Parfois il m'est utile de le dire !

                                                                                                          Oh! Colombe, transmets mon salut d...

Israël–Gaza : la guerre que les médias ne racontent pas

 « Les médias israéliens sont comme un médecin qui cache l’état de santé de son patient. »
Cette phrase, tirée d’un article publié dans la presse israélienne, résume à elle seule l’ampleur du malaise moral et politique qui traverse la société israélienne depuis le déclenchement de la guerre de Gaza. En refusant de montrer la réalité des destructions, en réduisant le drame palestinien à des statistiques, ou en se réfugiant derrière le langage sécuritaire, une grande partie des médias israéliens ont participé à une entreprise de déni collectif.
Mais ce silence n’est pas seulement celui des journalistes : il est aussi celui du public, de l’État et, plus largement, de l’Occident tout entier.

Un silence médiatique structurel : la parole verrouillée au nom de la sécurité

Depuis le 7 octobre, la presse israélienne opère dans un contexte de guerre où la censure militaire encadre strictement toute information liée aux opérations à Gaza. Les autorités invoquent des impératifs de sécurité nationale, mais ce cadre est devenu, de facto, un instrument de contrôle narratif. Les rédactions se conforment à une vision unique du conflit : Israël comme victime, le Hamas comme incarnation du mal absolu, et Gaza comme un théâtre d’opérations dépourvu d’êtres humains.

Cette ligne éditoriale dominante ne relève pas uniquement d’une peur institutionnelle, mais d’une adhésion idéologique. De nombreux médias, notamment audiovisuels, se sont transformés en caisses de résonance du discours gouvernemental, réduisant les débats à des considérations militaires et occultant les dimensions politiques, humanitaires et juridiques du conflit. Les rares voix dissidentes Haaretz, +972 Magazine, ou encore les ONG comme B’Tselem et Gisha  sont marginalisées, taxées d’anti-patriotisme ou accusées de trahir la nation en temps de guerre.

Ainsi, le silence médiatique n’est pas simplement le fruit d’une censure imposée, mais d’un consensus implicite : ne pas troubler la conscience nationale, ne pas fissurer le récit collectif.

Le déni du public : un silence partagé et volontaire

Pourtant, comme le souligne l’article, « le public n’a pas voulu savoir, ou alors il sait et s’en fiche ». Cette phrase révèle une vérité plus dérangeante encore : le silence des médias répond à la demande d’un public qui ne veut pas voir. Dans un contexte d’insécurité et de peur, l’information devient une consommation émotionnelle ; elle ne doit pas déranger, mais rassurer.

Cette dynamique n’est pas propre à Israël. Dans toute société en guerre, la dissonance cognitive pousse les citoyens à refuser les vérités qui ébranlent leur identité nationale. Mais ici, la situation est plus profonde : le silence devient une forme de participation symbolique au conflit. En acceptant de ne pas savoir, en choisissant de croire que « tout est sous contrôle », le public israélien protège son propre confort moral.

Il ne s’agit donc pas d’un peuple manipulé, mais d’un peuple qui collabore à son propre aveuglement. C’est pourquoi, comme le rappelle Haaretz, aucun citoyen israélien ne peut honnêtement affirmer : « Nous ne savions pas. »
Les informations existaient, accessibles à tous sur Internet, publiées par des journalistes courageux. Mais la majorité a préféré détourner le regard. Ce silence collectif traduit une crise morale autant qu’une faillite médiatique.

La rhétorique du « bouclier humain » : une justification du massacre

L’un des éléments les plus révélateurs de cette cécité volontaire est la manière dont les médias et le discours public justifient les bombardements massifs à Gaza. L’argument récurrent« le Hamas se cache derrière les civils » sert de caution morale à une politique de destruction totale.
Or, comme le rappellent certains commentateurs, l’écrasante supériorité militaire d’Israël (huit soldats pour un combattant palestinien) rend caduque cette excuse. Le droit international humanitaire impose des limites à la force, même contre un ennemi jugé terroriste.

Mais dans la sphère médiatique israélienne, ces nuances disparaissent. Les victimes palestiniennes deviennent des « dommages collatéraux », des statistiques abstraites. Le langage militaire anesthésie la compassion. Ainsi, le silence n’est pas seulement absence de parole : il est substitution de mots, travestissement du réel, effacement du visage humain de l’autre.

Cette déshumanisation n’est pas sans conséquences. Elle légitime l’impunité et, à long terme, nourrit la radicalisation de part et d’autre. Le silence devient alors une arme morale, plus destructrice encore que les bombes.

Un silence occidental en miroir : la complicité globale de l’information

Le texte met justement en lumière un paradoxe inquiétant : le silence des médias israéliens trouve un écho dans les rédactions occidentales. Aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni ou en Australie, de nombreux journalistes reprennent sans vérification les communiqués de Tsahal, occultant les témoignages palestiniens ou minimisant la gravité du drame humanitaire.

Cette censure officieuse s’exerce non par interdiction directe, mais par conformisme idéologique, par peur d’être accusé d’antisémitisme, ou simplement par inertie professionnelle. Résultat : la couverture médiatique internationale de Gaza s’aligne sur le discours israélien, renforçant la perception d’une guerre « juste » contre le terrorisme.

