Parfois, il m'est utile de le dire ?

Le désarmement du Hamas : un prétexte pour une guerre sans fin

 

Alors que les appels internationaux à la fin des hostilités à Gaza se multiplient, une exigence revient avec insistance : que le Hamas se désarme. Ce mot d’ordre, présenté comme une condition préalable à tout cessez-le-feu, révèle en réalité une logique perverse, celle d’une guerre conçue pour ne jamais s’arrêter. Car pourquoi le Hamas devrait-il déposer les armes, alors qu’Israël, puissance occupante et colonisatrice, continue de mener une politique d’agression systématique contre les Palestiniens, où qu’ils soient ?

Une paix juste, pas une reddition avec un désarmement à sens unique

Depuis des décennies, les gouvernements israéliens successifs ont refusé toute reconnaissance sérieuse de leur responsabilité historique : l’expulsion des Palestiniens en 1948, l’occupation de 1967, la colonisation effrénée des terres cisjordaniennes, le siège inhumain de Gaza. Jamais Israël n’a reconnu ses crimes ni indemnisé ses victimes. Le désarmement des groupes de résistance, dans ce contexte, n’est pas un pas vers la paix : c’est une capitulation unilatérale exigée d’un peuple occupé, sous menace constante.

Loin d’être un accident ou une dérive, la guerre actuelle est le prolongement logique d’un projet colonial. Le gouvernement Netanyahou, soutenu par une coalition kahaniste d’extrême droite, ne veut ni de l’Autorité palestinienne à Gaza, ni de souveraineté palestinienne à quelque niveau que ce soit. Sa stratégie ? Gagner du territoire, détruire l’infrastructure sociale palestinienne, étendre la colonisation, et perpétuer la domination juive exclusive sur toute la terre entre le Jourdain et la mer.

Cette politique n’est pas seulement meurtrière. Elle est suicidaire, comme le rappellent 600 anciens responsables de la sécurité israélienne qui ont récemment averti que la poursuite de la guerre mènerait Israël à la ruine. Ils dénoncent un cabinet de guerre qui, au mépris même des avis militaires de Tsahal, impose une logique maximaliste, où le nettoyage ethnique est envisagé comme solution stratégique.

Ceux qui réclament aujourd’hui la reddition du Hamas oublient (ou feignent d’oublier) le précédent d’Arafat et de l’OLP. En 1982, après avoir accepté l’exil à Tunis, les combattants palestiniens laissaient derrière eux leurs familles dans les camps libanais. Quelques semaines plus tard, à Sabra et Chatila, sous les yeux de l’armée israélienne, les milices phalangistes ont massacré 2 000 civils palestiniens. Ce n’est pas une opinion : une commission israélienne a reconnu la responsabilité indirecte d’Ariel Sharon dans ce crime. Comment demander à un peuple de se désarmer quand son passé lui rappelle que même la reddition ne garantit rien, si ce n’est le massacre ?

La guerre ne se joue pas seulement à Gaza. Elle secoue aussi l’intérieur d’Israël, où les fractures s’aggravent entre familles d’otages, opposition pacifiste, conscrits ultra-orthodoxes, et partisans messianiques de la colonisation. Le rêve d’un « État juif démocratique » se disloque sous le poids de ses contradictions. Israël est peut-être militairement dominant, mais il perd sur les fronts politiques, moraux, économiques et internationaux.

Dès le début de cette campagne génocidaire, de nombreux personnels médicaux juifs israéliens ont salué le bombardement des hôpitaux de Gaza. Ce qui est écrit ici ne devrait pas surprendre. Le déni de l'entreprise sioniste, perçue comme une entreprise raciste, est profondément ancré, même parmi ceux qui apportent une aide humanitaire – à l'exception des rivaux palestiniens. La responsabilité des citoyens de protester et d’agir est d’autant plus lourde lorsque c’est leur propre pays qui commet ou aide ou encourage un génocide.

 

Comme l'écrivait G. Levy il y a de nombreuses années, « les Israéliens sont des spécialistes de l'aide humanitaire dans des zones éloignées, mais pas dans leur propre arrière-cour ».

 

C'est simplement que le cerveau humain est fragile et préfère les histoires aux faits, que tant de gens s'emballent et se vantent de vertu à propos de Gaza, alors qu'ils ignorent ou ne reconnaissent même pas que le 7 octobre a eu lieu, ni que le Hamas existe principalement pour répéter ces violences contre les Israéliens et les Juifs.

Il est important de reconnaître et même de protester contre le fait que le gouvernement israélien soit odieux, mais le temps d'antenne dont il bénéficie est encore largement disproportionné par rapport aux autres conflits et catastrophes humanitaires mentionnés, sans parler de la dystonie qui se déroule aux États-Unis, qui n'est pas encore aussi grave au niveau national, mais qui explique en grande partie pourquoi il est si difficile pour l'humanité de corriger le tir aujourd'hui.

Il est vrai qu’Israël fait une mauvaise chose et qu’il est également utilisé comme bouc émissaire.

Les médecins israéliens, comme la majorité des Juifs israéliens, sont d'accord avec Netanyahou pour faire disparaître les Palestiniens. Ils peuvent encore se considérer comme des personnes morales, la morale juive, l'armée morale, mais ils sont complices d'un génocide. Après avoir tué près de 20 000 enfants palestiniens, la place d'Israël est bannie des nations.

Résister n’est pas un crime, c’est une nécessité

Accuser les Palestiniens de violence sans jamais interroger l’origine de cette violence, l’occupation, l’humiliation, le blocus – relève d’un renversement obscène. Il n’y a aucune rationalité à demander à un peuple d’abandonner ses moyens de défense tant que la violence coloniale, elle, demeure intacte et impunie.  Le Hamas est-il responsable de ce qu'il appelle « le massacre de la farine » ? Vraiment ?

Il y a eu quelques signes avant-coureurs,  

Le sort des Gazaouis et des Palestiniens au cours des décennies sous la botte sioniste, et ensuite, plus important encore, son récit de ce que serait l’avenir des Gazaouis et des Palestiniens sous le statu quo régnant avant l’incursion du déluge d’Al-Aqsa.

Le Hamas a peut-être mal évalué le degré de cruauté et de violence de la réponse de la colonie sioniste à l'incursion, mais qualifier cette erreur de « trahison » est une expression qui, si elle est facile à prononcer pour un sioniste refusant de reconnaître que le sort des Palestiniens a été une brutalité et une humiliation écrasantes, et que leur destin est un effacement progressif et implacable, n'en est pas moins une manifestation d'une obtusité symptomatique. Trahison non génocide. Et les dés ne sont pas encore tombés.

Ce qui est en jeu n’est pas seulement la survie du Hamas, mais la possibilité pour les Palestiniens d’exister, de résister, de refuser l’effacement. À Gaza aujourd’hui, l’alternative n’est pas entre la guerre et la paix, mais entre la soumission et la dignité.

Le cessez-le-feu ne doit pas être conditionné à une reddition unilatérale. Il doit permettre :

  • La levée immédiate du blocus de Gaza.
  • L’arrêt des bombardements et du nettoyage ethnique en cours.
  • Le retour des otages et la libération des prisonniers politiques.
  • Une reconnaissance claire de la cause palestinienne dans sa dimension historique et politique.

 . La communauté internationale, les opinions publiques, les journalistes, les élus, doivent cesser de faire semblant : il n’y a pas de paix possible sans justice, pas de justice sans mémoire, et pas de mémoire sans vérité.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/

 

La paix n’est possible que si le droit à la dignité et à la souveraineté est reconnu.
Résister, ce n’est pas refuser la paix. C’est refuser l’humiliation.

 


Aucun commentaire: