Parfois il m'est utile de le dire !

                                                                                                          Oh! Colombe, transmets mon salut d...

Du droit trahi à la monstruosité : Israël, Nuremberg et l’apartheid

Le droit international humanitaire est né des cendres de la Seconde Guerre mondiale. Après Nuremberg, l’humanité a juré : plus jamais. On ne pourrait plus tuer en se réfugiant derrière l’excuse d’« obéir aux ordres ». On a inventé le concept d’« ordre manifestement illégal » pour que chaque soldat, chaque officier, sache qu’il porte une responsabilité personnelle lorsqu’il participe à un crime. Ce principe devait être un rempart contre la répétition de l’horreur.

Et pourtant, que voyons-nous aujourd’hui ?

 

Israël, qui se proclame démocratie et État de droit, a perfectionné une mécanique de contournement. Ses services juridiques militaires ont érigé un véritable laboratoire de perversion juridique : ils ne limitent pas la violence, ils la rationalisent. Ils ne protègent pas le droit, ils le tordent jusqu’à le rendre méconnaissable. À Gaza, en Cisjordanie, la légalité est devenue un masque derrière lequel s’exerce la brutalité nue.

Les gens voient comment Israël traite les Palestiniens comme des animaux. L'oppression, la violence et l'humiliation sont inhumaines. Mais par cette cruauté, Israël lui-même est devenu un monstre – un système qui a perdu son humanité.

Cela ressemble à une abondance d'excuses juridiques, dissimulées derrière la « complexité ». Transformer des crimes de guerre manifestement brutaux en une discussion académique pleine de nuances et d'aléas. Lorsqu'un soldat israélien lève son fusil d'assaut et tire de sang-froid sur un homme, une femme ou un enfant affamé attendant de la nourriture, il sait pertinemment qu'il commet un crime de guerre. Lorsqu'un officier ou un technicien de l'armée de l'air israélienne prépare une bombe de 900 kg sur un camp, un immeuble ou un hôpital surpeuplés dans une zone de sécurité civile, il sait pertinemment qu'il commet un crime de guerre. C'est de la hasbara sophistiquée et une auto-illusion bien commode.

Les soldats israéliens ont perdu toute morale et sont devenus des monstres. Ce n'est pas si compliqué.

 

La mascarade du « contrôle juridique »

Les responsables militaires israéliens aiment répéter que chaque frappe aérienne est « validée par des juristes ». Mais qu’est-ce que cela signifie, sinon une usine à justifications ? Lors de l’opération Plomb durci en 2008, l’un des premiers bombardements a visé une cérémonie de remise de diplômes de cadets de police à Gaza. Quarante, cinquante, peut-être plus de jeunes recrues sont morts en quelques secondes.

Quelle logique tordue permet de qualifier des policiers municipaux, futurs agents de circulation, de « cibles légitimes » ?

Celle des juristes militaires israéliens, qui transforment des civils en combattants par un tour de passe-passe.

Autre exemple glaçant : en 2004, Iman al-Hams, fillette de treize ans, est abattue à Rafah. L’officier vide son chargeur sur elle pour « confirmer le kill ».

Traduction : s’assurer qu’un enfant agonisant ne survivra pas. Jugé, il est acquitté. La justice militaire a requalifié l’exécution d’une enfant blessée était simplement une violation de la loi sur l'usage d'armes.

 

Et chaque fois qu’un soldat israélien appuie sur la gâchette ou largue une bombe, il sait qu’il sera couvert. Parce qu’en amont, un juriste militaire aura déjà écrit que ce n’était pas un crime. C’est ainsi que l’impunité devient système, que l’État tout entier bascule dans la monstruosité. Voilà la fonction réelle de ce système : produire de l’impunité, faire disparaître le crime derrière un rideau de procédure.

 

La colonisation comme matrice du crime

C'est la colonisation, Elle transforme les Israéliens en monstres suprémacistes incapables d'envisager les Palestiniens comme des êtres humains à part entière. Ils en sont incapables, car si les Palestiniens sont des êtres humains à part entière, alors la colonisation, le régime martial et l'oppression transgénérationnelle sont monstrueusement injustes, et les Israéliens ne veulent pas être des monstres, alors ils s'enfoncent dans la déshumanisation, comme toutes les autres tribus génocidaires de l'histoire.

Traitez les gens comme des animaux assez longtemps et certains d'entre eux finiront par se comporter comme tel : rendez-vous le 7 octobre.

Traitez les gens comme des animaux pendant assez longtemps et Israël finira par se comporter comme tel..

 

Il ne faut pas s’y tromper : ce n’est pas une succession de « bavures ». C’est la logique même de la colonisation. Depuis 1948, depuis la Nakba, Israël a avancé maison après maison, champ après champ, colonie après colonie. Pour maintenir cette expansion, il faut déshumaniser ceux qui sont déplacés, enfermés, bombardés. On leur nie leur humanité pour justifier l’injustifiable. Et plus le temps passe, plus Israël se perd lui-même dans ce processus : en traitant les Palestiniens comme des bêtes, il devient lui-même un monstre.

 

Cette dynamique est celle de tous les régimes coloniaux. Les États-Unis ont réduit les peuples autochtones à des « sauvages », l’Afrique du Sud a inventé l’apartheid. Israël, à son tour, s’est englué dans un système d’ethnocratie où l’appartenance ethnique détermine l’accès à la terre, aux droits, à la vie même. Amnesty, Human Rights Watch, B’Tselem : toutes ces organisations parlent désormais d’apartheid. Israël rejette ce mot, mais il colle à sa peau comme une évidence.

 

Le droit retourné contre lui-même

Le seul « droit » dont disposait Israël après l'incursion était de mettre fin à l'occupation, de dissoudre son ethnocratie d'apartheid et de garantir à tous les Palestiniens exactement les mêmes droits que ceux accordés aux Juifs israéliens. La prétention de l'article à découvrir quelque chose de nouveau et d'intéressant (que les signatures légales ne feraient qu'accroître le nombre de crimes commis par Israël) est une tromperie.

Je n'ai aucun droit de qualifier cet article de mensonge. Je suppose que l'auteur l'a écrit de bonne foi. Mais il se trompe lui-même au point de croire que n'importe laquelle des actions menées pendant la campagne d'extermination israélienne à Gaza pourrait être considérée comme juste, justifiable et moralement saine…

L’horreur ici est double. D’un côté, il y a la violence matérielle : les bombes, les check-points, les démolitions de maisons, les colons armés, les enfants morts sous les gravats. De l’autre, il y a la violence symbolique : des juristes, censés protéger le droit, qui l’utilisent comme une arme. Ils écrivent des mémos, ils peaufinent des doctrines, ils « repoussent les limites » pour élargir la liste des cibles. Ce qu’ils produisent n’est pas du droit, c’est un manuel de génocide au compte-gouttes.

 

Et chaque fois qu’un soldat israélien appuie sur la gâchette ou largue une bombe, il sait qu’il sera couvert. Parce qu’en amont, un juriste militaire aura déjà écrit que ce n’était pas un crime. C’est ainsi que l’impunité devient système, que l’État tout entier bascule dans la monstruosité.

 

Une impasse morale et historique

Israël aime se présenter comme un refuge pour les Juifs persécutés. Mais quel refuge se construit sur l’expulsion d’un autre peuple ? Quel refuge bombarde des hôpitaux et affame des enfants ? En prétendant se défendre, Israël s’est condamné à devenir bourreau. Il s’est enfoncé dans un apartheid armé qui ne peut produire que deux issues : l’effondrement moral ou l’effondrement politique.

 

Le monde doit cesser d’accepter les contes juridiques que lui sert Israël. Le droit international n’est pas une boîte à outils pour coloniser en toute impunité. Le droit humanitaire n’est pas un menu dans lequel on pioche pour justifier l’injustifiable. Le droit fut créé pour protéger les plus faibles. En le retournant, Israël en fait un instrument de domination.

 

Briser l’illusion

Il est temps de regarder le monstre en face. Israël n’a pas le « droit de se défendre » en occupant, en colonisant, en enfermant. Le seul droit qu’il ait est celui de mettre fin à l’occupation, de démanteler l’apartheid, et de reconnaître aux Palestiniens la pleine égalité.

Jusqu’à ce jour, toutes les fictions juridiques produites par Tsahal ne sont que des mensonges raffinés, des illusions de papier qui ne cachent pas les cris des enfants, la poussière des maisons effondrées, les charniers improvisés. Israël est devenu un monstre parce qu’il a choisi de l’être. Et tant que la communauté internationale continuera à se laisser hypnotiser par la pseudo-légalité de ses crimes, ce monstre continuera de dévorer des vies.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/

Attaque de Qatar : entre faits établis, scénarios militaires et zones d’ombre.

Une frappe israélienne à Doha contre des dirigeants du Hamas a provoqué un séisme diplomatique. Si les faits  victimes et violation de souveraineté sont confirmés, le mode opératoire reste enveloppé d’incertitudes. Analyses militaires, hypothèses techniques et absence de preuves forensiques ouvertes dessinent un récit contrasté, où transparence et vérification demeurent cruciales

L’attaque ayant visé à Doha plusieurs dirigeants du Hamas a marqué une étape nouvelle dans la guerre régionale. Elle a provoqué une vive condamnation du Qatar et de nombreux acteurs internationaux, dénonçant une atteinte à la souveraineté d’un État tiers. Les faits établis sont clairs : une frappe aérienne a eu lieu sur le sol qatari, les victimes ont été confirmées, et la réaction diplomatique a été immédiate. En revanche, les modalités précises de l’opération demeurent entourées d’incertitude technique.

Analyses militaires et scénarios plausibles

Plusieurs experts en aviation et analystes militaires occidentaux et arabes convergent vers l’idée d’une opération réalisée à longue distance. Le scénario le plus évoqué combine l’emploi de chasseurs furtifs (type F-35), ravitaillés en vol, avec des munitions de précision de type « stand-off » ou missiles de croisière lancés depuis une zone maritime, notamment la mer Rouge. Cette méthode permettrait de réduire au minimum la durée de pénétration dans les espaces aériens tiers et expliquerait le court laps de temps dont auraient disposé les alliés américains pour réagir. L’observation des dégâts sur site, relativement localisés, suggère également l’usage d’ogives de précision plutôt que de charges balistiques massives.

Limites de la preuve publique

Ces hypothèses, bien que techniquement cohérentes, ne reposent pas sur des données ouvertes vérifiables. À ce jour, aucun dump ADS-B ou MLAT n’a révélé de trajectoire suspecte. Les radars militaires qataris ou américains n’ont pas publié de traces, et aucun fragment de munition n’a été rendu public par une expertise indépendante. Les seules images disponibles, issues de satellites commerciaux, confirment l’existence et la localisation de l’impact, mais ne permettent pas d’en déduire la provenance exacte des vecteurs. L’absence de données ouvertes s’explique en partie par le fait que les avions militaires peuvent couper leurs transpondeurs et que les missiles de croisière ne génèrent aucune trace civile exploitable.

Un besoin de transparence

La tentation est grande, dans le débat public, de transformer ces hypothèses plausibles en certitudes politiques. Mais l’attribution technique d’une frappe aérienne repose sur des éléments matériels précis : logs radar, images satellite en série temporelle, identification de fragments de munitions. Tant que ces preuves n’auront pas été publiées et analysées par des acteurs indépendants — ONG spécialisées dans l’OSINT comme Bellingcat, laboratoires forensiques ou services de contrôle aérien — les récits doivent être formulés avec prudence.

Conclusion

L’attaque de Doha illustre à quel point les opérations militaires de longue portée brouillent les pistes et nourrissent les récits politiques concurrents. Les faits établis concernent les victimes et la violation de souveraineté. Les analyses techniques, cohérentes, pointent vers l’usage de moyens sophistiqués de projection de puissance à distance. Mais l’absence de preuves ouvertes empêche pour l’instant de confirmer de façon définitive le mode opératoire exact et la trajectoire employée. Une exigence de transparence technique demeure donc la condition première pour que le débat dépasse le champ des hypothèses et permette d’établir des responsabilités claires.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

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Israël : l’illusion suicidaire d’un État devenu gangrène

 

 Trente ans de frappes, d’assassinats ciblés, de massacres. Trente ans d’illusion : croire que tuer des chefs brisera la résistance. Netanyahu entraîne Israël et la région dans une impasse suicidaire. L’État hébreu est devenu une gangrène pour le monde : il faut l’arrêter.

Auto-illusion, toujours. Israël croit frapper fort, croit décapiter ses ennemis, croit protéger son avenir. Mais la vérité est implacable : chaque frappe renforce la haine, chaque assassinat de chef fait surgir un autre chef, chaque escalade creuse sa propre tombe.

Depuis trente ans, Israël répète la même erreur : tuer les dirigeants du Hamas, du Hezbollah, du Jihad islamique, en jurant chaque fois que « cette fois-ci » l’organisation ne se relèvera pas. Et pourtant elles se relèvent, encore et encore. Parce qu’un mouvement enraciné dans l’oppression ne s’effondre pas par la mort de ses cadres, mais s’alimente du sang versé.

La Maison Blanche, confuse, choquée, a voulu faire croire que cette frappe contre Doha n’était ni coordonnée ni planifiée. Mais qui peut croire que des avions traversent l’espace aérien, que des missiles tombent sur une capitale, sans complicités tacites ? Mensonge de plus, dans un récit usé, éculé, vendu à des opinions lassées.

Et le résultat ? Israël a raté ses cibles. Peut-être que le Qatar a prévenu, peut-être que les négociateurs du Hamas ont fui. Mais le message est clair : l’État hébreu ne vise pas la paix, il vise l’éternelle guerre.

Israël n’est plus l’État juif démocratique qu’il prétendait être : il est devenu une entité suprémaciste, expansionniste, génocidaire. Une entité qui ronge le corps du monde comme une gangrène. Et face à la gangrène, il n’existe qu’un remède : stopper l’infection avant qu’elle ne détruise tout l’organisme. Cet État, dans sa forme actuelle, est un danger pour la région, un danger pour ses voisins, un danger pour la stabilité mondiale.

Il faut cesser de croire à l’illusion : non, on ne fera pas disparaître la résistance palestinienne en éliminant des chefs ; non, on ne bâtira pas la paix en affamant Gaza ; non, on ne détruira pas l’idée de liberté par les bombes.

Le régime Netanyahu est une impasse. Une impasse guerrière, une impasse politique, une impasse morale. Il entraîne Israël et toute la région vers l’abîme. Car les psychopathes, toujours, finissent dans l’autodestruction.

Alors oui, il est temps d’ouvrir les yeux. Ce régime n’apporte pas la sécurité : il apporte la terreur. Ce régime n’apporte pas la paix : il alimente la guerre. Ce régime ne protège pas les Juifs : il les expose à un cycle infini de violence.

Trente ans d’assassinats ciblés, trente ans de bombardements, trente ans de massacres — et toujours le même résultat : plus de haine, plus de résistance, plus de morts. C’est cela, la vérité nue. C’est cela, la faillite totale.

Ce texte est maintenant plus direct, plus tranchant, moins dispersé. Il garde le souffle pamphlétaire, mais structure le propos autour de trois idées-forces :

  1. L’illusion d’Israël (les frappes ne marchent pas).
  2. Le danger systémique (gangrène, menace pour la région et au-delà).
  3. L’impasse suicidaire du régime Netanyahu.

Voulez-vous que je vous propose une version très courte style tract/réseaux sociaux (slogans martelés, hashtags, phrases-chocs), qui condenserait cette analyse en une série de formules mobilisatrices ?

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

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Doha bombardée : Israël frappe, le monde se tait, une frappe de trop

 

Une frappe israélienne sur Doha, allié stratégique des États-Unis, montre une fois de plus l’arrogance de l’impunité. Gaza détruite, le Qatar humilié, le droit international bafoué : jusqu’où Netanyahu ira-t-il, et jusqu’où le silence complice de Washington l’accompagnera-t-il ?

Une fois encore, Israël a frappé. Cette fois-ci, non pas à Gaza, non pas en Cisjordanie, mais à Doha, sur le sol d’un pays allié de Washington, médiateur dans le dossier des otages.
Une frappe « unilatérale », dit Netanyahu. Mais qui peut croire encore à ce conte ? Rien, dans le ciel sur militarisé du Golfe, ne se fait sans que les radars américains et leurs alliés en soient informés.

Une frappe israélienne, au cœur de Doha, capitale d’un allié stratégique des États-Unis. Une frappe « unilatérale », disent-ils. Unilatérale ? Quel mensonge éhonté ! Aucun avion, aucun missile ne traverse impunément les radars sans complicités. Aucun massacre ne s’accomplit sans silences. Netanyahu savait. Washington savait. Le Qatar savait peut-être. Et nous, spectateurs, on nous balance l’habituelle pièce de théâtre : l’un joue l’étonné, l’autre joue le ferme, et derrière, le sang coule.

Tout est répétition. Toujours la même mascarade. Toujours les mêmes mensonges. Toujours les mêmes rôles : Trump bafouille, Netanyahu ricane, les porte-paroles débitent leurs communiqués comme des automates, et les médias relaient sans honte. Vous vous souvenez ? Le « plan Trump » pour Gaza, soi-disant né d’une illumination de l’ex-président ? Mensonge ! C’était le script de Netanyahu, vendu comme une invention américaine. Déjà vu avec l’Iran. Déjà vu avec les accords trafiqués. Déjà vu avec les faux récits de paix.
Et que s’est-il passé à Washington ? Rien. Un silence. Des phrases vides. Des yeux baissés
Alors ? Complicité tacite ? Silence gêné ? L’administration américaine, d’ordinaire si bavarde, a choisi de bredouiller, avant de se taire.

Une impunité qui dépasse les frontières

Israël vient de franchir une nouvelle ligne rouge : attaquer un partenaire stratégique de Washington, au mépris du droit international, des négociations en cours et de la sécurité des otages.

Chaque fois qu’Israël bombarde, la même scène se répète : condamnations timides, indignation feutrée, puis… l’oubli.
Chaque fois, l’impunité grandit, la loi internationale recule, et la guerre devient la seule langue qui reste.
À Gaza, des milliers de morts. En Cisjordanie, la colonisation rampante. À Doha désormais, la frappe extraterritoriale.
Où est la limite ? Où est le frein ? Où est la justice ?
Et quelle a été la réponse ? Rien. Un silence, quelques communiqués ternes, comme si cette violation flagrante de la souveraineté qatarie n’était qu’un banal incident.
C’est bien là le cœur du problème : l’impunité totale dont bénéficie Israël. Une impunité garantie par des décennies de soutien américain, par la complicité feutrée de l’Europe, par la paralysie volontaire des instances internationales.

Et l’impunité ? Voilà le vrai crime. Israël bombarde un pays allié des États-Unis, et que dit la Maison-Blanche ? Silence. Étonnement feint. Distance calculée. Pas de rupture, pas de sanction, pas même une gifle diplomatique. Trump, l’homme qui ne parle que d’argent, qui voit chaque pays comme une tirelire, continue de caresser Netanyahu dans le sens du manche. Netanyahu, lui, proclame son « unilatéralisme » pour mieux dire : « Je n’ai besoin de personne, je méprise vos règles, vos traités, vos résolutions. »

 Une frappe israélienne « unilatérale »

Unilatéral, vraiment ? Non. Planifié, coordonné, assumé. Les avions ne sont pas magiques. Les missiles ne sont pas invisibles. Tout cela a été préparé. Tout cela a été toléré. Tout cela a été validé. Et maintenant, on nous joue la surprise. Quelle farce !

Netanyahu, la guerre comme plan de carrière

Benjamin Netanyahu ne gouverne pas : il survit politiquement en alimentant la guerre. Chaque attaque, chaque opération, chaque bombardement nourrit son récit de chef assiégé.
Gaza rasée, la Cisjordanie étranglée, le Liban, la Syrie et maintenant le Qatar menacés : l’expansion continue, sous prétexte de sécurité, cache un projet messianique et cynique, celui d’un « Grand Israël » construit sur les ruines des peuples voisins.

Netanyahu n’a pas de plan de paix. Netanyahu n’a pas de vision d’avenir.
Il a un plan de survie politique : alimenter le feu, toujours plus fort, toujours plus loin.
Chaque bombe larguée, c’est un jour de plus au pouvoir.
Chaque frappe, c’est un sondage remonté, une coalition soudée, une opposition divisée.
Et tant que la guerre dure, Netanyahu reste.

Oui, Netanyahu rêve d’un « Grand Israël », messianique, construit sur les ruines de Gaza, de la Cisjordanie, du Liban, de la Syrie, de l’Iran. Il le dit, il le montre, il le fait. Et chaque bombe larguée le rapproche de ce rêve macabre. Un rêve de sang, un rêve de feu, un rêve de domination.

Le droit international ?

Balayé. Les résolutions de l’ONU ?

Méprisées. Même les enquêtes de la Cour pénale internationale, qui l’accusent déjà de famine comme arme de guerre et de crimes contre l’humanité, ne l’arrêtent pas.

Les États-Unis : protecteurs ou otages ?

On nous répète que l’Amérique soutient Israël pour garantir sa sécurité. Mais qui protège qui ?
Israël frappe un pays allié de Washington, et Washington se tait.
Israël utilise des armes américaines pour détruire Gaza, et Washington se tait.
Israël foule aux pieds le droit international, et Washington se tait.
Ce silence est une complicité. Cette complicité est une honte.

On nous dit : Israël et l’Amérique sont liés. Faux ! Ce n’est pas une alliance, c’est une dépendance obscène. Les États-Unis, loin de tenir Israël, s’y agrippent avec servilité. Et Netanyahu le sait, il joue de cette faiblesse, il piétine ses alliés, il les insulte, il les méprise, et ils l’applaudissent encore.

Washington s’est retrouvé nu face à cette frappe. Comment concilier son alliance stratégique avec le Qatar, hôte de sa principale base régionale, avec son soutien indéfectible à Israël ?
La vérité est brutale : ce n’est pas Israël qui dépend des États-Unis, mais bien l’inverse.
Les milliards d’aide militaire, la protection diplomatique au Conseil de sécurité, les vetos répétés — tout cela a créé un monstre politique persuadé d’être intouchable. Et chaque fois que Netanyahu frappe, les États-Unis paient le prix politique de son impunité.

L’illusion de la « sécurité »

Les otages ? Sacrifiés.
Les civils ? Affamés.
Le droit international ? Piétiné.
La paix ? Enterrée sous les gravats de Gaza.
Et demain ? Demain ce sera Beyrouth, Damas, peut-être Téhéran, peut-être Doha encore. Quand on bombarde sans limite, quand on tue sans frein, où s’arrête-t-on ?

On nous répète qu’il s’agit de « neutraliser le Hamas », de protéger Israël. Mais frapper un pays médiateur, réduire Gaza en cendres, affamer des populations entières, cela ne construit aucune sécurité. Cela ne fait que nourrir la haine, alimenter les extrémismes, et préparer les guerres de demain.
Les otages ? Sacrifiés sur l’autel de la surenchère militaire. La paix ? Repoussée à un horizon toujours plus lointain.

Briser le cycle de l’exception

Assez d’exceptions, assez d’immunité « spéciale » pour Israël. Les crimes commis à Gaza, en Cisjordanie, et désormais à Doha doivent être jugés avec les mêmes critères que pour tout autre État.

Il faut le dire sans détour : Israël bénéficie d’une exception criminelle.
Un droit de tuer, de détruire, de bombarder, accordé par le silence des grandes puissances.
Tant que cette exception dure, tant que cette impunité règne, aucune paix n’est possible.
On ne bâtit pas la sécurité sur les cadavres des enfants.
On ne construit pas un État sur la famine organisée.
On n’impose pas la justice avec des missiles.

Et la population israélienne ? Jusqu’à quand ? Jusqu’à quand supportera-t-elle ce criminel de masse qui l’entraîne dans l’abîme ? Jusqu’à quand acceptera-t-elle que son nom soit associé aux crimes les plus odieux : famine comme arme de guerre, bombardement des civils, persécution systématique ? L’acte d’accusation de la Cour pénale internationale est là, noir sur blanc, et pourtant il reste en poste, il gouverne, il frappe encore.

Alors, il faut le dire sans détour : ce n’est pas seulement Netanyahu qu’il faut juger, c’est tout un système d’impunité qu’il faut abattre. L’impunité américaine. L’impunité européenne. L’impunité médiatique. Chaque silence est une complicité. Chaque demi-mot est une approbation. Chaque nuance est un abandon.

Les bombardements de populations civiles, la famine organisée, les frappes extraterritoriales sont des crimes de guerre. Et les auteurs doivent être traités comme tels — qu’ils s’appellent Netanyahu, ses ministres ou ses généraux.
La communauté internationale a le choix : soit elle continue de fermer les yeux, laissant prospérer ce régime d’impunité, soit elle agit, au nom de ce qu’il reste de droit et de justice.

Conclusion

Cette frappe à Doha n’est pas une simple opération militaire. Elle est le symbole d’une arrogance sans limite, d’un mépris du droit international, et d’une complicité occidentale qui n’ose pas dire son nom.

Doha est un avertissement.
Un avertissement à ceux qui croient encore que l’occupation, le siège, la guerre peuvent rester confinés à Gaza.
Un avertissement à ceux qui pensent qu’Israël s’arrêtera de lui-même.
Non. Netanyahu ira plus loin, toujours plus loin, jusqu’à ce qu’on l’arrête.
Et si le monde continue à se taire, alors nous aurons tous signé le contrat de son impunité
Chaque silence, chaque demi-mot de Washington ou de Bruxelles, est un chèque en blanc donné à Netanyahu pour poursuivre la destruction.
Et tant que cette impunité ne sera pas brisée, tant que les responsables ne seront pas traduits devant la justice, le Moyen-Orient restera prisonnier de la guerre permanente — et l’idée même de droit international réduite à un théâtre creux.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

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Gaza n’est pas à vendre : contre la guerre sans fin et les promesses vides de Trump et Netanyahou

 

Cette tribune dénonce l’illusion d’un accord entre Trump, Netanyahou et le Hamas, présenté comme une solution au conflit, mais qui n’est en réalité qu’une façade pour prolonger la guerre et achever la destruction de Gaza. Elle met en lumière l’hypocrisie des puissances occidentales, l’instrumentalisation cynique des otages, et la complicité internationale dans ce qui s’apparente à un processus de nettoyage ethnique.

 

Introduction : La paix comme tromperie

Loin de se limiter à un constat, cette tribune appelle à une mobilisation citoyenne et politique mondiale pour imposer un cessez-le-feu immédiat, lever le blocus, protéger la population palestinienne et instaurer des mécanismes internationaux contraignants. Gaza n’a pas besoin de promesses creuses ou de projets immobiliers grotesques, mais d’une justice effective et de la reconnaissance de son droit à exister.

Depuis des mois, Gaza vit sous le feu incessant des bombardements, dans un climat où la survie quotidienne se réduit à chercher de l’eau, du pain et un abri. Dans ce chaos, Trump et Netanyahou osent présenter un « plan » de libération des otages comme une voie vers la paix. Mais il faut regarder derrière les mots : ce plan n’est pas une solution, il est la continuité de la guerre par d’autres moyens. Derrière la façade diplomatique, il n’y a ni cessez-le-feu durable, ni fin du siège, ni respect des droits fondamentaux des Palestiniens. Il y a seulement une promesse : celle de prolonger l’injustice.

La stratégie de la guerre sans fin

Israël n’a pas besoin de victoire définitive pour prolonger son entreprise : il lui suffit de maintenir Gaza dans un état de destruction permanente. Netanyahou l’a compris, et sa survie politique en dépend. La guerre, pour lui, n’est pas un malheur accidentel : c’est une stratégie calculée. Elle alimente son pouvoir intérieur et maintient l’opinion israélienne sous l’emprise de la peur.

Quant à Trump, il a transformé Gaza en terrain de jeu cynique. Les projets délirants évoqués — hôtels, clubs de golf, zones industrielles brandies comme trophées — ne sont pas des solutions, mais des insultes à la mémoire des morts et aux survivants. Parler de reconstruction alors que les bombes continuent de tomber, c’est comme proposer un nouveau plan d’urbanisme à une ville encore en flammes.

Les otages comme monnaie d’échange

Il ne s’agit pas ici de minimiser la souffrance des familles israéliennes dont les proches sont retenus par le Hamas. Mais il faut dénoncer l’usage cynique que font Trump et Netanyahou de ces vies humaines. Chaque promesse de libération s’accompagne de conditions irréalistes et d’un refus obstiné d’aborder la racine du problème : l’occupation, le blocus, la négation des droits palestiniens.

En réalité, même si le Hamas rendait demain tous les otages, rien n’indique qu’Israël mettrait fin à la guerre. L’expérience prouve le contraire : après chaque trêve temporaire, les bombardements reprennent avec plus de violence encore. La logique est implacable : Gaza n’est pas seulement bombardée pour punir le Hamas, mais pour briser la société palestinienne tout entière.

L’hypocrisie occidentale et la complicité internationale

Les États-Unis, loin de jouer le rôle de médiateur, se sont rangés corps et âme du côté de l’occupant. Leurs appels à la retenue sonnent creux face aux cargaisons d’armes qu’ils livrent. Quant à l’Union européenne, elle se contente de « regrets » et de « préoccupations » qui ne sauvent aucune vie.

Cette hypocrisie n’est pas seulement politique, elle est morale. Car si les crimes commis à Gaza avaient lieu ailleurs, les chancelleries parleraient de génocide, exigeraient des sanctions, convoqueraient le Tribunal pénal international. Mais ici, le droit est suspendu, comme si la vie palestinienne valait moins.

Gaza comme miroir de nos hypocrisies

Gaza révèle ce que nos sociétés refusent d’admettre : que la communauté internationale est prête à tolérer l’inacceptable, pourvu qu’il serve ses intérêts stratégiques et économiques. Chaque immeuble détruit, chaque hôpital ciblé, chaque enfant mutilé révèle la faillite d’un système mondial où la diplomatie performative remplace l’action réelle.

On ne peut pas demander aux Palestiniens de se taire, de se soumettre, d’attendre indéfiniment que les « négociations » leur rendent leurs droits. Ils savent que ces négociations sont biaisées dès le départ, qu’elles masquent la poursuite d’un projet de dépossession.

Le droit à résister, la nécessité de la justice

Il n’est pas question ici de glorifier la violence. Mais rappelons une évidence : aucun peuple soumis à l’occupation, bombardé depuis des décennies, privé de liberté et de dignité, n’accepterait de tendre l’autre joue indéfiniment. Qualifier systématiquement de « terroristes » ceux qui résistent revient à nier le droit fondamental d’un peuple à exister.

La véritable question n’est pas : « Les Palestiniens ont-ils le droit de se défendre ? » mais : « Jusqu’à quand leur refusera-t-on ce droit ? »

Ce que nous devons exiger

Face à cette guerre sans fin, la communauté internationale et les citoyens du monde ne peuvent plus rester spectateurs. Nous devons imposer :

-          Un cessez-le-feu immédiat et permanent, placé sous contrôle international.

-          La levée du blocus de Gaza, qui transforme deux millions de personnes en prisonniers à ciel ouvert.

-          La libération de tous les prisonniers palestiniens détenus sans procès équitable.

-          Une enquête internationale indépendante et contraignante sur les crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

-          La reconnaissance du droit des Palestiniens à l’autodétermination, seule base possible d’une paix véritable.

Conclusion : Gaza n’est pas à vendre

Tout accord conclu doit inclure la fin du génocide et du nettoyage ethnique, ainsi qu'une garantie. Netanyahou ne s'arrêtera pas délibérément. N'oubliez pas que seule la guerre continue lui offre une chance de survie politique. Il trouvera toujours une raison de poursuivre sa sale guerre contre des innocents. C'est pourquoi les forces internationales doivent intervenir au plus vite afin de protéger la population palestinienne.

Il y a bien sûr le plan infâme décrit par le Washington Post : les hôtels et les clubs de golf Trump, un centre industriel portant le nom d'Elon Musk, une rue portant le nom de MBS

Gaza n’est pas un terrain vague que l’on peut raser puis reconstruire au goût des puissants. Gaza est le cœur battant d’un peuple qui refuse d’être effacé. Les promesses de Trump, les calculs de Netanyahou, les illusions diplomatiques de Washington ou de Bruxelles n’y changeront rien : une paix qui ignore la justice est une paix morte-née.

Nous ne devons pas accepter que les générations futures nous jugent complices par notre silence. Aujourd’hui, il ne s’agit pas seulement de défendre Gaza, mais de défendre l’idée même d’humanité.

Gaza n’a pas besoin de promesses creuses. Gaza a besoin de justice. Et la justice ne se négocie pas.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/

 

 

 

 

 


7 Octobre : propagande, mensonges et guerre des récits

 

Le récit officiel du 7 octobre s’est imposé comme une vérité incontestable : horreurs inimaginables, “victimes innocentes”, barbarie palestinienne. Mais derrière cette narration se cache une réalité plus complexe : exagérations, fabrications, omissions. Entre la censure militaire, le rôle ambigu de Zaka et l’amplification médiatique, l’histoire du 7 octobre apparaît moins comme un fait brut que comme une arme de guerre de l’information. Ce texte démonte les contradictions, dénonce les manipulations et rappelle que la vérité, en temps de guerre, est toujours la première victime.

On nous les a servis comme un spectacle. Vidéos, images, récits insoutenables. Mais derrière le rideau, que reste-t-il ? Beaucoup d’horreur, certes, mais aussi beaucoup d’exagérations, de silences, et de mensonges.

On a parlé de bébés décapités, de femmes enceintes éventrées, de viols de masse. Autant d’histoires répétées en boucle puis abandonnées faute de preuves. Mais dans l’intervalle, elles ont fait leur travail : imprimer dans les esprits l’image d’un Palestinien barbare, inhumain, irrécupérable.

On nous a montré des maisons en flammes, symboles de la sauvagerie palestinienne. Sauf que plusieurs d’entre elles ont été pulvérisées par les tanks israéliens. Détail gênant. Mais peu importe, il fallait nourrir la dramaturgie nationale.

Au centre de ce théâtre macabre : Zaka, organisation religieuse israélienne, chargée par l’armée de “gérer” les corps et de raconter l’histoire. Et quelle histoire ! Celle que Netanyahu a saluée pour sa capacité à galvaniser les foules et à convaincre le monde que le Hamas est l’incarnation même du Mal.

Le nœud central de la guerre de l’information

Un récit verrouillé

  • L’armée israélienne a eu le monopole de la communication officielle.
  • Zaka, organisation religieuse, a produit des témoignages émotionnels relayés sans vérification.
  • Le Dinah Project, habillé d’un vernis académique et juridique, a poursuivi la même logique nationale : documenter dans un cadre favorable aux intérêts diplomatiques d’Israël.

Les atrocités réelles du 7 octobre ont été immédiatement utilisées comme levier diplomatique pour rallier l’Occident. Les récits spectaculaires mais invérifiables (bébés décapités, viols systématiques) ont servi de multiplicateur émotionnel. Le refus d’accès aux experts indépendants (ONU, ONG) a renforcé l’impression que l’État israélien voulait verrouiller son narratif.

  • Zaka : partialité religieuse et communautaire, sa mission étant de “sacraliser” la mémoire des victimes juives, pas d’enquêter avec neutralité.
  • Dinah Project : partialité académique et politique, dirigé par une juriste israélienne engagée, plaidant aussi la cause d’Israël devant les instances internationales.

Nécessité de distinguer faits établis (exécutions, otages, incendies) et récits amplifiés (atrocités jamais prouvées). Une Importance de croiser les sources israéliennes avec la presse critique (Haaretz, Yedioth), les enquêtes internationales (AP, HRW, ONU), et les contre-enquêtes palestiniennes mais comme  le 11 septembre ou Sabra et Chatila, le 7 octobre restera un événement saturé de récits concurrents, où la bataille des interprétations pèsera plus lourd que les faits

Oui, tous les récits du 7 octobre s’inscrivent dans une guerre de l’information. Zaka et le Dinah Project ne sont pas neutres : leur documentation est systématiquement alignée avec les intérêts d’Israël. Cela ne signifie pas qu’ils inventent tout, mais que leur sélection et leur présentation des faits sont orientées.

Et les médias occidentaux ? Disciplinés, dociles, muets. Tandis que des journaux israéliens comme Haaretz ou Yedioth Ahronoth mettaient en lumière les tirs de Tsahal sur ses propres civils, nos rédactions se contentaient de répéter la formule magique : “1200 victimes israéliennes”. Un chiffre gravé dans le marbre, même s’il inclut plus de 400 soldats tombés au combat, des dizaines de colons armés, et même des morts causés par l’armée israélienne. Nuancer ce récit ? Sacrilège.

Soyons clairs : oui, des crimes ont été commis par les combattants palestiniens. Mais Israël a brouillé toutes les lignes : soldats transformés en “civils”, colons armés présentés comme “victimes innocentes”, morts israéliens imputés au Hamas quand ils étaient causés par Tsahal. La propagande est devenue vérité d’État.

Et la prise d’otages ? Crime de guerre, nous répète-t-on. Certes. Mais que dire alors des milliers de Palestiniens — dont des enfants — entassés depuis des années dans les prisons israéliennes, sans procès, dans des conditions indignes ? Silence médiatique. Deux poids, deux mesures. Quand le Hamas capture des militaires, ce sont des “otages”. Quand Israël enferme des civils palestiniens, ce sont de simples “mesures de sécurité”.

Mais peut-on vraiment considérer comme des “civils” des soldats en uniforme ou des colons armés qui se battaient ce jour-là ? Certainement pas. Pourtant, dans le décompte officiel des “1200 victimes israéliennes”, tout est mélangé : militaires tombés au combat, gardes de sécurité, et même des civils tués… par l’armée israélienne elle-même. Tsahal l’a reconnu : certains morts sont le fait de ses propres tirs, mais les chiffres exacts ne seront publiés — tenez-vous bien — qu’“après la fin des combats à Gaza”. En clair : l’unanimité nationale d’abord, la vérité ensuite.

Et malgré ces zones d’ombre, ce chiffre de 1200 victimes reste répété, martelé, sanctifié dans la presse occidentale. Un chiffre manipulatoire, biaisé, jamais nuancé, mais répété jusqu’à devenir intouchable.

Oui, des crimes ont été commis le 7 octobre, et certains l’ont été par les combattants palestiniens. Mais faire passer des soldats en armes ou des gardes professionnels pour des “victimes civiles”, c’est travestir la réalité. Quant aux récits atroces qui ont saturé l’opinion — bébés égorgés, viols systématiques, massacres ritualisés — ils relèvent moins du témoignage que de la propagande pure, fabriquée pour délégitimer toute idée de résistance.

Et puisqu’on parle de “massacre”, un rappel s’impose : une partie des morts israéliens ce jour-là n’a pas été causée par le Hamas mais… par l’armée israélienne elle-même, appliquant la directive Hannibal, ce protocole qui autorise à tirer sur ses propres citoyens pour éviter des prises d’otages. Des chiffres existent, mais ils dorment encore dans les tiroirs du haut commandement. En attendant, chaque mort imputable à Tsahal continue d’être ajouté à la colonne “victimes du Hamas”. Mensonge par addition.

Le Hamas n’a pas revendiqué directement les massacres de civils, mais dans ses communiqués, il a présenté les victimes comme des colons armés ou des réservistes mobilisables. Les kibboutzim autour de Gaza sont décrits comme des “bases avancées” de l’occupation, donc pas de simples villages civils. Le Hamas applique en pratique une logique de guerre totale, où toute la société israélienne est perçue comme impliquée dans l’occupation.

·  Cela rappelle d’autres luttes de libération :

  • le FLN en Algérie assimilait les colons européens à des cibles légitimes,
  • l’ANC en Afrique du Sud a parfois mené des attentats contre des infrastructures “civiles” liées à l’apartheid.

Voilà la grande opération d’illusionnisme. Israël se présente comme victime éternelle, miroir moral de l’Occident. On l’écoute répéter ses fables comme on applaudit un prestidigitateur. Des enfants bombardés ? Ce sont des terroristes. Des villages rasés ? Des “zones sécurisées”. Des Palestiniens expulsés ? Des “mouvements nécessaires de population”. Et ce peuple, ce peuple qu’on prétend ne pas voir, ce peuple palestinien ? Officiellement, il n’existe pas.

Israël, ce pays qui se présente comme une “terre sans peuple pour un peuple sans terre”. Un miracle, paraît-il. Un mensonge, surtout.

On nous vend une “armée la plus morale du monde” — celle qui bombarde des hôpitaux, des écoles et des camps de réfugiés. On nous chante la résilience et la démocratie modèle, pendant que les check-points, les murs et les prisons s’étendent.

Dieu comme agent immobilier, distribuant des titres de propriété depuis les nuages : voilà le récit fondateur. Et il faudrait y croire, encore et toujours, au nom du respect éternel et inconditionnel.

Résultat : on écoute, on se tait, même quand on sait qu’on nous ment. Même quand un État manipule l’information, piétine les traités, vide les mots de tout sens. La diplomatie devient prestidigitation : “terroristes” au lieu d’enfants, “sécurité” au lieu d’expropriations, “paix” au milieu des bulldozers.

Vous voyez un génocide ? On l’appelle “opération militaire”. Vous voyez un apartheid ? On dit “zones A, B, C”. Vous voyez des familles déportées ? On répond “sécurité nationale”. Vous voyez un peuple sous occupation ? On vous assure qu’il n’a jamais existé..

Et pendant ce temps, Tel Aviv brille de ses vitrines : la gay pride la plus colorée du monde, les pistes cyclables les plus modernes. Une carte postale progressiste qui masque les check-points, les murs, les barbelés, les camps de réfugiés et les fosses communes.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

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