Parfois il m'est utile de le dire !

                                                                                                          Oh! Colombe, transmets mon salut d...

Le chroniqueur du Makhzen : un serment scout ramené au café du commerce

 

Ma réponse pointue à une chronique du Makhzen à charge qui réduit la reconnaissance de la Palestine à un « risque insensé » et l’Algérie à un « État antisémite » Ici, on démonte les clichés, on moque les indignations fabriquées et  oralisateurs

La presse du Palais du Makhzen avait promis une chronique percutante sur la reconnaissance de la Palestine et la position de l’Algérie vis-à-vis d’Israël. On a découvert un sermon mal maquillé, un mélange d’indignation fabriquée et de clichés dignes d’un manuel scolaire des années 60.

Le chroniqueur se veut Cassandre, mais finit en caricature de café du commerce : tout est « antisémitisme d’État », tout est « menace pour la civilisation », et la géopolitique se résume à des bons et des méchants, un peu comme dans un mauvais western.

À la place, on se retrouve face à un réquisitoire à sens unique, saturé de clichés et de jugements expéditifs. Passons donc en revue ces arguments et voyons pourquoi ils ressemblent davantage à des slogans de café du commerce qu’à une analyse politique digne de ce nom.

La France « prend des risques » ? Vraiment ?

Le grand drame, paraît-il, est que la France a « osé » reconnaître la Palestine. Ouh là là, quelle témérité ! Comme si Paris venait de déclarer son indépendance vis-à-vis de la planète entière.

Nous voilà prévenus : la France, en décidant de reconnaître l’État de Palestine, s’exposerait à mille dangers. Antisémitisme en hausse, Hamas renforcé, et — horreur suprême — un calendrier qui tombe en même temps que Roch Hachana. Comme si une décision diplomatique devait se plier à l’agenda liturgique ! À ce compte-là, il faudrait consulter tous les calendriers religieux avant de signer le moindre traité. On attend maintenant la prochaine révélation : « Ne reconnaissons pas la Palestine un vendredi, ce serait une provocation pour les musulmans ! »

Quant à l’idée que cette reconnaissance serait une audace folle, rappelons un détail embarrassant : près de 140 États dans le monde reconnaissent déjà la Palestine. Autrement dit, la France n’ouvre pas une brèche, elle comble un retard. Plus que de l’audace, c’est du rattrapage. Mais peut-être est-ce trop banal pour un chroniqueur en quête de drame.

L’Algérie et son prétendu « antisémitisme d’État »

Ah, l’argument massue : si l’Algérie ne reconnaît pas Israël, ce n’est pas par calcul géopolitique, ni par solidarité avec les Palestiniens, ni par rivalité avec le Maroc. Non, c’est parce que l’Algérie serait rongée par un antisémitisme viscéral, institutionnalisé.

Traduction : inutile de parler de rivalité avec le Maroc, d’histoire coloniale, de soutien structurel aux causes tiers-mondistes, de calculs géopolitiques ou de rapport de force régional. Non, tout s’explique par la « haine des juifs »

À ce niveau de simplification, on frôle la bande dessinée. On imagine presque un ministère algérien de la « haine obligatoire », où chaque matin les fonctionnaires signent leur quota d’hostilité. Ridicule ? Oui. Mais pas plus que l’argument du chroniqueur.

On croirait presque que les diplomates algériens se réveillent chaque matin en se demandant : « Comment allons-nous haïr les juifs aujourd’hui ? »

Cette caricature grossière permet d’éviter toute réflexion sérieuse. Elle gomme l’histoire complexe du pays, où une communauté juive a longtemps vécu, et où le discours anti-israélien relève avant tout d’une matrice idéologique héritée du tiers-mondisme et de la guerre d’indépendance.

Réduire tout cela à « de la haine » n’est pas seulement simpliste, c’est paresseux. Mais il est vrai que l’analyse géopolitique est moins croustillante que les indignations morales toutes faites.

 Tebboune, coupable de… diplomatie

Le président algérien aurait promis de reconnaître Israël « le jour même » où un État palestinien verrait le jour. Puis il aurait reculé. Et le chroniqueur s’étonne ! Comme si un chef d’État n’avait pas le droit d’adapter son discours selon le contexte et l’auditoire.

Il faut tout de même rappeler une évidence : la diplomatie, ce n’est pas un serment scout. C’est un art du calcul, de l’équilibre entre pressions extérieures et attentes intérieures. Tebboune a parlé à une audience française, il a envoyé un signal d’ouverture. Qu’il ne soit pas en mesure de l’appliquer immédiatement en Algérie n’est pas une contradiction, mais une gestion politique de ses rapports de force. En somme, il pratique… la diplomatie. Mais non, le chroniqueur semble découvrir avec horreur que les chefs d’État ne sont pas des prêtres, mais des politiciens.

À quand l’accusation suivante : « Tebboune a serré une main en public alors qu’il n’aime pas vraiment la personne. Quelle duplicité insupportable !

Découvrir cela avec des airs scandalisés, c’est un peu comme reprocher à un acteur d’avoir appris un texte.


Et le Maroc dans tout ça ?

Le chroniqueur cite le Maroc en exemple, rappelant que Rabat a reconnu Israël, contrairement à Alger. Mais il omet un petit détail : la normalisation marocaine a été « achetée » par la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Autrement dit, il y avait une contrepartie géopolitique concrète.

En Algérie, aucune telle compensation n’existe. Pourquoi donc Alger céderait-il gratuitement ce que Rabat a obtenu à prix fort ? La diplomatie n’est pas une loterie morale, c’est une négociation permanente

Ah, le Maroc, ce héros discret qui a reconnu Israël. Sauf qu’il l’a fait en échange d’une reconnaissance américaine du Sahara occidental. Un troc pur et simple. Mais ce détail est soigneusement mis de côté.

Dans la chronique, Rabat est noble, Alger est haineux. On se demande si l’auteur croit vraiment à cette version ou s’il a juste peur d’avouer la vérité : que la diplomatie, c’est d’abord un marché, et que tout le monde joue à ce petit jeu.

Conclusion : un faux procès

Cette chronique prétendait démontrer l’aveuglement français et l’antisémitisme algérien. Elle n’a réussi qu’à exposer ses propres biais :

  • exagération des risques français,
  • caricature de la position algérienne,
  • incompréhension de la diplomatie comme jeu d’équilibre,
  • et oubli volontaire des logiques de transaction dans la région.

Bref, beaucoup de bruit pour peu d’analyse. On attendait une réflexion sur les évolutions possibles du conflit israélo-palestinien. On n’a eu droit qu’à une énième variation sur le thème : « l’Algérie est irrémédiablement antisémite ». Une rengaine usée, qui éclaire moins qu’elle ne répète.  On voulait une analyse politique, on a eu un catéchisme. On attendait une réflexion sur la complexité, on a eu une fable pour enfants.

Alors, un conseil amical au chroniqueur : la prochaine fois qu’il voudra écrire sur le Moyen-Orient, qu’il laisse tomber la morale simpliste et qu’il ouvre un atlas. Cela lui évitera de confondre un conflit géopolitique vieux de 75 ans avec une tragédie biblique de poche.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

 


Gaza brûle : le feu d’une idéologie coloniale

 « Gaza brûle. » Deux mots prononcés par un ministre israélien en mai dernier et relayés dans les médias internationaux. Deux mots qui résonnent comme un aveu glaçant : derrière la guerre se cache une idéologie qui célèbre la destruction d’un peuple et de sa terre. Alors que Netanyahou promet depuis 2024 une « victoire totale », Gaza n’est plus qu’un champ de ruines. Car ce qui brûle à Gaza, ce n’est pas seulement une ville : ce sont les prétentions morales d’Israël avec ce projet politique nourrit moins une victoire qu’une tragédie historique appelée à hanter la conscience humaine, avec elles, le crédit de toute une civilisation qui détourne le regard.  Les Nations unies qualifient la situation de « cataclysmique », et des experts internationaux parlent de génocide. Pourtant, Israël continue d’affirmer agir pour sa « sécurité ». Cette rhétorique masque une stratégie de punition collective et d’effacement, inscrite dans une continuité historique qui remonte à la Nakba de 1948.

Une rhétorique qui célèbre la destruction

En février 2024, Benjamin Netanyahou déclarait à la télévision américaine que la « victoire totale » était « à portée de main ». Gaza est aujourd’hui ravagée, mais la victoire reste introuvable. Car on ne détruit pas un peuple en effaçant ses écoles et ses hôpitaux : on nourrit sa colère et sa mémoire.

Un désastre humanitaire planifié

Bombardements massifs, famine organisée, blocus étouffant : l’ONU parle d’une situation « cataclysmique ». António Guterres l’a qualifiée de « moralement, politiquement et juridiquement intolérable ». Ce n’est plus une guerre : c’est une punition collective qui frappe les plus vulnérables, ceux qui ne peuvent ni fuir ni se protéger.

Le mot interdit : génocide

En août 2025, l’Association internationale des chercheurs sur le génocide a conclu qu’Israël avait commis un génocide à Gaza. Le mois suivant, une commission d’enquête de l’ONU confirmait ce constat. Privation délibérée de nourriture, destructions systématiques, massacres de civils : les preuves s’accumulent et fissurent l’impunité israélienne.

Le soutien occidental vacille

Pendant des décennies, Israël a bénéficié d’une protection inconditionnelle. Mais la sauvagerie est désormais trop visible. En septembre 2025, la Commission européenne a proposé de suspendre certains privilèges commerciaux accordés à Israël. C’est encore timide, mais cela marque la fin du mythe d’une exception morale.

La résistance ne s’éteindra pas

La Nakba de 1948, Sabra et Chatila en 1982, et aujourd’hui Gaza : chaque tragédie nourrit la mémoire palestinienne. Les orphelins d’aujourd’hui seront les résistants de demain. Détruire une ville ne détruit pas un peuple. Cela renforce sa détermination.

Conclusion

L’incendie de Gaza n’est pas seulement celui des immeubles et des oliveraies : c’est celui de la légitimité morale d’Israël, et avec elle de l’Occident qui détourne le regard. Tant que nous accepterons que « Gaza brûle », c’est notre propre humanité qui partira en fumée.

Pendant des décennies, Israël s’est appuyé sur les gouvernements occidentaux pour échapper à ses responsabilités. Mais leur soutien diminue. La sauvagerie et l’ignominie d’un État qui se vante que « Gaza brûle », alors que les enfants qu’il affame n’ont plus que la peau sur les os, et que les corps des civils qu’il a massacrés se décomposent sous les décombres, ne peuvent plus être dissimulées.

Le projet, autrefois masqué par le soi-disant « brouillard de la guerre », est désormais clair : il s’agit de la punition collective d’un peuple, cyniquement dissimulée sous l’étendard de « victime » qu’arbore Israël. Mais l’histoire enseigne qu’aucune catastrophe n’éteint la résistance née de l’injustice. Elle l’intensifie.

