Depuis près de
deux ans, Gaza est le théâtre d’une violence militaire d’une ampleur et d’une
intensité inégalées dans l’histoire contemporaine récente. Ce qui se déroule
sous nos yeux dépasse les simples notions de conflit ou d'affrontement : il
s'agit d'une destruction systématique d’un peuple, de ses institutions, de ses
infrastructures, et de son avenir.
Malgré les
alertes lancées par les agences de l’ONU, les ONG humanitaires, les juristes,
et les chercheurs, la justice internationale n’a pas su ou voulu intervenir
efficacement. Les mécanismes censés protéger les civils en temps de guerre, ou
poursuivre les crimes de masse, apparaissent aujourd’hui affaiblis, voire
compromis par des logiques politiques qui neutralisent leur indépendance.
La justice
manquante : comment la communauté internationale a trahi Gaza Sur la scène
internationale, aucune lutte de libération moderne n'a connu une trahison aussi
profonde que celle subie par Gaza. Aucun génocide récent n'a non plus été
accueilli avec une complicité aussi flagrante et un silence aussi
assourdissant. Pendant plus de deux ans, le monde a adhéré au discours de la
puissance occupante, lui fournissant une couverture politique et morale qui a
permis aux atrocités de se poursuivre sans relâche
L’attaque du 7
octobre a marqué un tournant. Mais ce qui a suivi ne saurait être compris comme
une simple réponse militaire. Les bombardements massifs sur les zones densément
peuplées, la destruction systématique d’infrastructures vitales, les obstacles
répétés à l’acheminement de l’aide humanitaire et les milliers de civils tués,
dont une majorité d’enfants, s’inscrivent dans une stratégie d’asphyxie prolongée.
Pendant
ce temps, ses chaînes d'approvisionnement militaire n'ont rencontré aucune
entrave, bien au contraire. Même dans le domaine juridique, les États qui
prétendent défendre la justice et les droits de l’homme ont activement entravé
tous les efforts visant à obtenir des comptes, que ce soit devant la Cour
internationale de justice ou la Cour pénale internationale. Après deux années
de villes entières réduites en ruines, de dizaines de milliers de morts en
direct à la télévision et de civils délibérément affamés, l'Union européenne
n'a guère fait plus qu'envisager de revoir son partenariat avec le régime
génocidaire. Même l'idée symbolique de suspendre un programme marginal de
coopération scientifique comme Horizon Europe n'a reçu le soutien que de 10 des
27 États membres. Au niveau local, la mobilisation mondiale a été faible – un
échec moral de la conscience mondiale, qui s’est limitée à des manifestations
tièdes et à des déclarations creuses, sans aucune grève sérieuse, mouvement de
masse ou campagne de pression soutenue.
Pendant ce
temps, les chaînes d’approvisionnement militaire d’Israël sont restées
intactes, voire renforcées. Aucune sanction, aucun embargo, aucune
conditionnalité sérieuse n’a été imposée. L’Union européenne, tout en affichant
des inquiétudes « humanitaires », a continué de traiter Israël comme un
partenaire stratégique, sans jamais activer les leviers prévus dans ses propres
accords.
La faillite
n’est pas uniquement diplomatique ou juridique. Elle est aussi morale. Alors
même que les images de destructions massives, d’enfants amputés, de civils
piégés sous les gravats circulent à grande échelle, la mobilisation
internationale reste tiède, intermittente, et insuffisante.
À l’exception de
quelques mobilisations notables, il n’y a eu ni mouvement de grève global, ni
pression économique coordonnée, ni campagne politique suffisamment structurée
pour forcer un changement. L’indignation, bien réelle, s’est souvent arrêtée
aux réseaux sociaux.
La résistance
palestinienne, dans son ensemble, est décrite à travers le prisme exclusif du
terrorisme. Ce glissement sémantique, largement alimenté par les discours
officiels israéliens et occidentaux, efface toute légitimité à une population
occupée, en violation du droit international, qui reconnaît pourtant aux
peuples colonisés le droit de résister.
Il ne s’agit pas
ici de blanchir des crimes de guerre ou de justifier des attaques contre des
civils. Il s’agit de rétablir une lecture politique et juridique de la
situation, plutôt que d’en faire une lecture uniquement émotionnelle ou
sécuritaire.
L’histoire
récente est riche de précédents : Sabra et Chatila en 1982, Gaza en 2008, Alep
en 2016. À chaque fois, l’indignation a cédé la place à l’oubli, l’élan moral à
la résignation diplomatique. Gaza risque de devenir un autre chapitre vite
refermé de cette chronique des violences impunies.
Les campagnes de
soutien aux Rohingyas ou aux Ouïghours ont montré que même des causes reconnues
comme justes peuvent s’éteindre si elles ne sont pas portées par une stratégie
de mobilisation claire, constante, et crédible..
Aujourd'hui,
depuis plus de deux mois, la même communauté internationale s'est montrée
incapable de contraindre le régime génocidaire à autoriser l'entrée humaine de
nourriture, à protéger les agences humanitaires de l'ONU, ni même à garantir la
survie de l'UNRWA – un démantèlement envisagé de longue date par le projet
sioniste. L'occupation a bien compris cette situation ; elle alimente la
poursuite et l'escalade du génocide, l'encourageant à explorer des scénarios
encore plus brutaux, notamment la restitution des colonies, l'annexion des
territoires de Gaza et la domination totale sur la Cisjordanie et Jérusalem.
Après
deux années d’annihilation systématique, le maximum que la communauté internationale
ait réussi à offrir sont de faibles propositions pour un État palestinien
dépouillé de souveraineté, de dignité et de sens, conditionnées au désarmement,
à l’obéissance et à la renonciation complète aux droits historiques, politiques
et moraux. Bien que la cause palestinienne ait retrouvé une partie de son
importance en tant que lutte de libération mondiale, le régime occupant a
largement réussi à dépeindre la résistance palestinienne – et le peuple
palestinien dans son ensemble – comme violents et terroristes, en inscrivant
son récit fabriqué dans le discours mondial. Comprendre la dynamique de
l'opinion publique mondiale révèle une dure réalité : la solidarité, aussi
large soit-elle, est éphémère si elle n'est pas canalisée stratégiquement et
immédiatement.
Sans
campagnes organisées pour maintenir la visibilité et la pression, même les
causes les plus justes risquent de disparaître des mémoires une fois les gros
titres passés. En 1982, l'indignation mondiale a atteint son paroxysme après
l'invasion du Liban par Israël et le massacre de Sabra et Chatila, mais elle
s'est rapidement dissipée et Israël a rétabli des relations normalisées en
toute impunité. En 2008, Gaza a bénéficié d'un élan de soutien international,
qui s'est ensuite dissipé dès la fin de l'assaut.
Aujourd’hui,
même si le mot « génocide » est plus fréquemment associé à Gaza, le danger d’un
oubli mondial plane – tout comme ce fut le cas pour les Rohingyas au Myanmar en
2018, ou pour la Namibie en 1971, lorsque la CIJ a déclaré illégale l’occupation
de l’Afrique du Sud, une décision restée lettre morte pendant deux décennies.
Les causes justes ne triomphent pas uniquement en raison de leur justice, ni
par le nombre de hashtags ou de sympathisants en ligne, mais par la capacité de
leurs membres à maintenir leur élan, à faire pression et à saisir l’instant
présent. Le monde n'a pas de mémoire ; il évolue au gré de l'instant. Et
si cet instant n'est pas saisi avec sagesse et force, il s'estompera, telle une
vague perdue dans le vaste océan de l'oubli.
Que des enquêtes
internationales indépendantes soient menées sur les événements du 7 octobre et
sur les opérations militaires israéliennes à Gaza. Que les responsabilités
soient établies, toutes les responsabilités. Que la justice ne soit plus un
instrument différentiel selon les puissances en jeu, mais un socle commun.
L'histoire
jugera sévèrement les institutions qui auront échoué. Mais il n’est pas trop
tard pour restaurer un minimum de cohérence morale. Car si la justice est
incapable d’agir lorsque l’évidence s’impose, alors ce ne sont pas seulement
les Palestiniens qu’elle abandonne – c’est notre humanité entière qu’elle
trahit
C’est ça
l’armée de Tsahal ? Les parents sont enchaînés nues au soleil, et les enfants
affamés et assoiffés meurent de faim ! Le monde est aveugle ?
Gaza n’exige
aucune pitié, ni des indignations
sélectives. mais demandes une seule chose : la vérité et la liberté !!!!!!.

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