne vous reconnaîtra jamais totalement.

L’illusion du patriotisme pur

Ces croisés de la pureté française s’imaginent en héros d’une reconquête civilisationnelle.
Mais leur patriotisme n’a rien à voir avec l’amour de la France réelle  celle qui parle plusieurs langues, qui mange couscous et pot-au-feu, qui prie ou ne prie pas.
Ce patriotisme-là est un fantasme défensif : celui d’une France mythifiée, blanche, catholique et éternelle, qui n’a jamais existé que dans les manuels d’une droite nostalgique.

Ils veulent sauver une France inventée, quitte à piétiner la France vivante.
Et dans cette guerre qu’ils mènent contre l’immigration, c’est la République elle-même qu’ils affaiblissent, car la République ne se définit pas par le sang, mais par les droits et l’égalité.

L’ennemi intérieur

Ce qu’ils appellent « identité nationale » n’est plus un projet de rassemblement, mais un outil de division. Ils veulent transformer le débat public en champ de bataille ethnique, faire croire que l’étranger est responsable de tout : du chômage, de l’insécurité, du malaise social.
Mais derrière cette construction, il y a un aveu : leur besoin d’un ennemi pour exister.

Ils ne croient pas vraiment en la France ; ils croient à leur propre ressentiment.
Et ce ressentiment, ils le nourrissent pour masquer le vide de leur projet politique.
Car que restera-t-il une fois l’immigré chassé, une fois la frontière fermée ? Rien  sinon le même angoisse, la même fracture intérieure, le même besoin d’exclure pour se sentir pur.

La vraie France

La vérité, c’est que la France n’a jamais été pure.
Elle est née du brassage, du métissage, des migrations et des échanges.
Elle est faite d’accents et de visages multiples, d’histoires mêlées. Refuser cela, c’est refuser la France telle qu’elle est.

Les Zemmour et les Bardella ne la défendent pas : ils la défigurent.
Ils font de la peur un drapeau, de la haine un programme, du rejet un credo.
Mais leur colère ne dit pas la force d’un peuple : elle révèle la faiblesse d’une identité qui doute d’elle-même.
Car on ne deteste jamais autant que ce qu’on craint de porter encore en soi.

A/Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet                                                                                                    « Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. » 
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Rafah : Encore du hasbara sous faux drapeau pour la reprise d’une guerre

Les images et les communiqués se succèdent à un rythme implacable : des militants attaquent des forces israéliennes près de Rafah, l’armée riposte par des frappes, et le gouvernement évoque la nécessité « d’agir avec force ». Les affrontements récents à Rafah ont ranimé le danger d’une escalade et aggravent une crise humanitaire déjà dramatique. Cette tribune demande la transparence sur les incidents, des enquêtes internationales impartiales et l’ouverture inconditionnelle des points de passage en priorité Rafah  pour permettre l’acheminement d’aide et la protection des civils. Appel concret à des actions immédiates et vérifiables des garants du cessez-le-feu.

Les militants attaquants appartenaient-ils au Hamas ou à un autre groupe militant ?

Certains bénéficiaient du soutien israélien.

Opération sous faux drapeau ?

Le Hamas n'est pas autorisé à gouverner Gaza et est tenu de désarmer. Alors, qui sera responsable du maintien d'un minimum d'ordre public et de la non-violation du cessez-le-feu ? Israël croit-il vraiment que l'anarchie totale apportera la sécurité ?

Où sont les forces internationales censées protéger les Palestiniens des agressions israéliennes constantes et coordonner l'aide et les abris pour l'hiver qui approche ?

Netanyahou ne devrait pas être autorisé à fermer le point de passage de Rafah comme bon lui semble. Il ne devrait y avoir aucune restriction de passage.

Tous les points de passage de Gaza doivent être ouverts et une aide humanitaire illimitée doit y entrer.

Ces faits, violences, décisions politiques et conséquences humanitaires  sont documentés et doivent être dénoncés lorsqu’ils frappent des populations civiles. Mais la gravité de la situation exige aussi rigueur et responsabilité dans nos accusations : réclamer la transparence ne doit pas se transformer en propagande inverse qui affaiblit la lutte pour la vérité et la protection des innocents.

Le contexte s’est encore compliqué par des déclarations publiques très lourdes de sens. Les États-Unis ont fait part de rapports selon lesquels le Hamas envisagerait des actions susceptibles de rompre le cessez-le-feu, notamment des attaques contre des civils à Gaza des allégations que le Hamas a formellement démenties. Parallèlement, ces derniers jours ont vu de violents affrontements entre les forces du Hamas et des combattants armés locaux ; certains opposants au Hamas interprètent ces incidents comme une tentative d’intimidation ou de prise de contrôle du terrain avant l’arrivée d’une force arabe ou internationale. Ces dynamiques internes à Gaza rendent la situation encore plus dangereuse pour les civils et rendent la vérification des faits plus complexe.

La rhétorique internationale ne rassure guère. Des élus et des responsables cités publiquement ont prononcé des phrases qui attisent la peur et justifient l’escalade : certains mettent en garde contre des actions supposées du Hamas et plaident pour une réponse militaire si le cessez-le-feu était violé.

D’autres tiennent des propos qui semblent accuser d’avance les Palestiniens de nouvelles violences. Ces discours alimentent l’anxiété et réduisent l’espace pour des mesures de désescalade et d’aide humanitaire.

On entend aussi, dans les commentaires politiques et populaires, des accusations plus larges : que les États-Unis et Israël chercheraient un prétexte pour reprendre les opérations  que l’objectif réel serait le contrôle de Gaza et l’élimination d’une autorité palestinienne autonome. Ce type d’interprétation exprime une suspicion légitime après des mois de violences et d’interventions extérieures, mais elle doit être distinguée des faits avérés. Les affirmations graves complots, manipulations planifiées  exigent des preuves documentées. Sans preuves publiques, elles restent des hypothèses politiques puissantes mais non vérifiées.

Le bilan humain, en revanche, est tangible et insoutenable : centres de soins saturés, populations privées d’accès régulier à l’aide, points de passage fermés. Les chiffres diffusés par les autorités sanitaires de Gaza circulent largement et attestent d’un coût humain massif ; ces chiffres sont contestés par d’autres acteurs, mais ils sont le reflet d’une catastrophe humanitaire dont les victimes sont réelles.

Pendant ce temps, l’appel de certains responsables internationaux à « protéger la population de Gaza » sonne parfois comme une hypocrisie si l’on ne voit pas d’action concrète pour ouvrir Rafah, lever les blocages et permettre l’acheminement inconditionnel d’aide.

La responsabilité première, aujourd’hui, doit être humanitaire : comment protéger les civils maintenant ? L’ouverture inconditionnelle des points de passage, notamment Rafah, et le déploiement immédiat de couloirs humanitaires sont indispensables. Les autorités qui garantissent le cessez-le-feu  États médiateurs et organisations internationales  doivent exiger l’accès sans entrave des ONG, la livraison d’aide et la réparation urgente des infrastructures civiles. La protection des civils ne peut être subordonnée à des revirements politiques ou à des logiques de vengeance.

Parallèlement, il faut des réponses politiques et judiciaires :

  • Si des groupes armés à l’intérieur de Gaza commettent des exactions contre des civils, ces actes doivent être documentés et poursuivis par des mécanismes impartiaux.
  • Si des gouvernements ou des forces ont utilisé un incident comme prétexte pour reprendre des opérations disproportionnées, cela doit faire l’objet d’enquêtes indépendantes, avec publication des preuves et responsabilité des responsables.

Les accusations de manipulation  qu’elles ciblent des gouvernements, des groupes armés ou des relais médiatiques  doivent être traitées sérieusement, mais sur la base de preuves. Répéter des allégations sans vérification affaiblit la campagne pour la responsabilité et fournit des munitions à ceux qui veulent faire taire la critique légitime. À l’inverse, exiger des enquêtes forensiques, des vidéos horodatées, des témoignages indépendants et des analyses d’experts est la voie la plus solide pour établir la vérité et obtenir justice.

Sur le plan politique, la rhétorique incendiaire comparaison historiques extrêmes, déshumanisation collective, appels à la vengeance  ne fera qu’alimenter une haine qui nourrira les générations futures. La critique d’une politique ou d’un gouvernement est légitime et nécessaire ; elle perd sa force quand elle glisse vers l’outrance qui empêche le dialogue, la mise en place de mécanismes de réparation et la construction d’alternatives politiques. Si notre objectif est d’empêcher une « guerre sans fin », il faut privilégier des arguments documentés, des appels juridiques et des revendications humanitaires claires.

C'est toujours de la tricherie. Les États-Unis et Israël cherchent une excuse pour reprendre la guerre. L'objectif, c'est Gaza. Ils veulent Gaza. Ils ne veulent pas d'autorité palestinienne là-bas. Ce que je trouve aussi répugnant et cynique, c'est leur façon de prétendre se soucier des Gazaouis alors qu'Israël (avec l'aide massive des États-Unis) a assassiné des dizaines de milliers de civils. C'est écœurant.

Les États-Unis devraient rappeler à Israël de respecter sa part de l'accord, d'ouvrir le point de passage de Rafah et d'autoriser l'acheminement de l'aide. Ils restent complices et silencieux lorsque les Israéliens tirent sur des familles palestiniennes désarmées et qu'Israël retient l'aide sous prétexte de ne pas restituer les corps des otages israéliens. De toute évidence, pour les États-Unis, même un cadavre israélien a plus de valeur que la vie de Palestiniens innocents.

Que demander, donc, aujourd’hui ? Trois priorités concrètes :

Accès humanitaire immédiat et illimité : ouvrir Rafah et tous les points de passage, lever les obstacles à l’acheminement des secours et autoriser les équipes médicales à travailler.

Enquête indépendante et transparente : que les incidents armés récents y compris les affrontements internes à Gaza et les attaques signalées contre des forces — fassent l’objet d’expertises impartiales, publiques et vérifiables.

Garantie de protection des civils : mise en place de couloirs humanitaires, surveillance indépendante du cessez-le-feu et sanctions ciblées en cas de violations prouvées.

Enfin, demandons aux garants internationaux y compris les États-Unis et les autres puissances impliquées de traduire leurs paroles en actes : rappeler les parties à leurs obligations, exiger l’ouverture des passages, soutenir les enquêtes indépendantes et veiller à ce que l’aide parvienne à ceux qui en ont besoin. La méfiance et la colère sont compréhensibles ; elle ne doit cependant pas empêcher de construire une stratégie réaliste pour protéger des vies et mettre un terme à l’alternance infernale d’escalade et de souffrance.

Exiger la vérité, protéger les civils et rendre des comptes : voilà le cœur de la responsabilité citoyenne et médiatique aujourd’hui. Ne laissons pas la suspicion  ni la propagande nous voler ces exigences essentielles.

A/Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet                                                                                     « Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. » 
https://kadertahri.blogspot.com/

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