  • « Ce n’est plus une guerre : c’est une punition collective. »
  • « Détruire une ville ne détruit pas un peuple. Cela renforce sa détermination. »

« Gaza brûle » : deux mots qui hanteront la conscience humaine longtemps après que les braises se seront éteintes.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

 

 

 

 

Netanyahou à l’ONU : le théâtre du vide et la faillite d’un régime

La photo montre des camions de l'armée israélienne équipés de haut-parleurs diffusant le discours de Netanyahu aux résidents déplacés de Gaza. D’où l’armée israélienne a-t-elle tiré cette idée ? De l'armée allemande nazie, qui diffusait la propagande d'Hitler dans les camps de concentration


Le dernier discours de Benjamin Netanyahou à l’Assemblée générale des Nations unies restera comme un moment de ridicule, mais aussi comme le symbole d’un isolement politique et moral sans précédent pour Israël. Derrière les pancartes brandies, les gadgets de communication et les artifices de mise en scène, un constat s’impose : Netanyahou n’a plus rien à offrir, ni à son peuple, ni au monde, ni à la paix. Il s’accroche au pouvoir en rejouant sans fin la même pièce, mais l’auditoire est désormais clairsemé. La prestation du Premier ministre israélien à l'Assemblée générale des Nations Unies n'a fait que souligner l'isolement mondial dans lequel lui et son pays se trouvent.

Ce magicien vieillissant et défaillant n'a fait que prouver à un public clairsemé, à son peuple et par haut-parleurs à la population de Gaza, qu'il ne se concentre pas sur la fin de la guerre.

Tel un magicien vieillissant qui a perdu la main et ne comprend pas l'esprit du temps, Benjamin Netanyahu a ressorti vendredi à l'Assemblée générale de l'ONU tous les vieux trucs du passé : le carton familier et l'éternel marqueur, ainsi que quelques nouveaux gadgets tout aussi minables, comme un "quiz" idiot où son entourage criait les réponses comme des enfants de maternelle et un code QR sur son revers de veste renvoyant vers un site web documentant les horreurs du 7 octobre.

Une performance minable d’un artiste désespéré, une conférence insensée devant des rangées de sièges vides à l’Assemblée générale des Nations Unies. La communauté internationale, lassée et indignée, ne croit plus à ses tours de magicien.

Le théâtre du vide

À New York, Netanyahou a reproduit une mise en scène désormais bien connue : cartes brandies à la tribune, feutres pour dessiner des schémas simplistes, questionnaires dignes d’une classe de maternelle, et même un QR code sur son veston censé « informer » sur les crimes du Hamas. Autant de gadgets dérisoires pour masquer l’absence de contenu.

La salle, presque vide, a suffi à donner la mesure du discrédit. Même ses alliés traditionnels se sont désintéressés. Netanyahou ne parle plus au monde. Son discours est calibré pour deux publics seulement : Donald Trump et sa base électorale d’extrême droite en Israël, dont il espère le retour au pouvoir à Washington. Pour le reste, le spectacle est pathétique : un Premier ministre isolé, coupé des réalités, accroché à ses vieux tours de scène comme un prestidigitateur fatigué qui ignore que plus personne ne croit à sa magie.

L’absence de toute perspective pour Gaza

Au-delà du ridicule, le plus grave reste le silence assourdissant sur l’avenir de Gaza. Netanyahou n’a proposé aucune vision, aucun plan, aucun horizon. Sa seule stratégie : prolonger indéfiniment la guerre. Or, après des mois de bombardements et de destructions, Israël n’a pas vaincu le Hamas, n’a pas libéré tous les otages, et n’a pas garanti la sécurité de ses citoyens.

Ce discours confirme ce que beaucoup d’Israéliens eux-mêmes constatent : Netanyahou n’a pas de sortie de crise. Il ne gouverne pas en stratège, mais en politicien obsédé par sa survie personnelle et judiciaire. Il alimente la guerre pour rester au pouvoir, même si cela condamne des millions de vies palestiniennes et israéliennes à l’insécurité permanente.

Une mémoire manipulée

Comme toujours, Netanyahou a tenté de s’abriter derrière la mémoire de la Shoah. Pour lui, toute critique d’Israël serait une menace existentielle rappelant les années 1930. Cet argument, répété ad nauseam, est une manipulation indigne. Car utiliser le génocide nazi pour couvrir les crimes actuels commis contre les Palestiniens n’honore pas la mémoire des victimes, il la trahit.

L’histoire est claire : les nazis, dans les premières années, ont bien encouragé l’émigration forcée des Juifs. Lorsque Netanyahou prétend que « les nazis n’ont jamais demandé aux Juifs de partir », il démontre son ignorance – ou sa mauvaise foi. Hannah Arendt, dans son enquête sur Eichmann, l’avait déjà documenté.

La mémoire de la Shoah impose une leçon universelle : « plus jamais ça », pour personne. Elle ne peut servir de justification à la dépossession, à l’apartheid ou au massacre. La brandir comme un bouclier rhétorique contre toute critique, c’est la banaliser et l’instrumentaliser.

Les crimes de Gaza

Les seuls mots qui viennent à l'esprit après le discours de Netanyahou à l'ONU sont : obsolètes, pitoyable et abusif. À quoi bon lire les noms des otages alors que son gouvernement de coalition sabotait à plusieurs reprises les accords ?

Pendant que Netanyahou joue au théâtre de l’ONU, Gaza saigne. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : des dizaines de milliers de Palestiniens tués, dont une majorité de civils. Des bébés morts faute de soins, des enfants écrasés sous les bombes, des familles entières anéanties. Des hôpitaux, des écoles, des camps de réfugiés réduits en cendres.

Ce sont des crimes de guerre. Le blocus, la famine organisée, le bombardement de zones civiles densément peuplées ne relèvent pas de la « défense », mais d’une politique de punition collective interdite par le droit international. Même si l’attaque du Hamas le 7 octobre a été atroce, rien ne justifie le massacre systématique d’une population occupée et privée de droits depuis des décennies.

Le droit international est clair : une puissance occupante n’a pas le « droit de se défendre » contre le peuple qu’elle opprime. Les Palestiniens, en tant que peuple colonisé, ont au contraire le droit de résister à leur occupation.

L’insécurité fabriquée

Netanyahou aime se présenter comme le garant de la sécurité des Israéliens. C’est une illusion. Son obstination à prolonger l’occupation et la guerre a produit exactement l’inverse : une insécurité permanente. Le 7 octobre en fut la démonstration tragique : malgré des milliards dépensés en surveillance et en armement, Israël n’a pas su protéger ses citoyens.

Deux ans plus tard, aucun otage libéré, aucune victoire, aucun plan de victoire, seulement des atrocités sans fin.

Aujourd’hui, chaque nouvelle offensive ne fait qu’attiser la haine, renforcer le cycle de la violence et isoler Israël du reste du monde. En prétendant défendre son pays, Netanyahou l’enferme dans une impasse historique.

La faillite morale d’un régime

Le discours du Premier ministre Netanyahu à l’ONU ne contient peut-être aucun message pour le monde, mais ce même monde est-il également incapable de transmettre un message qui fournirait une solution efficace et universellement approuvée à ce qui a été le conflit le plus long et le plus âprement disputé de toute l’histoire moderne ?

Plus le temps passe, plus Netanyahou apparaît pour ce qu’il est : un chef d’État sans vision, sans scrupule, et sans autre priorité que lui-même. Ses adversaires politiques, y compris en Israël, le disent clairement : il n’a jamais gouverné pour l’intérêt général, mais pour son intérêt personnel.

Sa coalition d’extrême droite, dominée par des ministres racistes et suprémacistes, alimente un climat de haine et de vengeance qui menace autant la démocratie israélienne que la vie des Palestiniens. En s’attaquant même à la Cour suprême d’Israël, Netanyahou a montré qu’il est prêt à piétiner les institutions pour rester au pouvoir.

Un isolement international irréversible ?

Le discours à l’ONU a confirmé une réalité : Israël est de plus en plus isolé. Plus de 150 pays ont reconnu l’État de Palestine. Les sièges vides à New York symbolisent cet effritement du soutien international.

Certes, Washington continue d’armer et de financer Tel-Aviv, mais la fracture est là : la majorité du monde rejette la politique israélienne. L’Europe elle-même, longtemps timorée, voit monter une contestation populaire massive. La jeunesse mondiale se mobilise dans les campus, dans les rues, pour dénoncer l’apartheid et réclamer justice.

L’argument selon lequel critiquer Israël serait de l’antisémitisme perd de sa force face à l’évidence : ce sont les crimes de l’État israélien qui alimentent l’hostilité, et non l’identité juive en tant que telle. Beaucoup de Juifs, en Israël comme dans la diaspora, s’élèvent contre cette dérive. La confusion entre judaïsme et sionisme est une arme de propagande de Netanyahou, mais elle se retourne contre lui : jamais un dirigeant n’a autant mis en danger l’image des Juifs dans le monde.

Pour une justice internationale

Devant de tels crimes, il n’y a qu’une réponse possible : la justice. Comme les criminels de guerre des Balkans ou du Rwanda, comme les dirigeants nazis à Nuremberg, Netanyahou et les responsables politiques et militaires israéliens doivent rendre des comptes devant la Cour pénale internationale.

Le droit international et le bon sens élémentaire sont clairs : Israël n'a pas le « droit » de se défendre contre une population qu'il occupe, soumet à un embargo et qu'il contrôle totalement. Aussi violente qu'ait été l'attaque du Hamas le 7 octobre, les populations occupées ont en réalité le droit de résister à leurs occupants. L'incompréhension de la majorité de la population israélienne, arrogante, raciste et ethno-suprémaciste, ne constitue qu'une preuve supplémentaire du lavage de cerveau et de la mentalité coloniale de la population.

Israël commet un génocide et commet des crimes de guerre contre les Palestiniens depuis la fondation de l'État. Un État destiné à récompenser les meurtriers et le terrorisme ?

Comment pensons-nous qu'Israël a été fondé ? Par le terrorisme, le meurtre et le déplacement forcé des Palestiniens, bien évidemment. C'est là la racine du problème. Tant que les Israéliens ne le comprendront pas vraiment, il n'y aura pas de paix. Et certainement pas de justice.

La justice n’est pas vengeance. Elle est la condition d’une paix durable. Elle seule peut briser le cycle de l’impunité qui alimente la violence depuis des décennies. Tant que les dirigeants israéliens sauront qu’aucune sanction ne les attend, ils poursuivront leur politique de terreur et de colonisation. Tant que la communauté internationale se contentera de discours sans actes, Gaza sera condamnée à revivre l’enfer.

Conclusion : pour une paix juste

Le discours de Netanyahou à l’ONU restera dans l’histoire comme une mascarade : un mélange de propagande éculée, de mise en scène ridicule et de vide politique. Mais il révèle aussi quelque chose de plus profond : la faillite d’un régime fondé sur l’occupation, la guerre et le mépris du droit.

Face à cela, deux choix s’offrent au monde. Soit laisser l’impunité régner, au risque de voir s’installer un apartheid permanent et un génocide silencieux. Soit imposer enfin la justice, reconnaître pleinement le droit du peuple palestinien à l’autodétermination, et traduire les responsables de crimes de guerre devant les tribunaux internationaux.

La paix n’est pas une utopie. Elle exige du courage politique, une rupture avec la logique coloniale, et la reconnaissance que la sécurité d’Israël ne peut exister qu’en garantissant aussi la liberté et la dignité des Palestiniens.

L’histoire jugera. Mais une chose est sûre : les peuples, partout, ne se tairont pas. Les discours de Netanyahou s’oublient ; la vérité, elle, finit toujours par s’imposer.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

 

France : Quand le mot « islamisme » devient un cache-misère politique

 

Une critique du détournement politique du mot islamisme, utilisé comme un fourre-tout pour nourrir la peur, amalgamer immigration, islam et gauche, et légitimer un discours identitaire et anxiogène

Il y a des mots qui, à force d’être brandis comme des épouvantails, perdent leur sens et finissent par servir à tout… sauf à penser. Islamisme est devenu l’un de ces mots valises. Sous prétexte de combattre une idéologie réelle et dangereuse, certains chroniqueurs et responsables politiques s’en servent comme d’un chiffon rouge, un cache-poussière commode qui permet d’emballer toutes leurs obsessions : l’immigration, l’islam, la gauche, l’ONU, la Palestine, et même l’écologie. Le texte que je viens de lire en est un exemple caricatural.

Un mot qui brouille plus qu’il n’éclaire

Le problème n’est pas de nier l’existence de l’islamisme en tant qu’idéologie politique qui instrumentalise la religion à des fins de pouvoir. Ce phénomène existe et mérite d’être combattu. Mais dans la chronique en question, le terme est employé de manière si large et confuse qu’il finisse par englober indistinctement des réalités hétérogènes : un mouvement terroriste comme le Hamas, des immigrés venus d’ailleurs, des citoyens musulmans vivant paisiblement en France, voire ceux qui soutiennent la reconnaissance d’un État palestinien. Tout est mis dans le même sac. Et c’est précisément là que le piège se referme : quand on ne distingue plus l’islamisme de l’islam, on ne combat pas une idéologie violente, on stigmatise une religion et des millions de croyants.

L’amalgame comme méthode

Tout au long du texte, on retrouve un procédé rhétorique constant : mélanger sans nuance des réalités disparates. On passe de la reconnaissance d’un État palestinien à la collaboration avec le terrorisme. On enchaîne Donald Trump, Jean-Luc Mélenchon, l’ONU, Dominique de Villepin et « l’extrême gauche » dans une même diatribe contre les « traîtres ». On accuse Emmanuel Macron, parce qu’il a pris une décision diplomatique, de « pétainisme », comme si dialoguer au sein de l’ONU équivalait à collaborer avec le nazisme. Ce n’est pas de l’analyse politique, c’est une caricature qui cherche à provoquer l’indignation plutôt qu’à éclairer le débat.

La peur comme carburant

Le texte reprend à son compte le vocabulaire anxiogène popularisé par Donald Trump : « invasion », « destruction », « colonisation ». À écouter ce discours, l’Europe serait submergée, assiégée, condamnée à disparaître sous l’effet de l’immigration et d’un islam présenté comme une force homogène et conquérante. Ce n’est plus de la description, c’est de la dramaturgie. Et ce type de langage n’est pas neutre : il fabrique un imaginaire de guerre, il enferme la société dans une logique de peur et de rejet. Or, quand on transforme des voisins, des collègues, des concitoyens en menaces existentielles, on ne défend pas la démocratie : on la fragilise.

 

L’histoire instrumentalisée

Comparer Macron à Pétain parce qu’il a reconnu l’État de Palestine relève d’une manipulation historique indécente. La collaboration de Vichy était un régime soumis à une puissance occupante, responsable de persécutions massives. Rien de comparable avec un acte diplomatique inscrit depuis des décennies dans les débats internationaux. Employer ce parallèle n’a qu’un objectif : disqualifier par l’anathème, fermer toute discussion, transformer un désaccord politique en accusation de trahison. Or, quand tout devient « pétainisme », plus rien n’est pensé sérieusement.

Un miroir de l’extrême droite

Derrière le vernis de la dénonciation de « l’islamisme », ce texte révèle surtout une obsession identitaire. L’islamisme n’y est pas tant une menace réelle qu’un prétexte pour dire que l’immigration est une invasion, que l’islam est incompatible avec la République, que la gauche est complice de l’ennemi, et que seule une ligne dure peut sauver la nation. C’est la rhétorique classique de l’extrême droite : transformer des problèmes complexes en récit binaire, opposer les « patriotes » aux « traîtres », alimenter l’idée que la France serait en guerre contre elle-même.

Ce qui est en jeu

Reconnaître un État palestinien n’est pas « récompenser le terrorisme », c’est rappeler que la paix passe par une solution politique juste et durable. Combattre l’islamisme ne signifie pas diaboliser l’islam ni criminaliser l’immigration. Défendre la République, ce n’est pas dresser les Français les uns contre les autres, c’est au contraire réaffirmer que l’égalité, la dignité et la justice sont les meilleurs remparts contre toutes les formes d’extrémisme, qu’il soit religieux ou identitaire.

