La mentalité de victime comme stratégie politique
Dans l’histoire contemporaine, peu de nations ont
autant ancré leur identité sur la mémoire d’un traumatisme que l’État d’Israël.
La Shoah, drame absolu du XXe siècle, est devenue une composante indélébile de
la conscience nationale. Mais cette mémoire, lorsqu’elle se transforme en posture
de victime permanente, peut servir à protéger l’État de toute critique
morale, même lorsqu’il commet l’inacceptable.
Dans ce mécanisme, la culpabilité historique est mobilisée pour inverser les rôles : ceux qui dénoncent les crimes commis à Gaza sont accusés d’antisémitisme, détournant le débat et neutralisant la remise en question.
La culpabilité et la mentalité de
victime sont fondamentalement des mécanismes d'évasion. Tant que vous vous
sentez coupable, vous pouvez vous accrocher à l'idée que votre conscience vous
permet de ressentir la culpabilité. Mais si vous n'agissez pas pour éliminer la
cause de votre culpabilité et ne pas répéter votre erreur à l'avenir (c'est ce
qu'on appelle l'apprentissage), vous ne faites qu'échapper à la réalité.
Jouer la victime a un objectif
similaire : éviter la réalité et les responsabilités personnelles qui y
sont inévitablement liées. Rien n'est plus irritant que d'avoir affaire à des
victimes accros à la mentalité de victime. Elles se maintiennent dans un état
infantile, attendant que les autres règlent leurs problèmes. Lorsque des
individus, ou une nation, tombent dans ce piège, ils se tournent vers le
chantage affectif et la fourberie pour exercer un certain contrôle sur leur
environnement – un spectacle peu réjouissant et très dangereux pour tous
A l’indifférence face à la famine à
Gaza un sondage israélien récent, près
de 79 % des citoyens se déclarent indifférents à la famine qui frappe la
population de Gaza. Ce chiffre, glaçant, révèle une déconnexion morale
profonde.
Cette indifférence n’est pas le fruit du hasard. Elle
est alimentée par :
- La
déshumanisation des
Palestiniens dans le discours politique et médiatique israélien.
- Le
récit sécuritaire qui présente chaque geste humanitaire comme une
faiblesse exploitable par “l’ennemi”.
- L’autosuffisance
morale, où
l’histoire passée d’Israël devient un bouclier contre toute critique
présente.
Lorsqu’une majorité reste insensible à la souffrance
qu’elle contribue à engendrer, il ne s’agit plus seulement de passivité. C’est une
forme de complicité.
La famine imposée à Gaza, qualifiée par des juristes
internationaux de crime de guerre et potentiellement de crime contre
l’humanité, ne se déroule pas dans le secret. Les images, les rapports
d’ONG, les alertes de l’ONU circulent largement. Le choix de détourner le
regard est donc un acte politique, même lorsqu’il se veut apolitique.
En fermant les yeux, la société israélienne se place
face à un risque historique : celui d’être perçue, dans les décennies à venir,
comme complice d’un crime de masse. Ce basculement moral ne se mesure pas
seulement en termes juridiques, mais aussi en termes de mémoire collective.
Les sentiments ne comptent pas. Seuls
les actes comptent. le peuple juif s'en fiche !
Mais attention, un jour, la situation
changera !
Les Israéliens juifs s'inquiètent le
moins du monde de la famine massive qui frappe les Gazaouis. Or, un récent
sondage indique que 79 % d'entre eux n'en sont absolument pas préoccupés. En
Israël, on ressent très peu de culpabilité face à cette famine massive. La
plupart des Israéliens se réjouissent de la souffrance des Palestiniens et ne
souhaitent rien d'autre que son aggravation
L’histoire jugera non seulement les décideurs, mais
aussi la société civile qui aura choisi le confort du déni.
Sortir de cette spirale suppose une double rupture :
- Reconnaître
la réalité des crimes en cours et leur impact humain.
- Dissocier
la mémoire des tragédies passées de l’usage politique qui en est fait pour
justifier l’injustifiable.
Des analyses
théoriques comme celle-ci sont utiles pour comprendre la situation, mais elles
n'auront aucun effet sur les dirigeants ni sur la majorité de la population
juive. Ils sont protégés par leur déni et ne changeront pas, à moins d'être
profondément secoués. Et peut-être même pas.
Le droit international est clair : provoquer intentionnellement
une famine est un crime. La morale l’est tout autant : rester indifférent,
c’est s’en rendre complice.
Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme
ça. »
https://kadertahri.blogspot.com/
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