Il était une
fois un joueur invétéré qui m’avait convaincu, de même que tous les autres
passagers qui étaient dans le même bateau, pour une croisière sur un fleuve,
qu’il n’était qu’un homme honnête et incompris. Nous l’avons cru lorsqu’il nous
a raconté que des voyous l’avaient tabassé par pur préjugé. Et alors qu’il nous
mimait la scène (pour la dixième fois), agitant les bras avec exubérance pour
accompagner son récit dramatique, deux as tombèrent de sa manche et atterrirent
sur le pont, à la vue de tous. Aussitôt, la foule commença à se disperser. Rien
de ce qu’il pouvait dire ne pouvait endiguer l’exode : game over.
C’est tellement fou que deux ans après le début d’un
génocide, nous subissions encore les foudres de propagandistes qui prétendent
croire que le monde s’est spontanément mis à haïr Israël sans raison, dans une
inexplicable explosion de haine antijuive.
«Les
États-Unis enregistrent le plus grand nombre de foyers d’antisémitisme mondial
en août», titrait récemment Fox
News.
«Rapport
: L’antisémitisme atteint un pic post-Holocauste», titrait Newsmax.
«L’antisémitisme occasionnel de la
génération Z est en pleine croissance, alimenté par des influenceurs comme
Tucker Carlson», titrait le New
York Post.
Lors d’un récent sommet sur la «contre-terrorisme» à
l’université Reichman, Jonathan Greenblatt, PDG de l’Anti-Defamation League,s'est pleint de la haine croissante du monde
entier envers les juifs.
«Cette année, l’enquête Global 100 de l’ADL sur
les attitudes antisémites dans le monde a révélé une augmentation de 46% de la
population adulte, soit 2,2 milliards de personnes, présentant des niveaux
élevés d’antisémitisme», a déclaré Greenblatt. «C’est
près du double du taux observé il y a dix ans. Pour la première fois depuis que
nous avons commencé à suivre ces attitudes dans les années 1960, la jeune
génération est plus susceptible d’avoir des opinions antisémites prononcées que
ses parents ou grands-parents».
Ils parlent simplement de ceux qui s’opposent à
Israël pour avoir perpétré un holocauste en direct. On ne déteste pas Israël
parce qu’il est peuplé de juifs, on déteste Israël pour ce qu’il fait.
Il est absolument ahurissant de voir encore
aujourd’hui un État ethno nationaliste d’apartheid hyper militariste affamer et
massacrer des civils en raison de leur appartenance ethnique, bombarder des
hôpitaux, assassiner des journalistes et des professionnels de la santé,
assassiner des travailleurs humanitaires, déclencher des guerres, envahir des
pays voisins, manipuler des gouvernements étrangers, menacer des militants et
s’employer activement à étouffer la liberté d’expression dans tout le monde
occidental, tout cela avec le soutien de l’empire le plus puissant de
l’histoire. Et pourtant, les institutions occidentales tentent toujours de nous
convaincre que les gens détestent Israël à cause de préjugés religieux.
Il s’agit du même État d’apartheid génocidaire
qui terrorise les militants qui
tentent d’apporter du lait maternisé aux bébés affamés.
Ce même État d’apartheid génocidaire dont le
dirigeant vient de comparaître devant l’ONU et d’annoncer que les victimes de son génocide étaient
contraintes d’écouter son discours parce qu’Israël avait pris le contrôle de
leurs téléphones.
Ce même État d’apartheid génocidaire dont le
dirigeant se vante publiquement d’avoir pris
le contrôle de TikTok afin de manipuler les propos que les Occidentaux sont
autorisés à tenir sur les atrocités israéliennes.
Ce même État d’apartheid génocidaire dont le
dirigeant se vanterait de posséder le
président des États-Unis et de pouvoir imposer sa volonté aux États-Unis.
Depuis deux ans, nous regardons des images en
provenance de Gaza montrant des abus corporels inédits, même dans les films
d’horreur les plus sanglants jamais produits par Hollywood. Des histoires de
viols, de torture, de personnes mutilées à mort par des chiens. Des souffrances
inimaginables ici, dans nos petites maisons occidentales.
Et ils continuent de nous faire croire que notre
répulsion envers l’État qui commet ces actes est le résultat d’«antisémitisme».
Si j’étais dans le bus avec un homme qui maltraitait
constamment les autres passagers, les maltraitait, les agressait et les
dégradait, je le prendrais pour un con. Peu importe qu’il porte une étoile de
David, une croix, un turban ou un keffieh ; je le prendrais pour un connard,
quoi qu’il en soit.
Si je regardais par la fenêtre et que je voyais des
gens massacrer des enfants, je me dirais probablement : «C’est horrible !» et
«Comment puis-je arrêter ça ?»
La dernière chose qui me viendrait à l’esprit serait
des pensées comme «De quelle religion sont-ils ?» ou «Leur religion est très
pertinente dans toute discussion que nous pourrions avoir sur ce massacre» ou
«Nous devrions absolument être très prudents lorsque nous abordons ce massacre,
car nous ne voulons pas offenser ceux qui partagent la même religion que les
auteurs du massacre».
Il ne me viendrait jamais à l’esprit de considérer de
telles choses, et encore moins que ces considérations devraient être au cœur de
tous les discours sur le massacre pendant des années.
Issu d’une famille catholique, je n’ai jamais eu le
sentiment d’être victime de discrimination lorsque des gens disaient que les
prêtres devraient cesser d’agresser sexuellement des enfants. Je n’ai jamais
tenté de prétendre avoir été victime d’un crime de haine chaque fois que
quelqu’un affirmait que la pédophilie était un mal. J’ai compris que le viol
d’enfants par l’Église était un abus monstrueux qu’il fallait mettre fin de
toute urgence, et que cette évidence n’avait rien à voir avec la discrimination
fondée sur la religion.
Une vidéo circule en Corée du Sud, montrant des
manifestants anti-génocide jetant des chaussures sur un grand portrait de
Benjamin Netanyahou. Ces gens n’ont probablement jamais rencontré de juif de
leur vie, et la foi juive n’a aucune pertinence culturelle. Ils n’ont
probablement pas beaucoup réfléchi aux juifs et au judaïsme. Ils détestent
Netanyahou simplement parce qu’il commet un génocide actif. Parce que, bien
sûr.
Le monde ne déteste pas les juifs, il déteste Israël.
Le monde déteste Israël parce qu’Israël est un État profondément maléfique dont
les actes profondément odieux tourmentent des millions de personnes et ont un
impact direct et croissant sur nos propres vies.
Quiconque bredouille «antisémitisme» en 2025 ne
cherche qu’à vous faire taire pour que vous ne vous opposiez pas à la chose la
plus odieuse qui se déroule dans votre monde aujourd’hui.
Source :Marie-Claire Tellier
Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient
comme ça. »



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