Parfois il m'est utile de le dire !

                                                                                                          Oh! Colombe, transmets mon salut d...

Sahara occidental : Le piège de Rabat reconnaître ce qu’il nie !

 

Présentée comme une victoire pour le Maroc, la dernière résolution de l’ONU sur le Sahara occidental s’est en réalité transformée en un retour au droit international et au principe d’autodétermination. Derrière la rhétorique triomphaliste, Rabat se retrouve piégé par le cadre juridique qu’il croyait pouvoir manipuler, tandis que l’Algérie et ses alliés replacent le dossier dans sa nature première : celle d’une décolonisation inachevée.

Une victoire de façade, une défaite de fond

Les médias proches du pouvoir marocain ont salué la résolution du Conseil de sécurité comme une confirmation implicite de la “marocanité” du Sahara. Mais une lecture attentive du texte montre tout le contraire.
Sous la pression discrète mais efficace de l’Algérie et de ses alliés — Russie, Chine et pays du Mouvement des non-alignés —, le langage juridique du document a été profondément modifié :

  • Le plan d’autonomie marocain n’est plus présenté comme “la seule solution réaliste”, mais comme “une base réaliste de négociation”.
  • Le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui a été réaffirmé.
  • Le mandat de la MINURSO a été prolongé, confirmant le statut de territoire non autonome du Sahara occidental.

Derrière ces ajustements se cache un véritable renversement diplomatique : le Maroc croyait verrouiller le dossier, il l’a rouvert.

Le droit international, l’arme du peuple sahraoui

Depuis l’avis de la Cour internationale de Justice (1975), la position du droit international est sans équivoque : les liens historiques évoqués par Rabat n’équivalent pas à une souveraineté.
La résolution 1514 (XV) de 1960, sur la décolonisation, érige le droit à l’autodétermination en norme impérative du droit international public.
Ainsi, aucune formule politique — fût-elle habillée d’autonomie — ne peut annuler le droit d’un peuple à décider librement de son avenir.

Cette base juridique solide, souvent éclipsée par la propagande, est redevenue le terrain principal du combat sahraoui et de la diplomatie algérienne.
Le Sahara occidental n’est pas une “région” marocaine : c’est un territoire en attente de décolonisation, reconnu comme tel par les Nations Unies.

L’intelligence diplomatique d’Alger : du rapport de force à la légitimité

Alors que Rabat misait sur le soutien américain et la reconnaissance de Trump en 2020, l’Algérie a choisi la patience et la cohérence.
En s’appuyant sur ses relations solides à l’Est et au Sud, elle a réussi à transformer un projet pro-marocain en un texte onusien équilibré, fondé sur la légitimité internationale.

Cette diplomatie du droit a replacé le débat sur le terrain des principes, non des pressions.
Le résultat est sans appel : la communauté internationale ne reconnaît pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, et toute solution devra passer par une consultation libre du peuple sahraoui.

Le discours royal : une manœuvre de repli

Le roi Mohammed VI, dans son discours suivant la publication de la résolution, a appelé à “tendre la main” à l’Algérie. Derrière ce ton d’apaisement se cache une tentative d’anticiper les conséquences politiques du texte onusien.
Mais Alger a répondu par la constance : “Nous ne négocions pas sur un territoire qui ne nous appartient pas.”
Cette position ferme renvoie le Maroc à son seul choix possible : reconnaître et négocier avec les représentants légitimes du peuple sahraoui

Le piège de Rabat : reconnaître ce qu’il nie

En se réjouissant trop vite, le Maroc est tombé dans sa propre embuscade.
Accepter de revenir à la table des négociations, c’est reconnaître le Front Polisario comme interlocuteur légitime. Admettre le cadre onusien, c’est accepter que l’indépendance soit une option possible. Et prolonger le mandat de la MINURSO, c’est reconnaître implicitement que le territoire n’est pas marocain.

Ainsi, la “victoire diplomatique” s’est muée en défaite stratégique : Rabat doit désormais dialoguer avec ceux qu’il prétend ne pas exister.

A/Kader Tahri / Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »  
https://kadertahri.blogspot.com/

 

 

 


Toujours les Algériens : la vieille obsession coloniale de la France

 

Chaque fois que la France cherche un exutoire à ses angoisses, elle ressort le même spectre : l’Algérien. Toujours lui. Toujours cet étranger supposé irréductible, menaçant, envahissant — l’ombre commode sur laquelle on projette les peurs et les lâchetés d’une nation en perte de repères.

