Sous couvert de lucidité politique,
certains discours sur le conflit israélo-palestinien substituent à la justice
une morale de la force. En opposant un Israël “du réel” à des Palestiniens “du
mythe”, un média reconduit un vieux
schéma colonial : celui où la puissance fait vérité et la mémoire du vaincu
devient suspecte. Une lecture critique de ce “réalisme” tragique qui naturalise
l’injustice.
Le faux réalisme, ou la morale de la force
Certains
médias de l’extrême droite, présentent le conflit israélo-palestinien comme la
rencontre entre le mythe et le réel : Israël serait parvenu à transformer son
destin biblique en puissance politique, tandis que les Palestiniens se
consumeraient dans la défaite et la revanche. Cette vision, en apparence
lucide, relève en réalité d’un darwinisme politique : seule la victoire
donnerait sens à l’histoire.
Ce
“réalisme” ne constate pas le réel, il le fabrique : il justifie la domination
au nom de la maturité historique. En valorisant la force comme principe
fondateur, il recycle une rhétorique coloniale bien connue : celle qui oppose
la raison du conquérant à la passion du colonisé.
L’histoire moderne n’est pas le règne de la fatalité
Si
l’histoire ne se réduit pas au bien, elle ne saurait non plus se réduire à la
loi du plus fort. Le droit international, né des ruines de 1945, a précisément
été conçu pour briser cette logique. La Charte de l’ONU, les Conventions de
Genève et la Déclaration universelle des droits de l’homme sont des garde-fous
contre la barbarie du “réalisme tragique”.
Les
résolutions 242, 338 et 2334 rappellent l’illégalité de l’occupation
israélienne ; la résolution 194 consacre le droit au retour des réfugiés
palestiniens. Ces textes ne sont pas des symboles moraux : ils expriment la
volonté politique des nations de soumettre la force au droit. Refuser ce cadre
au nom du réalisme, c’est légitimer la loi de la jungle — pas celle de
l’histoire.
Une
asymétrie effacée
La presse prétend
analyser deux mythes symétriques. Mais dans la réalité, cette symétrie n’existe
pas. D’un côté, un État souverain, technologiquement et militairement dominant,
soutenu par les grandes puissances ; de l’autre, un peuple dispersé, assiégé,
fragmenté, vivant sous occupation ou exil.
Amnesty
International, Human Rights Watch et B’Tselem décrivent ce système comme un régime
d’apartheid. Réduire cette réalité à une opposition psychologique — entre
peuple du réel et peuple du mythe — revient à effacer la violence structurelle
qui la fonde.
Les Palestiniens ne s’enferment pas dans le mythe : ils sont enfermés dans un réel qui les nie.
L’illusion d’un Israël “sorti du mythe”
La presse
Française glorifie Israël comme le peuple “revenu au réel”. Pourtant, Israël
n’a jamais cessé de mobiliser son propre mythe fondateur, celui de la Terre promise et du peuple élu, pour
légitimer une entreprise d’appropriation territoriale.
Le paradoxe
est clair : ce qui est loué comme mémoire chez le fort devient pathologie
chez le faible.
Le mythe du “retour juif” est consacré comme acte fondateur ; celui du “retour
palestinien”, disqualifié comme nostalgie.
Cette asymétrie symbolique reproduit la hiérarchie politique : la mémoire
d’Israël fait loi, celle de la Palestine devient soupçon.
C’est là que
le prétendu “réalisme” s’effondre : il ne décrit pas le monde, il hiérarchise
les légitimités.
Le droit comme réalité, non comme illusion
Sortir du
religieux pour “retrouver le politique”, dit un média Mais c’est précisément ce que font les
Palestiniens en s’appuyant sur les instruments du droit international : recours
à la CPI, reconnaissance diplomatique, mobilisations pacifiques. Rien là d’un
repli mythique — tout d’une affirmation du réel.
Le droit
n’est pas un rêve : c’est la condition d’un monde vivable. Sans lui, la
force devient son propre juge. Faire du vainqueur la mesure de l’histoire,
c’est transformer la tragédie en système.
La véritable maturité politique
La maturité
ne réside pas dans la puissance, mais dans la capacité à reconnaître la
souffrance de l’autre. La grandeur d’Israël viendra peut-être un jour de ce
courage : reconnaître que la sécurité ne se construit pas sur la négation d’un
peuple.
Quant à
l’Europe, si elle veut rester fidèle à son héritage moral, elle ne peut se
réfugier dans le cynisme de la “tragédie historique”. Le réalisme véritable,
comme l’écrivait Raymond Aron, n’est pas de se soumettre au fait, mais d’en
tirer la responsabilité.
Croire
encore à la justice, ce n’est pas s’enfermer dans le mythe, c’est refuser la
résignation.
Quant à moi,
comme je reste tout à fait partisan de la notion de guerre des civilisations
comme moteur de la grande histoire, je me réjouis des défaites renouvelées de
la civilisation sioniste qui, est construite selon moi sur de faux principes et
doit disparaitre comme idéal, projet et religion. Le plus tôt sera le mieux
pour le vrai bonheur de l'humanité.
« L’histoire ne s’écrit pas selon les droits mais
selon les forces »
Quels droits ? Quelle universalité ?, sinon le droit à
survivre !
Les Palestiniens forment une communauté marquée
par la résilience. A l’opposé, beaucoup de nations du monde occidental baignent
dans un confort générant manque de lucidité, oubli du passé, lâcheté
confortable.
Toute "morale" concerne l'ensemble des
prescriptions relatives aux actions permises oui interdites, encouragées ou
désapprouvées, dans une société, et plus généralement parmi les hommes ;
"avoir des devoirs" envers quelque chose ou quelqu'un fait partie de
l'ensemble de ces prescriptions, sinon je ne vois vraiment pas ce que ça
pourrait être : au reste tout "jugement de valeur", c'est-à-dire tout
jugement portant sur ce qui doit être, ce que l'on doit faire, ressortit bien
entendu à la morale.
Ce qui me semble masturbatoire, et incompréhensiblement du reste, c'est
prétendre dans un même élan que l'on doive faire des choses, se comporter d'une
certaine façon, en vertu d'une certaine ligne de conduite acceptée envers son
prochain, et que cela n'a rien à voir avec une quelconque morale.
Là vraiment, j'en reste baba, ou alors nous ne conférons absolument pas le même
sens aux mots que nous utilisons.
Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet « Il
faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. » https://kadertahri.blogspot.com/

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