Parfois il m'est utile de le dire !

                                                                                                          Oh! Colombe, transmets mon salut d...

Harragas, corruption, désespoir : qui brisera le cercle vicieux algérien ?

L’Algérie possède des ressources immenses, une histoire riche et une jeunesse pleine d’énergie. Pourtant, elle s’enlise dans la corruption, le népotisme et l’immobilisme. Ses jeunes rêvent plus souvent d’exil que d’avenir au pays. Ce paradoxe insupportable doit cesser. L’heure est venue pour l’Algérie de dire la vérité, de briser le conservatisme qui l’étouffe et d’engager des réformes profondes. Le citoyen algérien que je suis appelle à un sursaut national fondé sur la liberté, la justice et la modernité.

L’Algérie est jeune, riche, immense. Elle a tout pour réussir : des ressources abondantes, une histoire millénaire, une jeunesse créative. Et pourtant, elle piétine. Elle s’enlise. Elle se saborde.

Comment accepter ce paradoxe ? Comment un pays doté de tant de forces peut-il offrir si peu de perspectives à sa jeunesse ?

La blessure des harragas

La réalité est brutale : nos jeunes ne rêvent plus d’avenir ici. Ils rêvent de visa, d’exil, ou de traversées au péril de leur vie. Le phénomène des harragas n’est pas marginal. Il est le symptôme d’un système qui ne fonctionne plus.

L’Algérie accueille et fait vivre des millions de migrants étrangers. Mais elle pousse ses propres enfants à fuir. Voilà le scandale. Voilà la blessure.

Un système à bout de souffle

Les causes sont connues.
Une démocratie confisquée.
Des pratiques de pouvoir figées.
Une corruption endémique.
Un népotisme honteux.
Un conservatisme social étouffant.

Tout cela forme une chape de plomb qui écrase les talents, bride l’initiative et tue l’espoir. Le résultat est là : découragement, colère, cynisme.

Le temps des réformes profondes

Assez de promesses creuses. Assez de slogans soporifiques. L’Algérie n’a pas besoin de discours, elle a besoin d’actes. De réformes profondes, radicales, immédiates.

Elle doit se libérer de l’instrumentalisation du religieux et garantir la liberté de chacun de croire ou de ne pas croire, provoquer un choc éducatif et culturel, qui valorise la pensée critique et la créativité, instaurer une liberté d’expression réelle, sans tabous ni peur, où la dissidence est une richesse et non une menace, bâtir une économie propre, débarrassée des clans et des prédateurs, qui récompense le travail et l’innovation.

Dire la vérité, agir enfin

Pour y parvenir, il faut du courage. Le courage de regarder nos échecs en face. Le courage de briser un système obsolète qui vit de l’immobilisme. Le courage, enfin, de dire la vérité.

La vérité n’est pas une arme contre l’adversaire. C’est la base de tout. Gouverner, ce n’est pas répéter des illusions. C’est agir. Réformer. Libérer les énergies.

Une responsabilité historique

L’Algérie peut devenir un État fort, une république moderne, juste et prospère. Elle en a les moyens. Elle en a la jeunesse. Elle en a les ressources. Mais elle n’a plus de temps à perdre.

Si nous échouons aujourd’hui, nous perdrons une génération entière. Et peut-être avec elle l’avenir du pays.

L’appel d’un citoyen

Le citoyen algérien que je suis plaide pour une politique qui œuvre à plus de sécularisation de la société, à un véritable renouveau culturel, à une totale liberté d’expression des voix dissidentes et à un essor économique ne laissant plus qu’une portion congrue à la corruption, au népotisme et aux réflexes claniques.

Le temps est venu d’examiner les causes des échecs, de rectifier les erreurs et de définir de nouvelles options. Des options qui permettront de profonds changements, loin d’un conservatisme social qui étouffe, d’un sentiment obsidional qui mine et du poids de l’Histoire qui entrave.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

 

 

 

Les discours extrémistes en concentre de racisme pur : face à l’islamisme

 

Une réponse citoyenne pour dénoncer la rhétorique alarmiste de certains médias extrémistes qui instrumentalisent la peur de l’islamisation et stigmatisent des millions de musulmans.

Introduction

Depuis plusieurs mois, certains médias à tendance extrémiste saturent l’espace public avec des discours alarmistes sur une prétendue «islamisation» de la France. Derrière une façade d’«analyse», ces textes n’ont en réalité qu’un but : nourrir la peur, stigmatiser des millions de nos concitoyens et polariser le débat politique. Ils instrumentalisent des drames réels – le terrorisme, les tensions internationales, la souffrance des victimes – pour imposer une vision binaire et anxiogène du monde.

Face à cette offensive idéologique, il est de notre responsabilité citoyenne de déconstruire ces mécanismes, non seulement parce qu’ils véhiculent des contre-vérités, mais aussi parce qu’ils mettent en danger la cohésion nationale et les valeurs de la République

Il est temps de dénoncer avec force la mécanique grossière des discours extrémistes qui s’emploient à dresser des murs entre les peuples, en réduisant des réalités complexes à des schémas binaires et simplistes. L’article dont il est question illustre parfaitement ce procédé : d’un côté, la France et Israël seraient les défenseurs héroïques de « l’Occident démocratique », de l’autre, l’islamisme serait ce « totalitarisme conquérant » qui menace nos libertés. Voilà une mise en scène séduisante pour les amateurs de croisades idéologiques, mais absolument toxique pour le débat démocratique.

Car cette rhétorique fait disparaître les nuances essentielles. Elle efface la pluralité des courants de pensée, des débats et des luttes internes au sein même de l’islam. Les musulmans de France, comme ailleurs, ne sont pas un bloc monolithique soumis à une idéologie unique : ce sont des citoyens divers, traversés par des sensibilités multiples, dont beaucoup combattent eux-mêmes l’extrémisme religieux. Mais dans le récit binaire de ces faiseurs de peur, cette réalité est balayée pour ne laisser subsister qu’une opposition brutale entre «nous» et «eux».

Un vocabulaire biaisé et stigmatisant
L’auteur emploie des termes volontairement chargés – « reculades », « capitulation », « rue arabe », « nouvelle France arabo-musulmane » – qui ne décrivent pas une réalité mais construisent un récit de menace permanente. Cette rhétorique entretient une vision fantasmatique d’une France «envahie» ou «trahie», ce qui relève du registre du complotisme identitaire et non de l’information factuelle.

Une confusion entre islam, islamisme et terrorisme
L’article amalgame systématiquement les musulmans de France, qui sont des millions de citoyens respectueux des lois et acteurs du vivre-ensemble, avec des idéologies politiques radicales. Ce glissement est non seulement injuste mais irresponsable : il revient à pointer du doigt une population entière en raison de sa religion, au lieu de cibler les véritables dangers que représentent les groupuscules extrémistes.

La manipulation des faits et des rapports officiels
Les extraits de rapports publics sont présentés de façon sélective et déformée. Ainsi, l’idée d’enseigner l’arabe à l’école est caricaturée comme une « concession aux islamistes », alors qu’il s’agit d’une langue riche, porteuse de culture et parlée par des millions de francophones. L’apprentissage des langues étrangères a toujours été un atout pour l’ouverture intellectuelle et professionnelle ; le réduire à une stratégie subversive est une contre-vérité.

Une vision simpliste et binaire du monde
Le texte oppose artificiellement deux camps : d’un côté la France et Israël, censés représenter « l’Occident démocratique », de l’autre un supposé « islam conquérant ». Ce schéma manichéen nie la complexité des relations internationales et du conflit israélo-palestinien. Surtout, il efface la diversité des opinions au sein même des sociétés musulmanes et juives, en réduisant des millions de personnes à des caricatures hostiles.

Une logique qui alimente la haine et la division
En prétendant défendre la République, ce type de discours fragilise en réalité ses fondements : l’égalité entre citoyens, le respect de la diversité et le refus des discriminations. En entretenant la peur du voisin musulman ou de la jeunesse issue de l’immigration, on ne renforce pas la cohésion nationale, on l’affaiblit. Or, c’est précisément le but des mouvements extrémistes, islamistes comme identitaires : dresser les populations les unes contre les autres pour mieux miner la démocratie.

La vraie réponse républicaine
La France n’a pas besoin de polémiques anxiogènes ni d’appels à la peur. Elle a besoin de politiques fermes contre les violences et les radicalismes, mais aussi de justice sociale, d’éducation et de respect mutuel. Enseigner l’arabe à l’école, reconnaître des pratiques funéraires ou soutenir la liberté religieuse ne sont pas des signes de faiblesse : ce sont des actes de respect qui consolident l’unité nationale. Le radicalisme se nourrit du rejet et de la marginalisation ; l’inclusion et la fermeté démocratique sont au contraire nos meilleures armes.

Pire encore, cette vision réduit le conflit israélo-palestinien à une guerre de civilisation. Or, nier la dimension historique, territoriale, coloniale et sociale de ce conflit, c’est non seulement commettre une falsification, mais aussi condamner toute perspective de paix. Assimiler systématiquement la cause palestinienne au Hamas est une insulte à des millions de Palestiniens qui aspirent simplement à vivre dignement, libres de toute domination. De la même manière, critiquer la politique d’un gouvernement israélien ne revient pas à vouloir la disparition d’Israël. Mais dans le schéma manichéen de ces discours, toute nuance est impossible : ou bien vous êtes avec Israël, ou bien vous êtes complice du terrorisme.

Cette stratégie de peur se nourrit d’images et de mots choisis pour choquer : « pogrom », « otages », « Free Palestine » crié lors d’un meurtre antisémite. Bien sûr, personne ne nie la réalité atroce du 7 octobre ou la souffrance des otages et de leurs familles. Mais utiliser ces tragédies comme levier émotionnel pour amalgamer toute solidarité avec le peuple palestinien à un soutien au terrorisme, c’est instrumentaliser la douleur des victimes à des fins idéologiques. C’est criminaliser la compassion, délégitimer l’indignation, et finalement museler toute voix critique.

Voilà le danger : en entretenant cette logique binaire et cette politique de la peur, on fabrique un climat empoisonné où l’on ne débat plus, mais où l’on se range de force dans des camps. On nourrit la haine identitaire d’un côté, et l’extrémisme religieux de l’autre. Les deux se nourrissent mutuellement, et la démocratie, elle, s’étiole entre ces feux croisés.

La seule issue est de refuser ce piège. Refuser d’être enfermés dans les caricatures binaires. Refuser la manipulation émotionnelle qui associe musulmans, terrorisme et revendications politiques. Nous avons besoin de lucidité, pas de simplisme ; de justice, pas d’amalgames. La République ne se sauvera ni par les slogans guerriers ni par la peur, mais par la nuance, le courage intellectuel et la fidélité à ses valeurs universelles.

Conclusion

Ceux qui propagent ces discours extrémistes prétendent défendre la République, mais en réalité, ils en sapent les fondements. Car la République ne se réduit pas à une guerre de civilisation fantasmée. Elle repose sur l’égalité des citoyens, la diversité assumée et le refus des amalgames.

Dire la vérité sur l’islamisme, c’est nécessaire. Mais confondre l’islamisme et l’islam, c’est irresponsable. C’est offrir une victoire symbolique aux extrémistes des deux bords : les islamistes qui rêvent de diviser et les identitaires qui prospèrent sur la haine.

La véritable réponse républicaine n’est ni la peur, ni l’aveuglement. Elle consiste à être ferme face aux violences et aux idéologies qui menacent nos libertés, tout en étant fidèle à nos valeurs de justice, de raison et d’unité. Reconnaître les réalités, dépasser les blocages, inclure plutôt qu’exclure : voilà le chemin qui nous permettra de combattre réellement le radicalisme, sans nourrir les flammes de la division.

Car la République est forte non pas quand elle cède aux discours de peur, mais quand elle reste fidèle à elle-même.

Une analyse citoyenne pour dénoncer la rhétorique alarmiste de certains médias extrémistes qui instrumentalisent la peur de l’« islamisation » et stigmatisent des millions de musulmans. Ce texte rappelle qu’il est essentiel de combattre l’islamisme avec lucidité, en reconnaissant ses dimensions historiques et doctrinales, tout en refusant les amalgames qui nourrissent la haine et fragilisent la République.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »


France : Quand le mot « islamisme » devient un cache-misère politique

Une critique du détournement politique du mot islamisme, utilisé comme un fourre-tout pour nourrir la peur, amalgamer immigration, islam et gauche, et légitimer un discours identitaire et anxiogène

Il y a des mots qui, à force d’être brandis comme des épouvantails, perdent leur sens et finissent par servir à tout… sauf à penser. Islamisme est devenu l’un de ces mots valises. Sous prétexte de combattre une idéologie réelle et dangereuse, certains chroniqueurs et responsables politiques s’en servent comme d’un chiffon rouge, un cache-poussière commode qui permet d’emballer toutes leurs obsessions : l’immigration, l’islam, la gauche, l’ONU, la Palestine, et même l’écologie. Le texte que je viens de lire en est un exemple caricatural.

Un mot qui brouille plus qu’il n’éclaire

Le problème n’est pas de nier l’existence de l’islamisme en tant qu’idéologie politique qui instrumentalise la religion à des fins de pouvoir. Ce phénomène existe et mérite d’être combattu. Mais dans la chronique en question, le terme est employé de manière si large et confuse qu’il finisse par englober indistinctement des réalités hétérogènes : un mouvement terroriste comme le Hamas, des immigrés venus d’ailleurs, des citoyens musulmans vivant paisiblement en France, voire ceux qui soutiennent la reconnaissance d’un État palestinien. Tout est mis dans le même sac. Et c’est précisément là que le piège se referme : quand on ne distingue plus l’islamisme de l’islam, on ne combat pas une idéologie violente, on stigmatise une religion et des millions de croyants.

L’amalgame comme méthode

Tout au long du texte, on retrouve un procédé rhétorique constant : mélanger sans nuance des réalités disparates. On passe de la reconnaissance d’un État palestinien à la collaboration avec le terrorisme. On enchaîne Donald Trump, Jean-Luc Mélenchon, l’ONU, Dominique de Villepin et « l’extrême gauche » dans une même diatribe contre les « traîtres ». On accuse Emmanuel Macron, parce qu’il a pris une décision diplomatique, de « pétainisme », comme si dialoguer au sein de l’ONU équivalait à collaborer avec le nazisme. Ce n’est pas de l’analyse politique, c’est une caricature qui cherche à provoquer l’indignation plutôt qu’à éclairer le débat.

La peur comme carburant

Le texte reprend à son compte le vocabulaire anxiogène popularisé par Donald Trump : « invasion », « destruction », « colonisation ». À écouter ce discours, l’Europe serait submergée, assiégée, condamnée à disparaître sous l’effet de l’immigration et d’un islam présenté comme une force homogène et conquérante. Ce n’est plus de la description, c’est de la dramaturgie. Et ce type de langage n’est pas neutre : il fabrique un imaginaire de guerre, il enferme la société dans une logique de peur et de rejet. Or, quand on transforme des voisins, des collègues, des concitoyens en menaces existentielles, on ne défend pas la démocratie : on la fragilise.

L’histoire instrumentalisée

Comparer Macron à Pétain parce qu’il a reconnu l’État de Palestine relève d’une manipulation historique indécente. La collaboration de Vichy était un régime soumis à une puissance occupante, responsable de persécutions massives. Rien de comparable avec un acte diplomatique inscrit depuis des décennies dans les débats internationaux. Employer ce parallèle n’a qu’un objectif : disqualifier par l’anathème, fermer toute discussion, transformer un désaccord politique en accusation de trahison. Or, quand tout devient « pétainisme », plus rien n’est pensé sérieusement.

Un miroir de l’extrême droite

Derrière le vernis de la dénonciation de « l’islamisme », ce texte révèle surtout une obsession identitaire. L’islamisme n’y est pas tant une menace réelle qu’un prétexte pour dire que l’immigration est une invasion, que l’islam est incompatible avec la République, que la gauche est complice de l’ennemi, et que seule une ligne dure peut sauver la nation. C’est la rhétorique classique de l’extrême droite : transformer des problèmes complexes en récit binaire, opposer les « patriotes » aux « traîtres », alimenter l’idée que la France serait en guerre contre elle-même.

Ce qui est en jeu

Reconnaître un État palestinien n’est pas « récompenser le terrorisme », c’est rappeler que la paix passe par une solution politique juste et durable. Combattre l’islamisme ne signifie pas diaboliser l’islam ni criminaliser l’immigration. Défendre la République, ce n’est pas dresser les Français les uns contre les autres, c’est au contraire réaffirmer que l’égalité, la dignité et la justice sont les meilleurs remparts contre toutes les formes d’extrémisme, qu’il soit religieux ou identitaire.

Conclusion

La véritable menace pour notre démocratie ne vient pas d’un drapeau palestinien hissé sur une mairie de gauche. Elle vient de ce discours qui, sous couvert de défendre la France, divise ses habitants, instille la peur, et désigne des boucs émissaires. Quand le mot « islamisme » devient une arme rhétorique pour taper sur les musulmans, les immigrés, les progressistes et tous ceux qui pensent autrement, alors il ne sert plus à protéger la République : il sert à la miner. 

On entend souvent l’expression « L’islamisme n’est pas l’islam ». Pourtant, cette formule n’a ni fondement historique, ni base théologique solide. Le mot islamisme lui-même est une invention française : il est apparu au début des années 1980 pour désigner ce que l’on a appelé « l’islam politique ». Or, ni dans l’histoire de l’islam, ni dans la pensée des musulmans, ni même dans la langue arabe, il n’existait d’équivalent. Si l’on entend par islamisme l’idée d’un islam porteur d’un projet politique, alors il faut rappeler qu’à partir de 622 – avec l’Hégire et l’organisation de Médine – l’islam a toujours comporté une dimension politique, comme en témoignent le Coran, la vie du Prophète et la tradition intellectuelle musulmane. Entre 610 et 622, au contraire, l’islam était purement spirituel et n’intégrait pas encore cette dimension politique. Il a donc existé, dans l’histoire, un islam sans « islamisme » – mais seulement durant douze ans.

C’est pourquoi la séparation rigide entre islam et islamisme pose problème. Elle déresponsabilise l’islam de toute critique, comme s’il n’avait aucun lien avec certaines formes de radicalité, et elle ne déplace le terrain du combat uniquement en dehors de la sphère musulmane. Cette attitude, au lieu d’aider à combattre l’extrémisme, nourrit le conservatisme et empêche toute évolution interne. Pour ma part, je crois que la lutte doit passer par deux étapes essentielles : reconnaître la part de responsabilité de l’islam dans les difficultés actuelles, puis travailler à les dépasser.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

 

 

Le chroniqueur du Makhzen : un serment scout ramené au café du commerce

 

Ma réponse pointue à une chronique du Makhzen à charge qui réduit la reconnaissance de la Palestine à un « risque insensé » et l’Algérie à un « État antisémite » Ici, on démonte les clichés, on moque les indignations fabriquées et  oralisateurs

La presse du Palais du Makhzen avait promis une chronique percutante sur la reconnaissance de la Palestine et la position de l’Algérie vis-à-vis d’Israël. On a découvert un sermon mal maquillé, un mélange d’indignation fabriquée et de clichés dignes d’un manuel scolaire des années 60.

Le chroniqueur se veut Cassandre, mais finit en caricature de café du commerce : tout est « antisémitisme d’État », tout est « menace pour la civilisation », et la géopolitique se résume à des bons et des méchants, un peu comme dans un mauvais western.

À la place, on se retrouve face à un réquisitoire à sens unique, saturé de clichés et de jugements expéditifs. Passons donc en revue ces arguments et voyons pourquoi ils ressemblent davantage à des slogans de café du commerce qu’à une analyse politique digne de ce nom.

La France « prend des risques » ? Vraiment ?

Le grand drame, paraît-il, est que la France a « osé » reconnaître la Palestine. Ouh là là, quelle témérité ! Comme si Paris venait de déclarer son indépendance vis-à-vis de la planète entière.

Nous voilà prévenus : la France, en décidant de reconnaître l’État de Palestine, s’exposerait à mille dangers. Antisémitisme en hausse, Hamas renforcé, et — horreur suprême — un calendrier qui tombe en même temps que Roch Hachana. Comme si une décision diplomatique devait se plier à l’agenda liturgique ! À ce compte-là, il faudrait consulter tous les calendriers religieux avant de signer le moindre traité. On attend maintenant la prochaine révélation : « Ne reconnaissons pas la Palestine un vendredi, ce serait une provocation pour les musulmans ! »

Quant à l’idée que cette reconnaissance serait une audace folle, rappelons un détail embarrassant : près de 140 États dans le monde reconnaissent déjà la Palestine. Autrement dit, la France n’ouvre pas une brèche, elle comble un retard. Plus que de l’audace, c’est du rattrapage. Mais peut-être est-ce trop banal pour un chroniqueur en quête de drame.

L’Algérie et son prétendu « antisémitisme d’État »

Ah, l’argument massue : si l’Algérie ne reconnaît pas Israël, ce n’est pas par calcul géopolitique, ni par solidarité avec les Palestiniens, ni par rivalité avec le Maroc. Non, c’est parce que l’Algérie serait rongée par un antisémitisme viscéral, institutionnalisé.

Traduction : inutile de parler de rivalité avec le Maroc, d’histoire coloniale, de soutien structurel aux causes tiers-mondistes, de calculs géopolitiques ou de rapport de force régional. Non, tout s’explique par la « haine des juifs »

À ce niveau de simplification, on frôle la bande dessinée. On imagine presque un ministère algérien de la « haine obligatoire », où chaque matin les fonctionnaires signent leur quota d’hostilité. Ridicule ? Oui. Mais pas plus que l’argument du chroniqueur.

On croirait presque que les diplomates algériens se réveillent chaque matin en se demandant : « Comment allons-nous haïr les juifs aujourd’hui ? »

Cette caricature grossière permet d’éviter toute réflexion sérieuse. Elle gomme l’histoire complexe du pays, où une communauté juive a longtemps vécu, et où le discours anti-israélien relève avant tout d’une matrice idéologique héritée du tiers-mondisme et de la guerre d’indépendance.

Réduire tout cela à « de la haine » n’est pas seulement simpliste, c’est paresseux. Mais il est vrai que l’analyse géopolitique est moins croustillante que les indignations morales toutes faites.

 Tebboune, coupable de… diplomatie

Le président algérien aurait promis de reconnaître Israël « le jour même » où un État palestinien verrait le jour. Puis il aurait reculé. Et le chroniqueur s’étonne ! Comme si un chef d’État n’avait pas le droit d’adapter son discours selon le contexte et l’auditoire.

Il faut tout de même rappeler une évidence : la diplomatie, ce n’est pas un serment scout. C’est un art du calcul, de l’équilibre entre pressions extérieures et attentes intérieures. Tebboune a parlé à une audience française, il a envoyé un signal d’ouverture. Qu’il ne soit pas en mesure de l’appliquer immédiatement en Algérie n’est pas une contradiction, mais une gestion politique de ses rapports de force. En somme, il pratique… la diplomatie. Mais non, le chroniqueur semble découvrir avec horreur que les chefs d’État ne sont pas des prêtres, mais des politiciens.

À quand l’accusation suivante : « Tebboune a serré une main en public alors qu’il n’aime pas vraiment la personne. Quelle duplicité insupportable !

Découvrir cela avec des airs scandalisés, c’est un peu comme reprocher à un acteur d’avoir appris un texte.


Et le Maroc dans tout ça ?

Le chroniqueur cite le Maroc en exemple, rappelant que Rabat a reconnu Israël, contrairement à Alger. Mais il omet un petit détail : la normalisation marocaine a été « achetée » par la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Autrement dit, il y avait une contrepartie géopolitique concrète.

En Algérie, aucune telle compensation n’existe. Pourquoi donc Alger céderait-il gratuitement ce que Rabat a obtenu à prix fort ? La diplomatie n’est pas une loterie morale, c’est une négociation permanente

Ah, le Maroc, ce héros discret qui a reconnu Israël. Sauf qu’il l’a fait en échange d’une reconnaissance américaine du Sahara occidental. Un troc pur et simple. Mais ce détail est soigneusement mis de côté.

Dans la chronique, Rabat est noble, Alger est haineux. On se demande si l’auteur croit vraiment à cette version ou s’il a juste peur d’avouer la vérité : que la diplomatie, c’est d’abord un marché, et que tout le monde joue à ce petit jeu.

Conclusion : un faux procès

Cette chronique prétendait démontrer l’aveuglement français et l’antisémitisme algérien. Elle n’a réussi qu’à exposer ses propres biais :

  • exagération des risques français,
  • caricature de la position algérienne,
  • incompréhension de la diplomatie comme jeu d’équilibre,
  • et oubli volontaire des logiques de transaction dans la région.

Bref, beaucoup de bruit pour peu d’analyse. On attendait une réflexion sur les évolutions possibles du conflit israélo-palestinien. On n’a eu droit qu’à une énième variation sur le thème : « l’Algérie est irrémédiablement antisémite ». Une rengaine usée, qui éclaire moins qu’elle ne répète.  On voulait une analyse politique, on a eu un catéchisme. On attendait une réflexion sur la complexité, on a eu une fable pour enfants.

Alors, un conseil amical au chroniqueur : la prochaine fois qu’il voudra écrire sur le Moyen-Orient, qu’il laisse tomber la morale simpliste et qu’il ouvre un atlas. Cela lui évitera de confondre un conflit géopolitique vieux de 75 ans avec une tragédie biblique de poche.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

 


Gaza brûle : le feu d’une idéologie coloniale

 « Gaza brûle. » Deux mots prononcés par un ministre israélien en mai dernier et relayés dans les médias internationaux. Deux mots qui résonnent comme un aveu glaçant : derrière la guerre se cache une idéologie qui célèbre la destruction d’un peuple et de sa terre. Alors que Netanyahou promet depuis 2024 une « victoire totale », Gaza n’est plus qu’un champ de ruines. Car ce qui brûle à Gaza, ce n’est pas seulement une ville : ce sont les prétentions morales d’Israël avec ce projet politique nourrit moins une victoire qu’une tragédie historique appelée à hanter la conscience humaine, avec elles, le crédit de toute une civilisation qui détourne le regard.  Les Nations unies qualifient la situation de « cataclysmique », et des experts internationaux parlent de génocide. Pourtant, Israël continue d’affirmer agir pour sa « sécurité ». Cette rhétorique masque une stratégie de punition collective et d’effacement, inscrite dans une continuité historique qui remonte à la Nakba de 1948.

Une rhétorique qui célèbre la destruction

En février 2024, Benjamin Netanyahou déclarait à la télévision américaine que la « victoire totale » était « à portée de main ». Gaza est aujourd’hui ravagée, mais la victoire reste introuvable. Car on ne détruit pas un peuple en effaçant ses écoles et ses hôpitaux : on nourrit sa colère et sa mémoire.

Un désastre humanitaire planifié

Bombardements massifs, famine organisée, blocus étouffant : l’ONU parle d’une situation « cataclysmique ». António Guterres l’a qualifiée de « moralement, politiquement et juridiquement intolérable ». Ce n’est plus une guerre : c’est une punition collective qui frappe les plus vulnérables, ceux qui ne peuvent ni fuir ni se protéger.

Le mot interdit : génocide

En août 2025, l’Association internationale des chercheurs sur le génocide a conclu qu’Israël avait commis un génocide à Gaza. Le mois suivant, une commission d’enquête de l’ONU confirmait ce constat. Privation délibérée de nourriture, destructions systématiques, massacres de civils : les preuves s’accumulent et fissurent l’impunité israélienne.

Le soutien occidental vacille

Pendant des décennies, Israël a bénéficié d’une protection inconditionnelle. Mais la sauvagerie est désormais trop visible. En septembre 2025, la Commission européenne a proposé de suspendre certains privilèges commerciaux accordés à Israël. C’est encore timide, mais cela marque la fin du mythe d’une exception morale.

La résistance ne s’éteindra pas

La Nakba de 1948, Sabra et Chatila en 1982, et aujourd’hui Gaza : chaque tragédie nourrit la mémoire palestinienne. Les orphelins d’aujourd’hui seront les résistants de demain. Détruire une ville ne détruit pas un peuple. Cela renforce sa détermination.

Conclusion

L’incendie de Gaza n’est pas seulement celui des immeubles et des oliveraies : c’est celui de la légitimité morale d’Israël, et avec elle de l’Occident qui détourne le regard. Tant que nous accepterons que « Gaza brûle », c’est notre propre humanité qui partira en fumée.

Pendant des décennies, Israël s’est appuyé sur les gouvernements occidentaux pour échapper à ses responsabilités. Mais leur soutien diminue. La sauvagerie et l’ignominie d’un État qui se vante que « Gaza brûle », alors que les enfants qu’il affame n’ont plus que la peau sur les os, et que les corps des civils qu’il a massacrés se décomposent sous les décombres, ne peuvent plus être dissimulées.

Le projet, autrefois masqué par le soi-disant « brouillard de la guerre », est désormais clair : il s’agit de la punition collective d’un peuple, cyniquement dissimulée sous l’étendard de « victime » qu’arbore Israël. Mais l’histoire enseigne qu’aucune catastrophe n’éteint la résistance née de l’injustice. Elle l’intensifie.

  • « Ce n’est plus une guerre : c’est une punition collective. »
  • « Détruire une ville ne détruit pas un peuple. Cela renforce sa détermination. »

« Gaza brûle » : deux mots qui hanteront la conscience humaine longtemps après que les braises se seront éteintes.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

 

 

 

 

Netanyahou à l’ONU : le théâtre du vide et la faillite d’un régime

La photo montre des camions de l'armée israélienne équipés de haut-parleurs diffusant le discours de Netanyahu aux résidents déplacés de Gaza. D’où l’armée israélienne a-t-elle tiré cette idée ? De l'armée allemande nazie, qui diffusait la propagande d'Hitler dans les camps de concentration


Le dernier discours de Benjamin Netanyahou à l’Assemblée générale des Nations unies restera comme un moment de ridicule, mais aussi comme le symbole d’un isolement politique et moral sans précédent pour Israël. Derrière les pancartes brandies, les gadgets de communication et les artifices de mise en scène, un constat s’impose : Netanyahou n’a plus rien à offrir, ni à son peuple, ni au monde, ni à la paix. Il s’accroche au pouvoir en rejouant sans fin la même pièce, mais l’auditoire est désormais clairsemé. La prestation du Premier ministre israélien à l'Assemblée générale des Nations Unies n'a fait que souligner l'isolement mondial dans lequel lui et son pays se trouvent.

Ce magicien vieillissant et défaillant n'a fait que prouver à un public clairsemé, à son peuple et par haut-parleurs à la population de Gaza, qu'il ne se concentre pas sur la fin de la guerre.

Tel un magicien vieillissant qui a perdu la main et ne comprend pas l'esprit du temps, Benjamin Netanyahu a ressorti vendredi à l'Assemblée générale de l'ONU tous les vieux trucs du passé : le carton familier et l'éternel marqueur, ainsi que quelques nouveaux gadgets tout aussi minables, comme un "quiz" idiot où son entourage criait les réponses comme des enfants de maternelle et un code QR sur son revers de veste renvoyant vers un site web documentant les horreurs du 7 octobre.

Une performance minable d’un artiste désespéré, une conférence insensée devant des rangées de sièges vides à l’Assemblée générale des Nations Unies. La communauté internationale, lassée et indignée, ne croit plus à ses tours de magicien.

Le théâtre du vide

À New York, Netanyahou a reproduit une mise en scène désormais bien connue : cartes brandies à la tribune, feutres pour dessiner des schémas simplistes, questionnaires dignes d’une classe de maternelle, et même un QR code sur son veston censé « informer » sur les crimes du Hamas. Autant de gadgets dérisoires pour masquer l’absence de contenu.

La salle, presque vide, a suffi à donner la mesure du discrédit. Même ses alliés traditionnels se sont désintéressés. Netanyahou ne parle plus au monde. Son discours est calibré pour deux publics seulement : Donald Trump et sa base électorale d’extrême droite en Israël, dont il espère le retour au pouvoir à Washington. Pour le reste, le spectacle est pathétique : un Premier ministre isolé, coupé des réalités, accroché à ses vieux tours de scène comme un prestidigitateur fatigué qui ignore que plus personne ne croit à sa magie.

L’absence de toute perspective pour Gaza

Au-delà du ridicule, le plus grave reste le silence assourdissant sur l’avenir de Gaza. Netanyahou n’a proposé aucune vision, aucun plan, aucun horizon. Sa seule stratégie : prolonger indéfiniment la guerre. Or, après des mois de bombardements et de destructions, Israël n’a pas vaincu le Hamas, n’a pas libéré tous les otages, et n’a pas garanti la sécurité de ses citoyens.

Ce discours confirme ce que beaucoup d’Israéliens eux-mêmes constatent : Netanyahou n’a pas de sortie de crise. Il ne gouverne pas en stratège, mais en politicien obsédé par sa survie personnelle et judiciaire. Il alimente la guerre pour rester au pouvoir, même si cela condamne des millions de vies palestiniennes et israéliennes à l’insécurité permanente.

Une mémoire manipulée

Comme toujours, Netanyahou a tenté de s’abriter derrière la mémoire de la Shoah. Pour lui, toute critique d’Israël serait une menace existentielle rappelant les années 1930. Cet argument, répété ad nauseam, est une manipulation indigne. Car utiliser le génocide nazi pour couvrir les crimes actuels commis contre les Palestiniens n’honore pas la mémoire des victimes, il la trahit.

L’histoire est claire : les nazis, dans les premières années, ont bien encouragé l’émigration forcée des Juifs. Lorsque Netanyahou prétend que « les nazis n’ont jamais demandé aux Juifs de partir », il démontre son ignorance – ou sa mauvaise foi. Hannah Arendt, dans son enquête sur Eichmann, l’avait déjà documenté.

La mémoire de la Shoah impose une leçon universelle : « plus jamais ça », pour personne. Elle ne peut servir de justification à la dépossession, à l’apartheid ou au massacre. La brandir comme un bouclier rhétorique contre toute critique, c’est la banaliser et l’instrumentaliser.

Les crimes de Gaza

Les seuls mots qui viennent à l'esprit après le discours de Netanyahou à l'ONU sont : obsolètes, pitoyable et abusif. À quoi bon lire les noms des otages alors que son gouvernement de coalition sabotait à plusieurs reprises les accords ?

Pendant que Netanyahou joue au théâtre de l’ONU, Gaza saigne. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : des dizaines de milliers de Palestiniens tués, dont une majorité de civils. Des bébés morts faute de soins, des enfants écrasés sous les bombes, des familles entières anéanties. Des hôpitaux, des écoles, des camps de réfugiés réduits en cendres.

Ce sont des crimes de guerre. Le blocus, la famine organisée, le bombardement de zones civiles densément peuplées ne relèvent pas de la « défense », mais d’une politique de punition collective interdite par le droit international. Même si l’attaque du Hamas le 7 octobre a été atroce, rien ne justifie le massacre systématique d’une population occupée et privée de droits depuis des décennies.

Le droit international est clair : une puissance occupante n’a pas le « droit de se défendre » contre le peuple qu’elle opprime. Les Palestiniens, en tant que peuple colonisé, ont au contraire le droit de résister à leur occupation.

L’insécurité fabriquée

Netanyahou aime se présenter comme le garant de la sécurité des Israéliens. C’est une illusion. Son obstination à prolonger l’occupation et la guerre a produit exactement l’inverse : une insécurité permanente. Le 7 octobre en fut la démonstration tragique : malgré des milliards dépensés en surveillance et en armement, Israël n’a pas su protéger ses citoyens.

Deux ans plus tard, aucun otage libéré, aucune victoire, aucun plan de victoire, seulement des atrocités sans fin.

Aujourd’hui, chaque nouvelle offensive ne fait qu’attiser la haine, renforcer le cycle de la violence et isoler Israël du reste du monde. En prétendant défendre son pays, Netanyahou l’enferme dans une impasse historique.

La faillite morale d’un régime

Le discours du Premier ministre Netanyahu à l’ONU ne contient peut-être aucun message pour le monde, mais ce même monde est-il également incapable de transmettre un message qui fournirait une solution efficace et universellement approuvée à ce qui a été le conflit le plus long et le plus âprement disputé de toute l’histoire moderne ?

Plus le temps passe, plus Netanyahou apparaît pour ce qu’il est : un chef d’État sans vision, sans scrupule, et sans autre priorité que lui-même. Ses adversaires politiques, y compris en Israël, le disent clairement : il n’a jamais gouverné pour l’intérêt général, mais pour son intérêt personnel.

Sa coalition d’extrême droite, dominée par des ministres racistes et suprémacistes, alimente un climat de haine et de vengeance qui menace autant la démocratie israélienne que la vie des Palestiniens. En s’attaquant même à la Cour suprême d’Israël, Netanyahou a montré qu’il est prêt à piétiner les institutions pour rester au pouvoir.

Un isolement international irréversible ?

Le discours à l’ONU a confirmé une réalité : Israël est de plus en plus isolé. Plus de 150 pays ont reconnu l’État de Palestine. Les sièges vides à New York symbolisent cet effritement du soutien international.

Certes, Washington continue d’armer et de financer Tel-Aviv, mais la fracture est là : la majorité du monde rejette la politique israélienne. L’Europe elle-même, longtemps timorée, voit monter une contestation populaire massive. La jeunesse mondiale se mobilise dans les campus, dans les rues, pour dénoncer l’apartheid et réclamer justice.

L’argument selon lequel critiquer Israël serait de l’antisémitisme perd de sa force face à l’évidence : ce sont les crimes de l’État israélien qui alimentent l’hostilité, et non l’identité juive en tant que telle. Beaucoup de Juifs, en Israël comme dans la diaspora, s’élèvent contre cette dérive. La confusion entre judaïsme et sionisme est une arme de propagande de Netanyahou, mais elle se retourne contre lui : jamais un dirigeant n’a autant mis en danger l’image des Juifs dans le monde.

Pour une justice internationale

Devant de tels crimes, il n’y a qu’une réponse possible : la justice. Comme les criminels de guerre des Balkans ou du Rwanda, comme les dirigeants nazis à Nuremberg, Netanyahou et les responsables politiques et militaires israéliens doivent rendre des comptes devant la Cour pénale internationale.

Le droit international et le bon sens élémentaire sont clairs : Israël n'a pas le « droit » de se défendre contre une population qu'il occupe, soumet à un embargo et qu'il contrôle totalement. Aussi violente qu'ait été l'attaque du Hamas le 7 octobre, les populations occupées ont en réalité le droit de résister à leurs occupants. L'incompréhension de la majorité de la population israélienne, arrogante, raciste et ethno-suprémaciste, ne constitue qu'une preuve supplémentaire du lavage de cerveau et de la mentalité coloniale de la population.

Israël commet un génocide et commet des crimes de guerre contre les Palestiniens depuis la fondation de l'État. Un État destiné à récompenser les meurtriers et le terrorisme ?

Comment pensons-nous qu'Israël a été fondé ? Par le terrorisme, le meurtre et le déplacement forcé des Palestiniens, bien évidemment. C'est là la racine du problème. Tant que les Israéliens ne le comprendront pas vraiment, il n'y aura pas de paix. Et certainement pas de justice.

La justice n’est pas vengeance. Elle est la condition d’une paix durable. Elle seule peut briser le cycle de l’impunité qui alimente la violence depuis des décennies. Tant que les dirigeants israéliens sauront qu’aucune sanction ne les attend, ils poursuivront leur politique de terreur et de colonisation. Tant que la communauté internationale se contentera de discours sans actes, Gaza sera condamnée à revivre l’enfer.

Conclusion : pour une paix juste

Le discours de Netanyahou à l’ONU restera dans l’histoire comme une mascarade : un mélange de propagande éculée, de mise en scène ridicule et de vide politique. Mais il révèle aussi quelque chose de plus profond : la faillite d’un régime fondé sur l’occupation, la guerre et le mépris du droit.

Face à cela, deux choix s’offrent au monde. Soit laisser l’impunité régner, au risque de voir s’installer un apartheid permanent et un génocide silencieux. Soit imposer enfin la justice, reconnaître pleinement le droit du peuple palestinien à l’autodétermination, et traduire les responsables de crimes de guerre devant les tribunaux internationaux.

La paix n’est pas une utopie. Elle exige du courage politique, une rupture avec la logique coloniale, et la reconnaissance que la sécurité d’Israël ne peut exister qu’en garantissant aussi la liberté et la dignité des Palestiniens.

L’histoire jugera. Mais une chose est sûre : les peuples, partout, ne se tairont pas. Les discours de Netanyahou s’oublient ; la vérité, elle, finit toujours par s’imposer.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »