Parfois il m'est utile de le dire !

                                                                                                          Oh! Colombe, transmets mon salut d...

Le Makhzen du Maroc dans la réinvention et djihad cartographique des Frontières !

 

L’essentiel, c’est que ce soit celui qui parle qui a fait ce dont il parle. Le Maroc, ce qu’il a dit, ce qu’il a fait, ne doit pas être rendu tel quel stricto sensu. Ce n’est pas à moi de juger qu’est-ce qui mérite d’être retenu, transmis, et qu’est-ce qui ne le mérite pas. L’affaire de  Frontières n’est plus entre les mains de l’historien. Elle est entre les mains des Algériens.

Avec son djihad cartographique le Maroc devra essayer de ne pas prendre de coups, au lieu de s'attarder sur d’anciennes cartes ou de documents "déclassifiés", qu’ils n’ont aucun poids déterminant sinon de conforter des opinions, mais les réalités sont de faits non des opinions même si elles peuvent être justes.

Ce n’est pas l’Algérien qui fait le tableau, c’est le Marocain qui dresse son propre tableau. J’insiste là-dessus. L’histoire ne se fait pas par le politique placé en surplomb, au-dessus du réel, en essayant de le redéfinir et de le reconstruire. L’histoire s’écrit à partir de celui qui la fait, par ses actes.

En effet l’Algérie n’est pour le Maroc qu’un front avancé dans sa stratégie d'expansionnisme, de cache poussière de ses échecs et surtout avoir une position victimaire pour obtenir un grand écho au sein d'une population maltraitée par cette idéologie managériale, idéologie monarchique des despotismes héréditaires totalement inepte intellectuellement. Partout où le Makhzen peut nuire à l’Algérie qu'il déteste, il y trouve son compte. Ce ne sont que des alliances d'hypocrites basées sur l'intérêt et la détestation. Mais certains semblent se réjouir que le Makhzen alimente cette haine contre nous en pactisant avec ceux que nous vomissons.

Et cette question me rappelle une autre d'il y a environ plus de 100 ans. Qui veut prendre les territoires Algériens ?

Et c'est un souvenir qui me hante : La France coloniale avec la monstrueuse convention de Tanger, oblige le Maroc à reconnaître la colonisation de l’Algérie, sans oublier que le Makhzen Marocain expansionniste avait également sorti sa fameuse carte du Grand Maroc qui s’étend jusqu’au fleuve Sénégal et englobe un quart du Sahara algérien à l’Ouest, ce pamphlet bâti sur une fausse interprétation de l’histoire. On connait la suite: le Sultan reçu au retour par des foules enthousiastes pour avoir sauvé son trône, les moutons de Panurge sont tous tombés dans le précipice, surtout avec le mythe de l’apparition du visage du souverain sur la Lune est certainement le plus spectaculaire au Maroc.

Comble d'ironie, une majorité de Marocains sont convaincus que le monarque exilé à Madagascar avait effectivement foulé le sol lunaire! Décidément, le cannabis produit des dégâts psychiques irréversibles. En effet, provoquer l'anéantissement de sa population reste un acte courageux, pour le Makhzen à la recherche la pérennité et l'équilibre.

Pour moi, simple citoyen, mais ayant une idée de la moralité, ce ne fut pas uniquement une honte, mais aussi une énorme trahison, surtout que la vérité a tout de même ses droits !

Ce n’est pas une spécifiée marocaine la fluctuation frontalière est l’apanage des prétendus empires en perte d’histoire, alors il faudrait expliquer que les frontières de l’Algérie ont été reconnues internationalement. Il faudrait aussi expliquer que l'on peut débattre, à la condition de ne pas travestir les faits et de ne pas affirmer des contre-vérités.

Aujourd'hui nous sommes devant ce Makhzen qui essaie de recréer un empire, une morbidité singulière et une mégalomanie narcissique, celle d’un roi qui a trouvé le rôle de sa vie, encouragé par une alliance avec le diable et un air du temps propice aux divergences Arabes, voudrai lancer sa guerre contre un pays souverain, l’Algérie, pour le vassaliser. Et certains de ces bons sujets du Makhzen qui relayent à qui mieux aux mieux les fakes news produites par l’ingéniosité du mensonge du makhzen. Photos truquées, articles  bidonnés, qu'ils savent tout, qu'ils ont raison. Or le plus souvent, précisément, ils en perdent leur honneur. Tout est bon ! Même le plus grotesque !

Alors, que les Marocains, dont le rapport à l'information est on ne peut plus chaotique depuis 1999 (je ne vais pas remonter plus loin) sont soumis à une pensée orientée, c'est une chose que l'on peut concevoir, il reste ahurissant que la machine de propagande du Makhzen reste aussi performante, après la population devient un dommage collatéral.

On se demande encore aujourd’hui pourquoi des gens prétendument intelligents, brillants même, ont-ils pu un jour croire aux fadaises du makhzen ?

Qu’avait donc cette idéologie de si subtil, pour intoxiquer tant de grands esprits, informés déjà de tous les crimes commis pour le maintien coute que coute du Royaume du Makhzen.
Mystère, hélas ?

Est-il possible d’émettre des doutes justifiés sur ces revendications du Grand Maroc, tout en déplorant ce fantasme total, du même tabac que le protocole des sages de Sion. La candeur de certains journalistes et l'orientation politique ou sociétale qu'ils donnent à cette non-affaire en dit bien long sur le mal qui les gangrène.