Conclusion

La véritable menace pour notre démocratie ne vient pas d’un drapeau palestinien hissé sur une mairie de gauche. Elle vient de ce discours qui, sous couvert de défendre la France, divise ses habitants, instille la peur, et désigne des boucs émissaires. Quand le mot « islamisme » devient une arme rhétorique pour taper sur les musulmans, les immigrés, les progressistes et tous ceux qui pensent autrement, alors il ne sert plus à protéger la République : il sert à la miner. 

On entend souvent l’expression « L’islamisme n’est pas l’islam ». Pourtant, cette formule n’a ni fondement historique, ni base théologique solide. Le mot islamisme lui-même est une invention française : il est apparu au début des années 1980 pour désigner ce que l’on a appelé « l’islam politique ». Or, ni dans l’histoire de l’islam, ni dans la pensée des musulmans, ni même dans la langue arabe, il n’existait d’équivalent. Si l’on entend par islamisme l’idée d’un islam porteur d’un projet politique, alors il faut rappeler qu’à partir de 622 – avec l’Hégire et l’organisation de Médine – l’islam a toujours comporté une dimension politique, comme en témoignent le Coran, la vie du Prophète et la tradition intellectuelle musulmane. Entre 610 et 622, au contraire, l’islam était purement spirituel et n’intégrait pas encore cette dimension politique. Il a donc existé, dans l’histoire, un islam sans « islamisme » – mais seulement durant douze ans.

C’est pourquoi la séparation rigide entre islam et islamisme pose problème. Elle déresponsabilise l’islam de toute critique, comme s’il n’avait aucun lien avec certaines formes de radicalité, et elle ne déplace le terrain du combat uniquement en dehors de la sphère musulmane. Cette attitude, au lieu d’aider à combattre l’extrémisme, nourrit le conservatisme et empêche toute évolution interne. Pour ma part, je crois que la lutte doit passer par deux étapes essentielles : reconnaître la part de responsabilité de l’islam dans les difficultés actuelles, puis travailler à les dépasser.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

 

 

 


Où étions-nous pendant le génocide ?


 

Cette tribune rend hommage aux voix palestiniennes étouffées par les bombes et par le silence complice. Enfants arrachés à la vie, mères disparues avec leurs familles, médecins, journalistes et intellectuels visés pour avoir témoigné : leurs paroles résonnent comme un acte de résistance et de dignité. Face à l’impunité d’Israël et à la complicité occidentale, une seule question demeure, inéluctable, qui hantera nos consciences : où étions-nous pendant le génocide ?

« Vos regrets ne suffiront pas, et nous n’accepterons pas vos excuses. »
En décembre 2023, depuis Bethléem, le pasteur Munther Isaac adressait ces mots au monde. À travers eux, c’est toute une conscience collective qu’il interpellait : la nôtre. Car viendra le jour où chacun devra se regarder dans un miroir et répondre à cette question : où étais-je pendant le génocide ?

Aujourd’hui, je souhaite rendre hommage. Non pas répéter l’évidence des crimes, que les bombes et les corps suffisent à dire, mais témoigner de la dignité de celles et ceux qui, sous les ruines et les cendres, ont gardé vivante la parole palestinienne.

Les voix de Gaza

Pour l’heure, à Gaza, il y a deux millions d’histoires tristes, de vies traumatisées, déchirées. Elles sont d’abord celles des enfants, dont l’innocence foudroyée pèse plus lourd que tous les discours

«C’est un océan de désespoir qui s’étire à perte de vue. Une prison pour ceux qui ont tout perdu : leur famille, leur travail, leur espoir de survivre le lendemain. Il y a ici des couches et des couches de souffrance, dans l’odeur des incendies mêlée à la puanteur de la putréfaction», témoigne Tareq Abu Azzoum, journaliste.

Après le bombardement de son abri, Lana ne retrouve de son enfant que la peluche.

«Je ne sais quelle sorte d’avions, d’armes, d’explosifs ils utilisent pour tuer nos enfants. Nos enfants dorment dans la main de Dieu quand ils larguent des bombes sur eux», se désespère Abu al-Abd Zakqut.

Sur la route de la fuite vers le sud, les parents ne savent pas quel enfant porter, lequel tirer par le bras. De jeunes enfants portent un enfant à peine plus petit qu’eux.

«Nous vivons dans l’ombre d’un nouveau déplacement, celui qui pourrait effacer jusqu’aux ruines que nous nommions nôtres. Telle est l’horreur qui définit notre quotidien : non seulement survivre aux bombes, mais vivre chaque jour en redoutant que le prochain chapitre est déjà écrit, et que le pire est à venir», écrit Logain Hamdan, étudiante.

Malak, 12 ans, avait entendu sa mère Aya lui dire dès les premiers jours : « Nous allons tous mourir. Profitons des derniers instants. » Quelques jours plus tard, Aya a été assassinée avec vingt-et-un membres de sa famille. Les mots de cette mère résonnent comme un testament d’amour lucide, comme une ultime tentative de préserver la douceur au milieu de l’horreur.

Il y a aussi Yara, petite orpheline brûlée, amputée, qui rêve simplement d’un paradis où « il y a de l’amour, de la nourriture et de l’eau ». Ce rêve d’enfant, banal en apparence, accuse la cruauté de notre monde : il dit l’absence de tout ce que nous tenons pour acquis.

Et puis Ratab, neuf ans, qui a perdu sa mère et sa jambe en fuyant vers une zone dite « sûre ». Avec un morceau de tuyau, il s’est fabriqué une prothèse de fortune. Il ne demande pas vengeance. Il rêve de courir à nouveau, de retourner à l’école, de revoir son père. Dans sa fragilité et sa ténacité, il incarne une humanité que nous avons trahie.

Ces enfants ne sont pas des symboles. Ils ne sont pas des images pour nos réseaux sociaux. Ils sont des vies interrompues qui nous regardent encore. Leur parole fragile, préservée au cœur même de la destruction, nous condamne bien plus sûrement que n’importe quel tribunal.

Les veilleurs et les témoins

À côté de ces voix enfantines, il y a celles des témoins palestiniens, médecins, chercheurs, juristes, journalistes, qui ont choisi de nommer l’innommable.

Le médecin Ghassan Abu Sitta a trouvé les mots les plus justes : « Israël est ivre de l’impunité occidentale. » Son constat n’est pas seulement médical, il est moral : comment continuer à sauver des vies quand le monde légitime la destruction ?

Le chercheur Layth Hanbali a rappelé une vérité dérangeante : peu importe la masse de preuves, les dirigeants occidentaux ne cessent pas de soutenir Israël, parce qu’ils y trouvent un profit politique et économique. L’indifférence n’est pas de la lâcheté, c’est une idéologie.

Le juriste Jonathan Kuttab a lui aussi levé l’écran de fumée : ceux qui refusent de nommer le génocide ne contestent pas les faits. Ils cherchent seulement à éviter les obligations juridiques et politiques qu’entraînerait une telle reconnaissance.

Enfin, l’analyste Moin Rabbani a posé ce constat glaçant : « Plus Israël tue, plus le soutien occidental se fait massif. » Autrement dit, il n’y a plus de lignes rouges, plus de seuils d’horreur qui obligeraient nos gouvernements à agir.

Ces voix palestiniennes sont plus que des témoignages : elles sont des balises de vérité. Elles éclairent le monde, tandis que la propagande et le silence l’enveloppent d’ombre.

Les complices du silence

Mais une tribune d’hommage ne saurait faire l’économie de la mise en cause. Car les Palestiniens ne meurent pas seulement sous les bombes israéliennes : ils meurent aussi dans nos silences, dans nos hésitations, dans nos demi-mots.

La France n’a pas retiré son ambassadeur. Elle n’a pas suspendu ses ventes d’armes : au contraire, elle les a augmentées. Elle n’a pas imposé de sanctions. Elle n’a pas bloqué ses relations commerciales. Elle a préféré parler de « guerre » et de « crise humanitaire », comme si des massacres de masse pouvaient être réduits à une pénurie de nourriture ou à un conflit symétrique.

Elle a continué à défendre le droit de « l’occupant à se défendre », en oubliant que le droit international interdit à une puissance coloniale d’invoquer ce principe contre la population qu’elle opprime. Elle a ainsi transformé ses institutions, son prestige diplomatique, son histoire même en caution morale du génocide.

Quant aux médias, leur rôle a été plus qu’ambigu : il a été actif. Ils ont invisibilisé la vie des Palestiniens. Ils ont minimisé les chiffres, banalisé les massacres, repris mot pour mot les récits de l’occupant. Ils ont enterré la Charte de Munich, qui exigeait d’eux de « respecter la vérité quelles qu’en puissent être les conséquences ». Ils ont accepté de sacrifier leur premier devoir, au nom du confort et de la connivence.

L’assassinat de journalistes palestiniens a souvent été relégué à une brève, parfois même à l’anonymat. Comme si leur mort, parce qu’elle disait trop, devait être effacée pour ne pas déranger. Chaque silence, chaque minimisation, chaque absence de guillemets a été une complicité.

Hommage et transmission

Et pourtant, malgré l’abandon, malgré les bombes, le peuple palestinien a gardé ce qu’il avait de plus cher : « son identité, sa dignité et sa foi. »

Il a patienté. « Nous avons attendu si longtemps, nous pouvons attendre encore », dit un témoin gazaoui. La patience palestinienne n’est pas résignation : elle est résistance, elle est mémoire, elle est défi lancé au temps.

Cette lutte dépasse les frontières d’une terre occupée. Elle nous concerne tous, parce qu’elle nous rappelle ce que justice et humanité signifient. Elle nous oblige à ne pas détourner le regard, à ne pas nous réfugier derrière les mots d’excuse qui ne suffiront pas.

Conclusion : l’interpellation

Un jour, Free Palestine cessera d’être un slogan. Ce sera un constat. Ce jour-là viendra, et il n’appartiendra pas aux gouvernants ni aux médias. Il viendra de la société civile, de ceux qui auront refusé l’oubli, de ceux qui auront choisi la vérité plutôt que le confort.

Et alors, il ne restera qu’une question. Celle que posait Munther Isaac, celle qui hantera nos consciences et celles des générations à venir :

Où étions-nous pendant le génocide ?

Les derniers mots reviennent à cet homme de Gaza :
« Si nos yeux se remplissent de larmes, ce n’est pas par peur de qui que ce soit. Nos larmes coulent de tristesse parce que tous les vautours de la terre se sont ligués contre nous, et tous les pays du monde nous ont abandonnés. Nous avons emporté avec nous ce qui nous est le plus cher, notre identité, notre dignité et notre foi. Et nous leur avons laissé ce qui leur est cher : portes, fenêtres, pierres, arbres. C’est faux de dire que nous ne souffrons pas. Nous souffrons. Mais nous patientons. Nous avons attendu si longtemps, nous pouvons attendre encore. »

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

Israël/Gaza et le spectacle macabre des crimes de guerre sous les caméras

 

Le bombardement de l’hôpital Nasser à Gaza illustre une vérité glaçante : Israël commet des crimes de guerre en direct, niant ses responsabilités et instrumentalisant la propagande pour masquer une stratégie de destruction du peuple palestinien.

Le bombardement de l’hôpital Nasser à Khan Younis, filmé et diffusé en direct, restera comme un tournant dans l’histoire des crimes de guerre contemporains. Pour la première fois, le monde entier a pu assister en temps réel à la destruction d’un lieu de soins, refuge de malades, d’enfants et de personnels médicaux. L’horreur ne se cache plus : elle est assumée.

Le cycle du mensonge israélien

À chaque massacre, la mécanique est la même : Tsahal nie d’abord, accuse ensuite, puis finit par concéder un « accident regrettable ». Les civils deviennent des « agents du Hamas », les journalistes sont des « complices », les médecins des « terroristes ». Comme le rappelait Gideon Levy : « La probabilité qu’Israël mène une enquête sur lui-même est inexistante. » Cette rhétorique n’est pas une maladresse communicationnelle : c’est une stratégie militaire et politique qui vise à normaliser l’inacceptable.

Quiconque est surpris en train de voler la terre d'autrui et prétend que Dieu la lui a promise il y a 3 000 ans est un idiot. Le monde n'a entendu que des mensonges de la part de Tsahal et de la bande de Netanyahou. Vous souvenez-vous du porte-parole de Tsahal montrant un calendrier arabe à l'intérieur de l'hôpital et déclarant sans vergogne au monde que les jours de la semaine étaient des noms de militants du Hamas ?

Les personnes intelligentes savent qu'Israël utilise la famine comme arme de guerre et tue plus de 20 000 enfants. Médecins sans frontières et Médecins pour les droits de l'homme sont témoins d'un génocide.

J'ai un beau chien qui aboie après les voleurs et qui adore les enfants. Il a beaucoup plus de décence que les criminels racistes et les voleurs de terres.

La famine comme arme de guerre

Au-delà des bombes, Israël utilise une arme plus insidieuse : la faim. Bloquer l’entrée de nourriture, d’eau et de médicaments, laisser des bébés mourir de malnutrition, transformer les files d’attente pour un sac de farine en scènes de terreur… tout cela relève d’un choix calculé. Le droit international est clair : utiliser la famine contre des civils est un crime de guerre. Et pourtant, la famine à Gaza est systématiquement niée ou minimisée par les responsables israéliens et leurs relais médiatiques.

L’invisibilisation médiatique des Palestiniens

Un autre crime, moins visible mais tout aussi grave, est commis chaque jour : celui du récit. Dans les grands médias occidentaux, on parle d’« otages israéliens », de « sécurité nationale », de « riposte ». Mais le mot « Palestinien » est souvent absent. Même des intellectuels israéliens critiques de Netanyahou peuvent parler des manifestations, des conscrits ou des fractures internes, sans jamais nommer les Palestiniens, comme si leur existence même était taboue. Cette invisibilisation est une arme idéologique : elle déshumanise les victimes et efface leur légitimité historique.

Israël est un État d'apartheid voyou qui a massacré des milliers de civils innocents à Gaza. Un crime de guerre qui s'ajoute aux innombrables crimes de guerre et crimes contre l'humanité perpétrés à Gaza. Il est remarquable qu'un professeur de l'Université ouverte d'Israël à Tel-Aviv ait été interviewé pendant quelques minutes à Radio-Canada sur la situation à Gaza et en Israël, évoquant les otages, les manifestations publiques contre la guerre, le gouvernement, l'armée israélienne, la conscription haredi, mais sans jamais mentionner le mot Palestinien.

Cela en dit long sur le profond déséquilibre psychologique qui existe entre l'opinion publique israélienne (et de nombreux intellectuels) et le problème fondamental des mauvais traitements infligés aux Palestiniens (famine, meurtres, spoliation des terres et occupation).

De la « guerre contre le Hamas » au crime contre l’humanité

Qualifier ces attaques de « guerre contre le Hamas » est une escroquerie. Ce n’est pas une guerre contre une organisation : c’est une entreprise de destruction contre un peuple. Les bombardements indiscriminés, les hôpitaux visés, les journalistes exécutés, la faim imposée, tout cela dépasse de loin la confrontation militaire. Il s’agit d’un crime contre l’humanité, orchestré par un État qui piétine le droit international depuis des décennies, convaincu de son impunité.

Massacre, puis « regrets » : c'est la langue d'Israël. Le Hamas est honorable, il a le droit de défendre les Palestiniens contre l'occupation, le massacre, la famine, le viol, la cruauté, le vol et tous les maux imaginables. L'armée israélienne est le terrorisme.

Une responsabilité internationale écrasante

L’impunité israélienne ne vient pas de nulle part. Elle repose sur le soutien politique, militaire et diplomatique des puissances occidentales qui ferment les yeux ou détournent le regard. La complicité des États-Unis et de l’Union européenne, qui se disent défenseurs du droit international mais légitiment ou excusent ces crimes, est une honte historique. Le silence ou l’inaction des institutions internationales – Conseil de sécurité de l’ONU en tête – enfonce encore plus le clou.

La vérité qui résiste

Chaque enfant affamé, chaque journaliste tué, chaque hôpital bombardé renforce pourtant une vérité indestructible : celle du peuple palestinien. Un peuple nié, expulsé, massacré, mais debout. Un peuple qui a droit à la vie, à la liberté et à la dignité. L’histoire retiendra non seulement les crimes commis à Gaza, mais aussi ceux qui ont préféré détourner le regard.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »