Parfois, il m'est utile de le dire ?

Doha bombardée : Israël frappe, le monde se tait, une frappe de trop

 

Une frappe israélienne sur Doha, allié stratégique des États-Unis, montre une fois de plus l’arrogance de l’impunité. Gaza détruite, le Qatar humilié, le droit international bafoué : jusqu’où Netanyahu ira-t-il, et jusqu’où le silence complice de Washington l’accompagnera-t-il ?

Une fois encore, Israël a frappé. Cette fois-ci, non pas à Gaza, non pas en Cisjordanie, mais à Doha, sur le sol d’un pays allié de Washington, médiateur dans le dossier des otages.
Une frappe « unilatérale », dit Netanyahu. Mais qui peut croire encore à ce conte ? Rien, dans le ciel sur militarisé du Golfe, ne se fait sans que les radars américains et leurs alliés en soient informés.

Une frappe israélienne, au cœur de Doha, capitale d’un allié stratégique des États-Unis. Une frappe « unilatérale », disent-ils. Unilatérale ? Quel mensonge éhonté ! Aucun avion, aucun missile ne traverse impunément les radars sans complicités. Aucun massacre ne s’accomplit sans silences. Netanyahu savait. Washington savait. Le Qatar savait peut-être. Et nous, spectateurs, on nous balance l’habituelle pièce de théâtre : l’un joue l’étonné, l’autre joue le ferme, et derrière, le sang coule.

Tout est répétition. Toujours la même mascarade. Toujours les mêmes mensonges. Toujours les mêmes rôles : Trump bafouille, Netanyahu ricane, les porte-paroles débitent leurs communiqués comme des automates, et les médias relaient sans honte. Vous vous souvenez ? Le « plan Trump » pour Gaza, soi-disant né d’une illumination de l’ex-président ? Mensonge ! C’était le script de Netanyahu, vendu comme une invention américaine. Déjà vu avec l’Iran. Déjà vu avec les accords trafiqués. Déjà vu avec les faux récits de paix.
Et que s’est-il passé à Washington ? Rien. Un silence. Des phrases vides. Des yeux baissés
Alors ? Complicité tacite ? Silence gêné ? L’administration américaine, d’ordinaire si bavarde, a choisi de bredouiller, avant de se taire.

Une impunité qui dépasse les frontières

Israël vient de franchir une nouvelle ligne rouge : attaquer un partenaire stratégique de Washington, au mépris du droit international, des négociations en cours et de la sécurité des otages.

Chaque fois qu’Israël bombarde, la même scène se répète : condamnations timides, indignation feutrée, puis… l’oubli.
Chaque fois, l’impunité grandit, la loi internationale recule, et la guerre devient la seule langue qui reste.
À Gaza, des milliers de morts. En Cisjordanie, la colonisation rampante. À Doha désormais, la frappe extraterritoriale.
Où est la limite ? Où est le frein ? Où est la justice ?
Et quelle a été la réponse ? Rien. Un silence, quelques communiqués ternes, comme si cette violation flagrante de la souveraineté qatarie n’était qu’un banal incident.
C’est bien là le cœur du problème : l’impunité totale dont bénéficie Israël. Une impunité garantie par des décennies de soutien américain, par la complicité feutrée de l’Europe, par la paralysie volontaire des instances internationales.

Et l’impunité ? Voilà le vrai crime. Israël bombarde un pays allié des États-Unis, et que dit la Maison-Blanche ? Silence. Étonnement feint. Distance calculée. Pas de rupture, pas de sanction, pas même une gifle diplomatique. Trump, l’homme qui ne parle que d’argent, qui voit chaque pays comme une tirelire, continue de caresser Netanyahu dans le sens du manche. Netanyahu, lui, proclame son « unilatéralisme » pour mieux dire : « Je n’ai besoin de personne, je méprise vos règles, vos traités, vos résolutions. »

 Une frappe israélienne « unilatérale »

Unilatéral, vraiment ? Non. Planifié, coordonné, assumé. Les avions ne sont pas magiques. Les missiles ne sont pas invisibles. Tout cela a été préparé. Tout cela a été toléré. Tout cela a été validé. Et maintenant, on nous joue la surprise. Quelle farce !

Netanyahu, la guerre comme plan de carrière

Benjamin Netanyahu ne gouverne pas : il survit politiquement en alimentant la guerre. Chaque attaque, chaque opération, chaque bombardement nourrit son récit de chef assiégé.
Gaza rasée, la Cisjordanie étranglée, le Liban, la Syrie et maintenant le Qatar menacés : l’expansion continue, sous prétexte de sécurité, cache un projet messianique et cynique, celui d’un « Grand Israël » construit sur les ruines des peuples voisins.

Netanyahu n’a pas de plan de paix. Netanyahu n’a pas de vision d’avenir.
Il a un plan de survie politique : alimenter le feu, toujours plus fort, toujours plus loin.
Chaque bombe larguée, c’est un jour de plus au pouvoir.
Chaque frappe, c’est un sondage remonté, une coalition soudée, une opposition divisée.
Et tant que la guerre dure, Netanyahu reste.

Oui, Netanyahu rêve d’un « Grand Israël », messianique, construit sur les ruines de Gaza, de la Cisjordanie, du Liban, de la Syrie, de l’Iran. Il le dit, il le montre, il le fait. Et chaque bombe larguée le rapproche de ce rêve macabre. Un rêve de sang, un rêve de feu, un rêve de domination.

Le droit international ?

Balayé. Les résolutions de l’ONU ?

Méprisées. Même les enquêtes de la Cour pénale internationale, qui l’accusent déjà de famine comme arme de guerre et de crimes contre l’humanité, ne l’arrêtent pas.

Les États-Unis : protecteurs ou otages ?

On nous répète que l’Amérique soutient Israël pour garantir sa sécurité. Mais qui protège qui ?
Israël frappe un pays allié de Washington, et Washington se tait.
Israël utilise des armes américaines pour détruire Gaza, et Washington se tait.
Israël foule aux pieds le droit international, et Washington se tait.
Ce silence est une complicité. Cette complicité est une honte.

On nous dit : Israël et l’Amérique sont liés. Faux ! Ce n’est pas une alliance, c’est une dépendance obscène. Les États-Unis, loin de tenir Israël, s’y agrippent avec servilité. Et Netanyahu le sait, il joue de cette faiblesse, il piétine ses alliés, il les insulte, il les méprise, et ils l’applaudissent encore.

Washington s’est retrouvé nu face à cette frappe. Comment concilier son alliance stratégique avec le Qatar, hôte de sa principale base régionale, avec son soutien indéfectible à Israël ?
La vérité est brutale : ce n’est pas Israël qui dépend des États-Unis, mais bien l’inverse.
Les milliards d’aide militaire, la protection diplomatique au Conseil de sécurité, les vetos répétés — tout cela a créé un monstre politique persuadé d’être intouchable. Et chaque fois que Netanyahu frappe, les États-Unis paient le prix politique de son impunité.

L’illusion de la « sécurité »

Les otages ? Sacrifiés.
Les civils ? Affamés.
Le droit international ? Piétiné.
La paix ? Enterrée sous les gravats de Gaza.
Et demain ? Demain ce sera Beyrouth, Damas, peut-être Téhéran, peut-être Doha encore. Quand on bombarde sans limite, quand on tue sans frein, où s’arrête-t-on ?

On nous répète qu’il s’agit de « neutraliser le Hamas », de protéger Israël. Mais frapper un pays médiateur, réduire Gaza en cendres, affamer des populations entières, cela ne construit aucune sécurité. Cela ne fait que nourrir la haine, alimenter les extrémismes, et préparer les guerres de demain.
Les otages ? Sacrifiés sur l’autel de la surenchère militaire. La paix ? Repoussée à un horizon toujours plus lointain.

Briser le cycle de l’exception

Assez d’exceptions, assez d’immunité « spéciale » pour Israël. Les crimes commis à Gaza, en Cisjordanie, et désormais à Doha doivent être jugés avec les mêmes critères que pour tout autre État.

Il faut le dire sans détour : Israël bénéficie d’une exception criminelle.
Un droit de tuer, de détruire, de bombarder, accordé par le silence des grandes puissances.
Tant que cette exception dure, tant que cette impunité règne, aucune paix n’est possible.
On ne bâtit pas la sécurité sur les cadavres des enfants.
On ne construit pas un État sur la famine organisée.
On n’impose pas la justice avec des missiles.

Et la population israélienne ? Jusqu’à quand ? Jusqu’à quand supportera-t-elle ce criminel de masse qui l’entraîne dans l’abîme ? Jusqu’à quand acceptera-t-elle que son nom soit associé aux crimes les plus odieux : famine comme arme de guerre, bombardement des civils, persécution systématique ? L’acte d’accusation de la Cour pénale internationale est là, noir sur blanc, et pourtant il reste en poste, il gouverne, il frappe encore.

Alors, il faut le dire sans détour : ce n’est pas seulement Netanyahu qu’il faut juger, c’est tout un système d’impunité qu’il faut abattre. L’impunité américaine. L’impunité européenne. L’impunité médiatique. Chaque silence est une complicité. Chaque demi-mot est une approbation. Chaque nuance est un abandon.

Les bombardements de populations civiles, la famine organisée, les frappes extraterritoriales sont des crimes de guerre. Et les auteurs doivent être traités comme tels — qu’ils s’appellent Netanyahu, ses ministres ou ses généraux.
La communauté internationale a le choix : soit elle continue de fermer les yeux, laissant prospérer ce régime d’impunité, soit elle agit, au nom de ce qu’il reste de droit et de justice.

Conclusion

Cette frappe à Doha n’est pas une simple opération militaire. Elle est le symbole d’une arrogance sans limite, d’un mépris du droit international, et d’une complicité occidentale qui n’ose pas dire son nom.

Doha est un avertissement.
Un avertissement à ceux qui croient encore que l’occupation, le siège, la guerre peuvent rester confinés à Gaza.
Un avertissement à ceux qui pensent qu’Israël s’arrêtera de lui-même.
Non. Netanyahu ira plus loin, toujours plus loin, jusqu’à ce qu’on l’arrête.
Et si le monde continue à se taire, alors nous aurons tous signé le contrat de son impunité
Chaque silence, chaque demi-mot de Washington ou de Bruxelles, est un chèque en blanc donné à Netanyahu pour poursuivre la destruction.
Et tant que cette impunité ne sera pas brisée, tant que les responsables ne seront pas traduits devant la justice, le Moyen-Orient restera prisonnier de la guerre permanente — et l’idée même de droit international réduite à un théâtre creux.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/

 

 


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