Parfois il m'est utile de le dire !

                                                                                                          Oh! Colombe, transmets mon salut d...

Les Prisonniers Palestiniens face à l'impitoyabilité d'Israël

   

Alors que le monde célèbre la libération des otages israéliens, plus de 9 000 Palestiniens restent enfermés dans les prisons israéliennes, dans l’indifférence générale.
Torture, privations, isolement : derrière les murs, une tragédie humaine se joue, loin des caméras et du regard des puissants.
Leur crime ? Être Palestinien, souvent sans accusation, parfois pour un post sur les réseaux sociaux, un drapeau brandi ou une simple appartenance politique.

Une captivité de masse, banalisée depuis des décennies

Aujourd’hui, plus de 3 500 prisonniers palestiniens sont détenus sous le régime de la détention administrative, une procédure qui permet d’enfermer sans procès ni chef d’accusation, renouvelable indéfiniment sur la base de “preuves secrètes”.
Ces pratiques bafouent le droit international et constituent une violation flagrante des conventions de Genève.

Les témoignages recueillis par des ONG et d’anciens détenus sont accablants : cellules surpeuplées, nourriture réduite à quelques cuillerées de riz, soins médicaux refusés, isolement prolongé, violences physiques quotidiennes.

Depuis 2023, ces abus se sont encore intensifiés sous la politique du ministre israélien Itamar Ben-Gvir, qui revendique publiquement le durcissement des conditions de détention.
La souffrance des prisonniers palestiniens est devenue un instrument de domination.

L’hypocrisie du monde libre  

Ce qui choque autant que ces violences, c’est le silence.
Les capitales occidentales, si promptes à brandir le droit international ailleurs, détournent le regard ici. Les grands médias évoquent la détention palestinienne uniquement lorsqu’elle entre dans un échange de prisonniers, réduisant des milliers de vies à de simples chiffres.
Cette hiérarchie des émotions et des droits nourrit un système d’impunité où Israël continue de violer le droit sans crainte de sanction.

Les milliers de Palestiniens détenus arbitrairement depuis octobre 2023 en vertu de la loi israélienne sur la « détention des combattants illégaux », promulguée en décembre de la même année, ont subi des attaques de chiens, des coups et des agressions sexuelles. En août de la même année, l'organisation israélienne de défense des droits humains B'Tselem a publié son rapport « Bienvenue en enfer » , confirmant « le recours systématique, généralisé et prolongé à la torture ».…

Des experts mandatés par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, Human Rights Watch et Amnesty International ont également recueilli de nombreux témoignages faisant état de détenus enfermés dans des cages ou attachés à des lits, nus ou portant des couches. Ils sont également soumis à des techniques de privation sensorielle et privés de soins médicaux, de sommeil, de nourriture et d'eau. Ils sont également suspendus au plafond, soumis au waterboarding, brûlés avec des cigarettes ou des décharges électriques, notamment sur les parties génitales

Les prisonniers palestiniens ne demandent pas la compassion, mais la justice.
Ils exigent le respect des droits fondamentaux que tout État doit garantir :
le droit à un procès équitable, à la santé, à la dignité.

Il est temps d’exiger : la fin immédiate de la détention administrative, l’accès humanitaire et juridique aux prisons israéliennes, et une enquête internationale indépendante sur les violations des droits humains.

Depuis 1967, près d’un million de Palestiniens ont connu la prison israélienne. Cette réalité n’est pas une exception : c’est un système. Et tant que ce système perdurera dans le silence, aucune paix durable ne sera possible.

Ce texte n’est pas un appel à la compassion, mais à la responsabilité.
Tant que le droit international sera appliqué à géométrie variable, aucune paix ne sera durable.
A mon tour je brise le silence pour défendons la dignité et rendre  visibles les oubliés des   geôles israéliennes. Le monde les ignore, les médias les effacent, la justice les abandonne.
Mais leur silence résonne comme un cri : le droit n’a pas de frontières, la dignité non plus.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet                                                                                                    « Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. » 
https://kadertahri.blogspot.com/

 

Israël–Palestine : le réalisme devient le masque du renoncement moral de la Colonisation

 

Sous couvert de lucidité politique, certains discours sur le conflit israélo-palestinien substituent à la justice une morale de la force. En opposant un Israël “du réel” à des Palestiniens “du mythe”,  un média reconduit un vieux schéma colonial : celui où la puissance fait vérité et la mémoire du vaincu devient suspecte. Une lecture critique de ce “réalisme” tragique qui naturalise l’injustice.

Le faux réalisme, ou la morale de la force

Certains médias de l’extrême droite, présentent le conflit israélo-palestinien comme la rencontre entre le mythe et le réel : Israël serait parvenu à transformer son destin biblique en puissance politique, tandis que les Palestiniens se consumeraient dans la défaite et la revanche. Cette vision, en apparence lucide, relève en réalité d’un darwinisme politique : seule la victoire donnerait sens à l’histoire.

Ce “réalisme” ne constate pas le réel, il le fabrique : il justifie la domination au nom de la maturité historique. En valorisant la force comme principe fondateur, il recycle une rhétorique coloniale bien connue : celle qui oppose la raison du conquérant à la passion du colonisé.

L’histoire moderne n’est pas le règne de la fatalité

Si l’histoire ne se réduit pas au bien, elle ne saurait non plus se réduire à la loi du plus fort. Le droit international, né des ruines de 1945, a précisément été conçu pour briser cette logique. La Charte de l’ONU, les Conventions de Genève et la Déclaration universelle des droits de l’homme sont des garde-fous contre la barbarie du “réalisme tragique”.

Les résolutions 242, 338 et 2334 rappellent l’illégalité de l’occupation israélienne ; la résolution 194 consacre le droit au retour des réfugiés palestiniens. Ces textes ne sont pas des symboles moraux : ils expriment la volonté politique des nations de soumettre la force au droit. Refuser ce cadre au nom du réalisme, c’est légitimer la loi de la jungle — pas celle de l’histoire.

Une asymétrie effacée

La presse prétend analyser deux mythes symétriques. Mais dans la réalité, cette symétrie n’existe pas. D’un côté, un État souverain, technologiquement et militairement dominant, soutenu par les grandes puissances ; de l’autre, un peuple dispersé, assiégé, fragmenté, vivant sous occupation ou exil.

Amnesty International, Human Rights Watch et B’Tselem décrivent ce système comme un régime d’apartheid. Réduire cette réalité à une opposition psychologique — entre peuple du réel et peuple du mythe — revient à effacer la violence structurelle qui la fonde.

Les Palestiniens ne s’enferment pas dans le mythe : ils sont enfermés dans un réel qui les nie.

L’illusion d’un Israël “sorti du mythe”

La presse Française glorifie Israël comme le peuple “revenu au réel”. Pourtant, Israël n’a jamais cessé de mobiliser son propre mythe fondateur,  celui de la Terre promise et du peuple élu, pour légitimer une entreprise d’appropriation territoriale.

Le paradoxe est clair : ce qui est loué comme mémoire chez le fort devient pathologie chez le faible.
Le mythe du “retour juif” est consacré comme acte fondateur ; celui du “retour palestinien”, disqualifié comme nostalgie.
Cette asymétrie symbolique reproduit la hiérarchie politique : la mémoire d’Israël fait loi, celle de la Palestine devient soupçon.

C’est là que le prétendu “réalisme” s’effondre : il ne décrit pas le monde, il hiérarchise les légitimités.

Le droit comme réalité, non comme illusion

Sortir du religieux pour “retrouver le politique”, dit  un média  Mais c’est précisément ce que font les Palestiniens en s’appuyant sur les instruments du droit international : recours à la CPI, reconnaissance diplomatique, mobilisations pacifiques. Rien là d’un repli mythique — tout d’une affirmation du réel.

Le droit n’est pas un rêve : c’est la condition d’un monde vivable. Sans lui, la force devient son propre juge. Faire du vainqueur la mesure de l’histoire, c’est transformer la tragédie en système.

La véritable maturité politique

La maturité ne réside pas dans la puissance, mais dans la capacité à reconnaître la souffrance de l’autre. La grandeur d’Israël viendra peut-être un jour de ce courage : reconnaître que la sécurité ne se construit pas sur la négation d’un peuple.

Quant à l’Europe, si elle veut rester fidèle à son héritage moral, elle ne peut se réfugier dans le cynisme de la “tragédie historique”. Le réalisme véritable, comme l’écrivait Raymond Aron, n’est pas de se soumettre au fait, mais d’en tirer la responsabilité.

Croire encore à la justice, ce n’est pas s’enfermer dans le mythe, c’est refuser la résignation.

Quant à moi, comme je reste tout à fait partisan de la notion de guerre des civilisations comme moteur de la grande histoire, je me réjouis des défaites renouvelées de la civilisation sioniste qui, est construite selon moi sur de faux principes et doit disparaitre comme idéal, projet et religion. Le plus tôt sera le mieux pour le vrai bonheur de l'humanité.

« L’histoire ne s’écrit pas selon les droits mais selon les forces »

Quels droits ? Quelle universalité ?, sinon le droit à survivre !
Les Palestiniens forment une  communauté marquée par la résilience. A l’opposé, beaucoup de nations du monde occidental baignent dans un confort générant manque de lucidité, oubli du passé, lâcheté confortable.

Toute "morale" concerne l'ensemble des prescriptions relatives aux actions permises oui interdites, encouragées ou désapprouvées, dans une société, et plus généralement parmi les hommes ; "avoir des devoirs" envers quelque chose ou quelqu'un fait partie de l'ensemble de ces prescriptions, sinon je ne vois vraiment pas ce que ça pourrait être : au reste tout "jugement de valeur", c'est-à-dire tout jugement portant sur ce qui doit être, ce que l'on doit faire, ressortit bien entendu à la morale.

Ce qui me semble masturbatoire, et incompréhensiblement du reste, c'est prétendre dans un même élan que l'on doive faire des choses, se comporter d'une certaine façon, en vertu d'une certaine ligne de conduite acceptée envers son prochain, et que cela n'a rien à voir avec une quelconque morale.
Là vraiment, j'en reste baba, ou alors nous ne conférons absolument pas le même sens aux mots que nous utilisons.

 

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet                                                                                                     « Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. » 
https://kadertahri.blogspot.com/

 

 


La Guerre de Gaza: le confort de l’aveuglement des Israéliens :

Alors que la guerre à Gaza a révélé une brutalité sans précédent et un effondrement moral collectif, la question n’est plus de savoir si les Israéliens regretteront un jour, mais comment  et quand  la responsabilité, la justice et la mémoire pourront remplacer la logique de vengeance et de déni.
Cette tribune plaide pour une reconstruction éthique fondée sur la vérité des faits, la justice internationale et la reconnaissance du droit de chaque peuple à vivre libre.

Il y a des moments où les mots trébuchent sur la réalité. Gaza en est un. Quand des villes deviennent des ruines, quand les enfants meurent de faim sous blocus, quand des familles entières disparaissent sans sépulture, la langue, même la plus militante, paraît insuffisante. Et pourtant, c’est par les mots que les sociétés commencent à se regarder dans le miroir de leurs actes.

Cela semblera que  le Professeur Norman Finklestein n'ait raison lorsqu'on l'interroge sur la droite israélienne : « Le pays tout entier est de droite »

Avec 86 % des personnes interrogées étaient contre l'expulsion des Palestiniens. Il en reste encore assez pour rejoindre Tsahal et allez à Gaza pour bombarder, affamer et commettre un génocide. Personne ne pourra dire qu'il ne savait pas. La honte retombera sur le monde qui a armé et facilité cette horreur. Mais les Israéliens pourraient bien se réveiller un jour et prendre conscience de la gravité de leurs actes. Quand un peuple se rend complice, activement ou passivement, de la violence d’État, peut-il encore se sauver moralement ?

La banalité du mal,  

Nombreux médias israéliens ont évoqué la « banalité du mal », cette expression d’Hannah Arendt décrivant comment, dans les sociétés modernes, le crime peut se couler dans les procédures administratives, les routines sécuritaires et les automatismes de l’obéissance.
Ce n’est pas une comparaison gratuite : le siège prolongé de Gaza, la destruction systématique de ses infrastructures civiles, les bombardements aveugles, les arrestations massives et l’usage de la faim comme arme ne résultent pas de la folie d’un seul homme. Ils supposent la collaboration silencieuse d’une société tout entière : ingénieurs, pilotes, juristes, journalistes, bureaucrates.

Dans toutes les sociétés en guerre, il existe des dissonances, des résistances, des fissures. On ne peut ignorer les voix israéliennes, artistes, historiens, juristes, simples citoyens, qui, au prix de leur sécurité, dénoncent la dérive coloniale et le glissement vers un apartheid assumé., et trop de personnes refusent ostensiblement d'accepter les arguments fondés, écrits ou prononcés même par des Juifs comme Avi Shlaim, Ilan Pappé, A. Loewenstein, Noam Chomsky, N. Finkelstein… Pourtant, ces voix sont minoritaires et souvent criminalisées.

Le consensus national s’est durci, porté par une peur existentielle et par des décennies de propagande politique et religieuse. C’est ce consensus qu’il faut aujourd’hui interroger : non pour humilier, mais pour rouvrir la possibilité d’un réveil moral. Les Israéliens vivront-ils un jour le moment où ils regarderont en arrière, constateront leur comportement génocidaire, voir la réaction de la majorité en Israël face au rasage de toute la bande de Gaza, aux immenses souffrances infligées aux civils par Israël, aux atrocités, au génocide, à l'inhumanité, à la famine, ainsi qu'aux harcèlements, à l'oppression et au nettoyage ethnique en Cisjordanie et regretteront ce qu'ils ont fait aux Palestiniens.

Le piège de la symétrie morale

À chaque accusation d’atrocités, on oppose un réflexe : « et le Hamas ? »
Oui, le massacre du 7 octobre 2023 fut un crime abominable, une attaque, mais le droit et la morale refusent la logique comptable du « œil pour œil ». La vengeance d’État n’est pas la justice ; la punition collective n’est pas la défense. Un crime ne justifie pas un autre. La responsabilité israélienne actuelle ne se mesure pas au nombre de morts, mais à la structure : celle d’une puissance militaire qui contrôle un peuple sans droits, impose un blocus depuis près de vingt ans et transforme un territoire en cage à ciel ouvert.

Comparer n’est pas relativiser. C’est au contraire rappeler que la loi et la dignité humaine valent pour tous, ou ne valent plus pour personne. L’optimiste ne cherche pas à confronter les deux côtés du problème et à prétendre que l’oppresseur et la victime sont également responsables, au lieu de ne voir qu'un bien et un mal, alors soyons réaliste : bientôt ceux qui sont coupables des crimes d’extermination et de génocide seront traduits en justice et punis, sinon ce modèle de génocide « justifiable » et de colonisation « justifiable » deviendra la nouvelle façon dont le monde fonctionne et toute vie humaine sera en péril. Le 7 Octobre est la conséquence directe de l'occupation. Et si le Hamas a commis des crimes contre l'humanité en attaquant des civils, la sauvagerie avec laquelle Israël a choisi de se « défendre » (les occupants n'ont aucun droit légal de se « défendre » lorsque les populations qu'ils occupent agissent légitimement contre leur occupation) rend les crimes du Hamas bien pâles en comparaison. Ajoutez à cela le traitement médiéval qu'Israël réserve à ses prisonniers Palestiniens, il y a une barbarie et une criminalité absolues dans la manière qu’Israël a choisi de faire subir à ces prisonniers, tant sur le plan institutionnel qu'individuel.
Quand une armée démocratique tue plus de trente mille civils, quand des responsables politiques invoquent la Bible pour justifier la destruction d’un peuple, le problème dépasse le cadre de la guerre. C’est la légitimité même du projet politique qui est en cause.

Beaucoup d’observateurs étrangers veulent croire à un réveil israélien futur : un jour, disent-ils, les Israéliens découvriront la vérité, comme les Allemands après 1945, et seront saisis de honte. Peut-être. Mais compter sur le remords futur d’un peuple pour réparer le présent est une illusion commode. Ce n’est pas la conscience morale qui arrête les bombes, mais la contrainte politique, juridique et internationale.

La vraie question n’est donc pas : « Quand les Israéliens regretteront-ils ? »
Elle est : « Quand le monde, qui les arme et les protège diplomatiquement, acceptera-t-il de faire appliquer le droit ? »
Quand la Cour internationale de Justice rendra-t-elle un jugement exécutoire sur les accusations de génocide ?
Quand les États cesseront-ils de prétendre que l’embargo humanitaire ou la destruction d’un système de santé relèvent de la “légitime défense” ?

La morale individuelle a son importance, mais sans justice institutionnelle, elle reste un baume sur une plaie ouverte. Je doute sincèrement que les Israéliens reconnaissent un jour le génocide qu'ils ont commis. A-t-on jamais regretté la destruction totale de millions de vies palestiniennes depuis au moins 1948 ? La seule façon d'y parvenir maintenant est que les dirigeants soient appelés à rendre des comptes, à la manière de Nuremberg, et que le pays soit contraint de reconnaître ses actes. Ce serait la meilleure solution pour les Palestiniens comme pour les Israéliens, mais cela n'arrivera pas de sitôt, voire jamais. Malheureusement, aucun argument ne saurait les convaincre et je pense que les Israéliens accepteront fièrement le génocide et raconteront à leurs petits-enfants comment ils ont tué des enfants palestiniens pour sauver la terre pour eux.

La responsabilité, pas la honte

Il est tentant de souhaiter que la société israélienne éprouve un jour ce que ressentirent les Allemands en visitant les camps de concentration : le dégoût, la culpabilité, la honte. Mais la honte ne guérit rien. Elle enferme.
Ce qu’il faut, c’est la responsabilité : la capacité d’un peuple à se confronter à ses actes, à ouvrir ses archives, à juger ses dirigeants, à indemniser ses victimes et à reconstruire des institutions capables d’empêcher la répétition.

L’Afrique du Sud post-apartheid n’a pas été sauvée par la honte des Blancs, mais par un processus politique de vérité et de réconciliation  imparfait, mais historique.
L’Allemagne ne s’est pas relevée par le remords, mais par la dénazification, les procès, l’éducation civique, l’interdiction du révisionnisme. Il faut le même courage en Israël : un courage juridique, pas moraliste ; collectif, pas abstrait.

La mémoire, pas la mythologie

Chaque nation construit une mémoire sélective. Israël n’y échappe pas.
L’Holocauste a forgé une conscience tragique et légitime : celle d’un peuple qui ne veut plus jamais être persécuté. Mais cette mémoire est devenue, dans les mains des dirigeants actuels, un instrument de justification permanente.
Quand « plus jamais ça » devient « plus jamais pour nous », la mémoire se transforme en mythe nationaliste.
Le devoir de mémoire doit être universalisé : il ne consiste pas à hiérarchiser les souffrances, mais à tirer des leçons politiques de la douleur humaine.
Dire « plus jamais ça » doit signifier : plus jamais de ghettos, plus jamais de famines imposées, plus jamais de bombardements contre des populations civiles — où que cela se produise.

Conclusion :

Comment un peuple peut-il sortir du déni ? Trois conditions, au moins, sont nécessaires.

La vérité des faits. : Les crimes ne doivent pas rester noyés dans la propagande. Les organisations de défense des droits humains — israéliennes et internationales — doivent être protégées, pas criminalisées. Les journalistes doivent pouvoir documenter, les tribunaux doivent pouvoir enquêter, les archives doivent être ouvertes.

La pression extérieure : Aucune société ne se réforme seule quand elle bénéficie d’une impunité totale. Les alliés d’Israël — États-Unis, Europe, Australie, Canada — doivent cesser de parler de “préoccupations humanitaires” tout en livrant des armes et en couvrant diplomatiquement la guerre. L’histoire jugera ces complicités.

La reconstruction morale intérieure. : Les Israéliens doivent être encouragés à penser autrement leur sécurité. Un pays ne peut vivre éternellement derrière des murs. La paix ne viendra pas d’une victoire militaire, mais d’une reconnaissance : celle de la dignité égale du peuple palestinien et du droit de tous à vivre libres sur la même terre.

Être optimiste n’est pas nier la catastrophe. C’est refuser d’abandonner la croyance que la vérité finit toujours par fissurer le mensonge.
Oui, certains Israéliens, demain, diront peut-être : « J’ai toujours été contre ». Mais ce jour-là, il faudra leur rappeler que la morale ne réside pas dans les paroles tardives, mais dans les actes que l’on accomplit quand il est encore temps.

L’optimisme utile n’est pas celui des illusions, mais celui de la responsabilité : croire que les sociétés peuvent changer parce que des individus, aujourd’hui, refusent le silence.
Il n’est pas trop tard pour que des Israéliens — soldats, enseignants, parents — disent « pas en mon nom ». Il n’est pas trop tard pour que le reste du monde cesse de détourner le regard.

Les petits-enfants de criminels de guerre potentiels ne se poseront ces questions que s'ils grandissent à l'étranger ou si, sous la pression extérieure, Israël doit mener une guerre d'anéantissement ultra-moderne contre une population civile sans défense. L'État d'Israël est aussi endoctriné que l'Afrique du Sud de l'apartheid blanc. Maintenant que les otages ont été libérés et que le cessez-le-feu a été respecté, ils vont reprendre leurs activités habituelles, espérant que le monde oubliera Gaza, la Cisjordanie et la solution à deux États. Aucun scrupule, aucun regret, aucune honte !

Ce n’est pas la honte qui libérera la Palestine ni la vengeance qui sauvera Israël.
C’est la justice, lente, exigeante, universelle, qui seule peut transformer le deuil en avenir partagé

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet                                                                                     « Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. » 
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Ain El-Mahboula : Mémoire d’une Source et Source d’une Mémoire

  

Entre Géryville et El Bayadh, une légende d’eau et de nostalgie

La source d’Aïn El-Mahboula, située dans la ville d’El Bayadh — anciennement connue sous le nom de Géryville — constitue bien plus qu’un simple point d’eau dans la mémoire collective de la région. À travers le récit légendaire de « la femme folle », la fonction sociale du site et les transformations récentes liées à la restauration, cette étude explore la manière dont un espace naturel devient porteur de significations symboliques et identitaires. En revisitant la légende, l’usage et la valeur patrimoniale de la fontaine, cet article s’attache à montrer comment la mémoire de l’eau s’inscrit dans la continuité des générations, reliant le passé à l’avenir à travers un patrimoine à la fois matériel et immatériel.

Introduction : Une Source de Mémoire Collective

Certaines sources ne se contentent pas d’irriguer la terre : elles nourrissent la mémoire des hommes. Aïn El-Mahboula, située au cœur de la ville d’El Bayadh, autrefois appelée Géryville, est de celles-là. Lieu de sociabilité, de légende et de transmission, cette fontaine demeure un symbole identitaire fort pour plusieurs générations. Elle évoque un monde rural aujourd’hui disparu, où l’eau était à la fois élément vital et vecteur de lien social.

Cet article vise à revisiter la légende et l’histoire d’Aïn El-Mahboula, à analyser ses dimensions sociales et symboliques, et à interroger les enjeux contemporains de sa préservation patrimoniale.

La Légende Fondatrice : Entre Tragédie et Tendresse

La toponymie de la source – Aïn El-Mahboula, littéralement la source de la folle – trouve son origine dans un récit populaire profondément ancré dans la mémoire locale.
Une femme française, ayant perdu son enfant noyé dans le lac voisin, erra chaque jour jusqu’à la fontaine dans l’espoir vain de retrouver son fils. Peu à peu, sa présence silencieuse devint partie intégrante du paysage. Elle observait les enfants du village jouer près de l’eau, y trouvant un apaisement à sa douleur.

De cette figure tragique et maternelle serait née la légende. Elle inscrit la source dans un imaginaire collectif où la folie n’est plus malédiction, mais fidélité à l’amour et à la perte.
Ainsi, le lieu acquiert une dimension spirituelle : la source devient le témoin d’une humanité fragile, où la douleur se transforme en mémoire.

Une Architecture du Quotidien et du Partage

Au-delà de la légende, Ain El-Mahboula se distinguait par sa structure architecturale singulière : un bassin rectangulaire d’environ dix mètres, flanqué de deux bassins carrés couverts d’un préau. Ces espaces servaient de lavoirs collectifs, lieux d’activité domestique et de sociabilité féminine.

Les femmes y lavaient le linge, échangeaient des nouvelles, partageaient des récits. Les jeunes filles, en âge de se marier, profitaient de ces moments pour se mettre en valeur, recréant dans le quotidien une scène d’exposition sociale discrète mais essentielle.

Ce lieu, fonctionnel et symbolique, illustre l’imbrication du matériel et de l’immatériel dans le patrimoine local : l’eau et la pierre s’y mêlent aux rituels, aux gestes et aux regards.

La Source comme Espace Thérapeutique et Spirituel

La réputation d’Aïn El-Mahboula dépassait sa seule utilité domestique.
On prêtait à son eau des vertus curatives, notamment pour les affections oculaires. Selon la tradition, les enfants souffrant de conjonctivite devaient, à l’aube, plonger le visage dans l’eau limpide de la source pour obtenir la guérison divine.

Ce rituel, répété de génération en génération, conférait à la source une dimension sacrée. Elle devenait ainsi un espace de guérison et de purification, à la croisée de la foi, de la nature et de la science populaire.

Mémoire de l’Enfance et d’Identité  

Pour les habitants  d’hier de Géryville et les habitants d’El-Bayadh d’aujourd’hui, qu’ils soient restés ou partis, Aïn El-Mahboula constitue un ancrage émotionnel. Les récits de l’enfance, les jeux autour de la fontaine, les visages mouillés par l’eau fraîche au petit matin forment une trame commune à la mémoire collective.

Dans la diaspora, cette source devient le symbole d’un passé idéalisé, d’un retour impossible mais rêvé. Elle incarne cette nostalgie douce-amère propre aux lieux d’enfance : une présence absente, mais persistante dans la conscience.

Le Patrimoine à Restaurer  

La restauration du patrimoine, qu’il soit monumental ou modeste, ne saurait être réduite à un simple acte de réfection. Elle requiert une approche méthodique, respectueuse de l’esprit du lieu et de son histoire. Restaurer, c’est avant tout comprendre : comprendre la matière, les gestes d’autrefois, la symbolique du site et la charge émotionnelle qu’il porte. Toute intervention, même minime, devrait s’inscrire dans une logique de conservation durable et d’authenticité, car toucher à un patrimoine, c’est toucher à la mémoire collective.

Or, il est profondément regrettable de constater que les travaux entrepris pour la réhabilitation de la source d’Aïn El-Mahboula n’ont pas été menés dans l’esprit d’un véritable projet patrimonial. Ce qui aurait dû être une restauration respectueuse, fondée sur la connaissance de l’histoire, des matériaux et des savoir-faire traditionnels, s’est réduit à une simple opération de maçonnerie, dépourvue de vision esthétique et de sens historique.

Aucune étude préalable, ni diagnostic technique rigoureux, ne semble avoir été effectuée pour évaluer l’état des structures, la nature de la pierre, ou encore l’impact du temps et des conditions climatiques. Les matériaux utilisés  modernes, inadaptés, et souvent incompatibles avec la texture et la teinte d’origine trahissent le caractère architectural du site. Ces interventions hasardeuses risquent, à terme, d’accélérer la dégradation de l’édifice plutôt que de le préserver.

Il semblerait, selon certains témoignages locaux, que les travaux aient été réalisés de manière volontaire par un homme âgé, animé sans doute de bonnes intentions mais dépourvu de formation en conservation du patrimoine. Si le geste mérite respect pour son attachement au lieu, le résultat obtenu s’éloigne dramatiquement de ce que requiert un site de cette valeur symbolique. La restauration, au lieu de sublimer l’authenticité du bâti, en altère la lecture : les tonalités de la pierre, la texture des enduits et l’harmonie des volumes originels ont été remplacées par des couleurs étrangères à l’esprit de l’édifice, rompant ainsi l’équilibre visuel et historique du site.

Aujourd’hui, l’eau d’Ain El-Mahboula continue certes de couler, mais elle le fait avec lenteur, comme affaiblie par la dissonance entre le passé et le présent. Elle s’écoule non plus dans la noblesse d’un cadre ancestral, mais dans une enveloppe qui trahit son âme. Or, restaurer un lieu patrimonial, ce n’est pas le figer dans une modernité artificielle ; c’est lui redonner vie dans le respect du temps, de la mémoire et de la matière.

En cela, le cas d’Ain El-Mahboula rappelle que la restauration d’un patrimoine n’est pas un simple acte de construction, mais un acte de transmission. Elle engage une responsabilité éthique envers les générations passées qui l’ont bâti, et envers celles à venir qui devront encore pouvoir y reconnaître la trace authentique de leur histoire.

Ainsi, la réhabilitation d’Ain El-Mahboula doit être repensée dans une démarche intégrant la rigueur scientifique, la sensibilité esthétique et la conscience patrimoniale. Ce lieu mérite une renaissance véritable, respectueuse de sa morphologie, de sa mémoire et de sa valeur symbolique. Restaurer Ain El-Mahboula, c’est restaurer un lien entre la pierre et le souvenir, entre l’eau et la parole des anciens.

Pour une Conservation Vivante

Préserver Aïn El-Mahboula, c’est sauvegarder une part essentielle de l’identité d’El Bayadh.
Le patrimoine, qu’il soit matériel ou immatériel, nous relie au temps. Il façonne le sentiment d’appartenance, éclaire notre présent et oriente nos pas vers l’avenir.

Comme le rappelle Paul Ricœur, « la mémoire n’est pas seulement la conservation du passé, elle est le moteur du devenir ».
Redonner vie à Aïn El-Mahboula, c’est redonner sens à cette continuité : celle d’un peuple qui, dans l’eau claire de sa source, continue de se reconnaître.

Conclusion

Ain El-Mahboula incarne le passage du temps et la permanence du lien.
Entre la légende de la femme éplorée et la modernité des restaurations contemporaines, elle demeure le miroir d’une société attachée à ses racines.
Son eau, à la fois réelle et métaphorique, relie les générations, apaise la mémoire et rappelle que le patrimoine, comme la vie, ne vaut que s’il reste vivant.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet                                                                                                  « Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. » 
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Les otages israéliens ont un prénom. Les prisonniers palestiniens ont un numéro de dossiers

 

Dans le conflit israélo-palestinien, la douleur a un visage, mais pas pour tout le monde. Les médias occidentaux, pris dans leur propre myopie morale, ont fait de la compassion un privilège géopolitique. Et quand l’humanité devient sélective, elle cesse d’être humaine.

Les bons otages et les mauvais prisonniers

Le 13 octobre, les téléphones de plusieurs familles israéliennes ont sonné. Au bout du fil,  non pas par l'intermédiaire de la Croix-Rouge ou de médiateurs, mais par un appel direct des membres de Hamas aux familles Une scène d’angoisse, bouleversante, humaine.

Les médias occidentaux ont unanimement relayé la scène,  larmes, colère, incompréhension.
Mais dans la plupart des articles, cette scène a été décrite comme un nouvel acte de barbarie palestinienne, comme la preuve ultime de la cruauté d’un ennemi « inhumain ».
Aucun grand titre, ou presque, n’a jugé utile d’interroger ce geste autrement, par exemple, comme un message désespéré d’un groupe cherchant à rappeler que la guerre déshumanise tout le monde.

Car, dans le récit médiatique dominant, l’humanité n’est pas universelle : elle est sélective. On la concède aux uns, on la refuse aux autres. Et depuis le 7 octobre, cette hiérarchie morale s’expose sans pudeur. Le scénario n’a pas changé depuis cinquante ans. Les mots, eux, sont devenus plus lisses.

Pendant que les caméras filmaient la détresse des familles israéliennes, personne  ou presque  ne s’est demandé ce que devenaient les 6 000 Palestiniens détenus sans inculpation, parfois depuis des années, parfois depuis l’adolescence,  Une situation particulièrement alarmante dans les camps militaires, dont l’accès est interdit aux observateurs extérieurs. Leur douleur, elle, n’a pas le bon passeport.

Le silence comme ligne éditoriale

Trois ONG israéliennes, B’Tselem, Adalah, PCATI, dénoncent régulièrement les tortures, humiliations et traitements dégradants dans les prisons israéliennes.
Mais ces rapports, pourtant produits par des sources israéliennes, ne franchissent presque jamais le filtre des rédactions européennes.

Pourquoi ?

Parce qu’ils fissurent la narration confortable d’un Israël éternellement « en défense ».
Parce qu’ils rappellent que la déshumanisation ne se loge pas seulement dans les roquettes, mais dans les cellules, les lois, les regards. Ainsi dans les medias occidentaux l’indignation a des frontières.

L’indignation Occidentale à géométrie variable  

Un enfant israélien tué, c’est une tragédie.
Un enfant palestinien tué, c’est un “dommage collatéral”.

Les mots choisis — frappe ciblée, riposte, conflit — deviennent des anesthésiants moraux.
Le vocabulaire lui-même construit la hiérarchie des larmes.

On ne parle plus de colonisation, mais « d’implantations ».
On ne parle plus d’apartheid, mais de « tensions communautaires ».
On ne parle plus de punition collective, mais de « riposte sécuritaire ».

Et dans ce brouillard sémantique, la conscience s’endort. On ne déforme pas seulement les faits, on reformate l’empathie. »

La neutralité, cette lâcheté polie

Les médias adorent l’expression : « des deux côtés ».
Elle donne l’impression d’équilibre, alors qu’elle masque la disproportion.
Mettre sur le même plan un peuple colonisé et une armée d’occupation, c’est déjà trahir la vérité.

Chaque fois qu’un journaliste gomme le mot occupation pour ménager un ministre ou un éditorialiste, c’est un morceau de réel qui disparaît.
Chaque fois qu’on remplace un cri palestinien par un communiqué militaire israélien, c’est une part d’humanité qu’on efface. La neutralité n’est pas une vertu quand elle protège la force

La banalité du mal médiatique

La presse ne tue pas : elle choisit qui mérite d’être pleuré. On cite Hannah Arendt, mais on oublie que la banalité du mal commence souvent derrière un bureau, devant un clavier.
Quand un rédacteur se dit : « Ce mot est trop fort ».
Quand un rédacteur en chef tranche : « Ce sujet n’intéressera pas nos lecteurs. »

Le mal médiatique est feutré, poli, professionnel.
Il ne crie pas. Il efface.
Il ne frappe pas. Il sélectionne.

L’Occident et son miroir brisé

Reconnaître la souffrance palestinienne ne revient pas à excuser le Hamas.
C’est simplement refuser la hiérarchie des victimes.
Mais dans les rédactions occidentales, pleurer un Palestinien reste un acte suspect.

L’Occident aime les guerres où il a raison d’avoir raison.
Il aime ses victimes dociles, ses coupables identifiables.
Il ne supporte pas les tragédies sans héros, ni celles où il pourrait être du mauvais côté de l’histoire. L’objectivité est devenue la feuille de vigne de la lâcheté morale.

La déshumanisation n’est pas un destin, c’est un choix

Israël déshumanise, le Hamas déshumanise, mais les médias, eux, anesthésient.
Ils nous apprennent à compatir sélectivement, à pleurer sur commande, à détourner les yeux quand la victime n’est pas la “bonne”.

La déshumanisation n’est pas un destin, c’est un choix

Israël déshumanise, l’Occident déshumanise mais les médias, eux, anesthésient.
Ils nous apprennent à compatir sélectivement, à pleurer sur commande, à détourner les yeux quand la victime n’est pas la “bonne”.

Croire qu’un seul camp déshumanise ici, c’est déjà participer à la déshumanisation.
C’est refuser de voir cette vérité dérangeante : le mal n’a jamais le monopole d’un drapeau.
Et c’est aussi nier cette évidence qu’Arendt avait déjà formulée : le mal n’est pas spectaculaire, il est banal. Mais il existe, en miroir, une banalité du bien, celle qui surgit quand on dépose les convictions idéologiques pour regarder, simplement, les gens comme des gens.

La déshumanisation mutuelle   n’est pas un destin.   Non, elle ne l’est pas.
Mais pour qu’elle cesse, encore faut-il nommer ceux qui l’entretiennent.
Et parler, enfin, au gouvernement israélien : celui qui, depuis des décennies, retient des milliers de Palestiniens sans inculpation ni procès, parfois dès l’âge de douze ans.
Ces détentions arbitraires sont une forme d’otage politique : elles déshumanisent, brisent les familles, terrorisent les communautés, tout en prétendant maintenir “l’ordre”.

Les combattants du Hamas qui ont pris des otages le 7 octobre ont, eux aussi, participé à cette mécanique de déshumanisation. Ils ont choisi la violence comme dernier langage face à un État qui ne négocie plus, convaincus que la brutalité forcerait le dialogue. Mais ce qu’ils ignoraient, c’est que le gouvernement israélien se moque des otages, qu’il n’attendait qu’un prétexte pour transformer Gaza en cimetière et effacer la Palestine de la carte.
Et dans ce cercle infernal, les innocents,  les enfants, les civils, les prisonniers  è deviennent la monnaie d’échange de l’inhumanité.

Pourtant, chaque libération, chaque restitution d’otage, chaque trêve même fragile, est une minuscule révolte contre cette logique de mort. C’est une brèche d’humanité dans un mur de haine.
La déshumanisation n’est jamais totale ; elle recule dès qu’un homme choisit de ne pas se réjouir du mal qu’il inflige, dès qu’une femme ose pleurer l’ennemi.

Car aussi facile qu’il soit pour l’humain d’objectiver autrui, il lui est tout aussi facile — et bien plus courageux — de faire preuve d’empathie.
Il suffit d’un choix conscient : celui de ne pas se laisser gouverner par la peur.
Et même si le mal semble “nécessaire”, même si la violence est “justifiée”, le véritable humanisme consiste à pleurer le mal que l’on fait, au lieu de le célébrer.

Conclusion

Or la déshumanisation n’est jamais automatique : elle se fabrique, phrase après phrase, silence après silence. Et la presse, en prétendant “rester neutre”, en est devenue le moteur le plus sophistiqué

Il existe pourtant une échappée.
Un sursaut. Celui de la banalité du bien : refuser la hiérarchie des larmes.
Regarder, nommer, dire — sans peur de déplaire, sans chercher à plaire. C’est simplement ce qu’il reste de la morale quand tout le reste s’effondre.
Et si le journalisme ne peut plus le dire, alors c’est qu’il a choisi son camp, celui du silence et ainsi la
compassion, quand elle porte un uniforme, n’est plus de la compassion. C’est de la propagande. Aussi facile qu'il soit pour les humains d'objectiver autrui, il est tout aussi facile de faire preuve d'empathie. Il suffit d'un choix conscient et de maîtriser sa peur. Même si le mal est alors nécessaire et justifié, par exemple en cas de légitime défense, le mal causé est pleuré plutôt que célébré et perçu dans toute sa laideur.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet                                                                                     « Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. » 
https://kadertahri.blogspot.com/