Historiquement, le Maroc ne faisait valoir, aucune particularité qui le distinguait des autres pays de la zone de l’Afrique du nord, sauf un prétendu empire fermé, possédait un caractère particulier, conçut dans une étendue de mythes et de clichés livrant des images approximatives, douteuses voire extrêmement fantaisistes.

L’unité politique du prétendu empire marocain est une fiction imaginée par certains diplomates et géographes. Les territoires contrôlés par les sultans alaouites étaient d'ailleurs divisés en Bled Al Makhzen (territoires soumis à l’administration militaire) et Bled Siba (territoires insoumis). Le Maroc est comparé à l’Europe du Moyen-âge, aux structures hyper-féodales, aux mœurs farouches et à l’accès verrouillé pour l’étranger.

Il y avait une multitude de royaumes : Fès, Marrakech et Tafilet. Les habitants de ses royaumes étaient complètement étrangers à l'idée de patrie et n’avaient pas même de nom pour désigner leur nation. Il n’est pas rare que ces royaumes nomment un souverain particulier et se livraient à des batailles entre eux

le Maroc a connu une succession de dynasties instables et discontinues. Le Maroc en tant que nation moderne est apparu après la colonisation française, le reste n'est que fiction. C'est là tout le synopsis de Maroc.

Cette représentation était largement inspirée par une littérature visant à développer une image d’un pays aux frontières extensibles et où les lois et les coutumes régissant l’ordre social étaient tributaires d’un système féodal profondément ancré dans les mœurs,  Le royaume était, en effet, perçu comme un champ de combat permanent entre tribus violentes et altières, 

Je ne peux résister à citer cette approche de Voltaire dans son Candide :

Maroc nageait dans le sang quand nous arrivâmes. Cinquante fils de l’empereur Moulay Ismail avaient chacun leur parti : ce qui produisait en effet cinquante guerres civiles. Des noirs contre noirs, des noirs contre basanés, des basanés contre basanés […] c’était un carnage continuel dans toute l’étendue de l’empire".

Ne pas humilier les Marocains, évidemment, mais humilier le Makhzen, ce système de gouvernance d’allégeance forcée  et, si possible, quelle bonne idée!

Il est fatiguant d'écouter les discours du Roi, précautionneux et sans perspective juste des délires pédo-satanistes, applaudis par  ces élites et journalistes convaincus que le makhzen représente quelque chose, la meute hurle au phantasme autre que donner au tyran ce qu'il réclame.

Le pouvoir du makhzen marocain a asservi de nombreuses tribus berbères et Arabes, ils ne se sont pas pour la plupart libérés. Le Rif avait bel et bien son histoire comme entité autonome et indépendante, l’ignorer serai à la limite de l’utopie, le Rif est réellement une entité historiquement autonome et craint en tant que telle, il suffit de suivre l’actualité, de voir et de savoir que c’est la seule région homogène dans sa culture et dans son espace géographique, à subir le charcutage de découpage régional de la réforme de régionalisation initier par le Makhzen pour garder une plus forte main mise  !

En final il reste  à libérer le peuple Marocain, et lui-seul peut y parvenir. A chaque peuple ses constantes et le choix de ses maîtres. Le peuple Marocain, devenu frileux, timoré, velléitaire, a fait le choix qui lui convient: un sultan prétentieux, présomptueux et égocentrique.

Le jour où les Marocains auront compris, ceci ils arrêteront leurs monarchismes exacerbés et saisir qu’ils ne sont pas vraiment bien placés pour donner des leçons, alors on pourra effectivement avancer que le peuple Marocain à quitter l’ère du moyen-âge.  

Et donc maintenant, le Makhzen Marocain veut continuer à jouer à son Monopoly et bien sur les Rifains et les Sahraouis ne sont pas d'accord. On les comprend !!!!!

En tout cas ce n’est pas une affaire algérienne.

A/Kader Tahri / Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »  
https://kadertahri.blogspot.com/


Rif : mémoire d’un peuple debout, face au silence du Makhzen

 Rif : mémoire d’un peuple debout, face au silence du Makhzen

Il y a dans les montagnes du Rif une mémoire que nul pouvoir central n’a réussi à effacer. Une mémoire rebelle, forgée dans la résistance contre l’occupation, contre l’autoritarisme, et contre l’effacement politique. Une mémoire qui dit : dignité, justice, liberté.
C’est cette mémoire qui a donné naissance, en 1923, à la République du Rif, sous la direction de l’émir Abdelkrim El Khattabi — première tentative moderne d’autodétermination dans le Maghreb. Elle fut écrasée par les puissances coloniales, avec la complicité du Makhzen. Mais elle n’a jamais cessé d’exister dans les consciences.

Aujourd’hui, le Rif n’a pas oublié.

Un peuple marginalisé dans son propre pays

Depuis l’indépendance, la région du Rif est traitée non comme une composante du pays, mais comme un sujet à surveiller.
Les investissements y sont faibles, l’accès aux infrastructures limité, le chômage massif, l’émigration presque une nécessité.
Dans les villages de l’arrière-pays, l’école manque, l’hôpital manque, l’avenir manque.

Et lorsque les jeunes demandent simplement d’être traités comme des citoyens, on leur répond par les tribunaux, la prison ou l’exil forcé.

Le Hirak n’était pas une révolte : c’était un verdict C’était pour réclamer la vie. C’était un cri de dignité pour des hôpitaux, pour des universités, pour le droit de vivre et de rester chez soi

Ce cri a été accueilli par le silence, puis par la répression. Le droit de ne pas mourir écrasé dans un camion à bennes et l’État a répondu par : les arrestations, les procès politiques, les peines interminables.

Ce cri a été accueilli par le silence, puis par la répression Des dizaines de jeunes croupissent encore en prison pour avoir demandé la dignité. Voilà la vérité.

Amazigh : l’homme libre

Les Rifains ne demandent pas des privilèges. Ils demandent la reconnaissance de ce qu’ils sont : un peuple amazigh, héritier d’une histoire anticoloniale, porteur d’une vision de justice et d’égalité. Dire Amazigh, ce n’est pas un slogan identitaire.
C’est affirmer le principe fondateur de toute société moderne :
un peuple ne peut vivre digne que lorsqu’il participe à décider de son destin.

Ce qui se joue dépasse le Rif

Les crises sociales qui frappent le Maroc aujourd’hui — chômage massif, inégalités extrêmes, corruption, fuite de la jeunesse — ne sont pas des problèmes régionaux.
Elles révèlent une fracture nationale profonde.

Le Rif n’est pas en marge :
il est le miroir où se reflètent les contradictions du pays.

Et tant que la question du Rif restera traitée comme un dossier sécuritaire, tant que la parole populaire sera considérée comme une menace, tant que l’histoire d’Abdelkrim sera tue,
le Maroc restera avec une partie de lui-même brisée.

Pour une justice historique et politique

Il est temps : de reconnaître officiellement la République du Rif comme chapitre fondateur de l’histoire moderne du Maghreb, de libérer les prisonniers du Hirak, symbole d’une jeunesse refusant l’humiliation, de mettre fin à la marginalisation structurelle de la région, d’ouvrir enfin un dialogue politique national authentique sur la décentralisation, l’égalité territoriale, la dignité économique.

Parce qu’aucune construction politique durable ne peut s’appuyer sur le silence, la peur ou l’oubli.

Conclusion : le Rif est debout

Le Rif n’attend pas d’être sauvé. Le Rif n’attend pas la permission d’exister. Le Rif ne demande qu’une chose : la reconnaissance de sa place dans une histoire qu’il a contribué à construire. Le Rif ne se taira pas. Parce que le silence, c’est déjà une tombe.
Et ce peuple-là n’est pas né pour être enterré. Ce peuple porte   la mémoire.
Ce peuple porte la dignité.
Ce peuple porte la preuve qu’un autre avenir est possible. Et il  continuera.
Jusqu’à ce que justice soit faite. La dignité  d’un peuple n’est pas une revendication. C’est un droit. Et c’est ce droit que le Rif continue de défendre, debout.

A/Kader Tahri / Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »  
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Pour l’extrême droite : L’immigration, un bouc émissaire commode


Le débat sur l’immigration en France est aujourd’hui traversé par une forte charge émotionnelle. Certains médias et tribunes engagées, particulièrement proches de l’extrême droite, construisent un récit alarmiste où l’immigration serait à l’origine de l’ensemble des difficultés sociales, économiques ou culturelles du pays. Un exemple récent illustre ce glissement : un texte virulent dénonçant la politique étrangère française, les coopérations culturelles avec l’Afrique, et prêtant à l’immigration des intentions hostiles, voire destructrices. Mais ce type de discours ne cherche pas à éclairer : il vise à inquiéter, à diviser et à désigner des ennemis intérieurs.

Un discours qui ne repose pas sur des faits mais sur des émotions

Ce type de texte utilise plusieurs procédés rhétoriques bien identifiés :

Généralisation abusive : quelques comportements d’individus sont étendus à des millions de personnes.

Amalgame identitaire : immigration = islam = délinquance = menace civilisationnelle.

Sélection orientée d’exemples : on ne retient que des cas négatifs pour créer une impression de danger.

Absence de données vérifiables : jamais de chiffres complets, jamais de sources neutres.

L’objectif n’est pas de débattre de politique migratoire, mais de fabriquer un récit d’invasion et de chaos qui entretienne la peur.

Ce que montrent réellement les données sur l’immigration

Contrairement à ce que ces discours laissent entendre :

90% des titres de séjour délivrés en France sont légaux (études, travail, regroupement familial, asile).

La majorité des immigrés travaille, cotise et contribue à l’économie.

80% des migrations africaines restent sur le continent africain : il n’y a pas « d’invasion ».

Les enquêtes sociologiques (INED, CNRS) montrent que la grande majorité des Français musulmans adhère aux lois de la République.

Reconnaître ces réalités ne signifie pas nier les difficultés. Il existe des enjeux d’intégration, de logement, de ségrégation urbaine, de discriminations. Mais la simplification brutale « immigration = problème » empêche de les résoudre.

Une vision erronée de l’identité française

On lit souvent que la France se « dissoudrait » au contact d’autres cultures. C’est oublier une évidence historique :
La France s’est toujours construite par apports successifs.

Romains, Gaulois, Celtes, Francs,

Apports méditerranéens, caraïbes, africains, asiatiques…

Christianisme, laïcité républicaine, Lumières…

La France est une nation qui intègre, transforme et crée, pas une forteresse qui se fige.
Dire que la France a une part d’africanité n’est pas une provocation : c’est une réalité historique, linguistique, culturelle et humaine.

Le vrai risque n’est pas l’immigration, mais la fragmentation politique

La société française ne souffre pas d’un excès d’altérité, mais d’un excès de méfiance.
La fracture ne vient pas de la diversité, mais du refus de la reconnaître comme fait social durable.

Plus on entretient l’idée d’un « eux contre nous », plus on fabrique précisément ce que l’on prétend craindre : des sociétés parallèles, de l’incompréhension, de la défiance.

Ce dont la France a besoin, ce n’est pas d’un ennemi intérieur, mais : d’une politique migratoire claire et transparente, d’une lutte résolue contre les discriminations, d’un projet d’intégration ambitieux, d’un langage public responsable et apaisé

Conclusion : choisir l’intelligence politique plutôt que la peur

Critiquer une politique migratoire est légitime. Instrumentaliser des populations entières ne l’est pas.

La France ne gagnera rien à se replier sur elle-même, à s’enfermer dans la défiance ou à essentialiser des millions de citoyens ou de résidents.
Elle ne cessera d’être la France que le jour où elle renoncera à son idéal universaliste, à sa capacité à intégrer, à sa foi dans l’intelligence collective.

L’immigration n’est pas la cause de leurs fractures. C’est leur manière d’en parler qui peut en créer — ou les apaiser.

 A/Kader Tahri / Chroniqueur engagé, observateur inquiet
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Le Makhzen Marocain et ses interprétations médiatiques courtisanes

À les entendre, dans l’espace médiatique du Makhzen, la question du Sahara occidental demeure l’un des sujets les plus chargés symboliquement, politiquement et historiquement. Elle cristallise passions, identités et représentations de souveraineté. Un dernier argument de propagande est désormais propagé avec force : Le Maroc constituerait par une autonomie verticale avec son Sahara marocain.

L’autre argument de propagande répété ad nauseam par les cajoleurs du Makhzen consiste à dire que le Sahara Occidental, tout bien pesé, n’existerait pas, né d’un mythe fondateur. Qu’il serait depuis toujours une terre Marocaine. 

Mais au-delà des émotions, il existe une réalité juridique et diplomatique qui ne devrait ni être ignorée, ni instrumentalisée.
Or, on observe aujourd’hui, dans une partie significative de la presse marocaine, une tendance à affirmer que les Nations unies auraient désormais adopté le plan d’autonomie proposé par le Maroc comme unique cadre de règlement. Cette affirmation se répand, se répète, s’enracine – mais elle ne correspond pas aux textes.

Il est donc important de rappeler ce que disent réellement les résolutions du Conseil de sécurité, c’est-à-dire le seul cadre reconnu par la communauté internationale. Ce sont toujours les mêmes qui font aujourd’hui mine de croire que le Roi du Maroc pourrait respecter le droit international. L’expérience nous enseigne qu’aucun dictateur, saisi par l’hubris, par l’ivresse d’un pouvoir sans limite, n’est à l’abri de décisions défiant la raison. Ce vertige a conduit Hassan 2 avec sa marche verte jusqu’au Sahara Occidental 1971 pour un faire son bien. Je ne me souviens pas que les causes du conflit aient été expliquées autrement que par le désir agressif de conquête du Roi

Le langage du Conseil de sécurité : le cœur du dossier

Depuis plus de quinze ans, les résolutions du Conseil de sécurité du maintien de la paix au Sahara ont adopté une formule désormais stable.
La résolution 2703 (30 octobre 2024), comme celles qui l’ont précédée (2602, 2654, 2685), affirme :

« Le Conseil de sécurité réaffirme la nécessité d’une solution politique réaliste, pragmatique et durable, mutuellement acceptable, fondée sur le compromis. »

Cette phrase est centrale. Elle constitue le cadrage diplomatique du conflit. Elle signifie trois choses essentielles : Aucune solution ne peut être imposée unilatéralement. Aucune solution n’est considérée comme acquise. Le résultat final doit être négocié.

En d’autres termes, l’ONU n’a pas tranché et ne déclare pas que le Sahara a été ou serai marocain. Elle ne déclare pas non plus qu’il doit devenir indépendant c’est au peuple Sahraoui d’en décider) Elle demande un processus, pas un verdict.

La reconnaissance du plan d’autonomie : une appréciation diplomatique, pas une validation juridique Les résolutions saluent la proposition marocaine : « Le Conseil de sécurité prend note des efforts sérieux et crédibles du Maroc. »

Cette formule signifie que le Maroc : a présenté une proposition solide, cohérente et compatible avec l'idée de compromis. Cela n’a rien d’anodin. Mais cela ne signifie pas que : le plan d’autonomie est la seule base de négociation, que l’indépendance est exclue par principe, ou que l’ONU adopte la vision marocaine du conflit.

Dire le contraire, comme le font certains éditorialistes, revient à passer de la reconnaissance de la valeur d’une proposition à l’affirmation de sa supériorité exclusive.
C’est un glissement politique, pas juridiquement fondé.

Le référendum : toujours inscrit,  Il est essentiel de rappeler que le référendum d’autodétermination n’a jamais été supprimé du cadre onusien.
Il demeure une option, théoriquement ouverte.

Mais dans les faits, l’ONU elle-même a constaté son impossibilité opérationnelle, en raison du blocage technique, non tranchable, qui a conduit l’ONU à substituer la logique du vote à celle de la négociation politique.

Ainsi : L’indépendance n’est pas juridiquement abandonnée, mais n’est plus le scénario opérationnel privilégié à ce stade.

La question du rôle de l’Algérie

Un élément évolue néanmoins dans le discours onusien récent : la mention explicite des quatre parties. Les résolutions ne parlent plus seulement de « deux parties », mais : « Le Maroc, le Front Polisario, l’Algérie et la Mauritanie. »

L’Algérie n’est donc plus considérée comme simple « pays voisin », mais comme un acteur nécessaire du processus politique. Cela ne veut pas dire : qu’elle doit accepter l’autonomie, ni qu’elle endosse le rôle de belligérant.

Cela veut dire : qu’aucune solution durable ne peut être trouvée sans l’Algérie. Reconnaître cela relève du réalisme, non de la concession.

Le danger du triomphalisme discursif

Que certains États soutiennent la proposition marocaine, notamment plusieurs pays africains, arabes et européens, est un fait.
Que la dynamique diplomatique évolue dans le sens d’une solution négociée plutôt qu’un référendum binaire est également un fait.

Mais transformer ces tendances en victoire définitive est un raccourci dangereux.

Pourquoi ? Parce que : Une position exagérée est aisément démontée. La crédibilité se construit sur l’exactitude, pas sur l’affirmation. La diplomatie se joue dans la nuance, jamais dans le slogan.

Le conflit du Sahara souffre déjà suffisamment de la surinterprétation, de la communication identitaire et de la simplification stratégique. L’heure n’est pas au spectacle politique, mais au travail patient et lucide.

Conclusion

Le Conseil de sécurité n’a ni tranché en faveur de l’autonomie, ni maintenu la centralité du référendum : il a installé la recherche du compromis comme seule voie crédible.

Cela implique : écouter, négocier, reconnaître les contraintes de l’autre.

Il me semble que la presse du Makhzen est appelée à faire la politique internationale, pas du récit national. La paix, la stabilité et la coopération maghrébine méritent mieux que des certitudes proclamées cela demande une maîtrise du langage diplomatique, le respect du cadre juridique, et une honnêteté intellectuelle face aux faits. Sans cela, le conflit continuera moins parce qu’il est insoluble que parce qu’il est mal raconté.

Une même fuite en avant s’observe au Maroc dans le camp royaliste. C’est un fait : le Makhzen ne sait plus argumenter autrement que par le mépris, l’injure, la diabolisation. Ce manichéisme bas de gamme est également utilisé par une partie de la politique  Il suffit d’entendre les arguments anti-Algérie rudimentaires Bourita ou de Omar Hilale  pour s’en convaincre.

A leur décharge, les courtisans du royaume qui ont une très forte impression qu'ils contribuent pour beaucoup dans le cout politique du Makhzen. Un peu comme pense le Français moyen avec le cout social de l'immigration! A chacun son ressentiment.

A/Kader Tahri / Chroniqueur engagé, observateur inquiet
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Le Makhzen Marocain s’offre l’article d’Elliott Abrams, ancien conseiller américain comme un verdict diplomatique :

Un article d’Elliott Abrams, ancien conseiller américain, relayé par plusieurs médias comme un constat objectif de la situation au Sahara occidental, défend en réalité une lecture biaisée et alignée sur les intérêts stratégiques des États-Unis. Il ne reflète ni la position du Conseil de sécurité, ni le droit international, encore moins la voix du peuple sahraoui.

Tribune : On a pu lire, ces derniers jours, que le Maroc aurait remporté une « victoire décisive » au Conseil de sécurité de l’ONU concernant le Sahara occidental. À l’origine de cette affirmation, un article signé par Elliott Abrams, ancien conseiller spécial à la Maison Blanche, et publié par le Council on Foreign Relations (CFR). Présenté dans la presse marocaine comme un verdict diplomatique ou une analyse autorisée, ce texte n’est en réalité qu’une opinion personnelle. Et, surtout, une opinion portant un parti pris idéologique clair en faveur de la position marocaine.

Il est essentiel de rappeler que le CFR est un think tank pluraliste : il publie des contributions reflétant des perspectives diverses, parfois contradictoires. Aucun texte signé par un individu n’y vaut position institutionnelle. Or, dans certains médias, l’opinion d’Abrams a été présentée comme si les États-Unis, le Conseil de sécurité ou la communauté internationale avaient définitivement tranché la question. C’est inexact. Et c’est politiquement lourd de conséquences.

Car ce texte opère une simplification radicale du conflit. Abrams décrit le Maroc comme la partie « raisonnable » et « moderne », tandis que le Front Polisario serait un mouvement « anachronique » issu de la guerre froide, soutenu par une Algérie forcément hostile. Ce récit efface totalement la dimension fondamentale du dossier : le Sahara occidental reste un territoire non autonome selon l’ONU. À ce titre, les Sahraouis disposent d’un droit inaliénable à l’autodétermination, principe central du droit international, et reconnu par toutes les résolutions du Conseil de sécurité depuis près de cinquante an.

Ce droit n’est pas une revendication marginale, ni une lubie idéologique : il est la clé juridique du conflit.

Pourtant, dans l’article d’Abrams, ce droit disparaît. La population concernée disparaît. Le conflit devient exclusivement géopolitique : Maroc contre Algérie, sécurité contre instabilité, modernité contre archaïsme. Ce glissement n’est pas seulement discutable : il est dangereux. Car il nie l’existence du peuple sahraoui comme sujet politique de son propre destin.

Par ailleurs, Abrams prétend que la récente résolution du Conseil de sécurité consacrerait la proposition marocaine d’autonomie comme la seule solution crédible. Or, c’est une lecture sélective et incomplète. La résolution réaffirme qu’une solution doit être politique, négociée et mutuellement acceptable. Elle ne reconnaît ni souveraineté marocaine, ni indépendance sahraouie. Elle demande aux parties de reprendre les négociations. Autrement dit : rien n’est réglé.

Que l’ancien conseiller américain omette ce point n’est pas un oubli. C’est une construction.
Elle permet de présenter comme acquis ce qui ne l’est pas, et de transformer un rapport de force diplomatique en vérité finale.

La justification que donne Abrams est d’ailleurs explicite : les États-Unis soutiennent Rabat parce que le Maroc est un allié stratégique stable, notamment depuis la normalisation de ses relations avec Israël. Le raisonnement est clair : ce qui importe, ce n’est ni la volonté des Sahraouis, ni le droit international, mais l’alignement géopolitique.

Autrement dit, ce texte n’explique pas ce qui est juste. Il explique ce qui arrange. Il ne dessine pas une solution. Il défend une préférence diplomatique américaine.

Enfin, l'article dévoile, malgré lui, l’argument déterminant : le soutien américain au Maroc découle de considérations stratégiques, notamment depuis la signature des accords de normalisation avec Israël en 2020. Ce n’est donc ni un soutien « moral », ni un soutien « historique », mais un soutien d’intérêts, inscrit dans le repositionnement américain au Maghreb. Ainsi, ce texte ne dit pas : « le Maroc a raison ». Il dit : « le Maroc nous est utile ».

C’est là toute la différence entre la diplomatie et l’instrumentalisation.

Pour la partie marocaine, Il s’agit d’un commentaire qui reflète une lecture pro-marocaine de la diplomatie américaine. Cette sélection de faits vise à créer l’impression d’une victoire diplomatique totale, Mais ne reflète ni la complexité du conflit, ni l’ensemble des positions internationales, ni les revendications sahraouies au titre de l’autodétermination.

Le Conseil de sécurité ne statue pas sur la base des alliances géopolitiques, mais sur la base du droit international. Et le droit international, lui, reste clair :
Le Sahara occidental n’est pas marocain. Son peuple doit choisir.

La seule question demeure, et elle est simple :
Quand permettra-t-on au peuple sahraoui d’exercer son droit légitime à l’autodétermination ?

A/Kader Tahri / Chroniqueur engagé, observateur inquiet
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Voilà qu’un « Allah Akbar » en voiture folle retentissait sur l’île d’Oléron

L’attaque commise sur l’Île d’Oléron a immédiatement suscité un déferlement de déclarations politiques. Avant même que l’identité de l’auteur, ses motivations ou son état psychologique soient établis, le mot « attentat » circulait déjà partout. Certains responsables parlaient de « menace islamiste », d’autres dénonçaient « l’angélisme » de leurs adversaires. Une chose est sûre : la course à l’interprétation a devancé l’enquête.

Ce réflexe n’est pas nouveau. Il témoigne d’un glissement structurel du débat public : l’émotion instantanée se substitue à la compréhension, et l’événement tragique devient outil de communication politique. Dans ce théâtre de l’immédiat, l’information n’est plus un processus mais un réflexe, et chaque drame devient le carburant d’une bataille culturelle préexistante.

Pourtant, la réalité de ces actes violents est complexe. Elle concerne à la fois : la circulation de discours extrémistes afin de réduire ces situations au seul facteur religieux ou identitaire, et encore plus la dramatisation médiatique comme mode de pensée ; c’est répondre à la complexité par un slogan, et donc laisser intactes les causes profondes.

Pendant que les plateaux télé s’affolent autour de l'« insécurité »,  pour faire intervenir ses chroniqueurs impartiaux qui assureront que le pire est avenir, et que c’est de la faute des Français : voilà ce qui arrive lorsqu’on reconnaît la Palestine !

Alors que d’autres faits, eux bien établis, passent sous silence : la précarité étudiante qui explose, la pénurie médicale, la fragilisation de l’école, l’épuisement des soignants, l’isolement en Ehpad, la perte de pouvoir d’achat, les inégalités territoriales. Ce sont pourtant ces fractures sociales-là qui structurent durablement le malaise français.

La question n’est donc pas seulement « qui est responsable de cette attaque ? », mais dans quel climat politique elle s’inscrit.

Un climat où la peur devient langage politique fréquent et le citoyen est sommé de choisir un camp avant même de comprendre.

Des faits divers qui tombent bien, pour l’extrême droite parce que ce qui se joue désormais dépasse Oléron

« Je veux adresser toutes mes pensées aux personnes blessées ce matin sur l’île d’Oléron, victimes d’une attaque d’une violence inouïe. » (Yaël Braun-Pivet, qui a eu des mots moins durs pour Israël qui commet un génocide)

« Aujourd’hui, la situation est telle que nous voyons émerger des djihadistes partout en France. » (Éric Zemmour)

« La menace islamiste sur notre pays n’a jamais été aussi forte […] mais c’est une guerre qu’il vous faut mener, ici et maintenant. Demain, il sera trop tard, notre pays a déjà payé un trop lourd tribut à l’islamisme. » (Sébastien Chenu)

Ce qui est choquant, c’est que ces politiques, trois minutes après l’évènement, annoncent déjà que c’est un attentat, et communiquent en ce sens sur les réseaux sociaux, avec un discours des plus terrorisants. Aucun début d’enquête, peu importe, « ils le savent déjà ». 

 Mais il est bon, bien sûr de rappeler que concernant cet attentat, qu’il s'agit en fait d’une fiction politique de certaines forces politiques, qui arrivent t à construire leur stratégie autour du thème de l’islamisme et l’immigration, présentée méthodiquement comme l’origine directe ou indirecte de tous les maux de la société française, et surtout qu’il s’agit également d'un événement en lien avec le Grand Remplacement.  

Ainsi donc, je dois dire bravo aux Français de souche, ayant Vercingétorix comme ancêtre (comme Zemmour), mais presque tous issus de l'immigration. Dans les médias, certains se prennent pour Napoléon, mais ils sont plus nombreux à se croire de souche, de qui, de quoi et depuis quand ?

A/Kader Tahri / Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »  
https://kadertahri.blogspot.com/

 

 

 

 

 

 

Le polémiste Éric Zemmour dans son Art d’Injurier son Propre Miroir

Zemmour ne combat pas l’immigration : il combat son reflet. Son obsession identitaire n’est pas un programme politique, mais une fuite permanente hors de lui-même. La France réelle, diverse et vivante, il la nie pour se réfugier dans une caricature historique où il espère se blanchir symboliquement de ses propres origines. C’est moins du patriotisme que de l’auto-dénégation en direct.

Il y a des gens qui se cherchent. Zemmour, lui, s’est trouvé — et il n’a pas aimé ce qu’il a vu. Voilà pourquoi il passe son temps à se réinventer en gardien de la « vraie » France.

Fils d’immigrés juifs berbères d’Algérie, il est la preuve vivante de la capacité française à accueillir, éduquer, transmettre. Et pourtant, de toute évidence, il vit cette réalité comme une menace. Alors il bâti autour de lui une armure idéologique de chevalier de la « pureté nationale », persuadé que la France s’effondre dès que quelqu’un prononce un prénom qui n’était pas au calendrier en 1820.

Ce n’est pas du patriotisme. C’est du blanchiment symbolique.
Un délire de purification autobiographique.

Car ce qu’il hait chez « les autres », c’est ce qu’il reconnaît trop bien en lui-même. Son discours sur « l’invasion », « le remplacement » et « la décadence » n’est pas un projet : c’est une panique. C’est le tremblement d’un homme qui refuse de ressembler à son propre arbre généalogique.

Zemmour n’aime pas la France : il aime une momie de France. Une France empaillée, version musée départemental, où tout est étiqueté, figé, mort. Une France sans Brassens (trop anarchiste), sans Camus (trop algérien), sans Cioran (trop étranger), sans Montand (trop communiste), Sans Ferrat (trop français) sans Cléo de 5 à 7, sans Raï  et sans Coran dans les taxis, sans couscous dans les cantines — bref, sans tout ce qui fait une France vivante.

Il défend une nation imaginaire, où Louis XIV serait sur BFM et où les villages avec l’Eglise au centre, seraient tous des cartes postales de l’Office du tourisme, La France réelle, elle, fait du bruit, change, vit. Et Zemmour ne supporte pas le vivant.

En vérité, sa croisade identitaire n’est pas la défense d’une culture menacée — mais l’étouffement anxieux de sa propre histoire. Zemmour ne veut pas fermer la porte aux nouveaux venus : il essaie de la claquer sur son passé. Une France qu’il prétend sauver, mais qu’il n’a jamais acceptée telle qu’elle est.

Lors d’un échange virulent avec l’imam de la mosquée des Bleuets à Marseille, Éric Zemmour s’aventure dans le terrain miné de la colonisation : de l’accusation ouverte de « pillage des ressources algériennes » à la mise en cause de la « reconnaissance » due, il révèle – sans l’avouer – ce qui le travaille. Non pas un débat historique, mais une guerre contre lui-même.

 

L’épisode vaut le détour : l’imam marseillais, que Zemmour interpelle sur X comme « Monsieur l’imam », affirme que « l’Algérie n’a pas divorcé de la France, elle s’en est libérée après 132 ans d’occupation, de pillages et de massacres ».  

Réponse immédiate de Zemmour : « Votre commentaire dit beaucoup sur votre ignorance historique et votre esprit de revanche ». La pilule est double : d’un côté, la mise en cause impudente de la violence coloniale et du « vol des ressources » ; de l’autre, un homme qui, né d’immigrés, refuse qu’on lui rappelle que l’histoire qu’il défend n’a rien d’innocent.

Zemmour ne répond pas à l’imam sur les faits : il crie à l’imposture. Mais ce qu’il ne veut pas voir, c’est que son propre héritage familial et culturel est le miroir exact de ce qu’il prétend éradiquer. Autrement dit : la réussite issue de l’immigration le dérange tant qu’il préfère devenir son ennemie.

En brandissant la colonisation comme un quasi acte fondateur de la « dette » occultée de la France, l’imam met en lumière ce que Zemmour veut taire : que l’ordre qu’il prétend restaurer repose sur des ignorances, des concessions, des emprunts, des exils. Que la France qu’il fantasme n’a jamais été pure ; qu’elle doit, depuis toujours, autant à l’étranger qu’à elle-même.

Zemmour s’imagine protecteur de la France « sauvage », mais il tombe dans un réflexe inverse : celui de celui qui, pour se faire aimer, rejette ce qu’il est. Il préfère hurler contre « l’islamisation », « l’immigration », « l’invasion » plutôt que d’admettre que sa librairie est faite aussi d’Apollinaire, de Cioran, de Brassens métissé, de migrants devenus français. Il érige la frontière symbolique, il fabrique l’ennemi intérieur — mais c’est lui qui est à l’intérieur.

Son lit est fait d’archives et de ruines. Il vit la France comme un musée en chiottes, un décor figé. Et quand on lui rappelle que cette « France » d’homogénéité n’a jamais existé, il s’emporte. Il accuse, il détourne, il menace. Il n’a pas l’amour de la France : il a la peur de son propre reflet.

Ainsi, l’affaire de Marseille n’est pas un simple échange polémique entre religieux et polémiste : c’est un moment de vérité. Un homme qui refuse ses origines, qui projette son malaise sur les nouveaux venus, qui intime à la France d’être ce qu’elle ne fut jamais — et qui s’emporte quand on lui oppose les faits.

En somme : Zemmour est l’enfant d’une France ouverte qu’il passe sa vie à vouloir refermer. Il n’y a rien de plus tragique que celui qui veut détruire ce qu’il est devenu — encore moins quand il crie qu’il veut le sauver.

Lorsque Éric Zemmour affirme que « la France n’a pas pillé l’Algérie » parce qu’« on ne pille pas des marécages », il ne décrit pas l’histoire : il la dissout. Il remplace les documents, les archives, les témoignages, par une posture. Ce qu’il combat n’est pas l’Algérie — mais la part d’Algérie qu’il refuse en lui.

« La France n’a pas pillé l’Algérie : on ne pille pas des marécages et des étangs. »
dit Zemmour.

Or, dès 1841, le général Bugeaud — gouverneur général de l’Algérie — écrivait noir sur blanc à ses officiers :

« Il faut ravager les champs, brûler les villages, enlever les troupeaux.
La conquête de l’Algérie sera une guerre d’extermination. »
(Lettre du 15 avril 1841, Archives militaires de Vincennes)

On ne ravage pas des étangs. On détruit des sociétés humaines.

Quand Zemmour rit, Michelet, lui, ne riait pas.
Dans Le Peuple (1846), il décrivait la colonisation comme :

« Une violence froide, administrative, calculée, qui prend et appelle cela civilisation. »

Même la Chambre des Députés le reconnaissait :
la loi du 26 juillet 1873 (dite loi Warnier) avait pour but déclaré de :

« Détruire la propriété collective indigène pour transférer la terre aux colons. »
(Journal Officiel, séance du 14 juin 1873)

On ne réorganise pas juridiquement des étangs. On exproprie des cultivateurs.

Et quand Zemmour dit : « Aujourd’hui l’Algérie nous envahit, c’est un pays ennemi »,
il ne parle pas d’actualité. Il récite presque mot pour mot le gouverneur Tirman, en 1881 :

« Il faut empêcher l’indigène d’être chez lui chez nous. »
(Discours au Sénat, 1881)

Ce qu’il nomme « invasion », c’est en réalité l’ordre ancien qui revient frapper à la porte de la mémoire. Car l’Algérie n’a pas oublié. Et la France officielle non plus.

En 1937, alors que l’on débat de l’accès à la citoyenneté des « sujets algériens », Jules Ferry (père de l’école républicaine) déclarait :

« Nous avons créé en Algérie une société à deux étages. La justice commande de reconnaître l’injustice. »  (Débats parlementaires, Chambre des députés)

Même l’État français reconnaissait la hiérarchie coloniale.
Zemmour, lui, la nie — non par ignorance, mais par nécessité.

Car s’il admet la violence, il doit affronter ce que cette histoire dit de lui.

La loi du 26 juillet 1873, dite Loi Warnier, est explicite : elle vise à abolir les terres collectives pour les transférer aux colons
Elle transforme la propriété en arme.

Comme l’historien Charles-Robert Ageron l’a montré :

« La colonisation fut d’abord une entreprise de spoliation foncière systématique. »³

Ce n’est pas un débat. C’est un fait documenté.

L’autre mensonge implicite dans le récit zemmourien est l’idée qu’avant 1830, l’Algérie aurait été un désert intellectuel. Pourtant, le colonel Eugène Daumas, administrateur français, reconnaissait en 1853 :

« L’instruction primaire était beaucoup plus répandue en Algérie qu’on ne le croit généralement. »⁴

Les grandes villes — Alger, Miliana, Mascara, Oran, Bejaia, Tlemcen, Constantine — disposaient de réseaux de médersa, msid et zaouïa où l’on apprenait lecture, écriture et jurisprudence religieuse. Le notable algérien Hamdane Ben Othman Khodja en témoignait déjà en 1833 :

« La lecture du Coran fait partie de la vie ordinaire de la cité. »⁵

Zemmour dit : « Il n’y avait rien. »
Les archives disent : Il y avait des écoles.

Son discours n’est pas une analyse. C’est un rideau. Un rideau pour ne pas voir Bugeaud, Saint-Arnaud, les enfumades, les séquestres, les déportations, la famine de 1867, les spoliations cadastrales, les populations déplacées, les terres classées « vacantes » parce que volées.

Un rideau pour ne pas voir que l’histoire coloniale et l’histoire familiale se croisent dans son nom, son visage, son lieu d’origine.

Zemmour n’attaque pas l’Algérie. Il attaque la part algérienne qu’il porte malgré lui. Il ne parle pas de la France. Il parle de ce qu’il voudrait ne plus être. Et c’est cela, précisément, qui rend son discours aussi bruyant. Plus on fuit, plus on hurle.                                                 Ainsi donc, je dois dire bravo aux Français de souche, ayant Vercingétorix comme ancêtre (Zemmour), mais presque tous issus de l'immigration. Dans les médias, notre Zemmour et certains se prennent pour Napoléon, mais ils sont plus nombreux à se croire de souche, de qui, de quoi et depuis quand ?

A/Kader Tahri / Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »  
https://kadertahri.blogspot.com/

NOTES  

  1. Thomas-Robert Bugeaud, Lettre du 15 avril 1841, Service Historique de la Défense (Vincennes).
  2. Journal Officiel, Débats parlementaires, séance du 14 juin 1873 (Loi Warnier).
  3. Charles-Robert Ageron, Histoire de l’Algérie contemporaine (1830-1871) (Paris : PUF, 1964), 54–63.
  4. Eugène Daumas, Mœurs et coutumes de l’Algérie (Paris : Firmin-Didot, 1853), 212.
  5. Hamdane Ben Othman Khodja, Le Miroir, ou Tableau historique et statistique de la Régence d’Alger (Paris : Béthune et Plon, 1833), 89–92.
  6. Louis Tirman, Discours au Sénat, Compte rendu intégral, 1881.