La
résolution 2797, adoptée par le Conseil de sécurité de l’ONU, s’inscrit dans la
continuité d’une série de textes où l’ambiguïté devient une méthode. En
exhortant les parties à reprendre les discussions « sérieuses et sans
conditions préalables », tout en considérant la proposition marocaine d’autonomie
comme « crédible et réaliste », le Conseil semble vouloir réconcilier deux
approches fondamentalement opposées : l’autonomie sous souveraineté marocaine
et l’autodétermination du peuple sahraoui.
Cette
formulation n’est pas nouvelle. Depuis la résolution 1754 (2007), l’ONU a
remplacé l’idée d’un référendum d’autodétermination — initialement au cœur du
mandat de la MINURSO — par la recherche d’une « solution politique juste,
durable et mutuellement acceptable ». Ce glissement sémantique a progressivement
transformé la question du Sahara occidental : d’un droit à exercer, elle est
devenue un objet de négociation.
Un équilibre diplomatique qui entretient le statu quo
Le langage
choisi par le Conseil de sécurité est délibérément flou. Il permet à chaque
partie d’y trouver une forme de validation :
Le Maroc met en avant la reconnaissance de
sa proposition comme « base crédible et réaliste », y voyant un appui implicite
à sa souveraineté sur le territoire.
Le Front Polisario, quant à lui, se réfère à la
mention de « l’autodétermination » pour réaffirmer le droit du peuple sahraoui
à choisir librement son avenir.
Mais cette
double lecture, censée encourager le compromis, aboutit en pratique à un
blocage total. Chacun campe sur ses positions, convaincu que le temps ou la
diplomatie finiront par lui donner raison. Le Conseil, de son côté, se contente
de gérer la stabilité régionale plutôt que de résoudre la question de fond.
De la
neutralité à la paralysie
Les
résolutions successives — de la 1754 (2007) à la 2654 (2022), jusqu’à la
récente 2797 (2025) — reprennent presque mot pour mot les mêmes formulations.
Cette répétition traduit moins une continuité qu’une incapacité à évoluer.
La Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (MINURSO)
demeure, malgré son nom, privée de tout mandat pour organiser un référendum ou
même surveiller les droits humains. Elle symbolise le paradoxe d’une présence
onusienne sans pouvoir politique réel.
Sous couvert
de neutralité, l’ONU a fini par institutionnaliser le statu quo. L’ambiguïté
qui devait permettre le dialogue est devenue un instrument d’immobilisme. Elle
offre au Maroc le confort diplomatique du soutien tacite de puissances
influentes, et au Polisario l’illusion que la cause de l’autodétermination
reste vivante dans le discours international.
Le prix de l’ambiguïté : une paix différée
Le maintien
de ce flou diplomatique a un coût humain et politique.
Sur le terrain, le peuple sahraoui demeure privé de toute perspective claire.
Dans les camps de réfugiés de Tindouf comme dans les territoires contrôlés par
le Maroc, l’incertitude nourrit la frustration et la désillusion.
Sur le plan régional, le blocage empêche toute intégration maghrébine réelle,
tandis que les tensions entre le Maroc et l’Algérie continuent de se renforcer.
L’ONU, en
évitant toute position tranchée, préserve son unité mais sacrifie sa
crédibilité. À force de vouloir ménager les équilibres diplomatiques, elle a
transformé un processus de paix en un rituel annuel de reconduction de
résolutions.
Clarifier
pour avancer
Reconnaître
cette ambiguïté n’est pas un rejet de la diplomatie, mais un appel à la
lucidité.
Une solution politique durable ne pourra émerger que si les termes du débat
sont clairement posés : Soit il s’agit de négocier les modalités d’une
véritable autodétermination, conforme au droit international ;
Soit il
s’agit de discuter d’une autonomie encadrée par la souveraineté marocaine, en
assumant cette orientation politique.
Mais vouloir
concilier les deux dans un même texte, c’est refuser de choisir — et donc condamner
le processus à tourner en rond.
Conclusion
La
résolution 2797 n’est pas seulement un texte diplomatique : elle est le symbole
d’une méthode devenue une impasse.
Tant que le Conseil de sécurité continuera à parler de « solution mutuellement
acceptable » sans définir clairement les paramètres de cette acceptation, le
Sahara occidental restera le théâtre d’une paix différée, suspendue à une
ambiguïté qui ne profite qu’au statu quo.
L’Algérie la
voix de son délégué a toutefois souligné que le texte ne reflète ni fidèlement
ni suffisamment la doctrine des Nations Unies sur la décolonisation — une
doctrine qui a permis à de nombreux pays d'adhérer aux Nations Unies.
Quant aux lacunes
du texte. Celui-ci ne répond pas aux attentes et aux aspirations légitimes du
peuple du Sahara occidental, représenté par le Front Polisario, qui lutte
depuis plus de 50 ans pour déterminer son propre avenir. Privilégier une option
au détriment des autres limites la créativité et la flexibilité nécessaires à
la conclusion d'un accord conforme à la doctrine de décolonisation des Nations
Unies. Le texte crée également un déséquilibre en mettant l'accent sur les
ambitions territoriales d'une partie tout en négligeant les aspirations du
peuple sahraoui, son avis, en tant que partie au conflit, doit être entendu.



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