Un Nobel de
la paix pour Trump ? Voilà donc où en est tombée notre époque : célébrer les
incendiaires comme pompiers, les bourreaux comme sauveurs, les menteurs comme
prophètes.
Donald Trump
ne pacifie rien, il colonise les mots. Il proclame la paix là où il sème la
guerre. Il s’auto-déclare sauveur pendant que des enfants meurent sous les
décombres de Gaza, pendant que des réfugiés s’entassent dans des camps, pendant
que des drones américains sillonnent le ciel comme des vautours. Et le pire :
il n’est pas seul. Ce n’est pas la folie d’un homme isolé, c’est la logique
d’un empire.
L’empire américain et son bras armé
Depuis des
décennies, les États-Unis prétendent incarner la liberté. En réalité, ils
imposent leur domination par le feu et par le sang. Ils ont bombardé le Vietnam
au napalm, rasé Bagdad au nom de la démocratie, et livré Kaboul aux seigneurs
de guerre. Ils prétendent « protéger Israël », mais ce soutien n’est qu’une
pièce centrale d’un système plus vaste : exporter les guerres, contrôler les
peuples, militariser la planète.
Israël, loin
d’être une exception, est l’atelier militaire de cet empire. Les bombes testées
sur Gaza deviennent des contrats d’exportation. Les logiciels de surveillance,
expérimentés sur les Palestiniens, finissent dans les polices du monde entier.
Les colonies illégales sont maquillées en « accords de paix » avec la
bénédiction de Washington. Israël n’est pas un simple allié : c’est le
laboratoire d’un apartheid mondialisé.
La paix comme marchandise
Que signifie
la « paix » dans ce théâtre ? Rien d’autre qu’un slogan marketing. Trump
s’invente des victoires imaginaires : il dit avoir « réglé » l’Ukraine, «
pacifié » l’Iran, « stabilisé » le Moyen-Orient. Mensonges. Pendant ce temps,
les morts s’accumulent. Les Palestiniens enterrent leurs enfants, les Irakiens
comptent leurs blessés, les Yéménites agonisent sous les bombes. Mais pour l’empire,
tout cela n’existe pas : seule compte la photo, le tweet, la mise en scène.
Les Nobel de
la paix attribués à des dirigeants belliqueux ne sont pas des accidents, mais
des révélateurs. On avait déjà honoré Kissinger alors que le Vietnam brûlait.
On avait salué Obama, prix Nobel de la paix en 2009, alors qu’il multipliait
les frappes de drones et les bases militaires. Aujourd’hui, on ose imaginer
Trump décoré. Voilà la vérité : ce prix, entre leurs mains, n’est plus
qu’une médaille de pacotille offerte aux architectes du chaos.
Le masque de la démocratie
L’arrogance
américaine et israélienne repose sur une idée simple : ils peuvent tout faire
tant qu’ils disent agir pour « la paix ». Occupation ? Sécurité. Bombardement ?
Légitime défense. Sanctions économiques qui affament des millions d’Iraniens ?
Prévention du terrorisme. Apartheid en Cisjordanie ? Réalisme politique. Tout
est inversé, tout est perverti.
La
diplomatie n’est plus un espace de négociation, c’est une scène de théâtre. Les
peuples, eux, n’y sont jamais invités. On signe des accords sur leur dos, on
trace des frontières sur leurs terres, on décide de leur avenir depuis
Washington ou Tel-Aviv. Et quiconque résiste est immédiatement qualifié de
terroriste, d’extrémiste, d’ennemi de la paix.
La vérité des peuples
Mais les
peuples ne sont pas dupes. La vérité est dans les ruines de Gaza, dans les cris
des mères palestiniennes, dans les villages irakiens détruits, dans les
montagnes afghanes occupées. La vérité est dans les luttes anticoloniales qui
refusent de disparaître. Chaque pierre lancée par un enfant palestinien contre
un char est une accusation contre cet ordre mondial. Chaque manifestation
contre l’OTAN est un refus de la guerre permanente. Chaque dénonciation de
l’apartheid israélien est une affirmation de dignité.
Voilà la
seule paix qui mérite d’être nommée ainsi : la paix des peuples, contre
l’empire, contre le colonialisme, contre l’hypocrisie.
Notre devoir
Attribuer un
Nobel de la paix à Trump ne serait pas seulement absurde, ce serait criminel.
Ce serait effacer les cadavres, normaliser l’apartheid, et valider l’idée qu’un
tweet vaut plus que mille vies. Ce serait admettre que la paix n’est plus une
conquête humaine, mais une opération de communication.
Nous
refusons cela. Nous refusons que les fauteurs de guerre se déguisent en
artisans de paix. Nous refusons que les peuples soient réduits à des
statistiques. Nous refusons que la vérité soit étouffée sous les mensonges
impériaux.
La paix
n’appartient pas aux empires. Elle appartient aux peuples. Elle se construit dans les luttes,
dans la solidarité, dans la résistance. Elle ne se donne pas, elle s’arrache.
Alors oui,
crions-le haut et fort : pas de Nobel pour les fauteurs de guerre ! Pas de
légitimation pour l’apartheid israélien ! Pas d’hommage pour l’empire américain
!
La paix ne sera jamais le produit d’un tweet, ni d’une bombe. Elle sera l’œuvre
des peuples qui, malgré les massacres, continuent de résister.
Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient
comme ça. »

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