Parfois il m'est utile de le dire !

                                                                                                          Oh! Colombe, transmets mon salut d...

Le Maroc/Sahara Occidental : le triomphe de la forfaiture

 

Le Marocain d'ajourd'hui

Alors que Rabat célébrait bruyamment le renouvellement du mandat de la MINURSO, la résolution du Conseil de sécurité réaffirme le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Sahara Occidental, Maroc, ONU, MINURSO, autodétermination, Front Polisario, décolonisation, diplomatie, Afrique du Nord, droit international, Algérie, Conseil de sécurité

La diplomatie est souvent l’art de transformer un échec en victoire narrative. Ce vendredi, à New York, le Maroc a célébré à grand renfort de drapeaux et de communiqués une prétendue « victoire » au Conseil de sécurité. Pourtant, le texte adopté ne modifie en rien la réalité du terrain : le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination reste au cœur du mandat onusien, et la mission de la MINURSO demeure inchangée.

Une victoire du récit, pas du droit

Depuis des semaines, les relais diplomatiques marocains annonçaient une percée historique : la reconnaissance du plan d’autonomie comme seule base crédible de règlement. Mais la résolution votée à New York réaffirme la recherche d’une solution politique, juste, durable et mutuellement acceptable, conforme à la Charte des Nations unies — et garantissant explicitement le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.

Ce rappel met fin à toute ambiguïté : le Sahara Occidental reste un territoire non autonome sous surveillance onusienne, non une province marocaine. Le plan d’autonomie de Rabat demeure une proposition parmi d’autres, pas une vérité consacrée.

L’isolement derrière le rideau diplomatique

L’enthousiasme officiel masque une réalité diplomatique bien moins flatteuse. La Russie, la Chine et le Pakistan ont refusé de cautionner le glissement américain vers une approche unilatérale. Moscou a parlé d’une « démarche de cow-boy », Pékin a rappelé le caractère universel du principe d’autodétermination, et l’Algérie s’est abstenue, estimant que le texte restait insuffisant.

Même les États ayant voté pour ont pris soin de nuancer leur soutien. La représentante du Danemark a déclaré :

« Ce vote ne reconnaît pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental. »

Le Panama, proche allié de Washington, a évoqué « le Maroc, le Front Polisario et les États frontaliers » comme parties au conflit — formule qui contredit directement la narration marocaine selon laquelle l’Algérie ne serait qu’un simple observateur.

La MINURSO, symbole du statu quo

Autre défaite discrète : la durée du mandat. Washington et Rabat souhaitaient un renouvellement limité à six mois, pour exercer une pression politique sur le Front Polisario. Le Conseil de sécurité a imposé une prolongation d’un an, signe que la communauté internationale refuse d’abandonner le cadre multilatéral et continue de considérer la question sahraouie comme un dossier onusien, non marocain.

Cette ligne, apparemment technique, révèle un message clair : la communauté internationale n’a pas validé la marocanité du Sahara Occidental.

Derrière les drapeaux, un peuple oublié

Pendant que Rabat célèbre sa « victoire diplomatique », des dizaines de milliers de Sahraouis survivent dans les camps de Tindouf, en exil depuis près d’un demi-siècle. Dans les territoires occupés, les défenseurs sahraouis des droits humains sont arrêtés, torturés, réduits au silence. Le référendum d’autodétermination promis en 1991 n’a jamais eu lieu.

Chaque année, la MINURSO est reconduite sans mandat pour organiser ce vote. Chaque année, la promesse de l’ONU s’éloigne un peu plus, tandis que la diplomatie marocaine perfectionne l’art du triomphe médiatique. Mais la communication n’efface pas l’occupation.
La stabilité sans justice n’est qu’une illusion coloniale.

Entre le silence et la justice, il faut choisir

Le droit à l’autodétermination n’est pas une faveur : c’est un principe fondamental du droit international. Tant qu’il restera inscrit dans les résolutions de l’ONU, aucune diplomatie ne pourra transformer une défaite politique en victoire historique.

Le Maroc a gagné la bataille des images, mais perdu celle du texte.
Et tant qu’un peuple attendra que la promesse d’un référendum soit tenue, la vérité résistera à toutes les manipulations diplomatiques. Parce que la communication passe,
mais le droit, lui, demeure.

A/Kader Tahri / Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »  
https://kadertahri.blogspot.com/

 

 


Aucun commentaire: