Parfois il m'est utile de le dire !

                                                                                                          Oh! Colombe, transmets mon salut d...

Oran, ma ville… Splendeurs et décadences !

« La nostalgie revient quand le présent n’est pas à la hauteur du passé. »

Ce texte est un cri du cœur, une lettre ouverte à ma ville, Oran.
Une ville qui m’a vu grandir, rire, pleurer et rêver.
Entre nostalgie et espoir, je partage ici mes souvenirs d’une époque où la vie avait le goût de la simplicité, et ma tristesse face à ce qu’elle est devenue.
Mais au fond de moi, je garde la certitude qu’Oran retrouvera un jour sa lumière.

Les années d’insouciance

Oran… rien que de prononcer son nom, mon cœur se serre et mes souvenirs affluent.
C’est ma ville, celle de ma jeunesse, de mes premières joies, de mes plus grandes peines aussi. Là où j’ai appris à vivre, à aimer, à rire aux éclats, à pleurer parfois. Oran, c’était plus qu’un lieu c’était une âme, un battement de vie.

Dans le quartier où j’ai grandi, tout le monde se connaissait. Les voisins étaient comme une famille. On partageait le pain, les soucis et les moments de fête. On se sentait en sécurité, entouré de regards bienveillants. Les gens étaient simples, sincères, et surtout vrais.
On n’essayait pas d’impressionner, on vivait avec ce qu’on avait, fiers d’être oranais.

Les familles d’Oran portaient leur ville dans le cœur. Le civisme, le respect et l’éducation étaient des valeurs sacrées. On apprenait très tôt ce que voulait dire la propreté, le respect du bien commun. Malheur à celui qui salissait la rue il recevait une bonne leçon de morale, et parfois plus !
C’était ça, l’esprit oranais : la fierté, la dignité, la simplicité et la discipline mêlées à une joie de vivre unique.

Une époque bénie

Quand on est vrai et authentique, on n’a rien à cacher. À cette époque, les êtres naturels fleurissaient dans leur environnement.
Oran vibrait d’une énergie pure : la liberté, la camaraderie, les plaisirs simples. On riait sans raison, on profitait du coucher du soleil sur la mer, on se retrouvait entre amis autour d’un café ou d’une partie de cartes.

Les rues sentaient la menthe et la fleur d’oranger, les soirées d’été résonnaient de musique et de bonne humeur.
Vivre, c’était simplement être là, ensemble.
Et moi, j’ai aimé la vie avec ses joies, ses excès, ses éclats de rire et ses amitiés sincères.

On me disait souvent :
« Ne cherche pas trop, les plus belles choses arrivent quand on ne les attend pas. »
Et c’est vrai. La vie m’a appris à savourer chaque instant, à tirer des leçons de mes erreurs sans m’y enfermer. Car certaines fautes, si on les rumine, finissent par nous empêcher d’avancer.

Le désenchantement

Mais aujourd’hui… qu’en est-il ?
Je regarde ma ville et je ne la reconnais plus. On me dit qu’elle moderne, elle n’avait pas besoin de changer, elle était déjà moderne.

Oran, jadis perle du bassin méditerranéen, est devenue méconnaissable. Une grande partie de ses habitants a perdu le sens du civisme, de la responsabilité et du respect.
Les rues sont jonchées d’ordures, les façades s’effritent, le patrimoine tombe en ruine. Là où autrefois la vie bouillonnait, je ne vois plus que désordre et abandon.

Ce qui me blesse le plus, c’est cette indifférence générale.
Personne ne bouge le petit doigt, comme si tout cela était normal.
Notre ville, autrefois un rêve oranais, est devenu une ville morte — vidée de son âme, trahie par ceux qui devaient la protéger.

Pendant des décennies, Oran a été livrée à des élus incompétents, corrompus, plus soucieux de leurs sièges que du bien commun. Ils ont détruit ce qui faisait la fierté oranaise : la beauté, la culture, le respect et la convivialité.
Mais malgré tout, je veux croire que le changement est possible.

Un espoir, encore

Oui, j’espère encore.
J’espère voir émerger une nouvelle génération d’Oranais fiers, honnêtes et responsables.
J’espère qu’ils sauront redonner à notre ville son éclat, son âme et son honneur.

Nous, citoyens d’Oran, devons bannir pour toujours cette mentalité du « takhti rassi wetfout » — ce “tant que ça ne me concerne pas”.
Notre ville a besoin de vigilance, de civisme, d’amour.
Nous devons respecter nos rues, nos parcs, notre histoire, pour offrir un avenir meilleur à nos enfants et petits-enfants.

La transmission

Moi, je sais que le temps m’est compté. Cela ne m’effraie pas.
Ce qui me préoccupe, c’est l’avenir de mes petits-enfants, ce monde dans lequel ils grandissent — un monde dur, intolérant, où la curiosité s’éteint et où la liberté se rétrécit.

Je voudrais qu’un jour, eux aussi puissent dire :
« J’ai connu Oran, ma belle, ma fière, ma vivante. »
Qu’ils puissent rire sans crainte, aimer sans honte, rêver sans peur du jugement.

Aurons-nous su leur laisser ce droit ?
Je l’espère, de tout cœur.

Et pour finir… Que Dieu éclaire nos cœurs, qu’Il guide nos pas vers un avenir meilleur.
Qu’Il protège Oran, notre ville, notre fierté, notre mémoire collective.
Et qu’Il nous rappelle que rien n’est perdu tant qu’il reste un peu d’amour à offrir.

Incha’Allah.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/

 

 

 

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