Parfois il m'est utile de le dire !

                                                                                                          Oh! Colombe, transmets mon salut d...

Gaza : la maturité politique d’une résistance consciente : la nouvelle équation du Hamas

Cette tribune rend hommage à une déclaration rare et historique du Hamas, qui dépasse la logique militaire pour affirmer une vision politique courageuse. En posant des lignes rouges claires, fin de la guerre, refus du déplacement, libération des prisonniers, retrait total et acheminement de l’aide et en proposant une gouvernance de consensus national, le mouvement démontre qu’il sait conjuguer fermeté des principes et intelligence diplomatique. Une leçon stratégique adressée à l’ennemi, mais aussi au monde entier


La récente déclaration du Hamas ne peut être lue comme une simple réponse technique à la proposition américaine. Elle constitue un tournant politique majeur, une démonstration que la résistance palestinienne n’est pas une réaction instinctive, mais une force stratégique consciente, capable de conjuguer puissance militaire, fermeté morale et intelligence diplomatique.

Dans un contexte marqué par une guerre impitoyable menée contre Gaza, où la population civile paie le prix le plus lourd, ce texte brise les clichés qui réduisent le Hamas à la seule logique des armes. Il rappelle au monde entier que la résistance, avant d’être une kalachnikov ou un missile, est d’abord une vision politique enracinée dans les droits fondamentaux d’un peuple qui refuse d’être effacé.

Des lignes rouges claires et non négociables

La déclaration a fixé un plafond limpide aux exigences palestiniennes :

-          la fin immédiate de la guerre et des massacres ;

-          le refus catégorique de tout déplacement de population ;

-          la libération de tous les prisonniers, vivants ou morts ;

-          le retrait total de l’occupation hors de Gaza ;

-          l’entrée urgente et massive de l’aide humanitaire.

Ces points ne sont pas des caprices diplomatiques ni des conditions de façade : ils sont l’expression d’un droit naturel, d’un minimum vital sans lequel aucune négociation ne peut être envisagée. En les formulant avec fermeté, le Hamas envoie un message clair : la dignité et la survie du peuple palestinien ne sont pas marchandables.

Une ouverture politique audacieuse

Mais l’élément le plus marquant de cette déclaration réside dans la volonté affichée de remettre l’administration de Gaza à un organisme de technocrates indépendants, choisi par consensus national. Ce geste n’est pas banal. Il marque un dépassement de la logique partisane : le Hamas affirme qu’il n’est pas attaché au pouvoir pour le pouvoir, mais qu’il est prêt à céder l’administration quotidienne au profit d’une structure consensuelle, soutenue par les Palestiniens eux-mêmes et leurs partenaires arabes et islamiques.

Là où certains s’attendaient à une posture d’obstruction, le Hamas surprend par un choix de responsabilité. Ce n’est pas une concession dictée par la faiblesse : c’est une décision stratégique qui redonne l’initiative politique au peuple palestinien, tout en plaçant Israël face à ses contradictions.

Une charge politique retournée contre l’adversaire

Par cette ouverture, le Hamas a déplacé la responsabilité : désormais, ce n’est plus lui qui bloque, mais l’ennemi. En se déclarant prêt à négocier et en fixant des conditions conformes au droit international et aux principes humanitaires les plus élémentaires, le mouvement met Netanyahou et ses alliés dans une position délicate.

S’ils refusent, le monde verra clairement où se situe l’obstruction et qui porte la responsabilité de la poursuite de la guerre. S’ils acceptent, c’est la preuve que la résistance a su imposer ses règles du jeu, en combinant fermeté et pragmatisme. Dans les deux cas, le Hamas a transféré la charge politique et morale à l’occupant.

Une maturité politique rarement observée

Cette déclaration révèle une maturité politique rarement observée dans des conflits aussi complexes. Elle montre que la force militaire peut coexister avec une intelligence diplomatique, que la résistance armée peut s’accompagner d’une stratégie politique cohérente. Elle démontre aussi que, contrairement à l’image véhiculée par certains discours occidentaux, le Hamas sait articuler une vision qui unit protection du peuple, respect des principes et recherche d’une solution politique.

En se plaçant à la fois sur le terrain militaire, politique et diplomatique, le mouvement prouve qu’il sait jouer simultanément plusieurs cartes : la dissuasion sur le champ de bataille, la défense des droits sur la scène internationale, et l’ouverture à une gestion interne collective et responsable.

 

Une leçon adressée au monde arabe et à la communauté internationale

Au-delà du contenu immédiat, cette déclaration est aussi un message adressé aux peuples arabes et musulmans : la résistance palestinienne ne se contente plus de survivre, elle impose des règles et un langage politique que beaucoup d’États de la région n’ont jamais su manier face à Israël. Là où des régimes se sont limités à des slogans ou à des compromis stériles, le Hamas combine combat, diplomatie et vision stratégique, prouvant qu’il est possible d’imposer un agenda palestinien dans l’arène internationale.

Conclusion : une résistance consciente et responsable

La déclaration du Hamas ne doit pas être comprise comme une simple étape dans des pourparlers. Elle est un moment de bascule, où la résistance palestinienne affirme sa capacité à penser au-delà du fusil, à protéger son peuple non seulement par les armes, mais par l’intelligence politique.

Ce texte est un hommage à la fermeté et à la sagesse : fermeté des principes, sagesse de l’ouverture. Il incarne une vérité simple mais puissante : la résistance palestinienne n’est pas une réaction éphémère à l’agression, mais une force consciente, organisée, capable de négocier d’égal à égal et d’imposer une nouvelle équation dans laquelle l’occupant n’est plus le seul maître du jeu.

En résumé, cette déclaration n’est pas seulement une réponse. C’est une victoire politique en soi, un moment où la puissance de la lutte s’est alliée à la raison stratégique, et où le peuple palestinien a montré, par la voix de sa résistance, qu’il refuse d’être effacé et qu’il continuera à imposer son existence, avec intelligence et dignité.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

 

 

 

 

 

Manchester, Gaza : l’instrumentalisation du terrorisme devient propagande

Un attentat antisémite est toujours un drame. Deux morts à Manchester, plusieurs blessés,  un schéma typique d’un film d’action. Voilà qui choque, bouleverse, indigne. Mais faut-il, sous couvert d’émotion, accepter sans critique le récit qui nous est servi ? Faut-il se contenter de la version officielle, qui érige l’acte d’un individu en preuve d’une guerre mondiale contre les Juifs, et qui désigne d’avance les coupables collectifs : Palestiniens, musulmans, manifestants, opposants ? Car derrière les pleurs légitimes, un autre discours se glisse : celui qui amalgame, qui manipule et qui instrumentalise.

L’amalgame comme méthode

On nous dit : un Syrien armé attaque une synagogue, donc tous les Palestiniens, tous les manifestants pro-Gaza, tous ceux qui critiquent Israël sont dans le même camp que l’assassin. C’est l’art du raccourci. On juxtapose les faits hétérogènes – un couteau sanglant à Manchester, une banderole à Downing Street, une chanson radicale dans un concert pour créer l’impression d’une seule et même menace. Le terrorisme devient une ombre gigantesque qui engloutit tout : la critique politique, la solidarité, l’expression artistique.

Mais cette logique est un piège. Elle transforme la lutte contre l’antisémitisme nécessaire, urgente en arme de propagande pour museler toute contestation. Qui dénonce la colonisation devient complice du terrorisme. Qui ose manifester devient suspect.

Le double standard moral

Et pendant ce temps, qui pleure les morts de Gaza ? Qui s’indigne des dizaines de victimes quotidiennes, balayées comme un bruit de fond ? Les journaux s’enflamment pour Manchester, mais se taisent devant Rafah. La hiérarchie des vies est claire : un mort en Europe vaut mille morts palestiniens.

On parle pudiquement de « déplacements » quand il s’agit de déportations massives. On justifie les bombardements par la « sécurité d’Israël » quand il s’agit en réalité de punition collective. Les habitants de Gaza vivent sous ultimatum, sommés de fuir, de se soumettre, de disparaître. On les enferme dans un ghetto moderne, et quiconque ose employer ce mot est aussitôt accusé de blasphème.

L’attentat, lui, fait plus de bruit que les dizaines de morts, routiniers, du jour à Gaza. Voilà la violence du double standard : l’horreur, d’un côté, mérite les pleurs et les caméras ; l’horreur, de l’autre, est devenue invisible.

Le terrorisme, une arme politique

Non, il n’y a pas aujourd’hui de « terrorisme palestinien » en Europe. Répéter le contraire, c’est entretenir un mensonge utile. Car le terrorisme qui frappe les villes n’est pas l’extension de la résistance palestinienne : il est le fruit pourri des guerres impériales, des manipulations et des hypocrisies des puissances occidentales et israéliennes.

Daech ne s’est pas auto-engendré dans un désert abstrait. Il est né dans les décombres de Bagdad, après que les chars américains ont pulvérisé l’Irak en 2003. Washington a dissous l’armée, humilié des millions de sunnites, livré des territoires entiers au chaos. Dans ce marécage, le salafisme armé a prospéré. Les États-Unis criaient « guerre contre le terrorisme », mais en vérité ils en façonnaient le terreau.

Et quel usage en ont-ils fait ensuite ?

Daech a servi de prétexte à toutes les interventions militaires, de l’Irak à la Syrie, de l’Afrique au Moyen-Orient. Chaque attentat devenait la preuve qu’il fallait « rester », « bombarder », « sécuriser ». La peur était recyclée en stratégie : un monstre utile pour justifier l’occupation perpétuelle.

Israël, de son côté, n’a jamais perdu une occasion d’instrumentaliser cette menace. Qu’un couteau frappe dans une synagogue en Europe, et voilà la propagande confortée : les Juifs ne seraient nulle part en sécurité, sauf derrière les murs de l’État hébreu. Qu’un kamikaze se fasse exploser à Mossoul ou à Raqqa, et aussitôt la guerre de Gaza passe au second plan. Le spectre djihadiste efface la réalité coloniale : l’annexion, les blocus, les expulsions.

Faut-il rappeler que, dans les premières années de la guerre syrienne, plusieurs factions affiliées à Al-Qaïda ont été soutenues, armées ou tolérées par les Occidentaux et leurs alliés du Golfe ? Que les services de renseignement savaient dès 2012 qu’un « État islamique » se préparait et ont laissé faire, parce que ce chaos affaiblissait Damas et servait leurs calculs ? Les terroristes d’hier étaient des « alliés » provisoires, recyclés en ennemis absolus le lendemain. Le double jeu est permanent : fabriquer des monstres, puis se poser en rempart contre eux.

Voilà la vérité : le terrorisme n’est pas seulement combattu, il est utilisé. Utilisé pour museler la contestation, pour criminaliser la solidarité avec la Palestine, pour imposer en Europe un climat d’exception sécuritaire. Pendant que les médias braquent leurs projecteurs sur Manchester, les bombes continuent de pleuvoir sur Gaza dans un silence normalisé.

Ne pas céder à la peur

Il est trop facile, après chaque attentat, de désigner les suspects habituels : musulmans, Palestiniens, étrangers. Trop facile de criminaliser les manifestations et de brandir l’accusation d’« antisémitisme » contre toute critique d’Israël. Trop facile, enfin, d’oublier que la machine de guerre occidentale et israélienne porte une responsabilité directe dans le chaos qui nourrit Daech et ses avatars.

La peur est une arme politique. Si nous acceptons que la douleur légitime des victimes serve de prétexte à museler la critique, alors nous aurons perdu deux fois : une fois face au terrorisme réel, une autre fois face à la propagande qui prétend le combattre.

Le courage, aujourd’hui, n’est pas de répéter les slogans sécuritaires. Le courage est de dire : les morts de Manchester comptent, mais les morts de Gaza comptent aussi. Le terrorisme n’est pas une essence qui jaillit d’un peuple, c’est une arme façonnée, utilisée, recyclée par les puissants. Et l’antisémitisme, véritable, doit être combattu mais non pas instrumentalisé pour justifier l’injustice.

Conclusion : la lucidité comme devoir

Il y a eu, au fil des années, tant de fausses alertes, de manipulations, d’attaques simulées et d’opérations sous faux drapeau qu’il devient impossible d’aborder le « terrorisme antisémite » sans prudence. Certaines attaques sont commises par des déséquilibrés isolés, d’autres par de véritables organisations, d’autres encore par des mains invisibles dont l’objectif est politique. Devant ce brouillard, nous devons traiter chaque information avec la plus grande distance critique.

L’arborescence, elle, est simple : dans le cas rare d’une attaque intracommunautaire un membre de la communauté juive contre une synagogue, on ne pourrait exclure ni l’hypothèse d’un acte antisémite réel, ni celle d’une mise en scène sous faux drapeau destinée à alimenter un récit. Dans tous les autres cas, on nous sert le schéma habituel : un « loup solitaire » agissant pour une nébuleuse islamiste. Mais même cette version n’est plus crédible sans examen. Car le terrorisme ne vit pas en vase clos : il est instrumentalisé, recyclé, infiltré par des réseaux étatiques et paraétatiques.

Daech, présenté comme l’ennemi absolu, a été dès le départ toléré, financé ou détourné par des puissances régionales et occidentales. Ses alliances fluctuantes – y compris avec des forces que l’on disait combattre – sont connues de tous les analystes sérieux depuis 2011, même si la presse mainstream continue de l’ignorer, car cela brise son narratif binaire. Le Mossad et l’armée israélienne eux-mêmes ne viennent pas d’un néant immaculé : leur histoire plonge dans des réseaux issus de la lutte armée clandestine. Depuis le 7 octobre, et les failles sécuritaires spectaculaires qui ont précédé l’attaque du Hamas, des voix israéliennes dénoncent publiquement ces dysfonctionnements et ces complicités au sommet.

Ce constat n’invite pas au complotisme facile ; il invite à la lucidité. À comprendre que, face au terrorisme et à l’antisémitisme, l’émotion immédiate ne suffit pas. À exiger des enquêtes, des preuves, une parole publique honnête. Et à ne jamais oublier que la peur, dans les mains des puissants, est toujours une arme.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

 

 

GénérationZ212 : Le cri de la jeunesse marocaine pour la dignité

 

On croyait avoir tout vu : les slogans du Hirak, les espoirs du printemps arabe, les illusions vite refermées. Mais aujourd’hui, une génération refuse d’attendre son tour. Elle ne brandit pas des fleurs. Elle brandit des écrans. Et ces écrans montrent au monde ce que le pouvoir voudrait cacher : des hôpitaux délabrés, des écoles saturées, une jeunesse humiliée. Trois mots suffisent : Santé. Éducation. Dignité.

C’est la GenZ 212 crée en septembre 2025 sur la plateforme Discord. Elle est à l'origine des manifestations de 2025 au. Elle n’a ni parti, ni chef, ni slogan marxiste ou islamiste. Elle a mieux : TikTok, Instagram, des vidéos de dix secondes qui ridiculisent les ministres et exposent la hogra. Ce qui se joue aujourd’hui, c’est plus qu’une colère : c’est une rupture.

Depuis fin septembre, des manifestations secouent Rabat, Casablanca, Oujda, Agadir et d’autres villes. Les jeunes ne réclament pas la lune. Ils réclament le droit de se soigner sans mourir dans une salle d’attente. D’étudier sans mendier. De travailler sans s’exiler. Ils réclament ce que le pouvoir promet depuis des décennies sans jamais le livrer.

La réponse des autorités a été brutale. Arrestations massives. Charges policières. Des blessés graves. Des morts. Les fourgons ont foncé dans les foules. Ce n’était pas une bavure : c’était une méthode. Comme si la peur pouvait remplacer la dignité. Mais un État peut réprimer des corps, il ne peut pas réprimer un hashtag. Il peut enfermer un militant, il ne peut pas enfermer une vidéo déjà partagée des milliers de fois.

GenZ 212 dénonce un choix politique clair. Des milliards pour des stades et des projets de prestige, zéro investissement réel pour les hôpitaux et les écoles. C’est un contraste insupportable : des tribunes flambant neuves sous les projecteurs de la Coupe du monde, pendant que des malades meurent dans des couloirs insalubres. Des autoroutes vers les palais, pendant que les campagnes sont abandonnées. Cette injustice n’est pas une fatalité. C’est une décision.

Ce système profite à une élite arrogante qui vit dans une bulle, exhibe son luxe à Rabat ou Marrakech, tandis que la majorité ploie sous la misère. Et quand cette jeunesse dit stop, le régime sort les matraques. Mais qu’il le comprenne : la répression ne fait pas taire. Elle radicalise. Chaque blessé devient un témoin. Chaque arrestation devient une preuve. Chaque image devient une barricade numérique.

Cette génération refuse d’être la chair à harga. Refuse d’être une monnaie d’échange dans les négociations avec l’Europe. Refuse de voir son avenir réduit à l’exil ou à la survie. Elle est née connectée, consciente que la dignité existe ailleurs, et qu’elle la mérite ici.

Ce n’est pas une émeute passagère. C’est une rupture totale. Le Maroc ne se tient pas debout avec des stades vides et des palais fermés. Il se tient debout avec des hôpitaux, des écoles, un peuple digne. Tant que cela n’existe pas, aucune répression ne restaurera l’ordre.

Aux dirigeants : vos projets pharaoniques ne sont que des vitrines pour masquer vos faillites. Vous pouvez bien foncer sur un manifestant avec un fourgon, vous ne foncerez jamais sur une génération entière. À chaque coup que vous donnez, vous affaiblissez votre propre légitimité.

Aux citoyens : la dignité n’est pas une marchandise. La jeunesse a rompu le silence. Elle n’attend plus. Elle exige. Et cette exigence, c’est la nôtre. Soutenons-la. Portons ses récits. Refusons l’humiliation.

On peut réprimer des corps. On ne peut pas réprimer une génération connectée. GenZ 212 a rompu le silence. Son mot d’ordre est clair : la dignité. Et la dignité ne négocie pas.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

 

 

 

 

 

 

 


Israël / Le 7 octobre : un alibi pour un génocide

 

On voudrait nous prendre par la main, nous ramener deux ans en arrière, nous forcer à regarder encore et encore la même image : Israël en victime éternelle, Israël attaqué, Israël endeuillé.
Le deuxième anniversaire du 7 octobre s’annonce comme une grande messe d’amnésie organisée. Reportages lacrymaux, documentaires scénarisés, reconstitutions hollywoodiennes  tout sera mobilisé pour réactiver ce traumatisme. Comme si, en répétant assez fort, assez longtemps, on pouvait faire oublier ce que le monde a vu depuis.

Mais ce qu’on a vu, nous ne pourrons jamais l’oublier.
Et c’est précisément là que se loge l’hypocrisie occidentale.

La commémoration comme arme de diversion

Les hasbaristes vont être vraiment odieux. Ils vont déblatérer sur le Palestinien qui décapite des bébés, puis les cuire au four, puis coucher avec eux, puis les manger, et enfin jouer au foot avec leurs têtes tout en chantant leur amour pour Adolf Hitler.

Les victimes israéliennes du 7 octobre 2023 méritent mémoire et respect. Personne ne nie que des civils aient été tués ce jour-là, et que ce fût un drame. Mais quand la commémoration se transforme en industrie médiatique, en outil de propagande et en arme de guerre, alors la mémoire devient une insulte.

Que reste-t-il de la compassion sincère quand les morts d’un camp servent à effacer les morts de l’autre ? Quand les pleurs pour certains servent à étouffer les cris d’agonie de tous les autres ? Car le bilan depuis le 7 octobre est effroyable. Plus de 40 000 Palestiniens tués à Gaza en deux ans, selon les chiffres des ONG. Des dizaines de milliers de blessés, mutilés, orphelins. Des hôpitaux bombardés, des camps de réfugiés pulvérisés, des familles entières rayées de la carte. La famine comme arme. Le blocus comme sentence de mort. Des crimes contre l’humanité dénoncés par l’ONU, Amnesty International, Human Rights Watch.

Et pourtant, au moment de l’anniversaire, on nous servira encore les mêmes images du 7 octobre, soigneusement emballées dans un récit unique : Israël victime, Israël menacé d’extermination.  Le 7 octobre n’est plus un souvenir, c’est devenu un alibi de vengeance, un alibi de génocide.

Le monde n’est plus dupe

En 2023, l’émotion était sincère mais naïve. Les images de l’attaque du Hamas avaient choqué l’Occident, et Israël avait su exploiter ce moment pour rallier un soutien immédiat, inconditionnel. On se demandait :“Comment le Palestinien a-t-il pu faire une chose pareille ?”

Deux ans plus tard, la question s’est inversée. Devant l’accumulation d’atrocités commises par Tsahal, devant les déclarations officielles appelant à “anéantir Gaza” et à “vider la bande de ses habitants”, devant les images insoutenables d’enfants déchiquetés sous les bombes, d’hôpitaux réduits en gravats, de civils abattus alors qu’ils attendaient de la nourriture, l’innocence n’existe plus.

Le récit israélien s’est fissuré, puis effondré. Même les alliés occidentaux ne peuvent plus cacher la vérité : Israël ne se défend pas, il massacre. Israël n’est pas la victime éternelle, il est devenu bourreau.

Les sondages montrent une montée spectaculaire de la solidarité envers les Palestiniens. Les manifestations monstres, les boycotts, les prises de position d’artistes, d’universitaires, de syndicats, témoignent de ce retournement. Même dans les chancelleries, la gêne est palpable.
C’est pour cela que la machine commémorative s’emballe : parce qu’Israël sent que l’opinion lui échappe.

Le spectacle de la mémoire

Les plateformes de streaming diffusent des séries entières consacrées au 7 octobre. TV Françaises et d’autres encore. Des documentaires “exclusifs” promettent de nouvelles révélations, toujours plus macabres, toujours plus sensationnelles. Il ne s’agit plus d’informer, mais de mettre en scène. De transformer la douleur en spectacle de la mémoire.
Un spectacle calibré pour raviver l’indignation et détourner les regards du présent.

Et demain, peut-être, on inventera encore d’autres atrocités : des récits si grotesques qu’ils en deviennent caricaturaux. On nous répétera les histoires invérifiables de bébés décapités, brûlés, violés, mangés. La compassion à géométrie variable est devenue une stratégie de guerre.

Pendant ce temps, Gaza continue de mourir dans le silence.

L’horreur sélective

Tout cela repose sur une vérité brutale : dans l’Occident médiatique et politique, toutes les vies ne se valent pas.
Les vies israéliennes comptent. Elles méritent documentaires, séries, hommages nationaux.
Les vies palestiniennes ne comptent pas. Elles ne méritent que des statistiques anonymes.

On pleure des civils israéliens tués en une journée. On détourne le regard de dizaines de milliers de civils palestiniens massacrés en deux ans. On brandit l’antisémitisme comme bouclier pour réduire au silence toute critique du gouvernement israélien. C’est cela, l’horreur sélective : une mémoire à géométrie variable, calibrée selon l’identité des victimes.

Ce que nous avons vu

Mais le problème pour Israël et ses alliés, c’est que nous avons vu.

Nous avons vu les bombardements sur des hôpitaux pleins de blessés.
Nous avons vu les charniers improvisés où l’on enterre des dizaines d’enfants à la hâte.
Nous avons vu les soldats israéliens filmer leurs exactions, moquant les Palestiniennes tuées, posant avec les sous-vêtements volés, se vantant de massacrer des familles.
Nous avons vu les files interminables de civils affamés abattus alors qu’ils attendaient de la nourriture.
Nous avons vu des ministres israéliens déclarer qu’ils voulaient “nettoyer Gaza”.

On ne peut pas voir autant d'atrocités horribles avant de cesser de voir Israël comme une pauvre petite victime aux yeux de Bambi.

On ne peut pas entendre autant de responsables israéliens annoncer leur intention de nettoyer ethniquement la bande de Gaza de tous les Palestiniens, on ne peut pas voir autant de soldats israéliens vêtus avec moquerie des sous-vêtements des femmes palestiniennes mortes et déplacées qu'ils ont génocidées, on ne peut pas lire autant de bombardements d'hôpitaux ,

On ne peut pas écouter autant de récits de soldats de Tsahal massacrant des civils affamés dans des centres de secours, avant de commencer à se dire qu'Israël l'avait probablement bien cherché

Tout cela n’est pas de la propagande. Ce sont des preuves, des vidéos, des témoignages, des rapports d’ONG et d’organisations internationales. Et ce qui a été vu ne peut pas être oublié.

Refuser la manipulation

Alors non, nous ne tomberons pas dans le piège.

Ce qu'il faut, une enquête internationale qui examine toutes les preuves connues de cette opération sous fausse bannière flagrante et manifeste. Il faut commencer par des interviews avec des responsables des services de renseignements égyptiens qui ont déjà déclaré que Netanyahou lui-même avait été directement averti, plusieurs jours à l'avance, de cette opération imminente hors de Gaza, puis illustrer sa réponse. Le retrait des troupes de Tsahal de la frontière de Gaza et leur repositionnement en Cisjordanie. Le repositionnement du « festival de la paix » sur un site plus proche de la frontière de Gaza.

Sans aucune raison donnée, un retrait militaire a été ordonné le matin de l'attaque et, inexplicablement, des heures se sont écoulées avant qu'ils n'instaurent une quelconque forme de réponse militaire. Le plus critique a été la directive Hannibal qui a apparemment été donnée, envoyant des chars et des hélicoptères de combat, qui ont tué la majorité des civils israéliens.

Ce sont toutes des questions qui ont été posées à Netanyahou, auxquelles il a refusé de répondre, affirmant qu'elles ne peuvent pas être posées alors qu'ils ont une ou plusieurs actions militaires en cours. Lorsque Gantz a démissionné, il a appelé à une enquête complète sur tous les membres du haut commandement, y compris lui-même.
Nous ne laisserons pas l’anniversaire du 7 octobre devenir une arme d’amnésie organisée.
Nous n’accepterons pas que la mémoire des morts israéliens serve à effacer celle des morts palestiniens.

Rappeler le 7 octobre, oui. Mais rappeler aussi, et surtout, le 8 octobre, le 9, le 10, et tous les jours qui ont suivi, jusqu’à aujourd’hui.
Rappeler que chaque bombe lâchée sur Gaza depuis ce jour est un crime de guerre, une punition collective, un pas de plus dans un génocide.

Le 7 octobre n’est pas un souvenir, c’est devenu un alibi.

On pleure les morts israéliens en série télévisée, on efface les morts palestiniens en statistiques anonymes. La mémoire des uns est utilisée comme arme d’effacement des autres. Ce n’est pas une commémoration, c’est une diversion. On nous somme de pleurer avec un œil et de rester aveugles de l’autre. Les vies israéliennes font la une, les vies palestiniennes sont reléguées en bas de page.

Nous n’oublierons pas

La mémoire sélective est une insulte à l’histoire. L’instrumentalisation des morts est une profanation.
Nous devons refuser ce chantage moral qui nous intime de pleurer avec un œil et de rester aveugles de l’autre.

Nous avons vu. Nous savons.
On nous intime de pleurer Israël, on nous interdit de voir Gaza, mais  c
e que nous avons vu à Gaza, nous ne l’oublierons pas. Jamais.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

 

 


Le Maroc n’a pas besoin d’un roi sauveur, mais d’un peuple souverain

On voudrait nous faire croire que les malheurs du Maroc sont inscrits dans nos veines, que nous serions, par nature, corrompus, violents, incapables de solidarité. Qu’il n’y aurait « rien à faire », sinon attendre un « pouvoir fort », une main de fer qui dompte les masses. Voilà le discours, déguisé de fausse compassion, que nous servent les plumitifs royalistes et leurs relais intellectuels : le peuple est fautif, la monarchie serait notre ultime recours.

Quelle imposture ! Quelle insulte !

La corruption, le népotisme, l’injustice sociale ne tombent pas du ciel ni de quelque prétendue « incapacité morale » des Marocains. Elles sont organisées, entretenues, imposées par un système monarchique prédateur. Un système qui confisque les richesses, qui distribue privilèges et marchés à ses proches, qui se drape dans une légitimité divine pour ne jamais rendre de comptes.

Un pays saigné par sa propre dynastie

Qui peut croire que si des femmes meurent en couches à Agadir, c’est parce que « les Marocains n’ont pas d’empathie » ?
Non : elles meurent parce qu’on préfère construire des stades pour la Coupe du monde 2030 au lieu de financer des hôpitaux. Elles meurent parce que l’argent de la santé et de l’éducation alimente les caisses d’Al Mada et les palais royaux. Elles meurent parce que le Makhzen a décidé que la gloire internationale valait plus que la vie de ses citoyennes.

Le peuple ne manque pas de morale. Ce qui manque au Maroc, c’est un État qui serve le peuple plutôt qu’un monarque qui se serve de lui.

La jeunesse n’a pas peur : elle accuse

La Génération Z marocaine n’est pas une bande de rêveurs naïfs. Elle a compris que sa colère doit être publique, visible, collective. Elle a osé briser ce que les générations précédentes craignaient : le mur de la peur. Elle ne réclame pas des miettes mais le droit à la dignité.

La Génération Z marocaine n’est pas une « foule de fauteurs » : c’est la première génération à briser le mur de la peur, à s’organiser hors du Makhzen. Elle exprime une conscience politique claire : les milliards pour le Mondial, c’est du vol social quand les femmes meurent en couches faute de soins.

Quand les jeunes descendent dans la rue pour demander la santé, l’éducation, la justice sociale, ils ne réclament pas une « révolution morale » prêchée du haut d’un trône. Ils réclament des droits, concrets, immédiats, légitimes. Et c’est précisément cela que la monarchie ne peut leur offrir : parce qu’une monarchie qui partagerait le pouvoir, la richesse et la liberté signerait sa propre fin.

La démocratie n’est pas notre ennemie

Les laudateurs du pouvoir voudraient nous faire croire que « seule une autorité forte » peut sauver le Maroc. Traduction : seul le roi doit régner, seul lui incarnerait l’unité, seul lui serait assez « implacable » pour mettre de l’ordre. Mais l’ordre qu’il impose, nous le connaissons : répression, clientélisme, pillage.

Ce que la jeunesse marocaine réclame, ce n’est pas un despote éclairé. C’est la démocratie, l’égalité, la justice. C’est un pays où les richesses servent la population et non une poignée d’oligarques. C’est un Maroc qui n’agenouille pas ses enfants devant un roi, mais qui se relève par la souveraineté de son peuple.

Le vrai venin, c’est la monarchie

On nous dit que « nous aimons l’inégalité », que « nous nous complaisons dans la corruption ». Non : le seul venin qui coule dans nos institutions, c’est celui d’un régime qui fait de la corruption sa respiration, de l’injustice son fondement, de la soumission son arme.

Le Maroc n’est pas condamné à l’humiliation éternelle. Le Maroc n’est pas un peuple de serviteurs nés. Ce qui nous écrase, ce n’est pas une fatalité culturelle mais une monarchie vorace.

L’affaire n’est pas pliée : elle commence

À ceux qui disent : « Il n’y a rien à faire », nous répondons : tout est à faire.
À ceux qui nous vendent l’attente d’un sauveur, nous répondons : le peuple se sauvera lui-même.
À ceux qui nous accusent de rêver, nous répondons : vos cauchemars commencent, car nous n’avons plus peur.

La Génération Z marocaine n’est pas une parenthèse. Elle est le début d’un soulèvement qui porte en lui une évidence : le Maroc ne sera libre et juste que débarrassé de son joug monarchique. Ce n’est pas « plus d’autorité » qu’il faut, mais la fin d’un pouvoir héréditaire irresponsable. La démocratie n’est pas un caprice occidental, mais une exigence de dignité universelle : rendre des comptes, partager les richesses, garantir les droits fondamentaux

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

 

 

 

Un plan colonial maquillé en paix

 

 On nous parle d’un « plan pour Gaza », d’une vision en 20 points présentée comme un horizon de paix. En réalité, ce plan n’est qu’une mise en scène. La suppression du seul passage évoquant un « horizon politique vers un État palestinien » suffit à dévoiler le subterfuge : il ne s’agit pas d’ouvrir la voie à l’autodétermination, mais de l’enterrer définitivement. Netanyahu y a apposé sa signature invisible : chaque mot est calibré pour effacer la souveraineté palestinienne et maintenir Israël en maître absolu.

Le plan Trump est un ultimatum qui appelle le Hamas à abandonner la résistance armée pour laquelle il a été créé, à se dissoudre, à permettre à ses membres d'être escortés en toute sécurité vers l'exil, où ils ne seront pas poursuivis, et à faire confiance à Israël. De plus, Israël a par le passé trouvé de nombreux prétextes pour violer les accords de cessez-le-feu ou les déclarer nuls et non avenus. Le plan demande aux Palestiniens de se soumettre à une domination étrangère supervisée par Donald Trump et Tony Blair, amis d'Israël. Même si les dirigeants politiques du Hamas acceptent le plan, les commandants militaires pourraient refuser de rendre les armes.

Qui ne comprend pas que les combattants du Hamas sont prêts à mourir et à sacrifier la vie de leurs compatriotes palestiniens pour établir un État palestinien gouverné par des Palestiniens 

Le vieux manuel colonial, réédité en 2025

Les mots choisis ne sont pas nouveaux. Rééducation, déradicalisation, reconstruction développement économique … Ce vocabulaire paternaliste est directement tiré du manuel colonial du XIXᵉ siècle. C’est la rhétorique de l’Occident civilisateur qui sait mieux que les « indigènes » ce qui est bon pour eux. C’est le discours de ceux qui justifiaient jadis l’occupation de l’Afrique, de l’Asie et du Moyen-Orient. Gaza devient la nouvelle « mission civilisatrice », une vitrine de domination repeinte aux couleurs du capitalisme high-tech.

La dépossession, moteur du complot

Le plan exige la dissolution du Hamas, l’exil de ses cadres, et la soumission de Gaza à une gouvernance étrangère supervisée par Washington, Londres et Tel-Aviv. En d’autres termes : un ultimatum. Mais l’histoire récente prouve qu’Israël a régulièrement violé les cessez-le-feu, annulé les accords, et continué la colonisation. Pourquoi les Palestiniens devraient-ils cette fois faire confiance à ceux qui les assiègent et les bombardent ?

Ce plan n’a rien d’humanitaire. Il ne vise pas à sauver Gaza, mais à exploiter Gaza. Derrière le langage des « opportunités économiques », se profile une vaste opération de pillage. Les ruines de Gaza deviennent un marché : contrats pour Tesla, Oracle, Kushner, Smotrich ou Blair. Les Palestiniens ne sont pas perçus comme des citoyens mais comme une main-d’œuvre corvéable, taillable, jetable. Les terres ne sont pas des foyers à préserver, mais des terrains à bétonner, à transformer en zones franches, en marchés captifs. C’est le colonialisme sous sa forme la plus brutale : s’emparer des richesses après avoir détruit les vies.

Il est temps de le dire haut et fort : Gaza n’a pas besoin de nouveaux maîtres, mais de liberté. Pas d’investisseurs et de colons, mais de justice. Pas de plans coloniaux, mais de la fin du siège et de l’occupation. La paix véritable ne se construit pas sur les ruines d’un peuple, mais avec lui.

Le silence imposé aux Palestiniens

À aucun moment les Palestiniens n’ont été invités à la table des négociations. Pas le Hamas, pas l’Autorité palestinienne, pas la société civile. Personne. On décide pour eux. On trace leur avenir à Washington et Tel-Aviv comme on traçait des frontières arbitraires sur des cartes coloniales. On efface leur voix, leur droit de choisir, leur capacité à décider de leur futur. C’est le cœur du scandale : cette logique coloniale n’a jamais disparu. Elle continue de nier l’humanité d’un peuple entier, réduit au silence dans un projet qui prétend lui offrir la paix. Certes, ce n'est pas une solution à long terme. Absolument pas. Cela ne résout rien, et cela ne fait qu'ajouter une nouvelle pièce au jukebox. Les Palestiniens continueront de résister, comme c'est leur droit. Israël continuera d'expliquer que leur « sécurité » justifie tout raser, tuer, violer, kidnapper, voler, etc. (Cette liste vous choque ? Tous les éléments sont pourtant faciles à prouver. Et cela remonte bien avant le 7 octobre).

Donc, la situation va s’améliorer dans le sens où les enfants vont probablement arrêter de mourir à cause des bombardements et de la faim. Et la situation ne s’améliorera pas suffisamment pour que le conflit israélo-palestinien cesse. Le problème, c'est qu'à long terme, Israël est en train de perdre la partie. Ils ont accepté qu'après tout cela, les Gazaouis ne disparaîtraient pas. Il n'y a pas assez de morts pour briser le piège démographique : les Juifs sont encore loin d'être assez nombreux pour gouverner démocratiquement les Palestiniens

La continuité d’un apartheid militaire

Le plan s’inscrit dans une logique implacable : celle de la « sécurité » israélienne. Au nom de cette sécurité, Israël justifie tout : le siège, les bombardements, les famines, les assassinats, les confiscations de terres. Ce plan ne fait qu’officialiser cette doctrine. On demande aux Palestiniens de rendre leurs armes, de se dissoudre, de faire confiance à un État qui a violé tous les accords passés. La « paix » selon Trump et Netanyahu, c’est la reddition inconditionnelle. C’est l’apartheid sous contrat, avec l’Amérique comme garant et le capitalisme global comme investisseur.

Les personnes consternées sont celles qui comprennent que les êtres humains ont des droits humains. Si ce plan est adopté, tous les Palestiniens restants à Gaza vivront sans aucune des « subtilités » que sont les droits politiques, juridiques, économiques, intellectuels, la liberté d'enquête, la liberté d'expression, la liberté d'association ou le droit à l'autodéfense. En bref, ils seront esclaves d'un État de surveillance de haute technologie, dirigé par des individus qui les méprisent. La question n'est pas de savoir si le régime du Hamas était un modèle de démocratie. La question est l'inhumanité des colonialistes, attirés de quelque manière que ce soit par une telle « vision » concoctée par des criminels de guerre. Glaçant.

Gaza n’est pas une « terra nullius »

Ce que ce plan veut effacer, c’est la réalité de Gaza : une terre vivante, habitée par un peuple résilient. Gaza n’est pas une page blanche pour investisseurs. Ce n’est pas un terrain vague à transformer en Silicon Valley sous occupation. C’est un territoire qui résiste, une société qui continue d’exister malgré les sièges, malgré les ruines, malgré les morts. Derrière chaque maison détruite, il y a une famille ; derrière chaque ruine, il y a une histoire ; derrière chaque enfant tué, il y a une mémoire. Ce que le plan colonial nie, c’est cette humanité irréductible.

Conclusion forte

Ce plan Trump-Netanyahu-Blair n’est pas un projet de paix. C’est un complot colonial, une continuation de l’occupation par d’autres moyens. C’est la transformation d’un génocide en business, d’un siège en opportunité, d’un peuple en marché.

Ce plan a d’abord été annoncé comme un « plan en 21 points » et est devenu un « plan en 20 points » après des discussions entre Trump et Netanyahu.

Le point supprimé, « Les États-Unis établiront un dialogue entre Israël et les Palestiniens pour convenir d'un horizon politique pour une coexistence pacifique », a été remplacé par une aspiration, « les conditions pourraient enfin être réunies pour une voie crédible vers l'autodétermination palestinienne et l'établissement d'un État, ce que nous reconnaissons comme l'aspiration du peuple palestinien », enterrée dans l'un des 20 autres points du texte.Ce changement porte l’empreinte de Netanyahu partout.

La seule paix possible passe par la reconnaissance des droits inaliénables du peuple palestinien : son autodétermination, sa souveraineté, sa liberté. Pas par des ultimatums dictés depuis les palais de Washington. Pas par des milliards de dollars investis sur des ruines. Pas par des promesses vides qui masquent l’apartheid.

Plan colonial : « Y a-t-il quelque chose que les Palestiniens peuvent accepter dans ce plan ? Bien sûr que oui. La fin de la guerre, du génocide, de la faim qui tue nos enfants. Le retrait des troupes israéliennes de la bande de Gaza. Ce que je dis, c’est que le fait que cela n’ait même pas été discuté avec les Palestiniens ne nous permet pas de donner une réponse claire. »

Personne ne peut décider à qui incombe la compétence sur les questions palestiniennes, hormis les Palestiniens. Tout organe de gouvernement temporaire, quel que soit son dirigeant, doit être approuvé par les Palestiniens avec le consentement de toutes les factions politiques : y compris le Hamas et l’ANP, mais pas seulement. Nous ne pouvons accepter qu’une entité nous soit imposée contre notre volonté. Il est insultant qu’un pays qui se dit démocratique, comme les États-Unis, propose cela sans associer les Palestiniens à la table des négociations.    

Gaza, laboratoire du colonialisme moderne : le complot Trump-Netanyahu-Blair, pour la dépossession constante,  le pillage et surtout le refus du droit inaliénable des Palestiniens à l’autodétermination sur leur propre terre.

 Gaza n’est pas à vendre. Gaza n’est pas une colonie expérimentale. Gaza est un peuple. Et ce peuple a le droit à la vie, à la liberté, à la justice. Toute autre voie n’est qu’un mensonge, un crime et une trahison. Et c’est déshumanisant

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »