Parfois il m'est utile de le dire !

                                                                                                          Oh! Colombe, transmets mon salut d...

Israël / Le 7 octobre : un alibi pour un génocide

 

On voudrait nous prendre par la main, nous ramener deux ans en arrière, nous forcer à regarder encore et encore la même image : Israël en victime éternelle, Israël attaqué, Israël endeuillé.
Le deuxième anniversaire du 7 octobre s’annonce comme une grande messe d’amnésie organisée. Reportages lacrymaux, documentaires scénarisés, reconstitutions hollywoodiennes  tout sera mobilisé pour réactiver ce traumatisme. Comme si, en répétant assez fort, assez longtemps, on pouvait faire oublier ce que le monde a vu depuis.

Mais ce qu’on a vu, nous ne pourrons jamais l’oublier.
Et c’est précisément là que se loge l’hypocrisie occidentale.

La commémoration comme arme de diversion

Les hasbaristes vont être vraiment odieux. Ils vont déblatérer sur le Palestinien qui décapite des bébés, puis les cuire au four, puis coucher avec eux, puis les manger, et enfin jouer au foot avec leurs têtes tout en chantant leur amour pour Adolf Hitler.

Les victimes israéliennes du 7 octobre 2023 méritent mémoire et respect. Personne ne nie que des civils aient été tués ce jour-là, et que ce fût un drame. Mais quand la commémoration se transforme en industrie médiatique, en outil de propagande et en arme de guerre, alors la mémoire devient une insulte.

Que reste-t-il de la compassion sincère quand les morts d’un camp servent à effacer les morts de l’autre ? Quand les pleurs pour certains servent à étouffer les cris d’agonie de tous les autres ? Car le bilan depuis le 7 octobre est effroyable. Plus de 40 000 Palestiniens tués à Gaza en deux ans, selon les chiffres des ONG. Des dizaines de milliers de blessés, mutilés, orphelins. Des hôpitaux bombardés, des camps de réfugiés pulvérisés, des familles entières rayées de la carte. La famine comme arme. Le blocus comme sentence de mort. Des crimes contre l’humanité dénoncés par l’ONU, Amnesty International, Human Rights Watch.

Et pourtant, au moment de l’anniversaire, on nous servira encore les mêmes images du 7 octobre, soigneusement emballées dans un récit unique : Israël victime, Israël menacé d’extermination.  Le 7 octobre n’est plus un souvenir, c’est devenu un alibi de vengeance, un alibi de génocide.

Le monde n’est plus dupe

En 2023, l’émotion était sincère mais naïve. Les images de l’attaque du Hamas avaient choqué l’Occident, et Israël avait su exploiter ce moment pour rallier un soutien immédiat, inconditionnel. On se demandait :“Comment le Palestinien a-t-il pu faire une chose pareille ?”

Deux ans plus tard, la question s’est inversée. Devant l’accumulation d’atrocités commises par Tsahal, devant les déclarations officielles appelant à “anéantir Gaza” et à “vider la bande de ses habitants”, devant les images insoutenables d’enfants déchiquetés sous les bombes, d’hôpitaux réduits en gravats, de civils abattus alors qu’ils attendaient de la nourriture, l’innocence n’existe plus.

Le récit israélien s’est fissuré, puis effondré. Même les alliés occidentaux ne peuvent plus cacher la vérité : Israël ne se défend pas, il massacre. Israël n’est pas la victime éternelle, il est devenu bourreau.

Les sondages montrent une montée spectaculaire de la solidarité envers les Palestiniens. Les manifestations monstres, les boycotts, les prises de position d’artistes, d’universitaires, de syndicats, témoignent de ce retournement. Même dans les chancelleries, la gêne est palpable.
C’est pour cela que la machine commémorative s’emballe : parce qu’Israël sent que l’opinion lui échappe.

Le spectacle de la mémoire

Les plateformes de streaming diffusent des séries entières consacrées au 7 octobre. TV Françaises et d’autres encore. Des documentaires “exclusifs” promettent de nouvelles révélations, toujours plus macabres, toujours plus sensationnelles. Il ne s’agit plus d’informer, mais de mettre en scène. De transformer la douleur en spectacle de la mémoire.
Un spectacle calibré pour raviver l’indignation et détourner les regards du présent.

Et demain, peut-être, on inventera encore d’autres atrocités : des récits si grotesques qu’ils en deviennent caricaturaux. On nous répétera les histoires invérifiables de bébés décapités, brûlés, violés, mangés. La compassion à géométrie variable est devenue une stratégie de guerre.

Pendant ce temps, Gaza continue de mourir dans le silence.

L’horreur sélective

Tout cela repose sur une vérité brutale : dans l’Occident médiatique et politique, toutes les vies ne se valent pas.
Les vies israéliennes comptent. Elles méritent documentaires, séries, hommages nationaux.
Les vies palestiniennes ne comptent pas. Elles ne méritent que des statistiques anonymes.

On pleure des civils israéliens tués en une journée. On détourne le regard de dizaines de milliers de civils palestiniens massacrés en deux ans. On brandit l’antisémitisme comme bouclier pour réduire au silence toute critique du gouvernement israélien. C’est cela, l’horreur sélective : une mémoire à géométrie variable, calibrée selon l’identité des victimes.

Ce que nous avons vu

Mais le problème pour Israël et ses alliés, c’est que nous avons vu.

Nous avons vu les bombardements sur des hôpitaux pleins de blessés.
Nous avons vu les charniers improvisés où l’on enterre des dizaines d’enfants à la hâte.
Nous avons vu les soldats israéliens filmer leurs exactions, moquant les Palestiniennes tuées, posant avec les sous-vêtements volés, se vantant de massacrer des familles.
Nous avons vu les files interminables de civils affamés abattus alors qu’ils attendaient de la nourriture.
Nous avons vu des ministres israéliens déclarer qu’ils voulaient “nettoyer Gaza”.

On ne peut pas voir autant d'atrocités horribles avant de cesser de voir Israël comme une pauvre petite victime aux yeux de Bambi.

On ne peut pas entendre autant de responsables israéliens annoncer leur intention de nettoyer ethniquement la bande de Gaza de tous les Palestiniens, on ne peut pas voir autant de soldats israéliens vêtus avec moquerie des sous-vêtements des femmes palestiniennes mortes et déplacées qu'ils ont génocidées, on ne peut pas lire autant de bombardements d'hôpitaux ,

On ne peut pas écouter autant de récits de soldats de Tsahal massacrant des civils affamés dans des centres de secours, avant de commencer à se dire qu'Israël l'avait probablement bien cherché

Tout cela n’est pas de la propagande. Ce sont des preuves, des vidéos, des témoignages, des rapports d’ONG et d’organisations internationales. Et ce qui a été vu ne peut pas être oublié.

Refuser la manipulation

Alors non, nous ne tomberons pas dans le piège.

Ce qu'il faut, une enquête internationale qui examine toutes les preuves connues de cette opération sous fausse bannière flagrante et manifeste. Il faut commencer par des interviews avec des responsables des services de renseignements égyptiens qui ont déjà déclaré que Netanyahou lui-même avait été directement averti, plusieurs jours à l'avance, de cette opération imminente hors de Gaza, puis illustrer sa réponse. Le retrait des troupes de Tsahal de la frontière de Gaza et leur repositionnement en Cisjordanie. Le repositionnement du « festival de la paix » sur un site plus proche de la frontière de Gaza.

Sans aucune raison donnée, un retrait militaire a été ordonné le matin de l'attaque et, inexplicablement, des heures se sont écoulées avant qu'ils n'instaurent une quelconque forme de réponse militaire. Le plus critique a été la directive Hannibal qui a apparemment été donnée, envoyant des chars et des hélicoptères de combat, qui ont tué la majorité des civils israéliens.

Ce sont toutes des questions qui ont été posées à Netanyahou, auxquelles il a refusé de répondre, affirmant qu'elles ne peuvent pas être posées alors qu'ils ont une ou plusieurs actions militaires en cours. Lorsque Gantz a démissionné, il a appelé à une enquête complète sur tous les membres du haut commandement, y compris lui-même.
Nous ne laisserons pas l’anniversaire du 7 octobre devenir une arme d’amnésie organisée.
Nous n’accepterons pas que la mémoire des morts israéliens serve à effacer celle des morts palestiniens.

Rappeler le 7 octobre, oui. Mais rappeler aussi, et surtout, le 8 octobre, le 9, le 10, et tous les jours qui ont suivi, jusqu’à aujourd’hui.
Rappeler que chaque bombe lâchée sur Gaza depuis ce jour est un crime de guerre, une punition collective, un pas de plus dans un génocide.

Le 7 octobre n’est pas un souvenir, c’est devenu un alibi.

On pleure les morts israéliens en série télévisée, on efface les morts palestiniens en statistiques anonymes. La mémoire des uns est utilisée comme arme d’effacement des autres. Ce n’est pas une commémoration, c’est une diversion. On nous somme de pleurer avec un œil et de rester aveugles de l’autre. Les vies israéliennes font la une, les vies palestiniennes sont reléguées en bas de page.

Nous n’oublierons pas

La mémoire sélective est une insulte à l’histoire. L’instrumentalisation des morts est une profanation.
Nous devons refuser ce chantage moral qui nous intime de pleurer avec un œil et de rester aveugles de l’autre.

Nous avons vu. Nous savons.
On nous intime de pleurer Israël, on nous interdit de voir Gaza, mais  c
e que nous avons vu à Gaza, nous ne l’oublierons pas. Jamais.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

 

 


Le Maroc n’a pas besoin d’un roi sauveur, mais d’un peuple souverain

On voudrait nous faire croire que les malheurs du Maroc sont inscrits dans nos veines, que nous serions, par nature, corrompus, violents, incapables de solidarité. Qu’il n’y aurait « rien à faire », sinon attendre un « pouvoir fort », une main de fer qui dompte les masses. Voilà le discours, déguisé de fausse compassion, que nous servent les plumitifs royalistes et leurs relais intellectuels : le peuple est fautif, la monarchie serait notre ultime recours.

Quelle imposture ! Quelle insulte !

La corruption, le népotisme, l’injustice sociale ne tombent pas du ciel ni de quelque prétendue « incapacité morale » des Marocains. Elles sont organisées, entretenues, imposées par un système monarchique prédateur. Un système qui confisque les richesses, qui distribue privilèges et marchés à ses proches, qui se drape dans une légitimité divine pour ne jamais rendre de comptes.

Un pays saigné par sa propre dynastie

Qui peut croire que si des femmes meurent en couches à Agadir, c’est parce que « les Marocains n’ont pas d’empathie » ?
Non : elles meurent parce qu’on préfère construire des stades pour la Coupe du monde 2030 au lieu de financer des hôpitaux. Elles meurent parce que l’argent de la santé et de l’éducation alimente les caisses d’Al Mada et les palais royaux. Elles meurent parce que le Makhzen a décidé que la gloire internationale valait plus que la vie de ses citoyennes.

Le peuple ne manque pas de morale. Ce qui manque au Maroc, c’est un État qui serve le peuple plutôt qu’un monarque qui se serve de lui.

La jeunesse n’a pas peur : elle accuse

La Génération Z marocaine n’est pas une bande de rêveurs naïfs. Elle a compris que sa colère doit être publique, visible, collective. Elle a osé briser ce que les générations précédentes craignaient : le mur de la peur. Elle ne réclame pas des miettes mais le droit à la dignité.

La Génération Z marocaine n’est pas une « foule de fauteurs » : c’est la première génération à briser le mur de la peur, à s’organiser hors du Makhzen. Elle exprime une conscience politique claire : les milliards pour le Mondial, c’est du vol social quand les femmes meurent en couches faute de soins.

Quand les jeunes descendent dans la rue pour demander la santé, l’éducation, la justice sociale, ils ne réclament pas une « révolution morale » prêchée du haut d’un trône. Ils réclament des droits, concrets, immédiats, légitimes. Et c’est précisément cela que la monarchie ne peut leur offrir : parce qu’une monarchie qui partagerait le pouvoir, la richesse et la liberté signerait sa propre fin.

La démocratie n’est pas notre ennemie

Les laudateurs du pouvoir voudraient nous faire croire que « seule une autorité forte » peut sauver le Maroc. Traduction : seul le roi doit régner, seul lui incarnerait l’unité, seul lui serait assez « implacable » pour mettre de l’ordre. Mais l’ordre qu’il impose, nous le connaissons : répression, clientélisme, pillage.

Ce que la jeunesse marocaine réclame, ce n’est pas un despote éclairé. C’est la démocratie, l’égalité, la justice. C’est un pays où les richesses servent la population et non une poignée d’oligarques. C’est un Maroc qui n’agenouille pas ses enfants devant un roi, mais qui se relève par la souveraineté de son peuple.

Le vrai venin, c’est la monarchie

On nous dit que « nous aimons l’inégalité », que « nous nous complaisons dans la corruption ». Non : le seul venin qui coule dans nos institutions, c’est celui d’un régime qui fait de la corruption sa respiration, de l’injustice son fondement, de la soumission son arme.

Le Maroc n’est pas condamné à l’humiliation éternelle. Le Maroc n’est pas un peuple de serviteurs nés. Ce qui nous écrase, ce n’est pas une fatalité culturelle mais une monarchie vorace.

L’affaire n’est pas pliée : elle commence

À ceux qui disent : « Il n’y a rien à faire », nous répondons : tout est à faire.
À ceux qui nous vendent l’attente d’un sauveur, nous répondons : le peuple se sauvera lui-même.
À ceux qui nous accusent de rêver, nous répondons : vos cauchemars commencent, car nous n’avons plus peur.

La Génération Z marocaine n’est pas une parenthèse. Elle est le début d’un soulèvement qui porte en lui une évidence : le Maroc ne sera libre et juste que débarrassé de son joug monarchique. Ce n’est pas « plus d’autorité » qu’il faut, mais la fin d’un pouvoir héréditaire irresponsable. La démocratie n’est pas un caprice occidental, mais une exigence de dignité universelle : rendre des comptes, partager les richesses, garantir les droits fondamentaux

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

 

 

 

Un plan colonial maquillé en paix

 

 On nous parle d’un « plan pour Gaza », d’une vision en 20 points présentée comme un horizon de paix. En réalité, ce plan n’est qu’une mise en scène. La suppression du seul passage évoquant un « horizon politique vers un État palestinien » suffit à dévoiler le subterfuge : il ne s’agit pas d’ouvrir la voie à l’autodétermination, mais de l’enterrer définitivement. Netanyahu y a apposé sa signature invisible : chaque mot est calibré pour effacer la souveraineté palestinienne et maintenir Israël en maître absolu.

Le plan Trump est un ultimatum qui appelle le Hamas à abandonner la résistance armée pour laquelle il a été créé, à se dissoudre, à permettre à ses membres d'être escortés en toute sécurité vers l'exil, où ils ne seront pas poursuivis, et à faire confiance à Israël. De plus, Israël a par le passé trouvé de nombreux prétextes pour violer les accords de cessez-le-feu ou les déclarer nuls et non avenus. Le plan demande aux Palestiniens de se soumettre à une domination étrangère supervisée par Donald Trump et Tony Blair, amis d'Israël. Même si les dirigeants politiques du Hamas acceptent le plan, les commandants militaires pourraient refuser de rendre les armes.

Qui ne comprend pas que les combattants du Hamas sont prêts à mourir et à sacrifier la vie de leurs compatriotes palestiniens pour établir un État palestinien gouverné par des Palestiniens 

Le vieux manuel colonial, réédité en 2025

Les mots choisis ne sont pas nouveaux. Rééducation, déradicalisation, reconstruction développement économique … Ce vocabulaire paternaliste est directement tiré du manuel colonial du XIXᵉ siècle. C’est la rhétorique de l’Occident civilisateur qui sait mieux que les « indigènes » ce qui est bon pour eux. C’est le discours de ceux qui justifiaient jadis l’occupation de l’Afrique, de l’Asie et du Moyen-Orient. Gaza devient la nouvelle « mission civilisatrice », une vitrine de domination repeinte aux couleurs du capitalisme high-tech.

La dépossession, moteur du complot

Le plan exige la dissolution du Hamas, l’exil de ses cadres, et la soumission de Gaza à une gouvernance étrangère supervisée par Washington, Londres et Tel-Aviv. En d’autres termes : un ultimatum. Mais l’histoire récente prouve qu’Israël a régulièrement violé les cessez-le-feu, annulé les accords, et continué la colonisation. Pourquoi les Palestiniens devraient-ils cette fois faire confiance à ceux qui les assiègent et les bombardent ?

Ce plan n’a rien d’humanitaire. Il ne vise pas à sauver Gaza, mais à exploiter Gaza. Derrière le langage des « opportunités économiques », se profile une vaste opération de pillage. Les ruines de Gaza deviennent un marché : contrats pour Tesla, Oracle, Kushner, Smotrich ou Blair. Les Palestiniens ne sont pas perçus comme des citoyens mais comme une main-d’œuvre corvéable, taillable, jetable. Les terres ne sont pas des foyers à préserver, mais des terrains à bétonner, à transformer en zones franches, en marchés captifs. C’est le colonialisme sous sa forme la plus brutale : s’emparer des richesses après avoir détruit les vies.

Il est temps de le dire haut et fort : Gaza n’a pas besoin de nouveaux maîtres, mais de liberté. Pas d’investisseurs et de colons, mais de justice. Pas de plans coloniaux, mais de la fin du siège et de l’occupation. La paix véritable ne se construit pas sur les ruines d’un peuple, mais avec lui.

Le silence imposé aux Palestiniens

À aucun moment les Palestiniens n’ont été invités à la table des négociations. Pas le Hamas, pas l’Autorité palestinienne, pas la société civile. Personne. On décide pour eux. On trace leur avenir à Washington et Tel-Aviv comme on traçait des frontières arbitraires sur des cartes coloniales. On efface leur voix, leur droit de choisir, leur capacité à décider de leur futur. C’est le cœur du scandale : cette logique coloniale n’a jamais disparu. Elle continue de nier l’humanité d’un peuple entier, réduit au silence dans un projet qui prétend lui offrir la paix. Certes, ce n'est pas une solution à long terme. Absolument pas. Cela ne résout rien, et cela ne fait qu'ajouter une nouvelle pièce au jukebox. Les Palestiniens continueront de résister, comme c'est leur droit. Israël continuera d'expliquer que leur « sécurité » justifie tout raser, tuer, violer, kidnapper, voler, etc. (Cette liste vous choque ? Tous les éléments sont pourtant faciles à prouver. Et cela remonte bien avant le 7 octobre).

Donc, la situation va s’améliorer dans le sens où les enfants vont probablement arrêter de mourir à cause des bombardements et de la faim. Et la situation ne s’améliorera pas suffisamment pour que le conflit israélo-palestinien cesse. Le problème, c'est qu'à long terme, Israël est en train de perdre la partie. Ils ont accepté qu'après tout cela, les Gazaouis ne disparaîtraient pas. Il n'y a pas assez de morts pour briser le piège démographique : les Juifs sont encore loin d'être assez nombreux pour gouverner démocratiquement les Palestiniens

La continuité d’un apartheid militaire

Le plan s’inscrit dans une logique implacable : celle de la « sécurité » israélienne. Au nom de cette sécurité, Israël justifie tout : le siège, les bombardements, les famines, les assassinats, les confiscations de terres. Ce plan ne fait qu’officialiser cette doctrine. On demande aux Palestiniens de rendre leurs armes, de se dissoudre, de faire confiance à un État qui a violé tous les accords passés. La « paix » selon Trump et Netanyahu, c’est la reddition inconditionnelle. C’est l’apartheid sous contrat, avec l’Amérique comme garant et le capitalisme global comme investisseur.

Les personnes consternées sont celles qui comprennent que les êtres humains ont des droits humains. Si ce plan est adopté, tous les Palestiniens restants à Gaza vivront sans aucune des « subtilités » que sont les droits politiques, juridiques, économiques, intellectuels, la liberté d'enquête, la liberté d'expression, la liberté d'association ou le droit à l'autodéfense. En bref, ils seront esclaves d'un État de surveillance de haute technologie, dirigé par des individus qui les méprisent. La question n'est pas de savoir si le régime du Hamas était un modèle de démocratie. La question est l'inhumanité des colonialistes, attirés de quelque manière que ce soit par une telle « vision » concoctée par des criminels de guerre. Glaçant.

Gaza n’est pas une « terra nullius »

Ce que ce plan veut effacer, c’est la réalité de Gaza : une terre vivante, habitée par un peuple résilient. Gaza n’est pas une page blanche pour investisseurs. Ce n’est pas un terrain vague à transformer en Silicon Valley sous occupation. C’est un territoire qui résiste, une société qui continue d’exister malgré les sièges, malgré les ruines, malgré les morts. Derrière chaque maison détruite, il y a une famille ; derrière chaque ruine, il y a une histoire ; derrière chaque enfant tué, il y a une mémoire. Ce que le plan colonial nie, c’est cette humanité irréductible.

Conclusion forte

Ce plan Trump-Netanyahu-Blair n’est pas un projet de paix. C’est un complot colonial, une continuation de l’occupation par d’autres moyens. C’est la transformation d’un génocide en business, d’un siège en opportunité, d’un peuple en marché.

Ce plan a d’abord été annoncé comme un « plan en 21 points » et est devenu un « plan en 20 points » après des discussions entre Trump et Netanyahu.

Le point supprimé, « Les États-Unis établiront un dialogue entre Israël et les Palestiniens pour convenir d'un horizon politique pour une coexistence pacifique », a été remplacé par une aspiration, « les conditions pourraient enfin être réunies pour une voie crédible vers l'autodétermination palestinienne et l'établissement d'un État, ce que nous reconnaissons comme l'aspiration du peuple palestinien », enterrée dans l'un des 20 autres points du texte.Ce changement porte l’empreinte de Netanyahu partout.

La seule paix possible passe par la reconnaissance des droits inaliénables du peuple palestinien : son autodétermination, sa souveraineté, sa liberté. Pas par des ultimatums dictés depuis les palais de Washington. Pas par des milliards de dollars investis sur des ruines. Pas par des promesses vides qui masquent l’apartheid.

Plan colonial : « Y a-t-il quelque chose que les Palestiniens peuvent accepter dans ce plan ? Bien sûr que oui. La fin de la guerre, du génocide, de la faim qui tue nos enfants. Le retrait des troupes israéliennes de la bande de Gaza. Ce que je dis, c’est que le fait que cela n’ait même pas été discuté avec les Palestiniens ne nous permet pas de donner une réponse claire. »

Personne ne peut décider à qui incombe la compétence sur les questions palestiniennes, hormis les Palestiniens. Tout organe de gouvernement temporaire, quel que soit son dirigeant, doit être approuvé par les Palestiniens avec le consentement de toutes les factions politiques : y compris le Hamas et l’ANP, mais pas seulement. Nous ne pouvons accepter qu’une entité nous soit imposée contre notre volonté. Il est insultant qu’un pays qui se dit démocratique, comme les États-Unis, propose cela sans associer les Palestiniens à la table des négociations.    

Gaza, laboratoire du colonialisme moderne : le complot Trump-Netanyahu-Blair, pour la dépossession constante,  le pillage et surtout le refus du droit inaliénable des Palestiniens à l’autodétermination sur leur propre terre.

 Gaza n’est pas à vendre. Gaza n’est pas une colonie expérimentale. Gaza est un peuple. Et ce peuple a le droit à la vie, à la liberté, à la justice. Toute autre voie n’est qu’un mensonge, un crime et une trahison. Et c’est déshumanisant

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »


La paix en trompe-l’œil : comment Netanyahou sabote le plan de Gaza

Depuis des mois, la bande de Gaza est synonyme de ruines, de fosses communes et d’exode. Sous les bombes, plus d’un million et demi de personnes survivent dans des conditions que la Cour internationale de justice (CIJ) a décrites comme des « risques plausibles de génocide ». Dans ce contexte, Donald Trump a présenté un plan de paix en trois points : financement de la reconstruction par les pays arabes, démilitarisation du Hamas et retrait des forces israéliennes. Derrière cette façade de compromis se cache en réalité une mécanique cynique, façonnée pour préserver l’impunité israélienne et satisfaire les ambitions électorales de ses instigateurs.

Le faux dilemme : accepter ou périr

La proposition de Trump repose sur un piège. Si le Hamas refuse, il porte la responsabilité de la poursuite des massacres ; s’il accepte, Israël récupère ses otages et la scène internationale applaudit… avant que le carnage ne reprenne sous un nouveau prétexte. L’ultimatum, limité à 72 heures, relève davantage du chantage que de la diplomatie. À aucun moment il n’est question des droits des Palestiniens à l’autodétermination, ni des frontières de 1967, ni de Jérusalem annexée, ni des 5 000 prisonniers palestiniens détenus sans jugement. La Cisjordanie disparaît purement et simplement du cadre.

Netanyahou, le saboteur en chef

Contraint d’accepter publiquement ce plan, Netanyahou s’emploie déjà à le neutraliser. Son gouvernement, dominé par l’extrême droite coloniale, n’a aucune intention de permettre la création d’un État palestinien ni de mettre fin à l’occupation. La résolution A/RES/ES-10/24 de l’ONU exigeait la fin de la présence israélienne dans un délai de douze mois ; la CIJ, dans trois ordonnances depuis janvier, a sommé Israël de cesser les meurtres, les atteintes à la santé et les conditions d’existence destructrices. Tout a été ignoré.

En vérité, ce plan n’est qu’un outil politique : pour Trump, un tremplin vers un prix Nobel de la paix et vers sa campagne présidentielle ; pour Netanyahou, un rideau de fumée avant les élections de 2026, qui lui permet de se présenter en garant de la sécurité d’Israël tout en poursuivant son entreprise coloniale.

Une paix-alibi qui masque un projet colonial

Parler de « paix » dans ces conditions relève de l’imposture. Comment prétendre à la réconciliation alors que les colonies s’étendent en Cisjordanie, que Jérusalem est grignotée morceau par morceau, et que la population de Gaza est réduite à la misère par un blocus illégal ? La « reconstruction » promise n’est rien d’autre qu’un protectorat colonial, une rente pour les alliés occidentaux et arabes complaisants.

Ce n’est pas la première fois : l’histoire du Proche-Orient est jalonnée de « plans de paix » qui ne furent que des trêves maquillées, toujours suivies d’un retour aux bombes et aux bulldozers.

Sans justice, pas de paix

Le problème n’est pas l’absence de propositions mais leur nature : elles évitent systématiquement de nommer les responsabilités et de sanctionner les crimes. Or, le droit international est clair. Israël a l’obligation de mettre fin à l’occupation et au nettoyage ethnique en cours. Les Palestiniens ont un droit inaliénable à l’autodétermination. Toute « solution » qui nie ces principes n’est pas un chemin vers la paix mais une prolongation de l’injustice.

Tant que l’occupation perdurera, tant que les auteurs de crimes de guerre ne seront pas jugés, tant que les Palestiniens seront réduits au silence ou au rôle de figurants dans leur propre destin, aucun plan ne tiendra. Les peuples ne vivent pas de promesses creuses ni d’ultimatums : ils vivent de dignité et de liberté.

Conclusion :

Ce que propose Trump et ce que sabote Netanyahou, ce n’est pas la paix : c’est une trêve trompe-l’œil, une vitrine diplomatique derrière laquelle se poursuit la dépossession.

La vraie paix exige le courage de dire les mots interdits – occupation, colonisation, apartheid, génocide – et d’y mettre un terme. Tout le reste n’est qu’un théâtre cynique où les victimes palestiniennes servent de décor à l’ambition des puissants.

 Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

 

Nobel de la paix pour les fauteurs de guerre : Trump, Israël et l’empire américain au banc des accusés

Un Nobel de la paix pour Trump ? Voilà donc où en est tombée notre époque : célébrer les incendiaires comme pompiers, les bourreaux comme sauveurs, les menteurs comme prophètes.

Donald Trump ne pacifie rien, il colonise les mots. Il proclame la paix là où il sème la guerre. Il s’auto-déclare sauveur pendant que des enfants meurent sous les décombres de Gaza, pendant que des réfugiés s’entassent dans des camps, pendant que des drones américains sillonnent le ciel comme des vautours. Et le pire : il n’est pas seul. Ce n’est pas la folie d’un homme isolé, c’est la logique d’un empire.

L’empire américain et son bras armé

Depuis des décennies, les États-Unis prétendent incarner la liberté. En réalité, ils imposent leur domination par le feu et par le sang. Ils ont bombardé le Vietnam au napalm, rasé Bagdad au nom de la démocratie, et livré Kaboul aux seigneurs de guerre. Ils prétendent « protéger Israël », mais ce soutien n’est qu’une pièce centrale d’un système plus vaste : exporter les guerres, contrôler les peuples, militariser la planète.

Israël, loin d’être une exception, est l’atelier militaire de cet empire. Les bombes testées sur Gaza deviennent des contrats d’exportation. Les logiciels de surveillance, expérimentés sur les Palestiniens, finissent dans les polices du monde entier. Les colonies illégales sont maquillées en « accords de paix » avec la bénédiction de Washington. Israël n’est pas un simple allié : c’est le laboratoire d’un apartheid mondialisé.

La paix comme marchandise

Que signifie la « paix » dans ce théâtre ? Rien d’autre qu’un slogan marketing. Trump s’invente des victoires imaginaires : il dit avoir « réglé » l’Ukraine, « pacifié » l’Iran, « stabilisé » le Moyen-Orient. Mensonges. Pendant ce temps, les morts s’accumulent. Les Palestiniens enterrent leurs enfants, les Irakiens comptent leurs blessés, les Yéménites agonisent sous les bombes. Mais pour l’empire, tout cela n’existe pas : seule compte la photo, le tweet, la mise en scène.

Les Nobel de la paix attribués à des dirigeants belliqueux ne sont pas des accidents, mais des révélateurs. On avait déjà honoré Kissinger alors que le Vietnam brûlait. On avait salué Obama, prix Nobel de la paix en 2009, alors qu’il multipliait les frappes de drones et les bases militaires. Aujourd’hui, on ose imaginer Trump décoré. Voilà la vérité : ce prix, entre leurs mains, n’est plus qu’une médaille de pacotille offerte aux architectes du chaos.

Le masque de la démocratie

L’arrogance américaine et israélienne repose sur une idée simple : ils peuvent tout faire tant qu’ils disent agir pour « la paix ». Occupation ? Sécurité. Bombardement ? Légitime défense. Sanctions économiques qui affament des millions d’Iraniens ? Prévention du terrorisme. Apartheid en Cisjordanie ? Réalisme politique. Tout est inversé, tout est perverti.

La diplomatie n’est plus un espace de négociation, c’est une scène de théâtre. Les peuples, eux, n’y sont jamais invités. On signe des accords sur leur dos, on trace des frontières sur leurs terres, on décide de leur avenir depuis Washington ou Tel-Aviv. Et quiconque résiste est immédiatement qualifié de terroriste, d’extrémiste, d’ennemi de la paix.

La vérité des peuples

Mais les peuples ne sont pas dupes. La vérité est dans les ruines de Gaza, dans les cris des mères palestiniennes, dans les villages irakiens détruits, dans les montagnes afghanes occupées. La vérité est dans les luttes anticoloniales qui refusent de disparaître. Chaque pierre lancée par un enfant palestinien contre un char est une accusation contre cet ordre mondial. Chaque manifestation contre l’OTAN est un refus de la guerre permanente. Chaque dénonciation de l’apartheid israélien est une affirmation de dignité.

Voilà la seule paix qui mérite d’être nommée ainsi : la paix des peuples, contre l’empire, contre le colonialisme, contre l’hypocrisie.

Notre devoir

Attribuer un Nobel de la paix à Trump ne serait pas seulement absurde, ce serait criminel. Ce serait effacer les cadavres, normaliser l’apartheid, et valider l’idée qu’un tweet vaut plus que mille vies. Ce serait admettre que la paix n’est plus une conquête humaine, mais une opération de communication.

Nous refusons cela. Nous refusons que les fauteurs de guerre se déguisent en artisans de paix. Nous refusons que les peuples soient réduits à des statistiques. Nous refusons que la vérité soit étouffée sous les mensonges impériaux.

La paix n’appartient pas aux empires. Elle appartient aux peuples. Elle se construit dans les luttes, dans la solidarité, dans la résistance. Elle ne se donne pas, elle s’arrache.

Alors oui, crions-le haut et fort : pas de Nobel pour les fauteurs de guerre ! Pas de légitimation pour l’apartheid israélien ! Pas d’hommage pour l’empire américain !
La paix ne sera jamais le produit d’un tweet, ni d’une bombe. Elle sera l’œuvre des peuples qui, malgré les massacres, continuent de résister.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

 

 

 

Maroc 2025 : entre vitrines mondiales et urgences citoyennes

Un drame qui révèle un malaise profond

Fin septembre 2025, l’hôpital Hassan-II d’Agadir a basculé dans le chaos. En quelques jours, plusieurs femmes y ont trouvé la mort, faute de soins adaptés et dans des conditions jugées indignes. Ce drame, largement relayé par la presse marocaine, a agi comme un électrochoc. Il a mis en lumière ce que beaucoup vivent au quotidien : un système de santé public sous-financé, débordé, incapable d’assurer un service essentiel.

Cet événement tragique n’est pas isolé. Il cristallise une réalité que les Marocains dénoncent depuis longtemps : l’écart grandissant entre les ambitions affichées à l’international et les besoins fondamentaux d’une population qui peine à accéder à des soins de qualité, à une éducation décente, ou même à un logement digne.

Quand la rue prend la parole

À la suite de ce drame, la colère a gagné les rues de Rabat, Casablanca, Marrakech ou Tanger. Des milliers de citoyens ont scandé : « Pas de stades, des soins ! » ; « Pas de Coupe du monde, des écoles ! ». Ces slogans, repris par la presse nationale, résument parfaitement l’état d’esprit ambiant : le sentiment que l’État investit davantage dans l’image que dans la vie quotidienne de ses habitants.

Cette contestation s’explique par un contexte social difficile. L’inflation, même en ralentissement, continue de peser sur les ménages. Le chômage, notamment des jeunes diplômés, reste préoccupant. Dans les campagnes, les enfants parcourent encore des kilomètres à pied pour rejoindre une école délabrée. Dans les villes, des familles survivent dans des logements précaires ou menacées d’expulsion. Et les sinistrés du séisme de 2023 vivent, pour beaucoup, toujours dans des abris temporaires.

L’obsession du Mondial 2030

Dans ce climat, la préparation de la Coupe du monde 2030 apparaît comme un symbole de ce décalage. Les investissements colossaux engagés pour rénover ou construire des stades, moderniser des infrastructures et répondre aux exigences de la FIFA contrastent avec les difficultés sociales de base.

Certes, les défenseurs de cette stratégie soulignent les retombées économiques potentielles : augmentation du tourisme, emplois temporaires, rayonnement international. Mais une partie de la presse marocaine, ainsi que de nombreux économistes, rappellent que ces bénéfices sont incertains, différés, et parfois surestimés. La comparaison avec la Grèce, ruinée après ses Jeux olympiques de 2004, revient régulièrement dans les débats : une vitrine mondiale peut rapidement se transformer en fardeau budgétaire.

Une diplomatie ambitieuse mais clivante

Le Maroc ne se limite pas aux stades. Depuis plusieurs années, il déploie une diplomatie ambitieuse, cherchant à s’imposer comme acteur régional et partenaire stratégique de l’Europe et des États-Unis. Cette volonté de rayonnement s’est traduite par la normalisation des relations avec Israël, par des investissements massifs en Afrique subsaharienne et par une mobilisation continue autour de la question du Sahara occidental.

Mais cette diplomatie a aussi ses fragilités. Elle se heurte à l’opinion d’une majorité de Marocains, toujours attachés à la cause palestinienne. Elle s’accompagne d’une fermeture des frontières avec l’Algérie, qui bloque toute perspective de coopération régionale. Elle nourrit enfin un sentiment d’isolement alors que les priorités sociales internes ne trouvent pas de réponses rapides.

Une gouvernance fragilisée

À ces tensions s’ajoutent des incertitudes politiques. L’absence prolongée du roi Mohammed VI alimente les spéculations sur sa santé et sur les modalités de sa succession. Dans le même temps, la montée de la contestation sociale met à l’épreuve la capacité des institutions à maintenir la stabilité.

Le contraste est saisissant : un pays capable de planifier une Coupe du monde avec ses partenaires ibériques, mais en difficulté lorsqu’il s’agit de gérer un hôpital régional, de reloger les sinistrés d’un séisme ou d’offrir un avenir crédible à sa jeunesse.

Le risque d’une fracture durable

Le Maroc fait face à un dilemme que résume bien une formule entendue dans les manifestations : « la vitrine ne nourrit pas ». À force de miser sur le prestige international, il risque de négliger la cohésion interne. Or, un pays qui laisse s’installer durablement la pauvreté, l’injustice sociale et le désespoir des jeunes prend le risque d’une fracture difficile à réparer.

Les leçons internationales sont nombreuses. La Grèce de 2004, déjà évoquée, a payé au prix fort ses ambitions sportives. Mais d’autres exemples montrent aussi que les grands événements peuvent être des leviers positifs à condition d’être accompagnés d’une politique sociale solide. La question, pour le Maroc, est de savoir s’il transformera cette opportunité en moteur de développement partagé ou s’il laissera grandir le ressentiment d’une population qui peine à joindre les deux bouts.

Conclusion : l’urgence du social

Le Maroc de 2025 est à un tournant. Son avenir ne se jouera pas seulement sur la pelouse d’un stade flambant neuf, mais dans la capacité de ses dirigeants à répondre à une exigence simple : garantir à chaque citoyen l’accès aux droits fondamentaux – santé, éducation, logement, emploi.

La Coupe du monde 2030 peut être une fierté nationale. Mais elle risque aussi de devenir le symbole d’un pays qui a préféré séduire l’extérieur plutôt que de prendre soin de l’intérieur. Entre la vitrine mondiale et la réalité sociale, le choix est clair : aucun trophée ne vaudra la dignité de ses citoyens.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

 

 

 

La diplomatie-spectacle : Gaza pleure la tromperie de Trump

Peu importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse, dit le proverbe.                                              

Dans le cas de Trump, ses moyens d’obtenir une paix sont originaux : c’est un cocktail fait de séduction, de pression et de chantage. Mais la realpolitik, c’est ça.  Donald Trump se présente à nouveau en faiseur d’accords, maître des « deals » capables, dit-on, de résoudre les impasses les plus inextricables. Son dernier plan pour Gaza, brillamment emballé dans le vocabulaire consensuel de la « paix » et de la « reconstruction », montre pourtant que la rhétorique peut servir d’écran de fumée : derrière le mot se cachent des conditions intenables, une mémoire sélective et la perpétuation d’un ordre de fait qui écrase les droits palestiniens.

La « paix » comme instrument de culpabilisation

Le dispositif proposé  reconstruction financée par des États arabes, démilitarisation du Hamas, retrait israélien conditionnel ressemble à une logique de marché : on promet la tranquillité à ceux qui acceptent de perdre tout levier politique. Mais poser la paix comme synonyme de reddition, c’est inverser les responsabilités. On demande à un peuple déjà affamé, déplacé et bombardé d’abandonner son unique moyen de pression, sans garantir ni sécurité réelle ni rétablissement des droits fondamentaux.

En traitant Gaza comme une entité isolée, comme si la Cisjordanie et l’ensemble de l’occupation n’existaient pas, ce plan gomme les continuités historiques du conflit : colonies qui s’étendent, frontières de 1967 bafouées, confiscation progressive de Jérusalem-Est. Ce n’est pas un oubli anecdotique : c’est la stratégie même du projet politique que prétend soutenir l’initiative. La paix proposée devient alors une paix sur ordonnance, imposée au plus faible.

Ultimatums et rhétorique du chantage

Dire « paix » tout en fixant des ultimatums de 72 heures et en conditionnant la cessation des hostilités à l’accord des seules parties déséquilibrées, c’est ménager un prétexte pour continuer la guerre. La diplomatie coercitive masque la réalité : les bombardements et les sièges se poursuivent tant que l’autre camp n’a pas capitulé. Ce n’est plus de la négociation ; c’est du chantage.

L’effet est double : d’un côté, il légitime l’usage disproportionné de la force ; de l’autre, il transforme la communauté internationale en spectatrice d’une mise à mort programmée, applaudissant parfois le verbe « paix » sans en exiger les conditions préalables — la justice, la reconnaissance des droits et la cessation des pratiques qui nourrissent le conflit.

Les membres du Hamas ne sont pas assez débiles pour déposer les armes face à des gens qui pendant 2 ans de génocide n’arrêtent pas de leur dire que le but de tout ça c’est le grand Israël, leur expulsions ou leur massacres de la terre de Palestine, qu’ils sont le peuple des ténèbres et qu’on a le droit de les exterminer et que leur but c’est la domination des goyims. Sans Hamas et dans l’état de Gaza et les nouvelles colonisations, il n’y a plus de Palestine

Mémoire instrumentalisée : otages et prisonniers

Le récit médiatique et politique est tout aussi révélateur. L’attention portée aux otages israéliens est légitime et humaine, mais elle devient partiale quand elle occulte le sort de milliers de prisonniers palestiniens détenus souvent sans procès ou sous des régimes de détention administrative et quand elle efface l’histoire de la dépossession. Cette asymétrie contribue à une narration dans laquelle la victime légitime est une seule, alors que la victimisation et la douleur existent de part et d’autre, entretenues par des rapports de force inégaux.

Rappelons que des opérations visant à capturer des otages ont été, dans certains cas, conçues comme leviers pour obtenir des échanges de prisonniers. Depuis, combien de détenus palestiniens ont été libérés ? Le silence et l’oubli autour de ces questions renforcent l’impunité et l’angoisse d’un peuple sans recours.

Le levier essentiel : arrêter l’armement et la protection inconditionnelle

S’il existe un geste unique, simple et efficace, qui pourrait signifier la sincérité d’une volonté de paix, c’est l’arrêt immédiat des livraisons d’armement et des financements militaires sans condition. La pression économique et diplomatique pèse. Quand un pays garantit politiquement et militairement la supériorité d’un acteur, il devient co-responsable des choix stratégiques et des conséquences sur le terrain.

Les Etats qui prétendent défendre la paix doivent cesser de conforter les rapports de force qui permettent la perpétration d’actes contraires au droit international. La paix ne se négocie pas sur le compte en banque des victimes ni sur la base d’accords imposés par un tiers qui refuse de regarder les causes profondes du conflit.

Justice et droits : préalables non négociables

Toute initiative qui ignore la justice se condamne à l’échec. La sortie de crise exige des engagements clairs : fin de l’occupation, respect des frontières internationalement reconnues, reconnaissance des droits civils et politiques des Palestiniens, garantie de la sécurité pour toutes les populations, procès des crimes de guerre et libération des détenus politiques. Sans ces éléments, les accords n’auront qu’une valeur provisoire et seront à la merci du prochain revirement politique.

La paix durable est indissociable de l’égalité des droits. Tant que des populations seront privées de dignité, de terre et de liberté, la violence trouvera des raisons de renaître.

Conclusion : refuser la paix-cache-misère

La « diplomatie-spectacle » ne suffira jamais à résoudre des injustices structurelles. Proposer la paix en demandant l’effacement de la mémoire, l’abandon des droits et la capitulation du faible, c’est fabriquer un simulacre qui se paiera en vies humaines. Il est urgent que la communauté internationale reprenne ses responsabilités : exiger la fin de l’occupation, conditionner toute aide militaire au respect du droit international et soutenir des mécanismes de justice impartiale.

Les mots « paix » et « sécurité » ne doivent pas servir d’alibis. Ils doivent être adossés à des actes réels et vérifiables. Sinon, nous ne bâtirons que des accords fragiles, des pauses temporaires dans une logique de violence qui reprendra, un jour ou l’autre, sous une autre forme. La vraie question n’est pas de savoir qui signe le prochain « deal », mais qui aura le courage de défendre la justice la seule condition pour qu’enfin, paix et dignité se conjuguent pour tous.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »