Parfois il m'est utile de le dire !

                                                                                                          Oh! Colombe, transmets mon salut d...

Crise diplomatique Algérie–France : fin de l’exemption de visas pour diplomates et dénonciation de l’accord de 2013

 

Un durcissement annoncé, mais un contexte occulté

Dans une lettre adressée à François Bayrou et relayée par Le Figaro et Reuters, Emmanuel Macron a demandé la suspension de l’accord de 2013 sur les exemptions de visa pour les passeports diplomatiques et de service algériens. Le président français appelle à une « grande fermeté » face à Alger, invoquant des difficultés « migratoires et sécuritaires ». Mais cette lecture unilatérale occulte des éléments essentiels du contexte diplomatique.

Deux notes verbales ont été remises au régime français par les voies diplomatiques,   L'une a eu pour objet de «notifier formellement la dénonciation par la partie algérienne de l'Accord algéro-français de 2013 relatif à l'exemption réciproque des visas pour les titulaires de passeports diplomatiques et de service».

Une dénonciation qui «va plus loin que la simple suspension notifiée par la partie française et met définitivement un terme à l'existence même de cet accord», tient-on à préciser. Dans ce contexte, le communiqué a souligné qu'»en conséquence, et sans préjudice des délais prévus dans l'accord, le gouvernement algérien a décidé de soumettre, avec effet immédiat, les titulaires de passeports diplomatiques et de service français à l'obligation de visas.

Il se réserve, par ailleurs, le droit de soumettre l'octroi de ces visas aux mêmes conditions que celles que le gouvernement français arrêtera pour les ressortissants algériens. Il s'agit là d'une stricte application du principe de réciprocité qui exprime, avant tout, le rejet par l'Algérie des velléités françaises de provocation, d'intimidation et de marchandage». Quant à la seconde note verbale, elle concerne «la décision des autorités algériennes de mettre fin à la mise à disposition, à titre gracieux, de biens immobiliers appartenant à l'Etat algérien au profit de l'ambassade de France en Algérie. Cette note annonce, également, le réexamen des baux, considérablement avantageux, contractés par l'ambassade avec les OPGI d'Algérie et invite la partie française à dépêcher une délégation à Alger pour entamer les discussions à ce sujet», souligne le communiqué

Le déclencheur : le dossier du Sahara occidental

En juillet 2024, la France a reconnu le plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental, en rupture avec la position traditionnelle de neutralité. Cette décision a été perçue par Alger comme une atteinte directe à ses intérêts stratégiques et une ingérence dans un dossier soutenu par des résolutions onusiennes. Ce choix politique français a provoqué un refroidissement brutal des relations bilatérales.

L’accord de 2013 : un symbole plus qu’un instrument

Signé pour faciliter la mobilité des diplomates, l’accord de 2013 avait une portée pratique limitée. Sa suspension est surtout un signal politique adressé à l’opinion publique française, dans un contexte où la question migratoire est instrumentalisée à des fins électorales.

C'est la France, également, qui a manqué au respect de ses engagements au triple titre de l'accord algéro-français de 1968 relatif à la circulation, à l'emploi et au séjour en France des ressortissants algériens et de leurs familles, de la convention consulaire algéro-française de 1974 et de l'accord algéro-français de 2013 relatif à l'exemption des visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques et de service. C'est la France, en outre, qui s'est donné pour seule et unique objet de fixation l'accord algéro-français de 1994 relatif à la réadmission des ressortissants algériens vivants en situation irrégulière en France, accord dont elle a dénaturé la raison d'être et détourné les objectifs véritables. C'est la France, enfin, qui s'est affranchie de ses devoirs contractés au titre de la convention européenne des droits de l'homme de 1950".

A maintes reprises, c'est la France, et elle seule, qui a été à l'origine d'une telle demande. En décidant la suspension de cet accord, la France offre à l'Algérie l'opportunité idoine d'annoncer, quant à elle, la dénonciation pure et simple de ce même accord.

Des cas individuels utilisés comme levier politique

Les affaires Boualem Sansal et Christophe Gleizes, évoquées comme motifs de durcissement, relèvent de décisions judiciaires algériennes. Les instrumentaliser dans le champ diplomatique revient à nier la souveraineté judiciaire d’un État indépendant et  de faire de la France l’arbitre moral des libertés dans le monde arabe, au mépris des souverainetés nationales et des réalités politiques locales. C’est là l’ombre portée d’un réflexe néocolonial qu’on croyait pourtant dépassé dans les milieux progressistes pour s’interroger aussi si la France va extrader les délinquants politiques algériens réfugiés chez elle, allusion à l’ancien ministre Abdeslam Bouchouareb qui a été condamné plusieurs fois pour corruption en Algérie, mais la justice française a rejeté la demande d’extradition d’Alger. Une rhétorique post-coloniale persistante

Les termes choisis par Emmanuel Macron – « respect », « fermeté », « détermination » – s’inscrivent dans une grammaire diplomatique verticale, héritée d’une histoire coloniale non soldée. Une approche moderne exigerait une relation équilibrée, basée sur des partenariats mutuellement bénéfiques dans les domaines de l’énergie, de la sécurité et de la coopération culturelle.

Des accusations de manquements aux accords bilatéraux

Dans un communiqué, le ministère algérien des Affaires étrangères reproche à Paris d’avoir violé plusieurs accords internationaux et bilatéraux :

  • Accord algéro-français de 1968 sur la circulation et le séjour des ressortissants,
  • Convention consulaire de 1974,
  • Accord de 2013 sur l’exemption de visas diplomatiques,
  • Convention européenne des droits de l’homme de 1950.

L’Algérie dénonce aussi des entraves à l’acheminement de ses valises diplomatiques, le blocage d’accréditations pour ses consuls (trois consuls généraux et cinq consuls), ainsi que la politique de réadmission des ressortissants algériens jugée contraire aux engagements franco-algériens.

Une crise diplomatique assumée

Alger considère que la crise diplomatique avec la France est née des « provocations et pressions » françaises, et affirme que ses réponses s’inscrivent dans le strict principe de réciprocité diplomatique. L’Algérie précise qu’elle n’a jamais été à l’initiative de l’accord de 2013, soulignant que la demande venait de Paris, et se réserve le droit d’ouvrir d’autres dossiers contentieux à la négociation.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/


La guerre Israël–Iran-il y a clairement un problème israélien

 

Introduction

La guerre ouverte entre Israël et l’Iran, déclenchée depuis plus de deux mois, constitue un tournant stratégique au Moyen-Orient. Bien que préparée de longue date par Israël, cette confrontation met en lumière la fragilité des équilibres régionaux et les contradictions de la diplomatie occidentale. Malgré son importance, le conflit tend déjà à disparaître des priorités médiatiques, révélant une gestion sélective de l’information et un traitement asymétrique des acteurs impliqués.


1. Israël, l’Iran et l’asymétrie nucléaire

La question nucléaire est au cœur de ce conflit.

  • Israël, puissance nucléaire non déclarée, n’a jamais signé le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).
  • L’Iran, signataire du TNP, a accepté des mécanismes de contrôle internationaux avant que les États-Unis ne se retirent unilatéralement de l’accord sur le nucléaire en 2018.

Dès lors, présenter l’Iran comme une menace existentielle tout en ignorant l’arsenal israélien constitue une contradiction majeure et une source d’instabilité durable.


2. Les limites de la stratégie israélo-américaine

Les bombardements iraniens et israéliens ont révélé les vulnérabilités de chacun. Ni Israël ni l’Iran ne disposent des capacités économiques et militaires pour soutenir une guerre prolongée, tandis que les États-Unis et leurs alliés occidentaux cherchent à éviter un engrenage incontrôlable.

L’alignement stratégique américain sur Israël, loin de favoriser la paix, alimente une perception d’injustice. Cette politique entretient l’impunité de Tel-Aviv tout en marginalisant les voix en faveur d’un équilibre régional basé sur le droit international.


3. Une impasse morale et politique

Les conséquences humanitaires sont considérables, notamment pour les populations civiles de Gaza et de la région, victimes collatérales d’un affrontement géopolitique. L’histoire jugera sévèrement une époque où la puissance militaire prime sur la dignité humaine.

Le conflit actuel illustre la faillite d’une diplomatie de dissuasion et de domination. Au lieu de réduire les tensions, il nourrit un cycle de méfiance et de représailles qui éloigne toute perspective de paix.


4. Perspectives : désarmement et coopération régionale

La seule voie durable passe par :

  1. Une reconnaissance mutuelle des obligations juridiques internationales.
  2. Une réduction progressive de l’arsenal nucléaire israélien en échange de garanties iraniennes.
  3. Une relance du dialogue multilatéral, incluant non seulement les États-Unis et l’Europe, mais aussi les puissances régionales (Turquie, Arabie saoudite, Égypte).

Un désarmement partiel, même limité, constituerait un signal fort pour briser le cycle de méfiance et restaurer la crédibilité de la diplomatie internationale.


Conclusion

La guerre Israël–Iran n’est pas seulement une confrontation militaire : elle révèle une asymétrie fondamentale entre un État disposant de l’arme nucléaire mais échappant aux règles internationales, et un autre qui, malgré ses limites, a respecté davantage ses engagements juridiques. Tant que cette contradiction perdurera, la paix restera illusoire.

Plutôt qu’une logique d’intimidation et d’exclusion, seule une approche de désarmement réciproque et de respect du droit international peut ouvrir une voie vers la stabilité régionale.


Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/


 

Frères musulmans : la menace fantôme qui fait trembler la République

 

Faire peur, un art de gouverner à la française

La France adore avoir peur. Peur des banlieues, peur des jeunes, peur du voile, peur de l’« islamisme rampant ». C’est presque un sport national : quand le pouvoir patine sur l’économie, la justice sociale ou la crise démocratique, il ressort un épouvantail pratique. Dernier joujou en date ? Les Frères musulmans.

Un rapport classé confidentiel défense, révélé par Le Figaro (évidemment), explique que cette organisation transnationale représente une « menace pour la cohésion nationale ». Rien que ça. Sauf que, détail cocasse : ce même rapport reconnaît que le mouvement est en perte de vitesse, qu’il ne regroupe que 7 % des mosquées, et qu’il ne prône pas la violence. Une menace fantôme, donc. Mais une menace bien utile.

Les Frères Musulmans sont une création des services secrets britanniques ; après la chute de l’Empire Ottoman, les pays musulmans nouvellement créés étaient politiquement occupés à devenir économiquement indépendants, dans une équation où la modernité qui devait rendre au développement ce qui revenait au développement, et à Dieu ce qui revient à Dieu, était l’équivalent de la laïcité, et les élites politiques de ces pays étaient imperméables à l’idéologie franc maçonne.

Les FM ont été des mouvements d’opposition utilisés contre les dirigeants arabes modernistes et non alignés, tout comme la FM est utilisée pour sélectionner et neutraliser les acteurs politiques dans les pays occidentaux.

Nasser avait été le premier à dénoncer l’arnaque, en pointant l’absurdité du fait de centrer le débat politique sur des revendications musulmanes pour prôner l’islamisation d’un pays musulman, aux dépens des vrais enjeux économiques, industriels, éducatifs...


Islamisme municipal ou peur municipale ?

L’expression a tout pour faire frissonner : « islamisme municipal ». On imagine déjà des mairies transformées en califats locaux, des conseils municipaux votant la charia à l’unanimité. En réalité ? Rien de tout ça. On parle d’associations locales, de mosquées de quartier, d’un réseau militant qui tente d’exister dans le jeu démocratique.

Mais pour les stratèges de la peur, la discrétion devient suspecte : si ça se voit, c’est dangereux ; si ça ne se voit pas, c’est encore pire. Autrement dit : les Frères musulmans sont coupables par nature, coupables d’exister.


Le sport national : faire trembler les gens

Soyons clairs : faire trembler les Français est devenu une technique de gouvernance. Le scénario est toujours le même :

Un rapport classifié sort par une fuite opportune.

Un grand quotidien relaie l’alerte (souvent le même).

Un ministre indigné promet des mesures fermes.

L’opinion publique, nourrie de peur, applaudit ou s’inquiète.

Et le problème de fond – chômage, inflation, fracture sociale – passe au second plan.


Une inversion accusatoire bien connue

Certains observateurs rappellent que pendant qu’on nous parle de la « pieuvre islamiste », personne ne s’inquiète des réseaux communautaires pro-israéliens qui, eux, influencent ouvertement la vie politique et médiatique française. On détourne l’attention avec le Hamas pour mieux oublier Gaza. C’est le vieux principe de l’inversion accusatoire : accuser l’autre de ce qu’on pratique soi-même.

Qu’on adhère ou pas à cette lecture, elle met en lumière un point : le discours officiel n’est pas neutre. Il est instrumentalisé par des rapports de force géopolitiques.


Une menace utile, pas une menace réelle

Ce rapport ne démontre pas que les Frères musulmans vont instaurer la charia à Marseille ou à Roubaix. Ce qu’il démontre, c’est que le pouvoir a besoin d’un ennemi intérieur pour justifier son autorité. Peu importe que l’ennemi soit faible ou marginal : il doit être présenté comme redoutable.

Résultat : une peur rentable politiquement. Rentable pour détourner l’attention, rentable pour serrer les rangs autour de la « République en danger », rentable pour nourrir les plateaux télé.


Conclusion : la République menacée… par sa propre propagande

Au fond, les Frères musulmans ne sont pas le problème majeur de la France. Le vrai problème, c’est un État qui confond vigilance et paranoïa, analyse et propagande.
La menace fantôme des Frères musulmans est moins un danger pour la République qu’une aubaine pour un pouvoir en quête d’ennemis imaginaires.

Les acteurs politiques s’entendent tous pour capitaliser sur la segmentation par l’islamisme, alors que quand il faut déterminer les causes du déclassement de la France, de sa vassalisation et de son dépeçage programmé, tous les irresponsables politiques sont bien embêtés de ne pouvoir coller ça sur le dos des musulmans, mais bien contents que les diversions par l’islamisme neutralisent le temps qui ne sera jamais utilisé pour aborder les frais sujets en rapport avec les préoccupations de tous les Français.

La France n’est pas menacée par un califat municipal. Elle est menacée par une gouvernance de la peur, où l’on brandit sans cesse un danger fantôme pour éviter de parler du réel. La véritable question est donc :

Qui la peur protège-t-elle ? La République… ou ses dirigeants ?

Comme toujours, on finit par se demander : la peur, c’est pour protéger les citoyens… ou pour protéger les gouvernants ?

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/

Israël-Palestine : la colonisation sans fin, l’apartheid assumé et l’impunité internationale

 

Il est temps de cesser les euphémismes. Ce qui se joue aujourd’hui en Israël-Palestine n’est pas un “conflit” entre deux peuples égaux en droit et en puissance. C’est l’achèvement d’un projet colonial, appuyé par un arsenal militaire inégalé, toléré par les grandes puissances, et qui ne recule plus devant rien : ni la destruction totale de Gaza, ni l’annexion de facto de la Cisjordanie, ni la négation pure et simple du peuple palestinien.

Dénoncer les turpitudes et l'abjection de divers courants de l'idéologie sioniste, dénoncer les exactions d’Israël, est juste et nécessaire. Cela ne fera pas faire l'économie d'interrogations quant à la fuite en avant à laquelle s’adonnent les membres du  gouvernement israélien.

- Ils ont pratiquement détruit Gaza et revendiquent y avoir rendu la vie impossible. Que comptent-ils faire des plus de deux millions d'habitants ?

- Ils ont annexé la Cisjordanie, construisant à toute vitesse des colonies de peuplement longtemps interdites pour permettre l'établissement d'un état palestinien-croupion. Que comptent-ils faire des millions de Palestiniens qui la peuplent ?

Nous connaissons les réponses de Ben Gvir ou Smotrich à ces questions. Elles vont du génocide à la purification ethnique.

Quelle est la réponse majoritaire du peuple israélien ?

A ce stade, existent peu de possibilités. Pour avoir rendu impossible la solution des deux états proclamée par de multiples résolutions de l'ONU, ne restent que des options iréniques ou abjectes:

- On peut, (en réalité, on ne peut pas), revenir au rêve de l'état unique, dont tous seraient citoyens, donnant des passeports israéliens à tous les Palestiniens. C'était une solution longtemps préconisée par les Trotskystes. C'est devenu la seule option honorable. Et elle est impossible.

- Sinon, en évitant les extrémités auxquelles sont prêts les ultras du gouvernement actuel, ne reste que l'apartheid.


L’occupation israélienne déclarée illégale : et après ?

En juillet 2024, la Cour internationale de Justice (CIJ) a tranché : l’occupation israélienne de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est et de Gaza est illégale. Elle exige son démantèlement immédiat, le retrait des colonies et la fin de la ségrégation entre Israéliens et Palestiniens. La CIJ n’a pas seulement émis un avis juridique : elle a mis noir sur blanc ce que les Palestiniens crient depuis des décennies — ce régime est contraire au droit, au principe même d’égalité humaine.

Mais Israël n’en a cure. Le gouvernement poursuit sa fuite en avant, transformant chaque décision internationale en chiffon de papier. Et les capitales occidentales, si promptes à brandir le droit international ailleurs, se taisent ou détournent le regard. Cette hypocrisie est devenue une forme de complicité active.


Gaza : le laboratoire du châtiment collectif

Les sionistes messianiques, sont tranquilles… Il n’y a pas une once d’humanité en eux, car quiconque ne pense pas comme eux à leurs yeux est sous-humain. Ceux qui ont été cités jusqu’ici vénèrent deux dieux : la Richesse et le Pouvoir ; c’est ainsi qu’ils estiment leur valeur.

À Gaza, la guerre actuelle ne vise pas seulement le Hamas, mais toute une population enfermée depuis 17 ans dans un blocus. Les bombardements massifs, les destructions d’hôpitaux, d’écoles et d’infrastructures vitales, l’entrave systématique à l’aide humanitaire : tout cela n’est pas un “dommage collatéral”, mais une stratégie. Une punition collective destinée à rendre la vie invivable pour plus de deux millions d’êtres humains.

La CIJ, saisie par l’Afrique du Sud, a reconnu en janvier 2024 que le risque de génocide à Gaza était “plausible”. Elle a ordonné à Israël d’assurer la livraison de nourriture, d’eau et de médicaments. Depuis, qu’a-t-on vu ? Des convois bloqués par des milices de colons comme Tzav 9, encouragées par l’extrême droite israélienne. Des largages aériens hasardeux, parfois mortels. Et des dirigeants, tels Itamar Ben-Gvir ou Bezalel Smotrich, qui appellent ouvertement à “encourager la migration” des Gazaouis — un euphémisme pour désigner le transfert forcé d’une population entière.

Quand un État transforme la faim en arme de guerre, quand il instrumentalise l’aide pour affamer et briser une population, il franchit la ligne rouge du crime contre l’humanité. C’est ce que Gaza subit, sous nos yeux.


Cisjordanie : l’annexion masquée est devenue réalité

Et pourtant, nous avons des Palestiniens en Cisjordanie, qui n'ont pas construit de tunnels ni constitué une force redoutable, et les colons les piétinent, les expulsant de leurs maisons et de leurs terres et leur volant tout ce qu'ils possèdent. Combien d'argent les Juifs sionistes du monde entier ont-ils dépensé pour acheter suffisamment de politiciens dans le monde entier afin de coloniser la Palestine et de protéger leur entité coloniale contre toute responsabilité pour crimes contre l'humanité 

En Cisjordanie, le masque est tombé. L’annexion de facto avance chaque jour : nouvelles colonies, routes réservées, postes militaires. Les colons agissent en milices, souvent sous la protection ou l’indifférence de l’armée. Villages incendiés, terres volées, familles expulsées. La violence n’est plus un accident : elle est un outil de conquête territoriale.

Lorsque Smotrich appelle à “effacer Huwara”, il ne dérape pas : il dit tout haut la logique à l’œuvre. Et lorsque des colons saccagent des villages palestiniens sans être inquiétés, c’est l’État lui-même qui cautionne la terreur.

Là encore, la CIJ a été claire : le régime imposé aux Palestiniens de Cisjordanie correspond à une ségrégation systématique, une violation directe de la Convention contre l’apartheid. Et pourtant, l’occupation continue, implacable.


L’apartheid n’est plus une accusation : c’est un constat

Depuis 2021, Human Rights Watch et Amnesty International ont franchi le pas : ce régime est bien un apartheid. Ce terme n’est pas une insulte, c’est une qualification juridique précise : un système organisé de domination d’un groupe sur un autre, institutionnalisé, perpétué par la violence.

Ce que vivent les Palestiniens — restrictions de déplacement, confiscation de terres, absence de droits civiques, traitements discriminatoires systématiques — correspond à cette définition. La CIJ, Amnesty, HRW : le consensus s’élargit. Il ne manque plus qu’une chose : la volonté politique des États pour briser ce système.

Cette démonstration est imparable et je la complète en soulignant que le paroxysme de la monstruosité israélienne consiste, depuis plusieurs mois, à organiser l’aide alimentaire comme traquenard et piège mortel pour les Palestiniens que le blocus Netanyahou / Ben Gvir / Smotrich affame : Tsahal effectue délibérément les largages aériens des denrées vitales dans des zones militarisées interdites aux civils de Palestine afin que, tenaillés par la désespérance et la faim et n’ayant plus rien à perdre, ces derniers aillent récupérer les colis alimentaires à l’endroit même où ils sont certains d’être abattus.


Quelles options restent possibles ?

La solution à deux États, répétée comme un mantra par les chancelleries occidentales, est morte, enterrée sous les bulldozers des colonies. Un État palestinien viable est devenu une fiction.

La seule option réellement juste serait un État unique, où Palestiniens et Israéliens jouiraient des mêmes droits. Mais cette perspective est rejetée par la majorité des Israéliens et par un gouvernement obsédé par la domination ethno-religieuse. Dès lors, l’avenir se réduit à deux alternatives :

  • soit un apartheid assumé, institutionnalisé, pérennisé ;
  • soit l’effondrement total de toute perspective de coexistence, avec la tentation toujours plus explicite du nettoyage ethnique.

La complicité internationale : silence et hypocrisie

Le plus insupportable n’est pas seulement l’acharnement israélien, mais la passivité complice de la communauté internationale. Les États-Unis continuent de livrer des armes. L’Europe se contente de déclarations creuses, tout en maintenant des accords économiques avantageux. Quand il s’agit d’Ukraine, le droit international est brandi comme un étendard. Quand il s’agit de la Palestine, il est relégué au second plan.

Ce double standard détruit la crédibilité du droit international et transforme les belles paroles en cynisme. Chaque bombe tombée sur Gaza, chaque maison palestinienne rasée en Cisjordanie, résonne aussi comme un acte de complicité pour les États qui financent, arment ou protègent Israël de toute sanction.


Briser l’impunité, maintenant

En ce moment, une association de sionistes radicaux dénommée TSAV 9 et fondée par une certaine REUT BIN HAIM, s’est donné pour mission de bloquer les points d’entrée vers Gaza pour entraver l’aide alimentaire terrestre : cette Israélienne, elle-même mère de 8 enfants, a accordé une entrevue au journaliste anglais Inigo Gilmore, pour expliquer qu’il est indispensable d’affamer les enfants palestiniens.

Il est temps de rompre avec cette logique mortifère. Cela signifie :

  • conditionner toute aide militaire et économique à Israël au respect strict du droit international ;
  • imposer des sanctions ciblées contre les responsables politiques et les colons violents ;
  • soutenir des enquêtes internationales sur les crimes commis à Gaza et en Cisjordanie ;
  • et surtout, nommer les choses : parler d’apartheid, parler de crimes de guerre, parler de génocide quand les faits l’exigent.

Conclusion : l’égalité ou la barbarie

Si on applique la grille de l’idéologie selon Anna Arendt aux « Sionistes » on tombe très justement sur le principe actif et structurant des régimes totalitaires.
Cette idéologie devenant ainsi un cadre qui organise la société de façon totale, visant à remplacer le monde actuel par les masses atomisées physiquement, moralement et spirituellement, leur permettant d’imposer une cohérence artificielle à l’ensemble de la vie sociale. Une source surhumaine comme origine de la pensée (Dieu de la Bible),
Une prétention à la domination globale,
L’appel à la violence ou à l’action,
La désignation d’un ennemi objectif,

Le rejet de la réalité factuelle. Ce groupe prospère sur l’effondrement des structures politiques. L’isolement des individus influençables, fragilisés par cet effondrement, fait que les structures sociales démocratiques et tolérantes deviennent alors perméables à des idéologies simplificatrices et à des promesses de réenchantement du monde.

L’entrisme des « sionistes » exploite les failles du système démocratique et républicain. Notamment la perte de sens partagé et la désaffection civique. Ceci leur permet d’avancer un projet de domination idéologique sous couvert démocratique, utilisent des organisations de façade et des discours adaptés pour masquer la radicalité de leurs objectifs, trompant ainsi le monde extérieur sur leur véritable nature, s’appuyant fortement sur les médias sous leur influence..
Ce groupe cherche à imposer une vision unique et à éliminer la dissidence.

La Palestine n’est pas seulement une question “étrangère”. Elle est le test ultime de notre capacité à défendre des principes universels. Allons-nous continuer à fermer les yeux, à accepter qu’un État démocratique se revendiquant du droit se permette ce que nous ne tolérons nulle part ailleurs ?

L’avenir est clair : soit nous imposons l’égalité des droits pour tous, Palestiniens et Israéliens, soit nous devenons complices d’un système qui ne peut plus être nommé autrement que par son vrai nom : apartheid et épuration ethnique.

Il n’y a plus de neutralité possible. Se taire, c’est choisir le camp de l’oppresseur.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/



L’occupation à grande échelle de Gaza par Netanyahou se prépare

 

Une stratégie militaire controversée

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou présente son plan pour Gaza comme prudent et pragmatique. Pourtant, derrière ce discours se cache, selon de nombreux observateurs, une stratégie visant à prolonger l’occupation militaire et à consolider le contrôle sur le territoire.

Depuis des décennies, les politiques menées en Cisjordanie ont suivi le même schéma : expansion discrète, négociations gelées, justifications sécuritaires répétées. Gaza semble aujourd’hui sur la même trajectoire.


Un dirigeant clivant et contesté

Benjamin Netanyahou est accusé par ses détracteurs d’entretenir un état de guerre permanent.
Les critiques soulignent :

  • Son double langage : un discours rassurant à l’international, un autre plus radical en interne.
  • Une absence de responsabilité politique face aux échecs militaires et diplomatiques.
  • Une stratégie électorale basée sur la peur et le nationalisme.

L’objectif, selon ces voix critiques, n’est pas la paix, mais la prolongation du conflit pour renforcer sa position politique.


Des accusations graves : nettoyage ethnique et crimes de guerre

Plusieurs organisations de défense des droits humains dénoncent ce qu’elles qualifient de politique d’expulsion et de destruction systématique à Gaza et en Cisjordanie.
Les méthodes accusées incluent :

  • Le déplacement forcé de populations.
  • Les bombardements massifs en zones civiles.
  • Le blocage de l’aide humanitaire.

Ces pratiques, largement documentées, suscitent une condamnation internationale croissante.


Conséquences pour la société israélienne

Si Netanyahou est le visage de cette politique, ses opposants estiment qu’une partie significative de la société israélienne soutient — ou tolère — ces actions.
Les divisions internes se creusent :

  • Une minorité militante anti-occupation.
  • Une majorité silencieuse ou favorable aux actions du gouvernement.
  • Des tensions croissantes entre impératifs sécuritaires et respect du droit international.

Quel avenir pour Gaza et la paix au Proche-Orient ?

La question centrale reste : les Israéliens peuvent-ils se libérer de l’occupation et reconnaître les droits humains des Palestiniens ?
Sans changement politique majeur, l’occupation pourrait s’intensifier, rendant tout règlement pacifique encore plus lointain.
La communauté internationale, quant à elle, devra choisir entre la passivité et une action diplomatique ferme pour éviter un nouvel épisode tragique dans l’histoire de la région.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/


L’usage abusif de l’antisémitisme: enjeux et dérives

 

Introduction

Dans le débat public contemporain, l’accusation d’antisémitisme joue un rôle central dans la protection contre les propos haineux visant les personnes de confession ou d’origine juive. Toutefois, certains observateurs soulignent que cette accusation, lorsqu’elle est utilisée de manière abusive, peut servir à disqualifier des critiques légitimes, notamment lorsqu’elles portent sur des politiques gouvernementales, des acteurs économiques ou des institutions identifiées comme juives ou pro-israéliennes. Cette situation soulève la question délicate de l’équilibre entre la lutte contre le racisme et la préservation de la liberté d’expression.

Antisémitisme : définition et cadre légal

L’antisémitisme se définit comme toute hostilité ou discrimination envers les Juifs en tant que groupe ethnique ou religieux. En France, il est fermement condamné par la loi (loi du 29 juillet 1881 et loi Gayssot de 1990), et les pouvoirs publics s’engagent à le combattre activement.
Toutefois, cette lutte doit s’inscrire dans un cadre clair, afin d’éviter les amalgames entre critique légitime et discours de haine.

Les formes possibles d’un usage excessif

L’usage abusif de l’accusation d’antisémitisme peut se manifester dans plusieurs contextes :

  • Assimilation de la critique d’une politique de l’État d’Israël à de l’antisémitisme.
  • Disqualification d’analyses portant sur l’influence de lobbies ou de réseaux d’intérêts.
  • Utilisation stratégique de l’accusation pour interrompre ou empêcher un débat contradictoire.

Dans ces cas, la confusion entre identité religieuse ou ethnique et position politique peut entraîner une restriction de la liberté d’expression. L’antisémitisme est cependant une notion très bizarre. Elle est aujourd’hui assénée tous azimuts sur les critiques du capitalisme, de la haute banque, sur les critiques de certains lobbies, sur les critiques du judaïsme, sur les critiques du sionisme comme sur quasiment tous ceux qualifiés au préalable de complotistes (ces derniers sont expulsés brutalement du genre humain). Quiconque regarde ce qui se cache dans les coulisses, dirait-on, est nécessairement antisémite, parfois fou et complotiste en prime.

La moindre compassion à l’égard du peuple palestinien martyrisé, nié dans son existence, exclu de tout droit humain, est interdite. Du reste, tant les anonymes que les personnalités qui ont protesté contre les crimes de Netanyahu ont souvent été poursuivis pour incitation à la haine raciale et apologie de terrorisme.

Enjeux démocratiques et sociétaux

La lutte contre l’antisémitisme est indispensable et doit rester prioritaire pour préserver le vivre-ensemble. Cependant, lorsque l’accusation devient un outil de protection d’intérêts particuliers plutôt qu’un moyen de combattre la haine, elle risque d’affaiblir sa légitimité. À long terme, cette dérive peut générer un climat de méfiance et nourrir des ressentiments, ce qui va à l’encontre de l’objectif initial.

Vers une clarification des critères

Afin de préserver à la fois la lutte contre l’antisémitisme et la liberté d’expression, il est nécessaire de clarifier les critères qui permettent de distinguer :

  1. La critique légitime : portant sur des faits, des décisions politiques, ou des acteurs identifiables, avec arguments vérifiables.
  2. Le discours antisémite : visant un groupe dans son ensemble en raison de son appartenance ethnique ou religieuse.

Cette distinction est essentielle pour éviter les amalgames et garantir un débat public sain.

Conclusion

Plus Israël agit militairement, plus il détruit, tue et affame, plus ses autorités s’empressent de taxer d’antisémitisme toute personne émettant quelque critique à leur endroit. Souvent l’utilisation de ce redoutable anathème s’effectue avant l’intensification des frappes de Tsahal. 
Néanmoins cette accusation éhontée d’antisémitisme, destinée à foudroyer l’insolent en l’extrayant de la société conforme, en le marginalisant, en l’essentialisant, en le dégradant devant l’opinion, en le délégitimant, en le discréditant, en définitive en lui interdisant de parler, en lui coupant l’accès à tout media, est une arme qui est également maniée très régulièrement par les agents du sionisme international en Occident en particulier. Et cette arme est d’autant plus redoutable qu’elle laisse une trace indélébile sur l’identité de l’individu qui fut ciblé, à tort ou à raison, par cette accusation d’antisémitisme

Protéger la société contre l’antisémitisme est un impératif moral et juridique. Mais cet impératif ne doit pas servir à museler toute contestation. La vigilance consiste à condamner fermement les propos haineux tout en préservant la possibilité d’une critique libre et argumentée des politiques ou institutions, quelle que soit leur affiliation. Ce n’étaient que des vociférations de protestation envers une vérité historique qui tombe sous le sens. L’histoire des juifs est à l’image de ceux-ci, mêlant le pire et le meilleur, dans cette société ethniquement cloisonnée, seules les minorités ont le droit de revendiquer leur identité. Le juif a encore des efforts à faire. Quant à hurler en permanence à l'antisémitisme, Venir ensuite sangloter contre une certaine exclusion, après avoir tout fait pour s'affirmer différent, relève alors de la plus profonde hypocrisie, c'est à la fois dégueulasse et indigne.

Adieu ô peuple élu ! Un jour la Palestine va probablement devenir judenrein!

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/

 


Crânes algériens : quand la mémoire profanée exige justice

 

Il est des blessures que le temps n’apaise pas. Des blessures qui ne se referment pas parce qu’elles n’ont jamais été reconnues, ni même regardées en face. Celle des crânes algériens conservés au Musée de l’Homme à Paris appartient à cette catégorie : elle est à la fois une cicatrice béante de l’histoire coloniale et une preuve matérielle d’une barbarie maquillée sous les habits de la science.

Les résistants algériens tombés sous les balles du corps expéditionnaire français furent décapités, et leurs têtes exhibées pour terroriser les populations locales. « du terrorisme, au sens propre du terme », rappelle l’historien Gilles Manceron. «d’habitude on a des égards à l’égard des morts dans un conflit, et ceux-là n’ont pas été traités de la même façon ». Comme si on refusait à ces peuples le qualificatif même d’humanité.
Les têtes tranchées furent ensuite emmenées en France pour y être exposées comme des trophées de guerre. C’est ainsi que le crâne de Boubaghia, en compagnie de plusieurs milliers d’autres, s’est retrouvé dans les réserves du Musée de l’Homme à Paris. Des crânes, rappelle Gilles Manceron qui « ne devraient pas être là »,
170 ans plus tard, « le silence n’est plus possible » s’indigne l’historien Pascal Blanchard. Ces résistants ont droit à une sépulture digne, dans le pays pour lequel ils ont combattu. Mais voilà, ces crânes sont considérés par l’Etat français comme un bien inaliénable, faisant partie du patrimoine de la France
!

Une lettre glaçante comme preuve

Le document daté du 10 décembre 1845 est glaçant. Dans un ton administratif, presque courtois, un « savant » français annonce l’envoi d’un baril : il ne s’agit pas d’échantillons géologiques, mais d’un fœtus de six mois, de la tête d’une fillette de huit ans, de lambeaux de peau de femmes, et de crânes conservés dans l’alcool. Ces dépouilles, prélevées sur des Algériens morts dans la guerre coloniale, étaient destinées aux laboratoires de la métropole.

Cette lettre n’est pas un accident isolé : elle incarne un système. Un système où le corps colonisé devenait matériau d’étude, instrument de justification, preuve pseudo-scientifique d’une hiérarchie des races. En Algérie, l’anthropologie coloniale s’est nourrie des cadavres de ceux qu’elle avait préalablement exterminés.

Une science sans conscience, une barbarie rationalisée

 Dans les caves du musée de l’Homme, il y a des crânes, des murs de crânes  18 000 crânes entreposés les uns à côté des autres, conservés, classés, répertoriés. Sur les étiquettes, on lit :

« Bou Amar Ben Kedida, crâne n°5 943. Boubaghla, crâne n°5 940. Mokhtar Al Titraoui, crâne n°5 944. Cheikh Bouziane, crâne n°5 941. Si Moussa Al Darkaoui, crâne n°5 942. Aïssa Al Hamadi, lieutenant de Boubaghla, tête momifiée n°5 99
»

Les crânes de ces Algériens décapités pendant la conquête coloniale furent longtemps exhibés comme des trophées de guerre. Ils témoignent de la résistance tenace opposée, dès 1830, à la colonisation. Comme à Zaatcha, une oasis du sud-est algérien, théâtre, en 1849, d’un massacre colonial d’une rare barbarie…

Les colonisés n’étaient plus des hommes : ils devenaient des « sujets », des « pièces », des « téguments ». Leur nom disparaissait, leur histoire s’effaçait, leur mort se banalisait. Le langage savant anesthésiait l’horreur. Ainsi, l’Algérie n’a pas seulement connu l’occupation, les spoliations, les villages brûlés, les exécutions de masse : elle a connu ce qui est peut-être la forme ultime de profanation – le vol des corps, la négation du deuil, la conservation des restes humains comme simples spécimens de laboratoire.

Par cet acte, la France coloniale a arraché aux Algériens non seulement leur terre et leur liberté, mais jusqu’à leur droit d’être enterrés et pleurés par leurs proches. C’est une violence qui traverse la mort, une négation de l’humanité jusque dans l’ultime intégrité du corps.

Une restitution partielle, une vérité occultée

En 2020, la restitution de 24 crânes a été présentée comme un geste symbolique, presque magnanime. Mais elle reste un geste incomplet, terriblement insuffisant. Car dans les sous-sols français demeurent des centaines d’autres restes algériens et coloniaux, soigneusement conservés, parfois cachés.

Cette restitution parcellaire est une double trahison : elle apaise la conscience officielle à peu de frais, tout en masquant l’ampleur réelle du crime. Or, la mémoire ne se satisfait pas de demi-mesures. On ne répare pas une profanation par un geste diplomatique : on l’affronte par la vérité totale, par l’ouverture des archives, par la reconnaissance claire de la barbarie commise au nom de la science et de la République.

Ma douleur face à l’humiliation des martyrs

Je ne peux lire ces correspondances, je ne peux regarder ces crânes sans ressentir une douleur viscérale. Ce ne sont pas des ossements : ce sont les visages de martyrs algériens, résistants ou anonymes, qui ont combattu, qui ont souffert, qui ont été mutilés, et qu’on a privés même du repos éternel. Leur mémoire me hante. Leur humiliation me révolte.

Ces crânes sont des témoins muets. Ils disent l’histoire que l’on a voulu taire. Ils disent l’arrogance coloniale qui transformait des cadavres en « collections ». Ils disent la souffrance des familles qui n’ont pas pu enterrer leurs morts. Chaque crâne est une clameur qui exige justice pour ces martyrs algériens morts au champ d’honneur, sont entreposés dans de vulgaires cartons, rangés dans des armoires métalliques, au Musée de l’Homme de Paris.

Une exigence de vérité et de dignité

La France pleure toujours ses morts à Oradour-sur-Glane, où tout un petit village de Normandie, a été massacré par des éléments d’une Division SS. 70 ans qu’ils répètent la même rengaine (ils ont jugé et condamnés les SS responsables).

Et en Algerie ?  Combien d’Oradour sur glanes ont été commis?

Des milliers, sans être jugés ni avoir de comptes à rendre La barbarie dans toute sa splendeur.
La colonisation française et la guerre d’Algérie est la plus BARBARE qui ait jamais existé au risque de me répéter à côté Hitler fait office de saint. . Et ils osent parler de des aspects positifs de la colonisation !

La France se proclame patrie des droits de l’homme, mais elle a conservé dans ses musées des crânes d’Algériens, comme on conserve des fossiles ou des antiquités. Ce paradoxe est insoutenable. La République ne peut pas se contenter de gestes symboliques : elle doit affronter cette part sombre de son histoire.

La dignité des morts est une frontière universelle. La franchir, c’est se déshonorer soi-même. Restituer quelques ossements sans reconnaître le système de déshumanisation qui les a produits, c’est mutiler une seconde fois la mémoire. L’Algérie n’exige pas seulement des crânes : elle exige la reconnaissance d’un crime structurel, d’une anthropologie coloniale qui fut un instrument d’humiliation et de domination.

Ne pas laisser l’histoire se dissoudre dans l’oubli

Aujourd’hui, il ne s’agit pas seulement d’un devoir de mémoire. Il s’agit d’une urgence morale. La mémoire ne doit pas être diluée dans des commissions technocratiques ou des cérémonies figées. Elle doit rester vivante, brûlante, consciente. Car tant que la vérité n’est pas dite, tant que la justice n’est pas faite, les martyrs algériens demeurent séquestrés une seconde fois.

La lettre de 1845 nous oblige. Elle nous dit que le colonialisme n’était pas seulement une conquête militaire et économique, mais un saccage moral et anthropologique. Elle nous rappelle que la science, lorsqu’elle est arrimée à l’idéologie raciste, devient complice d’une barbarie rationalisée. Elle nous appelle à restituer non seulement des crânes, mais une dignité.


L’histoire ne se tait pas.

Ces crânes parlent. Ils témoignent. Ils accusent.
Et ils exigent de nous, aujourd’hui, que justice leur soit enfin rendue et surtout afin que leur pays les honore, avec cette fois un écho nettement plus large pour recevoir une digne sépulture 

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/