Le récit officiel du 7 octobre s’est imposé comme une
vérité incontestable : horreurs inimaginables, “victimes innocentes”, barbarie
palestinienne. Mais derrière cette narration se cache une réalité plus complexe
: exagérations, fabrications, omissions. Entre la censure militaire, le rôle
ambigu de Zaka et l’amplification médiatique, l’histoire du 7 octobre apparaît
moins comme un fait brut que comme une arme de guerre de l’information. Ce
texte démonte les contradictions, dénonce les manipulations et rappelle que la
vérité, en temps de guerre, est toujours la première victime.
On nous les a servis comme un spectacle. Vidéos, images, récits
insoutenables. Mais derrière le rideau, que reste-t-il ? Beaucoup d’horreur,
certes, mais aussi beaucoup d’exagérations, de silences, et de mensonges.
On a parlé de bébés décapités, de femmes enceintes éventrées, de viols de
masse. Autant d’histoires répétées en boucle puis abandonnées faute de preuves.
Mais dans l’intervalle, elles ont fait leur travail : imprimer dans les esprits
l’image d’un Palestinien barbare, inhumain, irrécupérable.
On nous a montré des maisons en flammes, symboles de la sauvagerie
palestinienne. Sauf que plusieurs d’entre elles ont été pulvérisées par les
tanks israéliens. Détail gênant. Mais peu importe, il fallait nourrir la
dramaturgie nationale.
Au centre de ce théâtre macabre : Zaka, organisation religieuse israélienne,
chargée par l’armée de “gérer” les corps et de raconter l’histoire. Et quelle
histoire ! Celle que Netanyahu a saluée pour sa capacité à galvaniser les
foules et à convaincre le monde que le Hamas est l’incarnation même du Mal.
Le nœud central de la guerre de l’information
Un récit verrouillé
- L’armée israélienne a eu le
monopole de la communication officielle.
- Zaka, organisation religieuse,
a produit des témoignages émotionnels relayés sans vérification.
- Le Dinah Project,
habillé d’un vernis académique et juridique, a poursuivi la même logique
nationale : documenter dans un cadre favorable aux intérêts diplomatiques
d’Israël.
Les atrocités
réelles du 7 octobre ont été immédiatement utilisées comme levier diplomatique
pour rallier l’Occident. Les récits spectaculaires mais invérifiables (bébés
décapités, viols systématiques) ont servi de multiplicateur émotionnel. Le
refus d’accès aux experts indépendants (ONU, ONG) a renforcé l’impression que
l’État israélien voulait verrouiller son narratif.
- Zaka : partialité religieuse et
communautaire, sa mission étant de “sacraliser” la mémoire des victimes
juives, pas d’enquêter avec neutralité.
- Dinah Project : partialité académique et
politique, dirigé par une juriste israélienne engagée, plaidant aussi la
cause d’Israël devant les instances internationales.
Nécessité de
distinguer faits établis (exécutions, otages, incendies) et récits amplifiés
(atrocités jamais prouvées). Une Importance de croiser les sources israéliennes
avec la presse critique (Haaretz, Yedioth), les enquêtes
internationales (AP, HRW, ONU), et les contre-enquêtes
palestiniennes mais comme le 11
septembre ou Sabra et Chatila, le 7 octobre restera un événement saturé de
récits concurrents, où la bataille des interprétations pèsera plus lourd que
les faits
Oui, tous
les récits du 7 octobre s’inscrivent dans une guerre de l’information. Zaka et
le Dinah Project ne sont pas neutres : leur documentation est
systématiquement alignée avec les intérêts d’Israël. Cela ne signifie pas
qu’ils inventent tout, mais que leur sélection et leur présentation des faits
sont orientées.
Et les médias occidentaux ? Disciplinés, dociles, muets. Tandis que des
journaux israéliens comme Haaretz ou Yedioth Ahronoth
mettaient en lumière les tirs de Tsahal sur ses propres civils, nos rédactions
se contentaient de répéter la formule magique : “1200 victimes israéliennes”.
Un chiffre gravé dans le marbre, même s’il inclut plus de 400 soldats tombés au
combat, des dizaines de colons armés, et même des morts causés par l’armée
israélienne. Nuancer ce récit ? Sacrilège.
Soyons clairs : oui, des crimes ont été commis par les combattants
palestiniens. Mais Israël a brouillé toutes les lignes : soldats transformés en
“civils”, colons armés présentés comme “victimes innocentes”, morts israéliens
imputés au Hamas quand ils étaient causés par Tsahal. La propagande est devenue
vérité d’État.
Et la prise d’otages ? Crime de guerre, nous répète-t-on. Certes. Mais que
dire alors des milliers de Palestiniens — dont des enfants — entassés depuis
des années dans les prisons israéliennes, sans procès, dans des conditions
indignes ? Silence médiatique. Deux poids, deux mesures. Quand le Hamas capture
des militaires, ce sont des “otages”. Quand Israël enferme des civils
palestiniens, ce sont de simples “mesures de sécurité”.
Mais peut-on
vraiment considérer comme des “civils” des soldats en uniforme ou des colons
armés qui se battaient ce jour-là ? Certainement pas. Pourtant, dans le
décompte officiel des “1200 victimes israéliennes”, tout est mélangé :
militaires tombés au combat, gardes de sécurité, et même des civils tués… par
l’armée israélienne elle-même. Tsahal l’a reconnu : certains morts sont le fait
de ses propres tirs, mais les chiffres exacts ne seront publiés — tenez-vous
bien — qu’“après la fin des combats à Gaza”. En clair : l’unanimité nationale
d’abord, la vérité ensuite.
Et malgré
ces zones d’ombre, ce chiffre de 1200 victimes reste répété, martelé, sanctifié
dans la presse occidentale. Un chiffre manipulatoire, biaisé, jamais nuancé,
mais répété jusqu’à devenir intouchable.
Oui, des
crimes ont été commis le 7 octobre, et certains l’ont été par les combattants
palestiniens. Mais faire passer des soldats en armes ou des gardes professionnels
pour des “victimes civiles”, c’est travestir la réalité. Quant aux récits
atroces qui ont saturé l’opinion — bébés égorgés, viols systématiques,
massacres ritualisés — ils relèvent moins du témoignage que de la propagande
pure, fabriquée pour délégitimer toute idée de résistance.
Et puisqu’on
parle de “massacre”, un rappel s’impose : une partie des morts israéliens ce
jour-là n’a pas été causée par le Hamas mais… par l’armée israélienne
elle-même, appliquant la directive Hannibal, ce protocole qui autorise à tirer
sur ses propres citoyens pour éviter des prises d’otages. Des chiffres
existent, mais ils dorment encore dans les tiroirs du haut commandement. En
attendant, chaque mort imputable à Tsahal continue d’être ajouté à la colonne
“victimes du Hamas”. Mensonge par addition.
Le Hamas n’a pas revendiqué directement les massacres de civils, mais dans
ses communiqués, il a présenté les victimes comme des colons armés ou des
réservistes mobilisables. Les kibboutzim autour de Gaza sont décrits comme des
“bases avancées” de l’occupation, donc pas de simples villages civils. Le Hamas
applique en pratique une logique de guerre totale, où toute la société
israélienne est perçue comme impliquée dans l’occupation.
·
Cela rappelle d’autres luttes de libération :
- le FLN en Algérie
assimilait les colons européens à des cibles légitimes,
- l’ANC en Afrique du Sud a
parfois mené des attentats contre des infrastructures “civiles” liées à
l’apartheid.
Voilà la grande opération d’illusionnisme. Israël se présente comme victime
éternelle, miroir moral de l’Occident. On l’écoute répéter ses fables comme on
applaudit un prestidigitateur. Des enfants bombardés ? Ce sont des terroristes.
Des villages rasés ? Des “zones sécurisées”. Des Palestiniens expulsés ? Des
“mouvements nécessaires de population”. Et ce peuple, ce peuple qu’on prétend
ne pas voir, ce peuple palestinien ? Officiellement, il n’existe pas.
Israël, ce
pays qui se présente comme une “terre sans peuple pour un peuple sans terre”.
Un miracle, paraît-il. Un mensonge, surtout.
On nous vend
une “armée la plus morale du monde” — celle qui bombarde des hôpitaux, des
écoles et des camps de réfugiés. On nous chante la résilience et la démocratie
modèle, pendant que les check-points, les murs et les prisons s’étendent.
Dieu comme
agent immobilier, distribuant des titres de propriété depuis les nuages : voilà
le récit fondateur. Et il faudrait y croire, encore et toujours, au nom du
respect éternel et inconditionnel.
Résultat :
on écoute, on se tait, même quand on sait qu’on nous ment. Même quand un État
manipule l’information, piétine les traités, vide les mots de tout sens. La
diplomatie devient prestidigitation : “terroristes” au lieu d’enfants,
“sécurité” au lieu d’expropriations, “paix” au milieu des bulldozers.
Vous voyez
un génocide ? On l’appelle “opération militaire”. Vous voyez un apartheid ? On
dit “zones A, B, C”. Vous voyez des familles déportées ? On répond “sécurité
nationale”. Vous voyez un peuple sous occupation ? On vous assure qu’il n’a
jamais existé..
Et pendant ce temps, Tel Aviv brille de ses vitrines : la gay pride la plus
colorée du monde, les pistes cyclables les plus modernes. Une carte postale
progressiste qui masque les check-points, les murs, les barbelés, les camps de
réfugiés et les fosses communes.
Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient
comme ça. »
https://kadertahri.blogspot.com/

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