Et voici que, sous couvert de « remettre en question les accords franco-algériens de 1968 », on rejoue le vieux théâtre de la haine. Une fois encore, des tribunes d’extrême droite recyclent le fantasme de l’« invasion », le mythe de la « remigration », la rengaine de l’« Algérie coupable ». Derrière le prétexte administratif, c’est toujours la même musique : faire des descendants des colonisés les boucs émissaires des malaises français, c’est  derrière la dénonciation des accords franco-algériens de 1968, la même vieille rengaine colonialiste et xénophobe que  L’extrême droite, héritière de l’OAS, n’a jamais digéré l’indépendance algérienne, elle  n’a que la haine à offrir.  

La colonisation n’est pas finie : elle a changé de costume

Le racisme d’aujourd’hui ne parle plus la langue brutale du colonialisme ; il se pare d’une respectabilité parlementaire, d’une indignation patriotique.
Les mots ont changé, pas la logique : « invasion », « insécurité », « islamisation », « retour chez eux » — tout cela traduit la même pulsion de domination, la même nostalgie d’un ordre blanc et sûr de lui.

Sous couvert de « souveraineté nationale », c’est la vieille supériorité coloniale qu’on ressuscite : celle d’une France qui s’imagine encore pouvoir trier entre les bons et les mauvais étrangers, entre ceux qui méritent la République et ceux qu’elle rejette au nom de leur origine.
C’est une France en miroir, qui ne supporte pas de voir dans l’Algérien le reflet de son propre passé impérial.

Une manipulation politique déguisée en débat d’idées

Qu’on ne s’y trompe pas : cette prétendue « remise en question des accords de 1968 » n’a rien d’un débat juridique.
C’est un signal politique, un test de ralliement à la droite dure et à l’extrême droite. On ne parle plus d’économie, ni de diplomatie : on désigne des coupables.

Les chiffres sont manipulés, les réalités sociales déformées, les nuances effacées.
On ne distingue plus entre les Algériens, les Franco-Algériens, les musulmans, les immigrés — tout est fondu dans un même bloc menaçant. C’est ainsi que l’on fabrique une peur. C’est ainsi que l’on prépare les esprits à la haine.

Les héritiers du mépris colonial

Le plus insupportable, c’est cette inversion morale : ceux-là mêmes qui refusent de regarder la colonisation en face se posent désormais en victimes.
Ils crient à la « revanche coloniale », osent parler de « colonisation à rebours », comme si les quartiers populaires de Seine-Saint-Denis étaient des armées d’occupation.
C’est le mensonge le plus obscène de notre époque : transformer les enfants de l’exil et de la misère en conquérants.

La vérité, c’est que la France n’a jamais vraiment décolonisé sa tête.
Elle a retiré son drapeau d’Alger, mais elle garde dans ses discours l’arrogance d’hier.
Elle se refuse à comprendre que les liens entre les deux peuples sont indélébiles, faits de mémoire, de sang, de travail, de culture et de douleur partagée.
Ce que certains veulent « couper », c’est ce cordon symbolique qui relie la France à sa propre histoire — une histoire qu’ils détestent parce qu’elle leur rappelle leur responsabilité.

La remigration : euphémisme pour purification

Le mot est lâché, tranquillement : «rémigration». Sous cette apparente neutralité se cache la tentation la plus sinistre — celle d’un nettoyage ethnique à la française, maquillé en programme politique.
Ce terme n’a rien d’un concept : c’est un mot de haine, forgé pour rendre présentable l’impensable.

Ce n’est plus la République qui parle, c’est la revanche de la peur, l’appel du sang.
Et pendant que les plateaux télé déroulent le tapis rouge à ces idées morbides, la société s’habitue. Petit à petit, la violence verbale prépare la violence réelle.

La question n’est pas de savoir si les accords de 1968 doivent être modernisés.
La vraie question est : quelle France voulons-nous être ?
Une France qui érige des murs, ou une France qui regarde son passé en face et construit des ponts ?
Une France qui reproduit la hiérarchie coloniale sous des mots neufs, ou une France capable d’égalité réelle ?

Il est temps de dire non.
Non à cette obsession morbide de « l’Algérien » qui hante encore la conscience française. La République ne sera fidèle à elle-même que lorsqu’elle cessera de confondre justice et vengeance, mémoire et amnésie, identité et exclusion.

L’Algérien comme alibi de la décadence française :  

Chaque fois que la France échoue à se penser, elle accuse l’Algérien.
Chaque fois que son modèle économique se fissure, que ses banlieues brûlent, que sa jeunesse s’égare, elle ressort le vieux coupable colonial.
Car il est plus facile d’accuser les fils de l’immigration que d’affronter les trahisons sociales, la corruption, les inégalités, l’abandon républicain.

Ce n’est pas l’Algérien qui hante la France — c’est la honte française.

A/Kader Tahri / Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »  
https://kadertahri.blogspot.com/

 

Maroc : le Royaume-spectacle se raconte et un peu trop mal.

Le 31 octobre 2025, l’ONU aurait, selon la communication officielle, « consacré la vision marocaine » dans le dossier du Sahara. Une victoire diplomatique, nous dit-on, une leçon de leadership. Mais derrière l’enthousiasme, se cache une réalité plus inquiétante : le Maroc se raconte comme une légende et se regarde dans un miroir sans taches.
La grandeur proclamée devient un écran, et le patriotisme, un instrument de docilité.

On nous dit que le Maroc est une école de leadership. Soit. Mais quelle école célèbre la parole unique, la pensée alignée, la victoire sans débat ?
On nous parle de vision, de destin, de momentum ; on oublie la sueur des invisibles, la colère des exclus, le silence imposé à ceux qui osent questionner la « cause sacrée ».
Ce n’est pas une école de leadership, c’est une cathédrale de courtisans.
Le Maroc mérite mieux que la mise en scène de sa propre gloire : il mérite la vérité, la justice, et la liberté d’écrire son avenir autrement qu’en hymne au trône
.

Au citoyen, on lui  intime de célébrer un « leadership à ciel ouvert », il suffit de proclamer la grandeur pour qu’elle devienne vérité officielle. Il suffit d’un vote à l’ONU pour effacer cinquante ans d’ambiguïté politique. Il suffit d’une plume inspirée pour transformer la politique en religion, la monarchie en prophétie, et la nation en procession d’admirateurs.

La presse sert un pays triomphant, un Royaume debout, une « vision » qui illumine les consciences du nord au sud… en oubliant de préciser que seul le Roi dispose des lunettes pour la contempler. Car ce leadership qu’on glorifie tant n’est pas une école : c’est un catéchisme. Et les citoyens marocains  seraient des mauvais élèves s’ils osaient lire autre chose que le manuel sacré.

Patriotisme ou loyalisme ?

Depuis ce fameux vote, un parfum d’auto-congratulation flotte sur le Royaume.
Les tribunes s’enchaînent, les mots se répètent : vision, constance, foi, destin. Le Maroc, dit-on, serait devenu une « école de leadership à ciel ouvert ».

Mais à y regarder de près, cette célébration tient davantage de la liturgie que du débat.
Le leadership vanté n’est pas un partage de pouvoir, c’est une verticalité absolue.
Un récit mythologique où le Roi incarne la clairvoyance, le peuple la ferveur, et l’histoire une marche triomphale vers la reconnaissance universelle.

Cette glorification n’enseigne rien : elle anesthésie. Elle transforme la politique en religion d’État, où contester revient à blasphémer.

Le sujet de la presse nous explique que l’Histoire n’a qu’une trajectoire, une marche — verte, forcément verte — tracée par les monarques éclairés. Les peuples marchent, eux ne font qu’obéir. L’unité nationale devient soumission, le devoir se confond avec la déférence. Au Maroc, aimer son pays revient à aimer son Roi — ne pas confondre, malheureux !

Mais le patriotisme n’est pas une liturgie. Il n’est pas dans les défilés, ni dans les grands discours de victoire. Il est dans la capacité à douter, à interpeller, à corriger. Or ici, douter est une faute. Interroger est une menace. Et corriger un crime. Ce pays n’a pas besoin d’apôtres du leadership : il a besoin de citoyens.

Le leadership véritable commence où s’arrête la mise en scène

Quelle étrangeté que ce mot, « leadership », ressassé trois fois par paragraphe jusqu’à en perdre toute substance. Peut-être veut-on nous faire oublier ce qu’il implique vraiment : responsabilité, recevabilité, transparence — bref, tout ce que ce texte esquive avec soin.

Le mot « leadership » est devenu le totem de la rhétorique royale. On le répète à l’infini comme pour conjurer l’absence de participation réelle. Mais que vaut un leadership sans démocratie ?
Un leadership sans responsabilité, sans transparence, sans critique ?