Pourtant, sur les réseaux sociaux, des millions d’images, de vidéos et de témoignages contredisent ce récit officiel. Le fossé entre la vérité visible et la vérité publiée devient abyssal. Ce décalage alimente une méfiance généralisée envers les médias traditionnels et révèle une crise profonde du journalisme occidental : celle de la dépendance au pouvoir et de la peur du réel.

Le prix du silence : une responsabilité historique

Le silence médiatique israélien et, par extension, occidental  n’est pas neutre. Il a un coût : celui de l’impunité, du prolongement du conflit et de la banalisation du mal.
Lorsqu’un peuple choisit de ne pas voir, lorsqu’une presse se tait ou détourne les yeux, ce n’est pas seulement la vérité qu’elle enterre, mais sa propre humanité.
L’histoire a déjà connu ce type de déni collectif. Après la Seconde Guerre mondiale, certains disaient : « Nous ne savions pas. » Aujourd’hui, cette excuse ne tient plus. Les images de Gaza sont partout. Ce qui manque, ce n’est pas l’information, c’est la volonté morale de la regarder.

La presse a pour mission d’informer, mais aussi de réveiller les consciences. Lorsqu’elle renonce à cette fonction, elle devient complice du pouvoir qu’elle devrait questionner. En refusant de nommer les choses un siège, un apartheid, un massacre, les médias israéliens et occidentaux contribuent à normaliser l’inhumain.

Haaretz et quelques rares journalistes courageux demeurent les exceptions d’une époque où le courage moral est devenu suspect. Mais ils rappellent une vérité essentielle : le silence n’est jamais neutre. Il est un choix politique, un acte de pouvoir. Et parfois, il tue.

Conclusion

Le silence des médias israéliens n’est ni accidentel, ni purement institutionnel. Il est le reflet d’un déni collectif, d’une peur de la vérité et d’un refus de responsabilité morale.
Ce silence, reproduit et amplifié par les médias occidentaux, participe à la perpétuation d’un système d’oppression et à la banalisation de la violence.

Un jour, comme le prédit l’article, « le grand public exigera des réponses sur le silence des médias ». Mais encore faut-il qu’il ait le courage de poser les bonnes questions. Car tant que les sociétés préféreront le confort du mensonge à la douleur de la vérité, les guerres continueront et les journalistes continueront d’écrire pour ne rien dire.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/

 

 

Le discours royal du Makhzen : la grandeur des mots face au silence du réel

 

Le 10 octobre 2025, le roi Mohammed VI a prononcé son discours d’ouverture du Parlement, un rendez-vous institutionnel majeur au Maroc. Si la presse officielle y a vu un moment de “grande vision” et de “stabilité monarchique”, de nombreux observateurs y lisent au contraire les signes d’un pouvoir de plus en plus coupé du terrain. Derrière la rhétorique du “temps long” et de la “cohérence d’État”, le malaise social s’accentue et les mots ne suffisent plus à masquer le décalage entre la monarchie et son peuple.

Un éloge médiatique convenu

Les journaux les plus proches du pouvoir n’ont pas tardé à saluer la “profondeur” du discours royal. Selon eux, Mohammed VI aurait rappelé la sagesse d’une gouvernance fondée sur la continuité, la patience et la cohérence entre développement économique et justice sociale.
Le ton des articles parus au lendemain de l’allocution, souvent empreint de vénération, conforte une lecture institutionnelle du rôle du monarque : celui d’un arbitre visionnaire, au-dessus des contingences politiques et des “emballements conjoncturels”.

Mais cette lecture lisse et laudative élude une question essentielle : à qui s’adressait vraiment ce discours ? Car dans les rues de Casablanca, Fès ou Ouarzazate, rares sont ceux qui en ont compris le sens, encore moins la portée. Pour beaucoup, ce fut un moment de rhétorique formelle, sans lien avec les urgences économiques et sociales du moment.

Une rhétorique du “temps long” qui lasse

Le Roi a insisté sur la “gouvernance dans le temps long”, sur “la cohérence” et “le cap stratégique” du Royaume. Ces formules récurrentes, déjà présentes dans ses précédents discours, traduisent une vision d’État centrée sur la stabilité et la planification à long terme.
Or, dans un Maroc où la jeunesse peine à trouver un emploi, où les prix explosent et où les écarts territoriaux se creusent, cette invocation du long terme résonne comme une fuite devant les réalités immédiates.

Les Marocains n’attendent plus des discours de méthode, mais des réponses concrètes : comment freiner la hausse du coût de la vie ? Comment relancer un marché du travail saturé ? Comment faire reculer la pauvreté rurale ? Autant de questions qui restent sans réponse, tandis que la communication officielle préfère insister sur la “vision royale”.

Entre cohérence proclamée et contradictions du modèle

L’un des passages les plus commentés du discours affirme qu’“il ne devrait y avoir ni antinomie ni rivalité entre les grands projets nationaux et les programmes sociaux”.
En théorie, cette phrase traduit une philosophie équilibrée ; en pratique, elle masque une contradiction persistante : le Maroc investit massivement dans les grands chantiers — infrastructures, tourisme, zones franches mais peine à redistribuer les fruits de cette croissance.

