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Gaza : la maturité politique d’une résistance consciente : la nouvelle équation du Hamas

Cette tribune rend hommage à une déclaration rare et historique du Hamas, qui dépasse la logique militaire pour affirmer une vision politique courageuse. En posant des lignes rouges claires, fin de la guerre, refus du déplacement, libération des prisonniers, retrait total et acheminement de l’aide et en proposant une gouvernance de consensus national, le mouvement démontre qu’il sait conjuguer fermeté des principes et intelligence diplomatique. Une leçon stratégique adressée à l’ennemi, mais aussi au monde entier


La récente déclaration du Hamas ne peut être lue comme une simple réponse technique à la proposition américaine. Elle constitue un tournant politique majeur, une démonstration que la résistance palestinienne n’est pas une réaction instinctive, mais une force stratégique consciente, capable de conjuguer puissance militaire, fermeté morale et intelligence diplomatique.

Dans un contexte marqué par une guerre impitoyable menée contre Gaza, où la population civile paie le prix le plus lourd, ce texte brise les clichés qui réduisent le Hamas à la seule logique des armes. Il rappelle au monde entier que la résistance, avant d’être une kalachnikov ou un missile, est d’abord une vision politique enracinée dans les droits fondamentaux d’un peuple qui refuse d’être effacé.

Des lignes rouges claires et non négociables

La déclaration a fixé un plafond limpide aux exigences palestiniennes :

-          la fin immédiate de la guerre et des massacres ;

-          le refus catégorique de tout déplacement de population ;

-          la libération de tous les prisonniers, vivants ou morts ;

-          le retrait total de l’occupation hors de Gaza ;

-          l’entrée urgente et massive de l’aide humanitaire.

Ces points ne sont pas des caprices diplomatiques ni des conditions de façade : ils sont l’expression d’un droit naturel, d’un minimum vital sans lequel aucune négociation ne peut être envisagée. En les formulant avec fermeté, le Hamas envoie un message clair : la dignité et la survie du peuple palestinien ne sont pas marchandables.

Une ouverture politique audacieuse

Mais l’élément le plus marquant de cette déclaration réside dans la volonté affichée de remettre l’administration de Gaza à un organisme de technocrates indépendants, choisi par consensus national. Ce geste n’est pas banal. Il marque un dépassement de la logique partisane : le Hamas affirme qu’il n’est pas attaché au pouvoir pour le pouvoir, mais qu’il est prêt à céder l’administration quotidienne au profit d’une structure consensuelle, soutenue par les Palestiniens eux-mêmes et leurs partenaires arabes et islamiques.

Là où certains s’attendaient à une posture d’obstruction, le Hamas surprend par un choix de responsabilité. Ce n’est pas une concession dictée par la faiblesse : c’est une décision stratégique qui redonne l’initiative politique au peuple palestinien, tout en plaçant Israël face à ses contradictions.

Une charge politique retournée contre l’adversaire

Par cette ouverture, le Hamas a déplacé la responsabilité : désormais, ce n’est plus lui qui bloque, mais l’ennemi. En se déclarant prêt à négocier et en fixant des conditions conformes au droit international et aux principes humanitaires les plus élémentaires, le mouvement met Netanyahou et ses alliés dans une position délicate.

S’ils refusent, le monde verra clairement où se situe l’obstruction et qui porte la responsabilité de la poursuite de la guerre. S’ils acceptent, c’est la preuve que la résistance a su imposer ses règles du jeu, en combinant fermeté et pragmatisme. Dans les deux cas, le Hamas a transféré la charge politique et morale à l’occupant.

Une maturité politique rarement observée

Cette déclaration révèle une maturité politique rarement observée dans des conflits aussi complexes. Elle montre que la force militaire peut coexister avec une intelligence diplomatique, que la résistance armée peut s’accompagner d’une stratégie politique cohérente. Elle démontre aussi que, contrairement à l’image véhiculée par certains discours occidentaux, le Hamas sait articuler une vision qui unit protection du peuple, respect des principes et recherche d’une solution politique.

En se plaçant à la fois sur le terrain militaire, politique et diplomatique, le mouvement prouve qu’il sait jouer simultanément plusieurs cartes : la dissuasion sur le champ de bataille, la défense des droits sur la scène internationale, et l’ouverture à une gestion interne collective et responsable.

 

Une leçon adressée au monde arabe et à la communauté internationale

Au-delà du contenu immédiat, cette déclaration est aussi un message adressé aux peuples arabes et musulmans : la résistance palestinienne ne se contente plus de survivre, elle impose des règles et un langage politique que beaucoup d’États de la région n’ont jamais su manier face à Israël. Là où des régimes se sont limités à des slogans ou à des compromis stériles, le Hamas combine combat, diplomatie et vision stratégique, prouvant qu’il est possible d’imposer un agenda palestinien dans l’arène internationale.

Conclusion : une résistance consciente et responsable

La déclaration du Hamas ne doit pas être comprise comme une simple étape dans des pourparlers. Elle est un moment de bascule, où la résistance palestinienne affirme sa capacité à penser au-delà du fusil, à protéger son peuple non seulement par les armes, mais par l’intelligence politique.

Ce texte est un hommage à la fermeté et à la sagesse : fermeté des principes, sagesse de l’ouverture. Il incarne une vérité simple mais puissante : la résistance palestinienne n’est pas une réaction éphémère à l’agression, mais une force consciente, organisée, capable de négocier d’égal à égal et d’imposer une nouvelle équation dans laquelle l’occupant n’est plus le seul maître du jeu.

En résumé, cette déclaration n’est pas seulement une réponse. C’est une victoire politique en soi, un moment où la puissance de la lutte s’est alliée à la raison stratégique, et où le peuple palestinien a montré, par la voix de sa résistance, qu’il refuse d’être effacé et qu’il continuera à imposer son existence, avec intelligence et dignité.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

 

 

 

 

 

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