Les grandes décisions descendent du sommet, les félicitations remontent du bas.
La machine fonctionne à merveille : chacun connaît son rôle, personne ne pose de questions.

Pendant qu’on s’enorgueillit des victoires diplomatiques,
les journalistes sont incarcérés (
Il me suffit de dire que le Plus vieux détenu politique de la planète est marocain, Me Ziane 83 ans.) les enseignants manifestent, les jeunes diplômés fuient le pays et les régions entières attendent encore d’être écoutées.

Ce n’est pas du leadership : c’est de l’illusionnisme politique dans une époque qui est à la mise en scène. Le Maroc ne gouverne plus : il communique.
Chaque événement devient un momentum, chaque projet une « vision royale », chaque succès sportif une preuve de génie national. Mais cette communication permanente a un coût : celui de la vérité. Les fractures sociales, le chômage endémique, les inégalités régionales, la pauvreté silencieuse — tout cela disparaît sous le vernis du storytelling national. La politique s’efface derrière le marketing. Et le citoyen, lui, devient un consommateur d’illusions patriotiques.

Le triomphe des courtisans

Le Palais officiel parle d’une « dream team royale ».
Tout est dit : nous ne sommes plus dans une communauté politique, mais dans une cour.
Le Maroc n’est plus une agora : c’est une loge d’admiration. Les courtisans se succèdent à la télévision pour tresser lauriers et hyperboles.
Le courage intellectuel, lui, se tait ou s’exile. Et dans ce vacarme de louanges, le peuple devient spectateur d’une grandeur qu’il ne ressent plus. Une nation sans contradiction est une nation qui se prive de vitalité. Le pluralisme n’est pas un luxe : c’est un acte de santé publique.

Le Maroc des marges : le seul leadership qui vaille

Heureusement, un autre Maroc existe — hors du champ des caméras. Celui des travailleurs précaires, des enseignants en lutte, des jeunes qui inventent sans moyens, des associations locales qui résistent à l’asphyxie bureaucratique.
Un Maroc invisible mais vivant, indocile, créatif. C’est là que se construit le leadership réel :
dans la désobéissance constructive, la pensée libre, la dignité quotidienne.
Pas dans les discours calibrés ni les communiqués d’autosatisfactions.

Quel est le problème si la décision revient, en fin de compte, au référendum. C’est aux sahraoui de choisir entre indépendance et autonomie.
Le Maroc n’a rien gagné ici. Inscrire l’autonomie comme une « option » de vote pour les sahraoui n’a rien d’une victoire pour le Maroc. Bien au contraire, il s’agit plutôt d’une propagande pour masquer un échec, car le makhzen voulait inscrire « l’autonomie » comme seule et unique option.
L’autodétermination reste donc la solution intangible.

Alors que l’on cesse de vendre aux Marocains une grandeur importée par communiqué diplomatique. Que l’on accepte enfin que le Maroc a besoin de débats, de pluralisme, de liberté.  Que la fierté nationale ne soit plus synonyme d’allégeance.

Car le véritable leadership marocain n’appartient pas aux monarques — il appartient à ceux qui refusent d’être spectateurs de leur propre histoire.

En répétant, sous des formes pseudo-journalistiques, les mêmes narrations négatives, ces médias finissent par façonner un imaginaire collectif où l’Algérie serait un acteur du passé, et le Maroc, un modèle d’avenir.
Cette mécanique, typique de la guerre informationnelle moderne, repose moins sur le mensonge direct que sur la distorsion du réel, la dramatisation et la répétition.
On sait de nos voisins du Maroc, c'est toute leur culture historique qui s'exprime ainsi et tous les sous-entendus de leur stratégie du chaos et leur idéologie monarchiste... Ce n'est pas brillant, bien que la bêtise soit inouïe, la boucle du Roi est bouclée. !

A/Kader Tahri / Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »  
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Maroc : Une haine étendue contre les Algériens

 

Il est des textes qui, tout en exprimant une colère légitime, révèlent la profondeur d’un malentendu. Celui intitulé « Pourquoi cette haine maladive contre le Maroc ? » en fait partie.
Écrit dans un ton passionné, il dit la douleur d’une partie de la société marocaine face à ce qui est perçu comme une hostilité persistante de l’Algérie.
Mais au-delà de cette émotion, il illustre aussi combien nos peuples sont prisonniers d’un récit qui, depuis soixante ans, oppose artificiellement deux nations sœurs.

Avant de lancer ma réponse, je constate que l’analyse du texte en question me permet de dire que :

L’auteur pose la question : « Pourquoi cette haine maladive contre le Maroc ? »
Mais en réalité, ce n’est pas une question ouverte : il part d’un postulat — celui que l’Algérie (ou ses dirigeants) nourrit une haine obsessionnelle et injustifiée envers le Maroc. Le texte cherche donc moins à comprendre qu’à dénoncer et convaincre.

Le texte repose sur une rhétorique morale et fraternelle : Le Maroc est présenté comme un frère bienveillant, un soutien historique, pacifique et loyal. L’Algérie officielle, elle, est dépeinte comme ingrate, hostile, endoctrinée, voire malade de haine. 

Cette approche vise à rallier l’émotion du lecteur marocain et à culpabiliser le lecteur algérien.  (Ce que je dénonce fortement)
Mais elle risque de fermer le dialogue, car elle part d’un jugement plutôt que d’une recherche mutuelle de compréhension.

L’auteur rappelle à juste titre : Le soutien marocain à la guerre d’indépendance algérienne. Le conflit du Sahara comme élément déclencheur de la discorde. La fermeture des frontières, la rupture diplomatique et la campagne médiatique hostile.

Mais il omet : La guerre des sables (1963), vécue par les Algériens comme une agression. Les revendications territoriales marocaines post-indépendance, perçues en Algérie comme une trahison. Le rôle des puissances étrangères (France, États-Unis, URSS, puis aujourd’hui Israël et la Russie) dans l’alimentation de la rivalité.

Ce biais de sélection historique rend le texte partisan : il vise à convaincre que la faute est uniquement du côté algérien.

Cette oscillation traduit une tension entre colère et désir de réconciliation.
Mais en associant sans nuance « les Algériens » à « leur régime », l’auteur efface la diversité d’opinions qui existe en Algérie — notamment chez les jeunes, les intellectuels et les militants pacifistes.

L’objectif du texte est politique et identitaire : Délégitimer la position algérienne. Réaffirmer la légitimité du Maroc sur la question du Sahara. Mobiliser l’opinion publique marocaine dans une posture de victime noble et raisonnable.

Aussi je simple Algérien que je suis, et surtout libre dans mes propos, je peux avancer en toute fierté que la haine n’est pas une essence algérienne, mais une vérité marocaine. Elle est un produit politique, une construction historique qui a remplacé le dialogue par la suspicion, et la mémoire par le ressentiment.

Un héritage d’histoire et de blessures

Oui, le Maroc a apporté un soutien réel à la guerre d’indépendance algérienne. Oui, Mohammed V a ouvert sa frontière et offert une solidarité sans calcul.
Mais il est tout aussi vrai que les premières années de l’indépendance ont laissé des blessures profondes.

Aussi, un peu d’histoire pour rappel sur la période sensible de l'Émir Abdelkader, le Père de la Nation Algérienne, 

Le sultan du Maroc, Moulay Abderrahmane, ayant reçu une défaite dans la bataille d'Isly, s'est soumis à la France, et paraphé le traité de Tanger ayant une visée unique, à savoir, interdire à l'Émir Abdelkader tout repli vers le Maroc. Dans ce sens, on peut lire l'article 4 dans ce traité conclu à Tanger le 10 septembre 1844 :

Article 4 : Hadj Abdelkader est mis hors la loi dans toute l'étendue du royaume du Maroc, aussi bien qu'en Algérie. Il sera en conséquence poursuivi à main armée par les Français sur le territoire de l'Algérie, et par les Marocains sur leur territoire jusqu'à ce qu'il en soit expulsé ou qu'il soit tombé au pouvoir de l'une ou de l'autre nation. 

La guerre des sables de 1963, souvent occultée dans les discours officiels, a durablement marqué les esprits. Pour les Marocains, elle symbolise une trahison de la fraternité maghrébine ; pour les Algériens, une agression d’un pays voisin alors qu’ils sortaient à peine d’un siècle de colonisation.

Ce conflit, né de frontières tracées par le colonisateur et jamais réellement discutées entre États libres, a ouvert la voie à une méfiance institutionnalisée. Depuis, chaque génération a hérité non pas de souvenirs communs, mais de rancunes administrées.

Le 2 mars 1973 : le Makhzen Marocain dépossède les Algériens qui vivent sur son sol de leurs biens (40% du patrimoine foncier agricole public marocain appartenait aux immigrés algériens, confisqué et attribué aux juifs). La question des biens des Algériens au Maroc, dont une bonne partie est constituée de riches possessions, est un élément important du contentieux entre l'Algérie et le Maroc.

En 1994, suite à un attentat terroriste à l'hôtel à Marrakech, le Maroc l'attribue à l'Algérie, expulse plusieurs dizaines de milliers de touristes algériens, après les avoir maltraités. Le Maroc a aussitôt fait porter toute la responsabilité à l'Algérie et instauré immédiatement le visa pour les Algériens

Des régimes qui se nourrissent du face-à-face

La vérité, aussi dure soit-elle, est que les régimes des deux pays ont eu besoin l’un de l’autre comme repoussoir.
À Alger comme à Rabat, le voisin sert souvent à détourner l’attention, à souder une unité intérieure menacée ou à justifier des choix politiques.
L’Algérie officielle a parfois utilisé la question du Sahara comme ciment de principe; le Maroc, de son côté, a mobilisé le sentiment national autour de cette même question pour consolider sa cohésion.

Résultat : la politique étrangère est devenue une scène d’affirmation identitaire, où chaque geste de l’autre est interprété comme provocation.
Pendant ce temps, les frontières restent closes, les échanges économiques sont quasi inexistants, et le rêve d’un Maghreb uni — pourtant inscrit dans les constitutions — s’éloigne un peu plus chaque année.

Une presse sous pression, miroir d’une parole confisquée

Il me suffit de dire que le Plus vieux détenu politique de la planète est marocain, Me Ziane 83 ans.

En effet, les médias du Makhzen en bon bergag ont toujours su orchestrer ce type de campagnes qui tendent à discréditer le voisin algérien pour l’accuser de vouloir déstabiliser de facto le Maroc et se déclare comme un pays victime de l’ostracisme des autorités algériennes, ce qui a donné lieu à un festival d’idioties médiatisées, qui sont devenues des hypothèses sur des hypothèses et des supputations sur supputations et juste à part vendre de la fumée.

En effet, à ce titre, le Tberguig médiatique reste le point noir est dans les relations tumultueuses Algero-Marocaines.

Devant un tel enthousiasme pour la médisance et le commérage marocain, ainsi que toutes les élucubrations journalistiques marocaines, la tête en l’air, gobent les mouches, nous, Algériens, avons préféré ne rien dire 

Cette instrumentalisation politique de la rivalité s’est aussi répercutée sur le terrain médiatique et culturel.  Pour l’instant les intellectuels et leaders d’opinion du Maroc sont tétanisés ou sont dans des combats d’arrière-garde. Toujours les mêmes contenus approximatifs en forme de slogans. De si gros mensonges qui font qu’on se demande si ces gens ne pensent pas que plus c’est gros plus c’est susceptible de marquer certains d’entre nous. Des mensonges si mielleux quelquefois qu’ils finissent par avoir un accent de sincérité involontaire : « je suis bien un royaliste et j’espère bien venir à bout de toi ».

Le Maroc a le droit de se défendre

 Le chroniqueur cite le Maroc en exemple, rappelant que Rabat a reconnu Israël, contrairement à Alger. Mais il omet un petit détail : la normalisation marocaine a été « achetée » par la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Autrement dit, il y avait une contrepartie géopolitique concrète.

En Algérie, aucune telle compensation n’existe. Pourquoi donc Alger céderait-il gratuitement ce que Rabat a obtenu à prix fort ? La diplomatie n’est pas une loterie morale, c’est une négociation permanente

Ah, le Maroc, ce héros discret qui a reconnu Israël. Sauf qu’il l’a fait en échange d’une reconnaissance américaine du Sahara occidental. Un troc pur et simple. Mais ce détail est soigneusement mis de côté.

Dans la chronique, Rabat est noble, Alger est haineux. On se demande si l’auteur croit vraiment à cette version ou s’il a juste peur d’avouer la vérité : que la diplomatie, c’est d’abord un marché, et que tout le monde joue à ce petit jeu.

Le Sahara, symbole d’une fracture mal comprise

Le texte marocain évoque à juste titre le rôle central du dossier du Sahara. Mais il le réduit à un “prétexte”, ce qui est une erreur d’analyse.
Pour le Maroc, le Sahara représente un lien territorial et historique ; pour l’Algérie, la cause sahraouie est l’expression d’un principe fondateur : le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, hérité de sa propre lutte anticoloniale.
Ces deux positions ne sont pas nécessairement irréconciliables — mais elles ont été instrumentalisées, caricaturées, puis sacralisées.
De pauvres imbéciles tentent d’instrumentaliser le droit international si bousculé pour de petites opérations du Palais.

L’annexion du Sahara Occidental est une décision politique circonstancielle sans intérêt, une territoire qui n’a jamais été marocain ni historiquement ni ethniquement ni juridiquement.

Aujourd’hui, aucun des deux peuples n’a voix au chapitre sur cette question.
Le débat est confisqué par les appareils d’État et les médias contrôlés, qui présentent toute nuance comme une trahison.
C’est ainsi qu’un conflit diplomatique devient une fracture identitaire, et qu’un désaccord politique se transforme en haine nationale.

Les peuples, eux, ne se haïssent pas

Pourtant, quiconque a voyagé entre Tlemcen et Oujda, entre Casablanca et Oran, sait que la haine n’existe pas dans la rue.
Les Algériens et les Marocains partagent bien plus qu’une frontière : une langue, une culture, une foi, une mémoire tissée de musiques, de proverbes et d’histoires communes.
Dans les cafés, sur les réseaux, dans les familles mixtes, on trouve davantage de nostalgie que de rancune.
Ce qui existe, c’est une haine d’État, entretenue par la fermeture des frontières, l’absence de rencontres et la manipulation des imaginaires.

Fermer les frontières, c’est fermer les cœurs.
Et quand les peuples cessent de se voir, d’échanger, de débattre, la peur et le préjugé prennent la place de la connaissance.

L’urgence d’une lucidité citoyenne

La réconciliation maroco-algérienne ne viendra pas des chancelleries, ni de sa presse fidèle.
Elle viendra de la société civile, des intellectuels, des journalistes, des artistes, des jeunes.
Elle naîtra de cette volonté d’écouter avant d’accuser, de comprendre avant de juger.
Il ne s’agit pas d’effacer les différends, mais de les penser autrement — sans les mots blessants, sans le lexique de la haine.

Nous avons besoin d’un courage nouveau : celui de désarmer les mots, de rouvrir les routes, de réapprendre à se parler sans médiation politique.
Car la fraternité maghrébine ne se décrète pas : elle se construit, pas à pas, par des citoyens conscients que l’avenir de l’un dépend inévitablement de celui de l’autre.

Un avenir à retrouver

Le Maroc et l’Algérie ne sont pas condamnés à se détester.
Leurs peuples n’aspirent ni à la guerre ni à l’humiliation, mais à la dignité, à la stabilité, à la coopération.
La haine est une politique du passé. La fraternité, elle, peut encore devenir un projet d’avenir.

Un jour viendra, espérons-le, où poser la question « Pourquoi cette haine ? » n’aura plus de sens — parce que nous aurons enfin compris que la haine n’était qu’une illusion, et que la vraie force, depuis toujours, est dans la fraternité.

Alors, un conseil amical au chroniqueur (bergag libre et indépendant) : la prochaine fois qu’il voudra écrire sur l’Algérie, qu’il laisse tomber la morale simpliste et qu’il ouvre un atlas. Cela lui évitera de confondre un conflit géopolitique vieux de 75 ans avec une tragédie de monarchie de poche.

A/Kader Tahri / Chroniqueur engagé, observateur inquiet
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L’ambiguïté du Conseil de sécurité : entre autonomie et autodétermination, un flou qui bloque toute issue au Sahara occidental

 

La résolution 2797, adoptée par le Conseil de sécurité de l’ONU, s’inscrit dans la continuité d’une série de textes où l’ambiguïté devient une méthode. En exhortant les parties à reprendre les discussions « sérieuses et sans conditions préalables », tout en considérant la proposition marocaine d’autonomie comme « crédible et réaliste », le Conseil semble vouloir réconcilier deux approches fondamentalement opposées : l’autonomie sous souveraineté marocaine et l’autodétermination du peuple sahraoui.

Cette formulation n’est pas nouvelle. Depuis la résolution 1754 (2007), l’ONU a remplacé l’idée d’un référendum d’autodétermination — initialement au cœur du mandat de la MINURSO — par la recherche d’une « solution politique juste, durable et mutuellement acceptable ». Ce glissement sémantique a progressivement transformé la question du Sahara occidental : d’un droit à exercer, elle est devenue un objet de négociation.

Un équilibre diplomatique qui entretient le statu quo

Le langage choisi par le Conseil de sécurité est délibérément flou. Il permet à chaque partie d’y trouver une forme de validation :

Le Maroc met en avant la reconnaissance de sa proposition comme « base crédible et réaliste », y voyant un appui implicite à sa souveraineté sur le territoire.

Le Front Polisario, quant à lui, se réfère à la mention de « l’autodétermination » pour réaffirmer le droit du peuple sahraoui à choisir librement son avenir.

Mais cette double lecture, censée encourager le compromis, aboutit en pratique à un blocage total. Chacun campe sur ses positions, convaincu que le temps ou la diplomatie finiront par lui donner raison. Le Conseil, de son côté, se contente de gérer la stabilité régionale plutôt que de résoudre la question de fond.

De la neutralité à la paralysie

Les résolutions successives — de la 1754 (2007) à la 2654 (2022), jusqu’à la récente 2797 (2025) — reprennent presque mot pour mot les mêmes formulations. Cette répétition traduit moins une continuité qu’une incapacité à évoluer.
La Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (MINURSO) demeure, malgré son nom, privée de tout mandat pour organiser un référendum ou même surveiller les droits humains. Elle symbolise le paradoxe d’une présence onusienne sans pouvoir politique réel.

Sous couvert de neutralité, l’ONU a fini par institutionnaliser le statu quo. L’ambiguïté qui devait permettre le dialogue est devenue un instrument d’immobilisme. Elle offre au Maroc le confort diplomatique du soutien tacite de puissances influentes, et au Polisario l’illusion que la cause de l’autodétermination reste vivante dans le discours international.

Le prix de l’ambiguïté : une paix différée

Le maintien de ce flou diplomatique a un coût humain et politique.
Sur le terrain, le peuple sahraoui demeure privé de toute perspective claire. Dans les camps de réfugiés de Tindouf comme dans les territoires contrôlés par le Maroc, l’incertitude nourrit la frustration et la désillusion.
Sur le plan régional, le blocage empêche toute intégration maghrébine réelle, tandis que les tensions entre le Maroc et l’Algérie continuent de se renforcer.

L’ONU, en évitant toute position tranchée, préserve son unité mais sacrifie sa crédibilité. À force de vouloir ménager les équilibres diplomatiques, elle a transformé un processus de paix en un rituel annuel de reconduction de résolutions.

Clarifier pour avancer

Reconnaître cette ambiguïté n’est pas un rejet de la diplomatie, mais un appel à la lucidité.
Une solution politique durable ne pourra émerger que si les termes du débat sont clairement posés : Soit il s’agit de négocier les modalités d’une véritable autodétermination, conforme au droit international ;

Soit il s’agit de discuter d’une autonomie encadrée par la souveraineté marocaine, en assumant cette orientation politique.

Mais vouloir concilier les deux dans un même texte, c’est refuser de choisir — et donc condamner le processus à tourner en rond.

Conclusion

La résolution 2797 n’est pas seulement un texte diplomatique : elle est le symbole d’une méthode devenue une impasse.
Tant que le Conseil de sécurité continuera à parler de « solution mutuellement acceptable » sans définir clairement les paramètres de cette acceptation, le Sahara occidental restera le théâtre d’une paix différée, suspendue à une ambiguïté qui ne profite qu’au statu quo.

L’Algérie la voix de son délégué a toutefois souligné que le texte ne reflète ni fidèlement ni suffisamment la doctrine des Nations Unies sur la décolonisation — une doctrine qui a permis à de nombreux pays d'adhérer aux Nations Unies.

Quant aux lacunes du texte. Celui-ci ne répond pas aux attentes et aux aspirations légitimes du peuple du Sahara occidental, représenté par le Front Polisario, qui lutte depuis plus de 50 ans pour déterminer son propre avenir. Privilégier une option au détriment des autres limites la créativité et la flexibilité nécessaires à la conclusion d'un accord conforme à la doctrine de décolonisation des Nations Unies. Le texte crée également un déséquilibre en mettant l'accent sur les ambitions territoriales d'une partie tout en négligeant les aspirations du peuple sahraoui, son avis, en tant que partie au conflit, doit être entendu.

 A/Kader Tahri / Chroniqueur engagé, observateur inquiet                                                                   « Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »   https://kadertahri.blogspot.com/