Les inégalités territoriales demeurent criantes. Les régions rurales, notamment dans le Haut Atlas et le Sud-Est, continuent d’accuser un retard flagrant en matière d’accès à la santé, à l’éducation et à l’emploi.
Le discours royal parle d’un “Maroc solidaire”, mais la réalité montre un Maroc à deux vitesses : celui des pôles économiques mondialisés, et celui d’une périphérie laissée à elle-même.

La justice sociale, un slogan vidé de sens

Depuis plusieurs années, la “justice sociale” revient comme un leitmotiv dans les allocutions royales. Pourtant, cette notion semble avoir perdu sa substance.
Loin d’être traduite en politiques publiques visibles, elle se réduit à une formule rituelle, évoquée sans jamais être mesurée.
Le système de protection sociale peine à se concrétiser, les filets de sécurité économique restent fragiles et les réformes annoncées, notamment dans l’éducation et la santé, se heurtent à des retards structurels.

Pour une grande partie des Marocains, ces mots finissent par sonner creux. La répétition de promesses non suivies d’effets entretient un sentiment de distance et d’impuissance : celle d’un peuple qui écoute, sans jamais être entendu.

Le fossé entre la parole royale et la réception populaire

Selon plusieurs observateurs locaux et étrangers, la réception du discours fut marquée par une indifférence quasi générale. Sur les réseaux sociaux marocains, peu de débats, encore moins d’enthousiasme : un silence numérique révélateur.
Cette absence de réaction n’est pas anodine ; elle traduit un phénomène plus profond : le déclin de la portée symbolique de la parole royale.

Autrefois perçus comme des moments d’attente et d’unité, les discours du souverain semblent désormais suivre une routine institutionnelle, où la forme prend le pas sur le fond.
L’écart entre les mots du pouvoir et les préoccupations réelles logement, emploi, santé, dignité se creuse à chaque allocution.

Une communication verrouillée et sans relais politiques

Le discours royal met en avant les devoirs du Parlement et la responsabilité des élus. Mais dans un système où les décisions stratégiques sont fortement centralisées, cette injonction reste symbolique. Le Parlement marocain, souvent critiqué pour son manque de pouvoir réel, ne peut que valider les grandes orientations venues du Palais. Les partis politiques, eux, souffrent d’une crise de crédibilité historique : déconnectés du terrain, sans ancrage idéologique fort, ils n’incarnent plus de contrepoids démocratique.

Résultat : la parole royale, omniprésente, s’impose comme unique boussole, mais sans relais institutionnels efficaces pour en traduire les ambitions.
Ce déséquilibre crée une gouvernance verticale, où la légitimité symbolique du Roi remplace les mécanismes de responsabilité politique.

Le mythe de la stabilité

La monarchie marocaine a toujours su se présenter comme le garant de la stabilité dans une région instable. Mais cette stabilité, à force d’être érigée en dogme, devient un frein à la réforme.
Dans un pays où la contestation sociale gronde et où les jeunes peinent à s’identifier à un projet collectif, la stabilité ne peut suffire à masquer les fissures sociales.

Un État stable mais inégalitaire n’est pas un État apaisé ; c’est un État qui retarde l’inévitable confrontation avec les attentes populaires.

Conclusion : quand la parole s’épuise

Le discours du 10 octobre se voulait un acte de continuité et de cohérence. Mais il a surtout confirmé le décalage entre le sommet et la base, entre la grandeur des mots et la dureté du quotidien. Le Maroc ne manque pas de visions ; il manque de traduction concrète, de politiques inclusives, de réponses tangibles aux souffrances sociales.

À force de célébrer la stabilité et la patience, le pouvoir marocain risque de perdre le lien le plus précieux : celui de la confiance.
Et sans cette confiance, la parole royale, si brillante soit-elle, risque de résonner dans le vide.

Ce discours intervient dans un climat marqué par des tensions sociales récentes : la hausse du coût de la vie, le chômage des jeunes et les inégalités territoriales ont suscité des mouvements de protestation. En insistant sur la solidarité nationale et la responsabilité partagée, le Roi a totalement ignorait les revendications du peuple, le discours reste déconnecté des réalités, n’a fait qu’accentuer la frustration.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/

 


Gaza debout : la victoire d’un peuple qui refuse de disparaître

On ne détruit pas un peuple en bombardant ses maisons. On ne gagne pas contre ceux qui se battent pour respirer.”

Deux ans de guerre, deux ans de feu, deux ans d’horreur. Et pourtant, Gaza tient.
Ce texte n’est pas une analyse diplomatique : c’est un cri. Une colère froide contre le colonialisme, l’hypocrisie internationale et le silence des puissants. Un manifeste pour la dignité d’un peuple qu’aucun bombardement n’a pu soumettre.

Cessez-le-feu : le cri du monde contre le mensonge

En deux ans de combats, Israël n'a même pas réussi à vaincre le Hamas et ses alliés. Tout ce qu'ils pouvaient faire, c'était commettre un génocide, reportant leur frustration sur les femmes, les enfants, les hôpitaux et les personnes affamées faisant la queue pour se nourrir. Les principes fondamentaux de cet accord – un échange de prisonniers, la fin du blocus de Gaza, le retrait du Hamas au profit d'un front palestinien uni soutenu par les pays de la région – auraient pu être conclus le 8 octobre 2023. Cela aurait épargné à Israël la délégitimation totale dont il souffre après deux ans de génocide.

Autrement dit, au moins un ralentissement du génocide sioniste en Palestine, qui dure depuis au moins 1948 et qui bat son plein depuis deux ans. C’est une victoire pour la résistance palestinienne

Ce qu’ils appellent un cessez-le-feu n’est pas un accord.
C’est un sursis, un aveu, une fissure dans la façade du mensonge.
Après deux ans d’horreur, deux ans de sang, deux ans de cendres, le pouvoir colonial s’essouffle. Il a épuisé ses bombes, son récit, sa morale. Il ne reste que le silence des ruines et les cris des survivants.

“Le peuple qu’ils ont voulu effacer s’est fait miroir : miroir du courage, miroir de la honte du monde.”

Pendant deux ans, Gaza a été crucifiée devant le monde. Les hôpitaux ont brûlé. Les écoles ont explosé. Les visages des enfants sont devenus les archives du crime.
Et malgré tout cela, malgré la faim, malgré l’isolement, la Palestine n’a pas plié.

Deux ans d’enfer, deux ans d’échec

Deux ans de bombardements pour rien.
Deux ans pour prouver ce que le monde savait déjà : on ne tue pas un peuple en détruisant ses maisons.
Et le monde sait désormais ce qu'est réellement ce soi-disant Israël. En substance, cette fausse nation a signé son arrêt de mort en choisissant d'attaquer les civils palestiniens et de les massacrer, de massacrer les gens dans les hôpitaux, de massacrer les personnes faisant la queue pour obtenir de l'aide, et de se livrer à des actes odieux répétés, dont nous avons tous pu être témoins pendant deux ans. Alors maintenant, ils sont enfin contraints d'arrêter. Ils comprennent que si cela continue, ils imploseront. Leur légitimité disparaîtra complètement, et le monde entier les coupera des vivres, et ce sera la fin.

On ne gagne pas contre un peuple qui se bat pour respirer.
Israël a voulu anéantir la résistance, et c’est lui qui s’est effondré moralement.

Ses chars ont traversé Gaza, mais pas la vérité.
Ses avions ont rasé des quartiers entiers, mais pas l’idée de justice.
Ses discours ont tenté de transformer le crime en défense, mais la planète entière a vu, en direct, l’indéfendable.

“Plus il parle de sécurité, plus il révèle ce qu’il est : un régime de terreur bâti sur la dépossession et l’impunité.”

Le monde complice, le monde témoin

Et que dire du reste du monde ?
Des puissances occidentales qui ont armé, financé, justifié le massacre ?
Elles ont tout vu. Elles savaient. Et elles ont choisi. Choisi la complicité, le commerce, le cynisme. Leurs mains sont aussi tachées que celles des pilotes qui ont frappé Gaza.

Et les États arabes ? Silence, calculs, trahisons.
Ils ont troqué la Palestine contre des alliances, des contrats, des trônes. Pendant que Gaza brûlait, ils parlaient “d’opportunités économiques”.

Le monde a été contraint d’observer la malveillance de ce soi-disant État d’Israël et sa nature intrinsèquement génocidaire. Après deux ans d’observation, je pense que le monde a atteint le point où il ne tolérera rien de moins que la libération totale de la Palestine, du fleuve à la mer. Ce qui me semble toujours souhaitable et peut-être le plus probable si le processus de cessez-le-feu et la solution à deux États qui y est associée échouent

Mais les peuples, eux, n’ont pas renoncé.
Du Caire à Paris, de Tunis à New York, des millions de voix se sont levées.
Chaque marche, chaque drapeau levé, chaque cri pour la Palestine est devenu un verdict contre le mensonge.

L’occupation chancelle

Israël a voulu démontrer sa force ; il n’a montré que sa peur. Peur d’un peuple qui résiste. Peur d’un récit qui s’écroule. Peur d’un monde qui commence à ouvrir les yeux. Car l’État israélien, fondé sur l’idée d’une supériorité et sur un droit absolu à la violence, a dévoilé sa vraie nature : celle d’un projet colonial qui ne peut survivre qu’en détruisant la vie des autres.

La défaite n’est pas seulement militaire : elle est morale, symbolique, existentielle. En croyant écraser Gaza, le pouvoir israélien a détruit sa propre image. L’humanité entière a vu les crimes, les enfants sous les décombres, les hôpitaux bombardés. Elle a vu le mensonge s’effondrer.

Ce cessez-le-feu n’est pas la paix. C’est une pause arrachée par la peur du désastre total.
Ce n’est pas la victoire du pouvoir, c’est celle de la vérité.

Car la victoire de la Palestine ne se mesure pas en kilomètres, mais en dignité.
Chaque maison reconstruite, chaque drapeau relevé, chaque enfant qui prononce le mot “liberté” est une défaite pour l’occupant.

“Israël a cru qu’en tuant les enfants, il tuerait l’avenir.
Mais c’est son propre avenir qu’il a condamné.”

Le temps des comptes

Le temps viendra.
Celui où les tribunaux nommeront les coupables.
Celui où les complices devront répondre.
Et ce jour-là, les mêmes qui se taisaient aujourd’hui joueront les innocents.
Mais l’histoire, elle, les a déjà jugés.

La Palestine ne réclame pas la pitié, mais la justice.
Elle ne veut pas des discours de paix, mais la fin de l’occupation.
Ce cessez-le-feu n’est qu’une étape : le combat continu.

La Palestine debout

Je pense que la situation a changé pour ceux qui prônent une solution à deux États. Nous avons eu les accords dits d'Abraham, qui ont préparé le terrain pour ce génocide. Le problème, c'est qu'ils n'ont pas pris en compte la réalité : tous ces efforts de paix reposaient sur les accords de Camp David et le processus de paix qui exigeait essentiellement le retrait des sionistes de tout le territoire qu'ils occupaient en 1967. Et cela en échange d'un État palestinien pleinement souverain. Et cela devait se produire rapidement, et cela fait maintenant plus de trois décennies.

Le monde entier a vu ce que deux ans de barbarie ont produit : la révélation.
La vérité nue. Le colonialisme mis à nu, sans prétexte, sans parure.
Et au milieu des ruines, un peuple debout, entier, irréductible.

“Chaque ruine dit la même phrase : Nous sommes encore là.”

Israël a voulu effacer un mouvement, il a effacé sa propre légitimité. Le monde entier a vu ce qu’est devenu le projet sioniste : une machine coloniale, raciste, aveugle.

Les capitales arabes ont détourné le regard. Les puissances occidentales ont envoyé des armes, pas de médicaments. Leur silence a couvert le bruit des bombes. Mais ce silence se fissure, car les peuples, eux, ont parlé.

Cette trêve est une respiration dans la lutte. Elle annonce la suite : la fin du mensonge des “deux États”, la fin du mythe d’un Israël démocratique, la fin du chantage à la peur.

La résistance n’a pas seulement survécu : elle a vaincu moralement.

Ce cessez-le-feu n’efface rien. Mais il prouve que la force brute ne suffit pas à éteindre la justice. Et tant qu’un seul Palestinien respirera sous ce ciel, tant qu’une seule main relèvera le drapeau, le combat ne sera pas fini.

Conclusion : le cirque des puissants

Et pendant que les bombes tombaient, certains rêvaient encore d’un sauveur.
Ils pensaient qu’un homme venu d’ailleurs allait “remettre Israël à sa place”.
Ils pensaient qu’un cessez-le-feu signé dans le sang pouvait être un début de paix.
Ils pensaient qu’un prix Nobel suffirait à transformer les bourreaux en diplomates.
C’est du délire.

Les puissants ne sauvent personne.
Ils signent des accords sur les ruines, se félicitent de leur “rôle historique”, puis s’en vont en laissant les morts derrière eux.
Les empires ne changent pas : ils déplacent leurs frontières, infiltrent les économies, dictent leurs lois, occupent sans uniforme.

Pendant que la Palestine se bat pour respirer, les alliances se font et se défont dans les palais dorés.
Les dirigeants les plus riches de la région regardent ailleurs, comptent leurs profits, négocient leur survie politique.
Ils ont renoncé à la justice pour préserver leurs trônes.

Mais les peuples, eux, n’ont pas renoncé.
Ils savent que les cartes changent, mais que le système reste le même : la violence au service du pouvoir.
Et tant que ce monde acceptera que l’impunité fasse la loi, la colère ne se taira pas.

“La Palestine n’attend plus les sauveurs.
Elle s’est faite elle-même son salut, dans la douleur et la poussière.
Et c’est ce qui la rend invincible.”

Les oppresseurs tombent. Les peuples restent. La Palestine vivra. Du fleuve à la mer, la liberté passera.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

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Oran, ma ville… Splendeurs et décadences !

« La nostalgie revient quand le présent n’est pas à la hauteur du passé. »

Ce texte est un cri du cœur, une lettre ouverte à ma ville, Oran.
Une ville qui m’a vu grandir, rire, pleurer et rêver.
Entre nostalgie et espoir, je partage ici mes souvenirs d’une époque où la vie avait le goût de la simplicité, et ma tristesse face à ce qu’elle est devenue.
Mais au fond de moi, je garde la certitude qu’Oran retrouvera un jour sa lumière.

Les années d’insouciance

Oran… rien que de prononcer son nom, mon cœur se serre et mes souvenirs affluent.
C’est ma ville, celle de ma jeunesse, de mes premières joies, de mes plus grandes peines aussi. Là où j’ai appris à vivre, à aimer, à rire aux éclats, à pleurer parfois. Oran, c’était plus qu’un lieu c’était une âme, un battement de vie.

Dans le quartier où j’ai grandi, tout le monde se connaissait. Les voisins étaient comme une famille. On partageait le pain, les soucis et les moments de fête. On se sentait en sécurité, entouré de regards bienveillants. Les gens étaient simples, sincères, et surtout vrais.
On n’essayait pas d’impressionner, on vivait avec ce qu’on avait, fiers d’être oranais.

Les familles d’Oran portaient leur ville dans le cœur. Le civisme, le respect et l’éducation étaient des valeurs sacrées. On apprenait très tôt ce que voulait dire la propreté, le respect du bien commun. Malheur à celui qui salissait la rue il recevait une bonne leçon de morale, et parfois plus !
C’était ça, l’esprit oranais : la fierté, la dignité, la simplicité et la discipline mêlées à une joie de vivre unique.

Une époque bénie

Quand on est vrai et authentique, on n’a rien à cacher. À cette époque, les êtres naturels fleurissaient dans leur environnement.
Oran vibrait d’une énergie pure : la liberté, la camaraderie, les plaisirs simples. On riait sans raison, on profitait du coucher du soleil sur la mer, on se retrouvait entre amis autour d’un café ou d’une partie de cartes.

Les rues sentaient la menthe et la fleur d’oranger, les soirées d’été résonnaient de musique et de bonne humeur.
Vivre, c’était simplement être là, ensemble.
Et moi, j’ai aimé la vie avec ses joies, ses excès, ses éclats de rire et ses amitiés sincères.

On me disait souvent :
« Ne cherche pas trop, les plus belles choses arrivent quand on ne les attend pas. »
Et c’est vrai. La vie m’a appris à savourer chaque instant, à tirer des leçons de mes erreurs sans m’y enfermer. Car certaines fautes, si on les rumine, finissent par nous empêcher d’avancer.

Le désenchantement

Mais aujourd’hui… qu’en est-il ?
Je regarde ma ville et je ne la reconnais plus. On me dit qu’elle moderne, elle n’avait pas besoin de changer, elle était déjà moderne.

Oran, jadis perle du bassin méditerranéen, est devenue méconnaissable. Une grande partie de ses habitants a perdu le sens du civisme, de la responsabilité et du respect.
Les rues sont jonchées d’ordures, les façades s’effritent, le patrimoine tombe en ruine. Là où autrefois la vie bouillonnait, je ne vois plus que désordre et abandon.

Ce qui me blesse le plus, c’est cette indifférence générale.
Personne ne bouge le petit doigt, comme si tout cela était normal.
Notre ville, autrefois un rêve oranais, est devenu une ville morte — vidée de son âme, trahie par ceux qui devaient la protéger.

Pendant des décennies, Oran a été livrée à des élus incompétents, corrompus, plus soucieux de leurs sièges que du bien commun. Ils ont détruit ce qui faisait la fierté oranaise : la beauté, la culture, le respect et la convivialité.
Mais malgré tout, je veux croire que le changement est possible.

Un espoir, encore

Oui, j’espère encore.
J’espère voir émerger une nouvelle génération d’Oranais fiers, honnêtes et responsables.
J’espère qu’ils sauront redonner à notre ville son éclat, son âme et son honneur.

Nous, citoyens d’Oran, devons bannir pour toujours cette mentalité du « takhti rassi wetfout » — ce “tant que ça ne me concerne pas”.
Notre ville a besoin de vigilance, de civisme, d’amour.
Nous devons respecter nos rues, nos parcs, notre histoire, pour offrir un avenir meilleur à nos enfants et petits-enfants.

La transmission

Moi, je sais que le temps m’est compté. Cela ne m’effraie pas.
Ce qui me préoccupe, c’est l’avenir de mes petits-enfants, ce monde dans lequel ils grandissent — un monde dur, intolérant, où la curiosité s’éteint et où la liberté se rétrécit.

Je voudrais qu’un jour, eux aussi puissent dire :
« J’ai connu Oran, ma belle, ma fière, ma vivante. »
Qu’ils puissent rire sans crainte, aimer sans honte, rêver sans peur du jugement.

Aurons-nous su leur laisser ce droit ?
Je l’espère, de tout cœur.

Et pour finir… Que Dieu éclaire nos cœurs, qu’Il guide nos pas vers un avenir meilleur.
Qu’Il protège Oran, notre ville, notre fierté, notre mémoire collective.
Et qu’Il nous rappelle que rien n’est perdu tant qu’il reste un peu d’amour à offrir.

Incha’Allah.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/

 

 

 

Gaza, mémoire du monde et honte de notre siècle

 

Deux ans après le 7 octobre 2023, Gaza reste le miroir brisé de notre humanité.
Sous les ruines et la faim, un peuple refuse de disparaître tandis que le monde détourne le regard.
Ce silence, plus que les bombes, est devenu la honte de notre siècle.


Deux ans déjà. Deux ans depuis le 7 octobre 2023, ce jour où Gaza a surgi à nouveau dans la conscience du monde, non pas comme un territoire abstrait ou une « zone de conflit », mais comme le lieu d’une tragédie humaine et politique dont nous portons tous la responsabilité. Deux ans depuis qu’un peuple enfermé depuis seize ans a explosé dans un cri que l’Occident a refusé d’entendre.

Le 7 octobre ne peut être compris sans la mémoire longue du colonialisme. Gaza n’est pas née du Hamas ni du dernier bombardement : elle est le produit de soixante-quinze ans de dépossession, de murs, de blocus, d’humiliations quotidiennes. Ce n’est pas une guerre entre deux armées ; c’est l’affrontement d’une puissance coloniale et d’un peuple occupé. C’est l’histoire, encore une fois, de ceux qui réclament simplement le droit de vivre, et de ceux qui croient pouvoir écraser un peuple pour conserver la terre.

La prison la plus dense du monde

Depuis 2007, plus de deux millions de Palestiniens vivent enfermés sur 365 km², sans liberté de circulation, sans port, sans aéroport, sans accès libre à l’eau ou à l’électricité. Gaza, c’est la plus grande prison à ciel ouvert du XXIe siècle.
Chaque entrée ou sortie y dépend d’une autorisation militaire israélienne. Chaque cargaison de médicaments, chaque litre de carburant, chaque sac de farine traverse le blocus au compte-gouttes. Les enfants y grandissent sans jamais voir autre chose que la mer et les ruines. Les pêcheurs ne peuvent s’éloigner à plus de quelques milles de la côte. Les étudiants, les malades, les familles séparées vivent dans l’attente de permis qui n’arrivent jamais.

Depuis plus de quinze ans, les bombardements se succèdent avec une régularité mécanique : 2008–2009, 2012, 2014, 2021, 2023… À chaque offensive, des milliers de morts, et à chaque cessez-le-feu, un nouveau cycle d’attente, de reconstruction impossible, d’enfants traumatisés, de promesses brisées. La vie à Gaza n’est pas un accident : c’est une politique.

L’asymétrie absolue

La disproportion des forces ne peut plus être dissimulée.
Face à une puissance nucléaire, dotée de drones, de chars et de satellites, un peuple enfermé tente de survivre sous les bombes. À chaque attaque, des quartiers entiers sont rasés, des hôpitaux ciblés, des journalistes tués, des civils fauchés en pleine fuite.
Les chiffres parlent : des dizaines de milliers de morts palestiniens, dont une majorité d’enfants et de femmes, pour quelques centaines de victimes israéliennes. Ce rapport d’écrasement n’est pas un hasard ; il traduit une logique coloniale où la vie de l’occupé vaut moins que celle de l’occupant.

On appelle cela la « guerre ». Ce n’en est pas une. C’est un siège permanent ponctué d’expéditions punitives. C’est la guerre d’un État sur un peuple qu’il administre, contrôle et bombarde à la fois.
Le droit international humanitaire interdit les châtiments collectifs, la privation de nourriture, la destruction d’infrastructures civiles. Pourtant, à Gaza, tout cela est devenu la norme. Et le monde détourne le regard.

Le 7 octobre, symptôme d’un enfermement

L’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 ne fut pas un début, mais une explosion d’un désespoir accumulé.
Depuis des années, les Palestiniens demandent à vivre libres, à lever le blocus, à pouvoir commercer, étudier, respirer. On leur a répondu par des murs, par le mépris et par le feu.
Quand un peuple est privé de tout horizon, il finit par briser ses chaînes, quel qu’en soit le prix.
Rappeler cela ne revient pas à justifier la mort de civils israéliens, mais à rappeler la cause de la cause : le refus obstiné de reconnaître les droits fondamentaux du peuple palestinien.

La tragédie de Gaza est donc le miroir de notre échec collectif : incapables d’imposer le droit, nous avons laissé croître la vengeance.

La guerre contre les vivants

Depuis deux ans, Gaza n’est plus seulement bombardée : elle est affamée. Le blocus s’est transformé en instrument de famine, les hôpitaux sont privés de carburant, les champs d’oliviers brûlés, les ambulances visées. Les Palestiniens fuient par les routes que les drones surveillent, avant d’être frappés une seconde fois.
C’est une guerre contre tout ce qui vit, contre tout ce qui respire encore. Dans ce territoire déjà mutilé, les écoles servent d’abris, les mosquées deviennent des morgues, les tentes remplacent les maisons. Le ciel est un bruit constant de guerre.

Les Israéliens ont commencé le massacre – des dizaines de milliers de Palestiniens ont été tués, des milliers d’enfants et de nourrissons, des milliers de femmes… Aucune tactique abjecte n’a été épargnés, ils ont forcé les Palestiniens à fuir vers le sud par une route spécifique et les ont bombardés alors qu’ils se retiraient.

La famine est utilisée comme arme – à Gaza, ancien grenier à blé de la Palestine, des enfants meurent de faim. Il n’y a plus de nourriture – tout a été bombardé. Plus de bombes ont été larguées sur Gaza que sur Dresde et Hambourg, Hiroshima et Nagasaki ensemble. Ils ont transformé Gaza, autrefois camp de concentration, en camp d’extermination. Et ils ont abondamment menti sur le 7 octobre, devenu leur justification favorite du carnage.

Le style israélien est toujours le même et cela ne change pas. D’abord, ils inventent un fantasme sadique et loufoque : quarante têtes coupées, un bébé cuit au four, des viols et des meurtres en masse. Mais il devient vite évident que tout cela est mensonger. Même l’armée israélienne admet désormais que cela n’a pas eu lieu. Ils n’ont pas trouvé une seule femme ayant porté plainte pour viol. Pas une seule ! Et quant aux bébés, pas quarante, pas même un bébé torturé. L’édifice mensonger s’est vite effondré, mais la propagande sévit toujours. C’est un élément essentiel de la façon juive de faire la guerre. Enfant, on me racontait que les Allemands fabriquaient du savon avec de la graisse juive et leur arrachaient la peau pour en faire des abat-jours. Plus tard, ces légendes ont été dissipées, mais le sombre mythe a perduré.

Même si les peuples du Moyen-Orient, d’Europe et d’Amérique sympathisent avec la Palestine, les autorités de la plupart des pays s’efforcent de ne pas irriter Israël. Le silence ou la complicité des puissances occidentales restera comme une tache indélébile dans l’histoire contemporaine.

Et pourtant, au milieu des ruines, Gaza résiste. Les médecins opèrent sans anesthésie, les professeurs enseignent sans école, les journalistes filment jusqu’à leur dernier souffle.
La résistance n’est pas une option, c’est une forme de survie.

L’Occident et le miroir brisé de ses valeurs

Le silence ou la complicité des puissances occidentales restera comme une tache indélébile dans l’histoire contemporaine.
Les États-Unis, le Royaume-Uni, la France ou l’Allemagne ont choisi le camp de la puissance, pas celui du droit. Ils ont armé Israël, bloqué les résolutions de l’ONU, criminalisé la solidarité avec la Palestine.
Comment parler de démocratie, de droits humains, de liberté, quand on justifie les bombes sur des enfants affamés ?
Comment invoquer la mémoire des génocides passés pour fermer les yeux sur celui qui se déroule sous nos yeux ?

Les sociétés civiles, elles, ont compris. Des millions de personnes manifestent de Londres à Paris, de Johannesburg à Santiago, pour réclamer justice. Des voix juives, arabes, chrétiennes, athées s’élèvent ensemble pour dire : plus jamais ça, pour qu’aucune oppression, d’où qu’elle vienne, ne soit excusée.

Gaza, mémoire du monde

Ce qui se joue à Gaza dépasse les frontières d’un conflit.
C’est le dernier combat du monde contre le colonialisme, la répétition d’un scénario que l’histoire semblait avoir clos : un peuple nié, réduit à la misère, déclaré « terroriste » pour avoir résisté.
Mais Gaza, comme l’Afrique du Sud hier, révèle la vérité : l’apartheid finit toujours par tomber, parce qu’aucun mur ne peut étouffer éternellement la dignité humaine.

Les Palestiniens paient aujourd’hui le prix que d’autres ont payé avant eux : celui d’avoir osé dire non. Non à l’effacement, non à la soumission, non à l’oubli.
Et c’est pour cela que Gaza parle à l’humanité tout entière. Ce n’est pas seulement la cause d’un peuple, mais le test moral de notre époque.

Un choix historique

Deux ans après, la question n’est plus de savoir qui a raison.
La question est : que reste-t-il de notre humanité si nous acceptons l’inacceptable ?
Ceux qui se taisent aujourd’hui, par peur, par cynisme ou par calcul diplomatique, deviendront demain les témoins honteux de leur propre lâcheté.
Les peuples, eux, n’oublieront pas. L’histoire finit toujours par juger ceux qui ont préféré la force au droit, le mensonge à la justice, la peur à la vérité.

La sécurité d’un peuple ne se construira jamais sur la destruction d’un autre.
La paix ne viendra pas des canons, mais du courage de reconnaître le droit des Palestiniens à vivre libres, égaux et souverains sur leur terre.

La dignité comme horizon

Gaza n’est pas morte.
Sous les décombres, dans le sable, dans les cris et les prières, elle continue de battre.
Elle nous rappelle que la dignité humaine ne se bombarde pas, qu’elle renaît de chaque pierre brisée, de chaque enfant rescapé, de chaque mère qui refuse d’abandonner.
Elle nous oblige à regarder le monde autrement, à choisir le camp de la justice, à refuser la hiérarchie des vies.

Deux ans après le 7 octobre, le combat pour la Palestine est celui de toute l’humanité : celui de la vérité contre la propagande, du droit contre la force, de la mémoire contre l’effacement.
Car si Gaza venait à disparaître, c’est notre propre conscience qui s’éteindrait avec elle.
Il est trop tôt pour parler du plan Trump pour Gaza. Bien que la chose ressemble davantage à un moyen de duper les Palestiniens pour les contraindre à capituler, il existe une chance de parvenir à un accord de paix. Peut-être pas le jour de la «conclusion de 3000 ans d’histoire», mais au moins de quoi mettre un terme aux tirs.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/